I. -

Empl. trans.

A. -

"Mettre en état de servir ; disposer" : ...c'est assavoir pour avoir affute deux canons en deux carioz pour iceulx mener (Chron. Mt-St-Mich. L., t.2, Pièces div., 1436, 89). ...Jehan vey le serpent aprouchier, geulle baee, de laquelle yssoit grant fummee ; sy affuta Jehan sa lance et a coite d'esperon alla vers le serpent pour le recontrer, quy contre luy leva les oreilles, estendy le col et rafrongna sa hure. (Jehan d'Avennes F., c.1465-1468, 36). ...ledit bachal feist afeuter et mectre du cousté de la montaigne Saint Estienne et es aultres haul[x] lieux à l'entour de ladicte ville plusieurs aultres bombardes et courtaulx (MARY DU PUIS, 1480-1481, In : Deables Enfer V.V., 1480, 511).

-

Affuster qqc. de qqc. "Munir, équiper qqc. de qqc." : Roy Lucifer, laissez moy faire ; Pour pouoir qu'il saiche monstrer, je luy deffendray bien l'entrer. J'ay affusté [var. affaicté] nostre portail De grosses roches de metail Aussi grandes que haulx chasteaulx Et mis plus de mille barreaulx Tout au travers de l'ouverture. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 349). Sy advint qu'après maintes longues et diverses hataines [querelles] faites auxdits Anglès comme leur ennemy, et leur gardant une pensée, la plus fière des autres, messire Robert de Flocques dit Flocquet et lui, ensemble messire Charles de Mares, capitaine de Dieppe, ces trois ensemble, conspirèrent une haute emprise, et non descouvrans à nulluy leur intention, firent avitailler un grant nombre de navires et garnir et affuster merveilleusement bien de toutes choses opportunes, se pourvirent de gens à l'advenant de ce qu'il leur sambloit estre bon (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 348).

B. -

"Poster, mettre à l'affût" : Quant les archiers sont afustés, ainssi comme dist et moustré avon, chelui qui afuste doit aseer les ameneurs a travers le buisson, et les doit faire crochier aus deus bous et les doit asseer [assés] dru, au giet d'un palet. (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 127). Et quant il seront bien a point, il doivent chascun mestre la seeste en la corde de son arc, et chelui qui est a cheval, qui les afuste, doit dire au quel qu'il veut que il demeure et li doit moustrer son fust, et il doit demourer a son fust u couvert des autres (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 129).

C. -

"Disposer une bouche à feu sur un affût ; mettre un canon en batterie" : Après ce firent forgier de gros canons et les affustèrent entour leur ville (Hist. chron. Flandres K., t.2, c.1342-1383, 287). ...lesquelz se logèrent en la ville et devant ledit chastel, auquel lieu ilz afustèrent aucuns canons pour icellui abatre et subjuguer. (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.3, c.1425-1440, 219). ...et y fist mener et afuster plussieurs grosses bombardes, engins à verges et autres habillemens de guerre. (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.1, c.1437-1464, 164). Si furent assis pluiseurs engiens pour getter dedens ycelle ville de Calais. Et pareillement ceulx de dedens en affustèrent pluiseurs contre ceulx de l'ost (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.5, c.1444-1453, 245). Et brief ensievant furent assis et affustés les grans engiens du Roy devant ung bolevert qui estoit au bout du pont, au costé devers ledit lieu de Maubuisson. Lequel fut tantost si adommagié qu'il fu prins d'assault. (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.6, c.1444-1453, 7). LE CAPPITAINE. Il nous fault nostre artillerye Charger, garnir et afuster ; Trect a feu pour la batterye Et chaussetrappes actincter. (FLAMANG, Vie Pass. st Didier S., 1482, v.4131).

II. -

Empl. pronom.

A. -

"Se poster, prendre position" : Lors a prins une perche si se va a fuster [l. afuster], De la tour descendi sans point de l'atargier (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 223). Quant l'en veut faire un buisson ou l'en cuide que(s) bestes demeurent, l'en regarde de quel part le vent vient, puis doivent aler les archiers au(s) dessous du vent pour eulz afuster. Et se le païs ou il se doivent afuster est de clere fustaie, il doivent estre afustés plus loing les uns des autres que il ne doivent quant il s'afustent em païs couvert. (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 123). ...au ferir dez lancez, le Chevalier Blanc tellement rencontra le seigneur de Malberi, qui s'affuta contre, que lez gambez de son coursier, voire cellez de derriere, lui faillirent (Jehan d'Avennes Q., c.1465-1468, 95).

-

"S'engager" : Ha, gens, vous ne regardez point En quel dangier juge s'affuste Qui juge a mort ung homme juste ! (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 315).

B. -

S'afuster contre. "S'appuyer contre" : Et Erec de la sienne[la lance] tellement s'afuste contre le corpz de ce roy que lez changlez du destrier rompirent et qu'il le convint a force cheioir. (Erec Brux. C.T., c.1450-1460, 165).

Rem. Cligès C.T., 1455, 70r (Cligés s'affute contre l'escu de Lancelot).

III. -

Part. passé en empl. adj.

A. -

"Appuyé à/sur un fust"

1.

"Disposé sur un affût" : ...ce roy droit cy fist affuster une bombarde pour la getter, et de fait, ladicte bombarde affustee, la fit voler dehors (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 253). Et lors, une grosse bombarde chargye et affustée contre eulx, sentant la chaleur des prochains logeis qui bruloyent, s'eschauffa tellement que, seule et sans ayde de quelque ame, tira à l'aventure et fit ung grant abatis sur les assiegéz (MOLINET, Chron. D.J., t.1, 1474-1506, 48). ...se vous avez fait faire lesdiz canons, nous vous prions que en toute diligence vous les envoyez montez et affutez devers nostredit gouverneur (Lettres Louis XI, V., t.7, 1478, 62). Et la dicte artillerie, bien afutee et mise en estat qu'il appartenoit (LA VIGNE, V.N., p.1495, 252).

2.

Affusté sur. "Appuyé sur [une chose qui tient lieu de bâton]" : Quant li chevaliers fu de pamoisons levés, Il regarda que Bruns fu encore montés Qui devant lui estoit sur sa lance afustés (Brun de la Mont. M., c.1350-1400, 116).

B. -

"Équipé, garni" : Or est ainsy que, (...) et que les droites rumeurs entre le duc de Bretagne et luy n'estoient pas encore toutes publiques, le roy mit sus secrètement une barge de quarante rèmes ; et icelle affustée et garnie de bonnes gens de guerre, la mit en la main du bastard de Reubenpré, capitaine, qui estoit frère au seigneur de Reubenpré, neveu au seigneur de Croy. (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 76).

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Au fig. "Établi, affermi" : Crainte venant d'amour est par trop doulce Et fait l'omme beste estre reputé, Et en amour n'est nul tant affuté Qui ne renverse a cop quant je le poulse (Lyon cor. U., 1467, 41).