C.N.R.S.
 
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     AFFUBLER     
FEW XXIV *affibulare
AFFUBLER, verbe
[T-L : afubler ; GD : afubler ; GDC : afubler ; AND : afubler ; DÉCT : afubler ; FEW XXIV, 249a : *affibulare ; TLF : II, 61a : affubler]

A. -

[Domaine de l'habillement]

 

1.

Affubler qqc.

 

a)

"Agrafer, fermer qqc." : De drap d'or et de soie richement se parrait, Et d'un riche mantelz qu'a son colz affulait (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 572). Affuble ton mantiel, Et si le me met en cantiel Par maniere de cointerie. (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 85).

 

-

Affubler qqc. sus [sur un vêtement] "Attacher, fixer qqc. sur" : ...IIJ aulnes d'escarlate vermeille de Bruxelles, de grant moison (...) pour faire IIJ chapperons doubles et IIJ sangles, pour affubler sus deux houppellandes longues de satin vermeil en graine (Comptes argent. rois Fr. D.-A., II, 1387, 121).

 

b)

"Mettre qqc. sur la tête, coiffer qqc. ; p. ext. mettre (un vêtement), revêtir qqc." : Par mon chief, dist Maugis, j'ay ouÿ deviser C'on ne verra jamais .I. preudons amonter, Car de faire raison voit on sac afubler ! (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 265). Mais je vous envoie la coiffe et le cuevrechief et le touret que j'avoie affublé le jour que je reçui vos lettres (MACH., Voir, 1364, XXVI). Dont li gentils roys amast mieux Qu'on li eüst crevé les yeux, Et que mais n'afulast heaume, Ou avoir perdu son royaume, Ou tantost mourir vraiement Qu'il leur acordast telement (MACH., P. Alex., p.1369, 204). ...et le fist faire à viestir un tabar et afubler par dessus son abit le dit tabar (FROISS., Chron. L., I, c.1375-1400, 33). Le regent pour l'eure affula Un chaperon de la livrée De Paris (DESCH., M.M., c.1385-1403, 369). ...drap pers que elle eschanga à autre drap ès hales pour avoir le chaperon de brunette que elle a affublé. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 434). ...vostre pere (...) lui donna du pommeau de l'espee qu'il lui avoit tollue si grant coup en la temple, a ce que la coiffe d'acier qu'il avoit affublee n'estoit pas forte, qu'il le rua tout mort sur la terre. (ARRAS, c.1392-1393, 50). La se gist celle creature, Si n'a robe, ne couverture (...) Fors un seul drap linge affublé (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 104). ...et si avoit affulé ung chapperon de satin decoppé, fourré de menu verd. (ESCOUCHY, Chron. B., t.1, c.1453-14, 240). Puis que sommes entrez a parler des gelines, dist Emmeline Trumeliere, je vous en diray droites merveilles, car quant vous volez avoir voz poules couppez dessus leurs testes, pour aussi vray que sommes icy, il vous convient affubler un sac a quoquide [l. quoquidé] quant vous mettez les oefs couver, et les pouilles seront toutes coupeez dessus leurs testes. (Ev. Quen., I, c.1466-1474, 102). Il (la) afuble son basinet (Sav. serg. D.L., c.1480-1490, 33). Qui ne veult le loup ressambler, N'en doit pas affubler la peau. (Prov. rimes F.M., c.1485-1490, 68). Il est assavoir que sainct Martin luy donne sa robe et puis il affuble son manteau sur sa chemise. (LA VIGNE, S.M., 1496, 547).

 

-

Empl. abs. : ...J chappeau de fin bièvre brun double, fourré de cendal, pour affubler pour ledit seigneur par le solleil (Comptes argent. rois Fr. D.-A., II, 1387, 212). [La reine Isabelle rentrée en Angleterre, veut faire honte à Hugues Spencer, prisonnier, favori d'Edouard II, avant de l'exécuter ; on lui fait un "tabar" à ses armes, semé de clochettes] On le vestiet ; et afubla le dit messire Hue. (FROISS., Chron. D., p.1400, 91). Monseigneur, ce dist Loÿs (...) je vous prye et requiers que ce viel chappel de feutre enfumé, que la je voy pendant en vostre sale, me voelliés donner. Le seigneur dist a son filz que il ne valoit riens pour affuler, ne pour quelque aultre chose faire. (Hist. seign. Gavre S., c.1456, 9).

 

-

[Du vêtement, de la coiffe] "Mis, revêtu" : Vous les avés veuz, les Angloys, Chascun ung bacin affulé. ["chacun ayant coiffé un b., chacun ayant sur la tête un b. en coiffe"] (Menus propos P., 1461, 99).

 

-

[Dans un cont. métaph.] : Lors fu nature esbahie et taisans, Quant deitez vint tel pel affubler Qui vierge estoit (Mir. st J. Paulu, c.1372, 147). En oultre que feist Male Voulenté pour oster paix ? Elle affubla ung autre mantel qui se nomme supersticion c'est a dire fole ou dampnable assercion comme des sorcieres (GERS., Noël, p.1404, 307).

 

2.

Affubler qqn de qqc. "Revêtir qqn de qqc." : Pynoteüs le vit estrine, Si l'afubla de son mantel (FROISS., Pris. am. F., 1372-1373, 101). Et quant ilz l'orent desarmé, ilz l'affublerent d'un manteau que la dame luy envoya d'un baudequin moult riche. (Chev. papegau H., c.1400-1500, 20).

 

3.

Affubler qqc. à qqn. "Faire porter qqc. à qqn" : Un mantel li ont afublé, Qui d'ermines estoit fouré. (Dame Lycorne G., c.1349-1350, 197). ...auray emprès de moy ung grand seau d'eaue et de cendres entremeslées, dont je vous affubleray tout a coup que vous passerez. (C.N.N., c.1456-1467, 259). Aprés, il prinst un blance coiffe delye qu'il luy mist sur son chief en disant : "Sire, ceste coiffe blance vous affulle je en ramembrance que vous ne devés estre en lieu ouquel faulz jugemens soient fais..." (Saladin C., c.1465-1468, 76).

 

4.

Empl. pronom. S'affubler de qqc. "Se revêtir de qqc." : Tous nuz fu et sans braiez, n'ot caucez ne soler, Fors que .I. seul mantiel dont se vot afubler [var., ms. daté de 1461] (Flor. Octav. L., t.2, c.1400, 941). Meliadice l'en mercia et aussi lui apporta ung pouvre viel sac pour mectre dessus elle. Et Meliadice le prent et s'en affuble et puis se saint d'une corde par dessus (Cleriadus Z., c.1440-1444, 307).

 

5.

[D'une chose, d'un vêtement] Affubler qqn. "Vêtir qqn" : ...IIJ aulnes pour faire deux queuvrechiefs, pour affubler par nuit le clerc de ladicte chambre. (Comptes argent. rois Fr. D.-A., II, 1387, 151).

 

-

Au passif. [D'une pers.] (Estre) affublé de qqc. "(Être) vêtu ou coiffé de" : Le noble capel rouge dont il fut afulez. (Renaut Mont. B.L. V., c.1350-1400, 19). ...et avoit toute le nuit fait si caut qu'il n'avoit peu dormir. Tous desboutonnés en une sengle cote et sa chemise, affublé d'un mantel, il s'en vint là et s'i assist (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 77). Et dist Cersuelle, que, grant temps après, elle [la serpente] se mua en figure de femme aulte et droicte, et estoit vestue d'un gros burel, et ceinte dessoubz les mamelles, et estoit affublee de blans cuevrechiez a la guise du viel temps. (ARRAS, c.1392-1393, 309). Et, aprés cestui, regna Daires, Qui Nothus estoit appellez. .XIX. ans fu affulez [Daires] De la couronne et puis mourut. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 257). Son chief estoit toqué du cueuvrechief sale et encendré, son corps affublé d'un mantel de tenné. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 3). ...et puis les jeunes hommes estoient devisez par parties et couroient (...) et estoient chains ou afeulés des peaulx des bestes qu'ilz avoient sacreffiez. (LA SALE, Sale D., 1451, 172). Item, ce dit jour mesmes, le souverain et chevaliers dudit ordre, comme dit est, partiront [de l'hostel] de icellui, vestus de longs manteaulx noirs, et affulés de chapperons noirs à longue cornettes (LEFÈVRE ST-RÉMY, Chron. M., t.2, c.1462-1468, 225). ...messire Prigent de Coitivi, ammiral de France, affublé pareillement d'ung cler mantel (CHASTELL., Temple Boc. B., 1463-1464, 51). L'empereur (...) estoit vestu d'une longue robe de drap noir, affulé d'une coiffe noire ou il y avoit une tres belle croix de dyamans et de perles fort rices. (MOLINET, Chron., 1474-1506. In : Chrestom. R., 244).

 

.

P. métaph. : ...tantost qu'il fut affublé du doulx manteau de mariage (C.N.N., c.1456-1467, 87).

 

-

Part. passé en empl. adj. Affublé. "Habillé, vêtu" : Et Dieu scet se, tant qu'iver dure, Il a par leens grant froidure ! Car bien doit sentir la gelee Personne si mal affulee (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 126).

B. -

P. anal.

 

1.

"Couvrir de, envelopper de"

 

-

Estre affublé de. "(Être) couvert de" : ...[une très belle dame] et estoit son chief paré de ses cheveulx beaulx et blondz, et par dessus une tocque, affulée d'ung volet enrichy de pierrerie (LA MARCHE, Mém., III, c.1470, 344).

 

-

Estre affublé de. "(Être) enveloppé de" : Yris tantost a son oirre aprestée ; Ses eles prent ; en l'air s'en est volee, D'une nue couverte et affublee. (MACH., F. am., c.1361, 164).

 

-

[Du corps] Affublé (de). "Fait, composé (de)" : Trop estoit celle beste fiere (...) Car corps de lyon ot la beste, Piez de serpent, mais mains et teste De damoiselle eschevelee ; Ne fu aultrement affulee (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 289).

 

2.

[D'une pers.] Affubler [un lieu]. "Entrer (dans un lieu)" : Et que le bras seculler Ne puist jamés reculler Du sainct siege apostolicque, Et soit sans dissimuler, Pour paradis affuller, Vray pillier du bien publicque. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 552).

 

-

Faire affubler la prison à qqn. "L'y enfermer" : Si ne fust pour l'honneur de voz bons amys, je vous feroie affuler la prison de ceans. (C.N.N., c.1456-1467, 531).

C. -

Au fig.

 

1.

Affubler qqc. [subst. abstr.] "Se revêtir de" : Narcisus ne vueilles sembler, Par trop grant orgueil affubler, Car chevalier oultrecuidez Est de mainte grace vuidez. (CHR. PIZ., Ep. Othea P., c.1400-1401, 226).

 

-

Affubler forme de... : Il convient don que cy m'atendes. Je affubleré forme d'omme, De li savray toute la somme De sa vie, et dont elle est née. (Jour Jug. R., c.1380-1400, 219).

 

-

S'affubler de qqc. [subst. abstr.] : ...Ypocras, Galien, Avicenne entour le lien De la fontaine s'assembloient, Ou de science s'affubloient (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 45).

 

2.

Affubler qqc. à qqn. "Imposer qqc. à qqn" : Les loix estroictes prescher seulent [les faux prophètes], Mais en riens garder ne les veulent ; Ilz lyevent estatus grevains, Et sont ceulx qui en font le moins ; Les grans fardeaulx au peuple affulent, Mais au porter tousjours recullent (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 589).

 

-

Affubler qqc. à telle chose. "Imposer telle chose à" : Va, que de forte fievre quarte, Chaude comme feu infernal, Soit mis ton museau deslëal Et affublé a tel contraire Que jamais ne cesse de braire ! (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 827).

 

3.

S'affubler pour. "Se préparer pour" : Affule toy pour noz coeurs enhardir (Percef. I, T., c.1450 [c.1340], 419).

 

4.

[D'une chose abstr.] Affubler qqn. "Affecter qqn" : Je l'entendy, se me sembla, Et si le prins a regarder, Le cuer ung peu si me troubla, Oncques je ne m'en sceuz garder, De l'ouyr me devoit tarder, Mais je ne scay qui m'affubla, Je ne me peuz contregarder Que tantost après si sembla. (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 33).

 

-

(Estre) affublé de + subst. abstr.

 

.

"(Être) comme revêtu, enveloppé de, rempli de" : ...circumdata varietate (...) affublée ou adournée par diversité, c'est a dire de la multitude des vertuz et des graces (Mir. ev. arced., c.1341, 104). Vezonés estoit appellez, Qui d'orgueil fu si affulez Qu'il dit "qu'il vouloit tout conquerre Le monde, par force de guerre." (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 5). ...ce prestre curé, (...) avoit sa teste affulée de simplesse si parfecte, qu'il ne savoit point annuncer les festes des sains (C.N.N., c.1456-1467, 512).

 

.

"(Être) affecté, atteint de" : Et largement t'avra couvent, Douceur, joie, bonneürté, Affublez de maleürté. (MACH., R. Fort., c.1341, 88).

 

.

Estre affublé de douleur : Mon esperyt est tout troublé Et de grant douleur affublé (Pac. Job M., c.1448-1478, 343).
 

DMF 2020 - Synthèse Monique Haas

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