C.N.R.S.
 
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     ACCULER     
FEW II-2 culus
ACCULER, verbe
[T-L : aculer ; GD : aculer ; GDC : aculer ; FEW II-2, 1512 : culus ; TLF : I, 471 : acculer]

I. -

Empl. trans.

A. -

Acculer qqn/ un animal

 

1.

"Pousser dans un endroit où tout recul est impossible" : Lors corut l'en sur aux Angloys (...) Les Angloys estoint aculez Et par touz lieux deffoulez, Et mis à mort sans nulle faille. (SAINT-ANDRÉ, Livre Jean de Bret. C., c.1400, 489). ...et ja avoient Galien le chevalier deschevauchié et mis a pié, le quel estoit aculé contre ung hault arbre, l'espee ou poing (Garin Mongl. K., c.1460-1465, 235). ...comme ung porc qui est de toutes pars de levriers acullé (Mabrien V., 1462, 347). Après vindrent [les Romains] par tel erreur Sur nous qu'il convint reculer. Quant je vis noz gens aculer Et nostre bataille perie, Je pensay de sauver ma vie Et m'en eschappay, Dieu mercy ! (Myst. st Laur. S.W., 1499, 165). Tien ! chevalier, porte a t'amye, Garde qu'il ne te chaye mye Sur peine d'estre baculé. Tu seras icy aculé Comme ung sanglier entre les chiens. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 239).

 

-

[P. méton. de l'obj.] : LEVIATHAN. Je voy par ville et par cité, Je sens, j'escoulte, je specule, Mais il n'y a si hault monté Que je ne reforge et carculle. BELPHEGOR. J'ecriptz, je notte, j'articule, Je fay culer et baculer, Il n'est cul si fort reculé Qu'en culant je n'aille aculer. (FLAMANG, Vie Pass. st Didier S., 1482, v.2956).

 

Rem. Éd. : «Faire tomber dans un piège».

 

2.

Au fig. "Forcer, contraindre" : Les aultres suit [le conseiller] comme aculé Et semble qui ne veult mot dire, Mais il ne les veult contredire De peur d'estre d'eulx mesprisé, Et voy la le conseil brisé. Voy la comment ilz se deschargent De justice que sur eulx chargent. (RIVIÈRE, Nef folz D., 1497, 35). Maintes gens qui ont beaucoup d'ans Fussent maintenant bien prudens, Qui sont comme foulz acculez, S'ilz ne se feussent maculez Par trop parler (RIVIÈRE, Nef folz D., 1497, 133).

 

-

P. anal. [D'une chose] : [L'ébriété] Plusieurs noises fait et discors, Les espris et sangs macule, Et la teste a douleur accule, L'engin modeste contamine, La substance des hommes mine (RIVIÈRE, Nef folz D., 1497, 118).

B. -

Acculer qqc.

 

1.

"Faire buter, caler [la partie postérieure d'une pièce d'artillerie]" : Et fut acculée la queue d'icelle [une grosse bombarde] aux champs devant la Bastille Sainct-Anthoine et la gueulle d'icelle en tirant vers le pont de Charenton. (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 81).

 

2.

"Exercer une forte poussée contre [une porte]" : Et de fait, par puissance forte, A tout ung gros cheveron de bois Vous vindrent acculer la porte Et frapper des coups deux ou trois. (COQUILL., Oeuvres F., 1478-p.1494, 94).

II. -

Empl. pronom.

A. -

"S'appuyer à un support pour ne pas être attaqué par derrière" : ...pour resister a tous les autres enuis se a chief en veult venir, que elle prengne cuer d'omme, c'est assavoir constant, fort et sage, pour avisier et pour poursuivre ce qui lui est bon a faire, non mie comme simple femme s'acroupir en pleurs et larmes sans autre deffense, comme un povre chien qui s'aculle en un coignet et tous les autres lui cuerent sus. (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 192). Et incontinant Dangier, Reffus et tout l'effort de leurs gens vindrent sur lui, car ilz n'avoient plus a faire que a lui. Lors le Cueur s'acula contre ung gros arbre qui estoit en la place, et commencza a deppartir coups en telle maniere que nul ne le veist qui a preudomme ne le tenist. (RENÉ D'ANJOU, Cuer am. espris W., 1457, 200). O gens mondains regnans et hommes, Toutes voz pensees et sommes Sont mortiffiees en tenebres. Nul ne doubte les grans celebres Dars venans de Jesus et main. La vie d'ung chacun humain Est soueillee de toute maculle. Leur cueur se hongnist et s'acculle De grant peur au gouffre du mer. (RIVIÈRE, Nef folz D., 1497, 708).

B. -

[D'un cheval] "Tomber sur l'arrière-train" : ...le cheval de l'Englais s'acula a terre, et fust choit sanz faille, se a force de gent n'eust esté soubstenus (Bouciquaut L., 1406-1409, 72). Et aussitost que ilz s'entrevirent l'un l'autre, ilz picarent leurs chevaulx des esperons et s'en vindrent l'un vers l'autre, les lances bayssees, tant comme ilz povoyent des chevaulx traire, et se ferirent de toute leur force sur les escuz, si que les lansses volarent en pieces et les chevaulx s'acularent et puys se releverent. (LA CÉPÈDE, Paris Vienne K., 1432, 88).
 

DMF 2020 - Synthèse Jean-Loup Ringenbach

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