I. -

Empl. trans.

A. -

[Le compl. d'obj. désigne des êtres humains ou des animaux]

1.

[Êtres humains]

a)

"Attacher ensemble [surtout des prisonniers]" : Au mast ont les enfans loïés et acouplés (Baud. Sebourc B., t.1, c.1350, 253). Au sodant de Dammas que moult est redobtéz Tramist trante chetis maigre et descharnés ; Chescun estoit de corde loiéz et acouplés, S'avient lez poing loiéz et lez doulx yeulx bandéz (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 110). Il prindrent Cleopatras et ses deux enfans et les lïerent et acouplerent a Berinus (Bérinus, I, c.1350-1370, 197). Seigneurs, deux et deux m'acouplez Ces Sarrazins ; si en irons Et prisonniers les en menrons Avecques nous (Mir. fille roy, c.1379, 78). Venus fut belle et femme du lait Vulcan, et pour tant se fist amie de Mars ; mais Phebus les accusa a Vulcan et d'une chaienne d'aymant les acoupla, et devant les dieux pour demoquier les amena (LEGRAND, Archil. Sophie B., c.1400, 165). Adoncq les fist trestoux et prendre et acoupler, Les poins loeur vont lïant et les deux yeulx bender. (Huon Bordeaux B., c.1400-1450, 193).

b)

"Réunir par deux" : Par ce personage estrange est entendu le Grant Turcq, qui lors menachoit France, Espaigne, Alemaigne et Ytalie, et les danseurs, ensemble accoupléz, signifioyent la bonne union, paix et concorde des regions dessusdites (MOLINET, Chron. D.J., t.2, 1474-1506, 487).

c)

"Unir par les liens du mariage" : Coniugatus : conjoins ensamble ou acouplés (...) homme ou femme mariés (LE VER, Dict. M.E., c.1420-1440, 86). Maroie Ployarde dist (...) que cellui qui bat sa femme fait autel pechié comme s'il se voloit soy mesmes desesperer : "car selon ce que j'ay oy dire a no curé, ce n'est que un corps, d'homme et de femme acouplez par mariage". (Ev. Quen., I, c.1466-1474, 83).

-

"Assujettir" : ...après que la mort l'eust destaché de la chayne qui a mariage l'accouploit, le bon bourgois (...) n'estoit point si mal logé en la dicte ville (C.N.N., c.1456-1467, 23).

d)

"Approcher qqn en vue de l'assaillir" (GDC VIII, 28c ; ex. de 1416)

-

Au plur. "S'empoigner" : Il s'aproucha du dit Colin le Maistre et de fait l'acola de ses deux bras, et eulx estans ainsy accouplez, le dit Colin le Maistre recula arriere du dit feu Jehan de Falais (Arch. Nord, 1474, B 1695, f° 55, IGLF).

-

Empl. abs. "Engager le combat" (Éd.) : Et l'endemain at fait sa gens armeir et les at rengeit pour faire paour. Et le roy, quant il les voit, sy dist a sa gens : "Par ma foy, cilz gens sont forment desirans d'acoupleir." (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 144).

Rem. Cf. a. fr. S'accoupler à qqn. "S'attaquer à, se jeter dessus" (GDC).

e)

"Forcer, contraindre (?)" (d'apr. Éd.) : Ilz soubmirent tous les royaumes dedens ung an et puis comme ilz eussent acouplees toutes les provinces a elles rendre, ilz alerent requerre Romme avecques toute leur multitude, en degastant les citez et les cultiveurs par toute Ytalle. (Percef. I, T., c.1450 [c.1340], 109).

2.

[Animaux]

a)

CHASSE "Attacher deux à deux [des chiens de chasse]" : Voz chiens grans acoupler iray, Après nous mener les feray : Si chacerons. (Mir. femme roy Port., c.1342, 152). Il vint en l'ostel le viconte, Les chiens prist et les acoupla. (MACH., P. Alex., p.1369, 256). Et doit avoir le couple d'un chien, entre l'un chien et l'autre, quant ilz sont acouplez, un pié, et le tret dou limier trois toises et demie. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 142). ...icelle chienne il acouploit avec une autre chienne pour les mener à la chasse (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 274).

-

[Dans un cont. métaph.] : En Compaignie demourans [Amour] Ot acouplé Renon et Los. Cil doi chien, se bien dire l'os, Ont dous abay a l'escouter (ACART, Prise am. H., 1332, 14).

b)

"Atteler [un animal de trait]" : Iugo .gas : acoupler par jou (Aalma R., c.1380, 217). Elle enseigna a ses subgiez a compter et aprivoisier les buefs et a les coustumer a estre acoupplez au jouc ; trouva aussi la charue et leur monstra la maniere comment fendroyent et partiroyent la terre avec ferremens et tout le labour qui y appertient. (CHR. PIZ., Cité dames C., c.1404-1407, 743). Coniugo (...) : conjoindre, ensamble joindre (...), acoupler au jou (LE VER, Dict. M.E., c.1420-1440, 86). Icelui serviteur (...) voulsist prendre le brideau du premier cheval estant actelé et acouplé au char (Arch. Nord, 1474, B 1695, f° 35 r°, IGLF).

c)

[Dans une intention tactique] "Attacher ensemble [deux animaux]" : Si prendra renars et queue a queue les acouplera et entre eulx mettra brandons de feu puis les getera par nuit sus les desloyaulx et en leurs gaignages et tout bruslera (CHR. PIZ., Avision T., 1405, 96). Quant les Espaignoz se combatirent contre Almicar, duc de Cartaige, ilz eurent grant plenté de boeufz trayans et les acoupplerent deux a deux (...) et quant ilz furent assez près de combattre, alors misrent le feu aux estrayans des boeufz. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 52).

d)

"Apparier en vue de la reproduction" : DIEU. Puis leur faisons commandement Qu'i croissent par leur geniture, Tant bestes que oysiaulx proprement, Chascun d'eulx selon leur nature, Et soyent accouppléz par droitture, Deux à deux, pour seurement naistre (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 28).

B. -

[Le compl. d'obj. désigne des choses]

1.

[Choses concr.]

a)

"Grouper, réunir" : Les rentes du transport des villes dessus accouplees furent, des long temps a, bailliees en assiete de terre à feu messire Robert de Flandres (Comptes Etat bourg. M.F., t.3, 1416-1418, 21). ...pour l'achat et façon de six tablettes de bois couvertes de corne noire pour servir à iceulx messeigneurs et receveur pour mettre par memoire plusieurs choses qui surviennent touchant les affaires de ladite ville, c'est assavoir pour lesdites six tablettes garnies chacune de huit fueillets de bois accouplés, couverts de corne noire (Comptes Paris V.L.D., t.1, 1445-1446, 468). Lesdis compaignons, fort esbahis de trouver lesdis tonneaux ainsy acoupléz, ymaginèrent que c'estoit ung pont propice à sauver quelque prisonnier ou personage enclos ou fort de la ville. (MOLINET, Chron. D.J., t.1, 1474-1506, 635).

b)

"Attacher" : ...les mariniers tendent leur voille, les bras aux avirons (,) accouplent, l'un a la main au gouvernail, l'aultre en sa mapemonde note les perilz et les roches (MARTIN LE FRANC, Estrif D., 1447-1448, 72).

-

MAR. "Attacher côte à côte [des navires]" : Jehan de Broukere, Jehan Ferant, cascun en amende de LIX sols pour ce que il firent parture d'acoupler leurs neif (Arch. Nord, 1398, B 5979, f° 2 r°, IGLF). Quant on menra deux bateaulx accouplez ensemble, soit en montent ou avalent lesdictes rivieres, et ilz seront tous à un maistre, les Batelliers qui les menront et conduiront, aideront l'un à l'autre. (Ordonn. rois Fr. V., t.10, 1415, 346).

c)

"Joindre, réunir" : Au pié d'une tour sont ycy deux homes, l'ung aiant le visaige enflé et l'autre une gibesiere, qui minent au pié d'une tour et hotent la pierre quarree accouplant deux murs, qui signifie paix, pour faire cheoir l'edifice. (Déclar. Hyst. S., a.1449, 158).

-

"Assembler, ajuster" : Item, a l'Orfevre de Boys Donne cent clouz, queues et testes, De gingembre sarrazinoys, Non pas pour acouppler ses boictes., Mais pour joindre cuz et couëctes Et couldre jambons et andoulles, Tant que le let en monte aux tectes Et le sang en devalle aux coulles. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 94).

Rem. Cf. Burger, 32 ; R.H., Comment. Test., 165 ; Thiry, 180.

2.

[Choses abstr.] "Associer" : De la conjoincture des vertus. Comment elles sont acouplees ensemble (Somme abr., c.1477-1481, 93).

II. -

Empl. pronom. S'accoupler avec qqn. "Se joindre à qqn" (GDC VIII, 28b ; ex. de 1389)