C.N.R.S.
 
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     ACCOUCHER     
FEW II-2 collocare
ACCOUCHER, verbe
[T-L : acouchier ; GD : acolchier ; GDC : acouchier ; AND : acoucher ; FEW II-2, 908b : collocare ; TLF : I, 429b : accoucher]

I. -

Empl. intrans. [D'un malade ou d'un mourant] "Se coucher, s'aliter" : Quant Porphilias deust savoir Que femme deust Athis avoir, Et en ses atours l'eust veüe, La pensée en eust esmeüe, Et si fors au cuer lui entra Que par maladie acoucha. (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 17). Dame, vostre amour en tel point M'a mis que j'en suis acouchiez (Mir. emper. Romme, 1369, 260). Acouché gist en lit de Desplaisir Mon dolent cuer (CHART., R. Bal., c.1410-1425, 377).

 

-

Accoucher malade. "S'aliter en raison d'une maladie" : La acoucha malade messire Henry de Bar en une ville coste Venise (Bouciquaut L., 1406-1409, 127). ...s'en ala à Napples (...) où il acoucha malade et y fina ses jours (Paris domin. angl. L., 1425, 162). ...Walerant, conte de Saint Pol et de Ligny (...) acoucha malade dedens le chastel de Yvvis (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.3, c.1425-1440, 67). Quant il [nostre pere] vey que vous ne retourniés point et qu'il vous eut fait querir en mainte contree et qu'il n'avoit nulles nouvelles de vous, il acoucha malade (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 75). Or advint ung jour qu'il acoucha malade et fut appellé à sa fin (MIÉLOT, Mir. N.D. L., 1456, 193).

 

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Accoucher au lit de la mort/au lit mortel. "S'aliter en sentant sa mort prochaine" : ...elle fut malade tresfort et au lit de la mort acouchée (C.N.N., c.1456-1467, 327). Charlemaine acoucha au lit mortel, ou il receut les sacremens de l'Eglise (Chron. conq. Charlem. G., t.2,2, 1458, 295).

II. -

Empl. trans. indir.

 

-

Accoucher de. "Mettre au monde" : Et estoit pour lors la dame enceinte, et porta son terme, et acoucha a son jour de son second enfant (ARRAS, c.1392-1393, 78). La roine Jehane (...) acoucha de une fille (FROISS., Chron. D., p.1400, 174). Oudit temps, et le samedi derrenier jour de juing mil IIIIcLXX, environ entre deux et trois heures de matin, la royne acoucha ou chasteau d'Amboise d'un beau filz, qui ilec fut baptisé et nommé Charles par monseigneur l'arcevesque de Lyon (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 241). Grand nombre de bons chevaliers et escuyers se misdrent ès franchises qui sont à Londres, qui depuis servirent bien le roy Edouard ; et aussi fist la royne sa femme, qui y accoucha d'ung filz (COMM., I, 1489-1491, 206). Vincent d'Aigremont (...) jugea sur la commecte qui aparut (...) et dist choses qui advindrent bien à la verité et par avant sur la revolucion de l'année que la royne accoucha de Philippe au bois de Vincennes, avoit prenostiqué des fouldres et tempestes, qui advindrent, par especial, audit Vincennes et tumba la fouldre sur le lit de la royne (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 134 r°).

 

-

Estre accouchée de. "Avoir mis au monde" : Il est voir que je me baingnoye, Comme acouchiee que j'estoye D'un filz (Mir. enf. ress., 1353, 46). ...d'un filz ma dame acouchée Est de nouvel. (Mir. fille roy Hongrie, c.1371, 41). Nourrice, il convient bonnement Que cest enfant soit bien nourri. Ma dame acouchee de lui Est de present, la grace Dieux. (Gris., 1395, 49). ...la roine sa fenme i fu acouchie et relevee de une belle fille (FROISS., Chron. D., p.1400, 854). ...une sienne fille dont sa femme estoit accouchée (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 182). Fremine Fauvele dist a ce point que quant une femme est acouchie d'une fille, il convient l'asseoir sur la poitrine de la mere en disant : "Dieu te face preudefemme", et jamais elle n'aura honte de son corps. (Ev. Quen., I, c.1466-1474, 110).

 

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P. plaisant. : Je sçay bien qu'elle est acouchee De vingt et quatre guiterneaux (Path. D., c.1456-1469, 122).

 

-

Empl. abs. : ...il a plus d'un mois Que vous acouchates (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 222). ...et auxi fault adviser quant vous relieverez : il a ja .XV. jours que vous estez acouchee. (Quinze joies mar. R., c.1390-1410, 23). A Jehan du Croq, varlet de pié, le XXXe jour de janvier, pour faire les despens de la saige femme, dudit Jehan et de deux chevaulx, pour aler à Dracy devers Madame, pour ce qu'elle estoit preste d'acouchier, et pour les despens dudit Jehan et de deux chevaulx pour revenir à Paris : 7 fr. (RAPONDE, Comptes La Trémoille L.T., 1396-1406, 72). JOSEPH. Ha, dame, j'ay le cuer marry Qu'il convient que je vous y maine [à Bethleem], Car vostre saison est prouchaine D'acouchier, comme je suppose ; Si doubte dessus toute chose Qu'il ne vous tourne a dolëance. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 62). La dame acoucha apprez lez doleurs (Comte Artois S., c.1453-1467, 153). ...la fille acoucha, qui a la bonne heure d'une belle fille se delivra (C.N.N., c.1456-1467, 104). Et par eulx leur mandoit qu'il leur envoieroit la royne pour acoucher à Paris, comme à ville du monde que plus il aymoit. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 44).

 

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Accoucher avant terme : Et, à cause de l'effroy qu'ilz fist, y ot plusieurs femmes grosses qui en acoucherent avant terme (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 59).

 

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Accoucher longuement. "Prolonger à plaisir le train de nouvelle accouchée" (d'apr. l'éd. Jannet, 1853 et 1857, dans le gloss. de l'éd. J. Rychner) : Or avient, Dieu mercy, qu'ilz ont ouy les prieres du bon home et se delivre sa femme d'un bel enfant, et fust ores le daulphin de Viennois, et acouche longuement. Les commeres viennent et se font les levailles belles et grandes. (Quinze joies mar. R., c.1390-1410, 66).

III. -

Empl. pronom.

A. -

"Se coucher, s'aliter"

 

1.

[D'un malade] : Li roys Bauduins d'un griés mal s'acoucha (Bât. Bouillon C., c.1350, 211). Maladie le prit adonques, De quoi a lit il s'acouça (FROISS., Méliad. L., t.3, 1373-1388, 151). ...les meilleurs se foulloient et laissoient et s'acouchoient au lit (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 96). Par laquelle vertueuze pollitie il rengna XII ans, puis s'acoucha d'une griefve maladie qui le tint longuement (WAVRIN, Chron. H., t.1, p.1471, 490).

 

-

S'accoucher malade : Or revenons au roy d'Irlande. C'est bien raisons c'on en demande Comment il se maintient de puis C'avenus li fu cilz anuis De son chier fil que perdu ot. Onques conforter ne s'en pot Qu'il ne s'en acouchast malades. (FROISS., Méliad. L., t.3, 1373-1388, 137). ...l'abbesse, qui belle et jeune et en bon point estoit, nagueres se acoucha malade. (C.N.N., c.1456-1467, 139). Il (...) commença à avoir peur et en ycelle peur s'acoucha malade (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 87).

 

2.

[D'un mourant] S'accoucher au lit [de la mort]. "S'aliter en sentant sa mort prochaine" : En ce temps, environ la Chandeleur, s'acoucha au lit le roy Pierre d'Arragon. Quant il vey que morir le convenoit, si fist venir en son present ses deux filz, Jehan l'aisné, et Martin (FROISS., Chron. M.M., XIII, c.1375-1400, 107). ...li rois (...) s'acouça au lit de la mort (FROISS., Chron. D., p.1400, 174).

B. -

S'accoucher de. "Mettre au monde" : De .VII. enfans se vot la roÿne akoucier, Une fille et .VI. fieux, tant en vot desquierkier (Chev. cygne P., c.1356, 67). ...s'acouça la fenme de ce d'Artevelle d'un fil (FROISS., Chron. D., p.1400, 415). Catherine de France, royne d'Angleterre, s'accoucha d'un fils (CHASTELL., Chron. K., t.1, c.1456-1471, 295).

 

-

Empl. abs. : En la guere m'en vois, partir me convenra. Ma moullier vous lairay, briefment s'acouchera (Chev. cygne P., c.1356, 11). Comment Ourseau, Pallides et leurs femmes se mirent au chemin vers le perron ; comment Camille s'acoucha en chemin (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 1095).

IV. -

Inf. subst. "Accouchement" : La ducesse se tourna par supz la montaigne de Combre, pour ce qu'elle estoit assez prèz de son acoucher (MOLINET, Chron. D.J., t.2, 1474-1506, 428).

V. -

Part. passé en empl. adj. "Qui vient d'accoucher" : ...pluiseurs de la ville de Paris (...) donnoient offrandes et aumosnes à ladicte eglise et à la mere acouchée, qui avoit moult travaillié en l'enfantement desdictes filles (FAUQ., II, 1421-1430, 311).
 

DMF 2020 - Synthèse Jean-Loup Ringenbach

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