I. -

Empl. trans.

A. -

Abutiner qqc.

1.

"Livrer comme butin, mettre au pillage" : ...si ont esté donnez leurs offices, prins leurs biens, abutinez, donnez, departiz ou vendus. (BAYE, II, 1411-1417, 85).

2.

"Partager [le butin]" : Et ce fait, s'en alèrent, et tantost après ce abutinèrent leur dicte destrousse, tellement que le dit suppliant en eut à sa part la somme de dix escuz ou environ et l'une des dictes acquenées. (Doc. Poitou G., t.9, 1450, 191). [Peut-être est-ce un empl. pronom. (ce pour se)]

-

P. anal. "Partager (comme on le fait pour un butin)" : En la façon que avez oy fut ceste bonne femme abustinée. Le mary avoit la bouche seullement (C.N.N., c.1456-1467, 317).

B. -

Abutiner qqn

1.

"Se joindre à qqn pour faire du butin" : Il ne le dit à nul qu'il eust aucun abutiné avecque lui (BUEIL, II, 1461-1466, 96).

2.

"Prendre la part de butin qui lui revient" : ...la première bande voulut avoir part à tout ce qu'il avoit gaigné et voullurent que son gaing fust departy à six ou sept qu'ilz estoient, et disoient qu'il n'avoit pas puissance de abutiner les autres en leur part. Pareillement voulurent toutes les aultres bandes qu'il leur fist bon le butin qu'il avoit gaigné. (BUEIL, II, 1461-1466, 96).

II. -

Empl. pronom.

A. -

S'abutiner (à/avec qqn). "Se joindre (à qqn) pour faire du butin" : Il ne le dit à nul qu'il eust aucun abutiné avecque lui ; mais s'abutinoit à tous, pensant qu'il deust avoir butin en tous les butins où il se boutoit, et pensoit pas qu'il deust faire à tous part de ce qu'il gaigneroit. (BUEIL, II, 1461-1466, 96). ...et dejà s'estoint abutinés par bandes, esperans qu'ils seroint tous riches du gain qu'ils y feroint et des bons prisonniers qu'ils y prendroint. (LESEUR, Hist. Gast. IV, C., t.1, 1477-1478, 78).

-

P. ext. "Se joindre à qqn ; s'acoquiner avec qqn" : ...il est trop matin, Ung peu je me rendormiray (...). Jeunes gens partent leur butin : De Nonchaloir m'acointeray, A lui je m'abutineray ; Trouvé l'ay plus prochain voisin (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 311). D'aultre part vindrent au devant de moy Gracieuseté et Doulx Parler qui m'amuserent a ung estroit pas nommé Espoir ou voulentiers chascun s'arreste, ce pendent que Plaisance tendoit ses laz ou mon cueur fut pris. Desir et Franc Vouloir, qui estoient mes serviteurs furent envers moy plus eschauffez que les aultres brigans et furent cause de ma destrousse ; et croy, moy, qu'ils s'estoient abutinez avecques eulx. (VAILLANT, Oeuvres D., c.1445-1470, 173).

B. -

Empl. pronom. à sens passif. [D'une chose] "Être livré comme butin, être mis au pillage" : Et pour cela gardez, comment qu'il ailhe, Qu'on ne treuve mostier que l'en n'assailhe, Et qu'il n'y ait calice ne patine, Ne custode que tout ne s'abutine (...). Ne ne laissez ne joyaulx ne reliques (NESSON, Lay guerre P.D., c.1424-1429, 51).