I. -

Empl. pronom. (ou intrans.)

A. -

[Sens actif ; idée d'éloignement]

1.

S'absenter de / hors de. "S'éloigner de, quitter" : ...toutes fois que aucuns desdiz esleus aura cause necessaire de soy absenter de la ville (Doc. 1332. In : P. Rézeau, R. Ling. rom. 78, 2014, 404). [Archives hist. de la Saintonge et de l'Aunis] Jehanne du Bois (...) se party et absenta hors de la maison de sondit mary et s'en ala où bon lui sembla, et depuis par long temps fut perdue. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 33). Se de ce lieu vous voulez absenter par bons moyens, il n'est homme que Jupiter. (LEFÈVRE (R.), Hist. Troyes A., c.1464, 201). Si advint que ung riche homme de son empire craignant la fureur d'icelui empereur, se voulut absenter de la region occultement (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 48 v°).

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Estre absenté de qq. part. "Avoir quitté le lieu où l'on devrait être" : ...il estoit partiz et absentez d'icelle ville et pays d'environ, et avoit leissé sadite femme et enfans puis VJ sepmaines a ou environ (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 287). ...Guillaume Serry, vigneron, auquel lesdiz religieux avoient baillé a faire et labourer le clos desdiz religieux audit lieu ou partie d'icelui, s'est rendue fugitif (...), absenté (Sent. Chât. Paris M., II, 1409, 101). Mais, puis que fustes de ce lieu absenté (...) Commant se porte vostre bonne santé ? (LA VIGNE, S.M., 1496, 214).

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En partic. [Pour échapper à la justice] : ...ledit exposant, pour doubte de rigueur de justice s'est absentez du pais (Ch. VI, D., t.2, 1381, 155). Pour occasion duquel fait, il, véant la grant justice que l'en fist pour lors et après à Paris, doubtant rigueur d'icelle justice, se absenta de Paris (Ch. VI, D., t.1, 1388, 87). ...neantmoins doubtant rigueur de la justice, icelui suppliant s'en absenta et s'en ala demourer au pais de Bretaigne et encores demeure... (Chron. Mt-St-Mich. L., t.1, Pièces div., 1431, 304). ...et pour delitz qu'il avoyt faiz c'estoyt absenté du pays (JUV. URS., T. rever., 1433, 69).

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[De Dieu] : Tiercement, de Dieu je di que Il est partout et seroit simplement impossible que Il se absentast d'aucun lieu quelcunque qui soit ou qui puisse estre. (ORESME, C.M., c.1377, 720).

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"Se tenir éloigné de qq. part" : ...mais pour les mutations qui survindrent, il le convint (...) absenter de la ville de Paris (FAUQ., II, 1421-1430, 166). ...et ainçois le conviendroit absenter et s'en aler hors de nostre royaume en totale desercion ou miserablement finer ses jours es prisons (Ecorch. Ch. VII, T., 1445, 386).

2.

S'absenter de qqn. "S'éloigner de qqn" : ...il n'avoient point de signeur, puisque il se absentoit de euls et ne les voloit croire (FROISS., Chron. D., p.1400, 823). ...frere Vincent predist la merveille qui fut veue en son temps, quasi par tout le monde, c'est assavoir que les oyseaux domestiques comme paons, poulles, chappons, oyes, canes et semblables comme pigeons, se absenterent de la compagnie des hommes et allerent, suivant chacun son sexe, habiter ès lieux sauvages sans crainte de loupz, de regnards ou autres reptilles. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 113 r°).

3.

Empl. abs. : Si ne se doivent pas amordre A eulz absenter ne fuyr, N'en ce nulz ne les doit suyr (MACH., Voir, 1364, 136). ...ledit frere Henry se absenta et ne peut estre trouvé qu'il ne feust le Xe jour dudit moys, que, environ dix heures de nuit (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 175). ...nous avons esté advertis que grant partie des pionniers (...) s'en vont et se absentent de jour en jour l'un après l'autre en habit dissimulé (Lettres Louis XI, V., t.6, 1477, 143).

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"Ne plus résider (en un certain lieu)" : Le procureur du Roy dit que incontinent, ou avant au moins que Seignet fust miz hors de son office, s'absenta et ne residoit pas, combien qu'il eust fait ceans le serment de residence (BAYE, II, 1411-1417, 243).

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En partic. [Pour échapper à la justice, à l'imposition] : ...car les delinquens ce pendant que on yra a juge se absenteront et ainsi justice sera illudee (JUV. URS., Nescio, 1445, 497).

4.

S'absenter de qqc.

a)

"Se débarrasser de qqc., s'en défaire" : ...considerés en vous [le roi] mesmes se estes point entechiez des pechiez dessus declairés, et vous en absentés (JUV. URS., T. rever., 1433, 77).

b)

"Se soustraire à qqc." : ...puis deux ans s'estoient absentés de ceste obeissance en laquelle ilz avoient esté depuis la conqueste de ce pais de Normendie (Rouen temps Jeanne d'Arc L., 1431, 202). Des vices me fais absenter, En toutes vertuz augmenter (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 52). Fay moy de tous vices absenter En ceste joyeuse advenue, Pour mieulx mon cher filz enfanter, Mais que la jornee soit venue. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 160).

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S'absenter des yeux de qqn. "Se soustraire à la vue de qqn" : ...pour le miracle du vin, (...) s'en vout aler [Jésus] Et de leur iex soi absenter. (GUILL. DIGULL., Pèler. J.-C. S., 1358, 154).

c)

S'absenter de + inf. "S'abstenir de" : Et tantost après fut la terre et frontière desdiz Anglois esmeue et pleine de rumeur, et tant qu'ilz se retrahirent à tous leurs cornes rabaissées. Mais dedens brief temps recommençèrent. Et quant le connestable vid qu'ilz ne se absentoient de faire guerre, il eut conseil avec aucuns chevaliers de ses gens et autres (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.2, c.1425-1440, 267).

B. -

[Sens passif ; idée de manque, de privation]

1.

[D'une pers.] "Être privé de qqn" : Non seulement aucuns si se garmentent De la mort d'elle, ains trestous s'en tourmentent : Les estrangers de loing mesmes s'en sentent, Car son decés est a chascun grevable. Quans en y a qui nuit et jour lamentent Pour ses biens faiz qui leurs douleurs intentent ! Quans orphelins voit on qui s'en absentent Pour la perte qui est irreparable ["qui sont privés d'elle (et donc de tout soutien), à cause de..."] ! (HAUTEV., Compl. H., c.1441-1447, 60).

2.

[D'une chose] (S')absenter à / de qqc. "Manquer à qqc." : ...la bonté excellente, Vers qui tout se represente, Et a qui riens ne absente, Qu'elle ne sente (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 84). ...et doulce achoison (...) Qui trop se absente de noz voye (RIVIÈRE, Nef folz D., 1497, 652).

II. -

Empl. trans.

A. -

[De la mort] Absenter qqn. "Éloigner, ravir" : Filz, ta douleur m'est au cueur bien recente, Du dueil me dueil qui t'occist et cravante, Mais trop plus crains que la mort ne t'absente Avant que moy. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 339). [MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 409]

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Absenter qqn de qqc. "Éloigner qqn de qqc., l'en priver" : NOSTRE DAME. (...) Las, mon filz, ma doulce portee, Ta mort m'a tant desconfortee, Absentee Et ostee De tout bien qui me peult venir ! (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 433).

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Part. passé en empl. adj. "Privé" : Mon enfant, ma doulce portee, Tu me laisses desconfortee, Absentee, Desmontee De tout bien qui me puet venir. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 361).

B. -

Absenter qqc. "Éloigner, faire disparaître qqc." : Ne puet cele pueur de là estre absentee. (JEAN D'OUTREM., Geste Liège B.B., t.4, a.1400, 609).