C.N.R.S.
 
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     ABOI     
FEW I 299b bau2
ABOI, subst. masc.
[T-L : abai ; GDC : aboi ; AND : abai1 ; FEW I, 299b : bau2 ; TLF : I, 131b : aboi]

A. -

"Aboiement" : Ils scevent que les oyseaulx dient Et entendent l'aboy des chiens. (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 100). Car c'est uns chiens trop mervilleus, Ses abais est trop perilleus. (ACART, Prise am. H., 1332, 19). ...et que mieux valoit a veoir le biau vol du heron que ne faisoit a oïr les abois de tous les chiens du monde. (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 231). On n'i oit coc ne geline qui glouche N'Abay de chien (MACH., F. am., c.1361, 165). Moult volentiers oi le debat Et l'abai de ches chiens courans. (FROISS., Par. am., c.1361-1362, 62). Seur, alez aillieurs sermonner, Car ycy ne ferez vous riens. Autant com de l'abay des chiens (Mir. ste Genev. S., c.1410-1420, 119). Et, pour eviter l'abbay du petit chien de l'hostel, il prinst la petite route ou sentier qui va parmy le bois à main dextre (BUEIL, I, 1461-1466, 34).

 

-

[Avec valeur minimale] : Nient plus je ne le prise que l'abay d'un quienchon. (Belle Hélène Const. R., c.1350, 400). ...car je ne prise ne toy ne ton dieu Mahom l’abay d’un vieil chien (Galien Rethoré K.K., c.1450, 111). ...tous ses dieux ne prise l’abay d’un chien (Galien Rethoré K.K., 1500, 301). Je ne prise Mahon non plus que l’abay d’un vieil chien (Galien Rethoré K.K., 1500, 303).

 

-

Prov. Il n'est aboi que de vieux chien. "Rien ne remplace l'expérience" : Il n'est habay que de vieulx chien. (MIÉLOT, Prov. U., 1456, 195). Les eages du monde. (...) Le monde part du siege oriental, En son natal eult piteux accident, Et vint poser son resgne capital, Son bruit total, son siege imperial, Son dart roial ou climat d'occident ; Romaine gent luy print roy et regent Du conseil gent des anchïens : Il n'est abay que de vieux chiens. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 592). [La Fille refuse les avances du Gendarme, trop vieux à son goût] LE GENDARME. (...) Vieil escu vault toujours son pois. LA FILLE. Il n'est feu que de jeune bois. LE GENDARME. Il n'est aboy que de viel chien, Si me prenez a vostre chois, Ma mignongne, vous ferés bien. (P. moyne, a.1500, 50).

 

Rem. Morawski 991 : L'abay du viel chien doibt on croire.

B. -

CHASSE

 

1.

Au propre

 

a)

"Situation de la bête qui, après avoir longtemps fui, s'arrête et fait tête aux chiens qui l'entourent et aboient furieusement" : Sy bien chevit Que ung grand cherf vid En ce hault bois. Donc le suyvist Et poursuivist En ses abois (Vie st Eust. 2 P., c.1400-1450, 194).

 

-

Aboi en eau (quand le cerf est dans l'eau)/aboi en terre : : ...[c'est] belle chose les abais, soient en yaue ou en terre (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 61).

 

-

À l'aboi. "Aux abois" : Ces Esclavons abat et tue, L'un detrenche, l'autre mort rue ; Et se deffent com le sanglier A l'abay, le bon chevalier. (COUDRETTE, Mélus. R., c.1401-1402, 186).

 

-

Estre aux abois : : ...quant le cerf sera desconfit et aus abaiz (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 55).

 

-

Mettre aux abois : : ...comme ung sanglier mis au abaiz de tous costez (C.N.N., c.1456-1467, 200).

 

-

[À propos de la bête]

 

.

Se mettre à l'aboi des chiens/se mettre aux abois : : Remondin, ou est monseigneur ? Comment, dist il, n'est il pas venuz ? Et cilz respondirent que non. Et Remondin respond : Je ne le vy depuis que le fort de la chace commenca et que le porc se mist a l'abbay des chiens. (ARRAS, c.1392-1393, 27). ...come le sangler quant il se met aux abais devant les chiens. (Hist. seign. Gavre S., c.1456, 156).

 

.

Rendre les abois : : Lors il sailly sur son cheval soubdainement et courant contre le sanglier le trouva la ou il rendoit les abays. (VASQUE DE LUCÈNE, Cyropédie G.-G., 1470, 199).

 

.

[Dans un cont. allég.] [L'aboi fait au péché que l'on veut chasser par la confession] : ...abaier, c'est confesser, qe doit venir d'un bone estroite conscience, et le soun del abay doit issir a la bouche, ou le confessour doit mettre son oraille pur savoir si ma consciencie ad tant chacee le pecché (HENRI LANC., Seyntz medicines A., 1354, 112).

 

b)

"Lieu où la bête est aux abois" : Mes se tous les chiens sont venus aux abois et il ont une pieche abaié, tu pues bien descendre de ton cheval loing du cerf (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 47). ...et quant vendra suz la fin et que elle atendra les chiens [la truie] et se lera abaier, prenés trois ou quatre bons levriers et les lessiés aler aus abois (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 87). Si c'est des abais aprouchié, Maiz des chiens est trop couroucié Qu'il les voit ainsi decoupper Et devant lui ainsi tuer (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 420).

 

2.

Au fig.

 

a)

"Situation sans issue (comme celle de la bête aux abois)"

 

-

Mettre aux abois : : Cocq bien chantant, se le Turcq t'escarmouche, Mets le aux abbais, comme ung chien qui s'esmouche (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 269).

 

-

Mener aux abois : : ...il y eut grand risée de ceulx qui la estoient, et le menerent terriblement aux abaiz. (C.N.N., c.1456-1467, 371).

 

-

Tenir en aboi : : Qu'as tu gaingné quant tu m'as tins Es abbaiz comme les mastins ? (ALECIS, ABC P.P., 1451, 38). ...encore ton survivant humble parent, que tu as tenu en abbay, en vexation et manesce frequente, t'a ploré failli (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 305). Jherusalan, pleure, pleure ton roy ! Tes anemis te tendront en aboy En te rasant jousques a la racine. (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 223).

 

.

Se tenir en aboi. "Être à toute extrémité" : Je n'ay serviteur ne convoy, Je languis en moult dur esmoy Et n'est homme qui me sequeure ; Je me tiens ycy en aboy, Ars et brulé si je ne boy Et n'actens l'eure que je meure. (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 123).

 

-

Estre en aboi : : Chanter peuent et non mye parler Et en maisons aulcuns sont en abboys (LA VIGNE, S.M., 1496, 332).

 

b)

"Menaces extrêmes (comme celles des chiens à l'aboi)" : ...se par sa prudente souffrance il n'eust enduré l'abbay et soustenu les crys de ses ennemis (Lyon cor. U., 1467, 29). C'est assés faict pour esvanouyr Qu'estre tousjours en ces aboys. (Colin loue dép. Dieu T., c.1485, 141). Trop je congnois Touz voz tournois Et vostre luytte ; Mais pour hault bois Ne telz habois Je ne m'effritte. (ALECIS, Blas. faulses am. P.P., a.1486, 205).

 

-

L'aboi de Fortune : : Je suis l'avieutie du ciel et des hommes, relenquie de toute parenté et propre sang, mise en l'abay de fortune et du monde par desvoyement de nature (CHASTELL., Temple Boc. B., 1463-1464, 91).

 

-

Les abois infernaux : : Que ne met on guerre et Mars, son luiton, Avec Pluton es infernaux abais ? (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 72).

 

Rem. Sans doute faut-il placer ici l'ex. de la Geste de Liège commenté par Scheler : : Singnour, a ycel temps dont je mention fay, Aloi par Alemangne et jusques en Assay Une grant conpangnie de gens de male abay. On les nommoit Normans (JEAN D'OUTREM., Geste Liège B.B., t.3, a.1400, 418).Les gens de male aboi seraient des gens menaçants ; pour Scheler, Gloss., 10 : «de mauvais cri, mal famé». À moins qu'il ne faille mettre en relation avec abeer (v. infra 3).

 

3.

[Peut-être par influence de abeer, abayer]

 

-

Se mettre en aboi. "Se mettre à l'affût" : Le vendredi, pour nous mettre en abboys, Pres le Chasteau Saint Jehan, lieu bel et bon, Nous nous parquasmes au beau milieu d'un bois. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 281).

 

Rem. Cf. G. Roques, R. Ling. rom. 47, 1983, 261.

 

-

Tenir qqn en aboi / aux abois. "Tenir à distance (?), en attente" : Aprez une, deux en avoir, Aprez deux, trois, au remenant chasser et faire le debvoir Comme franc chevalier errant. A la principale d'autant Mentir et tenir aux abays, Et partout brouer le terrant, Doibvent les amans blons ou bays (MARTIN LE FRANC, Champion dames III, D., 1440-1442, 52). [Caïphe reproche à Pilate d'hésiter à condamner Jésus] Tu vois les accusations Que nous, principaulx de la loy, Soustenons et certifions, Et encor nous tiens en abboy. (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 470). [Éd. 1507] Car le dit duc l'avoit fortifïé (...) Pour bien tenir les François aux aboys. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 247).

 

Rem. Cf. J. Orr, Rom. Philol. 19, 1965, 380.
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

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