I. -

Adj.

A. -

"Mis au monde avant terme, avorté" : ...la mort de l'enfant, ainsi est il abortif (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 222).

Rem. Cf. GDC VIII, 17a ; ex. de 1455.

B. -

Au fig.

1.

[D'une chose] "Qui n'a pas reçu son accomplissement, avorté, mal venu" : ...et, pour les cuider distraire de nostre obéissance, a fait dresser et tenir à Malines, hors nostre royaume, une assemblée et abortif conventicule de gens, qu'il faisait appeler Parlement et Cour souveraine (Ordonn. rois Fr. P., t.18, 1478, 399).

2.

[D'une pers.] "Chétif, misérable" : ...laquelle ordenance et preparacion presente de son trespassement en Dieu est escripte cy desoubz clerement par chapitres, afin que les beneureus peres Celestins [prient] pour l'acomplissement de la devocion de leur abortif pelerin au salut de son ame. (MÉZIÈRES, Test. G., 1392, 305-306). Ces vertus sont si grant qu'elles ne se peuent descrire, et par especial a moy, viel pecheur abortif et non digne tant seulement de appeler son nom par ma bouche soullie (MÉZIÈRES, Sustance H., 1396, 73-74).

Rem. Cf. N. Jorga, Ph. de Mézières (1327-1405), 1896, 13, note 5 : «Cet abortivus, qualification que se donne souvent notre auteur, ne représente pas autre chose qu'une comparaison de goût douteux, inspirée par son humilité chrétienne».

II. -

Subst. masc. "Avortement" : Et qu'il ne vendront, ne bailleront aucune medecine venimeuse perilleuse, ou qui puissent faire abortix (Ordonn. rois Fr. L.S., t.2, 1353, 533).

Rem. Doc. 1337 (abboutif) et FRERE NICOLE, Trad. du Livre des Prouffitz champ. de P. de Crescens, 1413 (éd. 1516, avortif), ds GD I, 29b.

-

[Dans un cont. métaph.] : Et ceste mere ci, la terre, toutes fois que elle tremble, elle monstre a ses filz aucune chose avenir que il doivent doubter, se par aventure elle laboure et travaille comme se elle enfantoit. Et lors, ou elle fait du tout abortif, ou elle enfante fruit de nul proffit (FOUL., Policrat. B., I, 1372, 131).