C.N.R.S.
 
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     ABOLIR     
FEW XXIV abolere
ABOLIR, verbe
[T-L : abolir ; GDC : abolir ; FEW XXIV, 37a : abolere ; TLF : I, 134b : abolir]

I. -

Empl. trans.

A. -

DR. RELIG. [(puis lang. cour.)]

 

1.

"Effacer (un péché, une faute, un châtiment, une peine...)" : ...pour ces causes (...) avons (...) quitté, pardonné et aboly (...) tous les cas, delitz et offenses... (Chron. Mt-St-Mich. L., t.2, Pièces div., 1449, 222). A vostre Filz dictes [vous, la Vierge] que je [la mère de Villon] suis scienne ; De luy soient mes pechiez aboluz. Pardonne moy comme a l'Egipcïenne, Ou comme il fist au clerc Theophiluz, Lequel par vous fut quicte et absoluz, Combien qu'il eust au deable fait promesse. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 79). ...penitence abolira quant vieil seras tous les meffais si faulte y a durant ton vivre par ung souspir de repentine doleance. (SAINT-GELAIS, Séj. honn. J., c.1490-1495, 161). ...et luy sembla que toutes haynes et offences estoient abolyes par la fuyte de son père. (COMM., III, 1495-1498, 86).

 

-

Abolir qqc. à qqn. "Faire grâce à qqn de qqc." : ...leur avons aboly, quicté et pardonné, quictons, abolissons et pardonnons de grace epecial par ces presentes tout le cas dessus dit. (Lettres rémission René II P.D.H., 1474, 82). De remettre, quitter, abolir et pardonner à tous ceulx qu'il verra estre à faire (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 231).

 

2.

"Abroger, annuler (une décision, et, p. méton., le document qui la consigne)" : ...et par la bouche du Chancellier cassa, revoca, adnulla, abolit et mist du tout au neant certeinnes lettres appellées edits (BAYE, II, 1411-1417, 140). ...et aboly la mauvaise coustume du treuage, dont depuis il receut moult de loenges. (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 142). Laquelle sentence le roy ne voulut estre abolie pour ce que justement elle avoit esté donnée contre ledit Cueur (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 157). ...l'archevesque de Bourges, filz de Jacques Cueur, et ses frères, cuiderent trouver moyen de faire abolir la sentence donnée contre ledit Jacques Cueur, par le roy Charles septiesme (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 157).

 

3.

"Effacer, remettre (ce que qqn était tenu de donner)" : Item, que les bestes et ce qu'ilz auroient prins en laditte terre, ce qui seroit en nature, seroit par eulx rendu, et ce qu'ilz avoient despendu leur seroit aboli (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 238).

B. -

P. ext. "Supprimer, détruire, mettre fin à"

 

1.

[Le compl. d'obj. désigne une chose abstr.]

 

a)

[Une chose positive] : Tu veulx mon pouoir [celui d'Amour] abolir (CHART., E. Dames, 1425, 364). ...et veullent tesdis [du roi] aliés soubmectre lesdictes noble devise et cry a celuy de ton pais, et abolir de tous points mes [de la France] honneur et droit (JUV. URS., Aud. celi, 1435, 193). [Le péché mortel] abolyst l'entendement et fait homme estre bestial. (Fleur command. Dieu, c.1450-1500, fº n.8). Mais puis que la doulente perte, Qui fait noz joyes aboulir, Ne sera si tost recouverte, Pensons du corps ensevelir ! Nous pouvons cognoistre et sentir Par les miracles qu'il a faictz, Qu'il regne, glorïeux martir, Ou ciel avecques les parfaictz. (FLAMANG, Vie Pass. st Didier S., 1482, v.6314). ...mes yeulx ont perdu toute leur lumyere, mon povoir a esté aboly (LA VIGNE, V.N., p.1495, 297). Tous les dieux purement regnie, Se jamais eschappe sans mort : Il a nostre loy abollie Par son art et enchanterie, Dont il a fait a noz dieux tort. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 272).

 

-

"Détruire le renom de" : Ciceron a ce propos (...) allegue Tarquin l'orguilleux qui fu dechas de Romme et le nom des Tarquins extaint et aboli pour le prouffit de la chose publique. (FILLASTRE, Traité Conseil H., c.1472-1473, 213).

 

.

Empl. pronom. à sens passif : Ce don ne se puet abolir. (CHART., B. Dame, 1424, 348).

 

b)

[Une chose nég.] : Et de fait, en abolissant la cremeur devant dicte, lesditz joueurs prindrent une telle hardiesse et audasse en eulx qu'onques lyon en sa taynyere ne meurtier en ung boys ne furent jamais plus fiers ne mieulx assurez qu'ilz estoient quant ilz jouoient. (Doc. 1496. In : LA VIGNE, S.M., 1496, 121).

 

2.

[Le compl. d'obj. désigne une chose plus concr.] : [En parlant d'une chaussée trop haut assise] Si fut tant avalleis que mult fut abolis (JEAN D'OUTREM., Geste Liège B.B., t.6, a.1400, 674). Vostre royaulme et voz povres subgetz en sont tous destruitz, les esglises arses et brulees, les revenues dyminuees, voire toutes a paine abolies et mises au neant. (JUV. URS., T. crest., c.1446, 166). [Buguffarus predist] que la niepce ou prouchaine parente du pappe enfanteroit quasi enfant monstrueux, ce qui advint, car elle enfanta ung enfant velu comme ung ours, ayant grans ongles, à cause de quoy le pappe fist disruer et abolir tous les ours qui furent trouvez en Romme en painture et en figuyure, tant aux enseignes des maisons que autre part. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 131 v°).

 

-

[Un objet présenté comme de nature matérielle, l'image de la dame] : Penser (...) m'a baillie Sa doulce ymage et entaillie En ma pensee travaillie Et que tollir Ne l'en puet nul, në abolir (CHART., L. Dames, 1416, 245).

 

-

Abolir une feste : En ce temps celebroient moult les nativités et continua ceste chose jusques au temps de Audoxia, fille du jeune Theodosien, laquelle fist abolir celle festes du congié du pappe Sixte et, ou lieu de ce, fut instituée la feste saint Perre aux Liens. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 23 r°).

 

3.

[Le compl. d'obj. désigne une pers.]

 

-

[De la mort] "Faire disparaître" : LE CURé. Quoy, dea ! de dire que la mort Vous a offencé et fait tort D'avoir vostre Dame aboulye, Vous abusez en cela fort ; Elle n'espargne foible ne fort, Ostez vous de ceste follye. (HAUTEV., Conf. Test. am. tresp. B., c.1441-1447, 48).

 

-

"Détruire par la critique" : Se ung peu la chere me pallist, Et mon visage n'embellist, En doy je estre en ce point lardee ? Autresfoys fut tant souef gardee : Et maintenant on m'abolist. (Parn. sat. S., a.1500, 78).

II. -

Part. passé en empl. adj. "Affaibli" : Et estoient adonc Anglois si abolis que ung Franchois en eust cachié trois. (COCHON, Chron. norm. B., c.1430, 300).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Robert Martin

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