"Usure" : Se de ton avoir mal user Vieus, tu vieus Dieu esluser. Esluser Dieu c'est grant folie. En rien ne l'eslusa Marie. Ce qu'eut converti ["elle le convertit"] en usage Bon et non en uselage, Si comme font li couvoiteus Qui font d'un denier trois ou deus. (Best. lap. Rosarius S., c.1330, 36). [Seul ex. ; A. Langfors, Neuphilol. Mitt. 41, 1940, 115]
 

"Usuraire"

REM. Doc. 1336 (Tournai, debtes usurables) ds GD VIII, 124c.
 

"Qui a rapport aux intérêts, à l'usure"

-

Cas usuraire. "Cas d'usure" : ...par information faicte à l'encontre de maistre Nycolas Raoulin, advocat assez juesne ceans, à la requeste de Lorens des Bordes, icelluy Nycolas a esté trouvé coulpable de pluseurs cas usuraires (BAYE, II, 1411-1417, 64).

-

Contrat usuraire. "Contrat qui s'accompagne d'usure" : ...pour respondre des fruiz et levées que euls en ont fait, contraignez chascun en droit soi, par prise de corps et de biens, sanz faveur, et aussi ceuls que vous trouverez usant ou avoir usé de contraiz usuraires, trespassement de monnoies, comme groux marchanz, orfevres, changeurs et autres faisanz grans gains, les notoires, tabellions, auditeurs et jurez du seel des diz lieux et ressort (Doc. Poitou G., t.2, 1340, 169). ...pour cause de ce et des proffiz et usures, par pluseurs et divers comptes et contraux usuraires et fraudeleus, il convint que il se obligast et se obliga au dit Baudin Vinteguerre, demourant à Lodun, en cincq cens livres bonne fort monnoie, c'est assavoir petiz tournois, ou en florins d'or à l'escu, chascun compté pour seize soulz et huit deniers en l'eslection du dit Baudin (Doc. Poitou G., t.2, 1347, 365). Je y vy peleterie et draps, Joyaulx, vaisselle, mercerie, Avoir de poiz, espicerie, Et tout autre chose ensement Affaitié moult faulsement, Contras usuraires, chevances, En moult d'estranges ordonnances Dampnables et contre raison (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 71). ...certeins reformateurs generaulz donnez par le Roy à cognoistre par especial de mauvaiz contraux, illicites ou usuraires, faiz par ce royaume (BAYE, I, 1400-1410, 75). Dit que son contract n'est point usuraire, sinon passive sur lui, car, comme dit est, le Roy n'a pas tenu ses promesses de faire pareilles creues, si dit qu'il est grevé. (FAUQ., II, 1421-1430, 65). ...plusieurs contractz usuraires, frauduleulx et deceptifz (Doc. Poitou G., t.10, 1463, 436).
 

A. -

"En stipulant des intérêts" : ...ont contracté usurairement avec gens de tous estats (Ordonn. rois Fr. B., t.14, 1448, 20). [GDC X, 824c]

B. -

"Par usure, de manière usuraire" : ...notre ville et chastellenie de Courtray sont diffamez de prestier publiquement denier pour autre usurairement et de faire pluseurs marchiez et contraus illicites contre la deffense sur ce faicte et dont noz subges sont grandement deceus et les pluseurs mis a povreté (Rég. jur. Belg. B., 1397,,, 390).
 

[D'un contrat] "Usuraire, dans lequel l'une des parties gagne plus du double de l'autre" (synon. usurier2) : ...demandeur en matiere de recision de contract usuratif [var. usurative] (MART. D'AUV., Arrêts Am. R., c.1460-1466, 42).
 

"Qui relève de l'usure" : ...pour le pechié du fait usuratoire il doit estre pugny par l'Eglise selon droyt escript (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.4, 1426, 107).
 

A. -

[Domaine des transactions financières]

1.

"Intérêt que produit l'argent prêté, intérêt qui est dû" : Ces chatel à nul usurier n'est forfaiz, fors de ceulx qui en ont usuré vulgaument de ces manieres de usures en l'an qu'il estoit mort ; que nul ne doit estre tenu à usurier que un an et un jour a cesser continuelment de ces manieres d'usures. (Cout. bourg. glosé P.M., c.1380-1400, 89). Lasse ! je faisoie que nice, Pour tant que de voir bien savoie Qu'a boire et a menger avoie De l'avoir qui venoit d'usure. (Jour Jug. R., c.1380-1400, 249). Usure est ce que est prins ou exigé par aucun crediteur pour l'usaige de la pectune qu'il a prestée. (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.2, 1437, 216). LA FEMME. Se ne luy voulez renvoyer [au juif], Despeschons de le mettre en euvre [l'argent prêté] Affin que le usure on recueuvre Pour le payer comme sçavez. (...) C'est raison s'i prouffite bien. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 97). Vivres estoyent a tous venans baillez Sans point estre ne comptez ne taillez, Et sans viser a proffit ne usure, On en bailloit sans compte et sans mesure. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 191).

-

Prester à usure : Ce n'est pas presté a usure, Mais est amour passant mesure Et oultrebonne. (Mir. Berthe, c.1373, 172). Car la sainte escripture dit : "Donne l'aumosne au pauvre et tu prestes a Dieu a usure." (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 84). ...au temps qu'il demeuroit en ycelle ville, il presta à usure tant petit d'argent qu'il povoit avoir pour lors, afin d'avoir à recouvrer sa vie pour la sustence de lui et de sadite femme. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 484).

2.

P. méton. au plur. "Lieu où l'on prête de l'argent sur gages" : ...pour ossi le fret de warder en prison à le perche par 3 jours et 3 nuis le dit Jaquemon Quadebouche, pour cause de che que il estoit coustumiers de mettre en wagez as uzures l'ouvrage que il avoit des boines gens (Hist. industr. drapière Flandre E.P., t.3, 1364-1365, 33). ...certaine somme d'argent, laquelle il emprunta aux usures (LA SALE, Sale D., 1451, 179).

3.

P. métaph. "Ce qui est dû" : Mais se vous me creez, tout avant que vous les rendez, quant la vendra, vous les ferez tres bien batre de verges ci endroit en comice pour rendre l'usure de la painne ! (BERS., I, 9, c.1354-1359, 9.2, 15).

B. -

[Avec une valeur nettement nég.]

1.

"Fait de prêter à un taux excessif, prêt à un taux excessif, usure" : ...[Dieu] les conforte et les gouverne En terre, en mer et en taverne, Qui est la chapelle au dyable ; (Et vraiement ce n'est pas fable, Car on y aprent à jurer, À mentir et à parjurer, Ordure, luxure et usure, Et toute mauvaise apresure, De jour, de nuit et à toute heure ; Voire eu païs où je demeure ;) Volt punir ceste trayson Et les siens metre à garison. (MACH., P. Alex., p.1369, 186). Au tiers, je di que bien peut estre que celuy qui a emprunté, se par sa negligence ou par malice ne rendoit en temps deu et l'autre y eust dommage, il seroit tenu a l'autre. Mes ce n'est pas usure. (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 68). Avarice a sept branches : la premiere si est larrecin, la seconde rapine, la .IIIe. fraude, la .IIIIe. decepcion, la .Ve. usure, la .VIe. hazart et la .VIIe. symonnie (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 33). Maiz quant oultrage se joint et se marie a estat, tres mauvaise lignee s'ensuit ; (...) c'est tres mauvaise beste, gouffre de mer, loup ravissable en tous estas ; (...) en estat de bourgoisie : ferme, rapine, fraude, parjuremens, usure, baraterie et mainte deception (GERS., Annonc., a.1400, 237). ...quant vous avez à faire de promptes finances pour cause de vostre guerre ou pour vos autres grans besongnes, il fault aler à certaines personnes marchans d'argent, qui par usures et rapines illicites trouvent finances de monnoye, moiennant ce qu'ilz ont engaige de vostre vaisselle et de voz joyaulx d'or et d'argent (Doc. 1412. In : MONSTRELET, Chron. D.-A., t.2 c.1425-1440, 316). C'est a dire, mon ami, que avarice est cause de larrecin, de rappine, de usure, de fraude, de barat, de simonie, de parjuremens, de batailles, et en conclusion, de tous les mauls. (LA SALE, J.S., 1456, 23). Le feu d'avarice nul n'arde ! Gardés vous de comectre usure ; Evités pechés et ordure. (Pass. Auv., 1477, 125). ...ung religieux hostelier, nommé frere Raymon Gautier, pour usures manifestes deffendues de droict, exactions indeues et illicites, voyes de faict et crimes par luy commis, fut par ledit grant maistre condempné en mil livres tournois d'amende envers le roy, et toutes ses debtes despendans d'usure declairés confisquées au roy, et fut dict par la sentence que tous les heritaigez par luy acquis par tel tiltre seroient rendus à ceulx à qui ilz appartenoient de droit, et seroit contrainct faire absouldre à ses despens tous ses debteurs, se à l'occasion de ce ilz estoient ou les faisoit excommunier. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 250).

2.

P. ext.

a)

"Transaction prohibitive"

-

Prendre à usure. "Accepter qqc. à un prix abusif" : Tiercement, quant la volenté n'est pas simple ou pure, mais mixte ; si comme celui qui prent a usure qui veult soy obligier a poier plus que il ne doit pour ce que veult plus ce faire que estre senz peccune et ne peut autrement. (ORESME, E.A.C., c.1370, 312).

b)

"Abus"

-

À usure. "Par abus, abusivement" : ...[le temps] quant il est perdu, l'en ne le puet recouvrer - et que l'en requerra a usure et demandera l'en par paine dure et cruele, qui [si on] le dit temps dispense folement (FOUL., Policrat. B., I, 1372, 99). Segnieurs que paucer ycy, L'ont dit pour la cicter Que a grant tort et a grant usure Avés en la croy Jhesus pandus (Pass. Autun Roman F., c.1400-1500, 204).

Rem. TL cite deux ex. de ce mot en a. fr. au sens fig. de "vengeance".
 

I. -

Empl. intrans. "Prêter à usure, pratiquer l'usure" : AVARICE. ...En Rome et en Lombardie, Ay uzureit tout[e] ma vie (Et) à Paris et dechà la Some Ai(e) ie apou(e)rit maint proid'home. Forment se painnent d'ensachier Plusseur qui lysent mon psaltier, Riche borgois et gens vilains, Qui tout prestent à une mains ; Nulle chose donneir ne veulhent, Car oncque faire ne le seulent (Sept péchés C., c.1300-1350 [p.1478], 212). Fenero (...) : usurer, prester a usure (Aalma R., c.1380, 138). Usuro (...) : usurer, donner à usure (Aalma R., c.1380, 451). Ces chatel à nul usurier n'est forfaiz, fors de ceulx qui en ont usuré vulgaument de ces manieres de usures en l'an qu'il estoit mort (Cout. bourg. glosé P.M., c.1380-1400, 89). Usurer : usuro (Gloss. gallico-lat. M.M., c.1425-1450, 269). Feneror (...) : usurer, prester a usure (LE TALLEUR, Vocab. E.M., c.1490, 120).

Rem. Ex. d'a.fr. et Ordonn. rois Fr. L.S., t.2, 1330, 60, ds GD VIII, 124c.

II. -

Empl. trans. Usurer qqn. "Réduire qqn aux prêts à usure" : ...pour ceste cause honnissent elles leurs maris, car pour les grans beubans qu'elles veullent mener, elles les font apovrir et usurer, et leurs hoirs qui aprés viennent sont chetifz et meschantz. (MIÉLOT, Mir. N.D. A., 1456, f° 93 r°).

Rem. Cf. GD VIII, 125a.
 

A. -

"Celui qui prête de l'argent moyennant des intérêts" : ...que nul ne doit estre tenu à usurier que un an et un jour a cesser continuelment de ces manieres d'usures. (Cout. bourg. glosé P.M., c.1380-1400, 89). ...de enquerir sur le fait des usuriers et usurieres de nostre dite terre et des appartenances (Cout. bourg. glosé P.M., c.1380-1400, 95). Simon, on dit Q'un usurier deux debteurs avoit. L'un cinq cens deniers luy devoit, L'aultre cinquante a payer [Réf. à une parabole du Christ (Luc 7, 41)] (Pass. Auv., 1477, 153).

-

En appos. : ...li fils Jehan de Biaumont, le drappier, emprunta naweres a Maigne de Bourgon, femme Jehan Le Roy, fourbisseur-usurier, aucune somme d'argent sur fillé de laine, lequelle cose nulz usuriers ne puet faire par le loy de le ville. Et depuis, quant on volt les wages racater, li dicte femme et ses maris les fourcelerent et disent que onques n'avoient euv ne veuv le fillet. (Drap. Valenc. E., 1368, 35).

B. -

[Avec une valeur nettement nég.] "Celui qui prête à un taux excessif" : Et semblablement, usuriers et tous telz qui veulent par tout gaaingier [l. gaaingnier] et ou grant et ou petit. (ORESME, E.A., c.1370, 240). Derechief, c'est chose repugnante au cours dez choses natureles, qui est conmun a toutes choses, car l'usurier veult vendre le temps, qui est conmun a toute creature ; car, quant il preste cent frans juques a certain temps et pour le terme donner et ottroïer, il en veult avoir aultre cent de sourcroys (Songe verg. S., t.1, 1378, 356). ...en icelui an, coururent les amendes du royaume et en Normandie des polliciez sur usuriés, acheteeurs de rentes à vie (COCHON, Chron. norm. B., c.1430, 206). Si je pouoie vendre de ma santé A ung Lombart, usurier par nature, Faulte d'argent m'a si fort enchanté Que j'en prendroie, ce croy bien, l'avanture. (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 50). Changeurs ne seront plus usuriers (Rapp., c.1480, 65). Les usuriés nous ont fait grant grevance (Sots, c.1480-1500, 276). CLAUDE. Le marchant est bien desvoyé Qui adjourner ainsi me fait. D'aultres que moy l'ont essayé : A, c'est ung usurier parfaict ! Je ne luy doybs rien en effect Ne jamais n'eux a luy affaire. (LA VIGNE, S.M., 1496, 517).
 

I. -

[D'une pers.] "Qui pratique l'usure" : J'ay propose la matiere a ceulx qui feront le latin, c'est assavoir qui par ton commandement, Beau Filz, les mectront par beaux chappitres en escript en bonne forme auctentique, laquelle sera registree en la chambre des comptes, a la louenge de Dieu, confusion des Juifz et crestiens usuriers, a memoire perdurable et bon exemple de toutes autres nacions de la Crestiente catholique. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 291). LA FEMME. Moyen est, sans plus estriver, Qu'aler vers ces juifz usuriers, Car ilz prestent tres voulentiers. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 84).

II. -

[D'un contrat] "Usuraire" (synon. usuratif) : Et depuis par sa sentence il [le juge] dist et declaira que le dit contract n'estoit point usuriere [var. usurier] et absolut la dicte dame de ses peticions et demandes et le conpdempna es despens (MART. D'AUV., Arrêts Am. R., c.1460-1466, 45).

V. aussi usuriere2
 

A. -

"Celle qui prête de l'argent moyennant des intérêts" : ...de enquerir sur le fait des usuriers et usurieres de nostre dite terre et des appartenances (Cout. bourg. glosé P.M., c.1380-1400, 95).

B. -

[Avec une valeur nettement nég.] "Celle qui prête à un taux excessif"

-

[Dans un cont. métaph.] : Pourquoy ? Quer elle [l'âme] est excommenie[e] comme faussaire ou usuriere ou sourciere, comme bouteresse de feu es moustiers, comme sacrilege de l'onneur et de la couronne de ce seigneur, c'est de sa gloire. (GERS., Annonc., a.1400, 234). Paix est de tous biens tresoriere, Paix est de joye la portiere, Paix est de doulceur grenetiere, Paix est de gracë aulmosniere Non usuriere, Paix est de plaisir chanceliere, Paix est de justice lumiere, Paix est d'amour la celeriere, Paix est pure, nectë et clere Comme verriere. (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 70).
 

[D'un contrat] "Usuraire, dans lequel l'une des parties gagne plus du double de l'autre" (synon. usuratif) : Or est certain que, en un contrait usuriere, celluy qui preste quiert que un denier engendre un aultre, qui est contre nature. (Songe verg. S., t.1, 1378, 355). Et depuis par sa sentence il [le juge] dist et declaira que le dit contract n'estoit point usuriere [var. usurier] et absolut la dicte dame de ses peticions et demandes et le conpdempna es despens (MART. D'AUV., Arrêts Am. R., c.1460-1466, 45).

REM. La forme masculine usuriere doit s'expliquer par l'influence de usuraire.

V. aussi usurier2
 

"Usuraire" : ...ce Vil mauldit gaing usurieux (RIVIÈRE, Nef folz D., 1497, 508).