A. -

"Friandise (surtout servie comme dessert)"

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[Gén. collectif] "Friandises" : Guillaume Testart, pour LXVIII livres, un quarteron, de pluseurs espices confictes, prinses et achetées de lui à divers pris pour la Royne (...). C'est assavoir anis et noix confites, sucre rosat, manuchristi, madrien, paste de Roy, pingnolat, dragée perlée, coriande et canelle perlée (Comptes hôtel rois Fr. D.-A., 1401, 158). Adonc les quatre maistres d'ostelz du roy firent aporter le vin et les espices, les dragouers du roy et de la royne, qui estoient plains de dragee, lesquelx estoient beaulx et riches, car ilz estoient tous d'or et tous chargiez de pierres precieuses. (Cleriadus Z., c.1440-1444, 477). Cza, mecté boyre, mes enfans, Et pourté a la seigniorie. Prens ceste boyte de draygie, Mon escuier, et vous la couppe. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 11). A Genève aussi vous yrés, Et de trestout nous furnyrés, De fins draps, aussy de damas, De velous et de fins cendalz De carmesim, forreure fines (...) et d'especerie, Gingibre, seucres et dragie, De toute chouses neccessayre Qu'il apartient a tel afayre. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 64).

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P. métaph. : Quand de Dieu ung mot ilz ont dit, Il en dient quattre du deable. C'est une malvaise dragee (Bien avisé Mal avisé B., c.1487-1490 [1396], 195).

B. -

Au fig. "Ensemble, quantité (?)" : Nous mènerons grande dragée De payens en notre repaire, Duquel le puissant roy de gloire Ne les pourra point remuer. (Myst. ste Barbe P., 1493, 64).
 

"Présentoir de forme évasée, souvent en orfèvrerie, destiné à contenir les dragées (ou des épices)" : ...pour faire et forger tout de nuef la vis d'un grant dragouer qui fu apporté d'Avignon, baillé et rendu à Thoumassin, sommelier des espices, le Xe jour de février, pour croissance d'argent, 1 marc 4 esterllins ; et pour dorer, un esterllin d'or fin ; pour déchè et façon : 32s. p. (Comptes argent. rois Fr. D.-A., I, 1352, 124). ...pour un dragoir d'argent pesant 6 mars 1 once, 43 escus ; pour un encensier pesant 2 mars une once 10 est., 22 escus ; et pour 2 burètes toutes dorées, pesans 2 mars, 18 escuz. (Comptes argent. rois Fr. D.-A., I, 1352, 301). Ung dragouer d'or, couvert, garny de balaiz, de saphirs et de perles (Invent. mobilier Ch. V, L., 1379-1391, 64). ...ung autre hanap plat, en manière de drajouer, sans pié, haché et doré par dedens (Invent. mobilier Ch. V, L., 1379-1391, 177). ...[il] trouva d'aventure un coffre estant en la chambre d'iceulx Hennequin ouvert, ouquel coffre, combien qu'il y eust plusieurs fermeilles d'or, d'argent, hennaps, gobelez, dragoirs et autre vaisselle d'argent (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 195). ...un drageoir pesant XXIJ mars d'argent (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 211). ...une grande corbille (...) toutes plainnes de vaselle d'argent, de pos, de plas, de dragioirs, de coupes, de hanas, d'esquelles, de temproirs et de toute vasselle. (FROISS., Chron. D., p.1400, 98). Adonc les quatre maistres d'ostelz du roy firent aporter le vin et les espices, les dragouers du roy et de la royne, qui estoient plains de dragee, lesquelx estoient beaulx et riches, car ilz estoient tous d'or et tous chargiez de pierres precieuses. (Cleriadus Z., c.1440-1444, 477). Et si y avoit plusieurs autres beaux dragouers tous pleins d'espices de chambre et belles confitures ; grant quantité aussi y avoit de fruiz nouveaulx de moult de sortes, violetes fort odorans gettées et semées tout parmy le basteau, et vin à tous venans y fut baillé et distribué tant qu'on en vouloit avoir et prendre. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 178). Ung grant drageoir d'or, où il a au dessus une damme tenant en une main ung darc, où il a aux empeignons ung balais, et au fer une pointe de dyamant, et en l'autre main ung houppeau à une fleur de dyamand (Comptes Lille L., t.2, a.1467, 31). Le duc a deux espiciers et deux aydes (...). L'espicier apporte le drageoir du prince jusques devant sa personne, à quelque grant feste ou estat que ce soit (...). Ledit espicier delivre toutes drageries et confitures ; il faict et delivre l'ypocras ; et a priz ordinaire en la livre d'espice de chambre et en la quarte d'ypocras (LA MARCHE, Mém., IV, Pièces annexées, 1474,,, 19). ...ung drageouer d'argent mydoré et goderonné (Invent. biens Ch. Savoie T., 1484, 436).

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Drageoir de parement : ...deux estuis de cuir pour II ses dragouers de parement (Comptes Lille L., t.1, 1432-1433, 333).
 

"Sucrerie, épice" : Ledit espicier delivre toutes drageries et confitures ; il faict et delivre l'ypocras ; et a priz ordinaire en la livre d'espice de chambre et en la quarte d'ypocras (LA MARCHE, Mém., IV, Pièces annexées, 1474,,, 19).
 

A. -

(Synon. de drageoir) : ...à Jehan de Maucrois, orfevre, demourant à Paris, pour un drageur d'or des armes du roy... (Invent. mobiliers ducs de Bourg. P., t.1, 1367, 106). À Thomassin Leverrier, orfevre, la somme de 18 livres 8 solz tournois à lui bailliez du commandement et ordonnance de feu mondit seigneur ce qui deu lui estoit pour avoir reffait et mis à point ung des dresgeurs de mondit seigneur doré à mectre espices de chambre, plusieurs poz d'argent, et une saliere d'argent dorez (Comptes Etat bourg. M.F., t.2, 1419, 445). ...ung drageeur d'argent veré et esmaillé pesant cinq mars (Rouen temps Jeanne d'Arc L., 1419-1449, 223). ...pluseurs varletz furent la qui pourtoient grans drageurs, tant que l'on donna, que tost que tart, a tous les presens de la dragee, au mains des espices de la court. (MICHAULT, Doctr. temps prés., 1466. In : Chrestom. R., 199).

Rem. Doc. 1359 (pour faire rappareiller le drageur du roy), 1396 (Dijon, dregeur) ds GD II, 766c.

B. -

[Collectif] "Friandises ou épices"

Rem. Doc. 1412 (dragieur) ds GD II, 766c.
 

"Friandise" : Et depuiz que le medicin ot transglouti aulcunes drames d'espices [var. aucunes drageures] de la contesse de Civilar, que l'en dit chambre courtoise, il finablemant sailli hors de la fosse (PREMIERFAIT, Décaméron D., 1414, 978).
 

"Sucreries, friandises" : Tiercement et derrenier entra ung dromedaire chargié de deux panniers plains de volille menue, et ung homme dessus, lequel prendoit d'un pannier et d'aultre dragie qu'il jectoit, et aussi lesdictes volilles jectoit voller parmi ladicte salle, qui fut bien plaisant. (LA MARCHE, Mém., IV, Pièces annexées, p.1468, 110).
 

"Pièce d'orfèvrerie dans laquelle, à la fin d'un repas, on sert des sucreries, des friandises, drageoir" : ...à celle fin Que la pais fust bien affermée De cuer, de fait et de pensée. Adont Florimons se dressa Et aus espices s'adressa. Le dragier prist et la touaille, Au bon roy vint et se li baille ; Et à un genouil le servi Et encor li cria mercy. Et li bons roys qui bien perçut Son cuer en grace le reçut. (MACH., P. Alex., p.1369, 245). Et Plaisance a tout son dragier Les sert si bien de ses espices... (DESCH., Oeuvres R., t.7, c.1370-1407, 315).

Rem. Doc.1328 et 1389 ds GD II, 766c.
 

Empl. trans. "Mêler (?)" : C'est maladie à bouche fade [l'amour], Qui point ne cuide estre malade. C'est une atrempance enragée, Qui a dueil et joye endragée. C'est feu gelé, foible vigour, Courtoys danger, doulce rigour. (Ovide mor. B., 1466-1467, 142).

REM. Cf. A. Henry, Romania 77, 1956, 342, qui propose «endrag(i)er (?), "mêler (?)"». GD III, 134b, s.v. endragé a un unique ex. de CHART., L. Dames, 1416 (éd. 1617) avec un contexte identique : Qui a dueil et joye endragee traduit par "excessif". Mais l'éd. Laidlaw de CHART., L. Dames, 1416, p.270 lit Qui a dueil et joie en dragiee. Cf. aussi FEW XXIII, 259b : o.i.