C.N.R.S.
 
Famille de qui 
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 Article 1/4 
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     QUA1          QUA2     
FEW II-2 qui
QUA, adv.
[GD : cas2 ; FEW II-2, 1465a : qui]

Loc.

 

-

Sans si ne qua. "Sans objection, sans réplique, absolument" (GD) : Tu ne pourras jamais faillir, Sur luy te convient tressaillir Et le tuer sans cy ne qua (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 107).

 

Rem. Éd. : «sans dire comment». Déf. proposée par G. Roques, R. Ling. rom. 51, 1987, 645 : «sans (se) poser de questions ; sans répliquer». L'adv. lat. qua signifie "par quel moyen ?" "comment ?" ; le sens littéral de la loc. est prob. "sans (se demander) si (il faut le faire) ni comment (il faut le faire)".

 

-

N'avoir ni qua ni si (de). "Ne pas avoir la plus petite quantité (de), n'avoir absolument rien (de)" : De vice n'a ne qua ne si, Car c'est ung preudomme parfait, Dieu bien servant (LA VIGNE, S.M., 1496, 361).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 2/4 
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     QUI1          QUI2     
FEW II-2 1464a qui
QUI, rel. interr.
[T-L : cui/qui ; GD : qui ; AND : qui1 ; FEW II-2, 1464a : qui ; TLF : XV, 159b : qui]

I. -

[Marque principalement la catégorie de l'animé et secondairement la fonction]

A. -

[En fonction de sujet de l'animé (lat. qui ou quis ; a.fr. qui)]

 

1.

[Comme interrogatif (dans l'interr. dir. ou indir.)] "Qui" : Qui vous a dit, je vous en proy, Telle nouvelle ? (Mir. abbeesse, 1340, 91). Qui ceens onques mais ce vit ? (Mir. Theod., 1357, 107). Lors le proudomme, qui est vaincu, demande qui les menera et quelles femmes yront en leur compaignie. (Quinze joies mar. R., c.1390-1410, 14). Et qui t'avoit le fillet mys ? (Roy sotz, c.1450-1500, 223). Qui, dyable, les vous prestera ? (Path. D., c.1456-1469, 54). Et qui esse qui nous demande ? (Sots triumph., c.1475, 34).

 

-

[En fonction d'attribut] : ...je ne sçay qui elle est ne dont elle est nee ne de quel gent. (Bérinus, II, c.1350-1370, 97). Dame, pour la vertu divine, Qui estes vous ? (Mir. Theod., 1357, 112). Vous ne tenez compte de moy, Beau Sire, mais qui estez vous ? (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 402). Mais qui cuidés vous que je soye ? (Path. D., c.1456-1469, 184).

 

2.

[Comme relatif sans antécédent] "Qui, celui qui" : Royne, en faiz et en diz Se doit en joie esmouvoir Qui vous peut oir et voir. (Mir. enf. diable, c.1339, 19). ...trop mefferoit Qui au donner s'assentiroit (MACH., D. verg., a.1340, 42). Honniz soit il qui vous croira De cest affaire. (Mir. abbeesse, 1340, 78). Car doit bien perdre le don qui se deffie du donneur, et follement demande qui pense estre escondist. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 164).

 

-

[Avec une valeur hypothétique] "Si on" : Et on le voit assez de fait, Ne riens tant cuer felon ne fait Com grant pooir qui mal en use. (MACH., J. R. Nav., 1349, 140). Si faut qui veut estre vaillans clamez Qu'il ait desir d'amer ou d'estre amez. (MACH., App., 1377, 639). Filles, qui me demandera, Dictes que ne suis pas ceans, Car je m'en vois pour passer temps Reposer en mon oratoire. (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 88). ...car soy ruant sur un lit à l'envers, qui ne lui eust coupé la lachière de son pourpoint à toute haste, il fust esté estaint et estouffé en peine et en martyre (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 240).

 

-

[Avec une valeur concessive] : Et quant je puis apercevoir Qu'il est dignes de recevoir La joie qui est nompareille, Sachiez que, qui vueille ou ne vueille, Moult trés liement li ottroy De la joie don et ottroy. (MACH., D. verg., a.1340, 48).

B. -

[En fonction de régime dir. de l'animé (lat. cui ; a.fr. cui)]

 

1.

[Comme interrogatif (dans l'interr. dir. ou indir.)] "Qui" : ...et pour ce, cestui scet bien qui il fiert par accident (ORESME, E.A.C., c.1370, 306). ...pour sçavoir Qui elle pourra decepvoir (DESCH., M.M., c.1385-1403, 188). Puis que mes jours despens A vous vouloir amer, Et aprés m'en repens, Qui en doit on blasmer ? (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 330). ...Dont le chapitre est en debat Qui on eslit. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 112).

 

2.

[Comme relatif sans antécédent] "Celui que" : Nos remanrons cui avés engenrés (Garin Lorr. M., c.1330-1400, 488). Et cui elle [Fortune] aide, il est aidiés, Cui elle laist, il est laissiez (MACH., R. Fort., c.1341, 97).

 

3.

[Comme relatif avec un antécédent de l'animé] "Que" : Et Dieu, qui hault siet et loing voit, Si lui plaist, le garantira Et la vierge ou il s'aombra, Cui serf et serviray tout temps, Tant qu'au siecle seray vivans, De loyal cuer sanz repentir. (Mir. enf. diable, c.1339, 29). ...De quoy bonne Amour ceaus demainne Qui elle tient en son demainne. (MACH., D. Aler., a.1349, 248). ...une dame, Cui Amours gart de tout diffame... (MACH., D. Aler., a.1349, 321). [aussi p.323, 329] Car il n'est personne nesune Cui Fortune peüst abatre, Se la dame le vuet debatre. (MACH., J. R. Nav., 1349, 270). [aussi p.279] Et garist les lunatiquez et ceaulz cui ly dyables traveille. (MANDEVILLE, Lap. M., c.1350-1390, 176). ...mon mestre et mon droit signour, Amours, cui siers, ains et aour (FROISS., Par. am., c.1361-1362, 50). Que sens et bon entendement Donne a homme le sentement De soy plenierement congnoistre, De ce dit le tres sage maistre Seneque en un livre, ou raconte D'un philosophe dont il conte, Qui Sixius on appelloit (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 227). ...nonobstant les dites lettres d'ottroy par feu nostre dit tres chiers seigneur et pere, cui Dieu absoille, à eulz, comme dit est, sur ce ottroyées, usaige ou coustume de nostre dite ville à ce contraires (Hist. dr. munic. E., t.1, 1414,,, 415). ...la mort dudit feu mondit seigneur le duc Jehan, cui Dieu absoille... (LA MARCHE, Mém., I, c.1470, 231).

C. -

[En fonction de régime prép. (lat. cui ; a.fr. cui)]

 

1.

[Comme interrogatif (dans l'interr. dir. ou indir.)] "Qui" : Et encor moult bien vous gardez A cui vos resgars lanceriés (MACH., D. Aler., a.1349, 374). Et si devez aussi savoir Et enquerir, par grant savoir, Quant vous saverez le forfait Et a cui cils l'avera fait, Que vous sachiez dou tout l'affaire, Quel cause l'esmuet ad ce faire. (MACH., J. R. Nav., 1349, 256). Moi adrecier ne scai a cui (GUILL. DIGULL., Pèler. âme S., c.1355-1358, 32). ...et savez vous Point de qui c'est ? (Mir. Theod., 1357, 105). ...si doit on bien regarder devant qui on parle. (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 64). Cueur, a qui prendrez vous conseil ? (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 308). Et quant ilz furent entrez ens, et il les vist porter ces choses, leur demanda pour cui c'estoit (LA SALE, J.S., 1456, 53). Et a qui l'avez vous baillé ? (Path. D., c.1456-1469, 104). Et a qui vends tu tes coquilles ? (Path. D., c.1456-1469, 192).

 

2.

[Comme relatif sans antécédent] "Qui, celui qui" : ...ains administra l'empire par conseilz privez et fit guerrez, pays, aliances et compegnies par soy quant et avecquez cui li pleut, sanz commandement du peuple, du senat. (BERS., I, 1, c.1354-1359, 49.7, 83). Bonne gent, or ne vous mouvez, Mais attendez moy ci trestouz : Je revenray en l'eure a vous. Tenez, ne soiez engaignié De prier pour qui l'a gaignié [la relative sans antécédent est ici régime prép., mais qui y est sujet] Et par qui en voz mains est mis, Et pour l'eglise et ses amis, Et que Dieu la gart et soustiengne Et en vraie foy la maintiengne Jusqu'a la fin. (Mir. st Lor., 1380, 164).

 

3.

[Comme relatif avec un antécédent de l'animé ou de l'inanimé]

 

a)

[L'antécédent désigne une pers.] "Qui" : ...onques dyaubles hurez, Quant espart et puis tone, homme ne creventa Si fort com façoit ces amprés cui il henta. (Gir. Ross. H., c.1334, 133). ...Et son doulx filz, en qui je croy. (Mir. enf. diable, c.1339, 14). Et qu'il endure en pacience Tout ce qui iert a la plaisance De sa dame pour qui il vuet Auques valoir, se valoir puet. (MACH., D. verg., a.1340, 39). Mais quant il a le don requis A celle a qui il est acquis... (MACH., D. verg., a.1340, 40). Car Souvenirs l'en met en voie Par Dous Penser, qui le ravoie De penser a la ramembrance De la gracieuse samblance De celle a cui il est donnez Ligement et abandonnez. (MACH., D. Lyon, 1342, 38). C'est li rois par cui uns diffames Ne seroit jamais soustenus (MACH., J. R. Nav., 1349, 175). C'est uns homs a cui il ne chaut A tort ou a droit soustenir (MACH., J. R. Nav., 1349, 188). Mais une dame qui verra Que ses trés dous amis morra En cui en nul jour de sa vie N'ara trouvé que courtoisie, Estre porra si fort ferue, Si griefment, et si abatue, Que jamais n'en porra garir, Einsois la couvendra morir. (MACH., J. R. Nav., 1349, 200). ...il n'estoit uns seulz homs a cui la chose rommainne fust plus establement appuiee (BERS., I, 9, c.1354-1359, 16.19, 30). Deshonnestes paroles sont qui pas ne sont convenables a la dignité de chelui qui parle ou de chelui de qui on parle. (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 250). Mais premiers parla de Venus A cui il estoit tant tenus Que toute sa vie honnourer, Servir, amer et aourer La voloit come sa deesse (MACH., F. am., c.1361, 233). Ma dame, a cui me rens soubjés... (FROISS., Par. am., c.1361-1362, 59). Car la belle, à cui sui toudis Abandonnés, M'a dit de bouche, vis à vis : ... (MACH., L. dames, 1377, 45). ...et vous, benoiz sains de qui on fait memoire, aidiez moy (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 13). Car je respons pour lui que a l'entrer des armes il ne vouldroit le mal ne deshonneur de cellui a cui il les feroit, autant que le sien. (LA SALE, J.S., 1456, 32). ...et n'y eust cellui de ceulz qui firent les presens a cui il ne donnast cent escus pour l'onneur et amour de la royne et desdiz seigneurs. (LA SALE, J.S., 1456, 99).

 

-

[L'antécédent désigne un animal] "Lequel" : Dont quant il est si haut montez, En cas qu'il soit fais et dontez, Li autrë oisel qui le voient Et haut de leurs yeus le convoient, Ont de son ravaller paour Et en entrent en tel frëour, Quant vers euls le voient venir, Il ne scevent que devenir : Il s'en fuient et se tapissent, Et cil qui puelent le guenchissent, C'est assavoir cils ou il tent Et sus cui ses pooirs s'estent. (MACH., D. Aler., a.1349, 326). Je di que li gerfaus volans Pour cui je fui liez et dolens... (MACH., D. Aler., a.1349, 382).

 

b)

[L'antécédent désigne une chose] "Lequel" : Car mes douceurs sont dolereus labours, Et mes joies sont ameres dolours, Et mi penser, En qui mes cuers se soloit deliter Et doucement de tous maus conforter, Sont et seront dolent, triste et amer (MACH., J. R. Beh., c.1340, 64). Car une chose nompareille, A cui autre ne s'apareille Quant a souverainne biauté... (MACH., D. Aler., a.1349, 356). ...et la tierce est Sophistique, par qui on paist Argument par divers sophisme (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 129). Je suy comme la tour minee, Dont la prise n'est pas finee De longue piece, Et de qui on doubte qu'el chiece (CHART., L. Dames, 1416, 262). La porte par qui on entre en vie beneureuse est petite, estroicte et penible (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 26).

D. -

[En fonction de régime indir., presque toujours sous la forme cui, comme interr. ou, plus souvent, comme rel., avec une valeur de datif ou de génitif (lat. cui ; a.fr. cui) ; survivance de l'a.fr., vieilli, de plus en plus rare]

 

1.

[Avec une valeur de datif]

 

a)

[Comme interr.] "À qui" : Demande li cui il bailla La clef que sa femme et s'amie Li bailla ["Demande lui à qui il a donné la clé que..."] (Mir. femme roy Port., c.1342, 196).

 

b)

[Comme relatif sans antécédent] "Celui à qui" : Dont de necessité couvient, Cui il couvient tele besongne, Qu'il se travaille et embesongne (MACH., D. Aler., a.1349, 296).

 

c)

[Comme relatif avec un antécédent de l'animé] "À qui" : ...n'y haüst noble homme ne clerc tant fussient gobes Cui li pueples n'ehust sarré au dos les robes (Gir. Ross. H., c.1334, 285). Après le jour que je fui nez Me vint querre li ennemis Cui je fui donnez et promis (Mir. enf. diable, c.1339, 32). L'ennemi te suit, qui atent Le jour que tu dois seens estre : Envoier te vueil a un prestre, Un hermite, mon confesseur, Cui li vrais Diex fait tant d'onneur Qu'il lui tramet ce dont il vit (Mir. enf. diable, c.1339, 33). [aussi p.41] Les yeus esbloe Et aveugle de mainte gent Cui elle promet largement (MACH., R. Fort., c.1341, 38). Et pour ce dit bien le proverbe Qui dit que qui loiaument sert, Il n'a pas le bien qu'il dessert, Mais cils cui Dieus l'eür en donne. (MACH., D. Lyon, 1342, 200). ...li aveugle, cui Dieu doint male honte... (Bérinus, I, c.1350-1370, 83). ...celui Sabin, cui estoit le buef l'a amené a Rome pour le sacrefier a la dicte deesse (BERS., I, 1, c.1354-1359, 45.5, 76). Ainsi Eür n'est qu'aventure, Car tel l'aura par aventure Toute sa vie pourchacié, Qui en sera bien loing chacié, Et a tel, cui il n'en souvient, Eur et trestout bien mondain vient (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 81). La royne Jehanne de Naples - Cui Charles de la Paix mains chapples Fist ... (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 157). ...cil est eureux, cui il ne chault en qui main est le monde (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., II, 1404, 164). Il aidera celui cui on fera nuysanche. (Geste ducs Bourg. K., c.1410-1419, 353). ...nostre souverain segneur, cui Dieu pardoint... (FAUQ., II, 1421-1430, 61). Beaulx seigneurs, cui Dieu doinst sa grace, Je vous pry que... (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 186).

 

2.

[Avec une valeur de génitif] "De qui"

 

a)

[Comme relatif sans antécédent] : ...de meitre les mains en ceulz par cui appercevance il se les couvenoit d'illueques partir plus honteusement que il n'y estoient venu (BERS., I, 9, c.1354-1359, 5.6, 9). ...Papirius, quant il ouy leur offre, leur respondi que il deussent avoir demandé conseil a Poncius par cui auctorité il avoient mis les Rommainz sous le jouc, quelle painne l'en doit imposer a ceulz qui sont vaincu (BERS., I, 9, c.1354-1359, 15.4, 27). ...cil est eureux, cui il ne chault en qui main est le monde (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., II, 1404, 164).

 

b)

[Comme relatif avec un antécédent de l'animé] : Loez en soit saint Nicolas Cui clerc je sui. (Mir. abbeesse, 1340, 94). Il couvient faire en la chemise De celle cui li sains avale, Deux sacs par maniere de male (DESCH., M.M., c.1385-1403, 49).

 

-

Qui + poss. + subst. : Il a bien de noblesse tant, De scens, d'onneur et d'onnesté, De gieus et de jolieté Ou gent esprivier et en dame Et en bonne amour sans diffame Et en amant d'amour espris, Cui ses cuers ["de qui le coeur..."] est de dame pris, Que trop se porroit encombrer Cils qui les cuideroit nombrer. (MACH., D. Aler., a.1349, 289).

 

c)

[Comme relatif prép. avec un antécédent de l'animé ou de l'inanimé] Prép. (+ art.) + qui + subst.

 

-

[Avec un antécédent de l'animé] : La mére Dieu, par cui plaisir [par le bon plaisir de qui] ç'a esté, en soit aourée (Mir. enf. diable, c.1339, 43). La vierge en cui secours m'apoy En soit loée. (Mir. femme roy Port., c.1342, 200). C'est une dame de vaillance En cui bonne Amour tant se fie Que... (MACH., D. Aler., a.1349, 323). Et ces paroles peut dire la glorieuse Marie pour qui honneur et reverence nous sommes cy assemblez principaument. (Mir. march. larr., c.1349, 91). ...les festes de la glorieuse vierge mére Marie, pour qui amour et reverence nous sommes cy assemblez (Mir. chan., c.1361, 138). Et pour doubte de ses amis Par cui conseil il ne l'a pris... (Gris., 1395, 72). ...et vile gent par cui conjuraison et conspiracion le bien de paix a esté puis troublé (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 90). ...si qu'il appert de Pharaon le roy d'Egipte, par le cui commandement et edit tous les enfans du peuple de Dieu estoient livrez à mort. (CHR. PIZ., P.V.H., 1416-1418, 22). Mon pere, en qui tout bien habonde Et soubz cui haulte providence Le monde prent sa gouvernance... (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 1053).

 

-

[Avec un antécédent de l'inanimé] "Duquel" : En la cité avoit un boys en cui milieu avoit une parfunde et obscure fonteine (BERS., I, 1, c.1354-1359, 21.3, 34).

II. -

[Marque principalement la fonction sujet] "Qui"

A. -

[Dans le relatif avec antécédent]

 

-

[Avec un antécédent de l'animé] : Cy conmence un miracle de Nostre Dame d'un enfant qui fu donné au dyable quant il fu engendré. (Mir. enf. diable, c.1339, 3). ...de tous les servans Qui en ce monde sont vivans (MACH., D. verg., a.1340, 36). Cy conmence un miracle de Nostre Dame : conment elle delivra une abbesse qui estoit grosse de son clerc. (Mir. abbeesse, 1340, 59).

 

-

[Avec un antécédent de l'inanimé] : Il dirent, si disoient voir, Que le terme demain cherroit Du respit qui donné m'estoit (Mir. enf. diable, c.1339, 23). ...Si qu'il met dou tout en oubli Le desir qui l'a assailli. (MACH., D. verg., a.1340, 38). Et die par devocion La sainte salutacion (...) Qui se conmence par ave. (Mir. abbeesse, 1340, 61).

 

-

[Dans l'interrogatif complexe] Qui est-ce qui./Qu'est-ce qui : Marie, qui est ce qui peut raconter ta longuesce, ta largesce, ta haultesce et ta parfondesce ? (Mir. st J. Cris., c.1344, 254). Qu'est ce qui vous amaine cy, Mon chier seigneur ? (Mir. st Guill., c.1347, 14). Les play(e)s Dieu, qu'esse qui s'ataque A men coul ? (Path. D., c.1456-1469, 130). Et qui esse qui nous demande ? (Sots triumph., c.1475, 34).

B. -

[Dans le rel.-interr. à valeur de neutre (que / quoi se prêtant mal à la fonction de sujet) ; fréquent en m.fr.]

 

1.

[Comme interr.]

 

-

[Interr. dir.] "Qu'est-ce qui" : Qui te fait ore sy en grant D'ensy lever par sy fait temps ? Pas sy prez n'est, a mes sanblans, Du jour qu'il est de mienuit. (Dit prunier B., c.1330-1350, 58). Vous soyez bien venue ! Qui vous amene a ceste heure, m'amye ? (C.N.N., c.1456-1467, 70). Et qui puet estre plus grant charité que mettre son corps et sa vye à abandon, pour garantir aultruy, comme font les vaillans hommes d'armes qui se mettent en dangier de jour en jour pour garder le droit de leur seigneur et preserver le menu pueple de toute tribulacion et de l'invasion des ennemys ? (BUEIL, I, 1461-1466, 51).

 

-

[Interr. indir.] "Ce qui" : L'EVESQUE. Et vous puissiez le bien venir, Arcedyacre, mon amy. Dites qui vous amaine cy : N'en mentez mye. (Mir. ev. arced., c.1341, 107). Une bonne femme vieille prioit tousjours à haulte voix que les dieux lui donnassent longue vie, et comme il l'oist dire, demanda et voult savoir qui la mouvoit (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., I, 1404, 78). Et savez vous qui son courage A changié ? (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 448). ...le chevalier ne sçavoit qui luy fu advenu et ne remuoit piez ne mains non plus que s'il fust mort (Comte Artois S., c.1453-1467, 55). Et affin que vous sachez que je sçay qui en est, je vous ay veu entrer devers elle par pluseurs foiz a telle heure et a telle (C.N.N., c.1456-1467, 229).

 

2.

[Comme rel. sans antécédent] : Après, qui plus est grans diffames, Nos niepces, noz filles, noz femmes Veult avoir et prendre par force, Et de jour en jour s'en efforce, Et ne peuent a li durer. (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 15). ...et le tindrent seulement en ung sep par telle maniere que, quant il fut a Beauvais, les piés luy cheurent, qui est pou de chose envers les autres tirannies qu'ilz ont acoustumé de faire (JUV. URS., Loquar, 1440, 308). ...et, qui pas ne nuysoit au jeu, tant estoit en la grace de la royne du pays qu'elle estoit son demy lit, les nuyz que point ne couchoit avec le roy. (C.N.N., c.1456-1467, 192).

 

-

Qui pis est : Et qui pis est, il advenrra Que celle femme ja n'ara Hoir ne enfant de son espoux (DESCH., M.M., c.1385-1403, 347). Et qui pis est, se l'esprevier est ainsi deux fois foulé, il craindra a y plus voler et ne s'embatra plus (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 144). Flateur, qui pis est, corrumpt la verité de vraye foy pour complaire et prouffiter a soy, et fait croire mensonges, sourceries, charmeries et ydolatries et ars magiquez et dyaboliquez, et delaisser Dieu pour recourir au deable, comme s'il fust plus puissant ou plus saige ou plus misericors que Dieu. (GERS., Annonc., a.1400, 235).

 

-

Qui plus est : Et, qui plus est, quant serez mors, Vous promet du ciel les tresors Et les richesses. (Mir. st Lor., 1380, 171). Et qui plus est, aucuns les batent. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 291). Maiz qui plus est, entreprennent auctorité, commandement et seigneurie, une foiz sur ung petit fait, apres sur ung plus grant, apres ung petit ung jour, ung autre petit en ung autre (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 104).

III. -

[En alliance avec lui-même ou avec que, formant une loc. indéfinie] Qui qui./Qui que

A. -

[Le premier qui est de l'animé sujet (supra I A) ; le second représente le premier dans sa fonction de sujet] Qui qui. "Quel que soit celui qui" : Ce nom estoit tel qu' il devoit des jugemens dire verité, qui qui en deüst avoir a souffrir. (Bérinus, II, c.1350-1370, 129). Car ens ou point ou ja fui pris, Sui et serai, qui qui me tence. (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 92). ...sous peine de mille doublerimont d'or a applichier por le moitiet et sens le principaul a amenrir a nostre reverend pere en Dieu et saingneur monssaingneur le evesque de Liege, qui qui onke le soit ou sierat por le temps courrant (HEMRICOURT, Pièces div. B.P., 1386, 88). Mais qui qui eust doulour, Alain de Quemeninguigamp ot joye (ARRAS, c.1392-1393, 60). Mais qui qui face feste de Remondin, le chastellain de Derval, qui fu nepveu Josselin de Pont le Leon, fist tout le contraire (ARRAS, c.1392-1393, 67). Ains vueil, qui qui s'en puist doloir, Que tu t'accordes a ce faire De franc vouloir et debonnaire (Gris., 1395, 52). Mais certes, encor fais je plus, Qui vouldroit bien mes fais noter, Car je fais au plus hault monter Qui qui me plaist, ne riens n'aconte A ce dont faites si grant conte. (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 169). Et ne doubtés, car je porteray vostre fait tout oultre, qui qui le veuille veoir. (Doc. 1413. In : MONSTRELET, Chron. D.-A., t.6 c.1444-1453, 138). Mais comment que la chose viengne Ne qui qui en soit excusé, Vous en estes fort accusé De luy avoir fait grant injure ; Et brief, tout le peuple en murmure Et la coulpe sur vous s'en couche (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 991).

 

-

[Le second qui le cède au relatif que "universel"] Qui que : Mais plusours l'orront reciter, Ce sai ge bien, qui que le die, Qui croire ne le vouldront mie (Tomb. Chartr. Trois contes S., c.1337-1339, 95). Saint Paulin ne le laissa mie, Qui que le tenist a folie. (Tomb. Chartr. Trois contes S., c.1337-1339, 114). Sire, s'enseingne Crie Lembourc, et est roys de Behaingne, Fils de Henry, le bon roy d'Alemaingne, Qui par force d'armes, qui que s'en plaingne, Comme emperere Fu couronnez a Romme avec sa mere. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 107). Qui que nous en doie blasmer, Il sera fait. (Mir. femme roy Port., c.1342, 160). Je suy cellui au cueur vestu de noir Qui dy ainsi, qui que le vueille ouyr (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 36). Qui que chante ou rie, J'ay tous jours soussi. (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 393). ...et print le gouvernement du Roy et du royaulme, qui que le voulsist ou non. (LA MARCHE, Mém., I, c.1470, 200). ...qui que le veult, ou non, à vous je viens. (LA MARCHE, Mém., II, c.1470, 376). Qui que s'en irrite, Courrouce ou despite, Vous serés poursuitte O nostre conduicte D'acomplir le vouloir des dieux. (Cene dieux, c.1492, 131). Aprés qu'on eult bien son cas suspendu, Devant chascun qui que veoir le voulut, Le povre gueux fut hault et court pendu A ung gros arbre, quelque bon corps qu'il eult. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 158).

 

-

[Que est en fonction d'attribut] Qui que soit. "Qui que ce soit ; quelqu'un (n'importe qui)" : Il est une gent mal senee Qui dient que c'est par pechié Quant qui que soit est entechié D'aucune telle maladie (Tomb. Chartr. Trois contes S., c.1337-1339, 93). Et quant il eschiet que qui que soit s'i entroublie... (Bérinus, I, c.1350-1370, 68). Ne vous soit grief se je demande, Dame, conment le trouveray, Car congnoistre ne le saray Se n'ay de li aucune enseigne Ou que qui que soit le m'enseigne (Mir. st Alexis, 1382, 339). L'un mouvera Les parolles ou les controuvera, Ou qui que soit son fait descouvrera. (CHART., D. Fort., 1412-1413, 188).

 

.

Qui qu'il soit : ...ains est impossible que longuement soit maintenue par femme, qui qu'elle soit, que n'en chee en blasme. (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 180).

 

-

P. ext. [Qui a la valeur d'un sujet neutre] "Quoi que ce soit qui" : Et par le Dieu qui pendit en croix, je frapperay le portier s'il se met devant moy, qui que en doyve advenir. (BAGNYON, Hist. Charlem. K., c.1465-1470, 86).

B. -

[Qui (cui) est de l'animé régime ; que le représente dans sa fonction de régime] Qui que

 

1.

[Qui (cui) est régime dir. (supra I B)] "Quel que soit celui que" : Or eslisent de par Jhesu Qui qu'ils vouldront. (Mir. ev. arced., c.1341, 124). Or prenez cui que vous volez, Par quoy de riens ne vous dolez. (MACH., J. R. Nav., 1349, 191). ...et m'a mandé que je face hoir de qui que je vouldray. (Bérinus, I, c.1350-1370, 186).

 

-

[Que est en fonction d'attribut] Qui que soit. "Qui que ce soit" : ...on renvoyera nostre hyrault ou qui que soit par devers vous. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 108). Se femme convoitte que son mary prende en hayne qui que soit qu'elle n'ayme pas, assez se treuve occoisons, maiz qu'elle se y voeulle emploier. (Ev. Quen., II, c.1466-1474, 136).

 

2.

[Qui (cui) est régime prép. (supra I C)] À qui que./De qui que./Par qui que... "Quel que soit celui à qui, de qui, par qui..." : Chiére dame, a qui qu'il ennuit, Y mettrons nous voir diligence (Mir. abbeesse, 1340, 83). Et le seneschal mesmes disoit qu' il en avroit la moitié a qui que li avoir remainsist (Bérinus, I, c.1350-1370, 79). ...alez jangler la hors Et vous plaindre a qui que vouldrez. (Mir. prev., 1352, 240). ...sanz ce que pour les dis quevauls li ville soit tenue de payer quelcunquez lyeuwage, ou salaire ou recompensation de lyeuwage à cui que ce soit (Hist. dr. munic. E., t.1, 1356,,, 353). Par qui que soit seray je sage [je serai informé] Conment est mors. (Mir. femme, 1368, 198). Justice en la balance poise, à cui qu'il plaise ne qui [qu'il] poise... (MACH., P. Alex., p.1369, 31). ...et a la voye trouvee de faire sa volenté, vueille ou non vueille, et a qui qu'en doye desplaire (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 106). ...ouquel noble estat les dames de religion, de qui qu'elles soyent nees, pour reverence de Dieu a qui se sont donnees et mariees peuent bien aler au renc (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 165). Et se aucun en enquiert pour savoir ce que nul ne peut ignorer, quans avons nous veu desobeir aux mandemens, enfraindre les deffenses, venir quant il leur plaist et s'en aller a qui qu'en desplaise, abandonner leurs gardes pour garder choses abandonnees sans cause... (CHART., Q. inv., 1422, 59). ......tant gens d'église comme bourgois et aultres habitans qui peurent estre prins et atains, furent mis à finance, et avec ce généralment tous les biens qu'ilz porent trouver, à cui qu'ilz fussent (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.5, c.1444-1453, 25).

 

3.

[Qui (cui) est régime en fonction de datif (supra I D)] "Quel que soit celui à qui" : Dont je diray, cui qu'il anuist [quel que soit celui à qui], Que... (MACH., D. Aler., a.1349, 269). Car je prouveray le contraire De fait, cui qu'il doie desplaire. (MACH., J. R. Nav., 1349, 244). Et pour ce di, cui qu'il doie desplaire, Que... (MACH., Bal., 1377, 559).

REM. Pour le sens distributif (qui a senestre, qui a dextre), cf. T-L VIII, 86, l. 46 - 87, l . 12 ; pas d'ex. ds la doc. du DMF. À noter que la forme qui peut-être une graphie pour qu'il : Mais ainsi pas ne la lairay En paiz, ains y envoieray Telle pour ma besongne faire Qui scet qui faut a tel affaire [ce qu'il faut]. (Mir. Theod., 1357, 72).

V. aussi quiconque
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

 Article 3/4 
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     QUIBUS     
FEW II-2 qui
QUIBUS, subst. masc.
[GDC : quibus ; FEW II-2, 1465a : qui ; TLF : XIV, 162a : quibus]

Arg. [Surtout arg. des écoliers]

A. -

"Argent" : Se les maris mal se confyent Es males femmes qu'ilz affyent, Ne sont bien sos les quoquibus, Se des foles ne se deffyent Et si leur baillent de quibus ? (MARTIN LE FRANC, Champion dames I-II, P., 1440-1442, 208). LE BARBIER. Je vous mecteray bien en point, Monseigneur, ne vous en doubtez, Par moien que vous me donrez Dequibus [l. De quibus], comme il appartient. (DU PRIER, Roy Adv. M., 1455, 368). ...le general a assez de quibus (Sots, c.1480-1500, 270). Tel a des biens et assés de quibus, Qui n'est pas digne d'avoir jeune pucelle. (SAINT-GELAIS, Eurial. Lucr. R., c.1490, 4).

 

-

De quibus. "De l'argent, par l'argent" : ...[le chevalier] besoigna au mieulx qu'il peut en la façon comme dessus, moyennant de quibus, que la gouge tant bien savoit avoir que nulle aultre ne l'en passoit. [En l'absence de son mari, en voyage, une femme fait commerce de ses charmes] (C.N.N., c.1456-1467, 462). Il failloit qu'il vint sus ou jus La fournir a son appetit, Car qui ne fonce de quibus Paistre l'appetit sensitif ? [Éd. : "car qui n'est pas prêt à débourser pour satisfaire ses désirs sexuels"] (COQUILL., Oeuvres F., 1478-p.1494, 15). ...quelque messaire Pour bien attraper de quibus. (Dorib., p.1480, 246). Et pour fournir a debitoribus Nostris sire, nous aurons de quibus Ce bon marchant qui payera la menestre Entre tes mains (LA VIGNE, Patenostre Genevois B., 1507, 171).

B. -

"Pièce de monnaie" : ...quere de gros quibus (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 691).

 

Rem. Romania 55, 1939, 33 (N. Dupire).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 4/4 
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     QUICONQUE     
FEW II-2 1464b qui
QUICONQUE, indéf.
[T-L : quiconque ; GD : qui (quiconque) ; AND : quicunque ; FEW II-2, 1464b : qui ; TLF : XV, 163a : quiconque]

A. -

[Comme adj. indéf.] "Quel qu'il soit, quelconque" : ...en quicunques region Ou il a place bien assise... (Tomb. Chartr. Trois contes S., c.1337-1339, 101). ...garantir (...) de touz quiconques empeschemens (Cartul. Sires de Rays B., t.1, 1392, 55).

 

-

Quiconque est / quiconque soit. "Quel qu'il soit" : Pour ce, tu quiconques es [toi, qui que tu sois...], qui te vois es ondes du fluve de ce monde plus plungier que sur terre aler, ne ostes onques tes yex de la lueur de ceste estoille regarder, se tu ne veulz trebuchier. (Mir. Theod., 1357, 80). Mais tu, quiconques es, ou seras, prince romain, remembre toy que tu doies savoir les peuples gouverner, espargnier as subjects et debeller les orgueilleus. (ORESME, E.A., c.1370, 98). Et qui quiconques est [et celui qui, quel qu'il soit...], tel que il a tels principes par soy meïsme ou qui par autre les entent et croit ou reçoit de legier, et celui qui ne les scet par soy ne par autre, chascun de ceulz yci oe ce que dit Hesiode le poëcte : ... (ORESME, E.A., c.1370, 110). Encores voullons et ordonnons que le siege et pavillon de l'appellant, quiconcques il soit, sera a nostre main dextre ou du juge (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 217).

 

-

Rien quiconque. "Aucune chose, quelle qu'elle soit ; nullement" : PATHELIN. Or ne riez point ! GUILLEMETTE. Rien quiconques, Mais pleureray a chaudes larmes. (Path. D., c.1456-1469, 92). [aussi p.76]

B. -

[Comme pron. indéf. sujet]

 

1.

"Celui qui, quel qu'il soit..., quel que soit celui qui..."

 

a)

[Avec antécédent ou subst. corrélatif] : ...tous ceulz quiconques [tous ceux qui, quels qu'ils soient...] hors raison ont et possedent... (ORESME, E.A., c.1370, 378). Or est il certain que quiconques personne [une personne qui, quelle qu'elle soit] oeuvre selonc vertu il aimme ouvrer selonc vertu, et par consequant il a en ce delectacion. (ORESME, E.A.C., c.1370, 126). C'est a dire que celui est paoureus quiconques deffaut en aucunes de teles circonstances requises et deües [celui qui, quel qu'il soit, fait défaut...]. (ORESME, E.A.C., c.1370, 209). Et Barbares et Grecs, quiconques cuident que [qui, quels qu'ils soient, croient que...] aucuns diex soient, attribuent a Dieu cest lieu aussi comme se a chose inmortelle fust deu et convenable lieu inmortel (ORESME, C.M., c.1377, 84). ...et pour tant que il fu plus vaillans que nuls aultres quiconques [qu'aucun autre qui, quel qu'il soit...] s'armast de la partie des Englois, j'en fac enarration. (FROISS., Chron. D., p.1400, 334). ...quiconcques homme noble [un homme noble qui, quel qu'il soit...] se forfaisoit reprochable, on lui venoit au mengier trencher la nappe devant soy. (CHART., Q. inv., 1422, 63).

 

b)

[Sans antécédent] : Celi boys obscur est le asile ou quicunque [celui qui, quel qu'il soit...] fuyoit estoit saus et sans peril (BERS., I, 1, c.1354-1359, 30.5, 52). ...des l'endemain que le tournoy fut departy y fist bon retourner quiconcques vouloit trouver proeesces en chevalerie [si celui qui..., quel qu'il soit...] (Percef. V, R., t.1, c.1450 [c.1340], 540). ...et quiconques [celui qui, quel qu'il soit...] la barguignoit, il l'avoit aussi bien a creance que a argent sec (C.N.N., c.1456-1467, 518).

 

Rem. Aussi quionque, doc.1331 ds GD VI, 511b (quioncque).

 

-

Ne ... quiconque est. "Personne, quel qu'il soit" : ...car en moy qui suis terre France nommee, au regard de la couronne et des ascendens les heritiers du sanc sont neccessaires, et ne peut quiconcques est mon roy prejudicier a son heritier ou successeur, ne alyener ou transporter le royaulme en aultre main que en celle ou elle doyt venir par succession hereditale (JUV. URS., Aud. celi, 1435, 186).

 

2.

"Qui que ce soit qui, quiconque" : ...et requist a nostre dit devancier que, conme la coustume de court laye, notoirement gardee et aprouvee especiaulment en la ville et viconté de Paris, soit telle que quiconques a (jou [sic]) assigné a jurer et dire ses verités sus aucuns articles, soit demandeur ou deffendeur, et il deffaut a la dite journee, et la partie adverse prent et empetre deffaut devant le juge ou l'assingnacion est prise, le deffaillant pert la cause, le comparant la gaingnie, si requeroit le dit procureur que... (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1332, 51). Et si a un usage en ce païs, par quoy il vous va trop pis que vous ne cuidiez, que quiconques fait demande a autruy et il a tesmoignage, soit bon ou mauvaiz, on ne puet dire a l'encontre, ains a jugement pour lui (Bérinus, I, c.1350-1370, 62). ...quicunques petition, Sacrefice ou oblation, Jusqu'a trente jours, c'est la somme, A quelque dieu ou a quelque homme Fera... (MACH., C. ami, 1357, 36). Quiconque desire a poursievir l'office de maistre, il couvient qu'il reluise de toute honnesteté de meurs (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 14). Quiconques se humiliera comme che petit enfant, che sera ou roiaume de Paradis le plus grant. (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 173). Quiconques a pris medecine et est en voye de purgacion et n'a point de soif, il ne se doit pas reposer tant qu'il ait soif. (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 73). ...quiconque est prudent, il convient aveques ce que il soit vertueus. (ORESME, E.A., c.1370, 397). ...et quicunques fera le contraire encourra l'indignation d'icelle Court (BAYE, I, 1400-1410, 90). Quicunques meurt meurt a douleur (VILLON, Lais R.H., c.1456-1457, 43). Quiconques salue la lune lors qu'elle est nouvelle et quant elle est pleine, et quant elle est en decours, pour vray elle envoie santé et bon eur. (Ev. Quen., II, c.1466-1474, 131).

 

-

Quiconque + subj. "Peu importe que qqn, quel qu'il soit..., quel que soit celui qui..." : La dame et les commeres parlent et raudent et dient de bonnes chouses et se tiennent bien aises, quicomques [quel que soit celui qui...] ait la paine de le querir. (Quinze joies mar. R., c.1390-1410, 19). Mais quiconques fust lié ou joieux, le preu Salfar estoit comme hors de son bon sens (Percef. VI, R., c.1450 [c.1340], 262). Quiconques [quel que soit celui qui...] eust joye de ce mariage, il despleüt au roy d'Angleterre amèrement (COMM., II, 1489-1491, 303).

C. -

[Comme pron. indéf. en fonction de régime prép.] Prép. + quiconque. "N'importe qui, qui que ce soit qui, quiconque" : ...et generalment, a quiconques aimme vertu, toute chose qui est selon vertu lui est delitable. (ORESME, E.A., c.1370, 126). ...et est ordenee certaine inhonoracion en lieu de painne a quiconques occist soy meïsme, comme a celui qui fait injuste a la cité (ORESME, E.A., c.1370, 326). ...et di devant quiconques Qui bien aiment et qui amerent oncques, Que en bien amer (...) Y a trop plus du doulx que de l'amer. (CHART., D. Fort., 1412-1413, 164). A quiconque plaise ou desplaise, Quant Vieillesse vient les gens prendre, Il couvient a elle se rendre Et endurer tout son malaise. (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 355).
 

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