"Nourriture, repas" : Mon cher maistre doulz et humain, Prenez en grey la pascïence ; Il me poise en ma conscïence Qu'il n'y a biens plus largement. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 547).

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Prendre (la) pacience. "Prendre son repas, manger" : Sire, j'ay ma vïande preste Et bien préparé mon manoir. S'il vous plaist d'y venir manoir, Ce jour prendrez la pacïence (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 184). [aussi v. 15905 et 31247] [Var. ms. P] ...et s'il vous plaist vous viendrez prendre la pacience au disner au [an "en"] l'ostel de telz biens qui y sont (Gérard de Nevers M., c.1451-1464, 116). ...je pensoye a la grant pacience que vous prendrez. Avez vous point desgeuné... ? (LA SALE, J.S., 1456, 291). [Aussi p.274, 275, 286] Sire, j'ay ma vïande preste Et bien preparé mon manoir. S'il vous plaist me venir vëoir Et y prendre la pacïence, Selon ma petite scïence Je vous tiendray honnestement, Et vous pry amoureusement Que je ne soye point esconduyt. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 429). Sire, prenez en pacïence : Voicy du vin bien assorty Et d'un petit poisson roty : C'est toute la provision. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 940).

Rem. GD V, 681b. Aussi Mystère de Saint Remi, c.1520-1528, éd. J. Koopmans, 206. V. patience. L'ex. suiv. illustre le passage de patience à pacience : ...auquel lieu, pour sa reffection e de sez gens, ne trouva seullement que ung peu de pain et du laict dont il, pour ce soir se contenta et eut pacience, nonobstant qu'il estoit fort travaillé. (Lettres rémission René II P.D.H., 1477, 108).
 

"Avec patience, en faisant preuve de patience" : ...Car il est dous et debonnaires, Et s'a servi moult humblement Et enduré pacienment (MACH., D. verg., a.1340, 44). Celeement Et sagement, Patienment Et nettement Iert et trés amoureusement Dedens mon cuer norrie (MACH., R. Fort., c.1341, 24). Garde que Raisons te maistrie Et qu'aies en toy pacience Et la vertu de souffissance, Car bonneürtez vraiement Vient de souffrir pacienment, N'il n'est homme, a mon essient, Que quant il est impacient, Qui ne vosist avoir fait change De son estat a un estrange (MACH., R. Fort., c.1341, 91). Ma doulce amie, je t'ennorte Que ton cuer paciemment porte Encore un petit ce meschief (Mir. Theod., 1357, 112). Fi d'omme qui se desconforte Et qui n'a cuer et vertu forte Et qui pacienment ne porte Ce qui le blesse ! (MACH., F. am., c.1361, 227). Et si ay grant merveille eu Du saint homme, con doulcement L'a souffert et pacienment (Mir. st Ign., 1366, 89). Et d'autre partie, nul ne soustendroit pascienment que l'en li feïst moins en toutes choses. (ORESME, E.A., c.1370, 450). Ennius (...) portoit et enduroit si patiemment et si bien deux fardeaux que... (PREMIERFAIT, Vieillesse M., 1405, 67). ...ceulx qui tourmentez sont par diverses tribulacions et paciemment les portent pour l'amour de Nostre-Seigneur ? (CHR. PIZ., P.V.H., 1416-1418, 29). ...la griefve et longue prison que le dit Loys d'Amboise a soufferte et porté paciemment (Doc. Poitou G., t.8, 1434, 63). La tierce chose est que voz subgez et toutes gens vous doyez pacianment et benignement leur respondre, et, sans delay ou tout le mains que vous pourrez, les choses justement demandees consentir et accorder. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 21). ...[il] luy monstra le courroux qu'il avoit sur elle, laquelle le print paciemment. (C.N.N., c.1456-1467, 381). ...elle ne respondoit mot, mais tousjours [rechignoit], et de plus en plus triste chere et matte elle faisoit, que le mary ne portoit pas bien paciemment, quand savoir ne povoit la cause de ceste doleance. (C.N.N., c.1456-1467, 471). Item Dieu par sa misericorde atend patiaument les pecheurs et les rapelle benignement et dissimule, afin de non pugnir et soy vengier et preserve de pluseurs perilz. (Somme abr., c.1477-1481, 180).
 

A. -

"Vertu qui fait supporter ce qui est pénible ; fait de supporter ce qui est pénible, patience" : ...Et de Job la grant pacience, L'estableté et la constance De Judit et de Socratès (MACH., R. Fort., c.1341, 5). ...C'est joie ireuse. C'est souffrance la rigoreuse ; C'est souffissance couvoiteuse ; C'est pais dolente et rioteuse ; C'est vanité ; C'est pacience dongereuse ; C'est diligence paresseuse (MACH., R. Fort., c.1341, 42). La dousisme estoit Souffissance Qui de trés humble pacience Estoit richement aournée Et abondanment saoulée Et pleinne de tous biens terriens. Elle n'avoit besoing de riens, Ne li failloit chose nesune (MACH., J. R. Nav., 1349, 181). Guillaume, comme vous feïstes Dou plait qu'a li entrepreïtes, Et meïstes force et vigueur En aler avant par rigueur. Einsi l'avez continué ; S'avez vostre sens desnué De courtoisie et d'ordenance. Se ce ne fust la pacience Qui est en li, vous perdissiez Tant qu'a meschief le portissiez. (MACH., J. R. Nav., 1349, 269). LE BAILLIF. (...) Prïez Dieu qu'il vueille aidier, Et vous doint pacïence, dame, Telle que ne perdez pas l'ame Avec le corps. (Mir. enf. ress., 1353, 66). ...par le fruit de vostre porteure Cil qui dampné furent par fruit veé. Fruiz fu pour fruit, mors sure pour morsure, Pacience pour desobeissance (Mir. chan., c.1361, 184). Et pour ce se tu as ces deux choses, force en pacience et biauté de continence, tu seras vestu et vestue de double vesteure, car pour ta pacience, tu aras vestement de pourpre, pour ta continence vesteure de bougueran. (Mir. st Val., c.1367, 123). De ce dit Saint Basille que qui de pacience fait targe, toutes durtez lui semblent legieres, et s'il est injurié par aucun, sa deffense est faite non mie par ire, vengence ne impacience, mais pour garder le droit à justice. (CHR. PIZ., P.V.H., 1416-1418, 31). RAPHAEL angelus. Jesu, je te veul recovrir De ce vestement d'ignorance [l. ignoçance] Cy prendz l'escu de pacïence Pour acquerir noble victoire. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 100). ...et [le regent] recongnoisteroit leur bonne pacience et feroit tant qu'ilz seroient contens. (FAUQ., II, 1421-1430, 310). Diex le [l. an] sara bien a chief traire. Lessiez le ; pascïence est bonne, Pacïence victoire donne, Pacïence donne tous biens. (Mart. st Pierre st Paul R., c.1430-1440, 129). Priant au trestout puissant Dieu que, a ceulx qui par honneste infortune y sont tumbez, que les voeulle secourir et enrichir de vraye pascience. (LA SALE, Sale D., 1451, 229). Vostre pascience precïeuse Me plait fort, ma doulcete amie. Or sus, companie glorieuse, Resjoyssés ung peu Marie ! (Pass. Auv., 1477, 280). LA MERE. Las, ensuivez De Jhesucrist la pascïence ! LA FILLE. Je ne puis. LA SEUR. Faire le debvez, Se voulez avoir alegence. (LA VIGNE, S.M., 1496, 453).

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Loc. adv. En pacience. "Avec patience, résignation" : ...moult doucement li enorte Qu'il soit pleins de bon reconfort, Car il ara joie et confort, Mais qu'il soit loiaus et secrez, Dous, humbles, courtois et discrez, Et qu'il endure en pacience Tout ce qui iert a la plaisance De sa dame pour qui il vuet Auques valoir, se valoir puet. (MACH., D. verg., a.1340, 39). ...Et Dous Resgars en tele aspresse Fust qu'il ne me deingnast vëoir, Qu'encontre leur puissant pooir Fusse viguereus et vassaus Pour recevoir tous leurs assaus, Pour tout souffrir en pacience. Car grant vertus et grant vaillence Est de vaincre son adversaire Par souffrir de cuer debonnaire. (MACH., R. Fort., c.1341, 109). Or en soit a vostre plaisir, Car sans vous ne puis avenir A la joie que tant desir ; Mais je vous vueil tant oubeïr Que pour ma dame vueil morir En pacience, Se c'est vos grez ; et se merir, Sans l'onneur ma dame amenrir, Me volez, vueilliez m'enrichir D'assez li vëoir et oïr. (MACH., R. Fort., c.1341, 123). Après, amis, en pacience Dois penre et avoir souffissance Es biens, es maus que Dieus t'envoie, Et dois tenir la droite voie Que Job tenoit, quant essilliez Fu et si mal aparilliez (MACH., C. ami, 1357, 61). Elle souffroit en paciance Pour ce qu'elle avoit esperance Qu'onques ne fu qu'encor ne soit ; Car cilz qui telz dolours ressoit Ne se doit pas desesperer Pour Desir, ains doit esperer Que... (MACH., Voir, 1364, 420). [Polyphème à Galatée] Et certes, se tu rien n'ama(i)sses Et tu tous autres refusasses Aussi com tu refuses moi, Mains en eüsse ire et esmoi, Si le souffrisse en paciance. (MACH., Voir, 1364, 642). DIEU. (...) Vous et moy de cuer prie et sert, Et porte en tresgrant pacience Le mechief (...) Qui, sanz abatre, l'a hurté (Mir. fille roy Hongrie, c.1371, 62). ...qui en pacience prent chous et poree et telle petite viande (FOUL., Policrat. B., V, 1372, 450). Amy, ton dueil est moult amer, Mais porte tout en pacïence. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 467).

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En grande patience. "Avec beaucoup de patience, de résignation" : Et neanmoins [la Court] a eu aggreables les labeurs et diligences desdis ambassadeurs et les en a regraciez, et a supporté en grant pacience les estranges manieres et verbales responses faictes en ceste matiere. (FAUQ., III, 1431-1435, 24).

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Par patience. "Avec courage, avec patience (dans l'attente d'une consolation, d'un soulagement à la souffrance endurée)" : Pencés a la gloire des cieulx ; Laissés ces tristes passïons, Car les recompensacïons Qu'adtendons veoir par pascïence Sont en si grant perfectïons Que ce n'est riens que de souffrance. (Pass. Auv., 1477, 257).

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Avoir patience : Et se tu gis en mendience, Tu n'avras mie pacience, Eins sera la main en balance D'estre larnesse. (MACH., R. Fort., c.1341, 38). Or tien dont son pooir si vil Qu'aies de toy la signourie. Garde que Raisons te maistrie Et qu'aies en toy pacience Et la vertu de souffissance, Car bonneürtez vraiement Vient de souffrir pacienment, N'il n'est homme, a mon essient, Que quant il est impacient, Qui ne vosist avoir fait change De son estat a un estrange ; Et ce le fait maleüreus Et vivre en estat perilleus. (MACH., R. Fort., c.1341, 91). ...avoir pacience es choses adverses (CHR. PIZ., P.V.H., 1416-1418, 19). Et ayez pacience ceste foiz ; l'année qui vient, si Dieu plaist, sera plus doulce (C.N.N., c.1456-1467, 514). ...mais quoy ! Dieu le m'a envoié ; loé soit il ! j'aray pacience, et suis tout conforté d'attendre la mort (C.N.N., c.1456-1467, 536). Il est ja au sepultre mis ; Dame, pour Dieu, ayés pascience ! (Pass. Auv., 1477, 262).

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Avoir belle patience : Il conclud toutesfoiz tenir silence et nul mot dire jusques ad ce qu'il verra mieulx son point. Et pensez qu'il avoit belle pacience ! (C.N.N., c.1456-1467, 243).

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Avoir patience en qqc. "Supporter qqc. avec patience" : LA CHAMBERIERE. (...) Pacïence aiez, je vous pri, En vostre mal. (Mir. enf. ress., 1353, 20).

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Avoir patience de + inf. : ...que tu ayes pacience de souffrir ce qu'il plaist à Nostre Seigneur ordonner de toy. (WAUQUELIN, Belle Hélène Const. C., c.1448-1452, 110). DOYEN. (Il apporte le Corpus Christi.) Je prie a la haulte clemence, Monsieur, qu'elle vous doinct santé ! Commant avez vous pascïence D'endurer si grant povreté ? SAINCT MARTIN. Encor n'ai ge pas merité D'estre si bien comme je suis (LA VIGNE, S.M., 1496, 566).

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Piller patience (italianisme) "Prendre patience" : Piller pacience nous fault Tant que les vins soient vendengiez. (Sots, c.1480-1500, 261). Bon acte avons tout signé et seelé Où escripte est leur detestable offence. S'il est bien veu tant de long que de lay, Il conviendra qu'ils pillent patience. (Cene dieux, c.1492, 140). BOURREAU. Il te fault la mort en gré prandre, Mon amy ; pille pascïence Et desormais pence d'entendre A descharger ta conscïence. (LA VIGNE, S.M., 1496, 317).

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Piller la patience : Hola ! hola, dist l'oste, pille la pacience, ce qui est fait est fait. Laissez vous adouber. (C.N.N., c.1456-1467, 405).

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Perdre patience. "Ne plus pouvoir supporter" : ...fut dit a ces bons seigneurs comment leurs chemises estoient desrobées, dont les aucuns perdirent pacience (C.N.N., c.1456-1467, 398). ...a cest coup, bon mary perdit pacience et n'en peut plus oyr (C.N.N., c.1456-1467, 465). LE JUIF. Me pairés vous ? LE CRESTIEN. Vostre langaige Ne peult de moy estre entendu. (...) LA FEMME. Ne me usez point ceans d'injures Et venez en vostre bon sens. Cent escus ? (...) LE JUIF. Tant vous estes ferme(s) ! LE CRESTIEN. Se vous ne me usez d'autre terme, Je vous feray bien adviser Le pelle. LE JUIF. Vueillez raviser Ung petit vostre conscience. LE CRESTIEN. Je perdray icy pacience Saillez dehors, villain infame, Ou, par la glorieuse Dame, Du corps brief je vous courceray. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 111). LA FILLE. Hellas, Dieu, je pers pascïence ! Au meurtre ! Je suis fille morte. (LA VIGNE, S.M., 1496, 467).

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Prendre patience. "Supporter avec longanimité, avec courage (une situation pénible)" : LE PREMIER DISCIPLE. (...) Sans cause n'est se mal j'espere, Sans cause douleur ne conspire Puisque pers mon maistre et mon pere. SAINCT MARTIN. Nul de vous ne se desespere ; Mes amys, prenez pascïence. Quelque chose qu'en moy appere, N'en ayez nulle desplaisance, Puisque c'est de Dieu la plaisance Que mourir au jour d'uy me faille, Pour avoir es cieulx mon aisance. (LA VIGNE, S.M., 1496, 570).

Rem. Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], gloss.

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Prendre en patience. "Supporter avec longanimité, avec courage" : Voyez comment maint jeunes homs est mort Par offensser et prendre autruy demaine. Chascun en soy voye sa mesprison ! Ne nous vengons, prenons en pacïence : Nous congnoissons que ce monde est prison Aux vertueux franchis d'impacïence. (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 62).

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Prendre patience de qqc. : Je ne sçay ou mieulx loger, prenez en pacience ! (C.N.N., c.1456-1467, 243). ...je ne cuidoie pas que les dames de ce païs fussent si peu courtoises que de refuser ung giste aux chevaliers errans. Prenez en patience. (C.N.N., c.1456-1467, 476).

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Prendre qqc. en patience : Car il prent tout en pacience Quanque on li fait. (Mir. parr., 1356, 49). Et si prenez en pascience Adversité (Mir. emper. Romme, 1369, 249). ...elles qui doivent obeir, le prindrent bien en pacience, sans dire mot (C.N.N., c.1456-1467, 203). ...[elle fut] contraincte d'obeyr au chevalier et a l'escuier, chacun a son tour, dont en la fin elle s'accoustuma et tresbien le print en patience. (C.N.N., c.1456-1467, 214). Ceste damoiselle print bien en pacience sa bonne adventure (C.N.N., c.1456-1467, 270). Mes amys, mes enfans, ne plorez point pour moy, car c'est le plaisir de Dieu que je meure ; et puis qu'il luy plaist, je prens la mort en pacience, et le remercye et gracye du bien qu'il me fait de le recongnoistre et de le querir a secours au dernier de mes jours. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 311).

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Prendre/recevoir qqc. en bonne pacience : Se tu gis a la terre dure Sans tapis et sans couverture, Seur fainc, seur estrain ou seur paille Ou sus lit dur, s'on le te baille, Elle t'ara si anobli Que tu mettras tout en oubli Et tous les maus et ta grevence Penras en bonne pacience. (MACH., C. ami, 1357, 79). Et s'Yre ou Despit te lance De sa lance, Recevoir Dois en bonne pacience, Ne t'avence De mouvoir, Car au goust de souffissance Ta pesence Dois avoir (MACH., Les lays, 1377, 420).

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Prendre patience de + inf. : ...[il] print loysir et pacience d'escouter ce qu'il orra. (C.N.N., c.1456-1467, 464).

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Prendre en gré la patience. "Supporter, se résigner" : SAINCT MARTIN. Quant a cella vous me vouldrez contraindre, La pascïence prandre en gré me fauldra. (LA VIGNE, S.M., 1496, 165).

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Recueillir patience. "Accepter, se résigner" : SAINCT MARTIN. A ceste foys temps est que je me dueille Puisque par force obeÿr me convient ; Et pascïence doulcement je recueille : Le resister a propos ne me vient. (LA VIGNE, S.M., 1496, 170).

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Se tenir en patience : Marie sui, (...) Qui pour amenuiser t'amére Douleur et ton cuer apaisier, Te vueil de ma presence aisier. J'ay de toy soing et diligence. Tien te touz jours en pacience (Mir. Theod., 1357, 112).

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P. personnif. : Encor te pri je trop de cuer Que tu n'oublies a nul fuer Les deus precieuses vertus Que je t'ay nommé ci dessus : L'une est Souffissance la belle, L'autre est Pacience, s'encelle. Se tu les as, tu n'as regart De Fortune au double regart, Car elles sont si vertueuses, Si dignes et si precieuses, Que riens ne prisent le dangier De Fortune, ne son changier. (MACH., R. Fort., c.1341, 102).

B. -

P. méton.

1.

"Souffrance que l'on supporte, ce que l'on endure" : ...les paciences que les martirs soustiennent. (JEAN GOLEIN, Rational B.D., c.1370-1372, 615). ...pour la grant perseverence et pascience de ses ennemis (MAMEROT, Romuleon D., 1466, 185). Or ay souffert grant pacïence En ceste fosse longuement, En pleurant tres amerement, Sans menger ne prendre pasture (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 808). Plaise vous me donner secours En ma piteuse pacïence (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 857).

-

P. antiphr. [Dans un cont. grivois] : Nous sommes encores seze ou vingt qui le payons a frere Eustace. Ha ! il est tant devot ! et creez que ce luy est une grant peine et une bien meritoire pacience. (C.N.N., c.1456-1467, 219).

2.

"Ce que l'on permet, ce que l'on accepte, ce à quoi on s'accorde"

-

Par la patience de Dieu. "Avec la permission de Dieu" : A tous cheux qui ches presentes lettres verront et orront, Loys, cuens de Flandres, de Nevers et de Rethest, et Jehan, par la patience de Dieu abbés de l'eglise Saint Remy de Rins, et tous li convens de ce meisme lieu, salutz en Nostre Singneur. (Trés. Reth. S.L., t.2, 1331, 12). Nous Renalz par la pautience de Deu abbes du monasteire de Saint-Arnoult devant et defuer lez muirs de Mes... (Bail de forge, a.1391, 283).

3.

"Accueil qui est fait à qqn" : Et alors elle le coucha le plus honnourablement qu'elle peut jusques a l'endemain qu'il se leva et habilla, puis print congé a sa tres bonne hostesse. Mais elle luy requist tres instamment qu'il lui pleut prendre en grace la pacience qu'i avoit trouvee, et le roy lui respondy qu'il se louoit moult d'elle. (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 194).

-

Prendre la patience. "Accepter d'être logé" : ...pour obeir il fut content de prendre la pacience pour ceste nuyt. (C.N.N., c.1456-1467, 325).

Rem. Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], gloss.

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Prendre un disner en patience. "Accepter l'invitation à un dîner" : ...vous suppliant que demain encores avec Madame me faciez, tant d'onneur que de prendre le disner en pacience, et que de ce ne me reffusez. (LA SALE, J.S., 1456, 286).

-

Prendre la patience. "Recevoir l'hospitalité de qqn, dîner avec qqn" : Sire chevalier, vous venrez prendre la pacience avecques la dame de ceans (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 190). He ! monseigneur de Saintré, ne prenderez vous pas avec Madame la pacience ? (LA SALE, J.S. E., 1456, 406).

C. -

[Sens affaibli]

1.

"Fait de supporter un délai, une attente"

-

Avoir patience. "Patienter" : ...a ceste heure, je n'y puis bonnement entendre : si vous prie que aiez patience meshuy, et demain je besoigneray a vous. (C.N.N., c.1456-1467, 70). ...force qu'il ait encores pacience jusques ad ce que Nostre Seigneur nous envoye plus de biens que encores n'avons. (C.N.N., c.1456-1467, 296). ...on luy dist que la coustume du pays estoit de point coucher la premiere nuyt avec sa femme, et qu'il eust pacience jusqu'au lendemain. (C.N.N., c.1456-1467, 333). LE MESSAGIER. Mon chier seigneur, vous aurez pascïence Tant que je soye, s'il vous plaist, revenu. Lors congnoistrez si j'ay en moy scïence De declairer ce qui est advenu. (Pause, tandis qu'il vient a l'empereur...) (LA VIGNE, S.M., 1496, 235).

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Avoir de la patience : ...elle ne povoit aller [retrouver son amant] si tost qu'elle eust bien voulu (...) s'advisa de luy mander par la damoiselle qu'il eust encores ung peu de pacience, et que au plustost qu'elle saroit se desarmer de son mary qu'elle viendra vers luy. (C.N.N., c.1456-1467, 268).

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N'avoir aucune patience que... "N'avoir pas de cesse que..." : Et, en aprouchant par ledit Benard à l'hostel dudit Bechereau, dès ce que ledit conte les vit, il n'eut aucune passience qu'il ne suyvist ledit Benard vigoureusement jusques ad ce qu'il eust attaint. En laquelle attainte luy donna plusieurs coups d'espée, et fut chassé jusques à laditte croix de Vauvert. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 179).

2.

Prendre patience de + inf. "S'efforcer, s'appliquer soigneusement à" : LA MERE. Mon filz Martin, mectz y ta confïence Et ne presume aulcune deffïence Contre celuy qui a fait les haulx cieulx ; De bien servir Mahon prens pascïence, Ou aultrement a toy n'est pas scïence, Car c'est le Dieu des haulx dieux precïeux. (LA VIGNE, S.M., 1496, 144).

V. aussi pacience
 

I. -

Adj. [D'une pers.]

A. -

PHILOS. "Qui subit qqc." : Et celui qui feroit injuste a soy meïsme, il feroit et souffreroit et seroit agent ou faisant et pacient tout ensemble en une chose ou resgart de soy meïsme. (ORESME, E.A., c.1370, 327).

B. -

"Qui subit sans se plaindre, qui fait preuve de patience" : Et si te respon sans demande Qu'il n'avoit tapis ne courtine N'autre chose qui encourtine Son lit, eins prenoit a l'ostel Ce qu'il trouvoit. Onques n'ot tel Ou munde, ne si patient ; De riens n'estoit impatient. (MACH., C. ami, 1357, 105). ...en ce siécle (...) N'avoit femme si paciente Ne de si grant benivolence. (Mir. Theod., 1357, 127). ...c'est la parolle du roy et de son conseil que vous venez excuser à Paris où là où il plaira au roy et à son conseil. Nous le tenons si doulz et si pacient, et avec ce que vous estes de son sang, qu'il orra voulentiers vostre escusance (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 14). ...Job, le pacient preudomme, Qui ot de grevance tel somme Qu'onques nulz homs plus n'en porta, Et paciemment la porta (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 281). Et pour ce est tresbelle et proffitable chose a tous josnes escuiers de servir sans desservir, de estre doulz, humbles et paciens, pour acquerir la grace de Dieu et puis de toutes gens, ainsin que dit le proverbe commun : Qui bien ne mal ne puet souffrir, a grant honneur ne puet venir. (LA SALE, J.S., 1456, 67). ...predist la mort de la royne Ysabel, femme du roi Charles VIe, qui mourut environ ce temps, laquelle eut de miserables fortunes et fut reputée partout très paciente. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 154 v°).

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"Calme, imperturbable" : ...en dix ans qu'il fut puis a l'ostel sans faire ses loingtains voyages, ne tint oncques maniere envers sa femme, en parolles ne aultrement, par quoy elle peust penser qu'il entendist rien de son fait, tant estoit vertueux et pacient. [Un marchand veut laisser croire à sa femme qu'il a oublié sa trahison] (C.N.N., c.1456-1467, 129).

II. -

Subst. masc. PHILOS. [P. oppos. à faisant ou agent] "Celui qui subit qqc." : Et toutesfois que ces choses sont telles, c'est a savoir la chose qui sent et la chose sensible ou qui est sentive, adonques est tousjours delectacion tant comme le faisant et le pascient sont telz. (ORESME, E.A., c.1370, 508).