A. -

"Science des règles du langage" : ...Diex, qui tout scet, nous soit tesmoing quel nombre il y a en Saint Eglise qui detienent et occupent lez dignités et l[e]z benefices, qui ne scevent pas leur grantmaire, ne congruement latin paller, et qui pis est, aucuns sont qui ne scevent pas bien lire en leur sautier (Songe verg. S., t.1, 1378, 98). "Il y a ung aumosnier", dist la chambriere, "en la nef francoise, qui par Ardant Desir ja pieca fu pris par election au Colliege de Champaigne et de Navarre, pour introduyre en grayre [mss B et C grammaire] un Jeune Blanc Cerf Volant..." (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 580). ...c'est assavoir que voz serviteurs, leurs parens et leurs nepveuz, de quelque estat qu'ilz soyent, et jusques aux petis officiers de la court, mais qu'ilz saichent un pou lire ou escripre, ou un pou de grammaire, on leur feroit grant injure s'ilz n'estoient pourmeuz, les ungs a prelacion, les autres aus grans dignitez et les autres a grans benefices. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 310). ...gramaire fait parler droit et congruement (EVR. CONTY, Eschez amour. mor. G.-T.R., c.1400, 103). ...gramaire est appellee la science de langue, car elle apprent a parler (LEGRAND, Archil. Sophie B., c.1400, 59). ...quant gramaire apprenons, Science de parler prenons (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 132). Et quant l'enfant vient a sa gramaire adonc le maistre doit commencier a user ung peu de plus subtiles paroles et sa doctrine selonc ce qu'il voit l'entendement de l'enfant abile a les concevoir (CHR. PIZ., Corps policie L., 1406-1407, 8). ...l'abbé avoit par renommee long temps avant congneu Primas estre homme vaillant en grammaire et en metrificature (PREMIERFAIT, Décaméron D., 1414, 89). APRÉS QUE CHARLES fut instruits en grammaire et aultres sciences morales et speculatives, tousjours continuoit en icelles et par ardant desir frequentoit les livres composés sur la foy crestienne pour estre protecteur des crestiens et deffensseur de l'Eglise, la quelle il visitoit au matin et ou vespre et la nuyt pluseurs fois et scelon les bonnes festes. (BAGNYON, Hist. Charlem. K., c.1465-1470, 18).

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Leçon de grammaire : Dont saint Gregoire reprinst ung evesque, non pas pour che qu'il les avoit aprins, mais pour che que contre l'office d'evesque, ou lieu de la lichon euvangelique, a son peuple il exposoit lechons de gramaire. (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 114).

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Escole de grammaire : ...maistres Guillaume et Olivier, desquelx il ne scet les surnoms, tenans les escolles de grantmaire à Laon (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 33). ...Jehan Sedile, maistre d'escole de gramaire (Doc. Poitou G., t.6, 1395, 191).

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Figure de grammaire. "Figure de rhétorique" : Sincopa (...) : sincope, une figure de gramaire (Aalma R., c.1380, 382). Zeuma (..) : une figure de gramaire, zeume. (Aalma R., c.1380, 454). Par les figures de grammaire Ne me pourray cy excuser, Se ma douleur me fait muser. Rien ne me vaudroit sistole, Paragoge, diastole, Ne brieve longue ou longue brieve (LE FÈVRE, Lament. Math. V.H., c.1380, 5). Il est assavoir (...), que il est dit selon saint Augustin que Jhesucrist fut au sepulcre trois jours et trois nuytz par sinodoche [var. que il i fu par sinodoche], qui est une figure de gramaire, si que le premier jour soit pris selon la derniere partie de soy, et le segond soit pris tout entier et le tiers soit pris selon la premiere partie de soy, et ainsi seront trois jours (BATALLIER, Lég. dorée D.-L., 1476, 393). [Var. ds VIGNAY, ms BNF fr. 241, a.1348]

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Regles de grammaire : Aucune fois li latin warde ses rigles de gramaire et ses congruiteiz et ordenances, en figures, en qualiteiz, en comparison, en persones, en nombres, en temps, en declinesons, en causes, en muef et en perfection, que on romans ne en francoiz on ne puet proprement wardeit (Psaut. lorr. A., 1365, 2). Et les puet on prendre par la rigle de grammaire qui se nomme antifrasis qui s'entant, si comme tu sces, si comme on diroit tel est mauvais, c'est a dire que il est bon, et aussi a l'opposite. (CHR. PIZ., Cité dames C., c.1404-1407, 624).

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En partic. [Comme l'un des sept arts libéraux] : La seconde science est gramaire, qui est science de ordonner icheulx noms imposés aux choses et de composer oroisons, c'est a dire assambler paroles en sens parfait. (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 76). Ainssi gramaire est la fondation de toutes sciences, laquelle au jour d'ui plusieurs delaissent comme vile et de nulle reputation, par quoy es autres peuent moult peu proufiter. (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 77). ...Et les set sciences aussi Qui sont nuit et jour en sousci Et ne cessent d'estudier Pour ma dignité publier En audience et en publique. Il y est gramaire, logique, Geometrie, arismetique, Et puis musique et retorique Et la soutive astronomie. (MACH., F. am., c.1361, 217). Si comme gramare ou logique et teles sciences appelees artz liberalz (ORESME, E.A.C., c.1370, 337). Car, si comme dit l'ystoire, par ce temps nulz n'osoit faire apprendre ses enfans nul des VIJ. ars qui sont apris par le noble art de rethorique, tant grammaire comme musique, phisique, philosophie, geometrie, theologie, ne les autres nobles sciences, s'ilz n'estoient nobles. Et pour lors estoient les sciences chier tenues et prisiees plus qu'elles ne sont ores. (ARRAS, c.1392-1393, 16). ...est le premier et principal ars GRAMAIRE, par lequel l'en vient et aprant tous les autres ars par les figures des letres de A, B, C, que les enfans aprannent premierement, et par lesquelz aprandre et sçavoir l'en peut venir a toute science, et monter de la plus petite letre jusques a la plus haulte. (DESCH., Art dictier R., 1392, 266). Et dois savoir que trois sciences apprennent a parler, c'est assavoir gramaire, logique, rethorique ; mais il y a difference, car gramaire aprent a parler congruemment, c'est assavoir a parler bon latin selon les rigles des gramairiens. (LEGRAND, Archil. Sophie B., c.1400, 84). Et les puet on prendre par la rigle de grammaire qui se nomme antifrasis qui s'entant, si comme tu sces, si comme on diroit tel est mauvais, c'est a dire que il est bon, et aussi a l'opposite. (CHR. PIZ., Cité dames C., c.1404-1407, 624). Mais chacune science a part avoit sa couleur d'ombres : si comme gramaire les verdes, dyaletique les morees, arimestique dyaprees, musique blanches, geometrie vermeilles, astrologie les asures, theologie dorees, philosophie cristallines, et ainsi des autres sciences liberaulx et deffendues. (CHR. PIZ., Avision R.D., 1405, 53). ...et ala ung jour ou deux à l'escole, et si n'avoit onques mais oy grammaire ne logique (FAUQ., II, 1421-1430, 244).

B. -

"(Livre de) sorcellerie" : LE PREMIER DYABLE. Os tu, dy, maistre Symon braire ? LE SECOND DYABLE. Je l'os bien lyre le grammaire. Alons a ly ; il nous appelle. (Mart. st Pierre st Paul R., c.1430-1440, 130). GUILLEMETTE. Aussy a il leu le grimaire Et aprins a clerc longue piece. (Path. D., c.1456-1469, 48). ...fille avoit esté de Regnaut de Corne, sage homme a merveille, qui en son temps avoit estudié a Toulette en l'art de gramaire et en geomancie. (Ev. Quen., I, c.1466-1474, 112).
 

"Enseigner la grammaire"

REM. Ex. Gloss. du ms Paris B.N. lat. 7679 : (Gramatizo : gramarer, ensaignier) ds GD IV, 332c.
 

A. -

"Celui qui s'occupe du bon usage de la langue" : Les fabulateurs sont les gramariens qui mettent leur entendement aux fables des poetes. (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 99). Didimus fut ung gramarien qui escript quatre mille livres, lequel eust esté tenu meschant s'il se fust emploié a lire si grant nombre de choses vaines. (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 104). De che dist aussi saint Jherome sur l'Epistre a Tite : «La doctrine des gramariens peult a la vie proufiter, quant elle est prinse et conduite es meilleurs usages». (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 108). ...car il puet advenir que aucun fera oeuvre de gramarien a cas d'aventure ou a l'example d'un autre, et n'est pas pour ce gramarien. (ORESME, E.A., c.1370, 155). Et pource dient les grammairiens que "sacerdos" est de commun genre, c'est a dire que il segnefie prestre et prestresse (SIM. HESDIN, Val. Max., 1375-1383, I.1.1, glose, f° 5a-b). ...maistre Nycole Gomaud, né du diocese de Reins, prestre, maistre en ars et bacheler en theologie, et bon gramarien, suffisant homme tant en meurs que en discipline de lettres et expert à instruction d'escoliers (BAYE, I, 1400-1410, 191). ...mais il y a difference, car gramaire aprent a parler congruemment, c'est assavoir a parler bon latin selon les rigles des gramairiens. (LEGRAND, Archil. Sophie B., c.1400, 84). ...car, s'il n'est bon gramairien, difficile est qu'il saiche bien faire ne orthografier lettres. (ODART MORCHESNE, Formulaire G.L., a.1427, 443). ...parquoy justement Dieu est provoqué a ire, voire se corroux se doit actribuer a Dieu. Et c'est une figure entre gramariens qui se nomme Anthropopatos. (MICHAULT, Doctr. temps prés. W., 1466, 123).

B. -

"Homme érudit" : Derechief, selon lez Grameriens, povreté puet estre honeste, mez mendycité est deshoneste car elle appartient a misere, donques, nul ne la doit amer, selon l'Escripture... (Songe verg. S., t.2, 1378, 240).
 

"Selon les règles de la grammaire" : Item, grammatico, -as : g. parler grammerieusement (LAGADEUC, Catholicon G., 1499, 100).
 

"Grammaire, belles-lettres" : J'apris un poy de gramatique Quant je souloie estre en enfance (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 305). Si comme en grasmatique, qui veult cognoistre la nature d'une oroyson, il considere de quelles et de quantes parties ou dictions elle est (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 46). Et l'oeuvre qui est de parolle (...) Ce sont : .III. sciences parfaites (...) Gramatique, Dyaletique Sont les .II. ; l'autre est Rethorique. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 125). Et est Rethorique conjoincte A l'art de Gramatique et jointe, Car, quant Gramaire apprenons, Science de parler prenons, Et Rethorique si apprent A prononcier ce qu'on comprent (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 132). Dire je vueil de gramatique : Pour droit escriprë et parler Sa doctrinë est autentique (GARIN, Compl., 1460, 76). Cicero, maistre en l'art de rethoricque, Priscïen, fleur de toute grammaticque, Platon divin, Aristote er Omere Vers toy n'ont riens touchant theoricque (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 478).
 

A. -

"Magie, livre de magie"

Rem. Ex. du XIVe s. (grymoire) ds TLF.

B. -

P. anal. "Chose inintelligible"

Rem. CHASTELL., ds GDC IX, 726b (grimoires). Mais cette attestation, qui vient de l'éd. Buchon, est plus que douteuse : leçon quérimonies "plaintes" ds le passage correspondant de CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 438.

V. aussi grammaire