"Courber"

Rem. Cf.  ; AND : acurber. Cf. aussi T-L : acorbir, et GD : acorbir.
 

"Fait de se courber" : Spasme est tirement et courbement de la langue a sa naissance, pour quoy son fait est empeiché. (PANIS, Guidon, 1478, tr.VI, doct.2, chap.2).
 

I. -

Empl. trans. "Pencher en l'abaissant (une partie du corps, le corps), rendre courbe, courber" : La porte par qui on entre en vie beneureuse est petite, estroicte et penible, et se fault bessier, humilier et courber ses membres en mesaise, et en angoisse. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 26). Vise quel honneur te fist nature en la formation de corps humain, dont la face est adrecee en hault, en signe que tu dois leans regenter et procede de celestiel naissance. Les bestes sont figureez les chiefz enclin et les membres courbés vers la terre, et l'omme va la corpulence droite et le visage levé aux cieux, ou l'ame tent par naturel appetit. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 92). Gibbosité est eslevacion ou eslievement des spondilles dehors [l. de dors] , de laquelle l'omme est courbé et est blessé au mouvement. (PANIS, Guidon, 1478, tr.VI, doct.2, chap.3).

Rem. Ex. d'a.fr., cf. TLF.

-

[Sous le poids d'un fardeau, cont. métaph.] : Ne je n'entens pas pourtant blasmer les proudes hommes seculiers qui de devotion parfaite ont donné a l'Eglise les possessions. Car ilz sont deschargés pour monter a Dieu en esperit plus legierement. Et le clergé en a prins si grant fetz sur ses espaullez, qui le courbe vers la terre et destourbe a regarder aux cieulx. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 178).

II. -

Empl. intrans. ou pronom. [Du corps, d'une partie du corps, d'une pers.] "Devenir courbe, se courber" : La mort le fait fremir [celui qui est en train de mourir], pallir, Le nez courber, les vaines tendre, Le col enffler, la chair moslir, Joinctes et nerfz croistre et estendre (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 43). Chacun se courbe sur ces royaulx pretoires (LA VIGNE, Compl. roy Bazoche M.R., 1501, 398).

III. -

Part. passé en empl. adj. Courbé

A. -

[D'une pers., d'un animal, d'une partie du corps] "Devenu courbe, courbé" : Car orendroit est tant ripeuse, Courbée [var. corbue], boçue et tripeuse, Desfigurée et contrefaite Que ce semble estre une contraite. (LE FÈVRE, Lament. Math. V.H., c.1380, 21). Apres ce, maistre Jehan, tu doiz adviser se le cheval a bonne encontre et bonne herpe et ouverte, qu'il ne soit courbé ne fuiselé (et s'il est durié, c'est bon signe) (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 18). ...les bras avoit longs et courbés et les piez tourtuz (BAGNYON, Hist. Charlem. K., c.1465-1470, 144).

B. -

[D'un obj.] "De forme arrondie, incurvée" : Se os ou areste sont fichees en la gorge, se ou sens sont veues, lors avec tenailles courbees ad ce propres, la langue comprimee, soit prinse et tiree hors et se elle ne peut estre tiree, soyt empreincte en bas avec vergetes de plomb ung pou courbeez (PANIS, Guidon, 1478, tr.VI, doct.2, chap.3).

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Fer courbé. V. courbe : Item leur fault avoir un autre engin, qu'on appelle loup, auquel a ung fer courbé, qui très fortes dens a et agües, qui soit assiz de telle manière sur le mur qu'il vienne engouller le tref du mouton et le tiendra si fort qu'il ne pourra tirer n'avant n'arrière (BUEIL, II, 1461-1466, 52). Item leur est besoing [d'] ung fer courbé comme une faucille, bien long, trenchant, atachié en lieu convenable, dont ilz trencheront les cordes qui servent à la nef. (BUEIL, II, 1461-1466, 58).

Rem. Lire courbe ?

V. aussi courver
 

MÉD. "Recourbement" : Et se il y avoit spasme et corbesse aux ungles et mezelerie, mundifie le corps et purge melancolie (GORDON, Prat., c.1450-1500, I, 27).
 

Empl. intrans. "S'incurver" : Aucuns toutevoies la jugeoient l'avoir longue [la queue de la comète] comme la ville d'Orléans, non droite mais fourchant et courboiant devers la partie de septentrion (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 116). [Seul ex.]
 

"État de ce qui est courbé, courbure"

Rem. Ex. d'afr. ds DFM, 743b (courbeure). Pas d'attestation ds la doc. du DMF.

V. aussi courvure
 

I. -

Empl. trans. "Rendre courbe, courber" : ...l''anel de fer est consommé par usure, aussi le soc ou coutre de charrue qui est courvé par acoustumanche entre en la terre (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 94).

II. -

Empl. intrans. ou pronom. "Se courber"

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Au fig. "Plier, dévier (du droit chemin)" : ...et toutesfoiz sa rectitude en riens tant soit pou ne se courve, c'est a dire, briefment, qu'il est tousdiz sy constans et sy ferme qu'il ne se depart point (...) des metes de raison. (EVR. CONTY, Eschez amour. mor. G.-T.R., c.1400, 737).

III. -

Part. passé en empl. adj. "Courbé" : ...corps courvez (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 253).

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[Dans un cont. métaph.] : Je suis fait mescheant, et je suis courvé jusques en la fin, et j'aloye toute jour contristé. (CHR. PIZ., Psaumes allég. R., 1409, 97).
 

"État de ce qui est courbé, courbure"

Rem. Ex. du XVe s. (Trad. de Bruno de Longoburgo) ds GDC IX, 223a (corveures).

V. aussi courver
 

"Qu'on peut courber" : Flexibilis (...) : flexissables, curvables, muables (Aalma R., c.1380, 147).
 

"Incurvation, courbure" : ...gibbosité ou curvacion (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 255).

REM. MONDEVILLE ds T-L II, 923 ; GORDON, Prat., c.1450-1500, IV, 5 (éd.1495), ds GD II, 407a.
 

MÉD. Curvature du bras. "Incurvation du bras, la saignée du bras" : ...mais depuis qu'elle vient du cueur ung ramel yst hors du troncz vers dextre et senestre et font la basilique en la curvature du bras (GORDON, Prat., c.1450-1500, IV, 9). ...une vene qui est en la curvature du bras on milieu qui se appelle purpurea ou la vene noyre eu la vene commune (PREVOST, Cir. Guill. Salicet, 1492, IV, 2).
 

"Redresser (ce qui est courbé)" : ...et ainsi il commença descourbir et redrecer tout son corps (PREMIERFAIT, Décaméron D., 1414, 115).
 

"Courbé"

REM. Flave Vegece, a.1500 (doibvent estre ordonnees les poinctes des liburnes non directes, comme en plain champ, mais encourbees et ployees a la semblance de la lune), ds GD III, 120b.
 

"Sinuosité d'un cours d'eau" : Et doit le fermier chemyner es dictes parroisses et curer les eaues, c'est assavoir de la fontaine du Rettour jusques au[x] demaines et gardins du prieur de Bohon, et le dit prieur entour ses demaines et gardins ; et auxi le dit fermier doit curer la recourbe et le Port à l'Ermitte jusques à Taute. (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R.B., 1398-1402, 121).
 

"État de ce qui est recourbé, au fig. de ce qui est sans droiture" : ...droit aler d'entencion en Dieu, sans nul recorbement (BATALLIER, Lég. dorée D.-L., 1476, 129). [Même leçon ds VIGNAY, ms. BNF fr. 241, a.1348]
 

A. -

"Donner une forme courbe, (se) recourber" : ...et de vilz palestreaux ilz cueuvrent leurs necessaires membres recourbez (PREMIERFAIT, Cas nobles hommes G., 1409, 85).

Rem. Ex. d'a. fr. et autre ex. de PREMIERFAIT (ms.) ds GDC X, 506a.

B. -

"Pourvoir de nouvelles pièces de bois courbes, de nouvelles jantes" (Éd.)

Rem. Doc. 1379. In : Y. Coutant, Terminol. du moulin médiév. dans le comté de Flandre, 1994, 848.