"Surcroît, comble"

Rem. Ex. de JEAN DAUDIN (et non Oresme), Remede Fort., a.1378 [ms. XV^es.] ds GD I, 65a (Art est aournement de honnesteté et l'accomblement de deshonnesteté) et (qui est tous jours grant accomblement de touz maulz).
 

"Abondamment" : Acomblement (Gloss., c.1400-1500. In : P. Nobel, Lexique 4, 1986, 165). [Seul ex.]
 

A. -

"Combler, remplir en abondance"

1.

Au propre : Aussy ont [les filz Aymon] celle tour illecques fortifiee, Et de l'avoir d'Ardanne enplie et aconblee. (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 214). Non seulement au plat pays s'espandoit ce cruel effondre, mais, es basses villes prochaines, et clochiers et moustiers et donjons et tourelles et maisons et courcelles en furent acouvettées et accomblées. (MOLINET, Rom. Rose moralisé, c.1500. In : Dupire, Gloss., 161).

2.

Au fig. Accombler qqc. de qqc.

a)

"Pourvoir en abondance de" : La sont li dent menu, plaisant, Blanc, net, joignant, bien arrengié, Qui ne sont pas de vers mangié, Ains sont de biauté acomblé. (ACART, Prise am. H., 1332, 30). ORIENT. Haulte majesté adoree, Vecy le senat assamblé. ZENON. Triumphe d'honner acomblé Vous doint la belle Polixenne. (MOLINET, Myst. st Quentin C., c.1482, 242).

b)

"Couronner, parachever" ; ici "accroître la valeur d'une action par l'accomplissement d'une autre action" : ...il [Thirasibulus] acombla de loenge aux dieux l'oeuvre et la destruction de tirannie. (LA SALE, Sale D., 1451, 101).

B. -

Accombler qqc. à qqn. "Accorder en abondance" : Lÿesse vous soit acomblee Et honneur tout vostre vivant ! (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 270).

C. -

"Rassembler, réunir" : Exaggero : acombler ou amonceler (Aalma bis P., c.1400, 74). Aggero : amoncheler, assambler, acombler (LE VER, Dict. M.E., c.1420-1440, 11). Vous les verriez assemblez, Hommes et femmes accomblez En grandes dissolucions, Quant il ont pris leurs porcions En leur ventre et gras morceaulx, Portent conjecture et les seaulx De Venuz, ou plusieurs s'enclouent Du dart d'amours, et s'englouent. (RIVIÈRE, Nef folz D., 1497, 372).
 

"Ce qui tient au-dessus des bords d’une mesure complètement remplie " : Item, des blez oudit terrouer de la baillee Monsour Collart de la Salle, receuz par sa main, seix sextiers, deiz bonesaux [l. bouesaux] de froment a la mesure ancianne des fromantages, sur quoy ledit Monsour Colart prant le sepme a terme de sa baillee, et en oultre dit que le sepme leve [l. levé] sur le tout le demourant doit estre comble par les bonessaux [l. bouessaux] et que apres doivent estre radez et le conblage rabatu, et sur ce que est rabatu du comble quill doit prandre les doux parz et monseignour le tirce, et que cest la saisine a luy et a ses predecessours de puis sexante anz (Actes Jean IV Bret. J., t.1, 1368, 161).

Rem. Attestation procurée par J.-P. Chauveau, que nous remercions.
 

"Riche à profusion" v. combler : En la bonne (...) cité de Jannes (...) demouroit ung gros marchant plain et comblé de biens et de richesses (C.N.N., c.1456-1467, 554). Ta grand richesse et tes comblés thesors sont bien vains (C.N.N., c.1456-1467, 555).

Rem. Peut-être est-ce l'adj. comble (de même sens), plutôt que le part. passé de combler.
 

"Action de combler, d'amonceler pour remplir (une cavité, un vide...)" : S'il y a eaue que vous puissiez oster, ostez là. Si vous ne la povez oster, on peult faire ponts de claies et butes de terre. S'il y a comblement à faire, le faire, affin que tout aille d'ung quant. (BUEIL, II, 1461-1466, 41). Sy (...) vous mandons que vous baillez et delivrez à voz despens gens et toutes autres choses necessaires pour ladicte demolicion de ladicte muraille et comblement desdiz fossez. (Lettres Louis XI, V., t.6, 1475-1478, 133).
 

"Amplement" : ...toute la grand triumphe qui en cest hostel souloit comblement abunder est par ce cas abatue (C.N.N., c.1456-1467, 32). [Seul ex.]
 

A. -

Au propre

1.

"Remplir complètement (un récipient), remplir jusque par-dessus bord" : Ung grant bachin fist aporter, D'eau de pluye le fist combler (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 98). Et par ce, il appert que se un vaiseau plat comme seroit un hanap estoit ou centre, il soustendroit plus d'eaue que se il estoit plus haut et seroit comblé. (ORESME, C.M., c.1377, 572). Nous avons pris le demourant Des vïandes cy assemblees, Mais douze mandes bien comblees Nous en avons ja rapporté. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 175). ...et de deux boysseaux, l'un de ladite farine emply puet une foiz estre caché avec les deux mains mises en croix, et derechief estre comblé (Vieux cout. Poitou F., c.1451-1454, 151).

-

"Remplir complètement, largement, à profusion (un lieu, un espace...)" : N'y voit on mendiens a plain, Car la place est de biens comblee (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 20). Nous sommes bien tard arrivéz, Car la cité est ja comblee De gens a si grant assemblee Qu'ilz ne se scevent estendre (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 63). ...ung chasteau comblé et garny de moult grans biens (LA VIGNE, V.N., p.1495, 282).

2.

"Remplir (un vide, une cavité...)" : Marcius Curcius ne saillit il pas en la tresparfonde ouverture de la terre qui advint ou marchié de Romme, dont la cité estoit en peril, si ne se povoit combler, selon le dit des aruspices, sinon que la plus digne et noble chose romaine y feust descendue ? (CHART., Q. inv., 1422, 53). Pour laquelle chose faire [assaillir la place], aprez que par certains moyens et subtilz engins aurez comblé les fossez, tant de bois que d'aultres choses, en manière que pourrez aller au pié du mur, vous menerez ung engin nommé mouton, qui est fait de merrien, en guise de maison couverte dessus (BUEIL, II, 1461-1466, 50).

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"Boucher" : Lequel [le Pape] fist taillier la chaussie de ladicte illette qui est dedens le lac, pour ingromans qui tant y alloient, et fist rompre le pas de la couronne du mont de la sibille, adfin que nul n'y peust monter, et combler l'entree (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 102).

B. -

Au fig.

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"Donner à profusion (à qqn)" : Après que le roy d'Angleterre Edouard a esté au dessus de tous ses affaires en son royaulme, et que de nostre royaulme avoit cinquante mil escuz l'an renduz à son chasteau de Londres et tant comblé de richesses que plus n'en povoit, soudainement est mort et comme par merencolie du mariage de nostre roy, qui règne à present, avec madame Marguerite, fille du duc d'Autriche. (COMM., II, 1489-1491, 231).

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[En mauvaise part] : Tremblez, riches mondains, tremblés, Car les biens mondains vous decepvent ; Tous maulx sont ja sur nous combléz. Cest la fin que les larrons deservent. (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 405).

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Part. passé en empl. adj. [D'une pers.] Comblé de. "Qui reçoit à profusion" : Recognois au moins que tu, ta femme et tes enfans, mengiez vostre pain en sceurté chascun jour, chascun sur son lieu et soubz la seigneurie, comblé de tous biens, sans perte et sans dangier (CHART., Q. inv., 1422, 26). Visés vous, Françoys, et ramentevez a vous mesmez comme vous avez vescu puis le trespas du roy Charles quint de ce nom, qui vous laissa le royaulme comblé de biens, eureux de paix, et seur d'ennemis. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 65). En la bonne, puissant et bien peuplée cité de Jannes, puis certain temps en ça, demouroit ung gros marchant plain et comblé de biens et de richesses (C.N.N., c.1456-1467, 554).

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"Plein de" : La joye avoir me fais, haulte deesse, A qui pecheurs doivent tous recourir, Comblés de foy, sans faincte ne parresse : En ceste foy je vueil vivre et mourir. (VILLON, Test. M., 1461-1462, 80).

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Empl. abs. "Riche à profusion" : Ame est si noble chose, qui tres bien la remire, Que cinc cens mile mondes, tous comblés tire a tire, Ne quan c'on puet penser ne souhedier ne dire, Fors que Dieu seulement, ne li pueent souffire. (Best. lap. Rosarius S., c.1330, 155). Je voy les meschans et les reprouchables personnes comblés et abondans, lez preudes et honnestes hommes mendians et diseteux ; et casteté longuement gardee en honneur contrainte a vilain meschief par necessité et par oultrage. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 48).

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P. méton. [des biens] : Ta grand richesse et tes comblés thesors sont bien vains (C.N.N., c.1456-1467, 555).
 

"Fait de cumuler (des honneurs, des richesses...)" : ...quant il desire a plaire aus grans qui le peuvent eslever, et aquiert ceste plaisance par adulation, par cimulation [var. cumulation], par donner follement et despendre outrageusement (HENRI FERR., Modus et Ratio, Songe pest. T., c.1354-1377, 144).

REM. Expos. de la reigle M.S. Ben. (éd. 1486) ds GDC IX, 265c-266a (cumulation de grace).
 

"Accumuler" : On dit qu'il fault dissimuler Et que saige est qui dissimule ; Et qui veult avoir cumuler En dissimulant l'acumule ; Et pour ce vueil porter la mule Si qu'om ne me tiengne pour chievre ; Chascun est moqué qui recule (DESCH., Oeuvres Q., t.5, c.1370-1407, 38). O minieres d'or et d'argent, Mal fustes onques descouvertes (...), Or, argent sont cause de mal. Qui tousjours vous va cumulant, Vous estes aux mauvais offertes Qui en font le peuple indigent (DESCH., Oeuvres R., t.8, c.1370-1407, 88). IIz sont aucuns qui cuident qu'ilz pourront richesses cumuler aux services des princes, mais ceulz cy vendent leurs libertéz pour achapter richesses (PICCOLOMINI, De curialium miseriis epistola L., c.1458-1477, 89).

REM. Ex. de BERS. (Mais avec ce celles [loenges] qu'il avoit cumulé et conquis par nouvelle vertu) ds GDC IX, 266a.
 

"Ôter ce qui encombre" : Descombler - decumulo (Gloss. gallico-lat. M.M., c.1425-1450, 204).

REM. Ex. de FROISS. (éd. Buchon) ds GD II, 560a.
 

"Combler" : Pere, nous devons bien plorer Et de plours noz cuer encombler Quant on te fait souffrir a tort En l'arbre de celle croix mort, Et véons bien que dois morir. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 186).

Rem. Ex. d'a.fr. ds GD III, 110b.
 

"Combler la mesure"

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Part. passé en empl. adj. "Parfait" : Car l'empereur Octe, allié et aidé du compte de Champaigne, et le roy d'Engleterre, conforté dez contes de la Marche et de Bretaigne, leur coururent sus par deux costés du royaulme, en une mesme saysson, a si grans ostz et efforcees, comme pour tout aggraventer a ung coup ; et eulx, a pou de gens espartiz en deulx lieux, desconfirent les deux a une foys, et a grant crainte gaignerent louenge et la force sur leurs orgueilleux menaceurs. Maiz ce fut par une si haulte grace espartie en deulx lieux, que l'exploit du pere contre l'empereur, et du filz contre lez Engloys, semblerent une mesme recomblee victoire. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 147).