"Traiter en cornard"

A. -

"Circonvenir, endormir, tromper" : Aucunes en y avoit d'elles Qui savoient tours et cautelles Et faindre si trés proprement Qu'il cuidoient certainnement Meinte fois qu'elles les amassent La ou penser ne le deingnassent, N'il ne pouoient de parler Tant savoir, ne de bas voler, Qu'il ne fussent d'elles rusé, Acornardi et amusé (MACH., D. Lyon, 1342, 215).

B. -

"Bafouer, ridiculiser" : ...elle tant affolla et accornardi son mari (,) que lui present et voiant elle se soulaça avec son serviteur Pirrhus en ung jardin soubz ung perier et fist cuider a son mari que la chose qu'il avoit veue n'estoit pas veritable (PREMIERFAIT, Décaméron D., 1414, 832).
 

A. -

"Appeler en sonnant du cor" : "...Si vous pri et requier (...) Que me fachiés morir (...) Si con faisons morir .J. gentilhomme franc Quant il a desservit, si que font li auquant." "Et comment moerent il ?" dist Corsabrins a tant. "Sire, on leur baille .J. cor, ains qu'il voisent moerant, La cornent .IIIJ. fois ou .V. en un tenant. Li cornemens qu'il font, ch'est en senefiant Qu'il acornent les angeles du Trosne reluisant Qu'il vienent querre l'ame, s'on moert en repentant..." (Bât. Bouillon C., c.1350, 203). LUCIFER. Je te promest, si seras tu, Si bien que ne t'en riras mye. Je vois acorner ma maignye D'enffer pour s'en aller o toy. Adont Lucifer corne et puis dit haultement : Hau, mes sergens, venez à moy ! Ou estes vous, dyables cornus ? (Pac. Job M., c.1448-1478, 323).

Rem. Ce sens n'a pas été répertorié par FEW où il pourrait figurer p. 1194a.

B. -

"Ridiculiser, humilier" : Acort aiez a ton ami Et grant descort à l'anemy. Marie a luy nul acort n'a, Mes adonques bien l'acorna [Satan] Quant Theophile, le chetif las, Par force mit hors de ses las. Marie a tous jors la victoire ; Il en enfer est, lui en gloire. (Propr. choses Rosarius Z.S., c.1330, 92). Adonques lierent sus le lieurre les deus cuisses d'un heron et li baillierent, et il commenche a mengier et a tirer a ses deus cuisses ; adonques commenchierent a huer comme ce ce fut a un faucon. "Comment ?" dist chelui qui avoit esté feru du cor, "onques cornart ne fu si acorné comme je suy. Il mengue sus mon lieurre, je veul boire a lui a son cor." (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 233).

Rem. Dans les deux cas, il s'ajoute vraisemblablement un jeu sur les mots : les diables portent des cornes ; le cornard est lui aussi muni de cornes symboliques ; dans le second ex., Godefroy voit un jeu sur cor et corne, le fauconnier ayant été frappé à la tête d'un cor de chasse par un veneur. Cet ex. a été mentionné par FEW II-2, 1192b (accorné "qui a des cornes"), mais semblerait tout de même mieux à sa place, de même que l'ex. précédent, p. 1201b après escorner "humilier, déshonorer, tourner en ridicule".
 

"Faire boire (un enfant) au moyen d'une cornette" : ...si fault que je paine mette D'avoir lait, et une cornette Dont je vous acornetteray, Biau filz (Mir. Theod., 1357, 108). [Seul ex.]

REM. FEW définit cornete par "biberon" et T-L par "Schnabeltasse". Il s'agit prob. d'une corne évidée employée en guise de biberon, comme celle qui est représentée sur une enluminure du XIV^e s. reproduite dans l'ouvrage de P. Riché, D. Alexandre-Bidon, L'Enfance au Moy. Âge, 1994, 76.
 

I. -

Empl. trans.

A. -

"Mettre fin à, arranger" : Le duc, pour ce temps-cy, se tenoit à Hesdin et estoit sur la fin d'esté que droit-là estoit venu à intention d'aller visiter ses villes sur Somme, ensamble et d'accouronner les questions et débas qui estoient entre ceux de Calais et luy (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 337).

B. -

"Parfaire, mener à la perfection" : ...voiant son aveuglement, au plus estroit point de sa folie, [fortune] lui monstra son aveuglance, car à l'heure que plus cuidoit son règne estable et enforcié, le mist en éversion soudaine et toute confuse, dont ce fut dammage certes, quant homme de telle réputation ne prist l'honneur et le bon bout devers luy, comme d'avoir entendu à accouronner sa prudence par vraie lumière de raison, et d'avoir jugé son cas quel il estoit et comment il estoit subject à fortune comme tous autres et dont il avoit la preuve aux yeux. (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 331).

C. -

"Accomplir" : ADON a l'empereur. Aigle volant au cercle d'or, Septre de vertu flouronné (...). Dagobert, le roy couronné En France, terre utile et grasse, Ou maint fait est acoronné, Se recommande en vostre grace (MOLINET, Myst. st Quentin C., c.1482, 371).

II. -

Estre acoroné de qqc. "Venir à bout de, être débarrassé de" : MAIGRET. Tu és d'honneur avironné. Precieux martir coroné. GROSSET. Par toy je soye acoronné Du mal que j'endure toudis. (MOLINET, Myst. st Quentin C., c.1482, 338).

REM. Picardie, Wallonie.
 

De clincorgne. "De travers" : (Et) de travers et de clicorne Me regardoit, qu'estoit borgne. (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. S., c.1330-1331, 360).

REM. Croisement avec clinare (FEW, n.40).
 

I. -

[Corne (d'un animal) ; utilisée pour faire un cor ; cor]

A. -

"Corne (d'un animal)" : Si se mua en un fier tor. Herculès par le destre cor Le prist et si fort le hacha Qu'il li rompi et arracha, Dont Atheleüs desconfis Fu et son cor [var. corps] pris et confis. (MACH., C. ami, 1357, 96).

-

"Andouiller" : Et le premier cor qui est emprés les mules s'apelle antoillier (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 61). Et tout cor de cerf se puet conter, puis que on y puet pendre un esperon, et autrement non (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 156).

Rem. HENRI FERR., Modus et Ratio T., c.1354-1377, gloss.

B. -

"Défense d'éléphant dont on se sert comme un cor" : Gieffroy (...) s'arma, et puis ceint l'espee où il se fioit moult, et puis laca le bon bacinet, et monta a cheval, et demanda l'escu, puis le pent au col, puis prent une mace d'acier et la pent a l'arcon, et pent un cor d'yvire a son col, et demande la lance. (ARRAS, c.1392-1393, 245). Un cor d'olephant fait sonner Si hault que tout fist ressonner. (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 101).

C. -

"Instrument d'appel, en forme de corne évidée, cor" : ...Et sonner ces grans trompes et ces corps greslïer (Flor. Octav. L., t.1, c.1356, 71). ...ung cor noir, garny aux deux bouts d'argent, aux armes de France, et en est la soyée semée de S S d'argent, dorées. (Invent. mobilier Ch. V, L., 1379-1391, 224). Et doit avoir le veneur gros houziaux et de fort cuir contre les espines, ronces et boys, et doit estre vestu de vert en esté pour le cerf et en yver de gris pour le sangler, le corn au coul, l'espee ceinte au costé et le coutel pour deffere de l'autre part (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 193). Seigneurs, je vous commant a Dieu, Et se l'on vous vient demander Qu'est devenu le franc archier, Dictes qu'il n'est pas mort encor, Et qu'il emporte dague et cor, Et reviendra par cy de brief. (Fr. arch. B., c.1468-1480, 46). Mais ilz ont beau souffler dedens leurs cors, Plaindre et plourer, ou leur vie mauldire ; riens n'en fera. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 315).

-

Sonner (le) cor : Adonc a fait sonner maint cort et maint tabour (Flor. Octav. L., t.1, c.1356, 102). Sonnent cor(p)s et bussines (Flor. Octav. L., t.1, c.1356, 328). Avant, signeurs ! se bien ferons, Certes nous les desconfirons ; Il sont lassés et ne sont gaires, Sonnez cors, trompes et naquaires, Afin que chascuns se ralie. (MACH., P. Alex., p.1369, 166). Qui lors veist monter sur les chasteaulx des mas gens, lances et dardes es poings, et paviser nefs et galees, et atteller canons et arbalestres et sonner trompes et cors sarrazinois, et partir ces galees a force de gens et d'avirons ; c'estoit grant beauté à veoir. (ARRAS, c.1392-1393, 89). Beaux seigneurs, actendez moy au fons de ceste valee. Et, se Dieu me donne victoire au jayant, je sonneray ce cor. Lors que vous l'orrez, vous vendrez tantost a moy. (ARRAS, c.1392-1393, 245). Alors fut la battaille concluse, firent sonner les cors, que chascun se meist en armes pour combattre (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 44).

-

Cor sarrasinois. "Cor à courbe très ouverte" : ...Cymbales, citoles, naquaires (...) Cors sarrasinois et doussainnes, Tabours, flaüstes traverseinnes (MACH., P. Alex., p.1369, 36). Li jours vint, la gaite s'escrie Dedens un cor sarrasinois : "Seigneurs, li Alexandrinois Sont tuit mis à desconfiture ; Armez vous tuit grant aleure, Et ociez le remenant, Qui sont en la ville manant." (MACH., P. Alex., p.1369, 97).

Rem. Percef. I, R., c.1450 [c.1340], gloss.

-

Cor de chasse : Nous nous rendrons entre nous à cheval, au petit bois qui est au dessus de la Bafferrière, et aurons bonnes escoutes ; et, aussitost que nous orrons voz enseignes, nous picquerons bien et serons tost à vous ; et ne vous en soulciez. Les enseignes sont, ce me semble, que vous devez faire corner d'ung cor de chasse trois foys aussitost que noz gens auront gaignée la porte. (BUEIL, II, 1461-1466, 126).

-

À cor et à cri. "À son de cor et par cri" : Il m'an vaut meulx d'icy aler, Chascun vient a cort et a cry. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 184).

.

"De toutes les manières, avec insistance" : Ainsi le Povre Peuple estoit En ce temps la que ce descript Soubstenu a cor et a cry. (Pouvre peuple H., c.1450-1492, 200). Mais Florentins d'envïeuse maniere, Taschant tousjours d'augmenter leur caterve, A cor et cry par dessoubz leur baniere La veullent rendre trop tributaire et serve. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 203).

-

Appeler à cor crié. "Appeler à son de trompe par le crieur public" : Le diemoinge (...) fuit li commune appellee a cor criey ou vergier de Saint Benigne. (Echevin. Dijon L., 1341, 4).

-

Chasser à cor et à cri. "Chasser en cornant et en criant" : Et auxi peut cachier ou fere cachier à ses gens à toutes bestez à pié cloz à cor et à cry par toute la dicte forest. (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R.B., 1398-1402, 127). Et peut chachier en la dicte forest à beste à pié cloz à cry et à cor. (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R.B., 1398-1402, 147).

II. -

"Corne (substance)" : ...unes tables à pourtraire, dont les aiz sont de cor, à croissans d'or, et y a ung estuy ouvré de cuir fauve, pendant à ung laz et deux petiz boutons de perles ; et dedens iceluy estuy, a ung petit greffe d'or tors. (Invent. mobilier Ch. V, L., 1379-1391, 98). ...deux chandeliers d'argent, dont les pommeaux sont de cristal, et les piez et platines, de gest ou de cor. (Invent. mobilier Ch. V, L., 1379-1391, 257).

Rem. Interprétation incertaine : il se pourrait qu'il s'agisse de tout autre chose, du coeur de chesne (durci et noirci par une longue immersion dans l'eau), cf. GAY, s.v. cor, coral, aussi GD II, 297b, coral³, et DU CANGE II, 558a, cor² et 559b, corallus.

III. -

MÉD. "Cor au pied" : Ad cornu, c'est cor qui vient es piez (PANIS, Guidon, 1478, tr.VI, doct.1, chap.7).

V. aussi corne1
 

A. -

[Dans l'espace]

1.

"Coin, angle ; bout, extrémité" : Mais elle ne s'aresta point A nuls des cors ne a l'entree (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 94). ...tout ainsi que li dessus dis hiretages siet, s'estend et se comprend, wis et hébreghiez devant et derierre les quatre cors et le molon, et tout quanques il y tient à clau, à queville, à chime et à rachine, pour ent ghoir et possesser par no dessus dit redoubté signeur et les ayans cause de luy (Hist. Lille T., t.2, 1383, 430). Ken en Normendie (...) est (...) aournee de belles eglises et par especial de deus nobles abbeies durement belles et riches, seans l'une a l'un des cors de la ville et l'autre a l'autre. (...) D'autre part, a l'un des cors de la ville, sciet li chastiaus, qui est uns des biaus castiaus et des fors de Normendie. (FROISS., Chron. D., p.1400, 688). Mais en tout y a boutz et cors (TAILLEV., Passe temps D., c.1440, 156). ..et aux cors des deux chainnes avoit deux dragons attachiés (Percef. Compl. R., c.1450 [c.1340], 587).

-

À cor/au cor. "Au bout"

Rem. FROISS., Méliad. L., 1373-1388, gloss.

-

De chef en cor./De cor en cor. "Entièrement" : Et quant j'arive En cel endroit, je m'i repose Et di, entroes que g'i fai pose, Se j'avoie tous mes escrips, Nouvellement et viés escrips, Quis et cerchiet de cief en cor, Et plus que je n'en ai encor (FROISS., Pris. am. F., 1372-1373, 83). Si vous pri, chiers amis, anchois qu'il soit noient veüs ne escandelisiés, que vous le voelliés lire de cief en cor (FROISS., Pris. am. F., 1372-1373, 149). ...nostre signourie d'Aquitainne, ensi comme elle s'estent de cief en cor (FROISS., Chron. L., VII, c.1375-1400, 210). Cilz rois dan Piètres estoit (...) hays de ses hommes par tout le royaume de Castille, de chief en cor, pour les grandes et mervilleuses justices qu'il avoit faites. (FROISS., Chron. L., VI, c.1375-1400, 192). Lors Desir comme diligent Fist faire ung champ de cor en cor Pavé de fins tappis d'argent (TAILLEV., Deb. cuer ueil D., c.1444, 209).

Rem. Flor. Octav. L., t.1, c.1356, 8200 var. ; FROISS., Méliad. L., 1373-1388, gloss. ; FROISS., Chron. [Amiens] D., t.1, c.1375-1400, 313/28 ; Jourd. Blaye alex. M., a.1455, gloss.

2.

En partic.

a)

"Aile, partie latérale (d'une armée)" : Si furent ceux ci assis en destre corn de la bataille et li autre en senestre. (BERS., I, 9, c.1354-1359, 40.3, 73). Si se tint il mesmez en destre corn et ou senestre establi il le mestre des chevauchiurs (BERS., I, 9, c.1354-1359, 40.7, 73). Si ordenerent leur batalle en tele guise que Quincius tint le dextre cor [trad. lat. cornu], Agripa le senestre et a Sp. Postumius Aliius, qui estoyt uns des legaz, fut ballee la bataille du mileu pour gouverner (BERS., III.70, c.1354-1359, ms. Paris, B.N.F., nouv. acq. fr. 27401, f° 247a). Si fut donquez aynci que toute le senestre corn [trad. lat. cornu] fut desconfit et s'enclina a fuyte (BERS., XXXVII.42, c.1354-1359, ms. Paris, B.N.F., nouv. acq. fr. 27401, f° 94c). Ainsi en eulx dissimulant et boutant hors de la presse, ilz s'en vindrent sus ung corn de la bataille et fissent une elle. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 70).

b)

DRAP. "Coin, angle (d'un drap)" : ...tout drap et couvretures qui, par leur jugement, seront jugiet a copper, li siergans dou banket devera presentement oster les boules et les plommés. Et apries, ains qu'il les renge, il devera les dras coper en 3 et oster une des lisieres de cor a autre (Drap. Valenc. E., 1344, 294).

Rem. Cf. G. de Poerck, La Drap. médiév. en Flandre et en Artois, t.1, 1951, 88 et t.2, 1951, 43.

B. -

[Dans le temps] "Bout" : Et ce vous poroit grandement couster de vos honmes, et vous en avés bien a faire, avant que vous soiiés au cor de vostre voiage (FROISS., Chron. D., p.1400, 694).

C. -

Au fig. [Idée d'aboutissement, de finalité]

-

Avoir cor de. "Aboutir à" : Se du vëoir veulx avoir cor, Puis t'appareilles de jouster. (Percef. VI, R., c.1450 [c.1340], 198).

-

À quel cor. "À quelle fin" : Si est bon que nous attendons pour veoir a quel cor [var. fin] ceste election vouldra tourner (Percef. VI, R., c.1450 [c.1340], 368).

V. aussi corne2
 

[Instrument de musique, littér. cor à doigts ?] : A Pierre Duneufgermain et à ses compaignons, menestreulx, pour leur paine et desserte d'avoir jué de leurs trompes et coradoiz, au devant du corps de Nostre Seigneur Jhesu Christ et de fiertre Monsieur Saint-Fremin... (Doc. XVe s. In : H. Dusevel, Mémoires lus à la Sorbonne dans les séances extraordinaires du Comité impérial des travaux historiques et des sociétés savantes, 1865, 266).

Rem. Doc. 1461 (Amiens) ds GD II, 296a-b.
 

"Encrier en corne (dont l'ouverture est fermée par un bouchon) ; l'ouverture de cet encrier" : Que nul ne puisse faire cores de quoy le coret n'ait bouche roonde, ou que se elle n'estoit roonde, que le couvelsque cueuvre toute la bouche du coret (Ordonn. rois Fr. S., t.8, 1399, 358). ["Règlement pour le métier des Cornets", GD II, 302b]
 

"Fabrication des corets" : ...pluseurs fraudes et mauvaiz ouvraiges se faisoient et ont esté faiz ou temps passé ou mestier de Correterie à Rouen (Ordonn. rois Fr. S., t.8, 1399, 358). ["Règlement pour le métier des Cornets", GD II, 302b]
 

REDEV. "Droit sur les bêtes à cornes" : Des cornaiges des bestes trahans illuec (...) ou chapitre de recepte de froment (Comté Champ. Brie L., t.3, 1340-1341, 345). [aussi p.331] Item, pour les cornages de Silvenrouvre qui se payent à la sainct Remy... (Comté Champ. Brie L., t.2, 1368, 554).

REM. Ex. d'a.fr. ds GD II, 304b. Cf. DU CANGE II, 567, s.v. cornagium ; Fr. Ragueau, E. de Laurière, Gloss. du dr. fr., 1969 [1704], 147b-148a. Peut-être faut-il lire cohuaiges dans l'ex. suiv. : ...en tant qui touche l'estaillages ou cornaiges de nos hommes de la Chapelle d'Antenaise, que nous disions estre francs à Laval et nostre dit cousin dict au contraire, lesdits hommes payeront ledict estalaige comme les autres et n'en seront point quictes de coustume en faisant despry. (Cartul. Laval B., t.2, 1401, 372).
 

"Sonnerie du cor" : ...Chascune [des ancelles de Fortune] entour son coll pendant Porte un grant corn, dont ton message Par les paiis s'en vont cornant. Mais entrechange nepourquant Sovent faisont de leur cornage, Car Renomé, q'ier vassellage Cornoit, huy change son langage, Et d'autre corn s'en vait sufflant, Q'est de misere et de hontage (GOWER, Miroir homme M., c.1376-1379, 248). La science de tout cornage, De chasse sares et l'usage. (FONTAINE-GUÉRIN, Trés. vén. M., 1394, 12).
 

"Coin, angle" : Plus ne se voisent deduisant Les ostruciers, ne tabourant, Maiz en cités et en chasteaux, Ou souvent sont juez et reveaux [var. lieux et corneaulx], Voisent mener les espousees. (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 123). [L'association avec lieux peut donner à penser que ce n'est pas une var. de revel] Et, au IIIJ cornal, estoient fischié IIIJ banières armoiée des armes d'aucun des paiix du duc, et, sus l'ung des cornal, devant, à la partie de l'autel, le healme ; à l'autre cornal, l'escu ; et, tout devant, l'estandaire ; et sa principalle banière, de costé. (AUBRION, Journal L., 1473, 68).

REM. Sur cornale "coiffure à cornes", cf. Beaulieu-Baylé, Le costume en Bourgogne, 1956, p.143.
 

"Pierre fine demi-transparente, de couleur rouge" : Ung signet où il a une corneline, en laquelle a ung lyon qui mengut une autre beste, assiz sur une verge d'or néellée à lettres, et a deux estoilles aux deux costez, à jour. (Invent. mobilier Ch. V, L., 1379-1391, 105). ...une petite corneline emmanchée d'or. (Comptes Lille L., t.2, a.1467, 117). À Pierre Adan, pour une croix de cornailline que le roy porte en ses patenostres, deux escus ; pour ce, V fo. À ung ortelan de Naples, lequel s'en va sur les galléasses, six escus, pour rapporter par deça des cavemelles de Vallence ; pour ce, XV fo. (Roi René vie L., 1476, 373). ...unes patenostres de cornaline, une pierre d'yrondelle, quatre petitz demy ceincts, une plume d'austrusse, sept peignes d'ivoire, troys cordes de patenostres de cornalines (Comptes roi René A., t.2, 1478, 353). Gros dÿamans, turquoises, cornalines, Perles de pris (LA VIGNE, V.N., p.1495, 167).

-

En appos. : Ung petit signet d'or où a une pierre corneline où dedens est taillé une teste d'omme qui a une corne sur l'oreille. (Invent. mobilier Ch. V, L., 1379-1391, 87). ...une pierre corneline (Comptes Lille L., t.3, 1408, 231).
 

MÉD. "Corne (de la matrice)" : La matrice s'encline aulcunes fois vers l'un des cournans et l'appelle on precipitation ; aulcuneffois elle descent vers les parties basses et l'appellon casus et ainsi la matrice a .III. maladies, c'est assavoir suffocacion, dequoy nous avons dit, et precipitation, et casus de quoy nous voulons parler (GORDON, Prat., c.1450-1500, VII, 13).
 

I. -

Adj. [D'un clou] "En corne, cornu, recourbé" : ...il s'en ala a une arche (...) et, avecques un clou cornart, prinst et embla dix et sept escuz d'or (Doc. 1395. In : P. Rézeau, R. Ling. rom. 78, 2014, 412). [Archives hist. de la Saintonge et de l'Aunis]

II. -

"(Celui) qui est niais, sot, imbécile" : Aussi te vueil je supplier, Les deffaus vueilles supplier ; Car je say po et petit vail, Si n'est merveille, se je fail. Mais uns cornars [var. couars] a teste fole Dit bien une bonne parole. (MACH., C. ami, 1357, 140). LE ROY DE ARABIZ. Aussi pour nient nous serions mis A estre jusques ci venuz Et pour couars [l. cornars] failliz tenuz, Puis qu'empris avons cest affaire, Se nous en ralions sanz riens faire Et sanz combatre [cornars est la leçon du ms., comme le signale R. Glutz]. (Mir. fille roy, c.1379, 71). He ! sire, je vueil qu'on me tonde Se vous n'estes un fol cornart, Qui par ce cuidiez avoir part En honneur plus que je n'aray. (Gris., 1395, 46). Tei te, senglant, merdous garçon, vilain mastin, meschant paillart, cornart qui tu es, ou tu en auras des horions, que tu les sentiras de cy à quatre jours. (Man. lang. G., 1396, 85). Par mon ame, il est bien cornart Et aveugle : c'est son ymaige Qui au dessus de l'ewe naige ! (Narcissus, p.1426, 309). Damoiselle, ce dist Gerart, pas ne dittes ainsy. Je ne vous escondis ne ottroye. D'aultre part vous savés que pour parjur seroye tenus se mon maryage faussoye. Et sy vous dy que pour fol et cornart seroye tenu se en sy hault lieu je pensoye. Chascun porroit dire que seroye fol et oultrecuidyé (Gérard de Nevers L., c.1451-1464, 70). Sire de Saintré, nous voulons et vous commandons que sur peine d'encheoir en nostre indignacion, incontinant tous deux vous desarmez, et se ne le faites, comme fol et cornart nous vous ferons du corps et de la vie couroucier et pugnir. (LA SALE, J.S., 1456, 295). En disant : "Hé ! cornard puant, Dieu vous [mette] en mal an ! ..." (Path. D., c.1456-1469, 150). Quant le duc Baudouyn les vit, il les fit tous prendre et lier les jambes soubz le ventre des chevaulx et dist qu'il les feroit à tous trencher les testes. Aussi fit prendre le cadet cosnart du Jouvencel, qui les conduisoit (BUEIL, II, 1461-1466, 132). Ha seurement g'iroye marchant Parmy les rues de Paris, Faisant monsieur du gros bis, Fouré de robes de regnars, Comme font ung tas de cornars Qui n'ont vaillant ung seul denier, Ilz la doybvent au peletier, Mais cela ce n'est que du moins. (S. fol, c.1480-1490, 7). Cuidés vous qu'entre nous conars Qui ne sommes point papelartz (C. Riffl., c.1480-1520, 58). Je ne fais pas conart ne lourt Pour ce que mon curé est sourd (C. Riffl., c.1480-1520, 59). Qu'est celly qui se porroit taire De respondre a tel cornart (OUDIN, St Genis M.S., c.1490, 80). Venez avant, coquineaux, babillars, Cornars, coquars (LA VIGNE, S.M., 1496, 350). SECOND GENTIL. A les servir je suis propice Ainsi que haulx dieux immortelz ; Celuy est bien cornart et nyce Qui pence qu'il en soit de telz. (LA VIGNE, S.M., 1496, 433).

-

[D'une activité, d'une attitude...] : ...les folz et cornars labours des hommes (FOUL., Policrat. B., III, 1372, 223). L'outrecuidance avez heu tant cornarde Que j'ay grant peur se le roy veult qu'on ne arde Vostre cité (LA VIGNE, Attollite portas B., 1507, 166).

III. -

"Noeud du ruban sur le chapeau" : AFFRICQUEE. Vous le nettoyez, La laine contre mon cornart. (P. Jouh. D.R., a.1488, 20).

Rem. Éd. : Cornart dont nous n'avons pas d'autres exemples pourraît être le bout de l'écharpe du chaperon, prenant naissance vers le bord de la coiffe, et faisant saillie supérieure comme un noeud de ruban, avant de passer autour du turban pour descendre en écharpe sur la poitrine. Cette écharpe devient alors la cornette dont les dimensions ont été parfois excessives et qui, en tout cas, devait être faite de tissu léger et vaporeux, tandis que le drap de la robe de Jouhan ne peut que l'aplatir, la défraîchir, la friper.

IV. -

"Sonneur de cor" : La vy sonner cornardes et cornards Si bien cornans que tout je m'en merveille (SAINT-GELAIS, Séj. honn. D., c.1490-1495, 216).
 

"Sonneuse de cor" : La vy sonner cornardes et cornards Si bien cornans que tout je m'en merveille (SAINT-GELAIS, Séj. honn. D., c.1490-1495, 216).
 

"Sot, imbécile" : Lot, Lot, jamais en cornerie Je ne vy ung tel cornardeau ! (Bataille st Pens. A., a.1485, 47).

REM. Sur le sens de "mari trompé", cf. H. Lewicka, La Dér., 1960, 318.
 

"Sottement" : "Ma chiere dame", dist le pelerin, "je ne l'oseroie dire, se vous ne le m'aviés commandé." "Dites", dist la roine, "ce que vous avés en pense." Donques dist le pelerin moult couardement [var. cornardement] : ... (HENRI FERR., Modus et Ratio, Songe pest. T., c.1354-1377, 136).
 

"Sottise, bêtise" : Car Guillaume, quoy que nuls die, Je le tien a grant cornardie, Si m'en pense po a debatre. (MACH., J. R. Nav., 1349, 240). Einsi fist li rois Daire escrire Par son roiaume et son empire, Qu'au Dieu Daniel oubeïsse Chascuns et li face servise Et qu'on renoie ydolatrie Que je tien a grant cornardie : Qu'un entailleur fait une ymage De corps, de membres, de visage ; Et quant faite l'a gente et bele, Son signeur et son dieu l'apelle. (MACH., C. ami, 1357, 46). ...c'estoit grant cornardie De penser qu'elle fust m'amie (MACH., Voir, 1364, 144). Il avoit là un amiraut, Qui estoit venus à l'assaut. Il dist au roy : "Viens-tu conquerre Nostre païs et nostre terre ? Je te moustreray ta folie, Ton outrage et ta cornardie." (MACH., P. Alex., p.1369, 71). ...et estoupe ses oreilles contre teles mençonges et en oste son cuer et ne regarde nullement a teles vanitéz et fausses cornardies et, a mieulx dire, a teles forseneries. (FOUL., Policrat. B., II, 1372, 157). Hé ! ce n'est c'une cornardie De l'escoter tant frivoler. (Pouvre peuple H., c.1450-1492, 210). Le corbeau par sa cornardie, Oyant son chant ainsi vanter, Si ouvrist le bec pour chanter Et son fromaige chet a terre. (Path. D., c.1456-1469, 88). Confessés vostre cornadie : Maintenant est elle bien clere ! (Path. D., c.1456-1469, 186). Lors ce Prévost, voyant l'honneur qu'on luy faisoit, acreut sa cornardie de ung degré [en se vantant sottement] (TARDIF, Facéties Pogge M., c.1490, 32).

Rem. Ex. d'a.fr. et Therence en franç. (éd. 1500-1503) ds GD II, 304c-305a. GRÉBAN, Pass. J., c.1450, var. du v.19104.
 

"Sottise, folie" (synon. cornardie) : Tout le monde l'en raillera, Quant on saura sa conardise. (Myst. Viel test. R., t.1, c.1450, 251). Qu'elle [Saincte Follie] remplisse voz cerveaulx De si parfaicte cornardise, De sotz propos et de lourdise Que ja n'entendez ung seul mot De ce que prescheray tantost. (Serm. Frappe-culs K., c.1475-1500, 59).
 

I. -

[Corne (d'un animal) ; utilisée pour faire un cor]

A. -

"Excroissance qui se développe au front de divers animaux"

1.

"Excroissance pointue et dure qui se développe au front de divers animaux, corne" : ...Castors, aspis et unicornes, Et une autre beste a deus cornes, Trop diverse et trop perilleuse, Trop estrange et trop venimeuse (MACH., D. Lyon, 1342, 172). ...une corne de beuf en laquelle elle disoit estre tout ce qu'ilz avoient vaillant (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 270). Quant le vent vient d'escorceveau, les femmes doibvent taillier de l'oreille a leur jenne veillon et le jetter au lez de ou le vent vient, affin que leur veau croisse et amende, ou prommettre sa corne droite a saint Berthelemi. (Ev. Quen., II, c.1466-1474, 128). Telle est des bestes la lignhee De se pays dont sommes nous. Presque toutes portent veloux Et sur leurs cornes grans orelhes. (Pass. Auv., 1477, 142).

-

Beste à corne : Item, pourra mettre ses bestes à corne de sondit hostel pasturer en ladicte forest (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 85). Tant de gras beufz, de bouffles que de vaches, Dix huyt cens grosses bestes a corne. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 186).

-

Corne de belin. "Corne de bélier" : ...nous l'enseveliron De la Farce de Pathelin Cousue de corne de belin. (Vig. Trib., c.1480, 233).

-

[Attribut de la licorne] : La licorne est vne fiere beste laquelle est semblable à cheual de son corps (...) et a en my sa teste sus le plus fort vne corne de merueilleuse resplendisseur toute droicte qui se teurt vers le bout (Best. hérald. H.E., c.1435-1450, 476). Et au dessus dudit buffet [avoit] une riche couppe garnye de pierrerie, et par les quarrez dudit buffet avoit grans cornes de licornes toutes entieres, moult grandes et moult belles (LA MARCHE, Mém., III, c.1470, 120).

-

[Attribut du diable, de créatures monstrueuses...] : ...s'apperu à elle un annemi en façon et estat des ennemiz que l'en fait aus jeux de la Pacion, sauf tant qu'il n'avoit nulles cornes. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 356). ...ung grand monstre, horrible et terrible, ayant grandes et longues cornes (C.N.N., c.1456-1467, 428).

-

HÉRALD. "Meuble représentant une corne" : Et premiers Le conte de Bearn, qui portoit d'or a deux vaichez de gueulles, cornes d'azur et collees et campanees d'argent (LA SALE, J.S., 1456, 193).

-

[Tournures plais. marquant l'étonnement] : ...aussi esbahie en fut comme si cornes luy venissent (C.N.N., c.1456-1467, 104). ...ilz furent autant souprins que si cornes leur venissent. (C.N.N., c.1456-1467, 340).

Rem. Guill. Orange T.H.G., p.1450, gloss. (esbahy comme cornes luy feussent venues)

-

Prov. Dieu donne le boeuf mais non pas par la corne. V. boeuf

Rem. Cf. aussi DI STEF., 260b, s.v. Dieu.

2.

[Valeurs symboliques]

a)

[Symbole de fierté ou d'orgueil] : C'est Orgueil qui est enflee, plaine de vent de propre reputation ; elle porte une corne ou front qui signifie Fierté. (Déclar. Hyst. S., a.1449, 160).

-

Abaisser les cornes à qqn. "Rabattre l'orgueil, l'assurance de qqn" : ..."se les horribles cas de la guerre et les grans perilz sans nombre, qui en sourdent au commaincement de la guerre en ma balance par les parties fussent bien passees, il n'a si bon chevalier en France ne en Angleterre au quel les cornes ne lui abbaissassent et qu'il ne presist bien en denrees mains que son droit..." (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 374-375).

.

Rabaisser ses cornes. "En rabattre" : Si rabaissez, Anglois, voz cornes Car jamais n'aurez beau gibier ! En France ne menez voz sornes ! (CHR. PIZ., J. d'Arc, 1429, 35).

.

À cornes rabaissees. "Dans l'humiliation" : Et tantost après fut la terre et frontière desdiz Anglois esmeue et pleine de rumeur, et tant qu'ilz se retrahirent à tous leurs cornes rabaissées. Mais dedens brief temps recommençèrent. Et quant le connestable vid qu'ilz ne se absentoient de faire guerre, il eut conseil avec aucuns chevaliers de ses gens et autres (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.2, c.1425-1440, 267).

-

Eslever les cornes jusques au ciel. "Se dresser par orgueil (contre qqn)" : Et aussi, entens bien et considere conment lez cornes et l'orgueil de tez anemis et de leurs aliés, quant tu vins au gouvernement du royaume, estoient juques au ciel elevés (Songe verg. S., t.1, 1378, 7).

Rem. Cornes comme symbole de l'orgueil, cf. G. Hasenohr, M. fr. 14-15, 1984, 268 ; DI STEF., 198a-b, s.v. corne.

.

Lever les cornes. "S'affirmer"

Rem. MARTIN LE FRANC, Estrif D., 1447-1448, gloss.

.

Lever les cornes (contre qqn). "S'élever par orgueil (contre qqn)"

Rem. Inv. secte vaud. V.B. D., p.1460, gloss.

-

Hausser la corne. "Lever la tête" : Car du chasteau qui veult haulser la corne, On peult bien voir le grant pont de Ligorne (LA VIGNE, V.N., p.1495, 204).

Rem. Cf. DI STEF., 198b : «Hausser, lever les cornes, la tête».

b)

[Évoque ce qui fait obstacle] : Mais veez ici que ja les cornes croissent d'une autre difficulté et, quelconques part je me tourne, je me treuve envelopé d'erreur. (FOUL., Policrat. B., II, 1372, 167).

3.

"Ramification du bois d'un cervidé ; andouiller" : ...il n'est pas vraysemblable que ung Ce(r)f Volant de XX cornes, c'est de XX ans, en la parfonde forest ait este si en muhe que aucunesfoiz en paissant il ne soit trouvez es avaines et es blez qui se trouvent empres la forest. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 124). ...une corne de rangier. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 134). Et [le cerf] mue ses cornes d'an en an au temps de ver et de sa prudence n'a point volenté de combatre iusques a tant que ses cornes soient reuenues. (Best. hérald. H.E., c.1435-1450, 468).

Rem. HENRI FERR., Modus et Ratio T., c.1354-1377, gloss. (du cerf, du chevreuil).

-

[Représentation] : ...ung cerf de perles qui a les cornes d'esmail ynde et une sonnette au col. (Invent. mobilier Ch. V, L., 1380, 310).

-

[Allusion à l'acte sexuel] : ...avant que le jour venist, il fist tant que le cerf eut VIIJ cornes accomplies, laquelle chose sa dame print bien en gré. (C.N.N., c.1456-1467, 358).

-

[Plante] Corne de cerf. "Plantain" : Item por le mal dez dens, R. poivre, encens, poudre de corne de cerf et petre, et tot che boleis sor le feu en vin blanc, et puis meteis de tot chaut en vostre boche, et le demeneis avaul vostre bouche tant qui soit frois sens avaleir (Méd. nam. H., c.1400-1500, 202).

Rem. FEW II-2, 1196a : «1265, wieder seit Est 1538» et 1204a, note 19.

4.

"Pédicule de l'escargot" : Tes cornes sont de limeçon Qui se mucent pour .i. festu Tout aussitost com l'ont sentu. (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. D.-M.-S.-T., c.1330-1331, 18).

B. -

MUS. "Instrument à vent, trompette recourbée faite avec une corne de bélier, cor" : ...Viële, guiterne, citole, Harpe, trompe, corne, flajole... (MACH., R. Fort., c.1341, 146). Il disoit des dis et des chans De lais, de dances et de notes, Faites a cornes et a rotes, Tant que tous nous esbaudissoit (MACH., F. am., c.1361, 242).

C. -

P. anal.

1.

"Extrémité d'une chose en forme de corne"

a)

[D'une coiffe] : ...et grant corne ou chaperon. (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 55). ...les VJ foiz ne luy coustoient non plus que s'on les prinst en la corne de son chaperon. (C.N.N., c.1456-1467, 407).

-

Chapeau à deux cornes. V. chapeau

-

"Arrangement conique des cheveux (dans la coiffure féminine)"

Rem. GILLES LE MUISIT, Poésies K., t.2, c.1347-1353, 34 et 209, et LA TOUR LANDRY ds T-L II, 871.

.

[Par transposition, dans la coiffure féminine mongole] : Les dames mariees y portent une corne sur leurs chiefz, et par celle corne recongnoit on les dames mariees vers les autres. (JEAN LE LONG, Voy. Odoric A.M., 1351, 39).

-

P. métaph. Bouter qqc. en la corne. "Mettre qqc. dans la tête" : Dieu, dist la Pucelle au Cercle d'Or, me cuide Salfione ma compaigne bouter en la corne pour son beau parler que je doive sentencier a son vouloir ? (Percef. VI, R., c.1450 [c.1340], 522).

b)

Cornes (de la lune) : ...et quant elle [la lune] va par les haulz cercles qui sont vers Bise, elle a les cornes contrement et gist envers aussi comme une nef ; et quant elle est soubz le soleil, elle a les cornes contre terre ; et quant elle descroist, elle est droite, si comme dit Bede. (CORBECHON, Soleil Lune S., 1372, 351).

Rem. Hist. prem. destruct. Troie R., c.1470-1480, gloss. FEW II-2, 1197a : «cornes "les 2 extrémités du croissant de la lune" (seit Belleau)» (ca 1560-1577).

c)

Cornes de la matrice. "Les deux extrémités en forme de cornes de la matrice" : Et pour ce Dieu hault et souverain crea le masle et la femelle et les instruments c'est assavoir au masle les coillons et le vit et en la femme sont la matrice et le con et deux coillons qui sont es cornes de la matrice (GORDON, Prat., c.1450-1500, VII, 1).

2.

Corne du cul. "Sexe masculin" : Puis dit Par la mort bieu, j'ay si bien beu Que j'ay la corne du cul route. (S. fol, c.1480-1490, 6).

II. -

"Corne (substance), matière dure (qui forme les cornes et les sabots des animaux) utilisée dans la fabrication d'objets divers, corne" : A ce mot la gaite corna Et li vachiers, qui de corne ha Son cor qui sonne haut et bruit, Si m'esvillerent de leur bruit (MACH., Voir, 1364, 708). ...ung béricle ront, plat, environné de corne noire. (Invent. mobilier Ch. V, L., 1379-1391, 241). ...et sera appelee la cote principale de la Chevalerie, sur laquelle il seront cains d'une chainture de soie ou de cuir vermel, large de II doys ou ducas. Et sera la blouque ronde et de corne noir et le mordant aussi de corne noire, et la garnison des traus ou partuis sera de lecton. (MÉZIÈRES, Sustance H., 1396, 85). Une ymage de nostre dame, d'ivoire, séant en une chayère noire, qui est de corne ou de os noir. (Comptes Lille L., t.2, 1420, 238). Item, est ordonné que une bonne neuve celle, sans ouvrage de corne, garnie d'estriez et d'estrevieres, ne sera vendue oultre XXXV. s. Item, une bonne bride neuve, garnie de deux longes, oultre XV. s. Item, uns mors de bride tous plains, oultre V. s. (Doc. Poitou G., t.7, 1422, 390). ...six tablettes de bois couvertes de corne noire pour servir à iceulx messeigneurs et receveur pour mettre par memoire plusieurs choses qui surviennent touchant les affaires de ladite ville, c'est assavoir pour lesdites six tablettes garnies chacune de huit fueillets de bois accouplés, couverts de corne noire, au pris de 10 s. p. la piece, valent 60 s. p. ; item, pour 2 onces et 6 estellins d'argent que poisent les six couplets et six greffes dont sont fermées lesdites six tablettes, au pris de 8 francs 10 s. p. le marc, valent 40 s. 11 d. ob. p., et pour la façon de l'orfeuvre qui a fait lesdits couplets et greffes pour escripre (Comptes Paris V.L.D., t.1, 1445-1446, 468). ...ne savoient juger (...) de quoy elle [une corne du diable] estoit, si c'estoit os ou corne, comme aultres cornes sont, ou que c'estoit. (C.N.N., c.1456-1467, 430). ...Pierre de Blumay, faiseur de cornets de corne à escriptoire (Comptes Paris M., t.2, 1470-1471, 231).

-

En partic. "Garniture en corne placée aux extrémités de l'arbalète" : A Guillaume Le Quavelier pour quatre livres de colle a asseer les ners dessus dis et a joindre les ars de deus fus ensemble, a coler les resons et les cornes sus les bous des ars d'icelle, chinc s. la livre, valent vint s. t. (Clos galées Rouen M.-C., t.1, 1367, 97).

Rem. FEW II-2, 1198b, s.v. cornu : «corner "garnir les 2 extrémités (d'un arc) de corne"» ; cf. GAY I, 631a, s.v. encornure.

-

[Produit pharmaceutique] Corne de regnart : Recepte pour (faire) fard : de granade Et de la corne d'ung regnart Avecques force de moustarde (Dorib., p.1480, 250).

V. aussi cor1
 

A. -

"Coin, angle, bout" : ...pour IJ paire de geux de tables et d'eschetz, l'un de bois et l'autre de fresne (...) pour garnir les tabliers dudit seigneur (...). Item, pour une bourse de cuir, pour mettre et porter les diz geuz avec les tabliers dudit seigneur (...). Et pour avoir fait ferré un tablier de bois aux quatre cornes d'icellui (Comptes argent. rois Fr. D.-A., II, 1387, 225). ...et y eut quatre des seignieurs de la court de parlement qui tenoient les quatre cornes de poille (LE BOUVIER, Chron. Ch. VII, C.C.J., c.1451-1455, 416). ...et tenoient les quatre cornes de la couverture de son cheval (Faits Lalaing K., c.1470, 224).

-

Aux deux/quatre cornes de. "Aux deux/quatre coins de" : ...exepté que une petite pieche de sac ou d'un touillon de cuisine en forme d'un escu soit mise et bien atachie sur les membres honteux du povre pelerin, c'est asavoir a II. cordes petites atachies as II. cornes de l'escu et puis entour les rains de la charongne morte, et une corde au pié de l'escu de la pieche entredeus cuisses et ramenee par deriere et atachie as II. cordes desus dites. (MÉZIÈRES, Test. G., 1392, 308). ...aux quatre cornes de la croix les quatre évangélistes (Comptes Lille L., t.2, a.1467, 8). ...ils entrèrent au champ seize hommes armés de plein harnas, lesquels tous de pied se mirent et posèrent entre deux lices, comme chascun doit sçavoir que les lices sont doubles, et se départirent ès quatre cornes des lices pour garder le champ de toutes oppressions (Faits Lalaing K., c.1470, 134).

B. -

"Aile, partie latérale (d'une armée)" : La bataille roumaynne restituee d'une part, Cneus Maulius, li autrez consuls, et l'autre corne [trad. lat. cornu] neyent plus presentement paresceusement demenoyt la besoigne (BERS., II.47, c.1354-1359, ms. Paris, B.N.F., nouv. acq. fr. 27401, f° 208c).

C. -

Cornes de la teste. "Parties proéminentes antérieures et postérieures de la tête" : ...les premiers ne conferent sur les deulx cornes de la teste en l'ocipice et sur les deulx cornes anteriores et l'ole de la teste (PREVOST, Cir. Guill. Salicet, 1492, V, 2).

V. aussi cor2
 

A. -

"Sot" : Ce sont cendres, hé, cornebos... (MOLINET, Myst. st Quentin C., c.1482, 148).

B. -

"Cocu" : Lors la prant [sa femme] li homs prins a l'ain, Li cornebaux, li coquehus Et a force monte dessus (DESCH., M.M., c.1385-1403, 124).
 

"Son du cor" (Nom d'un messager) : L'EMPERÉRE. Bien puisses tu venir, Cornée. Quelles nouvelles ? LE MESSAGER. Mon chier seigneur, bonnes et belles. (Mir. st Sev., 1362, 217).
 

MÉD. "Cornée" : ...douleur tresagre est moult pereilleuse pour la rompure de la cornee et pour corrozion et pour ce en tel cas on doit ouvrer sagement (GORDON, Prat., c.1450-1500, III, 2). ...des playes en la substance de l'ueil avecques une sayete ou avec aultre chose qui ait blessé la coniunctive ou la cornee (PREVOST, Cir. Guill. Salicet, 1492, II, 4).

Rem. MONDEVILLE ds T-L II, 872.

-

Tunique cornee : Et puis se vient la tunique cornee et est blanche et ferme comme une corne pour deffendre l'oeul de grevance foraine et a en luy quatre tuniques affin que se l'une est blecee que les aultres ne le soyent pas. (GORDON, Prat., c.1450-1500, III, 1).

Rem. MONDEVILLE ds T-L II, 872.
 

"Coin, côté" : "Signeur, nous monterons tout à cheval, et costierons à le couverte ce bois où nous sommes à present, tant que nous serons sus l'autre cornée..." (FROISS., Chron. L., III, c.1375-1400, 68).
 

"Critiquer, ridiculiser ?"

REM. Doc. 1460 ds GD II, 305a (car il le aloit corneant, qui est a dire qu'il lui avoit porté hayne).
 

"Corne, andouiller"

REM. Modus (ms.) ds GD II, 305b.
 

A. -

[En lien avec cor (l'instrument à vent)]

1.

"Sonnerie (de cor, de trompe, d'un instrument à vent...)" : Clangor (...) : cornement uel bouzinement (Abavus III, R., c.1300-1350, 125). Clangor (...) : cornemens, son, cri, noise de buisines, trompes (LE VER, Dict. M.E., c.1420-1440, 68). Clangor (...) : son, cry, noise, cornement de busines (LE TALLEUR, Vocab. E.M., c.1490, 51).

Rem. Ex. d'a.fr. ds T-L II, 874. Gloss., Paris B.N. lat. 4120, c.1400-1500 (clangor, cornement), ds GD II, 305b.

2.

P. ext. "Appel, cri" : ...cournement des oes [des oies] (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 253). Quant j'ay ouÿ ton cornement, Rien ne me pouoyt plus garder Que je ne vince sans tarder, Luciffer, devant toy me rendre. (Pac. Job M., c.1448-1478, 323).

3.

Au fig. "Propos enflés, vantardise" : (Je) [Orgueil] di que sui de grant lignage De haut et (de) noble parage, Que nee fu en grant maison Ou appent grant possession ; Que bien sai faire et ce et quoi Et que bien me connoist li roi Et assez d'autres cornemens Qui ne sont que forhuemens ; (Et) li fol cuident que soit prise Qui ne sevent pas la guise. (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. S., c.1330-1331, 243).

B. -

MÉD. Cornement d'oreille. "Bourdonnement d'oreille" : ...ce encore demeure le patient sourt avecques ung cornement d'oreille (PREVOST, Cir. Guill. Salicet, 1492, I, 15).
 

"Joueur de cornemuse" : ...à Estève le tournaire et cornemusaire, lequel ledit Berruel avoit loué, par cause que nostre sire le roy (...) le m'avoit commandé, que quant sondit avoir passeroit et viendroit durant le temps des tondoysons, que fust acompaigné soir et matin et à toute heure, avecques cornemuses (Comptes roi René A., t.1, 1472, 129).
 

I. -

"Instrument de musique à vent, cornemuse" : Si qu'einsi fui lonc temps en mue, Si comme un esprevier qu'on mue, Et tant qu'une fois entroÿ - Dont moult forment me resjoÿ - Cornemuses, trompes, naquaires, Et d'instruments plus de set paires. (MACH., J. R. Nav., 1349, 153). ...Guigues, rotes, harpes, chevrettes, Cornemuses et chalemelles... (MACH., P. Alex., p.1369, 36). La s'assembloient les poetes Qui doulz son de leurs cornemuses Chantoient par devant ces muses (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 45-46). Je cuidoye, par mon serment, Que ce fust une cornemuse. (Sots triumph., c.1475, 46). À Didier, varlet de garde-robe, pour toyle qu'il a achecté pour porter le lit de campt, IX go. VI patacz à ung homme de Valence qui a percé une coquille qui est ou chappeau du roy. Pour une musette et ung jeu de fleuttes que le roy a donné à Jehan Loys, paige du maistre d'ostel Honnoret de Fos, II fo. Pour ung tabourin pour Faillon, deux chalemeaux de cornemuse pour Coquillon et Pierre, tabourins, et une fleute pour le mor ; le tout, I fo VI go. (Roi René vie L., 1476, 368).

Rem. DESCH., Oeuvres Q., t.2, c.1370-1407, 341 (cornimuse).

II. -

[Désigne une lutte] : ...et à la tierce fois le chevalier du pas le tint par la teste dessous son bras, à la façon de la lutte qu'on appelle Corne-muse, et de ladite prise le chevalier du pas par sa grande force tira à terre ledit chevalier de Saint-Bonnet, et chut sur son dos (Faits Lalaing K., c.1470, 220-221).

Rem. Cf. LA CURNE : tenir a la cornemuse. "Tenir sous le bras".
 

"Jouer de la cornemuse" : Quar avant veoir voloit la fin, Comment l'amour se prouveroit Et quel loialté trouveroit Ou Chevalier qui Cornemuse En celui, qui loing fet la muse (Dame Lycorne G., c.1349-1350, 146). Diables ou estes vous aléz ? Cornemuséz, chantés, bauléz, Guaigné avons l'umain lygnaige. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 20). Mais en plains s'esbate et notoie, Cornemuse, lire, rotoie (Pastor. B., c.1422-1425, 185).

Rem. FROISS. (ms.) ds GD II, 305b.
 

"Joueuse de cornemuse" : Cornemusaresse : mima (Gloss. gallico-lat. M.M., c.1425-1450, 200). [Seul ex.]
 

"Joueur de cornemuse" : Quar mainte fois prié l'avoit Le Chevalier Cornemuseur, Quar de li loer fust useur Envers sa dame a toute fin, Pour estre en s'amour a fin. (Dame Lycorne G., c.1349-1350, 145). Corneus, cornemuseurs : mimus (Gloss. gallico-lat. M.M., c.1425-1450, 200).
 

"Joueuse de cornemuse" (synon. cornemuseresse) : Tromparesse, cornemeuseuse : tubicina (Gloss. gallico-lat. M.M., c.1425-1450, 266).
 

I. -

Empl. intrans.

A. -

"Sonner du cor, de la trompe (plus gén. d'un instrument à vent)" : A ce mot la gaite corna Et li vachiers, qui de corne ha Son cor qui sonne haut et bruit, Si m'esvillerent de leur bruit (MACH., Voir, 1364, 708). Avant, seigneurs, soiez engrés De corner, nous sommes au bois, Et de huer a haulte vois Pour les bestes faire saillir (Mir. st J. Paulu, c.1372, 102). DEUXIESME CHEVALIER. Corner vueil, car j'en ay talent : Truhu ! truhu ! (Mir. st J. Paulu, c.1372, 102). ...les Jacques, lesquelz de grant visaige et maniere se tenoient en ordonnance et cornoient et businoient (Chron. Valois L., c.1377-1397, 74). Et aprez soupper commencerent menestriers a corner et dansa on grant temps. (ARRAS, c.1392-1393, 191). ...et sy tenoit en l'une de ses main une coquille de mer de quoy on corne et chante aucunesfoiz. (EVR. CONTY, Eschez amour. mor. G.-T.R., c.1400, 234). Et fissent entre nuit et jour si grant bruit de corner et de buissener, tout a une fois, et de juper apriés, tout hault et de diverses vois, que li Englois en furent tout estonné. (FROISS., Chron. D., p.1400, 144). Et fist ses menestrels courner devant li une danse d'Alemagne que messires Jehans Camdos qui la estoit presens, avoit nouvellement raporté (FROISS., Chron. D., p.1400, 883). Jougleurs, qui font [gens] resjouir Et menestriers peut on ouyr Celle part corner a toute heure (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 150). ...à III compaignons menestrelz de Gand que MdS le conte leur donna et fist délivrer content, pour avoir corné et ménestraudé par pluseurs foiz aux festes de Noël du jour de l'an et des Roys (Comptes Lille L., t.1, 1416, 104). Aux roys d'armes, heraulx, trompectes et menestriers du roy et de mondit seigneur, et à Jehan Vain, varlet du sejour de mondit seigneur, la somme de soixante dix frans, c'est assavoir ausdiz roys, heraulx, trompectes et menestriers, 60 frans, que mondit seigneur leur donna le jour de la Penthecoste l'an mil quatre cens et dix neuf pour avoir ledit jour corné devant lui, et audit Jehan Vain 10 frans pour avoir amené à mondit seigneur ung cheval rouen (Comptes Etat bourg. M.F., t.2, 1419, 414). La table d'embas, nommée dossier, (...) en laquelle a ou milieu un Dieu au jugement, ND d'un costé et saint Jehan de l'autre costé à genoulz et le ressuscitement dessus et II ans [anges] cornans, à chacun costé ung, tous faiz de brodeure d'or. (Comptes Lille L., t.2, 1420, 245). ...le soupper finé, lez menestrez cornerent, dansez commencherent (Comte Artois S., c.1453-1467, 18). Alors trompectes, clarons et menestriers a corner, dont la joye fut tant grant par la ville qu'elle ne se pourroit compter. (LA SALE, J.S., 1456, 160). ...ung aultre gentil homme entra dedans, qui ["ce qui"] fist corner les menestrielz, et s'avança par devant elle (C.N.N., c.1456-1467, 181). Les enseignes sont, ce me semble, que vous devez faire corner d'ung cor de chasse trois foys aussitost que noz gens auront gaignée la porte. (BUEIL, II, 1461-1466, 126). "Sus ! sus ! noz gens sont dedans." Et l'homme qui estoit chargé de corner, corna tantost. Quant le Jouvencel ouyst le cor, il eust si grant joye de ceste nouvelle qu'il ne savoit où il estoit (BUEIL, II, 1461-1466, 130). C'est a meshuy ! J'ay beau corner ! (Fr. arch. B., c.1468-1480, 29). La vy sonner cornardes et cornards Si bien cornans que tout je m'en merveille (SAINT-GELAIS, Séj. honn. D., c.1490-1495, 216).

Rem. Myst. st Clément Metz D., p.1439, gloss. ; MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, gloss.

-

Part. prés. en empl. adj. À trompes cornants. "À trompes sonnantes, à sons de trompe" : ...que icellui Merigot, prisonnier, soit trainé sur une claye, comme gentilhomme, et, en après, assis en hault sur un haiz mis au travers des paumeles d'une charrete, et que, à trompes cornans, il soit menez tant ès hales de Paris comme aillieurs, aus notables portes de la ville de Paris (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 208).

-

[À la chasse] : Et je croy qu'en pou de temps vendront aucunes gens qui nous diront toutes nouvelles, car je croy que la venoison soit prinse, car j'ay ouy courner, ce me semble, la rassemblee des chiens. (ARRAS, c.1392-1393, 20).

Rem. HENRI FERR., Modus et Ratio T., c.1354-1377, gloss.

-

Prov. [D'un chasseur qui sonne du cor alors qu'il n'a pas réussi à capturer du gibier] On a souvent corné sans prise. "Triompher prématurément, vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué" : Supposé que la rigle est telle Qu'on a souvent corne [l. corné] sans prise, Se la main je peux avoir mise Promptement sur quelque marchant, A cestuy la ay foy promise Qu'avec luy je seray marchant. (Myst. jeune fille L., c.1413-1445 [c.1530], 7).

Rem. Même prov. ds MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, I, 66.

B. -

P. anal.

1.

"Tinter, résonner"

-

L'oreille/les oreilles corne(nt) à qqn. "Les oreilles tintent à qqn" : Par foy, ja le grant Dieu n'an rie, Je croy que l'oreille vous corne (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 252). ...aucune foys une beste fait bruit, ou les oreilles cornent (...) ou le vent qui souffle, donne aucuneffoys entendre aux gens qu'il y a quelque bruit où il n'y a riens (BUEIL, I, 1461-1466, 204).

Rem. Hist. prem. destruct. Troie R., c.1470-1480, gloss.

2.

"Ronfler" : PREMIER CHANOINE. (...) Oez conme il a corné fort De grant testée. L'EVESQUE. (...) Puisqu'a dormir s'est icy mis, Or li laissons faire son somme (Mir. ev. arced., c.1341, 131).

3.

"Crier"

Rem. HENRI FERR., Modus et Ratio T., c.1354-1377, gloss. (corner mot) ; Percef. I, R., c.1450 [c.1340], gloss. (d'un automate).

II. -

Empl. trans.

A. -

"Faire sonner (le cor, la trompe, plus gén. un instrument à vent)" : Chascun corne sa trompe a chasse (Myst. st Clément Metz D., p.1439, 322).

B. -

Corner qqn. "Appeler qqn (à son de cor, de trompe...)" : "Or alons ! alons veoir ces vint et sis mille hommes d'armes passer ! velés là, nostre gaite les corne." (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 130).

C. -

Corner qqc. "Annoncer qqc. à son de cor, de trompe" : Et, tant que il fu à Bruges, il tint estat de prince, car tous les jours par ses menestrés il faisoit sonner et corner devant son hostel ses disners et ses souppers. (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 240). Quiconques soit maire de Beaune, il doit faire corner et crier au criot de la ville, le samedi avant la Nativité saint Jehan Baptiste, environ vespres, que ceulx qui sont de la commune de Beaune soient à Saint Estiene au soin sonnant dudit prioré le dymenche ensuyant, pour veoir et recevoir la resignacion de l'avangile et de la mairie (Cout. bourg. glosé P.M., c.1380-1400, 34). LE PREMIER VENEUR. Attaint avez jusqu'au morir La beste : c'est bien de vostre eur. Loez en soit Dieu, mon seigneur ; Emportee en ert a grant joye. LE MARQUIS. Cornez prise [la prise du cerf] tost, et la voye Prenons de nous mettre au retour. (Gris., 1395, 27). Encor vous covyent il l'estolle, Qu'il vous fault a vostre col mectre (...) Et vous fault ceste chappe grise ; Et je voix corner le service (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 65). Aulcun ou raimel aorné Ont l'assiete et les més corné (Pastor. B., c.1422-1425, 165). ...et vous en avrez la louenge et l'onneur qu'ilz feront corner a leurs buisines par le monde a tousjours. (Percef. I, R., t.2, c.1450 [c.1340], 860).

-

Corner l'eau. "Annoncer au son du cor ou de la trompe que l'on va dîner (et qu'il faut se laver les mains)" : Et il estoit près heure de souper. Et a ce mot on prist l'iaue a corner Par le chastel, et forment a tromper (MACH., J. R. Beh., c.1340, 133). Faites tost ; la messe est chantée, Et l'iaue est grant piessa cornée. (MACH., R. Fort., c.1341, 144). ...le disner fu prest, tablez misez et l'eauve cornee (Comte Artois S., c.1453-1467, 19). Les tables furent noblement couvertes et aprestées pour disner ; et tantost madame de Bourgoingne, la mere, emmena la noble espouse, sa belle fille, et fut l'eaue cornée et l'assiette faicte, telle que cy après ensuyt. (LA MARCHE, Mém., III, c.1470, 120).

Rem. Hugues Capet Lab., c.1358, gloss. ; Jourd. Blaye alex. M., a.1455, gloss. ; Percef. I, R., c.1450 [c.1340], gloss. ...

-

Corner de prise/la prise. "Sonner la prise (à la chasse)"

Rem. HENRI FERR., Modus et Ratio T., c.1354-1377, gloss. ; Percef. I, R., c.1450 [c.1340], gloss.

-

Corner de retrait/corner retraite. "Sonner la retraite" : Ainsi que Baude buissonnoit en la forest d'Espérance, lez une lande, il oy un grant glay aspre et esclatissant : lors se tappy et orilla le cor des braconniers, qui, à la fin, cournèrent retraicte. Baude, errant sur les fumées, passa oultre maintes brisées, et se mist sur l'erre d'un grant cerf, signé de quarante cors, que son sexe avoit envahy, et le suivy longtemps par tertres et larriz (BAUDE, Eloge Ch. VII, V., p.1484, 127).

Rem. HENRI FERR., Modus et Ratio T., c.1354-1377, gloss.

-

La corner dru à qqn. "Indisposer qqn" : C'est bien dit, tu la me cornes drue. Or fay paix, je t'en prie (Myst. st Clément Metz D., p.1439, 606).
 

I. -

[P. référ. à la corne de l'animal ou à la matière]

A. -

"Garnir de corne (les deux extrémités d'un arc)"

Rem. Doc. 1409 ds GDC IX, 203a (mais sans doute est-ce encorner).

-

[Synon. de encorner] : L'aprentis demande comme l'en doit le cerf escorchier. Modus respont : "L'en encorne [var. corne], c'est a dire que tu li meites les cornes au lonc du corps et le tourne envers, les quatre piés contremont..." (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 50).

-

Part. passé en empl. adj. HÉRALD. "Pourvu d'une corne" : ...a l'encontre du seigneur de Loissellench, baron de Poulayne, qui porte d'argent a un boeuf rampant de gueulles, corné et onglé de sable (LA SALE, J.S., 1456, 143).

B. -

Au fig. "Tromper" : Dames, dictes moy sans demour Vous a si ce geant cornees ? Je croy qu'il vous a enchantees. (Myst. st Christophle R., c.1350-1380, 42).

Rem. HENRI FERR., Modus et Ratio T., c.1354-1377, gloss.

II. -

[P. référ. à la corne à boire] "Boire" : Colin demonstre la doulceur Que l'en treuve en ceste liqueur, Car tant plus en va l'en corner Tant plus y veult on retourner (Serm. Choppinerie K., c.1462, 160).

-

[Dans des vers équivoqués] : Tant comme je boy mon corps n'ard. Boire doit cornard ou cornarde Tousjours, affin que son corps n'arde. De bonne heure fut mon corps né Puisque j'ay ainsi bien corné : Oncques homme mieux ne corna. (ALECIS, ABC P.P., 1451, 21).
 

"Celle qui sonne du cor, de la trompette" : Liticina (...) : corneresse (LE VER, Dict. M.E., c.1420-1440, 279).
 

A. -

"Sonnerie du cor" : Et quant vient que prinse est la proie, Les venéours mainent grant joie, Grant huée et grant cornerie Font. (LE FÈVRE, Vieille C., a.1376, 51).

B. -

Au fig. "Vantardise" : Rien n'a que cornerie et vent Pour faire a li muser la gent. (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. S., c.1330-1331, 245).
 

A. -

"Instrument de musique fait d'une corne d'animal, cor, trompe, trompette" : Adonc contreval l'ost maint cornet on sonna (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 884). Lors sonnèrent par l'ost maint grant cor de laiton, Cornet sarrasinois, tabour et clarion. (God. Bouillon R., t.2, c.1356, 159). Maint cornet, mainte trompe fist sonner hautement (Hugues Capet Lab., c.1358, 118). "L'un de nous sonna ung cornet pour attraire nos compaignons qui estoient en embusche." (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 108). Si furent en la ville, et vinrent sans dangier, en sonnant leurs cornès à le porte, et en furent signeur, car encores dormoient li bon homme de la ville en leurs lis (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 234). A Johan Soudain, paintre (...) pour avoir doré d'or la teste et cornet et les aelles d'un angre que est au coupel de la tour (Comptes Archev. Rouen J., 1440, 214). ...la dame prend et empoigne ceste lance droicte comme ung cornet de vachier (C.N.N., c.1456-1467, 497). ...les trompettes et cornetz [trad. lat. cornu] et aultres instrumens de guerre (MAMEROT, Romuleon, 1466, II.20, f° 59b). Qui sont ses gens illec devant ? Il me leur fault dire une sorne : Berger, je te prie que je corne Une estempie de ton cornet. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 262). Et parmy eulx clairons melodïeux, Trompes, cornetz et tabourins de guerre (LA VIGNE, V.N., p.1495, 212).

Rem. Percef. I, R., c.1450 [c.1340], gloss.

-

Cornet de chasse : Si s'advisa l'ung des douze archiers d'ung cornet de chasse qui pendoit à son col, et sonna hault une fois ou deux, comme s'il appelast secours. (LA MARCHE, Mém., II, c.1470, 290).

-

Cornet de vacher : Or avoit ce maistre ypocrite desja la verge roide comme le cornet d'un vacher (TARDIF, Facéties Pogge D.H.-P., c.1490, 99).

-

[P. allus. au vent qui fait enfler les orgueilleux] "Petit cor" : Elle [Orgueil] tient ung cornet en sa main qui signifie Ventance. Elle a ung souflet en escharpe qui signifie Vaine Gloire (Déclar. Hyst. S., a.1449, 160).

-

Cornet d'Allemagne. "Trompe longue, décrivant une courbe" : ...Tymbre, la flaüste brehaingne, Et le grant cornet d'Alemaingne... (MACH., R. Fort., c.1341, 145).

B. -

"Objet de forme conique, servant à divers usages (en partic. récipient conique)" : Quant cheval a tranchoisons, faictes le mectre par terre, et puis luy faictes mectre a ung cornet ung quarteron de quelque huille dedens le cul, et puis le faictes chevauchier tant qu'il sue, et il garira (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 141). ...Colin de Berneval, faiseur de cornés (Comptes Paris V.L.D., t.1, 1444-1445, 400).

Rem. Percef. I, R., c.1450 [c.1340], gloss.

-

"Encrier de corne ou en forme de corne" : ...ung petit cornet d'argent blanc, à mectre anque (Invent. mobilier Ch. V, L., 1379-1391, 240). Jehannin Bietris, clerc de Panneterie, pour I papier neufs acheté par lui pour l'office de Panneterie 8 s. p. ; II douzaines de parchemin 14 s. la douzaine ; une escriptouere neufve, garnie de cornet, canivet et laz de soye 24 s. p. ; un bureau 12 s. p. ; un cent gestouers 4 s. p., pour gester et enregistrer les parties dudit office (Comptes hôtel rois Fr. D.-A., 1380-1381, 64). ...combien qu'il eust prins feu delez lui en une paelette pour garder l'ancre de son cornet de geler, toutevoie l'ancre se geloit en sa plume de IJ ou IIJ mos en IIJ mos (BAYE, I, 1400-1410, 215). [Cont. métaph.] Or prens tes outilz et viens avec moy ; et viens avans, si destrampes le mortier ou cornet et maçonnes fort a la trampe de ta plume, car assez de quoy te livreray (CHR. PIZ., Cité dames C., c.1404-1407, 786). ...sept escriptoires dorrés et ouvrées aux armes de MS le duc, bien richement estoffées de las et mouchons [l. mouthons] d'or de Chyppre et de soye garnie chacune escriptoire de bourse, cornet et canivet à manche d'argent doréz, esmailléez aux susdites armes (Comptes Lille L., t.1, 1427-1428, 252). ...elle respandit sur buffet, sur papier et sur sa robe, son cornet a l'encre. (C.N.N., c.1456-1467, 151). Pour 150 gectouers d'argent, tant pour argent que pour ouvraige, 18 l. 17 s. p. ; item, pour la façon du trousseau pour les faire, qui a esté refait et gravé à la devise de ladicte ville, 11 s. p. ; item, pour 3 encriers d'estain garnis de cornets de corne, 32 s. p. (Comptes Paris M., t.2, 1470-1471, 277). ...pour deux cornets enmenchés de corne pour mettre dedans lesdits encriers, 2 s. p. (Comptes Paris M., t.2, 1473-1474, 366).

Rem. MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, gloss.

-

"Étui" : ...pour ung grant coulteau de chasse pour ledit seigneur et pour ung cornet d'or à mettre les esguilles de chasse (Comptes roi René A., t.1, 1453, 298).

V. aussi cor1, corne1
 

A. -

"Coin, angle, bout, extrémité" : Et pour ce deves vous savoir Que par ou en doit hors geter Toute l'ordure et balïer, La le balai tourner doit on, Quar autrement grant soupecon Seroit quë en aucun anglet, En aucun destour ou cornet Ne fust l'ordure (re)celee, Reposte ou amoncelee. (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. S., c.1330-1331, 69). Philippot Dogier, tapissier, pour un tapi vermeil de laine armoié aus cornez et ou millieu des armes de madicte dame, à faire dossier, contenant 12 aunes quarrées (Comptes argent. rois Fr. D.-A., I, 1352, 293). ...1 orillier de veluyau vermeil semé de perles d'Orient losengié d'armoyerie de France et de Bourgoigne, et y a arbreciaux d'or, et y faillent les 4 boutons de perles des 4 corneiz et 15 autres perles (Comptes argent. rois Fr. D.-A., I, 1353, 325). ...la noble et bonne ville qu'on appelle Algheside (...) laquelle estoit droit au cornet de son royaume (LE BEL, Chron. V.D., t.1, 1358, 219). ...une autre croix d'argent, esmaillée, où il a amatistes aux quatre cornetz (Invent. mobilier Ch. V, L., 1379-1391, 112). Jehan, Luc, Marques et Mathez, Mi .IIII. especial menistre, Et nommé li Euvangelistre, Levez sus sanz plus demourer, Et (cy) [sy] alez tantost corner Par les quatre cornez dou monde (Jour Jug. R., c.1380-1400, 246). ...pour ce se mut des parties d'Orient du cornet de la derreniere partie du monde et laissa son paÿs (CHR. PIZ., Cité dames C., c.1404-1407, 796). Et lendemain, qui fut vendredi XIIIJe jour dudit mois d'octobre, après le service fait, fut portée par sesdis serviteurs, lesdis presidens tenant les quatre cornaiz de ladicte lictiere, au port Saint-Landry (FAUQ., III, 1431-1435, 168). Et tenoient les presidens de la Court de ceans les quatre cornez du pouelle estant sur ladicte lictiere, et les autres conseilliers estoient à l'environ et au plus prez de ladicte lictiere. (FAUQ., III, 1431-1435, 167). Qui est ore ce vieux bon homme Que je voy la en ce cornet ? Vous semble il qu'il ait le corps net Pour estre en lieu si autentique ? (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 244). Ainsy de mon cornet regarde La maniere de ce grant roy (MARTIN LE FRANC, Champion dames D., t.1, 1440-1442, 19). ...quatre grans chierges, pesans chascun douze livres, pour mectre aux quatre cornetz de la représentation du corps de feu MS le duc Jehan (Comptes Lille L., t.1, 1443-1444, 389). Mon enfant, a cestuy cornet De la rue, a ung hospital Ou az de gens qui ont grant mal (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 165). Et aux quatre cornetz [de la table] avoit quatre grans cierges, et aux piez la croix et l'eaue benoiste. (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 42).

-

En partic. "Bout (d'un vêtement), pan" : ...ledit suppliant print le cornet de sa robe et le mist à l'encontre de la paye pour estancher le sang, et appella les voisins que lui venissent secourir et lui aportassent du linge et autres choses necessaires pour estancher ladicte playe. (Doc. Poitou G., t.9, 1450, 168).

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Le cornet d'une montagne. "La pointe d'une montagne" : ...il regarde loing au cornet de la montaigne vers la mer et vey du feu en une lanterne (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 346).

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Cornet de l'oeil. "Coin de l'oeil" : Et dit on communeement que regars de trauers ou du cornet de l'eul sont regars de chieure (Best. hérald. H.E., c.1435-1450, 472). N'elles ne peuent transporter L'oeul de l'ung a l'aultre cornet Sans qu'on se puisse deporter De dire : "Elles n'ont le cueur net." (MARTIN LE FRANC, Champion dames D., t.2, 1440-1442, 147). Mais je n'y voy que d'un cornet De l'un des yeulx dont je lermoye (CHAST., Temps rec. D., 1451, 76).

B. -

"Aile, partie latérale (d'une armée)" : ...il changa soudainement toute son ordonnance et mist aux deux cornetz [trad. lat. cornu] les legionnaires qui estoient les plus forts (ROUVROY, Stratagèmes, 1422-1425, II.3, f° 32b). Tous ceulx du cornet [trad. lat. cornu] senestre s'enfouyrent vers le Tybre (MAMEROT, Romuleon, 1466, II.37, f° 75c). La .x.^e legion par Cesar briefment enhortee, voiant sa besongne en extreme necessité bransler, se tourna au dextre cornet [trad. lat. cornu] (DUCHESNE, César, 1473, III.13, f° 88d).

Rem. MAMEROT, Romuleon D., 1466, gloss.

V. aussi cor2, corne2
 

"Fabricant de cornets, d'objets de forme conique" : ...Colin de Berneval, cornetier (Comptes Paris V.L.D., t.1, 1446-1447, 492).

Rem. Doc.1348 ds GD II, 306a.

V. aussi cornet
 

A. -

"Branche qui pousse sur les perches du bois d'un chevreuil, cor"

Rem. HENRI FERR., Modus et Ratio T., c.1354-1377, gloss.

B. -

COST.

1.

"Partie pointue du chaperon, pointe simple ou double retombant en arrière ou s'enroulant autour du cou ou bande d'étoffe qui pend du chaperon et que l'on peut enrouler autour de la tête ou du cou" : ...coupans par eulx Cornettes de viez chapperons (Mir. parr., 1356, 15). ...il a esté trouvé garny de deux frans en or, lesquelz estoient cousus en la cornete de son chaperon. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 277). ...deux jeunes hommes (...) vestus de longues cottes blanches jusques aus piez, et, par-dessus, cappillaires noirs et chapperons de drap gris sur le brun, senz cornette, ainsy comme convers (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 430). Et quant vous aurez trestout ainsi fait, vous le porterez à la garderobe, et là le taillerez trestout en mantelx et taberdes longues, et aussi en hopelandes longues et cortes, et chaperons aux longues cornetes et larges (Man. lang. G., 1396, 48). ...il a payé au brodeur qui [a] brodees lesdictes deux robes, une paire de chausses verdes et la cornette d'un chapperon pour icellui conte de Saint Pol, 16 frans (Comptes Etat bourg. M.F., t.1, 1419, 79). Houpelandes et aultres robes. Item, une houpelande de violet brun, fourrée de menu vair, et le chaperon à courte cornette fourré de mesme (Invent. N. Baye T., 1419, LXX-LXXI). Item, un chapperon de drap noir, à courte cornette double (FAUQ., III, Pièces diverses, 1438, LXXXII). ...et avoit en sa teste ung chapperon d'escarlate bien fort decopp. La cornecte estoit bien longue, brodee et couverte de moult riche pierrerie, et le chapperon estoit tout plain et n'y avoit riens que sur la cournete (Cleriadus Z., c.1440-1444, 430). ...il prist l'habit d'ermite selonc l'ordre de Saint Maurice, c'estassavoir grise robe, longue mantel et chaperon gris à courte cornette d'un pied ou environ, et ung bonnet vermeil par dessoubz son chaperon, et par dessus ladicte robe, ceinture dorée, et par dessus le mantel, une croix d'or, assés pareille que les portent les empereurs d'Alemaigne. (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.5, c.1444-1453, 111-112). ...ung chapperon violet decoppé, à cornette (ESCOUCHY, Chron. B., t.1, c.1453-14, 230). Et incontinent qu'il fut dedens, avecques ung costre à fendre boys qu'il trouva en ladicte maison, leva la claveure d'un coffre, ouquel il print et emporta ung chapperon de morequin, qui avoit la cornette courve comme d'un prebstre, et unes chausses noires. (Doc. Poitou G., t.10, 1457, 19). ...deux cannes de taphetas noir pour faire une cornecte (Comptes roi René A., t.2, 1472, 21). ...ung jeune homme qui se disoit clerc de Jehan Genevoys, homme de pratique, soy complaingnant, disant que l'on avoit prins son chappeau et sa cornète en l'ostel de Jehan Lespicier (Doc. Poitou G., t.11, 1473, 340). ...quatre paulmes et demy de veloux, pour faire cornète double à madamoiselle de Lorraine (Comptes roi René A., t.2, 1478, 97). Robë a la façon qui court Et cornette de camelot (P. Jouh. D.R., a.1488, 18). Et, affin qu'on ne vist point ledit collet descousu, luy atacha la cornete de son chaperon de dueil à deux espingles. Et, en sortant [de] ladite chambre, dist ledit connestable telles parolles ou semblables : "Mon avoir et trop cuider savoir m'ont mis là où je suis." (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 353).

-

[P. métaph.] Cornette pour pendre. "Corde de la potence" : Item, aux Unze Vings sergens Donne - car leur fait est honneste Et sont bonnes et doulces gens Denis Richier et Jehan Valecte - A chacun une grant cornecte Pour pendre a leurs chappeaux de faultres, J'entens a ceulx a pié, hohecte ! Car je n'ay que faire des autres. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 92).

2.

P. méton. "Bonnet" : Item, au Camus, esgueilletier, pour V XIInes d'esguilletes et VI croches pour cornetes pour mondit Seigneur : 7 s. 6 d. t. (RAPONDE, Comptes La Trémoille L.T., 1396-1406, 56). Voulés vous point vostre cornette ? PLUSEURS. Laquelle ? FLATERIE. Celle de velours. PLUSEURS. Nanny, non ! alons en tousjours ! Point ne fait maintenant de vent. (Pouvre peuple H., c.1450-1492, 191). Celles qui pas ne sont de leurs corps nectes, Qui de guingoys portent leurs grans cornectes (LA VIGNE, S.M., 1496, 221).

Rem. Sur l'évolution de cette coiffure, cf. C. Enlart, Manuel d'archéol. fr. dep. les temps mérov. jusqu'à la Ren., t. 3, 1916, 137, 153-157, 201, 220-221.

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"Bonnet (pour un cheval)" : ...sept paulmes de drap jaune, pour la cornète du genêt (Comptes roi René A., t.2, 1477, 199).

-

P. méton. "Tête (?)" : Des testamens [celui] qu'on dit le Maistre De mon fait n'orra quy ne quot, Mais ce fera ung jeune prestre Qui est nommé Thomas Tricquot. Voulentiers busse a son escot, Et qu'il me coutast ma cornecte ; S'il sceust jouer en ung tryppot, Il eust de moy le Trou Perrecte. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 147).

C. -

P. anal.

1.

"Biberon" : ...si fault que je paine mette D'avoir lait, et une cornette Dont je vous acornetteray (Mir. Theod., 1357, 108).

2.

"Flamme à longue queue pointue portée au bout de la lance" : ...achat de cinq aulnes et demie de taffetas, achatté à Angiers, pour faire XX cornettes de lances à souleiz d'or, pour les hommes d'armes de monseigneur de Calabre (Comptes roi René A., t.1, 1451, 262). [Deux grandes cornettes paintes sur taffetas] ...a deux les ymages de saint George a piet combatant le dragon et ou champ d'icelles cornettes est semé le mot et devise de mondit seigneur en croix saint Andrieu, les heuses dorees comme dessus 16 ú. (Comptes argentier Ch. le Téméraire B.F.L., t.3/1, 1470, 515). Le duc a ung premier panetier, et cinquante escuyers panetiers (...) et chevauchent tous soubz la cornette du premier panetier en une escadre. (LA MARCHE, Mém., IV, Pièces annexées, 1474,,, 20).

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P. méton. "Porte-étendard" : Au cornète royal, le XXVIIe jour, pour une canne et demye de drap (Comptes roi René A., t.2, 1480, 146).