"Cesse, répit" : En souspirs, en plours et en plains Prist un peu d'acés mes complains ; Et non pour quant en mon gisant Ce complaint aloie disant Plus d'une fois le jour sans doubte. La estoit mon entente toute Et le souvenir de ma dame, Qui Diex gart et de corps et dame. (FROISS., Espin. amour. F., c.1369, 118). [Seul ex.]

REM. Dér du verbe acesser (cf. ces, dér. de cesser). La plupart des ex. donnés par GD pour acesser sont tirés de textes pic. ou wall., et présentent un cont. analogue (chagrin, plainte, pleurs) : acesser qqn (de son deuil) "consoler qqn". V. acesser.
 

I. -

Empl. trans. "Arrêter, calmer" (Éd.) : S'i [Dieu] me donnoit l'eur, le cuer et la fiertez Que j'eusse au tornoy le halt pris conquestéz, Moult aroie le cuer de tout bien acessér, Car la belle au cler vis ait mon cuer enbraséz Et de si bonne amour m'an sus enamorér Que j'an vois obliant ma grande povretez (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 130).

-

Estre acessé de. "Cesser de, se lasser de" : Moult estoit Florantine dollante et ayree, Li bastard de Callabre l'ait conduite et guiee ; Marie sa meschine l'ait sovant confortee, Mais tout ceu ne valloit plain ung pot de cendree, Car elle dit souvant, n'an puet estre acessee : "Ay, Lion, doulx amis, comme dure dessevree ! Or perdés huy celle dont tant estiez amee..." (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 274).

Rem. Dans ces deux ex., pour lesquels l'éd. définit acesser par "arrêter, calmer", G. Roques ds Rom. Jahrb. 31, 1980, 221 considère acesser comme une graphie de assaser (v. assasier) ; il est cependant tentant, au moins pour le second ex., de se rallier au choix de l'éd. et de comprendre : "on ne pouvait lui faire cesser ses lamentations".

II. -

Empl. pronom. S'acesser de. "Cesser de, se lasser de" : Tot parmy Alemangne avoit-il mult grant presse Sor les cristoiens par les gens trahitresse : Chu sont li faus Romains qui de rins ne s'atesse ; Trestot mettent à mort qui ne croit leur diewesse. ["les Romains ne se lassent pas (de persécuter les chrétiens)"] (JEAN D'OUTREM., Geste Liège B.B., t.2, a.1400, 544).

Rem. Lecture acesse proposée par Scheler, Gloss. : «Je lis s'acesse (se repose), mot bien connu».
 

A. -

"Cesse, fin"

-

Mettre (le) ces à/en qqc. "Mettre fin à qqc., interrompre qqc." : Et s'en moi se sont espani Aucun villain visce, pas n'i Voel arester, mais mettre y ces Et principaument pour ycés Fourfaitures a coron traire. (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 229). ...lesdiz bourgmaistres et eschevins, qui ne povoient plus dissimuler les empeschemens desraisonnables dessusdiz, eussent jugié et mis le cés en ladicte loy du terrouer du Franc (Ordonn. Ph. le Hardi, Marg. de Male B., t.1, 1393, 571). Si advint que ces Barbarins en leur venir, cuidans espouenter les crestiens en leur multitude, par trois jours routiers livrerent assault incessamment a ceulx de dedans, sans y mettre ne cés ne repoz (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 77).

B. -

En partic. DR. CANON "Interdit, censure ecclésiastique qui suspend pour un temps l'office divin et l'administration des sacrements dans un lieu" : ...il [l'archevêque de Reims] tient mesdis officiers excommuniiés et madicte conté en cés et interdit, non obstant certain arrest rendu et prononchiet de piechà en vostre Parlement (Trés. Reth. S.L., t.2, 1373, 200). ...la Court a appoincté, du consentement de l'evesque de Paris, que il relachera le cès par lui miz en l'eglise Saint Jaques de la Boucherie de Paris pour occasion de la prise du prisonnier faicte en ladicte eglise par le prevost de Paris (BAYE, I, 1400-1410, 179).

-

Mettre le ces. "Interdire l'office divin" : ...lez officiaux font amonester la justice seculiere qu'elle rende tel prisonnier, et se elle ne le rent sanz delay, l'en met le ces en la ville la ou il est detenus prisonnier. (Songe verg. S., t.2, 1378, 187). Et se le juge en est reffussent, ja soit ce que ce soit pour le fait de marchandise, ilz metteront tant tost le ces, ou prejudice de la chose publique et du Roy et de sez subjés. (Songe verg. S., t.2, 1378, 188).
 

"Arrêt (d'une activité)" : Et par vacacion il entent repos ou cessacion de labeur ou de occupacions en negoces. (ORESME, E.A.C., c.1370, 521). ...ilx avoient en mandement que, se ladicte Court ne voloit renvoier ladicte cause à Orleans, intimassent cessations. (BAYE, I, 1400-1410, 122). ...je ne devoie esloigner ne departir pour mon dommage, c'estassavoir pour la tristece que j'ay a cause de la mort de Scipion ; et sy juge que, pour aucun cas de fortune, telle cessacion ou interrupcion de excercer publique office ne peut avenir a home constant et ferme en couraige. (PREMIERFAIT, Vraye amistié D., 1416, 305).

-

Cessation d'un mouvement : Car la remission ou cessation de tele mouvement et de tel labour est a l'ame pour delectation et si lui est repos. (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 341).

-

Faire cessation de. "Arrêter, interrompre de" : Pour ce que on empeschoit et que on troubloit fort nostre mere l'Université de Paris et ses supposts en ses libertéz et franchises, furent conclues et faictes cessations de predications, collations, sermons et aulcunes lessons (MAUPOINT, Journ. paris. F., p.1442, 28). Dont ceulx de ladicte Université furent moult desplaisans, et pour le ravoir firent cessacions en ladicte ville de prescher, lire et estudier. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 9).

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[De l'Université] Faire cessations. "Faire grève" : ...en suppliant très humblement à mondit seigneur le Dauphin qu'il voulsist faire delivrer lesdis prisonniers, autrement ilz ne povoient en leur consciences longuement tarder de faire cessacions (FAUQ., I, 1417-1420, 70).
 

"Fait de cesser, arrêt" : En tous gendres as escript et ditté Si hautement que chascun se remire En maint livre et en maint beau dicté Que tu as fait, compris et medité, Lesquelz sans fin et sans cesse j'admire (ROBERTET, Oeuvres Z., c.1450-1500, 124). Ceste chasse estoit sans cesse (COMM., II, 1489-1491, 126).

Rem. Ex. d'a.fr., cf. T-L II, 140, GDC et TLF.

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Sans cesse. "Sans arrêt, constamment" : ...à toy tenue est fort ceste princesse En laquelle se voit, au vray, sans cesse, Tout ce dont tu, par oeuvre elabourée, L'as enrichy de loz et decorée. (ROBERTET, Oeuvres Z., c.1450-1500, 107). Le bon seigneur sans cesse travailloit En regardant d'un et d'autre costé (LA VIGNE, V.N., p.1495, 232). Ainsi vivent en Ytalie, et les seigneurs et les cappitaines : en ont sans cesse practique avecques les ennemys et en ont grant paour d'estre des plus foibles. (COMM., III, 1495-1498, 70). Et, durant que cecy se demenoit, avoys sans cesse adverti le roy du tout, le pressant de conclure ou de demeurer au royaulme (COMM., III, 1495-1498, 125). ...car ces chevaulx legiers que menoit le conte de Gaiasse estoient sans cesse à nostre queuhe (COMM., III, 1495-1498, 206). Qui nous doctrinera sans cesse ? (LA VIGNE, S.M., 1496, 569).

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Sans point de cesse./Sans nulle cesse : ...je me plains De ta grant fierté t rudesse Qui, nuyt et jour, sans point de cesse, Metient en douleur et en plains (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 435). [Par ledit Damien] En telle honneur, sans nulle cesse, Par noblesse Devez avoir preeminance (Myst. Viel test. R., t.1, c.1450, 14).

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N'avoir ni fin ni cesse. "Ne jamais cesser" : Vous portastes, digne Vierge, princesse, Jhesus regnant qui n'a ne fin ne cesse. Le Tout Puissant, prenant nostre foiblesse, Laissa les cieulx et nous vint secourir, Offrit a mort sa tres clere jeunesse. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 80).

-

Faire cesse de qqc. "Mettre un terme à qqc." : De tous ces maulx me repentz et confesse Et en requiers a vostre filz pardon, En protestant ma dame, ma maistresse, Doresnavant de pecher faire cesse (ALECIS, Sub tuum presid. P.P., p.1439, 65).
 

"Cessation, fin" : Que tu me vueilles garder que je ne trespasse ton saint commandement qui m'enseigne et commande que je ne brise les festes. Si me donnes grace qu'en ycelles je soie en repos de corps et en labour d'oroison, en cessement de tout pechié, et en paix de conscience (CHR. PIZ., Psaumes allég. R., 1409, 120). ...dont s'ensuivroit l'intermission et cessement du divin service (Chron. Mt-St-Mich. L., t.1, Pièces div., 1418-1432, 310). ...la foulie des Rommains qui cuidoient que par la venue de ce hideux serpent ce fust esté cause de cessement de celle pestillence. (LA SALE, Sale D., 1451, 55).

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Sans (faire) cessement. "Sans cesse, sans arrêt" : ...Avec toutes les painnes qu'ai Et que sens fin tousjours arai Sens repos et sens cessement Jucques au jour du jugement (GUILL. DIGULL., Pèler. âme S., c.1355-1358, 148). Ma leesce est amortie, Et ma vertu afflebie Est si dolereusement Que, sans faire cessement, Tourmenteë et pallie, Maudi mes jours et ma vie Sans avoir confortement. (MACH., Voir, 1364, 734).
 

A. -

Empl. intrans.

1.

[D'une chose] "Avoir un terme, prendre fin ; s'interrompre"

-

[D'un processus, d'une manifestation...] : En corps qui avoient egestions de fiel, et sourdece vient aprez, tel flux cesse (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 74). ...le fait et les accidens cessent quant la cause cesse (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 240). Et est vraisamblable que lors cessa le mouvement journal de tout le ciel et des planetes et non pas le soleil seulement. (ORESME, C.M., c.1377, 364). ...et voloit le Roy que toutes voies de fait cessassent d'un costé et d'autre (BAYE, I, 1400-1410, 95). Couchiez vous et vous repousez Sur ce lit cy, se vous poez, Vo maladie cessera Tout petit a petit. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 63). A ceste cause, Marcus Curtius, aymant la chose publique, se voulut exposer pour icelle, sachant que par le moïen d'un homme la grieve playe cesseroit, si se gecta dedans tout armé et cessa la maledicion. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 50 r°). En paradis rien n'est deffaict, En paradis nul bien ne cesse (LA VIGNE, S.M., 1496, 422).

-

[D'une activité] : ...qant ce vint au soir, li assaus cessa et retournerent Flamens a lors logeis (FROISS., Chron. D., p.1400, 420). Lendemain, Xe jour d'aoust, jour de saint Lorens, cessa le marchié et foire, acoustumés chascun an ledit jour estre tenus ou forsbourc de Saint-Lorens leiz Paris, pour doubte du duc de Clarence et des Anglois estans en sa compaignie (FAUQ., I, 1417-1420, 312). Dictes present adieu folie, Tous esbas cessent, c'est le train. (Vig. Trib., c.1480, 227).

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[D'un sentiment, d'une douleur...] : ...par quoy je vous prie humblement que ceste douleur vous cesse. (Belle Maguel. C., 1453, 43). ...ne pense point pourtant que vostre amour doyve cesser, ainçois de bien en mieulx se maintiendra (C.N.N., c.1456-1467, 165).

-

"Disparaître" : ...par ainsi que la droicte et directe ligne de hoir ou hoirs masles de nous ou de noz diz enffans masles cessast et deffaillist (Ch. VI, D., t.1, 1400, 181). Cyté de Sÿon, Exultacion Et joye delaisse ; Desolacion Et confusion Prens pour ta lëesse. Quant ton roy te laisse, Ta couronne cesse, Ton bien se depart ; Tu pers ta noblesse (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 348).

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Cesser à qqn. "Prendre fin pour qqn" : Mes yeulx pleurent ens et rïent dehors, Et tousjours ay le doloreux remors Du hault plaisir qui de tous poins me cesse. (CHART., Compl., 1424, 322).

-

Estre cessant : Il doit considerer Que qui grant bien est possessans, Desirs ne doit estre cessans En lui, mais doit estre plus grans, Plus artilleus et plus engrans En cuer d'onneur entalenté... (MACH., D. Aler., a.1349, 329).

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Toute chose cessant. "Toutes affaires cessantes" : ...a ce traictié (...) vous devés toutes autres choses cessans diligenment entendre (JUV. URS., Loquar, 1440, 424).

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Cessant tout cas. V. cas

2.

[D'une pers., d'un animal, d'une chose] "S'arrêter"

a)

[Dans un déplacement] : La beste point avant ne vint, Illec sessa, illec se tint (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 74). Jusques cy fu Herculès ; plus avant ne fu. (...) Droittement illecques cessa, Ne avant oultre ne passa. (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 147). ...et se parti de l'ostel et entra en la porte du palais et ne cessa tant qu'il vint à l'entrée de la chambre du conseil et huscha ung huissier (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 54). Tantos li doi marescal, mesire Thomas Wage et messires Lois Hay, fissent cesser l'oost (FROISS., Chron. D., p.1400, 139). Li varlés les prist et monta a ceval et ne cessa, si vint a Paris et trouva le chevalier a son hostel. (FROISS., Chron. D., p.1400, 319). ...puis prent congié du roy, de la royne, et de Messeigneurs, et ne cessa onques tant qu' il vint a la bonne ville (LA SALE, J.S., 1456, 271). ...et picqua de l'esperon sans cesser jusques ad ce qu'il fut au bollevart (BUEIL, II, 1461-1466, 130).

b)

[Dans une activité] : ...puis referay un acueil Par le col et par la poitrine, Ains que je cesse mais ne fine Ne que plus face. (Mir. femme, 1368, 213). Environ IX heures, cessa la Court des Plaidoiries et se mist en Conseil sur certeinnes lettres closes envoiées par monseigneur le duc d'Orleans (BAYE, I, 1400-1410, 182). Et toutes ces choses il faisoit le plus au solaigement du povre peuple et des pays que possible luy estoit, en pugnissant et corrigent ceulx qui faisoient quelzques pilleries ou roberies sur le peuple, tellement que les autres y prenoient exemple et que ceulx qui avoient voulenté de faire telz excès cessoient et ne s'en osoient ingerer. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 249).

-

Ne (pas) cesser. "N'avoir pas de répit, n'avoir de cesse" : Perseverance qui ne cesse Leurs mignotises escoutoit (MARTIN LE FRANC, Champion dames I-II, P., 1440-1442, 21). [Cf. le fr. mod. fam. qui n'arrête pas]

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Ne cesser que / jusqu'à ce que. "N'avoir de cesse que" : Et quant l'andemain fut venus, aprés la messe oÿe, Jehan de Saintré ne cessa qu'il eust les palefreniers et les mareschaux du roy (LA SALE, J.S., 1456, 73). "Ma dame," respondy Jason, "je voeil estre vostre leal mary comme je l'ay promis. Mais il fault secretement conduire la besoigne affin que Medee n'en soit advertie, car s'elle sçavoit que je vous eusse espousee, elle ne cesseroit jamais jusquez a ce qu'elle vous auroit fait morir." (LEFÈVRE (R.), Hist. Jason P., c.1460, 231).

-

Cesser à repos. "Trouver du répit" : [Judas se reproche d'avoir vendu Jésus] O desesperee monnoye, L'orreur de toy le cueur me noye ! (...) Puis je donc a repox cesser Par toy tenir ou possesser ? (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 289).

-

[De Dieu] Qui ne cesse. "Qui est éternel" : Car es repaires Du Dieu qui ne cesse Va Jehan baptiste. (Pass. Auv., 1477, 101).

-

[D'une chose] : ...de ma dame couvertir Feroit le cuer et adoucir, Si que ma doleur cesseroit Et ma grant joie doubleroit... (MACH., D. verg., a.1340, 51). Mais nuls endurer ne peüst, S'auques durer cils temps deüst. Si que ces tempestes cesserent, Mais tels bruïnes engendrerent, Tels ordures et tels fumées Qui ne furent gaires amées (MACH., J. R. Nav., 1349, 148). Vueillez pour nous a Dieu requerre Que l'orage qui fait abesse, Et que le vent qui vente cesse (Mir. emper. Romme, 1369, 286). Et a ces paroles la sourse des larmes de son cuer saillirent de ses yeux tellement que la langue cessa pour leur donner paix. (LA SALE, J.S., 1456, 96).

c)

"Arrêter l'activité (en raison d'un deuil, en raison d'un désaccord...)" : Et fu conclud d'envoier pour ceste cause IIII des conseilliers de la Court par devers le chancelier de France pour lui remonstrer la voulenté et intencion de la Court qui entendoit cesser ["arrêter pour protester, faire grève"], se prochainement n'estoit pourveu au paiement des gaiges dessusdis (FAUQ., II, 1421-1430, 77). Et, à la verité, je n'oÿs jamais parler de plus grand dueil qu'il en a esté faict par tous les royaulmes, car toutes gens de mestier ont cessé par quarante jours (COMM., III, 1495-1498, 293).

d)

En partic. "Observer le cès (où les offices sont sous le coup de l'interdit ecclésiastique, en quelque sorte de la grève ecclésiastique)" : ...se les sembloit bon tantoist là jetteir le cesse, et requerir à ches de Nostre-Dame et les aultres de leur confraterniteit que parelhement vuelhent faire cesseir. (STAVELOT, Chron. B., a.1447, 453).

Rem. Scheler, Gloss. Geste Liège, 64 (v.22534 : On cessat en l'engliese ; v.29580 ; v.38915 : La clergie at cesseit quatre mois de randons).

3.

Faire cesser qqc. "Faire que qqc. prenne fin ; faire que qqc. s'interrompe" : Lors estoit mors d'amoureuse morsure Mes cuers et poins de joieuse pointure Et repeüs de douce nourreture Par Dous Penser Qui ma doleur faisoit toute cesser Et garison me faisoit esperer. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 75). Sa harpe acorda sans delay Et joua son dolereus lay Et chanta de vois douce et seinne, De si grant melodie pleinne, Qu'a sa vois, qu'a ses instrumens, Fist cesser d'enfer les tourmens ; Car les infernaus s'esjoïrent De la douceur, quant il l'oïrent. (MACH., C. ami, 1357, 82). Doit on bien dont tel dame amer Qui puet garir les maulz d'amer Et fait cesser toute dolour Sans penser vice ne folour ! (MACH., Voir, 1364, 298). Gloire vous soit, Sire, es cieulz la sus quant en terre par vostre bieneureuse nativité vous avez fait cesser l'orrible guerre qui estoit entre vous et tout l'umain lignaige (GERS., Noël, p.1404, 291). ...mondit segneur le Dauphin devoit faire cesser tous procés rigoreux contre lesdis prisonniers (FAUQ., I, 1417-1420, 76).

-

"Faire arrêter (ce qui provoque qqc.)" : Lesdits providateurs renvoièrent incontinent nostre trompète et le marquis une des siennes et mandèrent qu'ilz estoient contens de parlamenter, mais que on fist cesser l'artillerie et aussi qu'ilz feroient cesser la leur. (COMM., III, 1495-1498, 180).

-

"Faire arrêter qqc. (à qqn)" : ...je tiens Que cesser li ferez sa jangle. Mettez le me tost math en l'angle (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 283).

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"Calmer, apaiser qqc." : Elle ne fait que reclamer Nepturnus, le dieu de la mer, Et li promet veaus et genices, Oblations et sacrefices, Mais que la mer face cesser, Par quoy Leandus puist passer. (MACH., J. R. Nav., 1349, 250).

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Empl. abs. : Et continua ladicte mort jusques en la fin de novembre, que, pour faire cesser et prier Dieu que ainsi il lui pleust de le faire, furent faictes de moult belles processions generales à Paris, par toutes les parroisses et eglises d'icelles, où furent portées toutes les chasses et sainctes reliques, et mesmement les chasses de Nostre-Dame, de Saincte-Geneviefve et Saint-Marcel (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 165).

4.

Sans cesser

a)

"Sans cesse, sans arrêt, sans interruption, indéfiniment" : Einsi Desirs de saouler Mes fols yeus d'assez remirer De la bele et bonne sans per La douce face Me berse et chasse sans cesser Et me cuide a la mort mener. (MACH., R. Fort., c.1341, 51). Pour c'yci vous deprieray Sanz cesser (Mir. emp. Julien, 1351, 217). L'amour de vous, qui en mon cuer remaint, Tresdoulz amis, jamais ne puet estaindre ; Car sans cesser en ma pensee maint L'amour de vous, qui en mon cuer remaint, Ne nulle riens n'est qui tant mon cuer taint, Si croist adés, ne ja mais jour n'iert meindre (MACH., Voir, 1364, 198). Nuit et jour en tel traveil Est le povre cuer de moi, Car onques tourment pareil Ne senti, si com je croi, Car sans cesser, en recoi, De celli cui sui amie Regrette la compagnie. (MACH., Voir, 1364, 512). Tuit mi penser Sont sans cesser En vous amer Et honnourer, Tres douce creature. (MACH., Ch. bal., 1377, 615). Car, sans cesser, mes maus trop aigrement Destreint mon cuer et le vient assaillir, Puis qu'il m'estuet de ma dame partir. (MACH., L. dames, 1377, 28). Et se Diex plaist, je sui telz et seray Que dementer, Souspirer Et plourer Ne me faurra, pour ce que senz cesser Obeyray Son corps gay Et feray Que, se je puis, par son gré l'ameray. (MACH., Lays, 1377, 456). Mais sans cesser larmoy, Quant le roy de fierté, Fleur de chrestienté, Pris et suppeditté Par ses ennemis voy. (MACH., Lays, 1377, 474). ...sanz cesser, tousjours Y estoient nouveaulx solas. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 261). Aussi le Ciel notoirement Par soy mouvoir diversement, Fait tourner avant et arrière, Sans cesser en quelque manière, Le beau Soleil avec la Lune (LA HAYE, P. peste, 1426, 5). Tout jour, mon amy, je suspire En pleurs et larmes sans cesser. (Pass. Auv., 1477, 220). Je la cuide tous jours atraire Par beau parler et debonnaire, Mais sans cesser el tensera. (P. Jouh. D.R., a.1488, 38). Et sans cesser estoit sur les experiances d'iceulx, et eult hommes expers en toutes langues, les plus souverains qu'il peult trouver, et voulut fere translater et interpreter toute la loy et escripture sainte des Hebrieux en son langage grecq (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 58 v°). Cestui predist la douloureuse combustion de Cartage qui brula XVII jours sans cesser (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 65 v°). ...et entour ce temps plut sang par trois jours, sans cesser jour et nuyt en Brixe. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 107 r°).

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Sans plus cesser : Je te vueil doncques commander, Sans plus le faire recorder, Au soir, quant tu te vas coucher, Que tu dies, sans plus cesser, Incessament ta patenostre, En despoullant chemise et cotte Faire le pourras, se me semble. (C. Riffl., c.1480-1520, 60).

b)

"Sans délai" : Les II pèlerins prist li abés sans ciesser (God. Bouillon R., t.2, c.1356, 25). Mais tourner Sans cesser Te dois à la garde D'Espoir et de Dous Penser, S'il te vuet grever Pour amer Ne doubter. (MACH., Lays, 1377, 421). Et ainsi puet l'en, par ymaginacion, proceder sans cesser. (ORESME, C.M., c.1377, 46). Ung jour advint Qu'il luy souvint D'aller chasser (...). Lors sans cesser Fist amasser Les chiens (Vie st Eust. 2 P., c.1400-1450, 146). [v.79]

c)

"Sans s'arrêter" : Pleust a Dieu qu'il ne fist que courre Sans cesser jusqu'a fin de paye ! (Path. D., c.1456-1469, 80).

5.

Part. passé

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[Avec avoir] : Et pour ce que discord et discension de tout temps ont eu cours es parties du monde, ce n' est point à doubter que, s'ilz ont cessé es aucunes parties de la terre, qu' ilz n'ayent tant plus renfforcé et renouvellé es autres (BUEIL, I, 1461-1466, 14).

-

[Avec estre (mais peut correspondre aussi à l'empl. trans. ou pronom.)] : Mais quant l'amistié est dissolue et cessiee vers aucun, a savoir mon se doit avoir et contenir vers luy en rien plus familiairement que se il n'eüst onques esté amy. (ORESME, E.A., c.1370, 463). ...et dura une bonne piece celle tempeste. Et quant elle fu cessee... (Chev. papegau H., c.1400-1500, 24). Maiz quant passee Fut la fievre ou corps ou cessee... (CHART., L. Dames, 1416, 240). Quant Pleur ne pleut, Souspir ne vente, Et que cessee est la tourmente De Dueil... (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 451). ...ce flagel commença des l'an mil ZZZIIJcIIIJxxXVIIJe, et encores n'est il pas cessé (JUV. URS., Verba, 1452, 224). Et quant les densses furent cessees, avant les espices venues et le vin du congié, lors fut Montjoye, roy d'armes des François (LA SALE, J.S., 1456, 148). ...lors Marcus Curtius, tout armé et monté à cheval se gecta dedans, comme dessus est dit et fut la plage cessée et la terre reclose. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 51 v°).

B. -

Cesser de./Cesser à

1.

Cesser de qqc.

a)

"Mettre un terme à qqc., interrompre qqc." : DIEU LE PERE. (...) A ce septiesme [jour], ferons pose, De tout ouvraige y cesserons (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 17). Cesse, tres perverse, de tant grant grief que tu me faiz (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 106).

-

Faire cesser qqn de qqc. "Faire abandonner qqc. à qqn" : ...dit Dieu par la bouche du prophete que il les [les femmes] fera cesser de mittres (JUV. URS., Verba, 1452, 281). Cestui Gilles fut envoyé vers le roy de Sicille pour le appaiser et faire cesser de son entreprinse. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 118 r°).

b)

"Abandonner qqc., ne pas poursuivre dans la voie de qqc., renoncer à qqc." : De ta fole creance cesses, Si feras bien. (Mir. st Ign., 1366, 98). Item, je di que en la gloire pardurable n'est pas repos qui est cesser de toute operacion, car les beneurés ont ilecques continuelment operacion de entendement et de volenté en Dieu. (ORESME, E.A.C., c.1370, 517). Pour che ne cessèrent il mies de leur office, mais aloient li blanc cappron tous wisseux parmi la ville. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 168). ...et supposé que ou temps passé en luy ait eu aucunes choses a reprendre, toutevoye il en doit cesser et congnoistre que il est aultrement (JUV. URS., Verba, 1452, 323).

2.

Cesser de + inf. "Arrêter de + inf." : En celles maladies au commencement, s'il est mestier de faire evacuacion, si la fay ; car en l'estat de la maladie, il vaut mieux cesser d'evacuer. (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 61). Et atant fu cessé de proceder contre lui, et fu fait remettre en la prison (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 474). ...et ja pour ce, je ne doy laissier ou cesser de vous amer, servir et honnourer, tant que le puis faire, et tant que je ne suis mie cheuz, moyennant vostre grace en telle obstinacion furieuse que vous juge estre mauvaiz ou envieux, comme font les dampnez. (GERS., Trin., 1402, 165). ...il vint à la congnoissance de la Court par les plaintes et rappors de pluiseurs que lesdis boulengiers (...) avoient cessé de faire autant de pain qu'ilz faisoient par avant la publicacion desdictes ordonnances (FAUQ., I, 1417-1420, 353).

-

Ne (pas) cesser de + inf. : ...l'ennemy (...) Qui ne nous cesse de tempter (Mir. enf. diable, c.1339, 7). Et cependant je ne cessay De courtoise honneur maintenir En tous cas, et de moy tenir De trés toute chose contraire, Pour l'amour de li a moy traire, Car de li moult bel me paroie. (MACH., D. Aler., a.1349, 364). Moult se grievent et riens ne font, Qu'elles ne cessent de puisier Pour l'iaue fuitive espuisier ; Mais elles perdent bien leur peinne, Qu'adès est comble la fonteinne (MACH., C. ami, 1357, 90). Je ne cesse de prier à ma dame chiere Que mes maus vueille aligier. (MACH., Lays, 1377, 406). Se tous les pracheurs qui ou monde sont ne cessoyent chascun jour de preschier a l'ame qui est en ce point mise, c'est assavoir en mauvaise acoustumance et en durté de cuer, ilz ne l'amolliroyent pas a bien faire (GERS., Purif., 1396-1397, 66). Et endemantiers que ilz danssoient, le petit Saintré les yeulz de Madame ne cessoient de regarder, tant danssoit et chantoit bien (LA SALE, J.S., 1456, 55). Et quant les premieres festes furent passees, Saintré ne cessa de querir puissans destriers (LA SALE, J.S., 1456, 88). Elle le baisa plus de cinquante foiz, et ne cessoit de loer Dieu qu'il leur avoit rendu leur beau filz (C.N.N., c.1456-1467, 324). ...il ne cessa de faire getter son artillerie contre ladicte ville nuit et jour (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 281). Mais, nonobstant ce, ne cesserent point les Bourguignons de la duchié et conté de Bourgongne de tousjours faire guerre oudit pays à l'armée que le roy y avoit envoyée (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 71). Il ne cessera Meshuy de me persecuter ? (Fr. arch. B., c.1468-1480, 39). Pilate nous fait tous contraires, Et ne cesse de nous piquer. (Pass. Auv., 1477, 216). Il y a, par Dieu, bien deux ans Que (je) ne cesse de coppier. (Copp. lard., a.1488, 168).

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"Faire qqc. sans délai" : Lors ne cessa de faire chargier son artillerie, et s'en partist. (LA SALE, Reconf. De Fresne H., 1457, 26).

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[Constr. dir.] Ne (pas) cesser + inf. "Continuer à + inf." : Saint Pol doncques puisque par sa predicacion il converti de ceste mort a vie de grace et de vertus tant de peuple, et ne cesse encores par ses Escriptures chascun jour les convertir, vous pouez jugiez certainement le miracle qui est en sa personne (GERS., P. Paul, a.1394, 496).

-

Sans cesser de + inf. : Cestui vesquit cent VII ans, sans cesser d'estudier. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 49 r°).

-

Estre cessant de + inf. : Et je, pour s'onnour avancier, Qui encor en suis possessans, Jamais jour ne seray cessans De tout adès son plaisir faire Entierement, sans riens retraire, Qu'il a adès mon plaisir fait, Et se le me moustre de fait (MACH., D. Aler., a.1349, 402).

-

Ne (pas) cesser que de + inf. "Ne pas arrêter de + inf." : Madame, a qui ses yeulz ne cessoient que de le regarder, pour plus couvertement le veoir, et pouoir a lui parler, appella des autres dames (LA SALE, J.S., 1456, 55).

-

[D'une chose] Cesser de + inf. "Arrêter de" : ...c'est la grant mare, Que saint Augustin accompare Au feu d'enfer, qui, sanz sejour, Ne cesse de prendre et tousjour Reçoit (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 51). ...parquoy toute nuyt trompettes et clairons ne cesserent de jouer (LA VIGNE, V.N., p.1495, 277).

.

[Constr. dir.] Cesser + inf. : Et par consequant, aucune lumiere ou ciel cesse estre selonc soy toute ou cesse estre toute laquelle n'eust onques commencement, et aucune qui jamés ne cessera. Item, tant est le solleil plus loing de la terre, de tant est l'ombre de la terre plus grant et entre plus avant ou ciel. (ORESME, C.M., c.1377, 198).

-

Empl. impers. : ...il ne cessoit point de plouvoir (FROISS., Chron. D., p.1400, 136).

3.

Cesser à + inf. "Arrêter de + inf." : ...mais manificence, tout au contraire, n'a l'ueil fors au proffit d'autrui et a l'onneur de Dieu, tellement que se tel proffit devoit venir par encourir blasme personnel, ou que l'autre en eust la gloire, ja de riens ne laisseroit a faire ce que elle fait ; mais en tel cas orgueil du tout cesseroit a bien ouvrer. (GERS., P. Paul, a.1394, 503). Se vous avez la rivière, vos besongnes en vallent mieulx ; se vous ne l'avés, si ne cesserez vous pas à grever vos ennemis par les moyens qui s'ensieuvent et autres, de quoy on se puet tousjours adviser (BUEIL, I, 1461-1466, 154). Il seroit bien le temps de cesser A le casser (Pass. Auv., 1477, 199). "J'ay ung anel qui a deux sculptures, lequel je porte et n'en suis point plus joyeux, et si ung autre le porte, il rit continuellement et ne peut cesser à rire jusques ledit anel lui soit osté". (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 77 v°).

Rem. FEW : «mfr. cesser à faire qch (Marot-1582)».

C. -

Empl. pronom.

1.

Se cesser

a)

[D'une pers.] "S'arrêter"

-

[Dans un déplacement] : Oncquez le trait ne redoubterent, Ne pour l'eaue ne se cessairent. (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 195). Celli qui nage a l'aviron Contre le cours de la riviere, S'il se cesse en nulle maniere Qu'il ne nage tousjours a ourne, Le cours de l'eaue le retourne Tantost plus qu'il n'avoit nagié. (Tomb. Chartr. W., c.1337-1339, 104).

-

[Dans une activité, un état] : Adonc fu de ses hommes en son hostel menez, Et les heraux crioyent qui ne se sont chessez. (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 480). Qant li signeur de l'oost veirent ce, il se cesserent et entendirent a mettre a point les navrés et les bleciés. (FROISS., Chron. D., p.1400, 662). De ce grant deul vous fault tenir. Pour Dieu, ma dame, cessés vous. Alons man, ma dame au cueur doulx, Vous sçavéz bien qu'il [Jésus] nous a dist Briefment arons joie sans respit ; Bien sçay qu'il nous conffortera. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 227). En après, ung gentil homme de l'ostel du conte, nommé Henry Lalemant, volt férir le duc de son espée, mais le conte le défendi contre lui et commanda à ses gens qu'ilz se cessassent, et qu'il menroit le duc vers le Daulphin. (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.4, c.1425-1440, 31). Ha ! sire, veulles toy cesser Aultre que toy ne servirons, Car de toy tres bien nous véons Que de verité sont tes dis Et que de Dieu tu es vray fils, Pour tant ne te volons laissier. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 97). Jason se cessa atant, en regardant Mirro moult amoureusement, qui voulentiers l'avoit oy parler. (LEFÈVRE (R.), Hist. Jason P., c.1460, 151).

.

"S'abstenir" : [Nature] Se plainderoit, ou que je soie, De moi, voir, se je me cessoie. (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 48).

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"Se taire" : Encore un tiers point vous diray, Et a tant je me cesseray (Mir. fille roy, c.1379, 96). ...par quoy je me cesse, pour abregier (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 237).

b)

[D'une chose] "Prendre fin ; s'interrompre" : Par tel affaire et occasion se cesserent leur envayes et armes à faire, et se remistrent les Anglois ensamble (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 95). Et sachiez que le peuple du pays estoit moult doulent ; mais ilz se confortoient moult ad ce que ilz avoient seigneur de si grant prouesce plain, et en estoient aucques rassouagiez. Ainsi se cessa la douleur. (ARRAS, c.1392-1393, 123). Ensi se cessa li escarmuce, car chil qui estoient sus les fosses, ne sievirent point, mais se retraissent tout bellement en la forterece (FROISS., Chron. D., p.1400, 554). Ce procés, quoy qu'il fust plus long, pour un temps se cessa (C.N.N., c.1456-1467, 463). La voix se cessa atant, et Serath confessa que voirement Appollo estoit dieu. (LEFÈVRE (R.), Hist. Jason P., c.1460, 191). Je suis clement et piteable aux meschans, car mon ire se cesse, contre ceulx qui se humilient. (ROB. HERL., Déb. fauc. lévr. H., c.1470-1500, 34).

-

Qqc. se cesse de qqn. "Qqc. concernant qqn prend fin" : Che fu Nicolas li Flamens qui dist ceste parolle, et par laquelle li afaires se cessa des Parisiiens à faire cel outrage (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 33).

2.

Se cesser de qqc.

a)

"Mettre fin à qqc. ; interrompre qqc." : Qant li chevaliers qui dedens estoit, vei que point li Englois ne se departiroient point de la, ne se cesseroient de lors assaus (FROISS., Chron. D., p.1400, 624). Cessez-vous de tels mots, je vous prie, car tel le pourroit oyr qui vous en donneroit à souffrir. (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 243). ...puis que mon conseil m'avez demandé, et ossy que tout homme noble est tenu de conseillier les malconseilliez - je vous prie que atant vous cessez de vostre entreprise (LEFÈVRE (R.), Hist. Jason P., c.1460, 193).

b)

"S'abstenir de qqc., renoncer à qqc." : Sire, ce dist Huon, j'en ay oït parler Une piteuse cose dont on se doit ciesser, Car en ceste partie n'en fait pas bon parler (Hugues Capet L., c.1358, 216). GRIMAUT. Mon seigneur, hostage m'ottroy Pour Hardré (...) Avecques ceulx que sanz attendre Venir fera. LE ROY. Quant a ore s'en cessera ; Il me souffist, puis que vous ay. (Mir. Amis, c.1365, 28). "Et puis que ainsi est que mon corage nuit et jour est sans repoz, je lui ay conseillié qu'il se cesse du tout et qu'il se departe de telle amour et s'en aille vivre avec les Epycuriens qui vivent selon le desir et le plaisir de la chair..." (Horloge de sapience S., c.1389, 65). ...que de present l'en se cesse et sustraye du tout de l'obeissance de notredit saint pere sans aucun autre delay (Vote soustr. obédience M.P., 1398, 194).

-

Se cesser de + inf. : Biaux seigneurs, vous vous cesserez De moy parler que prengne femme (Mir. chan., c.1361, 151). De mal faire me vueil cesser ; Et pour mes pechiez confesser M'en vueil aler au pape a Romme. (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 30). Très redoubtez sire, salve soit vostre grace ; mais justice est en vostre royaulme trop foible, et vous ne savez pas tout ne povez savoir, car point n'en enquerez ne demandez, et ceulx qui vous conseillent s'en cessent de vous dire, pour le grant prouffit qu'ilz y prendent. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 30). Si vous supply que vostre cueur se sesse De dire ainsy (LANNOY, WERCHIN, Ball. P., 1404, 339). Et longuement de parler se cesserent (CHART., D. Fort., 1412-1413, 193). Quant le roy vey qu'il n'y avoit remede que Jason ne feist son vouloir, il se cessa d'en parler plus (LEFÈVRE (R.), Hist. Jason P., c.1460, 195). Je ne me cesse de combatre (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 393). O mes yeulx, ne vous cessés jà De plourer mes maulx et mes dueilz, S'en vous plus de larmes y a Arousez m'en, ainsi le veulx. (Cene dieux, c.1492, 125).

-

Se cesser à + inf. : Nous nos cesserons a parler dou roi d'Engleterre, tant que temps et lieus retourneront que il en apertenra a parler, et enterons en la matere des gerres de Bretagne (FROISS., Chron. D., p.1400, 461).

c)

"Se taire au sujet de qqc." : Et de ce je me cesse. (LA SALE, J.S., 1456, 202).

-

Se cesser coi de qqc. "Se tenir coi à propos de qqc." : BARLAAM. (...) Mais je ne le te puis moustrer, Car nous sommes près pour entrer Devant le roy. LE MESSAGIER. C'est voir. Or vous en cessez coy. (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 253).

D. -

Empl. trans.

1.

"Mettre fin à qqc." : Et il appert par ce, que chascun qui enquiert par conseil comment il ouvrera, il se arreste et cesse son inquisicion quant il a ramené et reduit le commencement de son inquisicion siques a soy meïsme et il a reduit soy meïsme a l'antecedent, c'est assavoir a la premiere chose ou il doit commencier son excecucion. (ORESME, E.A., c.1370, 193). Ou sont les prieres apparans qu'i font a Dieu pour le povre peuple et affin que Dieu vueille cesser les afflictions qu'i nous donne ? (JUV. URS., T. rever., 1433, 60). Tretout le monde vous en charge, Cessant toute excusacion. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 429). Je ne veux pas cesser le service d'un roi de France pour un comte de Charolois. Pardonnez-moi et adieu. (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 192).

-

"Faire cesser qqc." : Il faut que vostre plait cessons, Car d'entendre ailleurs pressé sons. (FROISS., Dits Débats F., 1363-1393, 200). Et fu emprise ceste penitance a faire pour faire priiere a Dieu pour cesser la mortalité, car, en ce temps de la mort et boce et epedimie, les gens moroient soudainnement (FROISS., Chron. D., p.1400, 894). Et, cessant la flébothomie, Il fault, par art et industrie, Purger l'umeur courtoisement, Qui est racine et fondement De l'apostume (LA HAYE, P. peste, 1426, 120). La pouvre fille, revenue de paumoison (...) cessa la grand flotte de ses larmes (C.N.N., c.1456-1467, 133). PHEBUS. Pour tout cela, ne plus ne moins, Ma seur Juno, cessés vos plains Et essuiez vos yeulx chetifz (Cene dieux, c.1492, 125). Cestui trouva invencion et, par son moïen furent instituez à Romme le jeu des enciens, affin de cesser la peste. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 51 v°).

-

Cesser sa parole / son langage... : C'est à dire, en briève parole, Cessant du tout la Parabole, Que j'ay tant fait et estrivé Que, Dieu mercy, j'ay achevé Ceste simple translation (LA HAYE, P. peste, 1426, 162). Et a ces parolles Madame cessa son parler. (LA SALE, J.S., 1456, 174). ...a la presence Du roy triumphant sans dommaige Vous allez sceucer tel langaige. (Feste roys, c.1475-1500, 309). ...vous m'escouterez Tant que j'aye ma parolle cessee. (LA VIGNE, S.M., 1496, 356).

2.

"Abandonner qqc., renoncer à qqc." : ...les prelas Ententis par cure de las A mondains desirs acomplir Et des richesses raemplir, Cessent la paroule divine (DESCH., M.M., c.1385-1403, 204). Veulx tu la loy juifve cesser ? (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 471).
 

"Cesser"

Rem. Cf.  ; AND : encesser.

V. aussi acesser
 

"Caractère de ce qui est incessable" : Incessabilitas (...) : incessabilités (LE VER, Dict. M.E., c.1420-1440, 225).
 

"Qui ne cesse pas" : Ilz ont les yeulx plains de adultere et de delit incessable (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 397). Ha ! France, jadiz glorieux royaume, helaz, comment diray je plus ? Car tresamers plours et lermes incessables dechieent comme ruisseaux sur mon papier, si qu'il n'y a place seiche ou puisse continuer l'escripture de ... (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, 1404. In : G. Ouy, Le M. fr. (6e Colloque, Milan), t.1, 1991, 137). Car par leurs constellacions et incessables motions Gouvernent tout humain suppos. (MOLINET, Myst. st Quentin C., c.1482, 44).
 

"Sans cesse"

Rem. Cf.  ; AND : encessablement.
 

"Sans arrêt, sans relâche, sans interruption, continuellement" : ...attendans les bons et diligens services que ledit Henryet nous a fais et fait incessaument, et qu'il et sesdis hoirs (...) nous devron faire touz jours perseveralment (Trés. Reth. S.L., t.2, 1361, 157). ...pour la quelle chose nous ont souvent suppliet en requerans que leur voulsissons bailler lesdictes terres a certain cent capital annuel, et les laboureroient doresenavant incessamment par chascun an, et semeroient esdictes terres en telle maniere que ilz paieroient a nous et a noz successeurs par chascun an la disme entiere des grains et fruis venans et croissans desdictes terres, avec certain cent capital, sans faute quelconque et sur certaine paine. (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1366, 328). ...pour la cause qui doit esmouvoir tout chevalier et gentil homme que son corps incessamment employe en la poursuite d'armes (Bouciquaut L., 1407, 351). La .XIIe. estoille (...) sera la vision de celle benoite Trinité du Pere, du Filz et du Saint Esperit en unité d'essence divine, où ilz se mireront et la contempleront incessamment (CHR. PIZ., P.V.H., 1416-1418, 51). Audit Jehan Dancise, la somme de cent frans, pour don à lui fait par mondit seigneur, de grace especial pour une foiz, pour les bons et agreables services qu'il lui a faiz ou temps passé, fait chacun jour en exerçant sondit office diligemment et incessamment (Comptes Etat bourg. M.F., t.2, 1419, 394). ...[Monseigneur] luy va faire ung grand prologue d'amoureux assaulx que incessamment amour pour elle luy envoye (C.N.N., c.1456-1467, 115). ...ne faisoit incessamment sa femme que rechigner, et souvent ploroit bien tendrement (C.N.N., c.1456-1467, 470). Messeigneurs, avez veu comment Nous ont assailliz rudement En cest assault noz anemis, Qui a tenu incessamment Quatre heures tout entierement Sans avoir aucun delay pris. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 165). Mais faictes mectre a puissance Artillerie au bouloart Pour les batre, comme je pence, Incessamment et toust et tart. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 178). Or veillons doncq incessemment Sans estre en soucy ne renchere. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 204). SAINCT MARTIN. De tresbon cueur voz motz solacïeux Soyez certain que bien les retiendray, Et le party du hault Dieu precïeulx Jusqu'a la mort incessamment tiendray ; Et en sa loy si bien me maintiendray Qu'en la parfin gaigneray paradis. (LA VIGNE, S.M., 1496, 216).

Rem. Doc. 1358. In : Bibl. Éc. Chartes, 4e série, t. 3, 1857, 424 (...pour contemplacion des bons et agreables services que le dit Jaques nous a faiz et fait de jour en jour incessanment et esperons qu'il nous face ou temps avenir). Cf. aussi GD IV, 562b, incesselment [l. incessalment = incessaument].
 

"Qui n'a pas de cesse, incessant" : Sa chanson est plainct et clamour ; Son amour, ire hayneuse ; Son repos, incessant labour, Et son lict, place ruineuse. Son miel est fiel dessavouré, Et sa doulçour est chose amere (ROBINET, Compl. François H., p.1420, 144). ...il a appetit Cognoistre regions et lieux, La largeur et longueur des cieulx, Et tous ses grans reflexemens, Et incessans grans movemens (RIVIÈRE, Nef folz D., 1497, 423).
 

"Sans arrêt, sans relâche" : Le conseil de dame Venus Ne m'a point la douleur ostee De qui mes membres sont tenus, Ains croy qu'elle soit augmentee, Et pour l'amour de Galathee Que j'ay cloz dedens ma poitrine Incessantement tourmentee Du feu d'amour qui point ne fine. (Livre d'amours, Pamph. Galath. V., 1494, 28). Et quant mesmes par lassement Je me tais, elle me admonneste De parler incessantement Tant qu'elle m'en ront toute la teste. (Livre d'amours, Pamph. Galath. V., 1494, 97).
 

"Qui ne cesse pas" : Et agravé de grant doleur De incessif par turbant [l. parturbant] maleur. (RIVIÈRE, Nef folz D., 1497, 335).
 

"Sans cesse" : Tierchaine c'est fievre putride engendree de colere incessivement. (GORDON, Prat., c.1450-1500, I, 4).