C.N.R.S.
 
Famille de causa 
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     ACHOSE     
*FEW II-1 causa
ACHOSE, subst. fém.
[GD : achose ; *FEW II-1, 542a : causa]

Région. (Suisseromande) "Besoin, nécessité"

REM. Doc. 1368, 1410 ds GD I, 57c.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 2/10 
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     CAUSE     
FEW II-1 causa
CAUSE, subst. fém.
[T-L : cause ; GDC : cause ; AND : cause ; DÉCT : cause ; FEW II-1, 542 : causa ; TLF : IV, 317b-320b : cause]

I. -

"Origine ou raison d'être de qqc."

A. -

"Ce par quoi qqc. arrive, ce qui produit un effet"

 

1.

[Dans des domaines spécialisés]

 

a)

THÉOL. PHILOS.

 

-

[L'idée est celle du principe créateur, de l'origine première] : Il nest [l. n'est] pas de puissance a entendement humain veoir ou entendre parfaictement ceste saincte et benoiste trinite [l. trinité] tant que on est en ceste mortelle vie, car cest[l. c'est] article ou articles de foy mais de loing et aussi comme en vne vmbre on en peult parler a la semblance deuant dicte ainsy que on congnoist la cause par leffect [l. l'effect]. (CIB., p.1451, 202). La creature raisonnable le dit et afferme, car par l'effect et par ce qui est fait parvient jusques a la congnoissance de la cause, qui est le createur. (Somme abr., c.1477-1481, 101).

 

.

[Une des façons de désigner Dieu] La cause des causes : Lez roys sont l'instrument de la divine ordonnance ; et se tu veulx par eulx raysonner contre celui qui fist rayson, et causer a la cause de toutes causes, cerche en ton foible papier, et examine le compte de leur office ou est le deffault (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 35). Cause des causes tresovereinne ! Roy eterne ! deité haulteinne ! (Compl. Liège Z.N., p.1468, 104).

 

-

"Ce qui fait qu'une chose est condition nécessaire et suffisante ; principe d'une chose (sont distingués quatre genres de causes : la cause matérielle, la cause formelle, la cause efficiente et la cause finale)" : ...en ce livre a IIII causes [cause materiel] cause formal, cause finel et cause efficient (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 362). La cause de mariage est quadruple. La premiere cause, c'est que le consentement des voulentés et des couraiges soient expriméz par les paroles de present. La cause materiele sont les personnes, l'homme et la femme. La cause formele, c'est la benediction de l'anel et aultres misteres. La cause finale est double. (Sacr. mar., c.1477-1481, 44).

 

-

Cause materielle. "Ce dont une chose est constituée" : La cause materiel de ce livre et le subgiet du livre est toute une mesme chose (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 362). Et pour ce les hommes coleriques qui ont la partie derniere du cerveau froide et seche legierement deviennent chanus en jeunesse et la cause efficiente est chaleur qui n'est pas trop excedent, la cause materielle, c'est vapeur seche (GORDON, Prat., c.1450-1500, II, 1). Item cause agente et cause materielle n'est pas tout ung : le sperme de l'omme est cause agente, donc il n'est pas matiere de l'embrion (GORDON, Prat., c.1450-1500, VII, 14). La cause materiele [du mariage] sont les personnes, l'homme et la femme. (Sacr. mar., c.1477-1481, 44).

 

-

Cause formelle : ...la cause formel n'est autre chose que la maniere de proceder en ce livre (briefve et ensforistique, deviser le livre en traictiez et les traictiez en chapitres et en parties) (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 362). Je respons a tout que la semence de l'omme n'a pas toutes les choses devant dictes seulement, mais aussi l'esperit de chaleur qui est en la semence, car il est en la semence comme cause agente et comme cause formale et ne entre point en la composicion substanciele de l'embrion. (GORDON, Prat., c.1450-1500, VII, 14). La cause formele [du mariage], c'est la benediction de l'anel et aultres misteres. (Sacr. mar., c.1477-1481, 44). Et encores comme ainsi soit que Dieu est cause effective et formele et finale de toutes choses, comme dire de lui on ne puet que comme il est cause faisant que il soit cause faicte, ne en tant qu'il est cause formale qu'il soit cause ou chose formee, par pareille raison on ne puet dire que come il est cause finale qu'il soit finie aiant fin. (Somme abr., c.1477-1481, 132).

 

-

Cause efficiente/effective : ...tous les nerfz et membres nervus procedent du cervel si comme de leur cause efficient, si comme il apperra en toutes les anatomies de medecine combien que les philozophes diroient autrement, et que tout despent du cueur en genre de cause efficient (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 362). Et se il [un meisme corps] est meu selon ce que il est receptible de enfermeté, il sera meu a enfermeté. Mais les choses pesantes et les legieres semblent plus avoir en soy meisme principe ou cause efficiente de leurs mouvemens pour ce que leur matiere est tres prochaine de leur substance. (ORESME, C.M., c.1377, 680). Et pour ce les hommes coleriques qui ont la partie derniere du cerveau froide et seche legierement deviennent chanus en jeunesse et la cause efficiente est chaleur qui n'est pas trop excedent, la cause materielle, c'est vapeur seche (GORDON, Prat., c.1450-1500, II, 1). Et par ainsi ce sera proces sans fin et comme ung cercle, qui se retourne en soy mesmes, dont on ne puet scavoir n'apparoir principe ne fin, ou il convient parvenir a une chose qui est cause effective de toutes choses sans avoir estre d'aultrui ou par aultre chose. (Somme abr., c.1477-1481, 101). Et encores comme ainsi soit que Dieu est cause effective et formele et finale de toutes choses, comme dire de lui on ne puet que comme il est cause faisant que il soit cause faicte, ne en tant qu'il est cause formale qu'il soit cause ou chose formee, par pareille raison on ne puet dire que come il est cause finale qu'il soit finie aiant fin. (Somme abr., c.1477-1481, 132).

 

-

Cause finale. "Ce en vue de quoi une chose est faite" : ...la cause final [du livre] comme est la fin a quoy tent l'acteur fust double, la cause final de l'oeuvre et la cause final de l'ouvrier (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 362). ...car de l' amour en nous donné gracieusement sans desserte, le Saint Esperit non seulement est cause active et effective, mais aussi exemplaire et finale. L'amour, qui est en nous, est et vient du Saint Esperit activement, pour ce que le Saint Esperit est Dieu. (Somme abr., c.1477-1481, 115). Les ydees des choses et les exemplaires et raisons sont telement en Dieu que ce nom ydee emporte cause active conforme et samblable a l'effect. Mais l'exemplaire emporte cause formele, et raison emporte cause finale. Dieu est principe de toutes choses de qui sont, et est forme exemplaire a la pourtraiture du qui sont, et est la fin auquel sont. (Somme abr., c.1477-1481, 157).

 

b)

MÉD. SC. "Cause comme agent dans un processus de causalité et de conséquence" : ...cest procés est de la cause a l'effect. (ORESME, E.A.C., c.1370, 109). Toutes ces causes peuvent estre ramenees a deux, c'est assavoir a cause chaude pongnant et mordant ou a trop grant froidure paraliticant (GORDON, Prat., c.1450-1500, VI, 14). Aussi [le chirurgien] ne laisse pas les accidens car iceulx aucunefoys surmontent leurs cause et toute la cure pervertissent. (PANIS, Guidon, 1478, chap. sing.).

 

-

[Formulation proverbiale] Si la cause cesse, l'effet est nul : Mais a present, par la bonte [l. bonté] de mon Pere, il est tout autrement, car tout le peuple gallican, l'eglise, les nobles, et toutes les bonnes villes, au jeune Moyse couronne [l. couronné], souverain maistre de la nef francoise, et non autre, en vraye amour et pardurable dilection et reverence naturelle, sont vrais obeissans. Et pour ce a noz propoz, selon le dit du philosophe, cessant la cause, l'effet est nul. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 397). ...et ainsi se la cause cesse, l'effect cesse (GORDON, Prat., c.1450-1500, VII, 9).

 

c)

[Autres syntagmes propres à ces domaines spécialisés]

 

-

Cause accidentelle : ...la cause [des jours critiques] est double, l'une essentielle et radicalle, c'est le mouvement de nature et de la maladie, l'autre cause est accidentelle, si comme la vertu et influence du corps, c'est le celestiel (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 362).

 

-

Cause active/agente/faisante : Je respons a tout que la semence de l'omme n'a pas toutes les choses devant dictes seulement, mais aussi l'esperit de chaleur qui est en la semence, car il est en la semence comme cause agente et comme cause formale et ne entre point en la composicion substanciele de l'embrion. (GORDON, Prat., c.1450-1500, VII, 14). Item cause agente et cause materielle n'est pas tout ung : le sperme de l'omme est cause agente, donc il n'est pas matiere de l'embrion (GORDON, Prat., c.1450-1500, VII, 14). Et a ce confermer dist Saint Bernard : Dieu n'est pas formé, il est forme, non effect formé. Dieu est cause active et faisant, non faicte, ne passive. Dieu n'est pas composé, mais est simple de nature et selon estre. (Somme abr., c.1477-1481, 148). La cause active ou efficiente de predestination est Dieu quant aux effects denotéz et contenus ou nom de predestination. La cause materiele est cellui qui est predestiné et preordonné. Mais il y a maniere ou ordre en predestination, car premierement est donnee la grace et aprez la glore. (Somme abr., c.1477-1481, 166). Mais il est vray que la cause de ceste maladie fust double. C'est asavoir l'une faisante universelle et l'autre patiente ou souffrante particuliere. (PANIS, Guidon, 1478, tr.II, doct.2, chap.5).

 

Rem. Cause active/agente/faisante semblent synonymes et être proches de cause effective/efficiente.

 

-

Cause antecedente : Au commencement se les choses particulieres s'i accordent, faites saignees des II. basiliques pour la cause antecedente et puis des II. sophenes pour la cause conjoincte et que on attraye la matiere vers les parties basses et puis mondifiés la matiere selon l'exigence de l'umeur pechant (GORDON, Prat., c.1450-1500, VII, 8).

 

-

Cause conjointe : Au commencement se les choses particulieres s'i accordent, faites saignees des II. basiliques pour la cause antecedente et puis des II. sophenes pour la cause conjoincte et que on attraye la matiere vers les parties basses et puis mondifiés la matiere selon l'exigence de l'umeur pechant (GORDON, Prat., c.1450-1500, VII, 8).

 

-

[P. oppos. à cause accidentelle] Cause essentielle : ...la cause [des jours critiques] est double, l'une essentielle et radicalle, c'est le mouvement de nature et de la maladie, l'autre cause est accidentelle, si comme la vertu et influence du corps, c'est le celestiel (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 362).

 

-

Cause extrinseque/foraine : La cause de opilacion et duresse d'esplain, de quoy nous entendons plus a parler est extrinseque ou intrinseque (GORDON, Prat., c.1450-1500, VI, 7). ...et par ceste maniere tu viendras a congnoissance des causes foraines (GORDON, Prat., c.1450-1500, II, 10).

 

-

Cause generale : La tierce consideracion est que les sains de paradis ont parlé aucunes foys generalment de nostre Dame et des autres en ceste matiere, voulans donner a entendre que sans privilege especial et selon les causes generales, nostre Dame eust eu pechié originel comme les autres (GERS., Concept., 1401, 422).

 

-

Cause intrinseque : La cause de opilacion et duresse d'esplain, de quoy nous entendons plus a parler est extrinseque ou intrinseque (GORDON, Prat., c.1450-1500, VI, 7).

 

-

[P. oppos. à cause prochaine] Cause lointaine/remote : Huitiesmement tu dois noter que entour de la tierce digestion que est ou foye peut estre cause lontaigne de lepre, mais erreur vertu immutative en chair est cause prochaine (GORDON, Prat., c.1450-1500, I, 21). Item note que humeurs en priapisme remplissent la verge, mais quant elle tent, c'est par ventosité comme par cause moyenne, car tantost vient et tantost va, sicomme dit Galien ou livre De interioribus. Et aussi ce se peut faire par humeur comme par cause remote (GORDON, Prat., c.1450-1500, VII, 2). Cestui voulut bien enquerir les causes loingtaines et prouchaines, lesquelles peut estre n'avoyent encorre esté si vivement perscrutées, et finablement, par longues experiences, congneut reallement les choses de cy bas estre totallement gouvernées par celles d'en hault (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 13 v°).

 

-

Cause moyenne : Item note que humeurs en priapisme remplissent la verge, mais quant elle tent, c'est par ventosité comme par cause moyenne, car tantost vient et tantost va, sicomme dit Galien ou livre De interioribus. Et aussi ce se peut faire par humeur comme par cause remote (GORDON, Prat., c.1450-1500, VII, 2).

 

-

Cause naturelle : Je puis, par figure et ymaginacion raisonnablement fondees, dire que dame Nature, laquelle descript le grant Alain (...), se presenta incontinent avec ses chamberieres qui sont les influences et causes naturelles, et se offry a la formacion de ceste dame et de la toute belle amie de Dieu (GERS., Concept., 1401, 391).

 

-

[P. oppos. à cause active/efficiente] Cause passive/patiente/souffrante : La quinte [cause peut être] grant réplétion Male o foible complexion, Lesquelles sont causes passives Plus que efficiens ne actives. (LA HAYE, P. peste, 1426, 48). Mais il est vray que la cause de ceste maladie fust double. C'est asavoir l'une faisante universelle et l'autre patiente ou souffrante particuliere. (PANIS, Guidon, 1478, tr.II, doct.2, chap.5).

 

-

Cause premiere/primeraine : Tu scez, mon Ame, que tu es faicte d'autruy que de toy. Sy conclus que la fontaine et premiere cause par laquelle tu es faicte est pardurable et immuable, car elle n'est point ne ne pourroit estre faicte par autre cause premeraine et plus parfaicte. Pareillement elle ne pourroit estre destruicte car tout depent d'icelle, et ceste premiere cause par laquelle tu es faicte et creée, je appelle nostre Dieu. (GERS., Trin., 1402, 159). Des causes célestieles et primeraines des pestillences, et, par espécial de la grant pestillence qui ou temps dudit Roy régna partout. (LA HAYE, P. peste, 1426, 23).

 

-

Cause privee : ...aulcune douleur vient de cause privee, aulcune de cause lointaigne : cause privee, c'est quant la cause prochaine et antecedente est ou cerveau et qui ne vient pas d'autre part ; cause lointaigne, c'est quant les vapeurs ou les fumées montent en l'estomac ou du foye ou de l'esplain ou de la matrice etc. et ainsi des autres. (GORDON, Prat., c.1450-1500, II, 10).

 

-

Cause prochaine : ...aulcune douleur vient de cause privee, aulcune de cause lointaigne : cause privee, c'est quant la cause prochaine et antecedente est ou cerveau et qui ne vient pas d'autre part ; cause lointaigne, c'est quant les vapeurs ou les fumées montent en l'estomac ou du foye ou de l'esplain ou de la matrice etc. et ainsi des autres. (GORDON, Prat., c.1450-1500, II, 10).

 

2.

[Dans le langage courant]

 

a)

"Ce qui est à l'origine de qqc., ce qui produit ou occasionne qqc."

 

-

La cause de qqc. : Chil Escoçois demorerent plus d'un mois a Londres et ne pooient estre respondu (...). La cause qui metoit detriance ou consel dou roi, je le vous dirai. (FROISS., Chron. D., p.1400, 205). L'occasion ou cause de sa maladie print au disner sur le premier president premier jour de Parlement. (BAYE, I, 1400-1410, 179). Et combien que ces choses soient assez evidentes et cognoistre, si y errent les pluseurs. Car, en racontant les faiz qu'ilz cognoiscent a l'oeil, ilz demeurent en descognoissance de la cause. (CHART., Q. inv., 1422, 4). Qui pourra doncquez reprendre l'ouvrier a qui nul n'aprint oncquez riens ? Ne comment peult homme reprouver le effeict dont il ne peult attaindre la preuve ne la cause ? (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 35). La principalle cause des guerres et questions qui sont entre les princes et roix est pour la deffiance qu'ilz ont les ungs entre les aultres. (BUEIL, II, 1461-1466, 257).

 

-

Estre cause de qqc.

 

.

[D'une pers.] "Être l'origine, l'auteur de qqc. (lorsque la chose est positive ou neutre) ; le fauteur, le responsable (lorsqu'elle est négative)" : Afin que (...) li biau fait d'armes (...) dont li roi sont cause, soient notablement registré (...) je Jehans Froissars, tresoriers et chanonnes de Chimay, me voel ensonniier de metre en prose (FROISS., Chron. D., p.1400, 35). Tu diz que je suis cause de ceste tresmaudite guerre et que je l'ay pourchacee et bastie par impatience de la haulte prosperité de paix. (CHART., Q. inv., 1422, 37). ...et ceulx mesmes qui deussent garder le pouvre peuple sont causes desdictes afflictions, et sont plus cause de la destruction du royaulme que les ennemis. (JUV. URS., T. rever., 1433, 58). Si fuz accusé avec les aultres, mes compaignons, d'avoir esté cause et moyen de la sedicion (C.N.N., c.1456-1467, 575). "Monseigneur, s'il vous plaist, vous me donnerez congié jusques à demain de pratiquer avec vous et monseigneur le Chancelier ces matières ; car je suis si espriz d'amour au Roy et à vous, qui estes cause de mon bien, que meshuy je ne vous sauroye que respondre, tant que mon sang soit rapaisié." (BUEIL, II, 1461-1466, 162). "Monseigneur, s'il vous plaist, vous me donnerez congié jusques à demain de pratiquer avec vous et monseigneur le Chancelier ces matières ; car je suis si espriz d'amour au Roy et à vous, qui estes cause de mon bien, que meshuy je ne vous sauroye que respondre, tant que mon sang soit rapaisié." (BUEIL, II, 1461-1466, 162). ...et pour ce faire seroient regardez tous les moyens et diligences que faire se pourroient pour recouvrer laditte depposition et que ad ce faire seroient contraintz tous ceulx qui avoient esté cause de la recelation d'icelle depposicion. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 213).

 

.

[D'une chose] : Car estre me peut cest honneur Cause de mon grief dampnement (Mir. ev. arced., c.1341, 106). Tu te plains de moy et cries a Dieu venjance des maulx que tu mesmes t'as pourchacé, mais tu ne te juges pas de ta mesmes coulpe, ainçois faiz la clamour et le bruit des presentes pertes et afflictions sans ramentevoir tes faultes passees qui en sont la cause. (CHART., Q. inv., 1422, 25). ...et predist aussi comme tout l'ost seroit affamé et comme le roy ne parviendroit point son entreprinse et que icelui voyage seroit inutille et cause quasi de la perte de plusieurs grans personnages et de son royaume (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 144 v°). Et luy sembloit aussi que le duc pourroit prandre quelque asseurence en eulx pour cause dudit advertissement ; ce qu'il fist. Et fut laditte oppinion cause de la redution de laditte ville. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 257).

 

-

Estre cause de + inf. "Être responsable (de telle action)" : Cause seray et mocion De faire persecucion A mes fréres (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 273). ...de fait, si a elle ne tenoit, elle seroit cause d'enrichir et honorer tout son lignage. (C.N.N., c.1456-1467, 155). Et, cedit jour, eschapperent trois prisonniers des prisons de Thiron, dont l'un avoit esté cause avecques Loys Sorbier de bouter les Bretons et autres dedens Pomtoise, et estoit de la compaignie de Joachin Rouault. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 127). ...s'il s'en feust alé, il eust peu estre cause de les faire destrousser ; il eust adverty les ennemiz et dit toute la convine du Jouvencel. (BUEIL, II, 1461-1466, 94). Cermilias, le grant astrologien, lequel, au moyen de sa science, gouverna entierement l'empereur Aurrellien et fut cause seul et principal de fonder, faire et construire la noble cité de Geneve, sur la fin du lac de Losenne (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 85 v°).

 

-

Estre cause que : Pére, qui cause et mouvement Es que nous sommes crestiens... (Mir. st Val., c.1367, 165). ...il estoit cause souvent que on faisoit moins de mal (JUV. URS., Nescio, 1445, 463). ...il ne sceut faire sa visitacion sans le sceu des voisins qui avoient esté cause que la defense avoit esté faicte (C.N.N., c.1456-1467, 441). Car leur nombre n'est point pareil, et si n'en peuent point recouvrer quant ilz veullent et se y peuent perdre ung chef ou ung conducteur, qui est cause bien souvent que le demourant des compaignons et gens de guerre ne demandent que à habandonner les places. (COMM., I, 1489-1491, 150). Aucuns dient qu'il fut aussi cause et donna conseilh que le roy Cambises fist escorcher le faulx juge, sur la peau duquel il fist asseoir son filz en la chaise de justice ad ce qu'il advisast à sentencier droit. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 46 r°). ...et fut cause que ceulx de Bruges se vindrent rendre en l'obeïssance du roy. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 145 r°). Et fut ledit appointement cause que ledit seigneur de Lescun parvint depuis à estre gouverneur de Guienne (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 330).

 

b)

Loc. adv. [Les loc. avec cause expriment plusieurs rapports : la cause essentiellement, mais aussi le moyen, le but]

 

-

À/par/pour (la) cause de qqc./qqn

 

.

À/par/pour (la) cause de qqc. "Sous l'effet, par l'action, en raison de qqc." : ...ceste fortune perverse (...) Me vient a cause du meffait Que envers mon seigneur ay fait. (Mir. Theod., 1357, 107). ...car nul ne doit improperer ou reprouchier a un homme ce que il est aveugle se il est tel de nature et de nativité ou par cause de maladie ou par une plaie. (ORESME, E.A., c.1370, 200). Et tant qu'à la mise de l'argent je responderay (...) que je l'ay paiet et delivré à ceulx envers qui j'estoie oubligiez par cause de debte. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 17). Congnut aussi que pour cause de paroles injurieuses meues par entre sondit maistre et lui (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 25). ...il fu emprisonné oudit Chastellet, et delivré par les graces de la royne par lui faites à Paris, à cause de son joyeux advenement (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 37). Encores n'est past chascune humaine creature disposee souffisamment pour veoir icy Dieu en telle maniere : les aucuns pour l'empeschement du corps qui oste l'usaige de raison, soit a cause de aage comme es enfans, soit a cause de maladie (GERS., Trin., 1402, 153). ...pour occasion des plaintes et inconveniens qui estoient advenuz et advenoient chascun jour pour cause de l'insouffisance, ignorance ou negligence de pluiseurs (FAUQ., I, 1417-1420, 201). ...et subleueras ta pensee quant tu congnoistras ce qui a este [l. esté] dit en la seconde partie : quant tu penseras sur la iustice de Dieu quil [l. qu'il] excerce en homme pour la cause de pechie [l. pechié] ; et leueras ta pensee a mediter en humilite [l. humilité] lestat [l. l'estat] de nature humaine qui a este [l. esté] nauree de pechie [l. pechié] (CIB., p.1451, 187). ...lors pour cause d'estat et de la dignité, damp Abbés fut assiz au hault bout de la table (LA SALE, J.S., 1456, 275). La femme, sentent le chareton, a cause du froit et de la petitesse du lit, d'elle s'approucher, tost se vira vers son mary (C.N.N., c.1456-1467, 66). ...après (...) que le chief des ennemis fut prins et mené en la ville prisonnyer, les nouveaulx victoriens firent grant joye et menerent grant feste et triumphe pour cause de ceste destrousse. Car ilz véoient evidamment que Dieu et fortune leur favourisoit (BUEIL, I, 1461-1466, 113). Meliclaus, homme très cler en la science des estoilles, fut en ce temps home moult aprecié par les Lacedemoniens à la cause de ses predicions astrologalles, ès quelles il fut très expert. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 27 v°).

 

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[Indique essentiellement l'origine d'un lien de parenté] À/par cause de qqn. "Du fait de qqn" : ...et du consentement de maistre Pierre Michiel, hoir à cause de sa femme de damoiselle Perrenelle de Crepon, jadis mere d'icelle sa femme (BAYE, I, 1400-1410, 9). ...estes vous Carados de Brave, mari a Cleremonde, et qui gardés le païs pour ung chevalier de la Grant Bretaigne qui sires en doibt estre a cause de sa femme ? (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 413). ...car, autrement, ne l'eust jamais faict, pour la grant amour qu'il portoit à la maison de Lenclastre, dont il estoit prochain parent à cause de sa mère, laquelle estoit fille de Portugal. (COMM., I, 1489-1491, 191). Cestui prenostica la mort de messire Loys, conte de Flandres, d'Artois, de Bourgongne et de Nevers, qui trespassa le penultieme de janvier 1383, duquel fut heritier Philippe, duc de Bourgongne, à cause de sa femme, fille dudit messire Loys. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 145 r°). ...cousin du roy a cause de sa mere (LA VIGNE, V.N., p.1495, 261).

 

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En partic. Pour cause de brieveté. "Pour faire bref, par souci de brièveté (dans un texte)" : ...ne fault doubter qu'il n'y eust pluseurs devises qui longues seroient a racompter : si m'en passe pour cause de brefté. (C.N.N., c.1456-1467, 377). ...faire guet et de garder les portes d'icelle et les autres fermer et murer et mettre les chaynes de fer des rues de ladicte ville en estat, pour servir quant mestier en seroit, et plusieurs autres choses, qui longues seroient à escripre, que je passe cy pour cause de briefté. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 41). Des autres doubtes y a assez ; mais pour cause de briefté je les tairay pour le present (BUEIL, I, 1461-1466, 49). ...cestui allegue plusieurs astrologiens que je laisse et pour cause de breveté, pour ce que n'en ay parfecte memoire et que, estant escolier, je ne fiz que passer icelui livre. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 23 r°). ...qui ne sont cy nommez pour cause de briefveté. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 304).

 

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À/par + adj. poss. + cause. "À cause de, grâce à + pron. pers." : "Je vous requiers, dist le chevallier, que vous allez vostre chemin, car il ne me samble point qu'a vostre cause il me puist advenir aucun bien..." (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 18). "Sire chevalier, ne creez ces femmes, car sachez que la perte qui vous est advenue des deux escus vous est venue a leur cause..." (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 309). O vierge Marie ! veillez mon cueur rejoyr, et que par ma cause il n'ayt nul mal (C.N.N., c.1456-1467, 367). ...oyoit ces bons devis qui a sa cause se faisoient. [Enfermé dans un casier le curé entend la discussion qu'il a, bien malgré lui, provoquée entre un homme et son épouse] (C.N.N., c.1456-1467, 445).

 

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À/par/pour ceste/celle cause

 

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"À cause de cela, pour cette raison" : ...je y suis amoureux voirement [dans le Brabant]. Et a ceste cause m'y tire le cueur (C.N.N., c.1456-1467, 175). Ce jour aussi se print le feu à Paris en une maison en Champ Gaillart, dont le roy ot ung peu de paour, et ordonna pour ceste cause que on feist faire des feux par tous les quartiers de Paris et les habitans armez devant iceulx, et que le guet feust renforcié ; ce qui fut fait. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 128). Et ilz respondirent qu'ilz venoient de leur adventure et avoient bien senty qu'il y avoit gens entour la place, et pour ceste cause s'estoient retrais dedans les fossés pour advertir le guet et pour garantir leur forteresse. (BUEIL, I, 1461-1466, 72). A ceste cause il fut envoyay par icelui Xerxes amasser gens et navires, pour venger la honte que les Grecs avoient faicte à son pere (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 46 v°). Et aussi ne peürent plus tenir ledit duc de Lorreyne, les quatre ans passés, sans luy bailler ladite conté ou le asseürer à certain temps et par escript et tousjours payer les trente six mil livres : en quoy ne se peürent accorder et, à ceste cause, partit très mal content d'eulx de la court. (COMM., III, 1495-1498, 7).

 

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"Dans ce but, à cette fin" : Pour ce, beaux seigneurs, qu'il est de coustume que on declaire au commencement a quelle fin ceste feste fut estoree, l'en ne le peut mieulx donner a entendre que par le lay qui sera chanté devant tous, lequel devise tout le cas, et aussi fut il fait a celle cause. (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 237). Et, quant (...) ilz [les jeunes nobles] ont esprouvé les durs faiz, la pesanteur et le travail de la guerre et ilz parviennent à avoir charge et gouvernement d'autres, ilz les scevent mieulx entretenir et congnoissent plus parfaitement l'usance de la guerre. A ceste cause avoient tous les parens et amys du Jouvencel mys icellui en la conqueste et exercite des armes pour estre apprentis et lui laissoient avoir plusieurs souffraites comme aux autres. (BUEIL, I, 1461-1466, 59). Le roy d'Angleterre, qui ouyt parler de ceste fille qui estoit tant belle, tant sage et bien moriginee, ce pensa en luy mesmes qu'il seroit bon que la fist demander. A ceste cause envoya en Espaigne une moult belle compaignie de ses barons (Jehan de Paris W., 1494-1495, 18).

 

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[Cause de "en vue de" est le calque de lat. causa + gén.] : Patienche est, cause de honnesteté ou de utilité, voluntaire et longtaine souffranche des choses haultes et difficiles. (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 197).

 

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À cause de + inf. "Pour + inf." : Et ne feray ce [écrire l'histoire] tant à cause de lui donner gloire, ne los en ses mérites, comme je le fais pour nettoyer et deffardeler de toutes charges envieuses (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 9). L'homme puet acceder et approcer a sa femme en quatre causes. Premierement pour cause [...] de rendre le deu, a cause de eviter incontinence. (Sacr. mar., c.1477-1481, 46).

 

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En cause de qqc. "À titre de, en vue de qqc." : Aprez la messe, en cause d'hommaige, les oncles du roy baisierent le roys comme ses tenaulz et fievez et luy firent et jurerent foy et hommaige à tenir à perpetuelité (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 81).

 

c)

Loc. conj.

 

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À cause (de ce) que. "Parce que" : Et tant vueil je que vous sachiés que c'est un grant merveille de cest enfant a cause qu'en ceste cité n'a enffant eagié de deux ans qui ait la force qu'il a. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 253). ...il n'est roy, royne, duc, seigneur, dame ne damoiselle, jusques aux plus petis, que chascun ne s'esforce a dire bien de vous, a cause que avez esté et que estes humbles et gracieux (LA SALE, J.S., 1456, 75). Sy estoient toutevoies les eaues bien grandes et hors de rive partout, par quoy il y faisoit pénible passer, mais ce fit-il à cause qu'il vouloit fuir peut-estre les honneurs (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 34). Sy prist la charge de cecy Toison-d'or comme j'ay dit et s'en acquitta bien, et le roy aussi, à cause que raison ne lui souffroit pont à y mettre refus, en agréa le faire assez légèrement (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 314). A ces paroles escouta ententivement le seigneur de Montauban, et prist la response devers luy, à cause de ce qu'il sembloit que le respondre luy séoit mieux sur ce point que à l'autre, messire Jehan de Cuy, et dist... (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 29). Sire, on vous doit honneur porter A cause que vous estes prestre (C. Riffl., c.1480-1520, 59).

 

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Pour (la) cause (de ce) que

 

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"Parce que, au motif que" : ...il manda à ce duc d'Irlande que pour la cause de ce qu'il avoit courroucié ses biaux cousins d'Angleterre et brisiet son mariaige (...) que il se partesist de son pays (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 73). ...doubtoit Abraham (...) que on ne le tuast pour la cause que Sarra sa fame estoyt belle (JUV. URS., T. rever., 1433, 62). ...verité est que je m'arrestay au lieu de Luc, pour ce qu'il estoit du party que je tenoie, et aussi pour cause que j'avoie longuement travaillié et avoie besoing de repos ; par quoy je sejournay là par aucuns temps. (BUEIL, I, 1461-1466, 21). ...auquel lieu il disna pour cause que les Allemans avoient bruslé Pontresme (LA VIGNE, V.N., p.1495, 277). Et, par le conseil dudit patriarche, mondit seigneur de Nemours fist assavoir au roy qu'il envoyast devers luy le mareschal de Cominge et monseigneur du Lau pour l'assurer ; aultrement n'estoit pas deliberé ne conseillé y aller. Et les demandoit ledit seigneur de Nemours pour cause qu'il estoient les plus fort acompaignez pour lors à l'entour du roy, et couchoit ledit du Lau avec le roy. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 186).

 

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[+ subj.] "Afin que" : "Madame, dist elle, mon nom ay je celé jusques a maintenant en cestui païs pour cause que acusee ne fusse a aucun sieuvant de Romme ; si vous declaire que je suis nommee Cerses." (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 330).

B. -

"Ce qui inspire une certaine manière d'agir, mobile d'action, raison, motif"

 

1.

La cause de qqc. "La raison, le motif de qqc." : A peu de parolles, je ose affermer que tes faiz, que chascun congnoist, me donnent plus cause de defiance vers toy que au prince ne donnent de confiance (CHART., Q. inv., 1422, 39). ...aprenons ne querir pas dehors ce que nous pouons trouuer dedens nous. Tu trouueras en toy matiere et cause dumilite [l. d'umilité] quant tu penseras la fragilite [l. fragilité] de nature humaine. Tu trouueras matiere de magnanimite [l. magnanimité] quant tu penseras la dignite de humaine nature. (CIB., p.1451, 196). Alphasar roy en champ sur sa baniere Ruay [Fortune] jus mort. Cela est ma maniere : Ainsi l'ay fait, ainsi le maintendray, Autre cause ne raison n'en rendray. (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 65). ...voulut aller en sa chambre et illec dire les causes de son hastif retour. (C.N.N., c.1456-1467, 443).

 

-

La cause pourquoi + prop.. "La raison pour laquelle..." : Je me sui longement tenus a parler des gerres de Bretagne et de mesire Carle de Blois et de la contesse de Montfort. La cause pour quoi je m'en sui sousfers, ç'a esté pour les trieuves qui furent prisses devant la chité de Vennes (FROISS., Chron. D., p.1400, 810). ...il se ne peut plus tenir de demander la cause pour quoy on le servoit plus de pastez d'anguilles que les aultres (C.N.N., c.1456-1467, 82). Janus, va t'en a la cité ; Dy a Pilate de par nous Qu'il envoye par son plaisir La cause pour quoy doit morir Jhesus, et qu'en escript la mecte. (Pass. Auv., 1477, 214).

 

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Empl. abs. : ...chierement je te pry, Ne te plains plus, car cause n'as pourquoy, Puis que je fais ainsi que tenu suy (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 88). Mais je voy les crestiens parjures A vostre Jesus faire injures En le maulgreant, despitant. Parquoy, je ne m' y fie pas tant. Je vous dy la cause pour quoy : Car n' y a loyaulté ne foy. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 89). LE JUIF. Mathatiel ! MATHATIEL. Vieilles grimaces ! LE JUIF. Il y a bien cause pourquoy : Le crestien jure sur sa foy Qu'oncques je ne luy prestay rien ! (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 123).

 

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La cause qui meut qqn (à qqc.) (à + inf) : Dame, dist ly roys Elinas, par vostre courtoisie ne vous vueille desplaire se je vous enquier de vostre estre ne de qui vous estes, car la cause qui m'y muet si est telle que je vous diray. (ARRAS, c.1392-1393, 7). ...lequel [Phisias] confessa que il estoit vray, et les causes qui le mouvoient (JUV. URS., T. rever., 1433, 62). ...la cause qui a ce faire le mouvoit estoit affin que madame ne desire pas tant l'assault amoureux (C.N.N., c.1456-1467, 279). ...je vous requier que vous me dictes la cause qui vous meut de moy tenir si grand rigueur quand je vous veil baiser. (C.N.N., c.1456-1467, 317). Pour ce que l'appetit de l'homme est insaciable et quiert tousjours choses nouvelles, pourquoy très souvent il est deceu, et meismement par faulte d'experience, j'ay voullu prendre paine d'escripre et racompter les causes mouvans le Jouvencel, duquel je faiz principalle mention, d'aller à la court pour trouver aucun avantaige (BUEIL, I, 1461-1466, 41). Et autres des chefz de la guerre furent d' oppinion contraire, disans que, se ledit duc mettoit plus grant armée dedans laditte ville, que ce seroit la cause qui plus mouveroit les habitans d'eulx rendre aux François, et qu'il devoit lesser seulement dedans laditte ville la garde qui y estoit. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 257).

 

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Cause motive. "Raison qui pousse à agir" : Car en ce se fait une euvre non pas seulement par laquele Dieu veult grace donner, mais aussy il y a cause motive par laquele la personne est excitee a devotion, en ce que l'on a presente la fontaine de toute doulceur et le large donneur de toute grace. (Traité S. Sacr. B., c.1450-1500, 151).

 

2.

Loc. adv.

 

a)

À cause/à bonne/juste cause. "Avec raison, à juste titre, à bon droit" : ...a bonne cause perdroit Et corps et biens. (Mir. Oton, c.1370, 338). ...par especial le duc de Bourgoingne y avoit grande affection, et à cause, car le duc de Guerles herioit sa belle ante, la duchesse de Brabant et son pays (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 230). Quant ce vint au matin, les nouvelles en vindrent en la chité de Clermont en Auvergne, qui gist à une petite lieue de là, comment les Anglois, en la nuit, avoient prins et conquis la bonne ville de Montferrant qui leur est si prochaine et si voisine. Si en furent touttes gens durement esbahis, et à bonne cause, car leurs ennemis estoient trop prez amassez (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 218). ...Jehan Petit, maistre en theologie (...) disoit de par ledit duc, qui l'a advoué, que à bonne et juste cause avoit fait mourir le duc d'Orleans (BAYE, I, 1400-1410, 222). Se vo conscience est troublée, Rapaisiez vous et congnoissiez Que Jhesus fu crucifiés A juste cause, car il dist Maintes choses contre l'escript De no loy qu'avons de Moyse (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 225). ...de ce furent effroyez, et a cause, ceulx de l'ost ; ilz se mirent a la fuite pour leurs viez sauver (Comte Artois, c.1453-1467, 45). "...les hommes font la bataille, mais Dieu donne la victoire." Et, pour tant, ung chevalier ou prince ne doit bataille entreprendre, se ce n'est à bon droit et à bonne cause. Et, pour tant, sainct Augustin, ou livre de la Cité de Dieu, en son cinquiesme livre, ou XXIIe chappitre, dit que bataille ne se doit faire, si ce n'est à grant cause et à grant neccessité. (BUEIL, II, 1461-1466, 72).

 

b)

Sans cause (et sans raison) : "...Occire me vosistez, san cause et san raison..." (Hugues Capet L., c.1358, 72). Lequel roy d'Ausay en a eu tel despit qu'il a deffiee la damoiselle et son pays, et y est entrez a force, et banniere desploiee, faisant guerre de sang et de feu, par son oultraige, sans cause et sans raison, et l'a assegiee, lui et ses gens, en la ville et chastel de Lucembourc (ARRAS, c.1392-1393, 150). Je ne dy pas cecy sans cause ; voise chascun a sa conscience. (GERS., Noël, p.1404, 297). Les faulx menteurs m'ont tout environné, Et les flatteurs m'ont ainsi ordonné Que vous voyés, sans cause et sans raison. (Pouvre peuple H., c.1450-1492, 195). Et sont telz melancolieux souuent degectez de vne meschante tristesse et ont paour sans cause et sont souuent si tristes que se tu leur demandes pour quoy ilz sont tristes et de quoy ilz se deulent, ou de quoy ilz ont paour, ou de quoy ilz ont desplaisance, ilz ne sceuent que respondre (CIB., p.1451, 219). ...le duc de Bourgoigne recommença par sa grande follie à faire la guerre à tort et sans cause aux Suisses, ses bons prochains voysins, qui estoient ceulx dont il povoit avoir grant secours pour les affaires de la guerre... (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 358).

 

c)

[Parfois en incise, avec un aspect exclamatif] (Et) pour cause

 

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"Pour des motifs évidents, pour de bonnes raisons" : ...nous vous mandons et pour cause[,] que les journees que (...) le conte de Bloys a par devant vous en parlement[,] vous continués juques au mercredi après les brandons prochain venant. (PHIL. VI VALOIS, Lettres closes C., 1331, 36). ...le doulx amoureux Jhesu Crist ama tressaintement et tendrement s'espouse, la glorieuse vierge Marie ; et pour cause, car elle fu moult semblable espirituelment. (Mir. femme roy Port., c.1342, 150). ...je ne baille à aucuns de messieurs aucun procès à visiter que touche aucun de messeigneurs les ducs de Berry, de Bourgoigne, oncles du Roy, et d'Orleans, frere du Roy nostredit Seigneur, ou Bourbon, oncle dudit Seigneur, sanz en parler à la Court avant et pour cause. (BAYE, I, 1400-1410, 18). ...le trespiteux fut a la fille sa dame, a laquelle il promist tantost retourner : ce qu'il ne fist point et pour cause [Le séducteur s'est enfui, son amie étant enceinte] (C.N.N., c.1456-1467, 68). ...ilz se doubtoient d'estre surprins et ne s'attendoient pas du tout aux parolles du Jouvencel, et pour cause. Car, comme dit Virgille, es vaincus n'a pas grant fiance. (BUEIL, I, 1461-1466, 73). Ha dea, nous le disons pour cause. (Sots Magn., a.1488, 209).

 

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DR. "Formule dont la cour se sert quand elle n'énonce pas les raisons évidentes d'une de ses décisions" : Et ordonne la court que doresnavant l'en ne jouera plus au dit jeu de propoz sinon que Dangier ou Sagrin soient entre deux, et pour cause. (MART. D'AUV., Arrêts Am. R., c.1460-1466, 117). Etau surplus sont compensees les despens d'un costé et d'autre, et pour cause. (MART. D'AUV., Arrêts Am. R., c.1460-1466, 170). ...au regart des fruiz demandés par ledit demandeur, et semblablement des arreraiges demandés par lesdiz defendeurs, et aussi des despens de la cause principalle, ladicte court les a compensez d'un costé et d'autre, et pour cause. (Lettres Louis XI, V., t.7, 1478, 304).

 

d)

[Après l'énoncé d'un fait] Et bien y a cause. "Il y a de bonnes raisons (à telle chose)" à : De la prise dou pont de Taillebourc furent cil dou castel, Durandons et li autre, tout esbahi et courouchié ; et bien i avoit cause, car il avoient perdu le passage de la rivière. (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 210).

 

3.

Loc. verb. Avoir cause

 

-

Avoir cause de qqc. "Avoir des raisons pour faire qqc." : La veissez une merveilleuse risée (...) mais celuy qui en avoit le mains cause ne s'en pouvoit ravoir. (C.N.N., c.1456-1467, 188). ...mondit seigneur du Maine, en retournant de l'ost desdiz Bourguignons, dist aux portiers de ladicte porte Saint-Anthoine qu'ilz feissent tous bonnes cheres, et que, au plaisir de Dieu, avant qu'il feust huit jours lors à avenir, tous auroient cause de joye et de crier "Noel." (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 101).

 

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Avoir cause à qqc. "Avoir des raisons pour prétendre à qqc." : Et là où les proismes de honnouré prince de Guerles vouldront seeller, ceulx qui cause pourroient avoir, par proismeté, au calange de la conté et seignourie de Guerles (...) je m'y assentiray au mariaige. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 150). ...mesires Robers d'Artois enortoit le roi d'Engleterre a calengier la couronne de France, et li metoit en l'orelle par ses informations que li roiaulmes de France li estoit devolus par la mort de son chier oncle le roi Carle darrain trespasset, et que Phelippes de Valois qui en tenoit la posession, n'avoit pas juste cause a l'iretage de France (FROISS., Chron. D., p.1400, 235).

 

-

Empl. abs. "Avoir des raisons (pour faire qqc.)" : "M'amye, pourquoy faictes vous cecy ? - J'ay bien cause, dit elle..." (C.N.N., c.1456-1467, 71). Il fault, et je n'en doubte, car j'ay cause, que quelque ung se soit de vous accointé qui noz mesnage ait ainsi renforcé. (C.N.N., c.1456-1467, 463). ...et est ce cela dont tant vous dolez ? Et par mon serment, vous avez bien cause (C.N.N., c.1456-1467, 471).

 

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Avoir (bonne) cause à/de + inf. "Avoir de (bonnes) raisons de" : ...Si que ce peuple ait achoison Et nouvelle cause et raison De toy loer et aourer (Mir. st Panth., 1364, 347). ...Ne je ne quier ne n'ay envie De riens qui tant me puisse plaire Con j'ay de trouver de mal faire Aucune cause ou achoison. (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 24). ...sy voy bien que vous avez cause et aussi ont touttes gens de vous plaindre. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 25). Ne ne creez conseil de homme exillié, ne fuitif de son pays, ou il puist touchier au desir de nuire ceulx qui l'ont exillié, s'il n'a bonne raison, et vous bonne cause de lui aidier, car ce vous pourroit moult empeschier de venir au degré d'onneur. (ARRAS, c.1392-1393, 86). Car il n'est riens, en ce monde, que li Alemant desirent si que d'avoir auqune cause et title de gueriier le roiaume de France pour le grant orguel qui i est abatre, et pour partir a la riçoise. (FROISS., Chron. D., p.1400, 229). ...vous ne autres n'aurez cause de vous douloir de deffault de justice. (Ch. VI, D., t.1, 1411, 342). "...qu'avez vous a plorer maintenant ? - Helas ! sire et j'ay bien cause plus que nul aultre de douloir..." (C.N.N., c.1456-1467, 93). ...le Roy veult soy acquitter envers tous et premièrement à ses subgectz, à ses amiz et aliez, et aprez à ses ennemiz. Et Dieu veult qu'on face raison à chascun. Et, pour ce, ne veult pas le Roy que nul ayt cause de soy plaindre de luy. (BUEIL, II, 1461-1466, 28). Resveille toy, franc cueur joyeux, Tu n'as pas cause de dormir, Car vecy le temps gratieux (Cene dieux, c.1492, 107).

 

-

Avoir cause que : Et pour ce semble que j'ay assez cause que on viengne devers moy pour y adviser (JUV. URS., Aud. illos, 1432, 42). J'ay grant cause que tousjours m'en souviengne [des souffrances de l'amoureux]. (CH. D'ORLÉANS, Songe compl. C., 1437, 104). Or s'esbate, de par Dieu, Franc Gontier, Helayne o luy, soubz le bel esglantier ; Se bien leur est, cause n'ay qu'il me poise, Mais quoy que soit du laboureux mestier, Il n'est tresor que de vivre a son aise. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 118).

II. -

"Intérêts (à défendre) d'une partie devant une juridiction ; ensemble des intérêts ou des droits d'une personne"

A. -

DR.

 

1.

"Affaire pour laquelle une action est intentée en justice, cause, cas " : ...l'une dez partiez, pour delaïer la cause, si appelle au prelat de celle dyocese, et ja soit ce que ce soit aprés grans cous et missions, l'official du prelat s'efforce d'avoir la cognescence de telle cause, reele ou personnelle (Songe verg. S., t.2, 1378, 171). Et ce fait, la Court a deliberé et conclud de faire en ladicte cause et procès ce qu'il appartendra par raison sans en faire aucun renvoy. (FAUQ., II, 1421-1430, 315). Puis qu'a ma court tu te reclames, J'en suis content et tant t'en dy Que j'en remet la cause aux dames. (CHART., E. Dames, 1425, 370). Item, mon procureur Fournier Aura pour toutes ses corvees - Simple sera de l'espargnier - En ma bourse quatre havees, Car maintes causes m'a saulvees, Justes, ainsi Jhesucrist m'aide ; Comme telles se sont trouvees, Mais bon droit a bon mestier d'aide. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 89). ...et entre autres privileges leur a esté donné et concedé qu'ilz puissent et leur soit loisible avoir ung juge royal par ressort, qui puisse congnoistre et decider de toutes leurs causes et querelles, tant en demandant que en deffendant, et tant en chief que en membres. Et en usant desdiz previlèges, iceulx supplians ont aucune foiz eu leur juge par ressort en nostre ville de Limoges, le juge du parage illec ordonné, autrefoiz à Chinon, le juge des exemps par ressort (Doc. Poitou G., t.12, 1476, 62). Declarez le moy cy tout hault, Car la cause je vueil entendre. (B. veoir, p.1480, 16). Plaidons en procès ordinaire Et mettons la cause a huyttaine. (P. moyne, a.1500, 49).

 

-

Cause civile/criminelle. "Affaire relevant de la juridiction civile ou criminelle" : Donques, a ceulx, seulement, appartient de chose juste et injuste, tant en cause civile conme en cause criminele, juger et determiner. (Songe verg. S., t.1, 1378, 28). Et, toutevoies, lez officiaux dez prelas dient que la cognescence leur appartient dez causes civiles, especiaulment sur lez possessions, et dez interdiz. (Songe verg. S., t.2, 1378, 149). Puiz a esté plaidoiée une cause criminelle du ravissement d'une fille d'Anjou. (BAYE, I, 1400-1410, 344). ...vous devés faire justice et raison tant en causes civiles comme en criminelles (JUV. URS., Aud. illos, 1432, 27).

 

-

Cause d'appel. "Affaire jugée en appel" : ...mestre Guillaume Le Preus (...) est adiournez par devant vous en une cause d'appel contre Robert du Palays a lundi prochain ansivant (PHIL. VI VALOIS, Lettres closes C., 1340, 85). ...veu le procès et ce que les parties ont voulu dire en ladicte cause d'appel, ledit Gauvain Trente ne fait à recevoir comme appellant et l'amendera. (FAUQ., I, 1417-1420, 372). ...Phelippe Baussant, escuier, sire d'Escland, heritier pour la moitié de feu maistre Jehan de Roichefort, jadiz conseillier de feurrent messires Phelippe et Jehan, duc de Bourgoingne et leur bailli d'Auxois, et aussi auditeur avec les autres auditeurs des causes d'appeaulx dudit duchié (Comptes Etat bourg. M.F., t.1, 1419, 98). ...nous voulons que icellui procés soit du tout vuidé et jugé avant que icellui seigneur de Boesgues soit receu à poursuir sa dicte cause d'appel (Lettres Louis XI, V., t.2, 1463, 148).

 

-

Cause de contrat. "Procès ayant trait aux actes authentiques" : ...les seaulx dont l'on use aux causes du contraz de la court du Bourc Nouvel (Cartul. Laval B., t.3, 1412, 25).

 

-

Sceau à causes. "Sceau avec lequel le Garde du sceau scelle les actes juridiques" : ...et prisent de toutes ces convenances lettres seelees dou seel a causes de la ville de Gant. (FROISS., Chron. D., p.1400, 262). En tesmoing desquelles choses (...) avons seellées ces presentes du petit seel aux causes du dit bailliage. (Chron. Mt-St-Mich. L., t.1, Pièces div., 1424, 133).

 

Rem. Cf. F. Lot, R. Fawtier, Hist. des instit. fr. au Moy. Âge, t.1, 1957, 224

 

-

Sans connaissance de cause. "Sans connaître les faits, les circonstances d'une affaire" : En laquelle commocion aucuns prisonniers et autres furent tuez et mis à mort sans autre congnoissance de cause, soubz umbre de ce que on disoit yceulz avoir esté et estre favorisans au conte d'Armignac contre le duc de Bourgoingne (FAUQ., I, 1417-1420, 131). ...mais aujourduy sans congnoissance de cause ung simple juge royal saisira le temporel des personnes ecclesiastiques, et mesmement des evesques. (JUV. URS., Nescio, 1445, 492). Et se ung seigneur souvrain fait violence meismes a son subget sans congnoissance de cause prealablement, il devra estre restitué en sa possession (JUV. URS., T. crest., c.1446, 102).

 

-

Avoir bonne/juste cause. "Avoir le droit de son côté ou contre soi, agir à bon droit ou contre le droit" : CHÉRUBIN. Et en ce voudra discerner Mon glaive flamboiant et cler Qui geule devisant est dit Pour juger de tout contredit Pour ceux qui bonne cause aront Faire passer en ciel amont Et les autres hors retrenchier Et en dempnacion chacier. (GUILL. DIGULL., Pèler. âme S., c.1355-1358, 20). ...cest assavoir se avez juste cause et querelle en vostre guerre. (JUV. URS., Verba, 1452, 230). ...il est à croire et est chose vraye que ceulx qui ayment Dieu et ont bonne cause et sont repentans et confès de leurs pechiez, finablement auront victoire de leurs ennemiz (BUEIL, II, 1461-1466, 73).

 

.

Avoir mauvaise cause. "Avoir une affaire en justice mal engagée ; avoir le droit contre soi" : Et venoit Jossellin, son pere, devant lui, sur un palefroy griz. Et firent la reverence au roy. Et moult sembloit Jossellins esbahiz ; de quoy pluseurs tenoient qu'il avoit mauvaise cause. (ARRAS, c.1392-1393, 62). Car ceulx qui disoient paravant : "Garganon a droit" disoyent lors qu'il avoit tres mauvaise cause. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 1405).

 

-

[D'une chose] Fondé en cause. "Légitime" : Ta cause e[s]t piteuse, et non moins fait a plaindre ta personne, mais n'est de sy grant poix ton infortune comme tu cuides ta complainte estre fondee en cause (CHASTELL., Temple Boc. B., 1463-1464, 101).

 

-

Defendre/plaider/plaidoyer la cause (de qqn). "Argumenter pour défendre le cas, les intérêts (de qqn), plaider une cause" : Chascun est attrait par sa volupté c'est a dire par son plaisir. J'ay doncques trop dure partie, trop puissant advocat encontre moy, qui a tellement desja plaidoyé sa cause que presques tout le monde le croit. (GERS., Déf., 1400, 222). Ce jour, environ IX heures, vint en la Chambre monseigneur le Chancellier, et en sa presence fu plaidoyée la cause qui s'ensuit (BAYE, I, 1400-1410, 42). Quand le jour fut venu, les parties se presenterent en temps et lieu. Ilz furent huchez a dire et plaidoyer leur cause (C.N.N., c.1456-1467, 499). ...quand vint l'heure de plaider sa cause par ung bon advocat bien informé de ce qu'il devoit dire... (C.N.N., c.1456-1467, 37). ...s'il vous plaist, vous i(l) vendrez, Mon doulx maistre, et me deffendrez Ma cause, car je n'y sçay rien, Et je vous payëray tres bien (Path. D., c.1456-1469, 144). J'ay tel honte de voir leur vie dampnable, Que je renonce a plaider plus leur cause. (Cene dieux, c.1492, 116).

 

-

Prov. Jamais homme n'est sage en sa cause. "On défend mal ses propres intérêts" : Et, pour ce, dit-on que jamaiz homme n'est saige en sa cause ; et, pour ceste cause, est-il en justice ordonné qu'on ne plaidoye point pour soy-meismes et fault faire dire son fait par office d'avocat. (BUEIL, II, 1461-1466, 225).

 

-

Loc.

 

.

Pour fin de cause. "En dernier ressort" : Et s'ilz disent que nous leur faisons tort, Et qu'ilz ayent devant Dieu appellé, Pour fin de cause et pour dernier ressort Encor n'est pas leur filé desmeslé. (Cene dieux, c.1492, 140).

 

.

Avoir cause contre qqn. "Avoir un procès contre qqn" : ...plusieurs avoient appellé céans [au Parlement de Paris] et avoient causes d'excès et d'actemptas contre aucuns capitaines (Ch. VI, D., t.1, 1412, 347).

 

.

Perdre sa cause. "Perdre son affaire en cours, son procès" : ...et s'il ne se oppose dedans ledit jour, il ne sera plus receu et perdra sa cause. (Vieux cout. Poitou F., c.1451-1454, 92). Mais nonobstant il (...) se plaingnist au duc Baudouyn, lequel lui dist qu'il avoit tort et que, puisque son adverse partie estoit deffendeur, il le devoit oultrer dedans le soleil couchié, ou aultrement il perdoit sa cause. (BUEIL, II, 1461-1466, 111). LE JUGE. Si de vous en brief n'est desdit, Claude, vostre cause perdez. (LA VIGNE, S.M., 1496, 520).

 

.

Traire qqn en cause. "Citer qqn en justice" : ...mais ce non obstant, les dis Manin Quatriex, Gautier de Mez et autres ont trait en cause le dit exposant, pour raison de leurs biens et marchandises que ilz dient avoir esté prins en la dicte nef (Doc. Poitou G., t.4, 1372, 145). Par quoy ledit roy Charles, le voulant traire en cause, s'en dolut à son parlement, afin d'en avoir décision du droit et du tort. (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 277). Comme (...) nos bien amez les Maïeur, eschevins, habitans et communauté de nostre ville d'Auxonne oultre Saône eussent esté adjournez et traiz en cause pardevant noz amez et feaulx conseillers les commissaires par nous ordonnez derrenièrement en noz pays de Bourgoingne, Charrollais... (Chartes communes Bourg. G., t.2, 1459, 43).

 

2.

"Chef d'accusation" : ...Pomponius, qui estoit tribun du poeuple, fist citer en jugement Manlinus Torcatus qu'il heoyt a mort et l'acusa de deux causes. (LA SALE, Sale D., 1451, 151).

B. -

"Intérêts et droits d'une personne"

 

-

Avoir cause (de qqn). "Posséder les droits d'une personne (par procuration ou autrement)" : ...avons fait fin compte ou nom et pour les hoirs dudit messire Harnaut et ceulx qui de lui peuvent avoir cause (Titres Bourbon H.-B., t.1, 1365, 518). Et poour ce, sont tenus à païer au roy notre sire ou à ceulx qui ont cause de luy, lez faisances qui ensuivent (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 16). ...à cause du retrait d'une rente de cinquante et deux escus d'or et demi et des arrerages d'icelle rente, appartenans audit de Mailli ou autres, dont il se faisoit fort ou se disoit avoir cause (FAUQ., II, 1421-1430, 281).

 

.

Ayant cause. "Celui ou celle à qui les droits d'une personne sont transmis" : ...tout ainsi que li dessus dis hiretages siet, s'estend et se comprend, wis et hébreghiez devant et derierre les quatre cors et le molon, et tout quanques il y tient à clau, à queville, à chime et à rachine, pour ent ghoir et possesser par no dessus dit redoubté signeur et les ayans cause de luy (Hist. Lille T., t.2, 1383, 430). Ferrant de Froville, escuïer, seigneur du fieu de Calletot, a en la forest de Brotonne, à cause de sondit fieu et hostel, coustume pour ses pors qui seront pour le gouvernement de sondit hostel, et aussy ses successeurs ou ayans cause dudit fieu de Calletot seullement. (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 85). ...et à asseoir à la femme et enfans, ou ayans cause dudit feu J.. Huel, cent libvres tournois de rente annuelle à vie d'iceulx vefve et enfans ou ayans cause et du survivant d'eulx, et leur paier pour une foiz la somme de IJm libvres tournois. (BAYE, II, 1411-1417, 76). ...et aussi, se mondit seigneur de Bourgoingne aloit de vie à trespas avant le Roy, ses heritiers et ayans cause feront au Roy lesdiz hommage, fidelitez et services, ainsi qu' il appartiendra. (LA MARCHE, Mém., I, c.1470, 229). ...led. Oury du Chastellet a baillé et baille, cedde, quicte, octroye et transporte par pur, vray eschange et permutation, sans aucune soulte, aud. Gobert de Bohan, pour luy, ses hoirs, sucesseurs et ayans cause, a tousjours perpetuellement, les choses qui cy après s'ensuivent... (Trés. Reth. L., t.4, 1477, 364). ...maistre Jehan Lesprevier est president, à l'encontre des heritiers de feu Jaques Cueur ou leurs ayans cause (Lettres Ch. VIII, P., t.2, 1488, 36).

 

-

(Faire qqc.) en/pour la cause de qqn. "(Faire qqc.) en faveur de qqn" : ...ilz se tindrent ens ou chastel de Brisco, qui est bel et bien fort, et quidoient chilz des loingtains marches, en sus de Galles, que le roy se tenist là pour la cause et faveur du duc d'Irlande (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 45). ...il luy sambloit que sa guerre estoit finée, et que jamais en la cause du duc de Lancastre tant de bonnes gens d'armes ne d'archiers n'en vuideroient hors d'Angleterre pour faire guerre à Castille (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 116).

 

-

Mettre sa cause sur la pointe de l'espee. "Défendre ses intérêts, sa cause par la force armée" : ...il besongne bien doncques et est excusable que celuy qui se sent le plus grevé en nature et autorité de prince, et à qui il duit rebouter force par force et oppression par puissance, qu'il mette sa cause aussy sur la pointe de l'espee, la où force luy fait foule. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 438).

C. -

P. ext.

 

1.

"Cas (en général), affaire, situation" : "...Cousin, seur tous ceulz du mont Sine Doy ammer se bourgois, la cause le destinne, Car il m'a visité d'ammoureuse doctrine, Si ammoureusement par pensee beninne Que se fusse ses fieux engenrré de s'orinne..." (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 459). Et quant il l'eut aucun pou festoié, il lui demanda dont il venoit la endroit. Atant le chevalier lui racompta la cause, et comment ceulx de la Selve Carbonniere s'estoient rebellés contre lui (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 303). ...[il] se vint nombrer droit cy entre les malheureux [et reputant] sa cause non moins triste que beaucop d'aultres, remonstrant place luy appartenir au temple et point n'y mettoit doubte. (CHASTELL., Temple Boc. B., 1463-1464, 67).

 

2.

"Événement (provoqué par une conjonction de planètes)" : Cestui predist l'exil des Romains sur la signifficacion d'une grande conjuction et les grandes causes qui furent en Occident et la cherté des vivres provenant, comme il disoit, de l'infortune de Mercure et de Jupiter (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 67 v°).

 

3.

"Occasion de chute, de péché" : Ensi touz jours, Sire, ta grace et ta misericorde a alé devant moy, delivrant me de touz mauls, rompant les laz despachez devant moy, ostant les occasions des causes, car, se tu ne heüsses ce fet, je heüsse fet touz les pechiez du monde (GAST. PHÉBUS, Livre oraisons T., c.1380-1383, 63).

 

Rem. Dans l'ex. suivant, cause semble signifier "manière d'être", sens non attesté ailleurs : Veez cy la cause des filles d'Alemagne ; si Dieu plaist, bien tost seront ainsi en France ! (C.N.N., c.1456-1467, 472).. Dans l'éd. Vérard on lit guise.
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Pierre Cromer

 Article 3/10 
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     CAUSEMENT     
FEW II-1 causa
CAUSEMENT, subst. masc.
[*FEW II-1, 542a : causa]

"Cause, principe" : Au premier visage, à savoir celui qui se regarde dans un miroir [Dieu] pour former avec son reflet [Jésus-Christ] un visage unique qui engendre à son tour un troisième visage semblable aux premiers [le Saint-Esprit] la paternite Seroit, dont sa nativite Prendroit le secont prestement ; De chascun d'euls procedement Aroit le tiers et causement En compareil equalite (GUILL. DIGULL., Pèler. âme S., c.1355-1358, 352). DIGULLEVILLE À DIEU. Valeur, vigueur n'a autrement Homz mortel ; et ce causement Te fu d'avoir sa nature, Qui tres grant fortefiement Li doit estre et apuiement Que ne chiece en mespresure. (GUILL. DIGULL., Pèler. J.-C. S., 1358, 123). Cestui Eraclitus, si comme il avoit opinion quant aux principes et causemens des choses, ainsi comme on lit, fut tout le premier de tous les anciens qui par maniere d'art trouva deviner ou feu, et celle art que on dit pyromancie. (CHR. PIZ., Avision R.D., 1405, 66). [Éd. T, p.122]
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 4/10 
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     CAUSER1          CAUSER2     
FEW II-1 causa
CAUSER, verbe
[T-L : causer ; GD : causer ; GDC : causer1 ; AND : causer ; FEW II-1, 542a : causa ; TLF : V, 320b : causer1]

A. -

"Avoir pour effet qqc., être à l'origine de qqc."

 

1.

Causer qqc.

 

a)

[D'une chose] "Produire, provoquer, causer qqc." : Le froit est mordicatif de membres ulcerez, endurcist le cuir, cause douleur sans sanie, cause nigreur, rigour, spasme et thetane. (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 82). Les maladies podagres qui sont causees de chaude matiere, ou quarantieme jour se departent. (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 95). Graces des petiz dons c'on rent Causent fait et vouloir souvent De grans dons faire (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 271). ...mais les choses qui sont amesurees et ont moien senz excés et senz deffaute font, causent et acroissent, gardent et sauvent les vertuz corporeles dessus dictes. (ORESME, E.A., c.1370, 150). Car yre est une passion ou mouvement de courage et peut estre causee par moult de choses et differentes. (ORESME, E.A., c.1370, 260). Mais l'en doit entendre par ceste pesanteur qui crest en descendant une qualité accidentele laquelle est causee par l'enforcement de l'acressement de l'isneleté, si comme j'ay autrefoys declarié ou .VIIe. de Phisique. (ORESME, C.M., c.1377, 144). Tirant cruel et dolereux Qui si me martires sanz cause, Voiz qu'en moy ce feu cy ne cause Chaleur nulle desordenée, Mais est en moy conme rousée Causant doulceur et tout delit (Mir. st Lor., 1380, 190). La tierce si est Politique, Qui cause plusieurs aliances. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 123). Audace, espoir, joie et léesce, Dure pensée et forte estude, Et mainte autre sollicitude, Lesquelz pevent forment grever Le corps vivant ou relever, Et causéer, n'en doubtez mie, Parfoiz santé ou maladie (LA HAYE, P. peste, 1426, 109). Item fievre erratique est causee de plusieurs humeurs putrifies en divers lieux et adustes (GORDON, Prat., c.1450-1500, I, 8). Se Franc Gontier et sa compaigne Elayne Eussent ceste doulce vie hantee, D'oignons, cyvotz, qui causent forte alaine, N'acontassent une bise tostee. (VILLON, Test. M., 1461-1462, 117). Unité en substance cause ydemptité, c'est a dire que les choses qui sont unies en substance et d'une substance sont equales et pareilles en substance. (Somme abr., c.1477-1481, 127). LE JUIF. Icy fait maniere de bailler argent a ceulx de la justice. Cecy plus de douleur me cause Que la cause du principal. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 134). Moy, que je cause telz bisextes Se j'ay longtemps si bonne esté, Je n'en ay pas la voulenté Ne couraige, saichés le bien, Et quoy qu'en ayés appointé Par ma foy, je n'en feray rien. (Cene dieux, c.1492, 130). Cestui fut excellant astrologien et congneut son infortune estre entour pescheurs et eut contencion avecque aucuns, qui lui causa la mort et lui conseillant autres, ne se sceut conseiller. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 31 r°). Cestui prenostica les grandes innundacions que fist le Pau en Ytalie, les grans neges et horribleté du temps et des neges, qui puis causerent ung deluge d'eaue quasi universal en occident (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 110 r°).

 

b)

[D'une personne] "Susciter, faire naître qqc." : Dormir ne puet ne reposer [celui qui a trop mangé], Ne se fait fors que retourner, Estre chault, songier divers songes, Causer fantosmes et mensonges. (DESCH., Oeuvres R., t.8, c.1370-1407, 295). Ung bien grant feu, causé d'une estincelle Petite assés, avés fait et causé. Car quant j'ay leu et veu vostre epistelle, Amours m'ont plus que devant embrasé (SAINT-GELAIS, Eurial. Lucr. R., c.1490, 47).

 

-

[De Dieu] "Créer" : Tu sces que la chose causée Respont et est appropriée A la cause, et tu [Dieu] es cause. (LE FÈVRE, Lament. Math. V.H., c.1380, 194). ...car il convient par tele maniere que aucune chose soit premierement devant celle qui est aprez, et aussi l'université des choses causees qui ont cause precedente est toute faite et causee, soit aiant fin ou sans fin. Et pour tant elle a besoing d'aucune chose, afin qu'elle soit en estre, laquelle il convient qu'elle soit hors et par dessus de l'université des choses causees. Et tele chose est Dieu, duquel toutes choses descendent et decourent. (Somme abr., c.1477-1481, 101-102).

 

-

Causer qqc. à qqn. "Fixer, déterminer qqc. à qqn, infliger qqc. à qqn (une amende)" : A mal fait, il n'y fault que amende. Caussés la moy petite ou grande, Come il vous plaira deviser : Je suys tout prest de la paier En esperant qu'il m'en amende. (Au grey d'amours F.-H., c.1400-1500, 162).

 

-

Causer qqn de qqc. "Créer, susciter chez qqn l'envie, le désir de qqc. (?)" : Comment après que Menalaus fut party, Eurialus fut jusques a mienuyt a l'uys de Lucresse et ne povoit entrer pour le frere de Menalaus qui ne vouloit aller dormir, jasoit ce que Pandalus de ce le causast. (SAINT-GELAIS, Eurial. Lucr. R., c.1490, 120).

 

2.

[D'une chose] Se causer

 

-

"Se produire" : ...par le conseil de Cacus ilz s'adventurerent a descendre en bas, en courant et jettant feu et fumee sy impetueusement que Herculés et les Gregois cuiderent que ce fust ung orage et fouldre de ciel qui se fust causé sus la montaigne. (LEFÈVRE (R.), Hist. Troyes A., c.1464, 395). Les douze signes et les quatre elemens Qui causer font neges, gresles, tempestes, Pluyes (LA VIGNE, S.M., 1496, 146). Pour anychiller la grant pique Qui a tort contre moy se cause (LA VIGNE, S.M., 1496, 529).

 

-

Se causer de qqc. "Être provoqué, entraîné par qqc. ; être la conséquence de qqc." : Je te di que la renommee S'espant par toute la contree Que po de gens scevent la cause Dont ta detention se cause, Si en dit chascuns a sa guise. (MACH., C. ami, 1357, 65). Encor y avoit autre cause Dont leur joie vient et se cause. (MACH., P. Alex., p.1369, 189). Sire de Lesparre, je pense Que vous savez assez la cause Dont ceste assamblée se cause. Vous avez ouvré follement, Et mauvais consaus vraiement Vous a si meü, que de fait Au roy de Chypre avez meffait. (MACH., P. Alex., p.1369, 242).

B. -

"Expliquer l'origine de qqc."

 

1.

Causer qqc. "Fonder qqc., expliquer les motifs, les raisons , les causes de qqc." : ...et s'est opposé aux lettres dudit prince et depuis a obtenu lettres d'estat Bourbon, bien causées (FAUQ., I, 1417-1420, 384). Et en effet proposèrent ceste matière de si bonne façon que l'honneur en demoura envers eux de bien causer leur demande, et non moins à ceux de la part du duc en respondre sagement, là où gisoit tout le difficile du cas (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 158). Et ainsi, pour cause de l'une naissant de l'autre, il semble juste de les causer toutes par un abrégé, et venir finablement à la très-amère douleur que reçut mon très-redoubté seigneur son fils, innocent de leurs deux débats, quand la très-vilaine et très-inhumaine mort de feu son noble seigneur et père luy fut annoncée. (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 66).

 

-

"Faire valoir qqc., alléguer qqc. pour motif" : Et bien aroit raison et cause, Nulle excusance je n'i cause. (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 48). Oultre disoit qu'il ne faloit ja causer ladicte lettre pour venir à la provision faicte par icelle lettre, qui estoit moult petite et de très petit proufit au Roy (BAYE, I, 1400-1410, 152). LE JUGE. Nous avons ouy voz moyens Et voz raisons sans faire pause. Maistre Olivier de Prés Prenant, A coup, deffendés vostre cause ! MAISTRE OLIVIER. Ouy son playdoyé, je cause Chose qui sert a mon office. (COQUILL., Oeuvres F., 1478-p.1494, 24).

 

-

Causer qqc. (à qqn) "Expliquer qqc. (à qqn), fonder qqc. (aux yeux de qqn)" : Et comment la pais vint de ceux de Gand envers leur signeur le duc de Bourgongne, je le vous recorderai de point en point, sicom, ou commencement des haïnes par quoi les guerres s'esmurent, je vous ai dit et causé toutes les avenues de Jehan Bar (...) de Jehan Lion et de leurs complisses. (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 284). ...de ce faisant mencion Couvertement l'escript causa, Mais Danyel lui exposa. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 199).

 

2.

(Estre) causé

 

-

(Estre) causé (en qqc.). "Être fondé (en qqc.)" : NOSTRE DAME. (...) Afin qu'en leur affeccïon Soit miex causee en vraie amour Raison de servir nuit et jour Vous et moy, sire. (Mir. enf. ress., 1353, 7). ...là où elle avoit esté rappaisable premier par espace de temps et par belles remonstrances causées en raison, maintenant devint toute enflée de venin et de fureur. (CHASTELL., Chron. K., t.2, c.1456-1471, 84). ...maistre JehanL'Orfèvre, par charge et ordonnance des deux chevaliers (...) fit la proposition qui leur estoit enjointe, et faisant ses préambules les plus humbles et les mieux causés que pouvoit, c'estoit sur le duc d'Alençon pour lequel principalement ceste convention se tenoit... (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 468).

 

-

[Du contenu d'un livre] Estre causé sur qqn. "Être fondé sur qqn, avoir qqn pour sujet" : ...nostre présent matière, depuis la venue de Dauphin devers son bel oncle le duc, est causée beaucoup sur lui (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 342).

 

3.

Se causer de ce que. "Se fonder sur le fait que" : Encore diron nous aprés que il n'est pas neccessité que aucune delectacion ne soit bonne ou que une autre chose soit meilleur, en la maniere que aucuns le disoient et se causoient de ce que la fin est meilleur que n'est la generacion de la fin (ORESME, E.A., c.1370, 402).
 

DMF 2020 - Synthèse Pierre Cromer

 Article 5/10 
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     CAUSOYER     
*FEW II-1 causa
CAUSOYER, verbe
[GD : causoier ; *FEW II-1, 542b : causa]

"Défendre une cause" : ...je monstre la forme et maniere de causaier et plaidoier (PREMIERFAIT, Vieillesse M., 1405, 99).
 

DMF 2020 - DMF 2015 Robert Martin

 Article 6/10 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
FamilleTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     CHOSE     
FEW II-1 causa
CHOSE, subst. fém.
[T-L : chose ; GD : chose ; GDC : chose ; AND : chose ; DÉCT : chose ; FEW II-1, 541a : causa ; TLF : V, 755a, 759a : chose1/chose2]

I. -

[Idée de causalité et, p. méton., d'état de fait]

A. -

[Sens étymologique de causa, "cause"]

 

1.

"Cause (déterminant un effet)" : La premiere chose de effimere est par choses extrinseques et foraines eschauffans ou estoupans actuellement ou potentiallement les porres sicomme est chaleur de soleil ou de feu ou de baing... (GORDON, Prat., c.1450-1500, I, 2).

 

-

"Cause, motif" : ...qui mult ploura quant le pape choisit, o luy VI garsons ; sy demandat la chause, et il luy dist tout de fis en aguil. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 69). Laquelle ordonnance et example je, translateur, ay voulentiers mis en cest livre pour deux choses souveraines... (LA SALE, Sale D., 1451, 186). Et (...) moult courtoisement la la princesse de Castille remercia du grand honneur et belle recueillotte que le roy de Castille, monseigneur le prince, et autres nobles barons et chevaliers luy avoient fait, qui estoit bien chose de la recongnoistre et de la desservir envers tous (Faits Lalaing K., c.1470, 147).

 

-

Pour chose que. "Parce que" : Ne pensés ja que je le prise Pour cose que Desirs la soit (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 185-186). ...vous ne lui direz point pour chose que vous le doubtez, mais pour l'amour de nous, qui vous en prions. (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 309).

 

.

"Bien que" : ...tant suivy Gieffroy au grant dent le roy et l'admiral que ilz approucherent fort du port de Japhe et se ferirent dedens, et Gieffroy et son navire après, que oncques n'y voult laissier a entrer, pour chose que on lui monstrast la multitude du peuple sarrasin qui estoit ja entré ou navire sur le port. (ARRAS, c.1392-1393, 220). Maiz pour chouse c'on ait des leurs a mort getté Ne pour chouse que d'eulx qu'il s'en soit destourné, Ne peuent nouz crestiens d'eulx estre descombré. (Flor. Octav. L., t.2, c.1400, 410).

 

2.

"Ce qui est en cause"

 

a)

"Cause défendue en justice, objet d'un litige" : ...et voulons estre tenues toutes les choses que (...) l'evesque de Biauvays a a nostre dit parlement ou a a feire tant en demandant comme en deffendant jusques a lendemain des brandons prochains (PHIL. VI VALOIS, Lettres closes C., 1341, 93). ...et dit que ce sera honte à la Court, se la chose n' est jugée et expediée. (BAYE, I, 1400-1410, 164). Mais quant le prince escoute et respond benignement, il a ja le requerant a moicité sactiffait, et supposé que sa requeste fust ja du tout desraisonnable, sy s'en va il a moittié contens, et lui doulcement remonstrant que sa requeste seroit au prejudice de partie (...) ou que il commettera sa chose en justice (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 13).

 

-

Chose de fait : Et sur ce ordonnerent chose de fait. De celle ordonnance Licius Sipion appella ès deux aultres tribuns (LA SALE, Sale D., 1451, 256).

 

-

Faire chose à qqn. "Mettre qqn en cause" : Muelz vault que j'obeysse et saiche son tallant Qu'elle me fesist chose et allait pourchessant Dont recepvoir peusse aulcun encombrement. (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 562).

 

b)

"Cause défendue dans un débat, objet d'un débat" : Et, pour ce, avoit esté deliberé en la Court de faire ce jour prononcier aucuns arrests et publier lesdictes lettres et ordonnances, dont n'en fust rien fait, mais fu la chose mise en delay... (FAUQ., I, 1417-1420, 112). ...laquelle chose fu mise en Conseil et en deliberacion des assistens, et fu le Conseil continué à lendemain (FAUQ., I, 1417-1420, 283). Et fu pour lors la chose mise en delay, pendant lequel la Court delibera de parler sur ce aus dessusdis procureur du Roy et prevost des marchans (FAUQ., I, 1417-1420, 327). ...dont de present n'estoit aucune question ou chose mise en deliberacion (JUV. URS., Exort., 1458, 410). Ceste question vint devant le roy Amydas et devant le Regent son filz, et fut la chose debatue, d'une part et d'aultre, le mieulx que faire se peust. (BUEIL, II, 1461-1466, 213). Et, les choses debatues et plaidoyées d'une part et d'aultre, fut dit que les cappitaines les avoient tous miz à butin. (BUEIL, II, 1461-1466, 215).

 

c)

ALG. "Ce qui est en cause dans un calcul, inconnue de premier degré, x" : Les anciens ont appellé choses ce que je nomme premiers dont la figure est telle * (NIC. CHUQUET, Triparty M., 1484, II, 737).

B. -

"Affaire, affaires"

 

1.

"Tout ce qui concerne qqn, affaire" : Or faites que ma chose soit errant aprestée Si que ma voie soit errant acheminée. (Brun de la Mont. M., c.1350-1400, 104). ...il resgarde tousjours comment il pourra faire sa chose a plus petite despense (ORESME, E.A., c.1370, 247). Comme il soit donques ainsi, sire, Que vous et vos choses nous plaisent Et en nul sen ne nous desplaisent... (Gris., 1395, 11). Ainsi nous ferons nos choses sceurement. (BUEIL, I, 1461-1466, 91). Et, vostre chose, bien conduitte, comme vous le saurez bien faire, n'auront ilz secours ne de gens ne de vivres. (BUEIL, I, 1461-1466, 197). Du temps que mon cas estoit beau, (Et) Que ma chose bien se portoit A toute gens mieulx en estoit, Car tout le monde entretenoye Et paisiblement gouvernoye, Tout par tout generallement, Moyennant bon gouvernement (Sots mal., c.1480, 88). Il estoit homme de court et ne le descouvrit pas et ayda à faire taire la dame, et demoura ainsi ceste chose. (COMM., II, 1489-1491, 232). ...mais, d'avoir raison de telz gens ignorans, je ne voy moyen que le vostre, mesmement sur leur fumier, qui veullent estre juges et parties en chose qui riens ne leur touche, et juges de la science dont ilz sont ignorans (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 6 v°). C'est bien dit en bestes, car il sont des gens qui ont plus de regard ès choses d'aultrui que ès leurs propres et ont plus de peur de faillir ès besongnes d'autre, que ès leurs. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 60 r°).

 

2.

La chose publique (res publica). "Les affaires publiques, ce qui concerne l'ensemble des habitants" : Tres doulce Vierge Marie, je vous recommande tous nos grans seigneurs royaulx et tous les aultres et par especial telz et telz et tous les gouverneux et officiers du royaume de France [et de la chose publique de la Crestienté]. (MÉZIÈRES, Vertu sacr. mar. W., c.1384-1389, 396). ...il [nostre bailli] se informast du prouffit ou dommage qui à nous, à la chose publique, aux diz habitans et au pais leur pourroit estre, se ladicte place estoit fortiffiée et emparée (Ch. VI, D., t.2, 1388, 32). ...exercitacion, Science et bonne entencion, Desir de la chose publique Deffendre contre force oblique Fist aumes mains. (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 190). ...il [Scipion], qui le peril commun de lui et des autres cognoissoit, le vouloir aussi du Senat qui se vouloit departir, vainqui les doubtes de son cuer par l'affection publique, si tira son espee emmy le conseil et jura haultement que qui parleroit plus de habandonner la cité sentiroit au trenchant de son espee que doit estre le guerredon de ceulx qui la chose publique delaissent pour leur singulier salut. (CHART., Q. inv., 1422, 49). Et non obstant que ce fust celuy qui rendy la chose publicque de Romme dame de Cartaige... (LA SALE, Sale D., 1451, 252). ...ledict Jacques Cuer fust trouvé chargé que dès l'an CCCCXXIX, luy estant compagnon de la ferme de nostre monnoye de Bourges, il auroit fait forgier escus à moindre poix et loy (...) et par ce moien y avoit eu prouffit de vingt ou de trente escus pour marc, où il n'en devoit avoir que deux escus, en deffraudant et dérobant nous et la chose publique de nostre royaume, et commectant, en ce faisant, crime de faulse monnoye. (Doc. 1453. In : Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 6). ...il [ledit de Saint-Rommain] estoit du tout deliberé et bien resolu de tout perdre avant que de faire chose qui feust contre son ame, ne dommage au royaume de France ne à la chose publique (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 185). Et meismement plus y est le roy tenu de mettre en bonne voye et morigener messieurs ses enfans, qui aprés luy doivent avoir le gouvernement de la chose publique, que ung pere de famille (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 46). [Le roi Charles VII défunt] Avoit peu de jours vagues, peu de heures sans fruit, moult de cures en la chose publique, laquelle tant plus la gouvernoit par soing, ce disoit, tant plus lui estoit joyeuse (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 321). ...en enfreignant nostredite ordonnance (...) au contempt, mespris de nous et a nostre très grant dommaige et de la chose publicque de nostredit royaume (Pol. Louis XI, G., Pièces justif., 1462,,, 417). ...pour le bien et entretenement de justice et de la chose publique de nostredit pays d'Anjou, soit neccessaire pourveoir et donner ordre à l'expédicion des causes d'appel ressortissans de noz juges à noz grans jours d'Anjou (Roi René vie L., 1467, 323). Et à ceste cause ledit suppliant nous a humblement fait suplier et requerir que, attendu ce que dit est et que pour le bien de la chose publicque d'environ ledit lieu de Saint Cassien est besoing et neccessité y avoir foires et marchés (Doc. Poitou G., t.12, 1483, 579). ...comme ennemis de nous et de la chose publique de nostre royaume (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 229).

 

-

"Intérêt général" : ...pour le bien de la chose publique et pour le noroissement et augmentacion et accroissement de nozdiz hommes et subgiez (Titres Bourbon L., t.2, 1385, 17). Car marchandise et tous ars sont au bien et prouffit des seigneurs et au bien de la chose publicque, que chascun, commun et peuple, desire fort. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 14).

 

-

"Domaine public (et non pas privé)" : Sy disons que ledit Mons. de Bourbon a laissiée de la terre en droit le coing un pié de lé en acroissant le chemin ilec endroit pour la chose publicque, en montant depuis ledit coing contremont la rue sur XII toises de lonc en venant au néant à l'alignement ou mur de l'ostel dudit Mons. de Bourbon, qui vault parmi son millieu demi pié de lé le large contre l'estroit, avalué à une toise sur le plat (Titres Bourbon L., t.2, 1397, 87).

 

-

Les choses du royaume : ...et pour ce que les choses de ce royaume estoient en petit point, et que le refuge de ce royaume en justice estoit en et de ceste Court, si amonnesta la Court de bien et diligemment entendre à faire justice (BAYE, I, 1400-1410, 246).

C. -

P. ext. "État de fait, tout ce qui est en cause dans une situation donnée, situation ; tout ce qui se produit, qui a lieu, qui est concevable comme ayant lieu, toute action, tout ce que l'on fait"

 

1.

"État de fait, tout ce qui est en cause dans une situation donnée, situation" : Si apertenoit que il i alast pour veoir conment les coses s'i portoient (FROISS., Chron. D., p.1400, 342). Si demora la cose en cel estat (FROISS., Chron. D., p.1400, 504). Ensi demorerent les coses en cel estat un lonch temps (FROISS., Chron. D., p.1400, 809). Mais tandis que ces choses furent Troyens et Gregois bataille eurent (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 138). Et endementiers que ces choses estoient et que messire Anguerrant se mectoit en point, ne tarda gueres que Saintré arriva en la ville de Perpignen (LA SALE, J.S., 1456, 105). Mais endementiers que ces choses estoient, sa dame s'acointa d' un grant, gros et puissant de corps moynne (LA SALE, J.S., 1456, 303). ...et furent les choses preparées pour le baptisement de madamoiselle de Bourgoingne (LA MARCHE, Mém., II, c.1470, 410). Des deux partyes y mourut deux mille hommes du moins, et fut la chose bien combattue, et se trouva des deux costéz de gens de bien et de bien lasches. (COMM., I, 1489-1491, 34). Et furent les choses si près que je veïz ung homme houzé et prest à partir (COMM., I, 1489-1491, 142).

 

-

Prendre / regarder les choses comme elles sont : Mais convient en chascun fait singuler et en chascune operacion moral particuler que ceulz qui ont a faire resgardent les choses telles comme il sont (ORESME, E.A., c.1370, 149). Prenez les choses ainsi qu'elles sont et faittes une diligence prompte. (BUEIL, I, 1461-1466, 183).

 

-

Estat des choses : ...et ne savons comment l'estat des choses presentes tournera, si fault mucier, garder et enfouir en terre ou faire transporter en autres païz noz avoirs et noz chevances. (CHART., Q. inv., 1422, 32). Mays lez meurs dez hommes ne l'estat des choses presentes ne me monstroient quelque signifiance de toy. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 90).

 

-

Toute chose : TESTE CREUSE. Commë je suppose, Vous vous meslez de toute chose. (Sots Magn., a.1488, 208).

 

-

Il y a une chose. "État de fait qu'il convient de faire remarquer" : ...et il me semble que home ne se peut metre en plus aspres penitances que estre en paines et en tormens cy aprés contenuz. Mais il y a une chose, car ilz prennent celles paines pour joyes et liesses (Quinze joies mar. R., c.1390-1410, 4).

 

-

(À) la premiere chose. "En premier lieu" : Et savez bien qu'il fault achapter deux beufs pour nostre mestoier de tel lieu, et encore chaist l'autre jour le pignon de nostre grange par faulte de couverture, qu'il fault reffaire la premiere chouse. (Quinze joies mar. R., c.1390-1410, 8). Les commeres s'en viennent a l'oustel de la mere et se seent a l'entour d'un beau feu, si c'est en yver, et si c'est en esté, elles se mectent sur le jonc, et a la premiere chose elles bevront du meilleur tres bien (Quinze joies mar. R., c.1390-1410, 107).

 

-

Entre ces choses. "Là-dessus" : Entre ces choses, le roy d'Esclavonnie envoya son messagier devers la belle Mirro luy requerir qu'elle voulsist donner audience a un de ses chevaliers qu'il envoieroit vers elle. (LEFÈVRE (R.), Hist. Jason P., c.1460, 133). Entre ces choses, Zethephius commença a avoir envie sus l'estat du roy Appollo, pour ce que sa gloire montoit journelement. De plus en plus fort ceste miserable envie se bouta en son cuer. (LEFÈVRE (R.), Hist. Jason P., c.1460, 184).

 

2.

"Tout ce qui se produit, qui a lieu, qui est concevable comme ayant lieu ; toute action, tout ce que l'on fait"

 

a)

"Tout ce qui se produit, qui a lieu, qui est concevable comme ayant lieu"

 

-

[Avec un verbe marquant l'idée de survenance ou d'existence] : ...en ce temps que ces choses furent avenues ... (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 4). Quant de ce je vous lerray ester le parler, et retourneray au conte Emery et Remondin, quel chose il leur advint cy après. (ARRAS, c.1392-1393, 17). Cestui Halaon prenostica en ce temps que quel grande chose adviendroit en bref jours en icelle terre, ce qui fut, car, tantost après, se apparut le chevalier blanc (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 103 r°). ...et si aucune chose survient que je puisse savoir au vray... (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 333).

 

-

[Avec (il) y a] : Et voit on que, quant uns homs n'aura oncques yssu de sa contree, qu'il a des choses veritables assez prez de sa contree et region, que jamais ne vouldroit croire par l'ouïr dire, s'il ne le voit. (ARRAS, c.1392-1393, 4).

 

-

[Avec un verbe marquant une évolution] : ...je y seroie le bien venus et laisseroie les choses courrir ung temps tant qu'elles seroient appaisiés. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 34). Arcevesque, les choses tourneront temprement aultrement que le roy, mon biau cousin, ne vueille ne que le duc d'Irlande ne ses facteurs ne cuident ; mais il fault tout faire par point et par raison, et tant attendre que les choses viennent à leur tour. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 44-45).

 

-

[Avec un verbe marquant l'idée de dire ou d'écrire, de penser, d'entendre qqc. ...] : Il convient premierement deviser comment nous disons aucunes choses estre ingenerables et generables et corruptibles et incorruptibles (ORESME, C.M., c.1377, 186). Et quant ilz orent une piece parlé d'unes choses et d'autres (ARRAS, c.1392-1393, 36). Et lors fu couchiee, et attendirent entour le lit, en devisant de pluseurs choses (ARRAS, c.1392-1393, 41). Et atant se taist l'ystoire des choses dessus dictes, et commence a parler et a traictier comment la dame commenca a fonder la noble forteresse de Lisignen (ARRAS, c.1392-1393, 45). La compte Gieffroy a son pere comment il vint a Romme, et comment il se confessa au pape, et comment il lui dist qu'il le trouveroit a Montferrat ; et dirent moult d'unes choses et d'autres l'un a l'autre ; et pria moult Gieffroy a son pere comment il voulzist retourner a son heritaige. (ARRAS, c.1392-1393, 278). Et ceulx commencent a rire, et dirent que oncques mais n'avoient ouy la pareille chose. Mais quant ilz virent que Gieffroy avoit le bacinet embarré par force de coups, et son harnoiz desrompu, si ne ont talent de rire, car ilz voient bien que ce n'estoit mie a gas. (ARRAS, c.1392-1393, 299). Mais on fist asavoir ces choses au roy, qui ordonna que on le menast audit seigneur de Charrolois pour en faire justice (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 125). Et des choses dessusdictes en apporta les nouvelles au roy ung des chevaucheurs de son escuierie. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 293).

 

.

Demener longuement une chose. "Parler longuement de qqc." : ...vous (...) estes mes hommes, qui veez plus cler en mes besoingnes que je ne fais, ne me conseilleriez chose qui ne feust mon prouffit et mon honneur ; si ne vous doy ne ne vueil desdire, mais suis preste d'obeir a vostre plaisir. Par Dieu, damoiselle, distrent les barons, vous dictes bien. A quoy vous seroit la chose longuement demenée ? Ilz furent fiancez a grant joye, et le landemain furent espousez. Et fu la feste grant et noble. (ARRAS, c.1392-1393, 170).

 

-

[Avec un élément localisant dans le temps] : Et, durans ces choses, le roy de Cecile et la royne sa femme vindrent pardevers le roy à Tours (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 230). Après ces choses, le duc de Bourgoigne, en perseverant tousjours en ses folles obstinations et mauvaistiez, comme devant avoit fait, le jeudi XIe jour de juing, oudit an mil IIIIcLXXII, mist sus son armée, deliberé de faire au roy plus grant dommage qu'il pourroit faire (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 288).

 

b)

"Toute action, tout ce que l'on fait, tout comportement" : ...et icelle bourse de cuir, pour ce qu'elle ne valoit riens, il avoit despecée et jettée aval lesdiz champs du Lendit. Et autre chose ne voult cognoistre. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 279). Et comment, sire chevalier, dist Anthoine, ne vous semble il pas que la chose acoustumee de longue main ne soit mieulx congneue de ceulx qui l'exercitent que celle qui est nouvellement emprise, et grieve moins ? (ARRAS, c.1392-1393, 155). ..sachiez que qui jamais rien n'encommenceroit, jamais ne seroit nulle chose achevee. Il fault avoir a la chose commencement et moyen ains que la fin. (ARRAS, c.1392-1393, 247). Toutes choses sont trespossibles A celluy que croit. (Pass. Auv., 1477, 162). Toutes chouses me sont possibles, Esprouve moy qui le vouldra. (Dorib., p.1480, 246).

 

-

[Avec un verbe marquant l'idée d'entreprendre qqc., de faire qqc.] : En toutes choses commencier on doit appeller le Createur des creatures, qui est maistre de toutes les choses faictes et a faire, qui doivent tendre a perfection de bien et les autres pervenir selon les vices des creatures. (ARRAS, c.1392-1393, 1). Or vueillez savoir qu'il ne demourra pas pour peine ne pour travail que je n'assouisse vostre plaisir a mon povoir, se c'est chose que bons crestiens puist par honneur entreprendre. (ARRAS, c.1392-1393, 26). ...car chose hardiement entreprise et ensuye est a moitié faicte. (ARRAS, c.1392-1393, 283). Et y ot lors desdiz Bourguignons tuez et navrez, et puis s'en retournerent aux champs sans autre chose faire, et se mirent en bataille devant ladicte ville. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 58). Bien a fait chose plus tarrible A la filhe de nostre prince. (Pass. Auv., 1477, 123). Car si en vert boix virtüeux, Comme je suis, teulx choses font, En boix sec, helas, que faront ? (Pass. Auv., 1477, 191).

 

-

[Avec un verbe de dire] : ...et, sans autre chose luy dire, pour celle nuyt le fist mener coucher en une belle chambre près de la syenne. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 148).

 

.

Dire entre autres choses. "Dire parmi divers éléments" : ...et disoit en effect, entre autres choses, que le Roy est empereur en son royaume (FAUQ., I, 1417-1420, 63). ...a dit entre aultres choses comme il avoit envoié devers le roy et luy avoit fait pluseurs offres et requestes (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 63).

II. -

[Plus gén., idée d'existence]

A. -

[P. opp. aux personnes, aux êtres animés] "Réalité inanimée (autre que les personnes et les bêtes)" : Item, ce que toutes choses et bestes et hommes parsivent et quierent delectacions, c'est un signe que delectacion est tres bonne chose aucunement (ORESME, E.A., c.1370, 406). Et donques quant la chose n' est plus et est passee pour laquelle ilz estoient amis, lors est l'amistié passee aussi comme se l' amistié et l'affeccion fust as choses et non pas as personnes (ORESME, E.A., c.1370, 418). Si comme sont les pierres et teles choses qui sont sanz ame. (ORESME, C.M., c.1377, 44).

 

-

"Objet" : Ilz cherchierent partout et firent trourser et enfardeler draps, toilles, robes et pennes et touttes choses dont ilz pensoient à avoir prouffit (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 219). ...on lui osta et embla à son hostel, à Chambly, les choses qui s'ensuivent, c'est assavoir : un chapperon double mi-parti de brunette d'un costé, et de l'autre rouge et brunette. Item, une houppelande de vert d'Engleterre fourrée d'escureux, longue jusques aus piez. Item, une espée du pris de trois frans. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 15). ...d'ilec vindrent à Rouen, en laquelle ville ledit d'Estain embla de la mercerie, comme cousteaux, bourse de cuir et autres menues choses, lesquelles il apporterent à Paris, et ycelles vendirent (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 70). ...veu et consideré ce que dit est, et la petite valeur des choses et biens par lui prins... (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 500). Lors vindrent ceulx de la ville en l'ost marchander et vendre de leurs marchandises. Et ceulx de l'ost leur vendoient des choses qu'ilz avoient conquises. (ARRAS, c.1392-1393, 236). Et la se rafresqirent de tout ce que il lor besongnoit, de chevaus, de sellerie, d'armeures et de toutes aultres coses qui apertiennent a gens d'armes. (FROISS., Chron. D., p.1400, 113). ...trois choses rondes d'os à faire marques de marchans, vendues 1 escu. (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 58). ...comme les mailletz de plomb et autres choses de l'artillerie. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 210).

 

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"Possession" : ...il chassa tous lesdictz de Crouy hors du pays de son père, et leur osta toutes les places et choses qu'ilz tenoyent entre leurs mains. (COMM., I, 1489-1491, 9). ...il seroit trop grant s'il avoit le royaulme, avecques l'isle de Cecille et les aultres choses qu'il avoit en ce gouffre de Lyon (COMM., III, 1495-1498, 11).

 

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Les choses de qqn. "Les affaires de qqn, ses bagages" : ...elle desirans complaire a son amy [qui lui demande de le rejoindre], fist ses choses appareillier au plus tost qu'elle pot faire. (Gérard de Nevers M., c.1451-1464, 130).

B. -

"Réalité quelle qu'elle soit, effective, possible, imaginaire, concrète, abstraite..."

 

1.

[En général, surtout relativement à Dieu] : ...Li Diex qui toute chose a fait (Mir. enf. ress., 1353, 59). Mais, tout bien regardé, nostre seulle esperance doit estre en Dieu, car en cestuy-là gist toute nostre fermeté et toute bonté, qui en nulle chose de ce monde ne se pourroit trouver. (COMM., I, 1489-1491, 93).

 

-

Les choses. "Tout ce qui est" : Dieu est ez choses par union (Somme abr., c.1477-1481, 138). Le cours ou le mouvement naturel est selon lequel les choses tendent naturelement a leur propre lieu. (Somme abr., c.1477-1481, 143).

 

-

Toutes choses : ...se toutes choses estoient blanches, rien ne seroit noir (ORESME, C.M., c.1377, 372). ...par les escriptures puet on avoir la congnissance de toutes coses (FROISS., Chron. D., p.1400, 37). Et il qui a donné a toutes choses lieu et temps, et sçait quant son aide et son secours ou ses chastimens nous sont salutaires, les depart, non pas a nostre affection, ne a l'eure de nostre desir, maiz a sa volenté raysonnable, et au prouffit de nostre perfection. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 26). Que peult estre plus hault ficher sa creance que a ung seul Dieu, eternel devant toutes choses, createur de toutes choses, et puissant sur toutes choses (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 129). ...car ainsin l'a ordonné le vray et trestout puissant juge de toutes choses (LA SALE, J.S., 1456, 307). ...Dieu tout puissant, qui de neant a crée toutes choses (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 282).

 

-

Une / aucune chose / Unes / aucunes choses : Et nous voions le contraire, quar aucunes choses tendent en bas et les autres en haut (ORESME, C.M., c.1377, 128). Quar c'est impossible naturelment de fere aucune chose de nient (ORESME, C.M., c.1377, 156). ...se une chose dure touzjours, c'est par neccessité de nature (ORESME, C.M., c.1377, 250). ...unes choses tendent et sont meues naturelment a soy esloingnier du milieu et les autres a soy approchier (ORESME, C.M., c.1377, 658).

 

2.

[En lien avec une situation donnée, avec un point de vue donné] "Réalité perceptible ou envisageable"

 

-

Au plur. : Mais en tout ce que tu proposes Dois resgarder la fin des choses (MACH., R. Fort., c.1341, 100). ...car en justice l'en regarde premierement a la dignité et valeur des choses (ORESME, E.A., c.1370, 427). Ainsi comme le vent emporte le son des choses, il avoit oy parler sus les murs, car de nuit on oit moult cler. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 213). ...et ne fault point sercher les choses où elles ne sont point (BUEIL, II, 1461-1466, 257).

 

-

La chose. "Ce qui est" : Et n'est pas le pechié en la loy ne en celui qui la met ; mais est en la nature de la chose. (ORESME, E.A.C., c.1370, 324).

 

-

Sur toute(s) chose(s). "Avant tout" : Sur toutes choses je vous deffend orgueil. (ARRAS, c.1392-1393, 86). Si est bien droit qu'il me souveigne De voustre honneur sur toute chose. (CHART., B. Dame, 1424, 347). Tout premiers je veul et commande que sur toutes choses vous amez Dieu de tout vostre cuer selon les commandemens de Sainte Eglise (LA SALE, J.S., 1456, 36).

 

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Entre ces choses / Entre toutes choses. "Avant tout" : Entre ces choses, je te prie que ta main me gouverne et enseigne afin que ja ne face trop en quelque maniere. (Internele consol. P., 1447, 149). Entre toutes choses vous commande que tant soit il vostre ami qu' il saiche riens de nos fais (LA SALE, J.S., 1456, 58).

 

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En toutes choses. "En tout" : Et sachiez que je pensoye moult fort a un mien affaire qui moult me touche au cuer, et je prye a Dieu qu'il m'en aide a yssir. Par ma foy, sire, dist la dame, c'est bien dit, car en toutes choses doit on appeller Dieu en son aide. (ARRAS, c.1392-1393, 25). ...car en toutes choses usaige rent les homes seurs et hardiz et arrestez en leurs oeuvres. (CHART., Q. inv., 1422, 31). Ou moys de juillet ensuivant vindrent et arriverent à Paris plusieurs prelats, seigneurs, chevaliers, gens d'Eglise et autres gens de conseil, que le roy ordonna venir et qu'on disoit qui estoient ordonnez pour mettre ordre et police en la justice et reformer en toutes choses, et leur fut baillé moult grant povoir. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 162).

 

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De toutes choses. "En tout, à tout point de vue" : Les alanz gentilz si doivent estre fez et tailliez droitement comme un levrier de toutes choses fors que de la teste, qui doit estre grosse et courte. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 125).

 

3.

Prov. : Il n'est chose qui ne viegne a sa fin (DESCH., Oeuvres Q., t.5, c.1370-1407, 378). Car leurs saisons ont toutes coses ["chaque chose a sa saison"]. (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 256). [v.1735] Toutes coses ont leur saison (FROISS., Méliad. L., t.2, 1373-1388, 240). À l' effect la chose est prouvée (CHR. PIZ., J. d'Arc, 1429, 33). ...toutes chouses, selon que dient les sages, se devent user par leurs saisons. (LA CÉPÈDE, Paris Vienne K., 1432, 206). Toutes choses il fault passer. (Myst. Viel test. R., t.3, c.1450, 30). Quand la chose en est achevée, Il ne s'en fault plus conseiller. (Myst. Viel test. R., t.3, c.1450, 49). Sy (...) n'est (...) chose qui ne prengne fin (Comte Artois S., c.1453-1467, 87). ...toutez chosez par nature prengnent fin (Comte Artois S., c.1453-1467, 152). ...toutes choses viennent à cognoissance tost ou tard (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 8). Mainte chose en peu d'heure advient. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 200). ...une chose faicte bref est aucune foiz meilleure que une qui trayne longuement (Charles de Hongrie C., c.1495-1498, 152).

C. -

[S'appliquant à des êtres animés] "Être animé, personne ou bête" : Et ne pourroit estre que le telier, le corroier, selonc leurs arts, fussent ordenéz a aucunes oeuvres et homme, en tant comme homme, ne fust pour aucune oeuvre mais fust chose oysive et pour neent. (ORESME, E.A., c.1370, 120). Et trois choses sont qui ne doivent soujourner trop : hommes et bestes et oisiaux. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 147). ...mais la vaillance (...) de Claudius Nero, d'une part, et la prudence de Livius Salinator, de l'autre part, ne souffrirent assembler les deux ducz de Cartaige, pour contraindre noz choses [nos soldats] qui moult estoient affoiblies et lassez (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 46). Et quelle chose es tu donc ? Helye ? Te dis tu Helÿas ? (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 138). Et se l'avair (...) est amoureux, n'est point a croire que ce ne soit de meschant et vile chose, pour ne avoir cause de riens despendre. (LA SALE, J.S., 1456, 22).

 

-

La chose du monde que : Sire, je te faiz savoir que le roy Absalon te salue comme son bon ami et te envoie par fines amours la chose du monde que il plus aime, c'est Melia sa fille, que tu voiz cy presente. (Bérinus, I, c.1350-1370, 345). M'amie, fait il, vous estes la chose du monde que je doy plus amer (Quinze joies mar. R., c.1390-1410, 74). ...la chose du monde que plus il hayoit en son cueur estoit la maison d'Yort (COMM., I, 1489-1491, 44).

 

-

Chose nee / vivante / mortelle : Et se aucun disoit que homme est le tres meilleur de toutes choses mortelz, il ne a en ce force ne difference quant a ce que dit est. (ORESME, E.A., c.1370, 343). Mais Dieux a ordonné Nature Pour former bestes, gens, oiseaulx, Dames, chevaliers, damoiseaulx Et toute autre chose vivant. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 316). Je croy, se Dieu me doint pardon, Qu'en ce monde n'a chose nee Plus plaisant, ne mieulx ordenee. (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 118). Secondement s'ensuit que Dieu a souveraine vie et congnoissance, car plus parfaicte est la chose vivant et congnoissant que les autres sans vie et congnoissance. (GERS., Trin., 1402, 160). ...et ceulz sont a fuir plus que chose nee (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 204). Au jour d'uy ne vis chose nee (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 441).

 

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En partic.

 

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[À propos de bêtes] : Et si se doit fere assemblee pour le loutre einsi comme pour le cerf, quar de toutes choses de quoy on va en queste se doit fere assemblee (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 248).

 

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[À propos d'un ange] : O tu, chose parlant a moy, Di a ma dame que je vueil Tresvoulentiers perdre un mien oeil Pour li veoir. (Mir. emp. Julien, 1351, 218).

 

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[À propos d'une âme du Purgatoire revenant sur terre] : De Dieu (...) Te conjur, chose, se tu es Esperit d'annemi mauvès Que t'en voises sanz nous meffaire (Mir. prev., 1352, 269).

III. -

[Idée d'intension nulle, c'est-à-dire d'extension maximale, applicable à tout, l'extension étant déterminée par le contexte ; employé comme subst., comme nominal ou bien dans des loc. en usage de nominal] "Tout ce qui est isolable par la pensée et qui est contextuellement spécifié"

A. -

[Empl. subst.]

 

1.

[Précédé d'un déictique, anaphorique ou cataphorique (dém., art. à valeur déictique, tel...)] : Laquelle qui parle (...) li dist que elle se appaisast, et que elle li enseigneroit bien tel chose que par le moyen d'icelle sondit ami Hainsselin l'ameroit autant et plus que oncques n'avoit fait (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 354). Lors respondy Remondin que jamais ne le pourroit croire que tel chose feust veritable, car ce seroit contre raison (ARRAS, c.1392-1393, 21). Se Gieffroy, vostre filz, a fait son oultraige par son courage merveilleux et fort, sachiez que de certain c'est pour le pechié des moines, qui estoient de mauvaise vie et desordonnee ; et en a Nostre Seigneur voulu avoir la punicion, combien que ceste chose soit incongnoissable quant a humaine creature, car les jugemens de Dieu sont si secrez que nul cuer mondain ne les puet comprendre en son entendement. (ARRAS, c.1392-1393, 255). La chose est ordonnee Que ainsi nous requerons Et vaugue la gallee ! (Sots triumph., c.1475, 44).

 

-

La chose. "Ce dont il s'agit" : Et aussi je fuz esméu à ce faire, Dieu soit créu, Par très fervent et grant désir, à faire proffit et plaisir Plus à autres qu'a moy-méisme. Pour tant j'ay mis la chose en rime Et en petiz vers fleurissans, à celle fin que les lisans Puissent avoir quelque plaisance En lisant, pour la consonance Et mesure du plaisant mètre (LA HAYE, P. peste, 1426, 163). ...et ordonna que l'en en feist informacion et que la chose feust sceue (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 112). TESTE. Par le sang bieu, la chose est seure. (Sots triumph., c.1475, 49). La chose est certeine, J'escaille noix. (B. veoir, p.1480, 15). Qui ce congnoist se doit reprendre Sans entreprendre tel fardeau, Je tiens la chose par trop grande, Quant il y fault laisser la peau. (S. fol, c.1480-1490, 7).

 

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La chose serait moult longue. "Ce serait trop long" : Et ces preuves et autres en a on eues, dont qui en vouldroit deviser, la chose seroit moult longue. (ARRAS, c.1392-1393, 310).

 

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Prolonger la chose. "En dire plus" : Que vous en vouldroit [l. vauldroit] la chose proloingnier ? La bataille fu forte et horrible et l'occision moult hideuse (ARRAS, c.1392-1393, 218).

 

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Au pis la chose. "Au pire" : Or prenons donc, au pis la chose, Que tous ses disciples se unissent... (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 369).

 

-

Laquelle chose : Nous avons entendu depuiz nostre partement de nostre ville d'Arras que on met suz une taille en ce royaume, et que on a publié à Paris (...) que c'est de nostre consentement (...) laquelle chose, en tant comme touche ce que dit est, nous en avoir esté consentans, est bourde (BAYE, I, 1400-1410, 35). Et, entre Paris et Saint-Denis, le roy, alant à son pelerinage, trouva trois ribaulx qui lui vindrent requerir grace et remission de ce que tout leur temps ilz avoient esté larrons, murdriers et espieurs de chemins, laquelle chose le roy leur accorda benignement. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 182). ...et d'aler devant la ville de Strabourg y mettre le siege ; laquelle chose bonnement il ne povoit faire sans avoir aide et secours de gens et argent avoir de ses pays (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 13).

 

2.

[Précédé d'un possessif (ou avec un compl. marquant l'appartenance)] "Ce qui est à qqn, qui concerne qqn" : Item deux homages que devont Phelippon de Mons et le dit Symon de Puyveaus, escuiers, de leurs choses des Oulmeaus, qui sont estimés et baillés pour dis souls de rente. (Doc. Poitou G., t.1, 1332, 404). L'ENFANT. Egar coment ma chose va [un anneau dont l'enfant joue] ! Ho ! je la voy. (Mir. fille roy Hongrie, c.1371, 78). ...un quartier de saulaye, qui jadis fut en vigne, siis en la parroisse de Saint Sonnin, entre les vignes dou dit sires, d'une part, et aux chouses Yvonnet Herbert, d'aultre (Cartul. Laval B., t.2, 1375, 281). Et tout ce que il fait de sa chose, soit bien, soit mal, en donant ou en vendent, ou par aultre alienacion, vault et tient, ja soit ce que il peche se il abuse de sa propre chose (Songe verg. S., t.1, 1378, 207). ...la faee bouta sa teste dedens l'eaue et devint serpente, n'oncques puis ne fu veue, et le dit chevalier declina petit a petit de toutes ses prosperitez et de toutes ses choses. (ARRAS, c.1392-1393, 4).

 

-

Ses choses. "Ses affaires, la conduite de sa propre vie" : C'est a dire, mon ami, que reveoir ses choses, quelles et comment sont, est souveraine prudence. (LA SALE, J.S., 1456, 24).

 

3.

[Précédé d'un interrogatif] Quelle chose. "Qu'est-ce qui / que ; ce qui / que (en interr. indir.)" : Ne scet elle qui parle quelle chose lesdiz compaignons respondirent à icelle prisonniere (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 264). Et dist, sur ce requis, que, XX ans sont passez et plus, par l'evesque de Troyes lui fu donnée premierement le signe de tonsure en sa chappelle de Troyes, lui donna une buffe, et le fist lire n'est record en quoy, ne quel chose il dist lors, pour le lonc temps qu'il a que ce fu. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 400). C'est a dire, mon filz et ami : quel chose est meilleur que l'or ? Jaspe. (LA SALE, J.S., 1456, 20). ...pour sçavoir quel chose qu'i est, treffons ou waigiere. (Jug. maître-échev. Metz S.M.S., t.1, a.1494, [1355], 334).

 

-

Pour quelle chose. "Pourquoi" : Contre lui est allé disant a la volee : "Madame bien viennant, par la vertu louee, Pour quelle chose, madame, estés yci entree ?" (Ren. Gennes D.B., c.1350-1400, 106).

 

4.

[Déterminé par un adj., une relative, un compl. déterminatif] "Ce qui + adj., relative, compl. déterminatif" : ...ch'est bien chose averee (Bât. Bouillon C., c.1350, 49). Et nous metons et posons que la chose est par soy souffisante laquelle souffist toute seule et par quoy l'en a vie eslisible qui n'a plus besoing de rien. (ORESME, E.A., c.1370, 119). Car tels deliz sont communs a nous et aus bestes, et doit estre nostre felicité en la plus noble chose qui soit en nous et en laquelle nous passons les bestes. (ORESME, E.A.C., c.1370, 111). Et la tout chevalier de noble lignie qui y vouldront venir veillier la sourveille et la veille et le jour XXVe de juing, sans sommeillier, auront un don de toy des choses que on puet avoir temporelment des terriennes choses, sans demander ton corps, ne t'amour, en estat de mariage ou d'autre conjunction naturelle. (ARRAS, c.1392-1393, 13). Et trouvoient pain, vin, char et toutes choses propices que il leur failloit, par grant habondance. (ARRAS, c.1392-1393, 46). Ma fille, laissiez ester ce dueil, car, en chose qu'on ne puet amender, c'est folie de s'en donner trop grant courroux (ARRAS, c.1392-1393, 120). ...les choses secretes de Dieu ne puet nulz savoir au cler. (ARRAS, c.1392-1393, 311). Tout soit elle vaine et inmonde, Soubz sa main gist l'univers monde, Quant est des choses transitoires. (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 10). Riens ne m'est seur que la chose incertaine, Obscur fors ce qui est tout evident, Doubte ne fais fors en chose certaine, Scïence tiens a soudain accident (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 46). Dont de ce ledit connestable fut ung peu espoventé pour deux choses que lors il declaira (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 356). ...il me croist ou plus secret lieu de mon corps une chose a maniere de la creste d'un coq, dont j'ay grant vergoingne. (Ev. Quen., I, c.1466-1474, 84). MAISTRE PIERRE. Pensez qu'elle n'est pas mauvaise, Se vous en voulés acheter, C'est de la chose de tropaise. (Dorib., p.1480, 247).

 

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Chose assise qq. part. "Domaine, propriété" : ...lesdiz conseilliers s'informeront se par le stile il souffist de faire les criées en Chastellet ou regard des choses assises ou situées en la banlieue, ou s'il les convient signifier sur les lieux où ycelles choses sont assises (FAUQ., III, 1431-1435, 5).

 

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Chose due. "Ce qui est dû, devoir" : Sire, dit le nouvel chevalier, je n'ay fait chose dont vous me doyez point de guerredon. Car tout preudomme se doit prendre garde de l'onneur et du prouffit de son maistre ou de son seigneur ; et dont, puis que c'est chose deue, il n'y chiet point de guerredon. (ARRAS, c.1392-1393, 233).

 

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Chose lacticine. "Laitage" : Et faict grant mal qui lors n'abstine De toute chose lacticine (LA HAYE, P. peste, 1426, 95).

 

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MÉD. Choses naturelles. "Les sept objets d'étude de la physiologie, à savoir les éléments, les humeurs, les complexions, les membres ou parties solides du corps, les vertus, les esprits et les opérations" : Premierement convient que il [le chirurgien] congnoisse les choses naturelles et especialment l'anathomie (PANIS, Guidon, 1478, chap. sing.). En la [philosophie] theorique, convient que il [le chirurgien] congnoisse les choses naturelles et non naturelles et contre nature. (PANIS, Guidon, 1478, chap. sing.). De cestui est recité qu'il fut grant investigateur de sciences et choses naturelles, et, entre autres merveilles, vit une dent maxillante, tant grosse que l'on en pourroit fere cent des communes des hommes de present. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 75 r°).

 

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Choses non naturelles. "Les six facteurs assurant la santé ou la maladie, à savoir l'air, la nourriture et la boisson, le sommeil et la veille, le travail et le repos, l'inanition et la réplétion, les accidents de l'âme ou passions" : ...les choses non naturellez comme sont l'aer, boire, manger, dormir, veiller, traveiller, reposser, inanition et replection et les accidens de l'ame car icelles sont causes de toutes maladies et de santé. (PANIS, Guidon, 1478, chap. sing.). En la [philosophie] theorique, convient que il [le chirurgien] congnoisse les choses naturelles et non naturelles et contre nature. (PANIS, Guidon, 1478, chap. sing.).

 

Rem. K. Becker, Z. rom. Philol. 111, 1995, 349, n.12.

 

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Choses contre nature / de dehors nature. "Facteurs pathologiques" : ...les choses contre nature et la maladie car de cella est prinse l'intencion curative. (PANIS, Guidon, 1478, chap. sing.). En la [philosophie] theorique, convient que il [le chirurgien] congnoisse les choses naturelles et non naturelles et contre nature. (PANIS, Guidon, 1478, chap. sing.). ...choses de dehors nature (PANIS, Guidon, 1478, chap. sing.).

 

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Chose temporelle : Or est ainsi que, en la monarchie celeste, nous trovons double ordre. Car il y a un ordre dez choses temporeles celestes, et si a ordre dez intelligences, ou dez angres. (Songe verg. S., t.1, 1378, 67).

 

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Chose ronde. "Au bout du compte" (Éd.)

 

Rem. COQUILL., Oeuvres F., 1478-p.1494, 175.

 

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Chose de bien. "Fait appréciable" : Ha, j'ay la Farce des oyseaulx. Esse chose de bien ? (Copp. lard., a.1488, 165).

 

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Chose de memoire. "Fait mémorable" : ...il devint le plus puissant et riche de la terre d'Egipte et, entre ses choses de memoire, fonda cent grandes cités, dont les plusieurs sont encore en estre. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 22 v°).

 

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Chose de l'autre monde. "Ce qui est ou paraît surnaturel" : ...grippèrent à mont la muraille comme chatz affamés, faisans choses de l'autre monde et quasy incredibles (MOLINET, Chron. D.J., t.2, 1474-1506, 343). [Autre ex. t.1, p.199]

 

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Chose qui guere vaille. "Ce qui est de petite valeur" : Tres chiers sires, je vous requier, en remuneracion de tous les services que je fiz oncques a monseigneur vostre pere, dont Dieux ait l'ame, qu'il vous plaise a moy donner un don, lyquelx ne vous coustera ne forteresse, ne chastel, ne chose nulle qui guerres vaille. Lors respondy ly contes : S'il plaist a mes barons, il me plaist bien. Et cilz dirent : Sire, puis que c'est chose de si petite value, vous ne lui devez pas reffuser. (ARRAS, c.1392-1393, 32).

 

-

CHASSE Chose qui plaise. "Trace d'une bête que l'on peut chasse" : Et lors doit il aler a la veüe pour veoir s'il verra chose qui li plaise et laissier son limier en certain lieu ou il ne puisse fere nul effroy. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 160).

 

-

Prov. : Chose qui est quière est amée tout dis. (Baud. Sebourc B., t.1, c.1350, 77). Bonne est la chose qui amende. (DESCH., Oeuvres R., t.8, c.1370-1407, 53). ...chose cellee en cueur n'est point prouffitable (Cleriadus Z., c.1440-1444, 263). Chose qui plaist est a demi vendue (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 361). [Autre ex. p.489] ...tendre a chose difficile a prendre, n'est trop grande prudence (LEFÈVRE (R.), Hist. Jason P., c.1460, 151). Chose qui plait est a moictié vendue. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 164). Belle chose est tantos paree. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 200). Chose qui plait est a demy vendue. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 612).

 

Rem. Chose commune n'est point prisee : Prov. H., 75 [C184] (en partic. ex. de LA TOUR LANDRY).

 

5.

[Dans une relation discursive d'équivalence]

 

-

[En tournure attributive] : Et meilleur chose est avoir une perfeccion que ce n'est acquerir la. (ORESME, E.A., c.1370, 408). N'est ce pas chose bien amere De veoir parens a eulx meffaire (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 61). ...car plusieurs desdictes choses et merveilles sont advenues en tant de diversitez et façons estranges que moult penible chose auroit esté à moy ou aultre de bien au vray et au long escripre la verité des choses advenues durant ledit temps. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 2). Et brief, c'estoit merveilleuse chose à veoir du monde qui estoit en armes dehors Paris (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 181). Et, de l'autre costé aussi estoient en bataille les habitans de ladicte ville, qui estoient moult grande et belle chose à veoir (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 310). ...c'est une belle chose que d'estre secret (BUEIL, I, 1461-1466, 83). Gouvernee suis, qui m'est chose tresseure, Comme l'on voit tellement quellement, Impossible m'est que plus je l'endure Car traictee suis trop desordonnement. (Sots mal., c.1480, 85).

 

.

C'est grand chose de + inf. "C'est un fait exceptionnel, un événement remarquable de" : C'est grant chose, Jehan, mon amy, De veoir plourer la Magdaleine. (Pass. Auv., 1477, 155).

 

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C'est petite chose de... envers qqc. "C'est peu de chose en comparaison de" : Par foy, sire chevalier, dist Gieffroy, c'est petite chose de mon fait envers la puissance de mes deux seigneurs et freres, mais je vous mercie de ce que si liberaument m'avez accordé de venir avec moy, et je le vous meriray bien, se Dieu plaist. (ARRAS, c.1392-1393, 212).

 

-

[En tournure appositive] : Ces trois choses, ydee, exemplaire et raison ont tele difference entre eulz... (Somme abr., c.1477-1481, 157).

 

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Chose(s) ... c'est assavoir : Et a ces trois choses, c'est assavoir que Diex la pensée de la vierge purgea et saintiffia, de graces raempli et aourna, et qu'a li se joint et aglutina peuent estre ramenées trois paroles que dit Gabriel quant il la salua (Mir. st J. Paulu, c.1372, 92). Mais il y a une chose que je suis requis de vous exposer et declairer, c'est assavoir la povreté de vostre peuple, chargié de tailles, aydes, et de plusieurs a proprement parler pilleries et roberies (JUV. URS., Prop. II, 1468, 430). ...l'on voit en chascun membre neuf choses, c'est assavoir la posicion ou mise, la substance, la complexion, la quantité, la figure, le nombre, la colligance, les faitz et utilités et quelles sont les maladies que en celluy membre peut estre, desquelles par l'anathomie en congnoissant, en pronosticant et aussi en curant le meige peut estre aydié. (PANIS, Guidon, 1478, tr.I, doct.1, chap.1). ...les neuf choses (...) lesquelles sont enquises en chascun membre, c'est assavoir l'aidement, la posicion, la colligance, la quantité, la figure, la substance, la complexion, le nombre des parties et les maladies. (PANIS, Guidon, 1478, tr.I, doct.2, chap.1).

 

-

[Pour annoncer ce qui va être dit] : ...a prince qui maine guerre et a puissance de gens convient avoir trois choses principales : savance, chevance et obeissance. (CHART., Q. inv., 1422, 45). En ce temps, damoiselle Ysabeau de Cambray, femme de sire Guillaume Colombel, puissant et riche homme, fut mise et constituée prisonniere en la conciergerie du palais royal à Paris, à la requeste et pourchas de sondit mary, qui principalement la chargoit de trois choses : la premiere qu'elle s'estoit forfaicte et habandonnée à autre qu'à luy ; la seconde qu'elle l'avoit desrobé de ses biens en grans sommes de deniers, et aussi qu'elle avoit fait et compilé plusieurs poisons pour l'empoisonner et faire mourir. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 156).

 

.

De deux choses l'une : "Sire, c'est de deux choses l'une, comme mon advis est : qu'ilz hayent tant voz ennemys qu'ilz ne les povoient veoir, ou peult estre aussi que c'est de l'effroy d'avoir veu tuer voz frans archiers." (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 393).

 

-

[Pour référer à ce qui vient d'être dit] : Ha, Carville, vous ne monstrez pas que vous soyez bon serviteur ne loyal de m'abandonner maintenant en ma grande necessité et de me refuser si petite chose (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 143).

 

6.

[P. euphém., s'appliquant, surtout dans le domaine sexuel, à ce que l'on ne veut nommer]

 

a)

[Parfois au masc.] "Sexe masculin ou féminin" : La chose sa femme seella [En marge : Du jaloux qui seella la chose a sa femme] (MARTIN LE FRANC, Champion dames I-II, P., 1440-1442, 203). Je ne sçay, moy, qu'on vous a dit, respond le moyne ; mais je ne doubte point que vous ne soiez bien contente de moy, et que je ne vous monstre que je suis homme comme ung aultre. - Homme, dit elle, cela croy je assez bien ; mais vostre chose est tant petit, comme l'on dit, que, si vous l'apportez en quelque lieu, a peu on se perçoit qu'il y est (C.N.N., c.1456-1467, 106). ...elle demande tous les jours de quelle grosseur et grandeur est son chose et voir s'il est bien aussy grand et sy long que son bras, qui monstre qu'elle a deja grand fam d'estre au mestyer de vous aultres vielles mariees. (Lettre de Philippe de Savoie, c.1480. In : G. Mombello, Le M. fr. (6e Colloque, Milan), t.1, 1991, 234). ...elle a ung chose Qui ne bouge de la maison (Gent. Naudet T., c.1500, 299).

 

Rem. Cf. aussi : Jen. filz de rien T., c.1475-1500, 303, v.121 ; Sav. Calb. T., c.1475-1500, 152, v.175 ; Nouv. mar. T., c.1490-1500, 90.

 

-

"Cul" : ...ilz torchent leur chose d'une pierre ou contre une muraille (LA BROQUIÈRE, Voy. Outr. S., c.1455-1457, 74).

 

b)

"Activité sexuelle" : Vieille rit quant elle suppose Qu'on li fera la bonne chose (LE FÈVRE, Lament. Math. V.H., c.1380, 95). Dieux fist jadis de sa main belle Homme et femme, masle et femelle, Beauls instrumens leur appresta Et d'ouvrer les admonesta, Pour faire la chose joyeuse (LE FÈVRE, Lament. Math. V.H., c.1380, 96). ...le sexe feminin desire et appete la chose plus ardament que le masculin, se crainte ne moiennoit la influence. (Ev. Quen., II, c.1466-1474, 134).

B. -

[Empl. de nominal à valeur de démonstratif ou d'indéfini ou bien employé dans des loc. en usage de nominal]

 

1.

[Nominal à valeur de démonstratif (chose est commutable avec un démonstratif)] "Ce dont il s'agit"

 

a)

[Avec valeur anaphorique]

 

-

Chose qui / que... "Ce qui / ce que" : Par foy, dist le conte, ce nom lui affiert tres bien pour deux cas, car vous estes nommee Melusigne d'Albanie, et Albanie en gregois vault autant a dire comme chose qui ne fault, et Melusigne vault autant a dire comme merveilles ou merveilleuse. (ARRAS, c.1392-1393, 47). Gardez vous que vous n'acroiez ja chose que vous puissiez bonnement paier. Et se par neccessité vous fault accroire, tantost que vous avez l'aisement, faictes en satisfaction. (ARRAS, c.1392-1393, 85).

 

b)

[Avec valeur cataphorique]

 

-

Chose ... que. "Ce / ceci ... à savoir que" : Puis qu'il est ensi chose ["ceci, à savoir que"] que g'irai(t) demourant En la voustre contree... (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 560). ...Se chose avient qu'ilz puissent estre Pris, soit en champ ou soit en bois. (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 22). ...et, s'il avenoit chose que le conte Regnault de Guerles alast de vie à trespas devant ma fille, sans hoir de sa char... (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 150). Et, s'il avenoit chose que les chienz laissassent du tout qu'ilz ne vousissent aler aprés ou ne peüssent... (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 201). Seigneurs, se le Chevalier Doré pouoit par sa valeur faire chose qu'il peut acquerre aucun pou d'honneur, j'en seroye plus joyeulx que nulz. (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 337).

 

2.

[Nominal à valeur d'indéfini (en alliance avec ne, dans une interr., une hypothétique, avec sans...)] "Rien, quoi que ce soit"

 

a)

"Rien" : LE CHEVALIER. (...) helaz ! Qu'ay je veu ? vray Dieu, mercy. Onques mais chose je ne vy Si tresorrible. (Mir. ev. arced., c.1341, 136). Dame, dist Remondin, j'ay trouvé si bonne verité es commencemens de voz paroles que vous ne me saurez chose commander que nulz corps humains puisse raisonnablement emprendre, que je n'emprengne a vostre plesir. (ARRAS, c.1392-1393, 30). Remondin, dist la dame, par moy n'emprendrez vous chose de quoy vous ne doiez venir a bon chief. (ARRAS, c.1392-1393, 30). Et sachiez que il ne doubtoit ne cremoit chose que nulz homs esprins et plain de feu de jeunesse et de hardement deust doubter ne cremir en regardant honneur. (ARRAS, c.1392-1393, 48). Et je vous jure par ma foy que je ne feray chose que je ne face pour le mieulx. (ARRAS, c.1392-1393, 189). Et furent ses plaies tentees, mais les mires dirent qu'il n'y avoit chose par quoy il se laissast aarmer, dont ilz louerent Dieu. (ARRAS, c.1392-1393, 233). Ha ! il n'est chose plus amere ! (Path. D., c.1456-1469, 110). VENUS. Il n'est chose si villaine Ne [de] deshonneur si plaine En la face souveraine Des dieux qu'est humaine vie. (Cene dieux, c.1492, 133).

 

-

Ne ... pas chose fors. "Ne ...rien en dehors de" : ...la querelle dont j'ay ouy d'ung debat n'est pas chose fors vollentés de cueurs de grans seigneurs, et n'est pas selon la sainte loy et le commandement de Dieu (Ponthus Sidoine C., c.1400, 99).

 

-

Ne ... tant chose. "Ne ...rien autant" : ...il ne desiroit tant chose que d'estre de l'ordre du Francq Palais (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 57). Et lors entra en sa nef le noble prince avecq le jennencel, qui ne convoitoit tant chose. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 126).

 

b)

"Quoi que ce soit" : James dusqu'a li ne venist Pour cose qu'il li promesist. (Dame Lycorne G., c.1349-1350, 250). ...paravant ce, il n'avoit oncques eu tonsure ne porté ycelle, non obstant chose qu'il ait, paravant ce, dit, confessé ou proposé. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 90). Margot la fist jurer, comme dit est dessus, que elle ne le accuseroit aucunement, pour chose qui li peust advenir. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 339). Et je vous jure, par le peril de l'ame de moy, que jamais cellui jour je ne feray ja chose qui vous puist estre atournee fors a toute honneur. (ARRAS, c.1392-1393, 26). Et je ne vous conseilleray chose dont bien et honneur ne vous doye venir. (ARRAS, c.1392-1393, 26). Et noz gens passent tout par my leurs tentes sans y arrester ne prendre ne pillier chose qui y feust, car ainsi fu crié sur la hart. (ARRAS, c.1392-1393, 235). ...qui pour quelque chose du monde ne vouldroient faire desloiaulté devers le Roy et le bien de ce royaume. (Doc. 1417. In : MONSTRELET, Chron. D.-A., t.3 c.1425-1440, 198). Hola ! je m'en tairay, Se je puis, et n'en parleray Meshuy, pour chose qu'il adviengne. (Path. D., c.1456-1469, 168). ...il estoit du tout deliberé et bien resolu de tout perdre avant que de faire chose qui feust contre son ame, ne dommage au royaume de France ne à la chose publique ; et dist audit Balue qu'il devoit avoir grant honte de poursuivre ladicte expedicion. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 185). LE PRINCIPAL. Nul ne peust de chose congnoistre Qui ne luy en fait apparestre. (Sots gard., a.1488, 108).

 

-

Plus que chose qui soit au monde. "Plus que tout" : Jamais je ne seray lassant De la loy Dieu, car je voy bien Que Dieu ayme tout crestien Plus que chose qui soit au monde. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 252).

 

-

Quelque chose que. "Quoi que ce soit que" : ...et, quelque chose que l'on en die, ilz vont assez grossement en besongne. (COMM., II, 1489-1491, 60). Mais ne vous laissés point endormir de parolles, car aussi il me semble pour le mieulx, quelque chose qu'on vous promette, que vous mesmes devés aller en personne pour prandre la possession et que en nul autre ne vous devés fier. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 235).

 

-

Quelque chose qu'il en soit. "Quoi qu'il en soit" : Neantmoins quelque chose qu'il en soit, ilz ne sont, comme on peut savoir, que de VI à VII mille sur la mer (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 332).

 

-

À quelque chose que ce soit. "À quoi que ce soit" : ...icellui Robinet dist à lui qui parle que de leur mestier d'orfaverie ilz ne faisoient ne ne gangnoient denier aucun en icelle ville de Harfleu ; et, pour ce, leur estoit besoing qu'ilz gangnassent leurs vies à quelque chose que ce feust. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 488).

 

c)

[En phrase interr. et nég.] "Quelque chose" : TESTE CREUSE. Vous n'avez point chose qui monte ? (Copp. lard., a.1488, 164).

 

3.

[Dans des loc. nominales indéfinies]

 

a)

Aucune chose / nulle chose

 

-

Ne ... aucune chose / nulle chose : En laquelle ville de Rouen ilz ne gaignerent aucune chose (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 64). Elinas en fu tous abusez et si oubliez que il ne lui souvint de nulle chose fors de ce qu'il voit et oit, et demoura la en cel estat moult grant temps. (ARRAS, c.1392-1393, 6). ...ycely maistre Loiz ne lui doit aucunne chose, ne n'est aucunement obligiez ledit Loiz envers lui d'ycelle somme dessus dicte. (BAYE, I, 1400-1410, 1).

 

.

Ne ... nulle chose du monde. "Rien" : Remond et Melusigne estoient a Mervent, et vint a un samedy que Melusigne se esconsoit de Remond cellui jour, comme il lui avoit promis que jamais le samedy ne mettroit peine d'elle veoir, et si n'avoit il fait jusques a ce jour, et n'y pensoit a nulle chose du monde fors ques a bien. Un pou devant disner lui vindrent nouvelles que son frere le conte de Forez le venoit veoir, dont il fu moult joyeux. Mais depuis en fut il moult courrouciez, ainsi comme vous orrez en l'ystoire cy près ensuivant. (ARRAS, c.1392-1393, 240).

 

-

Sans ... aucune chose : ...il qui parle vit bien et apperçut qu'il estoit mouche des Englois contre les François, et que aucune fois il passoit au plus prez des embusches faites par les François, et les advisoit sanz eulx dire aucune chose, et chevauchoit tout oultre au devant d'eulx (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 57).

 

b)

Autre chose : Or n'en faisons cy plus de plait, Mais parlons d'autre chose a point. (Mir. abbeesse, 1340, 63). ...et cuidoit entrer et monter ès chambres de leans, maiz il n'y pot ne osa monter, pour les chens de leans qui l'abayerent, etc., et s'en ala sanz autre chose faire. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 21). Et dit que tele est la verité, et que autre chose ne sera jà contre lui trouvé, mais est homme de bonne vie et renommée. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 77). Et autre chose ne plus ne scet de ce que dit est (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 84). Dont, respondy la dame, roy Elinas, je vous en tien bien pour excusé, et vous pry, se vous ne voulez autre chose, que vous ne laissiez ja a retourner pour ceste querele. Lors respondy ly roys : Tres chiere dame, autre chose quier je bien. Et quoy ? dist elle. Dittez hardiement. Ma chiere dame, puisqu'il vous plaist, je le vous diray. Je desire tant que nulle autre chose plus, d'avoir vostre bonne amour et vostre bonne grace. (ARRAS, c.1392-1393, 8). Et ne m'en enquerez plus, car autre chose ne vous en sauroie dire. (ARRAS, c.1392-1393, 35). Beaulx seigneurs, ne le rigoulez pas, car sachiez qu'il a bien autre chose a penser. (ARRAS, c.1392-1393, 41). ...et ne suiz venus pour autre chose que pour en averer et savoir la verité. (ARRAS, c.1392-1393, 53). ESTOURDI. Dea, quant on la veulx sangler "C'est autre chose ", dit la vache. (Est., p.1460, 21). Mais les pere et mere de ladicte fille, non contens de ce que dit est, s'en alerent plaintifz pardevers le roy, mais ilz n'en eurent autre chose. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 112). Elle aymeroit mieulx aultre chose, Combien qu'elle ait assés monnoye... Quoy ? une grant bourse de soye, Plaine d'escuz, parfonde et large. Mais pendu soit il, qui je soye, Qui luy laira escu ne targe (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 81). Oultre plus diras que j'ay dit Qu'aultre chose n'escriprey pas. (Pass. Auv., 1477, 214).

 

c)

Grand chose. "Quelque chose qui a une certaine importance, qu'il faut noter, qui peut étonner" : Grant chose est d'un seul tournement de roue Ou d'un circulier mouvement (GUILL. DIGULL., Pèler. âme S., c.1355-1358, 165). ...oncques a ma vie je ne vi follie en madame et l'ay servie bien leaument et ce seroit bien grant chouse que je ne l'eusse sceu. (Quinze joies mar. R., c.1390-1410, 110). Il est vray que vostre pere, depar ses ancesseurs, doit avoir grant chose en la Brute Bretaigne, laquelle vous sera declaree ou pays. (ARRAS, c.1392-1393, 48). Ma belle niepce, grant chose a ou faire l'estuet, et de deux maulx on doit prendre le plus petit, quant l'un en fault avoir. (ARRAS, c.1392-1393, 189). Bien logiez furent li destrier A mengouere et a ratelier Qu'on ot fait en ces tentes faire ; Grant chose estoit de leur affaire. (COUDRETTE, Mélus. R., c.1401-1402, 144). Moult est grant chose de soy tenir en obedience, vivre soubz son prelat et non estre de son propre droit (Internele consol. P., 1447, 289). C'est grant chose de deux contre ung [d'être deux contre un] ! (Pouvre peuple H., c.1450-1492, 174). Et pensez que c'est grant chose quant ung desarroy se met en ung grant ost et de nuyt. (GRUEL, Chron. Richemont L., c.1459-1466, 45). Parvenir quoy ? dea, c'est grant chose, Je n'y congnoys teste ne glose. (S. fol, c.1480-1490, 8). Toutesfois sa personne presente estoit grant chose et la bonne parolle qu'il tenoyt aux gens d'armes (COMM., I, 1489-1491, 33). "...a aultre chose ne suis je subgect après Dieu, si non a mon vouloir, car pour homme qui vive je ne feroys que a ma voulenté." "C'est grant chose", dit le roy, "que ce vous vivez longuement en ce monde il vous fauldra changer propoz, ou vous pourrez bien savoir que veult dire soufferte." (Jehan de Paris W., 1494-1495, 38).

 

-

C'est grand chose quand. "C'est un fait exceptionnel, un événement remarquable que" : ...c'est grant chose Quant filz de Dieu nommer se ose. (Myst. Pass. Amb. R., c.1474-1500, 47).

 

-

Valoir grand chose. "Être de prix" : ...deux boutons de rose (...) Tout d'or, qui valoient grant chose. (HAUTEV., Invent. biens B., c.1441-1447, 59).

 

-

[Appliqué à une pers.] : ...ce duc Winchelant fut largues, doulx, courtois et amiables, et grant chose eust esté de luy, s' il euist longuement vescu, mais il morut en la fleur de sa joennesse (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 159).

 

-

Pas grand chose : Et aussi de soy, sans l'ayde des autres seigneurs d'Alemaigne, ne povoit pas grant chose. (COMM., II, 1489-1491, 5).

 

d)

Guere de chose./Peu de chose./Petit de chose

 

-

Guere de chose : Et alors il mit le bout d'en bas de sa hache dessous son bras senestre, et de la main dextre se combattoit ; mais n'en fit guère de chose. (Faits Lalaing K., c.1470, 185).

 

-

Peu de chose : Lesquelz marchans ont offert desdits sept balaiz 4 escus du carat et non plus et du gros balay six escus du carat et des deux gros saphirs 60 escus et des parles, diamens et autres petiz balaiz, rubiz et saphirs en offroient très peu de chose (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 104). LE PREMIER. De peu de chose (je) t'advertis, C'est du moins sa je te diray, De ma bource je tireray Ung grant blanc, et [tout] ou mellieu De mon fronc, icy en ce lieu, Je l'atacheré davant tous. (Tr. Men., c.1480-1500, 289).

 

-

Petit de chose : A cestuy parler estes vous venu Remondin, qui s'enclina devant le conte et le remercia de l'onneur et de la courtoisie qu'il lui avoit faicte. Par foy, Remondin, dist le conte, c'est petit de chose ; mais, se Dieu plaist, je vous feray mieulx. (ARRAS, c.1392-1393, 34).

 

e)

Quelque chose : ...il vous respondera quelque chose. Se il dist : " Nous en arrons conseil ", si prendez ce conseil brief (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 27). Mais que me voulrez vous donner S'au jour d'ui par mon sermonner Puis de lui quelque chose avoir ? (Mir. Pierre Changeur, c.1378, 234). Et cilz s'en vont qui bien apperceurent que ly roys avoit trouvé quelque chose. (ARRAS, c.1392-1393, 8). Et quant vous donnez quelque chose, ne le faictes pas attendre longuement. (ARRAS, c.1392-1393, 85).

 

f)

Chose quelconque. "Quoi que ce soit" : Et autre chose ne li dirent ; et ne sera jà sceu ou prouvé contre elle que elle leur deist chose quelconques (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 266). ...mais, que se elle lui savoit donner, enseigner ou bailler conseil ne chose quelconques (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 305).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Robert Martin

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FEW II-1 causa
CHOSER, verbe
[FEW II-1, 541b : causa ; TLF : V, 761b : choser2]

Part. prés. en empl. adj. "Qui s'occupe de qqc., agissant, p. ext. qui a de l'importance" : Et poes et deves entendre quon leur avoit dit et donne a connoistre que les dis prinches [prisonniers] estoite si dous et si misericordieus et quil aroite tant de moyens quil aroite pite deus et quil les prenderoite a misericorde et quil y avoite tresgrant esperanse. Ousi je ne seus point quon en tuast nus de chausant pour cheste eure. (JEAN DE HAYNIN, Mém. B., t.1, 1466-1477, 171).

REM. Cf. M. Bronckart, Etude ... du chroniqueur Jean de Haynin, 1933, 161 et GD II, 129c, s.v. choser : «Ce mot est resté en Morvan et dans le patois guernésien comme v. actif, pour signifier "s'occuper d'une chose"».
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

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     CHOSETTE     
FEW II-1 causa
CHOSETTE, subst. fém.
[T-L : chosete ; GDC : chosette ; AND : chosete ; FEW II-1, 541a : causa]

A. -

[Dimin. de chose] "Petite chose, menue chose" : ...De grans pierres et de pierrettes, Et de toutes autres chosettes (MACH., Voir, 1364, 774). Et tu vois, quant un home est malade, que on le met en diete et ne li donne l'en que de l'yaue de sucre et de tielx chosetes deux ou trois jours ou plus pour abaissier ses humeurs et ses superfluités, et encore en oultre le feront il vuidier. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 56). ...j'ay escript une petite chosette que se tout vault petit, mais que soit au plaisir de Dieu et de vostre seignourie (BOUVET, Appar. Meun A., 1398, 4). ...et avoient rompu l'uiz et avoient prinz une bible, breviaire, ceincture et autres chosettes (BAYE, I, 1400-1410, 170). A ceste noble bonne dame meismement les petites femmes de village (...) lui aporteront aucunes fois de leurs petiz presens comme fruis et autres choses, et elle les fera venir vers elle et les vouldra veoir, recevra joyeusement leurs chosetes, et de pou de chose fera grant conte et grant feste (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 88). ...si lui doit faire le maistre plaisir par lui donner aucunes chosettes qui plaisent aux enfans et lui dire aucunesfoys par bonne maniere des contes enfantibles d'aucune trufe pour le faire rire (CHR. PIZ., Corps policie L., 1406-1407, 8). Mais, avant que vous departiez, Je vous donray de mes chosettes, De mes pommes, de mes noisectes (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 112). N'ayez doubte que vous n'ayez Herbe fresche, bellez florétes Et plusieurs petites chosétes, Comme a vostre estat appartient. (Myst. Viel test. R., t.4, c.1450, 172).

 

-

[À propos d'un nouveau né] : PAULINE. Regardés, seigneur honorable, Regardés l'image doulcette. QUINTUS. Pour creature raisonable, Vela une propre chosette. (MOLINET, Myst. st Quentin C., c.1482, 14).

 

-

Ne ... chosette. "Ne ... pas grand-chose" : Au jour d'uy n'a mangé chousete Ne elle ne ses deux enffans (OUDIN, St Genis M.S., c.1490, 73).

B. -

"Caresse amoureuse" : Ainsi estoie es champs tous seulx, Et entre les pastours vy ceulx Qui s'amerent et autour d'eulx Leurs brebïetes. Si firent par leurs amouretes Tant de gracïeuses chosetes, Et s'entredonnoient fleuretes Et chappeaulx vers (CHART., L. Dames, 1416, 204). ...elle l'a long temps aymé Et fait maintes bonnes chosettes, Entretenu, bavé, gallé, Avec plusieurs euvres secrettes. (COQUILL., Oeuvres F., 1478-p.1494, 100).

 

-

Passer temps à la chosette. "Faire l'amour" : MATHATIEL, varlet du juif. Une Espanicle Qui seroit ung peu mal du corps, Quant il y auroit bons accors, De une fois de rosette, Pour passer temps a la chosette, Feront ilz mal ? (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 80).

 

Rem. HUG. III, 279.
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin / Pierre Cromer

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     CHOSIER     
FEW II-1 causa
CHOSIER, subst. masc.
[GDC : chosier ; FEW II-1, 541b : causa]

"Endroit où l'on tient les choses" : Il faut des choses d'ung chosier Et d'aultres choses ung grant tas. (Copp. lard., a.1488, 174).

REM. GD II, 130a, cite un ex. du XIIIe s. où chosier désigne un homme de métier, sens obscur.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

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     ESCHOSE     
*FEW II-1 causa
ESCHOSE, subst. fém.
[AND : eschose1 ; *FEW II-1, 541a : causa]

"Chose"

Rem. Cf.  ; AND : eschose1.
 

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