A. -

"Chef, capitaine" : Grant joie ot en la salle, dont fu fais li estrains, De Millon, qui devint adont leur capitains. (Flor. Rome W., c.1330-1400, 203). ...nous volons qe nostre cher et foial Johan de Beauchamp, capitain de nostre ville de Caleis, eit poair de remuer les capitains et gardeins de Oye et Merk à toutes les foiz qe mester serra (Prérogat. Beauchamp V.D., 1349, 353). Quant es dites compaignes et pillars, soit traittié que le roy d'Angleterre baille mil archiers ensemble un capitain (Instruct. le Riche D., 1362, 99). Item, le jour de Noel ensuyvant, furent les capitains des chasteaux et forteresses de Normandie, tenuz par les ennemis du roy de France, à Mante, avecques le dit roy de Navarre, et disnerent avecques luy (Chron. Jean II Ch. V, D., t.1, c.1375, 128). Dont dit leur cappitains qui fut de grant lignie (Cip. Vignevaux W., p.1400, 56). Trestout le premier homs qui fut la tourmentés - Ce fut le cappitains (Cip. Vignevaux W., p.1400, 60). Et de la il vinrent devant Hainbon, et se requellierent toutes les gens d'armes et les capitains françois de tout le pais, qui pour lors se tenoient a mesire Carle de Blois, et vinrent tout au siege de Hainbon. (FROISS., Chron. D., p.1400, 549). Cedit jour, la Court a deschargé et descharge et donne congié aux capitains qui estoient ordonnez à la garde des chasteaulx de Coucy, d'Assy et du Chastellier (BAYE, I, 1400-1410, 309).

-

En partic. "Chef militaire d'une ville, d'une région" (synon. capitaine) : ...le Roi voet que ore à commencement par avis du Capitain, mareschal et seneschal de la dite ville, soient esluz cynk eskyvins (Hist. dr. munic. E., t.2, 1347, 357).

-

[Dans l'Antiquité romaine] : Par laquele chose les Albains ont esleu dictateur et capitain un prince que on disoit Metius Fufecius. (BERS., I, 1, c.1354-1359, 23.3, 36).

-

Capitain general du pays de Bourgogne. "Officier désigné, à titre exceptionnel, pour prendre le commandement de l'armée en l'absence du duc de Bourgogne" (synon. capitaine) : ...messire Jehan de Neufchastel, seigneur de Fontenay en Voige, conseiller et chambellan de mondit seigneur, garde et capitain general du pais de Bourgoingne (Comptes Etat bourg. M.F., t.2, 1419, 334). ...la somme de deux cens frans, en deniers paiez à monseigneur de Montagu sur 2.600 francs ou environ que mondit seigneur lui a ordonné, tant pour son voiage d'Arras comme pour ses gaiges de quatre vins frans par mois d'avoir esté cappitain general de Bourgoingne (Comptes Etat bourg. M.F., t.2, 1420, 648).

B. -

Au fig. Capitain de qqc. "Responsable de qqc." : Si y en i ot deux cenz et vint et cinq qui a la relations de touz estoient coupable de la mort des coulons rommainz et aucteur et capitain de la deffallance de la cité (BERS., I, 9, c.1354-1359, 24.14, 45).
 

A. -

ART MILIT.

1.

"Chef d'une compagnie d'hommes d'armes dont il assure le recrutement, l'armement, la gestion administrative ; officier nommé à la tête d'une troupe d'importance variable pour une campagne militaire" : Si se departirent en pluiseurs lieus et pluiseurs compagnies, et fisent otant de chapitainnes comme de compagnies. (FROISS., Chron. L., VI, c.1375-1400, 74). Messire Jehan de Blaisy, chevalier, capitainne de VI chevaliers et XIIII escuiers, gens d'armes estans en la compaignie du Roy par retenue vérifiée en la Chambre des comptes, pour leurs gaiges du moys de février, l'an IIIIxx, par mandement du Roy et quittance dudit capitaine, randues en ce terme à court, la monstre veue par messire Pierre de Villiers, grant maistre d'ostel (Comptes hôtel rois Fr. D.-A., 1380-1381, 127). ...le Roy devoit laissier à Paris ung de ses capitaines qui eust charge de IJc hommes d'armes et de IJc hommes de trait pour faire venir et conduire les vivres à Paris et pour defendre les marchans de violences et oppressions (FAUQ., I, 1417-1420, 186). Nul ne souloit estre dit escuier s'il ne s'estoit trouvé en fait de souveraine proesce, nul n'estoit appellé aux gaiges d'omme d'armes s'il n'avoit prins honnestement prisonnier de sa main ; maintenant savoir ceindre l'espee et vestir ung hauberjon suffist a faire ung nouveau capitaine. (CHART., Q. inv., 1422, 56). Emellius Paulus disoit qu'il convenoit a tous cappitaines ou chiefz de guerre estre de meurs vielles, c'est a dire attrempez. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 62). Et, pour ce que c'est le bien general de la compaignie, le cappitaine a ce povoir de mettre la compaignie à butin toutes et quantes foys qu'il voudra et à tel butin qu'il lui plaire. (BUEIL, II, 1461-1466, 216). Et si le roy eust voulu croyre les lettres que ledit grant maistre et autres capitaines luy rescripvoient, c'est assavoir que se le roy, qui estoit à Valenciennes, luy eust coppé le chemin entre ledit Valenciennes et Cambray au lieu de Bochin, lesdits capitaines le eussent enclos de leur costé, et par ce moyen il eust esté du tout deffaict. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 384).

-

Au fém. : ...la chapitainne de ces Flamens (...) se nommoit Clais Denneqins (FROISS., Chron. D., p.1400, 177). ...et par especial la capitainne messire Pierre de Charcasonne i fu mors (FROISS., Chron. D., p.1400, 423). ...messires Jehans de Viane, la capitainne, l'atendoit. (FROISS., Chron. D., p.1400, 842).

-

"Chef que se donne une bande d'aventuriers, de soldats sans solde" : ...une congregation de fourbanis de Flandres (...) avoient (...) fait .I. chapitainne qui se nommoit Clais Denneqins. (FROISS., Chron. D., p.1400, 175). Ces compaignons à l'aventure courroient en Lymosin et en Auvergne, et avoient ung escuier gascon à cappitaine (FROISS., Chron. D., p.1400, 197).

2.

"Chef militaire chargé de garder et de défendre une ville ou une place forte" : Dudit Jehan de Creppon, que receut Ferrando d'Ayenz pour le temps quil [l. qu'il] estoit connestable de Cherebourg ou nom des cappitaines dudit lieu de Cherebourg (Compte Navarre I.P., 1367-1371, 57). Le herault vint aux barrieres et trouva le cappitaine et la garde de la ville qui s'appeloit Alphons de Sorie. Il li dist : "Cappitaine, cy ung petit en sus est le mareschal de l'ost monseigneur de Lancastre, qui m'envoie icy, et parleroit volentiers à vous." (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 315). Or (...) vous diray du cappitaine de la ville, qui moult bien advisa l'ost et le maintieng des gens, qui moult le prisa en son cuer, et bien dist que c'estoient gens de fait et de grant emprise, quant si pou de gent emprenoient a contrester contre l'effort du soudant qui avoit plus de cent mille Sarrasins. (ARRAS, c.1392-1393, 92). Qant li contes Derbi ot pris la sasine et posession de Bregerach et l'onmage et feauté des honmes de la ville, et il i ot renouvellé officiiers et mis capitainne de par le roi d'Engleterre, car il avoit poissance et conmission de ce faire, il se departi de la en grant arroi et bonne ordenance. (FROISS., Chron. D., p.1400, 606). ...ils meismes s'en retourna au Noef Chastiel sur Thin, et i institua a chapitainne le signeur de Noefville (FROISS., Chron. D., p.1400, 226). La Court (...) a ordonné que la somme de XXXIJ libvres tournois soit baillée au capitaine du chastel de Confflans (BAYE, I, 1400-1410, 350). ...messire Guillaume de Beauchamp, pour lors capitaine de Calais (Bouciquaut L., 1406-1409, 54). De messire Girart Le Costre, à cause de sa mote de molin et 11 cens de terre hors Courtray, pour la Saint Jehan CCCC et vint, en deniers paiez à Wulfart de Ghistelle, capitaine du chastel de Courtray... (Comptes Etat bourg. M.F., t.3, 1418-1420, 461). ...comme avez peu scavoir, nous avons nagueres donné l'office de cappitaine de nostre ville de Reins à nostre bien amé escuier d'ecuierie, Jehan de Suzaine (Lettres Louis XI, V., t.2, 1465, 353). Dedans n'y avoit que ceulx de la ville au commencement, sauf Loyset de Balligny, qui avoit quelque peu de gens d'arrière-ban et estoit capitaine de la ville. (COMM., I, 1489-1491, 235).

-

[Dans un cont. métaph.] : Que faut il plus a ung cuer amoureux, Quant assiegé l'a Dangier de Tristesse, Qu'avitailler tantost sa forteresse D'assez vivres de Bon Espoir eureux ? Cappitaine face Desir Songneux Qui, nuyt et jour, fera guet sans peresse (CH. D'ORLÉANS, Chans. C., c.1415-1440, 249).

3.

[Titres spécifiques]

a)

Souverain capitaine. "Chef de guerre investi de responsabilités majeures (commandement militaire d'une région, gouvernement de plusieurs compagnies...)" : Et envoia dedens Tournay monsigneur Godemar dou Fay souverain chapitainne et regard de tout le pays là environ. (FROISS., Chron. L., I, c.1375-1400, 184). ...Guillaume de Moullon, ung bien gentil escuyer et souverain capitaine de tous, gardant Aigrenoble. (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 30).

Rem. Ph. Contamine, Guerre, État et société à la fin du Moy. Âge, 1972, 163, 208.

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[Dans des textes littéraires] "Chef suprême" : ...Et ainsy, par despit de luy [le pape], Firent Mahomet Sarrazin Leur cappitaine souverein (BOUVET, Appar. Meun A., 1398, 50). Puis lui racompta comment Zephir traveilla les Rommains ains qu'ilz se combatissent, dont leur souverain capitaine, nommé Julicés, fut tant esbahi qu'il vouloit a paine retourner. (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 56).

b)

Capitaine general. "Commandant en chef d'une armée royale" : ...Bouciquaut (...) capitaine général des pays de Languedoc (...) fist exécuter (...) quatre desdiz compaignons (...) et les autres fist appeler à ban (Ch. VI, D., t.1, 1416, 381). ...Barthelemy Coulon estoit ordonné cappitaine general pour aler contre le Turc (Lettres Louis XI, V., t.3, 1468, 215). Aussi seroit bon que le prince fist quatre cappitaines generaulx des rerebans en son pays et a chascun baillier son quartier a qui les particuliers cappitaines respondissent (Traité politique C., c.1492-1493, 170).

-

[En Bourgogne] "Officier désigné, à titre exceptionnel, pour commander l'armée en l'absence du duc de Bourgogne" : À messire Jehan de Neufchastel, seigneur de Montagu et de Fontenoy en Voyge, chevalier, conseillier et chambellan de mondit seigneur, garde et cappitaine general du pays de Bourgoingne ; la somme de trois cens soixante frans sur ce qu'il lui est et sera deu à cause de ses gaiges de ladicte cappitainerie, qui sont de 80 frans par mois (Comptes Etat bourg. M.F., t.1, 1418, 102).

4.

"Chef de compagnies spécialisées"

-

Capitaine des archers/francs-archers : ...Jehan Petit, capitaine des archiers de mondit seigneur (Comptes Etat bourg. M.F., t.1, 1419, 39). Robert de Clamorgan, cappitaine des francs archiers d'Alenson (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 607). Après ces choses, ledit de Bourgongne, en perseverant toujours en ses dyableries, foles obstinacions et mauvaistiez, comme devant avoit fait, le jeudi, XIe jour de juing oudit an LXXII, envoya devant la ville de Neesle, dedens laquelle y avoit de par le roy ung nommé le Petit Picart, qui estoit capitaine de cinq cens frans archers de l'Isle de France, qui estoient dedens ladicte ville. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 269).

.

Capitaine general des francs-archers. "Responsable des francs-archers dans une des quatre circonscriptions militaires" : ...nostre amé et féal conseiller et chambellan Yvon Dufort, chevalier, grant veneur de France et l'un des cappitaines generaulx des francs archiers de nostre royaume (Ordonn. rois Fr. P., t.18, 1474, 47).

5.

Loc. prov. : L'ost qui se maine par paoureux capitaine A bon effect voit on venir a paine. (Beufves Hant. I., c.1499-1503, 322).

6.

MAR.

a)

"Officier commandant un ou plusieurs navires" : Mahieu Quiefdeville, sergent d'armes, capitaine de la barge Saint Denis, dont Thomas Orient est maistre, pour les gaiges de 200 hommes pour un moys (Clos galées Rouen M.-C., t.2, 1341-1342, 46). Mais quant le cappitaine fut en la nave, merveilles fut la bonne chiere que lui et le pattron se firent ; et aussy feismes nous tous. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 158). Sur ce partirent les cappitaines des nefz (BUEIL, II, 1461-1466, 169).

b)

"Officier qui commande (sous l'ordre de l'amiral) l'ensemble des navires d'une flotte" : Sachent tous que je, Danoys de Laguillon, capitaine de cheste presente armee de la mer, ay eu et recheu de Thommas Fouques, garde du cloz des galiez du roy nostre seigneur a Rouen, du commandement de noble homme et puissant monseigneur Hue Querez, chevalier, amiraut du dit seigneur, les armeurez et artilleriez qui ensievent, pour distribuer a plusieurs personnes alans avec moy en la dite armee (Clos galées Rouen M.-C., t.2, 1336, 11). Carle Geny, capitaine des galees des Veniciens (Bouciquaut L., 1404, 280).

c)

Capitaine general de la mer et des rivieres. "Officier responsable de toutes les flottes du royaume" : Apparaulx de gallees bailliés et livrés a Jehan Tartarin, patron de la gallee Saint-Victor qui est du roy nostre seigneur, le marquedi 8e jour de may 1359, et cappitaine general de la mer et des rivieres du dit royaume (Clos galées Rouen M.-C., t.2, 1359, 148).

B. -

P. ext.

-

"Chef militaire, considéré comme participant au gouvernement d'un pays" : Par quoy il emmena avec lui treshonnorablement tous les roys et prefectz du païs ; et au peuple qui demoura il donna cappitaines qui estoient populaires, pour eulx gouverner. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 58). ...mais les princes, les seigneurs et les cappitaines, qui ont les citez et les grans peuples en gouvernement, ont charge pollitique ; car "poliz" en grec vault autant à dire que pluralité et "icos", gardien, qui est à dire gardien de pluralité. (BUEIL, I , 1461-1466, 16).

-

"Chef (non militaire)" : DIEU. Mes anges, voicy vostre sire [Jésus], Vostre roy, vostre capitaine Qui d'une region loingtaine Au jourduy vous est reverty. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 1027).
 

"Charge d'un capitaine et ressort où s'exerce son autorité" : ...que l'en jugast le procès d'entre messire Olivier de Mauny, d'une part, et le Borgne de la Heuse, d'autre part, pour la capiteinnerie de S. Maalo. (BAYE, I, 1400-1410, 188). Le visconte de Villemur a presenté en la Court lettres royaux de l'office de la seneschaucie de Rouergue et capitainerie de Najac (FAUQ., I, 1417-1420, 224). ...et print possession de par le roy de la capitainerie de la place. (Chron. Mt-St-Mich. L., t.1, 1420, 22). En icelluy moys d'aoust, l'an que dessus, furent prins les chasteau et ville de Bonmoulin sur les Angloiz, par certains moyens, à l'entreprinse d'un nommé Ferrebourg ou Fourbourg, auquel le duc d'Alençon donna la cappitainerie. (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.1, c.1437-1464, 110). Il en [ceux qui possèdent des offices] y a qui ont plusieurs cappitaineries (JUV. URS., Nescio, 1445, 547). ...il fist dire à nostre dit frere qu'il savoit maniere de faire argent d'arquemye, et qu'il feroit merveilles de y besoingner qui lui vouldroit bailler place pour ce faire. A quoy, sur son donné à entendre, nostre dit frere acquiessa et lui bailla la capitainerie de la dicte Roche sur Yon (Doc. Poitou G., t.8, 1446, 242). ...nous avons pourveu au bailliage d'Amiens de la personne du seigneur de Crevecueur, et aussi aux capitaineries dudit Amiens et de Doullans et de la cité d'Arraz de la personne du seigneur de Saveuzes (Lettres Louis XI, V., t.2, 1461-1465, 275). ...de donner capitaineries et autres offices des villes et places qu'il réduira en nostre obéissance, par héritaige, à vie ou autrement (Roi René vie L., 1468, 328). ...la capitainerie et garde de sa ville et cité de Rennes (Cartul. Laval B., t.3, 1475, 276). Et furent ses demandes : quatre vingtz mil francz de pension pour le duc ; pour son maistre, six mil francz de pension, le gouvernement de Guyenne, les deux seneschaussées des Lannes et de Bordeloys, la capitainerie de l'ung des chasteaulx de Bordeaulx (COMM., I, 1489-1491, 241). Et a ceste heure, il donna la capitenerie de Rubie [un port du royaume de Hongrie] au neveu de la dame de Goderes, nommé messire Eglantier. (Charles de Hongrie C., c.1495-1498, 169). Et devez savoir que mons. Charles, qui estoit party de Paris pour aller en Normendie, vint à Ponthoise et de là à Vernon, où illec eust nouvelles de la grant senechalle et de mons. d'Evreux pour la cappitaignerie de Rouen [et] mareschausie, qui estoient fort ennemys de Jehan monseigneur de Lorraine, desirant estre mareschal (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 199).

-

Capitainerie generale de Bourgogne. "Charge du capitaine général de Bourgogne" : ...pour et à cause de l'office de la cappitainerie general de Bourgoingne, et pour ses gaiges du temps que, au vivant de feu mondit seigneur, il fut en garnison en la ville d'Arras, ou fait de laquelle cappitainerie ledit messire Jehan de Neufchastel a vacqué en excerssant l'office de ladicte cappitainerie (Comptes Etat bourg. M.F., t.2, 1420, 723).

-

"Territoire soumis à l'autorité d'un gouverneur" : Par quoy nous le feismes [Adrien] seigneur De nostre capitennerie, Qu'i gouverne en Nichomedie (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 34).
 

"Fonction de capitaine"

REM. Doc. 1340 (les avons faiz et establi capitaines (...) et leur donons auctorité et plain povoir de faire toutes choses appartenans a capitaineté) ds GD I, 780a.
 

(Synon. de capitainerie) : Justin en son quart livre fait mention de Lysander, et est assavoir que le princey que il appelloient et que il appellent ici royalme ne est pas selon policie royal ne royalme proprement, mes estoit une capitanie en guerre si comme il appert ou livre de Justin. (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 205). ...à l'occasion de la capitenie dudit Bar qui estoit donnée audit serviteur (BAYE, I, 1400-1410, 145).
 

Péj. [A propos des mécréants] "Chefs de guerre" : [Il s'agit de Guillaume Martel de Basqueville, parti en croisade] Et s'avint qu'en une bataille Fu prins de celle chevetaille Et fut très bien enserré En une prison ferré (LE PETIT, Champ d'or L., c.1388-1392, 204).

REM. Faut-il, comme le suggère G. Paris, lire chevessaille au v.1492 (p.70, chenessaille) et y voir un mot proche de chevetaille ? Éd. : "canaille, diminutif de chienaille ?".
 

I. -

Adj.

A. -

"Éminent en tant que chef" : Cesti fut roy de Franche com li plus chevetain (JEAN D'OUTREM., Geste Liège B.B., t.2, a.1400, 570).

B. -

"Principal, capital" : Bien sai(e), mult chir(e) le comparons (...) Quant les VII visce chiuetains Nos at tolut par sa doctrine. (Sept péchés C., c.1300-1350 [p.1478], 244).

-

Chevetain peché. "Péché capital" : Les .VII. chiefz de la beste d'Enfer sont les .VII. chevetainz pechiéz par lesquelz le Deable trait a soy ainsi comme tout le monde (THOM. SALUCES, Chev. errant W., 1394, 1).

II. -

Subst.

A. -

"Capitaine, chef militaire" : ...et aprés ceo vient le Captal de Buche en Engleterre pur avoir le Prince lour chieftayn en Gascoigne (HÉRAUT CHANDOS, Vie Prince Noir T., c.1385, 62). La leur ordena comment il vouloit que ilz alassent, et fist ses chevetains et capitaines (Bouciquaut L., 1406-1409, 139). Li bons dus de Bourgongne y fu adont commys Et fu fais capitaine de trestout le païs C'on dist de Picardie (...) Se fist sien kievetain d'un cevalier gentis (Geste ducs Bourg. K., c.1410-1419, 303). ...et de tous les meilleurs fist chevetains à grant honneur et provision (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 69). Tu as feru la teste en la maison du mauvaiz et desnué le fondement de sa force jusques au col ; tu as getté ta malediction sur les sceptres et sur les chevetains des gens d'armes. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 79). Loÿs de Gavres appella Eminidus et tous les aultre chievetains de l'ost, sy leur dist... (Hist. seign. Gavre S., c.1456, 146). ...[chez les Romains] quant aucun estoit rebelle ou contredisant à son chevetain en ordonnance de bataille, il perdoit le chef. Et, se aucun oultre l'ordonnance et deffence de son chevetain faisoit aucune entreprise, combien qu'il en venist au-dessus, encores estoit-il estroictement pugny pour la desobéissance. (BUEIL, II, 1461-1466, 13). Charles le Grant, duc de Bourgoigne (...) avoit en son hostel comtes, barons, chievetains et chevaliers de pareille taille, prudens en leurs fais, expers en leurs armes (MOLINET, Chron. D.J., t.1, 1474-1506, 66).

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[Dans un cont. métaph.] : Si mandons a noz cappitaines Feaulx, Chose et Commentenon, Et a tous aultres chevetaines Soyent frans archiers, pÿons ou non, Qu'ilz laissent le pouvre toullon S'en aller, vie et bagues saulves (Bataille st Pens. A., a.1485, 69).

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"Seigneur, souverain" : ...dès maintenant chevetain Vous en fas [de ma terre] sur touz souverain (Mir. marq. Gaudine, 1350, 127). Et suppose ja, quant a moy, Que Cristus sera nostre roy, Nostre duc, nostre chevetain Qui nostre royaume haultain Entretendra en si grant paix Que si bonne ne fut jamais. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 116).

B. -

P. ext. "Celui qui est à la tête de qqc., d'un groupe ; chef" : Pour ce dit le philosophe que nul ne doit eslire jennes genz pour estre chevetains et gouverneurs pour ce que on n'est pas certains de leur sagece. (FERRON, Jeu eschaz mor. C., 1347, 188). JUSTICE. (...) Vecy Conseil, le bon veilla[rd] (...) ; De Conseil feré[z] vostre chief ; Je veil qu'il en soit chevetain, Non pas qu'il y mecte la main, Més seulement pour commander. (Moralité cincq pers. B., 1484, 70).

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[À propos d'un mouvement, d'une entreprise] : Dist et monstra li dis baillius que du dit orible et énorme fait et mellée estoient principal kievetain et conduseur les personnes après nommez, par le commune fame sour eaux courrant, et que d'icelle fame et présumption il avoit fait infourmation deue devant eschevins (Hist. industr. drapière Flandre E.P., t.3, 1381, 792).
 

"Celui qui est à la tête de qqc., chef, capitaine" : ...les patriarches, prophetes, apostres, evangelistes, martirs, docteurs, confesseurs, vierges, vuesves et continens, chascun degré des sains avec leur chevetaines et leur habis et signaus, par lesquelz des Crestiens il sont clerement congneus (MÉZIÈRES, Vertu sacr. mar. W., c.1384-1389, 389). La premiere reigle si est que le chevetaine doit ordonner que l'office divin soit fait ; c'est assavoir les messes souvent principalement soient ordonnees en l'ost, en gardant a la lectre la sainte foy catholique (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 509). De celle eschele chevetaine Volt estre Hector (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 76). Et, le dimence ensuiant, tous les quevetengnez de la dite ville vindrent ou parlès devant le roy, et ourent .J. preschement où il leur fu ramenteu toutes les choses que, depuis .XVJ. anz devant passés, avoient fait contre la majesté roial (COCHON, Chron. norm. B., c.1430, 170).

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En partic. "Capitaine, chef militaire (d'une armée, d'une place forte, d'une région...)" : ...Itier, seigneur de Maignac, nostre seneschal de Xanctonge et chevitaine et gouverneur souverain ès parties de Xanctonge (Doc. Poitou G., t.2, 1340, 166). Si ne peurrent passer, car li dus de Ostriche avec ses autres voisins leur dénéa le pas, si que ly chevetaynes de celle bataille des Tartars y fut noiés avec très grant cantité de sa gent. (JEAN LE LONG, Voy. Bieul B., 1351, 293). Car li sains peres ordonna Et tels indulgences donna Que tous ceuls qui se croiseroient Et qui avec eaus en iroient Sont absols de coupe et de peinne ; Et si fist le roy cheveteinne De France de toute l'armée Que l'eglise avoit ordenée. (MACH., P. Alex., p.1369, 22). Mais en la tierce partie estoient les chevetaines de la guerre, des citez, chasteaux et forteresses. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 447). Ung aultre chevalier Rommain qui estoit chievetaine des gens d'armes avoient les Rommains envoyé a tout une compaignie de chevaliers au secours de ung de leurs princes qui menoit guerre au pays de Perse. (CHR. PIZ., Corps policie L., 1406-1407, 132). ...par ce que ilz veoient que moult estoit le chevetaine et sa compaignie vaillans (Bouciquaut L., 1406-1409, 45). De celle compaignie fu chevetaine et conduiseur, pour ce que le pays savoit et les destours et les adresces, un chevalier qui au dit siege estoit (Bouciquaut L., 1406-1409, 46). L'EMPEREUR. Levés sus, car de tout mon cueur Biens et tresors vous habandonne Et a tout jamais vous ordonne De mes gensdarmes chevetaine, Grant gouverneur et capitaine, Et vueil qu'ilz soyent obeissant Comme a moy. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 168). Onq plus grant mal en France ne sourdi, Quant Atropos, qui toutes gens vient prandre, Sa vie osta sans craindre de mesprandre. Ha ! mort cruelle, dont te vient telle envye Que tel chef d'ost et haultain chevetaine Tu as voulu si tost priver de vie ? (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 395).
 

"Celle qui est à la tête (de qqc.)" : Je sui dame et condui(sser)resse, Che(ve)taine et conestablesse Des estours et chevauchïes (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. S., c.1330-1331, 233). Adont la dame souvereinne, Des douze droite cheveteinne Qui avoient parlé pour li, Dont au juge moult abelli, Prist a dire tout en oiant... (MACH., J. R. Nav., 1349, 253). Et sicom vous, ma Dame, estoietz le Samadi gardeyne de tout le monde et susteneresse de toute la leye et cheveteyne generale outre tout cristientee, et la foy si ferme et enclos en vous, qe nul autre part estoit (HENRI LANC., Seyntz medicines A., 1354, 96). ...a loy de vaillant chevetaine, quant elle sceut que Cirus estoit ja entrez bien avant en sa terre (...) fist armer toutes ses damoyselles et par moult belle ordenance les mist en diverses embusches (CHR. PIZ., Cité dames C., c.1404-1407, 684-685).
 

"Territoire d'un chevetaine, d'un gouverneur" : Et les grans seigneurs et barons lors entendront a reparer leur domaine, en retrenchant les grans estaz et despens qu'ilz faisoient sus l'esperance des chevetaynes ou chevetaineries (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 395). [Même ex., le seul, ds GD II, 116a]