C.N.R.S.
 
Famille de bucca 
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 Article 1/34 
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     ABOUCHER     
FEW I bucca
ABOUCHER, verbe
[T-L : abochier ; GD : abouchier ; GDC : abouchier ; FEW I, 583b : bucca ; TLF : I, 168b : aboucher]

I. -

[Idée de position]

A. -

S'aboucher, estre abouché. "Se mettre, être face (bouche) contre terre, contre qqc." : Si que Seguins le fiert de son branc sus le yaume, Que dou cercle rompit le large d'une paume. Li rois touz esturdiz surs som arçom s'aboiche, Forques le va saisir et Seguins si l'aproiche Que le pam dou haubert par force li leva (Gir. Ross. H., c.1334, 256). [Il s'agit de peintures pour l'entremet du Chevalier au cygne] ...et par dedans lesdictes ondes soient pins poissons de toutes manieres, et par dessus lesditz fleuves marins et ondes soient pyntes galees et naves pleynes de gens d'armes de toutes manieres en maniere que il soit semblant qu'elles vieingnient pour assaillir ladicte fortalice et chastel d'Amours, apparissans estre sur une grosse roche dedans mer, desqueulx les ungs soient archiers, arbalestiers, les aultres soient garnis de lances, les aultres d'eschieles pour appoyer a ladicte fortalice, les ungs poyans et les aultres descendans et les aultres desrochans, les ungs divisés et autres choses, l'un abochiés et l'autre en revers, les ungs seans mort de trait et les aultres de pierres. (CHIQUART, Cuis. S., 1420, 148). Bon prophete aboche toy si verras Tantost ta teste dancer par terre Ce sera ung bel ebatimant (OUDIN, St Genis M.S., c.1490, 60).

 

Rem. Doc. 1373 (la dicte fille abouchie a terre) ds GD I, 30b.

 

-

Faire aboucher [un cavalier] sur la selle : : ...et là fut féru le roy de monsgr Seguin, tellement que il le fit aboucher sur l'arçon de sa selle (WAUQUELIN, Gir. Ross. M., 1447, 410).

B. -

P. anal.

 

1.

Aboucher qqc. "Le renverser, mettre son orifice vers le bas"

 

-

Qqc. s'abouche sur ; qqc. est abouché sur. "Qqc. est renversé sur" : ...prennés de poyres ce que il en vouldra cuire et mectés dedans ledit pot et, estre dedans mis, si les estoupés a de bastonnetz de boys nect en maniere que quant le pot s'abouchera sur la six chaude qu'il ne la touche point ; puis ledit pot abouchés sur la sendre chaude et le couvrés tousjours de belle brase et si layssés cuire par une heure ou plus (CHIQUART, Cuis. S., 1420, 194).

 

-

Aboucher un objet sur un autre. "Le renverser et mettre son orifice sur l'orifice de l'autre" : Puis prennés les croysses des escrevisses de dessus reservees et mectés de la dicte farce dedans une croyse et une autre abouchés sus, et si les mectés l'une au contraire de l'autre. (CHIQUART, Cuis. S., 1420, 191).

 

2.

Aboucher qqc. sur [un orifice]. "Le placer sur [cet orifice] (ici un bloc de pierre à l'entrée du tombeau du Christ)" : Ceste pierre qu'est mout pesant Nous covyent sur ly abouchier, Nully n'y pourra atoucher. Dame, pour Dieu, ne vous annoie ! (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 226). Par nous fust descruciffié Et oing cy com j'ay proppossé ; Ou monument l'avons possé, Ung fort tonbeaul sus aboché Que d'aucung ne soit atouché. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 228).

II. -

Aboucher qqn. "Lui adresser la parole" : Or me pardoint Dieux benigne ! En cestui n'a nul cas de crime De rien que l'aie abouchié. (Myst. Pass. Amb. R., c.1474-1500, 56).

III. -

Empl. intrans. "Déboucher qq. part"

 

Rem. FROISS. (éd. Kervyn, Ne saves vous point ou elle [soubsterrine] abouche, ne ou elle wide ?) ds GD I, 30b.
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 2/34 
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     ABOUCHURE     
FEW I bucca
ABOUCHURE, subst. fém.
[GD : abouqure ; FEW I, 585b : bucca]

"Embouchure, endroit où un fleuve se jette dans la mer :" : [Edouard III quitte Caen, situé au fond de l'estuaire de l'Orne, et se dirige vers Louviers tandis que le butin est renvoyé en Angleterre] Et li contes de Honstidonne a toute sa carge a flun de la mer se desancra, et vint celle premiere maree jessir a l'ancre en l'abouqure de la mer. (FROISS., Chron. D., p.1400, 696).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 3/34 
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     AIDE-BOUCHE     
*FEW I bucca *FEW XXIV adjutare
AIDE-BOUCHE, subst. masc.
[*FEW I, 581b : bucca ; *FEW XXIV, 163a : adjutare]

"Aide affecté au service de bouche" : A Loys de Payx, aydebouche... (Comptes argentier Ch. le Téméraire G.L., t.1, 1468, 516).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 4/34 
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     BARBOUCHET     
FEW I bucca
BARBOUCHET, subst. masc.
[GD : barbouchet ; FEW I, 585b : bucca]

"Coup sous le menton" : Et en oultre fut faite ordonnance de la tauxacion des drois des aultres bateures et malfaichons qui ensieuvent, c'est assavoir : De coup de baston sans sanc et sans cable, X s. De playe a test descouvert, LXXII s. D'un coup d'espée de plat et de taille, XVIII s. Et s'il y a sanc muldry, XVIII s. De test fendu, VII l. IV s. De jambe et de bras rompus, sans mehaing, VII l. IIII s. D'un coup de pié, X s. De prinse a la gorge a deux mains, X s. Pour chacune main, V s. De bengnis, V s. De fouller a deux genoux, X s. De train, XVIII s. De barbousquet, V s. De une dent rompue, VII l. IIII s. (Echiq. Normandie S., 1386, 49-50). ...[Pietre] lui donna un barbouquet par soubz le menton, et si efforça de le ferir encores. (Chancell. Henri VI, L., t.2, 1427, 20). A quoy ledit Valée (...) lui eust dit (...) que elle le laissast en paix, en soy mettant en son chemin et seulement faisant un barboquet a ladicte femme. (Chancell. Henri VI, L., t.2, 1428, 114).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 5/34 
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     BELLEBOUCHE     
*FEW I bucca
BELLEBOUCHE, subst. fém.
[GD : bouche2 ; *FEW I, 585b : bucca]

"Chaudron" : ...2 paelles de fer à queues, doubles, une bellebouche, une paelle de fer... (Invent. mobiliers ducs de Bourg. P., t.1, 1375, 432). Guillaume de Laigny, pour ferrer de neuf II belles bouches, IIII chauderons bastars et IIII autres chauderons miranz, pour l'office de Cuisine (Comptes hôtel rois Fr. D.-A., 1380-1381, 74). Jehan Becquet, chauderonnier, pour une belle bouche neuve ferrée par bandes (Comptes hôtel rois Fr. D.-A., 1421-1422, 282).

Rem. Cf. GAY I, 143b ("Grand chaudron de cuivre ferré d'une anse et de cercles reliés par des tringles").
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 6/34 
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     BOCAS     
*FEW I bucca
BOCAS, subst. masc.
[GD : bocas ; *FEW I, 582a : bucca]

"Bouchée, morceau" : Iherusalem loe nostre signour (...) Qui enuoie sa parolle a la terre (...) ; Qui enuoie son cristal en menieire de bocas et de morcelz (Psaut. lorr. A., 1365, 146).

REM. FEW : «Moselle bocat "bouchée"».
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 7/34 
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     BOCERON     
*FEW I bucca
BOCERON, subst. masc.
[*FEW I, 585b : bucca (?)]

"Bobèche (?)" : I chaitif couteaul, I truppier et ung boceron à mettre chandoilles (Invent. mobiliers ducs de Bourg. P., t.1, 1374, 361). [Egalement cité ds Vox rom. 6, 1941-1942, 170]
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 8/34 
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     BOCON     
FEW I bucca
BOCON, subst. masc.
[GD : bocon ; FEW I, 582a : bucca]

"Morceau empoisonné" : Bocquons de chairs et dangereux potaiges L'omme trop tost si font a la mort joindre. (LA VIGNE, Ress. chrest. B., 1494, 132).
 

DMF 2020 - Synthèse Annie Bertin

 Article 9/34 
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     BOCONET     
FEW I bucca
BOCONET, subst. masc.
[GD : boconet ; FEW I, 582b : bucca]

"Petit bocon, petit morceau"

REM. Doc. 1412 et 1412-1414 (Fribourg, boconet, bocconet) ds GD I, 670b.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 10/34 
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     BOUCAU1          BOUCAU2     
FEW I bucca
BOUCAU, subst. masc.
[GD : boucau ; FEW I, 585b : bucca]

"Soupirail (de cave)"

REM. Doc. 1428-1429 (Reims, le boucau de la cave) ds GD I, 694b.

V. aussi bouchau
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 11/34 
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     BOUCHAU     
FEW I bucca
BOUCHAU, subst. masc.
[GD : bouchau2 ; FEW I, 585a : bucca ; TLF : IV, 732a : bouchaud]

Région. (Poitou) "Vanne placée à l'écluse d'un canal, d'un moulin"

REM. Doc. 1385 (Vienne, bouchaux) ds GD I, 694b-c. A rapprocher de boucau2. En revanche, GDC VIII, 347a : boucaut "outre en peau de bouc" (XVIe s. ; TLF IV, 731a : boucaut) paraît se rattacher à FEW I, 587b (ou 590a) : *bucco-.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 12/34 
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     BOUCHE1          BOUCHE2          BOUCHE3          BOUCHE4     
FEW I bucca
BOUCHE, subst. fém.
[T-L : boche ; GDC : bouche1 ; AND : bouche1 ; FEW I, 581b : bucca ; TLF : IV, 732a : bouche]

A. -

Au propre "Bouche (orifice facial humain)" : Certes, or vous vueil je baisier Et bouche et piez. (Mir. marq. Gaudine, 1350, 169). ...errachier tous les dens de vostre bouche (MACH., Voir, 1364, 738). ...il se mist et assist sur la forcelle dudit Andry, et lui estoupa de sa main son nez et sa bouche tant qu'il le estaigny et fist mourir (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 127). ...une dent qui lui yssoit hors de la bouche plus d'un pousse (ARRAS, c.1392-1393, 80). ...il rendoient sanch par la bouce et par les orelles (FROISS., Chron. D., p.1400, 544). Le vis a de couleur de terre, La bouche bee et les dens serre L'une sur l'autre chevauchees (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 103). ...l'homme luy demanda de sa bouche, de ses yeulx, de ses mains, de son tetin, de son ventre, de son devant et de ses cuisses, a qui tout ce bagage estoit. (C.N.N., c.1456-1467, 323). ...et leur dist a bouche vuidant souspirs douloureux ["en soupirant"] : ... (LEFÈVRE (R.), Hist. Troyes A., c.1464, 162).

 

-

P. méton. "Les lèvres" : ...elle s'abaissa Et en la bouche le baisa Plus de vint fois, voire de trente, Voire, par Dieu, plus de sexante. (MACH., F. am., c.1361, 239). Par force du mal amoureus Non pourquant a sa douce bouche Fis lors une amoureuse touche, Quar je y touchai un petiot. (MACH., Voir, 1364, 240). Li roy les en mercia mont, Et puis les fit drecier amont Et dist : "Je sui asseüréz, Puis qu'einsi vous le me jurez." Et en la bouche les baisa, Dont son ire moult rapaisa. (MACH., P. Alex., p.1369, 265). Lors la rembraçoie Et par son congé Sa bouche baisoie. (MACH., App., 1377, 647). Par le menton et par la bouche La prant [son épouse], estraint, acole et baise. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 123). Ad vous j'ay toute ma fïance ; Voz piés baisarey de ma bouche. (Pass. Auv., 1477, 152). ...l'une [des pierres précieuses] de telle efficace, après qu'elle fut mise sur le bort d'une couppe d'or à l'endroit où l'on beuvoit, que souldainement, se aucun homme qui eust faulté ou rompu son mariage, sa bouche se souldoit et prenoit, comme si les levres feussent d'une piece. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 34 r°).

 

.

Au plur. : Et ce fait, que tresdurement Pour le surplus l'on leur defface Du visage toute la face Et les bouches, tant que gastées Soient du tout et effondrées, Qui ont parler sans reverance Contre noz dieux et leur puissance, De gros caillos fors et cornuz (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 83). Or me donnés ung baisement, Sans sentement, Piteusement, - doulces bouches de deul flactries ! (Pass. Auv., 1477, 255).

B. -

En partic.

 

1.

[Comme lieu de l'ingestion de nourriture] : Il prist la couppe et le mist à bouce et but (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 21).

 

-

Faire venir l'eau / la salive à la bouche. "Donner envie de manger qqc." : ...les luy mist [les perdrix] devant luy toutes venantes de la broche, [rendantes] une fumée aromatique assez pour faire venir l'eaue a la bouche d'ung friant. (C.N.N., c.1456-1467, 582). La salive me vient a la bouche. (P. Jouh. D.R., a.1488, 24).

 

2.

P. méton. [À partir de B 1]

 

a)

"Nourriture" : ...de tous coustenges et frais, tant de bouce comme as hostels (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 164). Le mignon (...) [qui] jamais sans grand cause pour sa bouche ne feroit plainte, passa encores pluseurs jours toujours usant de ces ennuyeux pastez (C.N.N., c.1456-1467, 82).

 

-

Despense de bouche. "Frais de nourriture" : Avecques lesquelz [anglais] il s'en retournoit à pié audit lieu de Salucet, lesquelz lui payoyent ses despens de bouche (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 124). ...la despense de bouche des hostelz de nostre dit seigneur (Doc. 1393. In : S. Luce, Bibl. Éc. Chartes 36, 1876, 302). ...pour despense de bouche et hostelage (Sent. Chât. Paris M., II, 1399, 619). ...tant en mires et medecins comme en despense de bouche, de serviteurs (Test. Parlem. Paris T., 1405, 416). ...la somme de deux cens quarante frans, de laquelle somme lui est à rabatre pour sa despense de bouche, lui IIIe seulement, qu'il a prins par l'espace de 30 jours entiers en la compaignie des Angloix qui estoient venuz en ambassade devers mondit seigneur, la somme de vint huit frans (Comptes Etat bourg. M.F., t.1, 1419, 111). Item pour les despant fait à Genèvre de boche (Metz Comptes merciers S., 1461, 75).

 

-

Pour sa propre bouche. "Pour sa propre consommation" : Aussi je vuil que mon [dit] pourveour achate contre le feste de Pasques floree prochain que vient, pour ma propre bouche, quatre tonelx de bon vin vermaille, et ce du millour que pourra estre trouvee en tout ce païs, car adoncques je ferai un grant mangerie. (Man. lang. G., 1396, 49).

 

-

La bouche de qqn. "Les besoins en nourriture (et en boisson) de qqn" : Or advint que l'espidemie courut au pais et si se gouverna mal de sa bouche ou autrement, et si vesquit environ XXXIIIJ jours, et en après mourut. (Chancell. Henri VI, L., t.2, 1428, 83).

 

.

La bouche du Roi. "Le service de la table du Roi" : ...un baril d'argent blanc, à mectre moustarde pour la bouche du Roy (Ch. VI, D., t.2, 1420, 370).

 

.

Donner bouche à / de cour à qqn. "Admettre qqn à la table de la cour" : ...le dit Bawdewyn m'ad dit q'en cas que vous lui vuilléz donner pur lui refresser a ceste proschein fest de seint Michel dys marcz, et aussi si souvent come il serra en vostre presence par vostre commandement bouche de court pur lui et son servant, et liveree de fein et provendre pur deux hakeneys, il soy agré bien d'estre attendant vostre service par deux ans sanz plus prendre de vous par celle temps (Lettres agn. L., c.1397-13, 261). Le duc (...) trés voulentiers le veoit et l'oyoit parler, bons gages luy donnoit et bouche a court quant venir y vouloit. (Nouvelles inéd. L., p.1452, 36).

 

.

Bien traiter de la bouche de qqn. "Pourvoir comme il convient à la nourriture (et à la boisson) de qqn" : Ceulx de Bruges preparerent l'hostel de maistre Jehan Gros pour logier le Roy. Ilz y firent faire une caige de gros bois et toute ferrée de fer, et en celle caige firent tenir le Roy pour leur seureté, et luy baillerent maistre d'hostel, pannetier, eschanson et escuyer tranchant pour le servir. Ilz le traicterent bien de sa bouche, mais ilz le tenoient en grant regrect et subjection, et en ceste subjection fut longuement (LA MARCHE, Mém., III, c.1470, 291-292).

 

.

Estre (fort) sur sa bouche. "Être gourmand" : S'ilz ne fussent tant sur leur bouche, Sur blanc lit et sur mole couche... (BOUVET, Appar. Meun A., 1398, 31). ...ladicte Blanche, durant le temps qu'elle a esté mariée avec Flavy, excepté de sa personne, s'est gouvernée bien petitement, car estoit fort sur sa bouche, et mesmement au regart de boire ; et souvent, elle estant à table, quant avoit bien beu, elle retenoit du vin en sa bouche et le gectoit ès visaiges de ceulx qui estoient presens, et après aloit pisser comme ung homme contre ung mur, toute debout, sans aucune vergoigne. (ESCOUCHY, Chron. B., t.3, Pièces justif., 1449, 348).

 

-

De bouche. "Réservé à la fine bouche, délicat" : Grosse cuysine de commun et de bouche (LA VIGNE, V.N., p.1495, 147).

 

.

Vin de bouche. "Réservé à la fine bouche du roi ou de l'empereur" : L'EMPERIÉRE. (...) Or tost : a mengier m'apportez Delivrement. L'ESCUIER. Voulentiers, chier sire, et briefment : Vezci pain, ci est vin de bouche. (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 49). L'EMPERIÉRE. Voulentiers. ça, je pren cecy. Avant : du vin. L'ESCUIER. Vez le ci cler et net et fin Conme de bouche. (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 61).

 

-

Pour la bouche. "Pour la fine bouche" : ...avecques les lomblos de beuf pour la bouche (CHIQUART, Cuis. S., 1420, 140).

 

.

Au fig. Pour faire bonne bouche. "Pour la fine bouche" : Des or, pour faire bonne bouche, C'est drois c'un petit je vous touche De Fleto, le pastour piteux... (Pastor. B., c.1422-1425, 255).

 

.

Prendre la bonne bouche. "Prendre la meilleure part" : ...eust esté la doesriere que vous eust prins par ces Englois pour ravoir les prisonniers de leur pais, (...) aut moints, eussiés vous estez mennez à Guignes, et la doesriere eust dit que la place estoit à elle ; et je croy qui n'y a cellui de mes prisonniers qu'elle n'aye desja promis à leurs amys, et qu'elle n'aye prins la bonne boche. (Lettres Louis XI, V., t.8, 1480, 309).

 

b)

"Siège du goût, sens du goût" : Le mur de ceste eglise et la cloyson est le corps qui contient l'ame. Les portes et les fenestres et verrieres sont les V sens corporelz, les yeulx, les oreilles, la bouche et autres. (GERS., Purif., 1396-1397, 63). Tous mes cinq sens, yeulx, oreilles et bouche, Le nez et vous, le sensitif, aussi, Tous mes membres, ou il y a reprouche, En son endroit ung chascun die ainsi : ... (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 76).

 

c)

"Haleine" : Il lui fut dit et recité D'un autre par villain reprouche Que il avoit punaise bouche Et qu' aussis yert ses nés puens (DESCH., M.M., c.1385-1403, 335).

 

3.

[Comme organe de la parole, du chant] : Et que si en soie enfourmez Que vostre bouche le me die. (MACH., J. R. Nav., 1349, 168). Charitez vout après parler, Et pour apointier son parler, Elle avoit ja la bouche ouverte. (MACH., J. R. Nav., 1349, 225). O benoit Dieu glorieux, n'est entendement qui peust cest honneur concevoir ne bouche reciter ! (GERS., P. Paul, a.1394, 483). Ne ja mon cuer ne desdira Chose que sa bouche dira. (Gris., 1395, 75). Certes, ma fille, en tant qu'il touche Le beau parler de vostre bouche, Il ne me doit en riens desplaire, Mais de tout en tout me doet plaire Fors tant qu'il fault qu'on me demengne [l. qu'omme deviengne] Se je veul que l'homme remengne [l. reviengne] Hors de la chartre ou il est mis. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 7). Pour parler est faicte la bouche. (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 274). ...ma bouche est celle qui luy a juré et promis de luy estre bonne (C.N.N., c.1456-1467, 317). Toutesfois, par ma foy, ma bouche Meshuy ung seul mot n'en dira. (Path. D., c.1456-1469, 166). Devant toutes choses, verité soit en ta bouche (FILLASTRE, Traité Conseil H., c.1472-1473, 166). Des pechiéz de la bouche. (Somme abr., c.1477-1481, 91).

 

-

À bouche close : Oiseuse est la fole qui enseigne toutes follez abhominations et telles que on ne les ose dire, de quoy avient que confession s'en empesche, et trebuche la personne, a bouche close, a dampnation. (GERS., Annonc., a.1400, 236).

 

-

À bouche ouverte. "À pleine voix" : Je chanteray a bouche ouverte Pour l'amour de luy. (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 217).

 

-

À pleine bouche. "À pleine voix" : La furent ils assalli des Hainnuiers moult aigrement qui crioient "Hainnau !" a plainne bouce (FROISS., Chron. D., p.1400, 427). ...le duc rioit à pleine bouche (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 26).

 

-

Menestrier de bouche. "Chanteur" : Entre J. tymbres et taburs, Menestriers de bouche, cymbales Faisoient restentir les sales, Et si grant noise demenoient Que toutes les gens essourdoient. (MACH., P. Alex., p.1369, 196).

 

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Musicien de bouche : Si avoit-il à musiciens de bouche ou de voix, et pour ce avoit chappelle de grant nombre de jeune gent (BAYE, II, 1411-1417, 231).

 

-

[Dans des tours à valeur superl.] : S'entray ens pour moy deporter, Pleins d'amoureuse maladie, Et pour oïr la melodie Des oisillons qui ens estoient Qui si trés doucement chantoient Que bouche ne le porroit dire (MACH., D. verg., a.1340, 14). Avis m'estoit que je vëoie En mon dormant ou je songoie Deus dames de tele fasson Qu'il n'est ne peintre ne masson Qui leur biauté peüst escrire, Ne bouche qui le sceüst dire (MACH., F. am., c.1361, 199). Car parfaite devotion Avoit à l'exaltation Dou voiage, et tant le desire Que bouche ne le porroit dire. (MACH., P. Alex., p.1369, 41).

 

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Avoir (un mot) en la bouche / à pleine bouche : Gardez, pour chose qui vous touche, Qu'aiez Dieu touz jours en la bouche : C'est vostre miex. (Mir. emper. Romme, 1369, 281). Pour garder quelque vieille porte, Ilz ont raillons a plaine bouche. (Copp. lard., a.1488, 168).

 

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Choir en la bouche à qqn. "Venir à la bouche de qqn" : [Clayquin n'est pas le vrai nom de Duguesclin] ...messire Bertran, luy vivant, y eust voulentiers adreschiez et remediet s il eust peut ; mais oncques il ne povoit, car le mot est tel qu'il chiet en la bouche et en la parolle de ceulx qui le nomment, mieulx que l'autre. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 8).

 

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Estre couché en la bouche de qqn : Damoiselle, se tort avoie, Bien say que condempnez seroie Nom pas par vous ; car l'ordenance Ne doit pas de ceste sentence Estre couchie en vostre bouche, Pour ce que la chose vous touche ; Eins la doit pronuncier le juge Qui a point et loyaument juge. (MACH., J. R. Nav., 1349, 251).

 

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Eschapper hors de bouche. "Dépasser ce qui peut être exprimé ; être indicible" : En despendant d'or et d'argent grant somme De nombre quel ne sçay combien ne comme, Si non ainsi que hors de bouche eschappe (LA VIGNE, V.N., p.1495, 150).

 

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Laver sa bouche (conseil adressé à qqn qui vient de dire une sottise) : DEUXIESME POVRE. (...) Mais va tost ta bouche laver, Car du plus merde et plus aver Homme que l'en puisse savoir Parles (Mir. Pierre Changeur, c.1378, 234).

 

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Mentir parmi la bouche : LE MARQUIS. Biaux oncles, il vous fault debatre Ce qu'il dit. L'avez entendu ? Respondez (...) L'ONCLE. Biaux niez, il ment parmy la bouche. (Mir. marq. Gaudine, 1350, 164).

 

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Mettre / remettre qqc. en bouche. à qqn. "Mettre, remettre qqc. comme sujet de conversation avec qqn" : Quand elle vit qu'il ne dira rien si on ne luy mect en bouche, elle luy demanda... (C.N.N., c.1456-1467, 174). Cest article-ici taisamment le duc le nota et le tint en gorge (...), mais (...) le luy remit en bouche après bien aigrement (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 66).

 

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"Rappeler qqc. à qqn" : Le dieu d'amours (...) luy mist en bouche et en termes les haulx biens, les nobles vertuz et la tresgrand loyaulté d'un marchant son voisin (C.N.N., c.1456-1467, 146).

 

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Ouvrir sa bouche (a parler) : ...en ces quatre eglises est dit que la glorieuse vierge ouvri sa bouche a parler, set foiz et non plus. Mais regarde conment elle l'ouvri fructueusement, car elle parla meurement, prouffitablement et sobrement. (Mir. Theod., 1357, 80). Et par ensi dedens mon coer se fourme Esperance qui de tous biens m'enfourme Et qui me fait souvent ouvrir la bouche (FROISS., Orl., 1368, 108).

 

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Ouvrir la bouche de + inf. "Proposer de + inf." : ...voz predecesseurs (...) qui oncques ne souffrirent de ouvrir la bouche de la mectre en traictié (JUV. URS., Loquar, 1440, 394).

 

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Ne pas oser ouvrir sa bouche (à propos de qqc.) : Or puet estre dame si roide Vers les piez de s'affection De declairier s'entention, Quant a li son cuer descouvrir, Que sa bouche n'en ose ouvrir, Ja soit ce qu'il en soit amez Et li gentils cuers entamez De la dame par tel maniere Qu'elle li est bonne et entiere, Fors tant que plus faire n'en ose. (MACH., D. Aler., a.1349, 287).

 

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Parler à demie bouche. "Parler les lèvres serrées, en articulant à peine" : Les autrez, ne scay par quel maniere, en voiant cloent ung oeil et euvrent l'autre. Les aultres en plus grant tromperie parlent a demie bouche ; font avec che mille grimaces, mille moqueries, mille fronces de narines, mille moes et contorsions de levres, qui deffont le beaulté de la fache et de discipline. (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 249).

 

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Tirer qqc. de bouche à qqn. "Faire dire qqc. à qqn" : ...de bouche luy tiray ce qu'il avoit ; mais premierement luy baillay ma foy en gaige que jamais a homme ne le diroye. (BEAUVAU, Troyle B., c.1455, 574).

 

4.

P. méton. [À partir de B 3]

 

a)

"Parole, voix" : ...Deuteronome .XVIIe. chapitre, ou il est escript que celui qui sera occis, perira par la bouche de deux tesmoings ou de trois. (ORESME, E.A.C., c.1370, 316).

 

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À bouche de prestre. "À voix basse (comme en confession)" : ...je me descouvriray a vous d'une chose qui tant me touche de prez que toute ma vie y gist, laquelle je diroie bien envis a bouche de prestre quant est en cestuy paiis car j'ay esperance que vostre prudent conseil me sera tout joieulx confort (Comte Artois S., c.1453-1467, 123).

 

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De la bouche. "Par la parole" : [Scène d'adoubement] ...fu fais chevaliers nouviaux Guillaumes de Hainnau de laain et de la bouce dou roi de France (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 239).

 

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De la bouche et de la dent. "En engageant sa foi (par la parole, celle-ci étant certifiée vraie par un claquement du doigt sur une dent)" : ...ains que m'escapés en vie nullement, Dire vous convenra, de la bouce et du dent, De Flourie et de vous trestout le convenent (God. Bouillon R.B., t.3, c.1356, 30).

 

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[P. allus. au Ps. LXXIII, 9] Mettre sa bouche au ciel / es cieux. "Parler à tort et à travers" (Éd.) : Avant, donques, que vous mettés la bouche es cieux, regardés les Registres et lez Hystoires tres approvés de saint Charlemaigne, et lez feulletés bien, si trouverrés que le royaume de France puet estre appellé Empyre, et le Roy Impereur (Songe verg. S., t.1, 1378, 56). ...laquelle puissance luy fust donee de Jhesuchrist, quant il luy dist que il pait sez ouailles, et que celluy que il liret en terre, seret lié es cieulx. De laquelle plaine puissance nul ne doit doubter, car ce seroit mectre sa bouche ou ciel. (Songe verg. S., t.1, 1378, 96).

 

Rem. Cf. DI STEF., 89a, s.v. bouche

 

b)

De / par (la) bouche (de)

 

-

De bouche. "Oralement, de vive voix" : DIEU. Le pére fu il au donner De l'enfant ? dites verité : Tantost vous aray delivré. Le vous ottria il de bouche ? SECOND DYABLE. Sire, li faiz et li dons touche A lui, quant il fu au promettre ; Mais a ce ne voult conseil mettre Que de lui nous fust ottroiez. (Mir. enf. diable, c.1339, 48). Recevez en gré les recors Que mon cuer de voiz et de bouche Vous represente (Mir. parr., 1356, 51). Mon doulz cuer, vous m'avés mandé de bouche et par escript que je n'envoiasse point vers vous jusques vous envoieriés vers mi (MACH., Voir, 1364, 514). Ha ! dame, qui d'estre loée De bouche, de voiz et de diz Sur touz les sains de paradis Avez grace et prerogative... (Mir. femme, 1368, 216). Avecques ceste lettre close Me mande il riens qui soit de bouche Que faire doie qui lui touche ? (Mir. march. juif, c.1377, 200). ..le saint ange Gabriel (...) dit le salut proposé : Ave, Maria. Et combien que le mistere du jour d'uy soit tel et si parfont que nul ne le pourroit comprendre ne de bouche exposer, touteffois j'en diray en brief IIII verités ou considerations (GERS., Annonc., a.1400, 229). ...Et a cel homme Dis la fondacion de Romme, Dont il meismes seroit la souche. Ce lui prophetisay de bouche. (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 26). ...du commandement et ordonnance de bouche à nous fais par messire desdis comptes, fu fait inventoire de certains joyaulx estans ou Chastel du Louvre (Ch. VI, D., t.2, 1421, 385). Seurs amies, prenez léesse, Ostez voz cuers hors de tristesse, Car Jhesus est resuscité Et a luy de bouche ay parlé, Il m'envoie vers ses amis Affin que soient resjoys (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 255). [Dans un testament, "de sa volonté, manifestée oralement"] ...je faiz, institue, nomme et ordonne de ma bouche mes heritiers universalx seulx et pour le tout lesdiz Lienard, Pierre, Thomas et Jacque (Test. Besanç. R., t.2, 1441, 92). ...laquelle monstre fut faicte à Vaucluse et Lille sur le Douch par messire Guillaume de Bournonville, seigneur d'Origny, chevalier baneret, commis à ce de bouche par mondit seigneur le mareschal (Ecorch. Ch. VII, T., 1444, 22-23). Avant, sergens, sans nul deffault, Venez aveu moy erremment. Aler m'en vueil incontinant A monseigneur parler de bouche D'une chose, que bien le touche. (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 111). Mais ne tarda gueres que le roy d'armes d'Anjou, qui a la bataille avoit esté, vint au roy et de bouche lui compta la chose ainsin qu'elle avoit esté faite (LA SALE, J.S., 1456, 222). ...jasoit qu'il eust de coustume a pluseurs de leur bailler par escript, il se fya bien de tant a la religieuse que de bouche luy diroit... (C.N.N., c.1456-1467, 139). ...et ordonna et commanda le roy de sa bouche audit duc d'Alençon que, sur sa vie, il ne lui meffist ne feist meffaire, en lui disant qu'il le mettoit en sa main, protection et sauvegarde, ensemble sa famille et biens (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 189). ...et que, pour raison du temps passé, personne vivant ne feust si ozé ou hardi d'en riens dire à l'opprobre dudit seigneur, feust de bouche, par escript, signes, paintures, rondeaux, balades, virelais, libelles diffamatoires, chançons de geste ne autrement, en quelque maniere que ce peust estre (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 219). ...nostre Saint Pere prist la parolle (...). Et alors commença a recorder lui mesmes de bouce et refrecir tous les grans devoirs et diligences en quoy il s'estoit mis a Rainsebourg et ailleurs (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 251). Mais, en tant que le surplus touche, Jhesus ont confessé de bouche Estre vray filz de Dieu le vif. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 994). Nous avons veu les memoires et instructions que ledict Ymbault nous a apportés, sur quoy luy avons fayte response de bouche (Lettres Ch. VIII, P., t.3, 1490, 47). ...et aucy que le don que ledit Lowiat en ait heu faict audit Maire Peltre et a sondit frere ait esteis fait de bouche (Jug. maître-échev. Metz S., t.3, a.1494, [1474], 219).

 

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Verbe d'énonciation (dire / avertir / mander / commander / parler / reciter...) + de (la) bouche : Dites moy donc de vostre bouche, Mére, quant ce devera estre. (Mir. enf. diable, c.1339, 28). Car nous avons commandé et commis de bouche à nostredit cousin à ce faire (Titres Bourbon H.-B., t.1, 1339, 384). Or vueilllez dès or mais entendre Ad ce que je diray de bouche ; Car moult forment au cuer me touche. (MACH., J. R. Nav., 1349, 168). Et se riens li volés escrire Ou mander ou de bouche dire, Commandés et je le ferai Et bons messages en serai (MACH., Voir, 1364, 62). Je ne vous envoie pas vostre livre, (...) je y veuil aucunes choses amender, les queles je vous diroie volentiers de bouche (MACH., Voir, 1364, 782). Mais ja ne diray de ma bouche Chose dont autres ait reprouche, Ne dont, sans cause, vaille pis. (MACH., P. Alex., p.1369, 261). Car la belle, a cui sui toudis Abandonnés, M'a dit de bouche, vis a vis : "Amis amés". (MACH., L. dames, 1377, 45). ...elle [la pauvre âme] veult user des yeux pour regarder aucune vanité, mais elle lez treuve clos et obscurs ; elle quiert prandre aucun confort par se complaindre et parler de la bouche, ou par gouster aucune doulce viande elle treuve les dens serrez et la langue amortie. (GERS., Pent., p.1389, 85). Sire, puisqu'il vous plaist de bouche Le commander il sera fait. (Gris., 1395, 76). ...desquelles ledit president recita de bouche le contenu et en fist faire lecture en ladicte Chambre de Parlement (FAUQ., I, 1417-1420, 118). Et si leur mandoit de bouche par ledit de Harlay certain accord qu'il avoit fait avecques lesdiz ducs de Bourbon et Nemours et les sires d'Armaignac et d'Albret (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 54). ...auxquels il respondi de bouche et par escript (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 55). ...et, entre autres choses, luy dist de bouche que... (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 151). N'a gueres aussi que vous envoyé ung homme, pour de bouche vous advertir de mes nouvelles, et luy ay baillé enseignez telles que y pouvez adjouster foy, car de lettres ne se osa charger. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 309).

 

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Commandement de bouche. "Ordre donné de vive voix" : Le samedi ensuivant, XVIJe jour dudit mois de juing, l'an dessus dit, après ce que, du commandement de bouche fait par mondit seigneur le prevost ausdites matrosnes jurées, elles orent veue et visitée de rechief icelle Jehanne La Cordiere, prisonniere, et que (...) elles n'ont trouvé en elle signe ou apparence de grossesse quelconques (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 298).

 

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Mandement de bouche : ...et y eust eu divers mandemens tant de bouche que par lettres patentes (BAYE, II, 1411-1417, 96).

 

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Bouche à bouche. "De vive voix" : ...et lui respondroit bouche à bouche sur tous les articles à lui envoiez. (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.3, c.1425-1440, 192). ...et plusieurs autres sains et sainctes se apparoient à lui souvent et parloient [à lui], comme amy fait à l'autre, et non pas comme Dieu a fait aucunes fois à ses amis par revelacions, mais corporelment et bouche à bouche ou amy à autre. (Journal bourgeois Paris T., 1431, 267). Alors le roy, comme saige prince, voult de bouche a bouche savoir a Saintré se il le confessoit, et la publiquement fist lire la lectre et savoir s'il l'advouoit (LA SALE, J.S., 1456, 108).

 

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[Dans des formules du type de la bouche de qqn à la bouche de qqn pour indiquer des échanges confidentiels, en tête-à-tête, qu'ils se fassent directement ou par des intermédiaires] : Or soit doncques dit sans alongne, De bouche en bouche (Myst. Résurr. Angers S., 1456, 424). ...c'estoit le gros et la substance de leur responce donnee en publique. Mes pooient bien avoir secretes parolles a part de leur bouce a la sienne, aveuques son grant chambellan (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 91). ...lesquelz [des ambassadeurs du duc de Bourgogne] parleroient de sa bouce et de son estomacq a la propre bouce du roy s'ilz pouoient (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 156). ...et ainsy, de bouce en bouce et d'oreille en oreille, parvindrent à la notice des .XVII. naringhes qui... (MOLINET, Chron. D.J., t.1, 1474-1506, 590).

 

Rem. Cf. G. Roques, R. Ling. rom. 55, 1991, 283 : «De leur bouce a la sienne 91 "en confidence", qui précède notre moderne de bouche à oreille».

 

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Bouche de. "Propos répété de, réputation de"

 

Rem. Scheler, Gloss. Geste Liège, 53 (II, 6161 : de sanc et de bouce de bonne ancesserie).

 

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[La parole p. oppos. à l'action] : Juene et chaste de bouche et mains... (DESCH., M.M., c.1385-1403, 27). Il monstra de fait ce dont il s'estoit vanté de bouche. (C.N.N., c.1456-1467, 358).

 

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Par la bouche de qqn. "Par la parole de qqn, par la voix de qqn (par l'intermédiaire de qqn ou par sa propre parole)" : Par la bouche dou druguement Dist au soudan ce qu'il queroient, Et pour quoy là venu estoient. (MACH., P. Alex., p.1369, 197). Veues lesqueles accusacions et denegacions de verité faictes par icellui prisonnier, attendu son estat et maniere de responce, les dessus diz presens conseilliers furent d'oppinion que, pour en savoir plus à plain la verité par sa bouche, tant du cas dessus dit comme d'aucuns autres, se l'en povoit, qu'il feust mis à question (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 121). ...fu publié par la bouche de maistre Jehan Jouvenel, advocat du Roy (Ch. VI, D., t.1, 1408, 312). ...après ce que luy eust esté dit par la bouche du premier president ce qui avoit esté deliberé d'estre dit (FAUQ., III, 1431-1435, 26). ...et puis affin que tu ne desesperes il reuient a toy et te donne reconfort. Vraiement il dit bien par la bouche de salomon : Delicie mee esse (...). Dit nostreseigneur : mes plaisances sont estre auecques les hommes et me ioue et mesbas auecques vous sur la terre. (CIB., p.1451, 189). ...fortune bailla la cognoissance de l'abus de son estat dessus dit par la bouche d'une jeune fille, qui dist a son pere qu'elle avoit couché avec elle (C.N.N., c.1456-1467, 303). Ausquelz fut dit pour ledit seigneur par la bouche du seigneur de Fleurac, son chambellan, qu'ilz s'abusoient, et que ledit seigneur aymeroit mieulx mourir que d'estre contre le roy ; et n'en orent plus pour ceste foiz (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 363).

 

c)

[En cooccurrence avec coeur, bouche désignant la parole, sincère ou non, et coeur le sentiment profond] : En oroisons voy la Sevestre Ou requiert de cuer et de bouche Chose qui a mon honneur touche. (Mir. st Sev., 1362, 219). Riche Precieuse, Verite la royne, de bouche et non de cuer nous recognoissons nostre deffaulte, et veoyons nostre ruine, nostre pauvrete et nostre laide figure, nostre infortunite et nostre maleurte. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 271). ...ains loe et vueil De franche voulenté son vueil De cuer et bouche sanz desdire (Gris., 1395, 87). Concluons que ce traitre flateur ne nous gette en excommeniement, affin que nous, en saluant Nostre Dame, soions d'elle resaluez, quant nous disons de cuer ou de bouche : Ave, Maria, gracia... (GERS., Annonc., a.1400, 236). Qui est la bouche qui pourroit dire, ou cuer comprendre la divine leesse que vous receutes au jour d'uy, Mere de Dieu glorieuse ? (GERS., Noël, p.1404, 291). ...par ce nous est monstré que en donnant gloire a Dieu nous devons eslever noz cuers et noz penseez a Dieu la sus, non pas luy donner gloire de bouche seulement, comme font ceulz qui en disant leur patenostre ou autre oroison, ou en oyant la messe ou sermon, ont le cuer tousjours a terre, c'est a dire a pensee terrienne, orde ou charnelle, ont le cuer en la cuisine, comme on seult dire. (GERS., Noël, p.1404, 299). ...chacun s'efforça de faire aultre chere de semblant et de bouche que le desolé cueur ne faisoit. (C.N.N., c.1456-1467, 168). PIERRE. (...) Mon bon maistre, que tan j'amoye, Las, se ma bouche la [l. l'a] regnoye, Mon cueur n'y a pas acorder. (Pass. Autun Biard F., 1470-1471, 87).

 

Rem. Cf. G. Hasenohr in : Grundriss der romanischen Literaturen des Mittelalters, VIII-1, 1988, 304 : «la distorsion entre prière de bouche (seule requise des simples gens) et prière de coeur (apanage des contemplatifs), aggravée par la généralisation de la récitation des Heures en latin».

 

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Accorder la bouche au coeur : Dame (...) Voz heures cy recorderay Et en disant accorderay La bouche au cuer. (Mir. nonne, 1345, 317).

 

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Avoir qqc. en coeur et en bouche : Je te pri que tu te meinteingnes En tel maniere, ou que tu veingnes, Qu'onneur et honnesté toudis En tous tes fais, en tous tes dis Aies et en cuer et en bouche, Car c'est villenie et reproche Et deshonneur certeinnement De parler deshonnestement. (MACH., C. ami, 1357, 102).

 

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Estre net de coeur et de bouche : Mais nette estoit, sans nul reprouche, De cuer, de corps, de main, de bouche. (MACH., J. R. Nav., 1349, 179).

 

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Mettre en coeur et en bouche : Lors recouri je sans paresse A Esperence, ma deësse, Qui me mist en cuer et en bouche De dire ce qui plus me touche. (MACH., R. Fort., c.1341, 130). Plus ne vueil de ces yeus parler, Mais j'adresserai mon parler A un fait qui forment me touche, Se l'ay mis en cuer et en bouche : C'est comment l'aigle proie prent, Qui enseingne, moustre et aprent L'estat de trés grant poësté, De noblesse et de roiauté. (MACH., D. Aler., a.1349, 354).

 

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[P. oppos. à coeur non exprimé] Ami de bouche. "Celui qui se dit ami de qqn sans l'être véritablement" : C'est le bon amy qui oncques ne faillit au besoing, qui oncques ne reproucha son amour, qui requiert de son amie fors estre amé seulement, et non pourquant tres habondamment guerdonnee. Ce n'est pas icy l'amy de bouche seulement, l'amy de bras, l'amy de bourse, l'amy de court (GERS., Concept., 1401, 409).

 

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Aimer qqn de bouche et d'yeux. "Aimer qqn sincèrement (?)" : Descendez jus, tres puissans Dieux, Amer vous doy de bouche et d'yeulx, Loenge soit à vous, chier sire ! (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 83).

 

d)

[Dans des loc. qui indiquent le fait ou la capacité de maîtriser sa parole, de se taire]

 

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Bouche cousue

 

Rem. Ex. c.1450 ds Z. rom. Philol. 18, 1894, 384.

 

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Bonne bouche. "Discrétion" : ...à propos de cinq principalles condicions qui doit avoir le bon serviteur ou officier de court, soit grant ou petit, de quelque estat qu'il soit : c'est assavoir amour, loyaulté, bonne bouche, diligence, debonnaireté (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 84).

 

Rem. Peut-être même sens dans l'ex. suiv. (le meunier, battu par sa femme, se retient de parler) : MUNYER. (...) Estre gisant sur une couche, Et batre ung homme ! Je mauldis L'eure que jamais, bonne bouche... FEMME. Fault-il qu'encore je vous touche ? Qu'esse cy ? Faictes-vous la beste ? MUNYER. Laissez m'en paix ! (LA VIGNE, Munyer T., 1496, 204).

 

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Avoir bonne bouche. "Savoir tenir sa langue, maîtriser sa parole" : Aies bonne bouche : se tu eschiés es mains de mes ennemis et on te demande de moi, garde bien que tu n'en dies riens. (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 230). LE .II. SERGENT. (...) Puisque la justice requiert, C'est raison que n'en la sequeure. Venez y tost. LE CRESTIEN. Tout a ceste heure ; Par moy n'y aura point deffault. LA FEMME. Avoir bonne bouche vous fault Et estre seur. LE CRESTIEN. Comme ung pilier. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 116).

 

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Barrer sa bouche. "Tenir sa langue" : Mais einsois que li rois de pris Partist de court, com bien apris, à nostre Saint Pere parla D'une autre besongne, car là Estoit le signeur de Lesparre, Qui sa bouche pas bien ne barre, Car s'il l'eust très bien barrée Et de sylence seellée, Il n'eüst pas dit les paroles Qu'on tint pour nices et pour foles, Qu'il avoit parlé rudement (MACH., P. Alex., p.1369, 224).

 

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Garder sa bouche. "Tenir sa langue" : Sage est qui bien garde sa bouche En ce qui son deshonneur touche. (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 97).

 

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Laisser qqc. de bouche. "Se taire à propos de qqc., ne pas en parler" : LE VARLET. (...) Mais il m'estuet, se m'est vis, taire Par devant vous. LE ROY. Tu as dit voir, mon ami doulx ; De bouches, errant, si le laisse (Mir. femme roy Port., c.1342, 153).

 

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Mettre son doigt à la bouche. "Se taire" : ...par le commandement de la verge de ma maistresse de cy en avant je mectray mon doy a ma bouche, et si tiendray silence et laisseray la parolle a ma suer ainsnee (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 508).

 

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Porter bonne bouche. "Garder un secret, se taire" : ...n'estoit ame qui rien sceust de leur tresplaisant passe temps, si non une damoiselle qui servoit ceste dame, qui bonne bouche treslonguement porta. (C.N.N., c.1456-1467, 268).

 

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Tenir la bouche / bonne bouche. "Garder un secret, se taire" : ...elle luy promist que, s'il tenoit bonne bouche elle luy donneroit de la char (...) ce qu'elle fist. Et l'autre tint si secret son cas que chacun en fut adverty. (C.N.N., c.1456-1467, 277). Tenez vous la bouche, nyvelle : Dictes vous mot, villain poacre ? (P. Jouh. D.R., a.1488, 35).

 

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[D'une chose] Demeurer en la bouche. "Rester secret, tu" : Le surplus du gouvernement du mesnaige bien troublé demoure en la bouche de ceulx qui le scevent. (C.N.N., c.1456-1467, 272).

 

e)

"Personne qui parle, qui s'exprime, ou qui chante" : Ha ! vierge, ta valeur, ton pris, Le grant de ta misericorde, Ou est bouche qui la recorde ? (Mir. st Guill., c.1347, 47).

 

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En partic. "Prédicateur" : LE QUEREUR DES SERMON. (...) Onques n'oistes telle bouche. C'est merveille conment il touche Biau son parler. (Mir. Theod., 1357, 78).

 

-

[Par personnification] Male Bouche (personnification de la calomnie, depuis le Roman de la Rose) : Et sachiés que quant il vous plaira a venir, vous y trouverés tele joie et tele douceur que vous porriés penser et souhaidier ; car j'ai emprisonné Dangier et Male Bouche (MACH., Voir, 1364, 604).

 

Rem. Narcissus, p.1426, 47 ; HAUTEV., Conf. Test. am. tresp. B., c.1441-1447, 855 ; ALECIS, ABC P.P., 1451, 49 ; 283 ; 364 ; Amant cord. M., 1490, 18 ; 19 ; 29 ; 38...

 

5.

[Comme organe du baiser]

 

-

[P. allusion au baiser sur la bouche que le vassal offre au seigneur en lui présentant les deux mains, jointes dans les siennes, en signe d'allégeance] : Et pour ce que je suis es mains De loyal Amour que j'aim si, Li fais hommage et di einsi : "Bonne Amour, je te fais hommage De mains, de bouche, de corage, Com tes liges sers redevables, Fins, loiaus, secrez et estables..." (MACH., R. Fort., c.1341, 156). ...li fis loial hommage De mains, de bouche et de courage, A genous et a jointes mains. (MACH., Voir, 1364, 174). ...aussi firent les prelats et ceulx qui tenu estoient de relever, et baisoient par foy et hommaige, leurs mains jointes, ainsi comme il appartient, le roy en la bouche (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 81). ...et lors le roy de France recepvera ledit roy d'Angleterre et duc audit hommaige lige, a la foy et a la bouche (JUV. URS., Aud. celi, 1435, 172).

 

.

Offrir la bouche et les mains au seigneur. "Donner un baiser et mettre les mains dans les mains du seigneur en signe d'allégeance" : Le roy demande : le chevalier se muert et a pluseurs enfans soubz aagiéz, la dame demeure en vie. Qui a le gouvernement, ou aura, de ses enfans soubz aagiéz ? Response : la mere en aura la garde devant tous ; et ne rachetera point ; mais il convendra que, dedens XL jours aprés la mort du chevalier, elle aille par devers les seigneurs et qu'elle leur offre la bouche et les mains, tant pour son heritage comme pour son douaire (Cout. bourg. glosé P.M., c.1380-1400, 215).

 

-

Hommage de bouche et de mains : Li dus est mes drois sires ; le plus de mon vaillant Tieng de lui vraiement en hommaige faisant, Et de bouce et de mains m'y alai obligant (Geste ducs Bourg. K., c.1410-1419, 309).

 

.

[Par nominalisation] La bouche et les mains. "L'acte rituel d'allégeance" : ...il n'est deu au seigneur féodal dudit fief pour les descendans en ligne directe que la bouche et les mains avec le serment de féaulté (Cout. Chât. O.-M., c.1480-1500, 417).

 

Rem. Cf. Fr. Ragueau, E. de Laurière, Gloss. du dr. fr., 1969 [1704], 87b-91 ; LA CURNE III, 68b.

 

.

Reprendre (un fief) de bouche et de main. "Relever (un fief) par la foi et l'hommage" : ...ay repris de main et de bouche, de mon tres chier et redoubté signeur devant dit, seur lesdis terrages d'Escourdal, en commun, I muy froment (Trés. Reth. S.L., t.2, 1348, 98).

 

Rem. Cf. Fr. Ragueau, E. de Laurière, Gloss. du dr. fr., 1969 [1704], 428, s.v. reprise : «La reprise de fief se fait lorsque l'héritier du vassal reçoit la possession du fief dont il hérite, des mains du seigneur, en lui faisant foi et hommage».

 

6.

[Ds des loc. fig., marquant tel ou tel sentiment, telle ou telle attitude]

 

-

Estre de bouche familiere avec qqn. "Avoir des rapports familiers avec qqn" : ...le comte (...) estoit sobre, de bouche familière avecques les siens, joyeux en repaire, et le plus libéral en donner qui se trouvast (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 345).

 

-

(Estre) mol en bouche. "Être agréable, accommodant" : Et eust bien voulu trouver le duc plus souple et plus mol en bouche ; mais voyoit bien qu'il y perdoit temps. (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 409).

 

-

Faire (la) petite bouche. "Se montrer indifférent ou réticent, se montrer dédaigneux" : Helas ! quel serviteur d'ostel ! Fait il bien la petite boiche ? Il semble, a le veoir, qu'il n'y toiche, Et c'est celluy qui fait le trouble. (Pouvre peuple H., c.1450-1492, 185). ...quand il besoigne une foiz en ung moys, c'est au mieulx venir. Il ne fault ja que j'en face la petite bouche creez que je prendroye bien mieulx. (C.N.N., c.1456-1467, 248). Cappitaine, dictes ce que vous semble que avons affaire, franchement, devant tous ces seigneurs yci. Et le Cappitaine respondist : Monseigneur, il n'en fault point faire la petite bouche en leur fortiffication. Vous ne leur mesferez ja ; et seroit très grant folie à vous de les y assaillir (BUEIL, I, 1461-1466, 193). Pour ce, ne soyez surpris d'ire Si le cas ung petit vous touche ; De ce que cueur ne peult desdire, Faire n'en fault petit[e] bouche. (LA VIGNE, S.M., 1496, 557).

 

Rem. Cf. aussi doc. 1458, ds P. Champion, Vie de Charles d'Orléans, 1911, 542 (et sans en faire la petite bouche ["sans aucune réticence de ma part"], je vueil que on congnoisse à ceste présente notable assemblée que...).

 

-

Faire bonne bouche à qqn. "Être agréable à qqn, s'insinuer dans sa faveur" : ...pour mieux venir en grâce, et pour en faire bonne bouche au duc, leur naturel seigneur (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 138).

 

.

Faire bonne bouche. "Faire bonne mesure" : Pour faire bonne bouche, la damoiselle d'un maistre prestre s'accointa [La "damoiselle" a déjà eu, pour amants, un écuyer et un chevalier] (C.N.N., c.1456-1467, 462).

 

-

Mettre un frein en la bouche. "Se retenir" : Hauteinne, mais bien affrenée, Cueillie a point et de saison, Fondée seur toute raison, Tant plaisant et douce a oïr, Que chascun faisoit resjoïr, Me metoit un frein en la bouche Pour moy taire de ce qui touche A tout ce qu'on claimme mesdire. (MACH., R. Fort., c.1341, 9). C'est a dire, mon ami, met le frain a ta bouche afin que par elle tu ne preines le venin (LA SALE, J.S., 1456, 25).

 

-

Prov. : Toutes bouches qui rient baiser ne les doit on. (Flor. Octav. L., t.2, c.1400, 418). On doit maudire la bouche Qui fait a son corps encombrier. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 448). ...entre bouche et cueillier, Pour un petit de fait, Vient souvent encombrier. (Prov. rimes F.M., c.1485-1490, 76). [Morawski, 689]

C. -

P. ext. "Gueule" : Daniel li respont briefment : "Bons rois, vif pardurablement ! Mais Dieus son angle m'envoia Qui les bouches tint et loia Des lions si fort que contraire Ne mal ne me peüssent faire." (MACH., C. ami, 1357, 45).

D. -

P. anal.

 

1.

"Orifice d'une cavité, ouverture de qqc. (en partic. quand l'ouverture sert à l'entrée ou la sortie de qqc.)"

 

a)

[D'un organe] : ...car la gresse estoupe la bouche de la marriz (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 85). ...la bouche de l'estomac ["le creux de l'estomac"] (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 237). ...et la matrone doit avoir les dois gresles et longs et la main aussi et doit eslargir doulcement la bouche de la matrice (GORDON, Prat., c.1450-1500, VII, 16).

 

-

"Ouverture vaginale" : ...duquel [enfant] elle ne se poit delivrer et morut ; et tantoist ly ont la bouche ouverte et tenquellie ["tendue avec force"], et ens en costeit ly ont tailhiet la chair et l'enfant four trais. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors B.B., t.3, a.1400, 4).

 

b)

[D'un objet fabriqué ou construit] : ...et muscent en la bouche de leur sac le henap où Joseph souloit diviner (FOUL., Policrat. B., VIII, 1372, 91). ...IIII bandes de fer neufves et II bouches de fer (...) pour mettre ès barilz d'eschançonnerie (Comptes hôtel rois Fr. D.-A., 1380-1381, 71). Jehan le Tourneur, pour rappareiller les barilz de la Sausserie et y mettre III bandes de fer, IIII courroies de cuir, IIII gousses, et y mettre une bouche de fust et de fer pour un baril, et renfonssier et poissier lesdiz barilz (Comptes hôtel rois Fr. D.-A., 1380-1381, 77). ...XII barilz nuefs, garnis de bandes, courroiez, bouches et goussez (Comptes hôtel rois Fr. D.-A., 1383, 227). Item, ung hanap de madre, parfont vermeil a boche dargent (Invent. test. beauv. L., 1401, 59). Exemple. Soit le puis .a.b.c.d., .a.b. le dyametre de la bouche et .c.d. la profundeur que vous voles mesurer (FUSORIS, Gnomo, éd. G. Arrighi, c.1407-1412. In : Physis 21, 1979, 346). ...pour avoir recouppé et remassonné la bouche du four (Trés. Reth. S.L., t.2, 1409-1410, 600). ...ont esté si grans chaleurs et secheresses que (...) en issant des eglises ou maisons et à venir en rue, sembloit que l'en venist à la bouche d'un four chaut, tant estoit l'air eschaufé. (BAYE, II, 1411-1417, 81). Car Philippus, selon la vraye interpretation, vault autant à dire comme bouche de lampe ou amateur de choses haultes [allusion à une prétendue étymologie hébraïque de Philippe : "bouche" et lappid "flambeau, torche"]. (MOLINET, Chron. D.J., t.2, 1474-1506, 586).

 

-

[D'une pièce d'artillerie] : ...le duc peut avoir trois cens bouches d'artillerie, dont il se peut ayder en bataille, sans les hacquebuttes et couleuvrines dont il a sans nombre. (LA MARCHE, Mém., IV, Pièces annexées, 1474,,, 90).

 

2.

"Entrée d'un lieu" : ...Guilleaume Denise, fermier de la pescherie des bouches des fossés de la tour de Billy, Saint Bernard et Neelle (Comptes Paris V.L.D., t.1, 1440-1441, 238). ...les dessusdiz fondeurs et affineurs sont descenduz au bas de la dicte montaigne, c'est assavoir à l'entrée du voiage de Cosne et illec ont veu, visité et regardé deux petis monceaux de mine crue ainsi qu'elle a esté tirée de la montaigne ; lesquelx deux monceaux de mine crue, c'est assavoir le premier estant devant la bouche dudit voiage ont estimé valoir deux basnes d'ouvrage nect (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 262).

 

-

[D'un terrier] : ...sur les bouches Du terrier (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 393). Et, s'il le veult prendre mort [le renard], si estoupe touz les pertuis et boute le feu, comme j'ay dit, dedanz, si le trouvera l'endemain mort a la bouche de l'un des pertuis. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 244). Et, quant le veneur voudra chascier le tesson, il doit querir les terriers et tesnieres ou il demuere. Et doit, quant la lune sera clere, aprés la mie nuit tendre aux bouches des tesnieres ses pouches. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 245).

 

3.

"Embouchure d'un fleuve" : ...bien avant en la marine, mené [ses navires] en la bouche de Seine au premier vent qui viendra a ce convenable (Clos galées Rouen M.-C., t.1, 1369, 196).

 

4.

"Détroit"

 

-

La bouche de Remotine. "Le détroit de Rémotine (au Sud-Est de la Grèce, séparant le cap Malée de l'île de Cythère)" : Et près d'illec, a deux mille en tournant vers la Turquie, est la bouche de Remotine, ou est ung estroit passage en mer (Voy. Jérus., c.1395, 95).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Robert Martin

 Article 13/34 
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     BOUCHÉE     
FEW I bucca
BOUCHEE, subst. fém.
[GDC : bouchee ; AND : bouchee ; FEW I, 582a : bucca ; TLF : IV, 739a : bouchée]

A. -

"Lèvres, bouche" : Doulcement la baisa de bouche en sa bouchee. (Ren. Gennes D.B., c.1350-1400, 107).

B. -

"Morceau, bouchée" : ...Aprés tout ce, tu me appelles de plus grant valeur que je ne suis, tienne mercy, et dis que tu me pries que je garde "l'onneur que j'ay a garder ... ; et que se on m'a loué pour ce que je ay tiré d'ung bolet par sus les tours de Nostre Dame, que je ne tasche pas a ferir la lune du ciel d'ung boujon pesant, et que me garde de ressambler le corbel, qui pour ce que on ommensa a chanter plus hault et laissa cheoir la bouchee." (CHR. PIZ., Déb. R. Rose H., 1401-1402, 148).

 

Rem. Ex. d'a.fr. ds GDC VIII, 347c-348a.
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 14/34 
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     BOUCHEL1          BOUCHEL2     
FEW I bucca
BOUCHEL, subst. masc.
[GD : bouchel ; FEW I, 583a : bucca]

A. -

"Embouchure (d'un four)"

 

Rem. Doc.1332 (bouchiau) ds GD I, 694c.

B. -

"Ce qui permet de boucher, bouchon"

 

Rem. Doc.1348 (bouciau) et 1426 (bouchaulx) ds GD I, 694c.
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 15/34 
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     BOUCHETONS     
FEW I bucca
BOUCHETONS (À), loc. adv.
[GD : bouchetons ; FEW I, 583b : bucca ; TLF : IV, 747a : boucheton]

"À plat ventre, face contre terre" : C'est grant pitié que d'en ouyr le compte, Car tous les biens d'elle souvent racompte, Et puis après se gecte sus sa couche A bouchetons et de luy ne tient compte, Plains et souspirs nesung si n'en mescompte En souspirant plus dru que chat ne mouche. (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 182). Ilz se mettent a bouchetons. Et puis les deux prophettes preignent congié veneranment sans parler, et s'en va Moÿse ou limbe et Helÿe autre part, et lors vient Jhesus toucher ses appostres (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 407).

Rem. Doc. 1418 (se mettre a bouchetons) ds GD I, 695a.
 

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 Article 16/34 
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     BOUCHETTE     
FEW I bucca
BOUCHETTE, subst. fém.
[T-L : bochete ; GDC : bouchette ; AND : bochete1 ; DÉCT : bochete ; FEW I, 582a : bucca ; TLF : IV, 748a : bouchette]

[Dimin. de bouche] : Mais sa bouchette, Petite a droit, vermillette, grossette, Toudis riant, savoreuse, doucette, Me fait languir, quant mes cuers la regrette. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 70). ...sa tres douce bouchette, Riant a point et vermillette (MACH., C. ami, 1357, 77). Souef flairant La bouchete ot, petite et riant, Grossete a point (CHR. PIZ., Dit Poissy R., 1400, 205). Comment ne le vis tu point rire Quant je lui donnai ma pommette ? Il a la plus belle bouchette, Les yeulx si rians et le vis, Oncques a nul jour je ne vis Le pareil en cas de beaulté. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 27). Petite bouchette Et la maniere tant doulcette. (Copp. lard., a.1488, 165). Une bouchette, ungs rïans yeulx petiz, Ung cler vïaire pour roynes ou princesses (LA VIGNE, V.N., p.1495, 170).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 17/34 
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     BOUCHONS     
FEW I bucca
BOUCHONS (À), loc. adv.
[GD : bouchons ; FEW I, 585a : bucca]

"À plat ventre" : ...sur la cousche tout au plus bel qu'on peut fut a bouchons couschée, et son derriere descouvert assez avant (C.N.N., c.1456-1467, 34). Mais Meriadet donna de la palme et du genoul contre le derriere de l'Escossois, et de rechief le fit cheoir à bouchon contre le sablon, et nonobstant la requeste que leur requist messire Jaques de Lalain, ledit Meriadet, voyant la luytte des deux chevaliers, marcha pour ayder ledit messire Jaques (LA MARCHE, Mém., II, c.1470, 109). Mais ledit Jacotin, qui estoit homme fort et puissant, poursuivit tellement et si aigrement sa bataille que ledit Mahuot fut abatu à bouchon, et Jacotin Plouvier lui saillit dessus (LA MARCHE, Mém., II, c.1470, 406).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 18/34 
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     BOUCON1          BOUCON2     
FEW I bucca
BOUCON, subst. masc.
[GD : bocon ; GDC : boucon ; FEW I, 582a : bucca ; TLF : IV, 756a : boucon]

A. -

"Morceau (qui se mange)"

 

-

Mauvais boucon. "Mauvais morceau" : Son cueur lui fremist et luy viennent plusieurs vomissemens qui trés souvent la font esvanouir ; elle crache sang a gros morseaulx meslés de grant ordure, qui est grant pitié. Et, brief, elle se doubte que le dit galant ne lui ait baillé quelque mauvais boucon dont elle a ceste maladie. (MART. D'AUV., Arrêts Am. R., c.1460-1466, 136).

B. -

"Morceau empoisonné" : ...le bon bouquon Qui la mort fait soudainement descendre (DESCH., Oeuvres Q., t.3, c.1370-1407, 282). Dieu nous gard' d'un tour de Breton, D'un Messaire et de son boucon (Parn. sat. S., a.1500, 195).

 

Rem. L. Sainéan, La langue de Rabelais, 1, 1922, 150, 353-354. V. aussi bouconne.

 

-

Bailler le boucon. "Empoisonner" : [Contexte métaph.] Pour demonstrer qu'Amours enyvre Et baille aux amans le boucon, J'ay composé ce petit livre (Livre fauc. M.R., c.1500, 306).

V. aussi bouconne
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Robert Martin

 Article 19/34 
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     BOUCONNE     
*FEW I bucca
BOUCONNE, subst. fém.
[*FEW I, 582a : bucca]

"Mets ou breuvage empoisonné" : Aussi apparut, par ce qu'il convoita merveilleusement que sa fille feust royne de France, et pour y cuider parvenir fist tant qu'il traicta le mariage d'elle et dudit feu duc d'Orléans, pour lors duc de Touraine, seul frère du Roy, considérant que le Roy n'avoit encores nulz enfans, et qu'il n'y avoit qu'une bouche à clorre, et ainsi n'y falloit que bouconne bien assise pour parvenir à son entente. (Doc. 1408. In : MONSTRELET, Chron. D.-A., t.1 c.1425-1440, 229).

V. aussi boucon1
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 20/34 
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     BOUCONNISTE     
*FEW I bucca
BOCONNISTE, subst. masc.
[*FEW I, 582a : bucca]

"Empoisonneur" : Le bocquonyste, chanu, decrepit, roque Durdrilupus me fait enterver loque Avec Gritis (LA VIGNE, S.M., 1496, 136).

Rem. Sans doute à rapprocher de bocon "morceau empoisonné, poison".
 

DMF 2020 - Synthèse Annie Bertin

 Article 21/34 
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     BOUQUE     
FEW I bucca
BOUQUE, subst. fém.
[FEW I, 585a : bucca ; TLF : IV, 804a : bouque]

"Passe étroite, embouchure d'un bras de mer" : ...une bonne ville appellee le Girol, qui siet a l'entree de la bouque de la mer Majour (Bouciquaut L., 1406-1409, 146).

Rem. Doc.1338 (Picardie) ds R. Ling. rom. 21, 1957, 82.
 

DMF 2020 - Synthèse Denis Lalande

 Article 22/34 
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     BOUQUET1          BOUQUET2          BOUQUET3          BOUQUET4     
FEW I bucca
BOUQUET, subst. masc.
[GD : bouquet ; *FEW I, 300a : baucalis (?)]

"Bouteille à anse" (Éd.) : Et sy te mande par ledit ambaxadeur ung present, c'est assavoir du baulme fin de nostre saincte vigne, ung bel lupart, trois escuelles de pourcelaine de Sinant, ung plat de pourcelaine de Sinant, deux grans platz ouvertz de pourcelaine, deux touques verdes de pourcelaine, deux bouquetz de pourcelaine, ung lavoir ès mains et ung garde manger de pourcelaine ouvré, une jatte de fin gingembre vert, une jatte de noiaux d'amandes, une jatte de poivre vert, des amandes, et cinquante livres de nostre fin bamouguet, ung quintal de sucre fin de trois quittes. (ESCOUCHY, Chron. B., t.1, c.1453-14, 124).

Rem. Peut-être à rattacher à FEW I, 300a : baucalis (cf. n. 1 : agn. boguet). GD I, 702c, doc.1412 : "bouilloire ?"
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 23/34 
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     BOUQUET1          BOUQUET2          BOUQUET3          BOUQUET4     
FEW I 585b bucca FEW XXII-1 297a o.i.
BOUQUET, subst. masc.
[T-L : bochet ; GD : bochet ; FEW I, 585b : bucca ; FEW XXII-1, 297a : o.i.]

"Espèce de maladie des agneaux" : ...aucunesfois pour alaicter les meres lassees vient aux aigneaux une maladie que l'en appelle le bouchet, de laquelle yceulx aigneaux meurent souvent (JEAN DE BRIE, Le Bon Berger C.W., 1379, 114). ...et dit le maistre que ceste maladie du bouchet est engendree aux aigneaux quant ilz alaictent leurs meres quant elles viennent des champs ainçois que elles soient bien disposees et refroidees. (JEAN DE BRIE, Le Bon Berger C.W., 1379, 146). ...nul boucher ne pourra vendre ne exposer en vente (...) beuf ne vache entechié de fy ne d'aultre maladie, mouton ne beste ouaille entechié de clavelée ou bouquet (Ordonn. rois Fr. P., t.20, 1487, 42).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Hiltrud Gerner

 Article 24/34 
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     EMBOUCHE     
FEW I bucca
EMBOUCHE, subst. fém.
[GD : embouche ; FEW I, 584a : bucca]

De bonne embouche. "Agréable à entendre" : ...Par quoy, selon que au cas affiert Et qu'il est d'une bonne embouche, Prestez -y vostre oreille douche. (CHASTELL., Oeuvres K., t.7, c.1435-1475, 424).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 25/34 
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     EMBOUCHEMENT     
FEW I bucca
EMBOUCHEMENT, subst. masc.
[T-L : embochement ; GD : embouchement ; FEW I, 585b : bucca]

I. -

"Ouverture, entrée" : ...disoient les dessus dis de Saint Aumer que des emboucquemens des chelliers et travaulz à mareschaulz sur la chaussié, sieges et estaques que on fait de nouvel en la ville, dont notres baillifs et eschevins donnent congié, notre dit sergent à mace n'en doivent riens avoir (Hist. dr. munic. E., t.3, 1378, 443). ...l'anbouchement et aisement de la riviere entrant en mes fossés (Trés. Reth. S.L., t.2, 1378, 236). ...pour 3 douzaines de merrien à treille, pour mettre et fichier à l'embouchement du fossé de Neelle, 4 s. p. (Comptes Paris V.L.D., t.1, 1455-1456, 877).

 

Rem. GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. S., c.1330-1331, 10385 (C'est de mon sac l'embouchement) ; T-L III, 52.

II. -

CHASSE [Croisement avec la famille de *bosk-] "Endroit par où la bête rentre au fort après avoir viandé"

 

Rem. HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, gloss. (embouchement).

 

-

[Formes emboschement, embuschement] : Bische qui porte faons, a matin, quant elle ira a son emboschement, elle ne demourra ia [ja] (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 65). ...il doit trere l'embuschement [var. emboschement] pour le mettre au fort entre les champs et le bois. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 165).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

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     EMBOUCHER1          EMBOUCHER2     
FEW I 584a bucca
EMBOUCHER, verbe
[T-L : embochier ; GD : embouchier1 ; GDC : emboucher ; FEW I, 584a : bucca ; TLF : VII, 897a : emboucher1]

A. -

"Mettre le mors dans la bouche (d'un cheval)"

 

-

Cheval bien embouché. "Cheval qui cède bien à l'impression du mors" : ...si monte le roy Sur un tres beau joli coursier De Puille, sain, net et entier, Bien enbouchié, fort et seür (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 373).

 

-

Cheval mal embouché. "Cheval qui ne cède pas à l'impression du mors" : Audit Coppin, (...) pour III fors mors de bride garnis de renges pour chevaulx mal embouchiés et pour unes petites bouges pour porter fers et clous, achatez par le dessusdit Guiot, comme par le dessusdit rooulle et mandement appert, IIII frans. (Compte Navarre I.P., 1367-1371, 186). Une fois, il cevauçoit un coursier, liquels li avoit cousté .CCC. esqus, et l'avoit tout nouviel et le volt asaiier pour veoir et sçavoir conment il s'en poroit aidier, se il li besongnoit, et ferir ce coursier des esporons. Liquels estoit fors et rades et mal enbouqiés, et vint asallir un fosset. Li coursiers tresbusça et rompi son mestre le col. (FROISS., Chron. D., p.1400, 860). Il se disoit de hault lignage, Sur ung genet mal embouché Que il avoit tout d'avantage, Lequel estoit mal estaché. (Prisonn. desconf. C., c.1488-1489, 25).

 

-

[Cont. métaph.] Emboucher qqn. "Mettre le mors à qqn, le dominer" : TROIS MORS DE BRIDE Pour emboucher, quant le cas adviendra, Bons et maulvais, mesdisans detracteurs, Sommes nous faictz et dissimulateurs, Selon la main qui la resne tiendra. (BAUDE, Dictz moraulx S., p.1450, 101). LE PREMIER. Je suis pour emboucher menteurs Qui, pour mensonge maintenir, Veullent le contraire tenir De ce dont ils sont inventeurs. (BAUDE, Dictz moraulx S., p.1450, 101). Craingnent ilz le fouet quant ilz l'oyent sonner ? Sont ilz bien embouchez ? (RENÉ D'ANJOU, Mortif. Vaine Plais. R., 1455, 42).

 

-

P. ext. [D'une pers.]

 

.

Embouché. "Bavard ; fort en gueule" : Emboucher les mesdisans veul Car ils sont bien fort embouchéz, De mesdire tant embronchéz Que ce n'est que martire et dueil. (BAUDE, Dictz moraulx S., p.1450, 101).

 

.

Mal embouché. "Rétif, récalcitrant" : Le jeune est mal embouché Et acroché A tout mal faire et mal dire. Jamais ne veult estre touché Ne reprouché. (Pass. Auv., 1477, 118).

 

Rem. Un des personnages du Mystère, la femme du maréchal-ferrant, s'appelle Malembouchée (pp. 177-179).

B. -

"Parler de bouche à bouche à qqn"

 

-

Emboucher qqn (de qqc.). "Mettre qqn au courant de qqc." : Et au regard de la charger, qu'elle savoit bien que tout ce qui a esté fait avendroit, respondoit par sa foy qu'il estoit impossible que le cas fust advenu se premierement Dangier n'eust esté embouché des envieux du dit defunct, et ne l'eust point songié. (MART. D'AUV., Arrêts Am. R., c.1460-1466, 109). Se quelque voisin c'est approché De ce debat la, sans faintise, Chascun en sera embousché, Et se ceste femme a touchié Son mary, il chevauchera L'asne tout au loing du marchié (COQUILL., Oeuvres F., 1478-p.1494, 144).

C. -

Emboucher qqc.

 

1.

"Introduire qqc. par l'ouverture (ici d'un sac)" : ...un ort sac ou fons percie Tenoit aus dens et enbouchie Avoit dedens un entonnour. (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. S., c.1330-1331, 318).

 

2.

"Munir qqc. d'une embouchure"

 

-

[D'une chose] Embouché de. "Muni d'une embouchure en" : Boucicaut, garde huche, pour un antonueur de cuir neuf embouché de laton. (Comptes hôtel rois Fr. D.-A., 1383, 227).

 

-

Empl. pronom. S'emboucher. "Former une embouchure" : Pendant lequel temps icellui Morbazenne fist faire et fonder une très grosse tour et puissant, sur le bord du halve qui s'embouche devant ung fort chastel, nommé la Garde (...). Duquel halvre les marchandises qui deschendent à Constantinoble sont contrainctes de passer par illec. (ESCOUCHY, Chron. B., t.2, a.1465, 51).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

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     EMBOUCHER1          EMBOUCHER2     
FEW I 584a-b bucca
EMBOUCHER, verbe
[GD : embouchier2 ; FEW I, 584a-b : bucca]

Empl. trans. "Traiter (une marchandise) de façon à la faire paraître plus belle qu'elle n'est" : ...il [le maire] mettoit une planche, un bout sur terre et l'autre sur les Vesseaux venans par la Riviere de Sainne, apportans Blés ou Grains pour vendre à notredicte Ville, et entroit ou faisoit entrer esdiz Vesseaux, et faisoit veoir et jugier se lesdiz Blés ou Grains estoient embouquiés ou mesalés (Ordonn. rois Fr. S., t.3, 1358, 330). Nous avons ordenné que nul Marchant ne autre ne puisse apporter harens ne Poissons de deux mois, ne mettre Chrenone rayez, Feurre, Varet seches, ne Carrengues, ne denrées embouchées, avec franche pescaille, sur peine de furfaire ["confisquer"] les denrées qui ainsi seront trouvéez. (Ordonn. rois Fr. S., t.5, 1369, 254).

 

-

"Manipuler, circonvenir (qqn)" : Item, les dessusdis ont dit qu'ilz s'entretiennent bien avecques vous, et que afin que ne vous apperceviez du tout qu'il vous feront comme dit est, qu'ilz vous ont fait embouchier de madame de Lagre. (ESCOUCHY, Chron. B., t.3, Pièces justif., 1448, 283). Item, les embochier qu'ilz ["afin qu'ils"] feissent donner audit se(.)[nechal] quelque belle place vaillent de revenue IIm escus ou païs. (ESCOUCHY, Chron. B., t.3, Pièces justif., 1448, 291).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Pierre Cromer

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     EMBOUCHOIR     
*FEW I bucca
EMBOUCHOIR, subst. masc.
[GDC : embouchoir ; *FEW I, 585a : bucca]

"Goulot d'un récipient" : ...une petite bouteille couverte de geme, avec l'ambouchouer d'argent (Invent. biens Ch. Savoie T., 1484, 436).

V. aussi embossoir
 

DMF 2020 - Synthèse Edmonde Papin

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     EMBOUCHURE1          EMBOUCHURE2     
FEW I bucca
EMBOUCHURE, subst. fém.
[GDC : emboucheure ; FEW I, 584a, 585b : bucca ; TLF : VII, 898a : embouchure]

A. -

"Ouverture d'un objet"

 

Rem. Doc.1328 ds TLF.

 

-

"Goulot d'un récipient" : ...le 2e [gobellet], de cristal senz pié et senz couvercle, le fons et l'emboucheure d'argent dorée (Comptes argent. rois Fr. D.-A., I, 1353, 319).

 

Rem. H. Lewicka, La Dér., 1960, 93.

B. -

"Partie du mors qui entre dans la bouche du cheval" : ...à Anthoine Champes, esperonnier, demourant à Aix, baillé IX florins, par le commandement de monseigneur, tant pour deux paires d'estriers, les ungs faiz à la genète, et les autres pour la jouxte, pour une amboucheure, pour la mulle de monseigneur, ung portemors pour le genet (Comptes roi René A., t.1, 1478, 389).

C. -

"Partie d'un cours d'eau qui s'ouvre sur la mer" : ...il vinrent en l'embouçure de le Carente à l'oposite du castiel de Subize (FROISS., Chron., [Amiens] D., t.4, c.1375-1400, 196). ...si en chemin j'ay nouvellez que les diz Bourguignons s'en soient partiz de l'embouchure de la Seine, où ils ont fait des ravages, incontinant contremanderai vos diz gens et les autres aussi, et leur ferai sçavoir. (Lettres Louis XI, V., t.4, 1469-1472, 143).

 

Rem. GDC IX, 433c.

 

-

Embouchure de la mer. "Ouverture sur la mer" : ...monsigneur Renaut signeur de Pons em Poito devant le castiel de Subise qui siet sus le Carente à l'enbouçure de le mer (FROISS., Chron., [Amiens] D., t.4, c.1375-1400, 194). Et qant li chastiaus fu tous ouvrés, li rois et ses consauls le fissent asseoir et lever droit sus l'entree dou havene, en l'enbouqure de la mer, et fu pourveus d'espringalles, de bonbardes, d'ars a tour et d'aultres instrumens bons et soubtieus. (FROISS., Chron. D., p.1400, 824).

D. -

"Dans un moulin, endroit où le coursier se rétrécit devant la roue motrice"

 

Rem. Doc.1402 (enboucure), 1427 et 1457 (embocquure) ds Y. Coutant, Terminol. du moulin médiév. dans le comté de Flandre, 1994, 620.
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 30/34 
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     EMBOUCHURE1          EMBOUCHURE2     
FEW I bucca
EMBOUCHURE, subst. fém.
[GD : emboucheure ; FEW I, 584a-b : bucca]

"Partie d'une denrée, meilleure que le reste, qui est placée au-dessus" : Item, quiconques amenera esdites places et marchez, blez, farines ou autres grains ou il ait emboucheure, cest assavoir quilz ne soient aussi souffisans et aussi bons dessoubz comme en la monstre, il perdra les denrées, et le mesureur qui les mesureroit en ladite malefaçon, ne diroit ou accuseroit a l'acheteur et a la garde du marché pour le Roy, perdra son office et payera LX sols d'amende. (Mét. corp. Paris L., t.1, 1351, 8). Quiconques amenra aucunes d'icelles marchandises esdites places et marchez, où il y ait emboucheure, c'est assavoir que ilz ne soient aussi bonnes et souffisans dessoubz comme en la monstre, il forfera icelles denrées. (Ordonn. rois Fr. V., t.10, 1415, 260). Item, le mesureur qui mesurera blez, farines ou grains ou il y ait embouchure, c'est assavoir qu'ilz ne soient aussi bons et souffisans dessoubz comme en la monstre, et ladite malefacon ne dira a l'acheteur et ausdits prevosts, eschevins ou procureur de la marchandise, perdra son office et paiera soixante solz parisis d'amende. (Mét. corp. Paris L., t.1, 1416, 243). Si l'on treuve denrées, comme sain blanc ou noir, sieuf et oint, où il ait eu embouqueure ou aultre liqueur adjoustée, ilz seront forfaiz et perduz à iceulx qui les vendront ou auront exposez en vente (Ordonn. rois Fr. P., t.15, 1462, 606).

Rem. Doc.1415 (ambouschure), Ordonn. rois Fr. V.B., t.13, 1424, 83 (embouqueure ; même texte ds Ordonn. rois Fr. P., t.20, 1487, 51, sous la forme altérée embroqueure), ds GD III, 35a.

V. aussi emboucher2
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 31/34 
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     MALEBOUCHE     
FEW I bucca
MALEBOUCHE, subst. fém.
[GD : malebouche ; AND : malebouche ; FEW I, 584b : bucca]

"Médisance" : Aprés, vous fault aider de "sy" Et de "mais". Vez cy la maniere : Quant aucun vous dira ainsi : "Ung tel a vertu bien entiere." "Si ne fust sa teste legiere, Ferez vous, ou sa malebouche ; Maiz il caquecte par derriere Et sy fait semblant qu'il n'y touche." (MICHAULT, Doctr. temps prés. W., 1466, 78).

 

-

Empl. adj. "Qui dit du mal" : EVE. (...) Sathan nous est si malebouche Et ment cy tout appertement. (Myst. Adv. N.D. R., c.1360-1365, 69).

 

-

[Allégorie de la médisance] : Nul devant eulx s'ose jouer ne rire, Pour Malebouche qui la tient son empire (GARENC., Poésies N., 1389-1415, 100). Mais je vous diray pour refaire, L'homme, tandis qu'il m'en souvient, Vers une grant dame retraire Incontinent il le convient, Et se de son party se tient, Malebouche ne sa guisarme Në Envie qui la soustient Si n'oseroient crier alarme. (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 196). Lors Malebouche et sa mesnie Murmurerent plus lourdement Que ceulx de Bruges la garnie Ne firent derrenierement Quant ilz volurent folement Leur seigneur mettre a la capuigne, Et s'assemblerent proprement Comme pourceaulx quant l'ung d'eulx wigne. (MARTIN LE FRANC, Champion dames IV, D., 1440-1442, 105).

 

-

"Personne médisante, mauvaise langue" : EVE. ...Sathan nous est si malebouche Et ment cy tout appertement. Il vint a moy premierement Et me fist une questïon. (Myst. Adv. N.D. R., c.1360-1365, 69).
 

DMF 2020 - Synthèse Pierre Cromer

 Article 32/34 
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     REBOUCHEMENT     
*FEW I bucca
REBOUCHEMENT, subst. masc.
[*FEW I, 583b : bucca (?)]

"Fait de reboucher1" : Hebetatio (...) : reboursement, rebouquement (LE TALLEUR, Vocab. E.M., c.1490, 146).

V. aussi reboucher2
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 33/34 
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     REBOUCHER1          REBOUCHER2     
FEW I bucca
REBOUCHER, verbe
[T-L : reboissier ; GDC : rebouchier1 ; DÉCT : reboissier ; FEW I, 583b : bucca]

A. -

"(S')émousser" : U monde n'a pointe d'acier Tant (soit) trempee ne moulue, (Tant) apointïe ne ague Qui cuer de homme pëust percier Ne ens entrer sans rebouquier [var. rebouchier, rebuchier, rebourcier], Se ceste corne n'i aidoit Et se la voie n'i faisoit. J'en fas la voie aus apointons, Aus espees et aus fauchons Et a touz autres ferremens Qui fais sont pour tuer les gens. (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. S., c.1330-1331, 238-239). Coupez leur lez cols a congnies (,) Rebouchiez et mauls fourbies Pour avoir plus engoisse et poine (Jeu st Den. S., c.1380-1400, 122). ...son espee fu (...) si rebouchiee des cops que elle ne trenchoit mais. (CHR. PIZ., Corps policie K., 1406-1407, 74). [GDC X, 494a-b ; leçon rebourcee ds L., 134] ...Et encontre rebuqueroit Le plus trenchant de nos outilz. (Myst. Incarn. Nat. L., t.1, c.1454-1474, 192). ...luy donna troys grans coups. A diverses foiz ilz rebouchèrent son branc d'acier (Ovide mor. B., 1466-1467, 309). Et lui esracherent les yeulx a paulx agutz, mais il ne povoient par nulle force riens faire de ces paulx, car ilz reboursoient et rompoient [var. rebouchoient et froissoient] soudainement. (BATALLIER, Lég. dorée D.-L., 1476, 437). [Var. ds VIGNAY, ms. BNF fr. 241, a.1348]

B. -

Au fig. : ...comme pour oyseuze la chaleur naturelle est flatee et rebouchee et pereceuze en ses operacions (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 327). Hebeo (...) : estre esbahi, tarder, estre pericheulx, estre sourt ou estoupé, estre obscur ou aveugle, defaillir ou estre rebouché (...). Hebeto (...) : rebouquer (LE TALLEUR, Vocab. E.M., c.1490, 145).

 

-

Part. passé en empl. adj. [De l'entendement] "Stupide" : Hebes : rebouché (Abavus III, R., c.1300-1350, 166). Sius je de engin si rebouqué et rude Que par songes soye deceu vainement ? (SAINT-GELAIS, Eurial. Lucr. R., c.1490, 77).

REM. Etymol. douteuse ; plutôt *FEW X, 137a : reburrus, v. rebrois, voire *FEW XV-1, 203b : *bosk- ? T-L renvoie notamment à GD VI, 639c : reboisier "tromper" ; mais c'est un autre verbe (a. fr.), cf. FEW XV-1, 83b : *bauson, *bausjan.

V. aussi rebourser
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 34/34 
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     REMBOUCHURAGE     
*FEW I bucca
REMBOUCHURAGE, subst. masc.
[*FEW I, 585b : bucca]

"Extrémité de la conduite par où l'eau arrive sur la roue motrice" (Éd.)

REM. Doc. 1427 (renbouçuraige). In : Y. Coutant, Terminol. du moulin médiév. dans le comté de Flandre, 1994, 855.
 

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