C.N.R.S.
 
Famille de adjacens 
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 Article 1/48 
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     AAISE1          AAISE2     
FEW XXIV adjacens
AAISE, subst. fém.
[T-L : aaise ; GD : aaise1 ; FEW XXIV, 151b : adjacens]

A. -

"Aise, plaisir, commodité" : Tourment l'ire de Dieu rapaise Et l'omme remest en aaise. (LE FÈVRE, Respit Mort H., 1376-1380, 63). Plusieurs y a oyseux, sanz maistre, Et sanz aucun mestier et estre ; Veulent aaise, dont qu'il viengne (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 75). [Ou faut-il modifier la ponctuation et lire : Et estre Veulent a aise ?]

B. -

"Ce qui met à l'aise" : Vos vestemens et vos aaisez De vers, de tynes et d'artaisez Rungies sont... (LE FÈVRE, Respit Mort H., 1376-1380, 78).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 2/48 
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     AAISE1          AAISE2     
FEW XXIV 151b adjacens
AAISE, adj.
[T-L : aaise2 ; GD : aaise2 ; FEW XXIV, 151b : adjacens]

[Mot AF] "Qui est à l'aise, satisfait, content" : " Ou irons nos ? Vez ci Tintaiol. Aucune foiz i fui je plus aese que ne sui ores. " (TristPr III, ca. 1230, p.136 §830).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Corinne Denoyelle

 Article 3/48 
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     AAISEMENT     
FEW XXIV adjacens
AAISEMENT, subst. masc.
[T-L : aaisement ; GD : aaisement ; FEW XXIV, 152a : adjacens]

"Aise, plaisir" : Oëz qui tant abandonnez Voz corps a touz aësemens Et a vains glorifïemens Comment vaine glore est punie (Tomb. Chartr. Trois contes S., c.1337-1339, 100). Enduron donc deul et dommage, Despit, poverte et maladie A bon gré, sans point de poutie, Quant il vient a Dieu a plaisir. A bon gré n'est pas a desir, Mais qu'a la volenté divine Sans rechigner la nostre encline ; Et soion preis qu'elle soit faicte, Tout soit ce qu'a la char dehaite, Qui couvoite l'aesement. (Tomb. Chartr. W., c.1337-1339, 115). ...Attemprance te donnera santé et aaisement par mesure (THOM. SALUCES, Chev. errant W., 1394, 1084).

 

-

Aaisement du corps. "Satisfaction des besoins physiques, plaisir physique" : C'est grant vertu et pou trouvee Que jenne femme et inclinee Pour ferveur de complexion A charnel delectacion, Depuis qu'el l'espreuve et en use, Pour l'amour de Dieu le refuse Si tost et si parfaictement Et laisse du tout l'aesement Du corps pour le divin servise (Tomb. Chartr. Dix-huit contes K., c.1337-1339, 23).

REM. Sens de "libre usage" ds GD I, 8a : doc. 1364.
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 4/48 
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     AAISÉMENT     
FEW XXIV adjacens
AAISEEMENT, adv.
[GD : aaisement2 ; FEW XXIV, 152b : adjacens]

"Aisément, commodément"

REM. Serm. lat. fr. XIVe s. ds GD I, 8a.

V. aussi aaisiement
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 5/48 
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     AAISER     
FEW XXIV adjacens
AAISIER, verbe
[T-L : aaisier ; GD : aaisier ; AND : eiser1 ; DÉCT : aaisier ; FEW XXIV, 152a : adjacens]

I. -

Empl. trans.

A. -

Aaisier qqn [ou un animal]

 

1.

"Lui donner ce qui lui est nécessaire, le mettre à l'aise" : Et fist le duc Herpin en sa chartre lancier Ou dez crestien ot pres de demy millier Qu'an cez chartre donnoit a boire et a mengier, Et lez faisoit moult bien servir et aaisier. (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 109). A son chevalz saillirent escuier et sergens Qui en l'estable le vont tres bien aaisant. (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 683). Dont fut l'enffes chauffés et richement servis, La dame l'aaisa come se feust ses filz. (Tristan Nant. S., c.1350, 93). Si lui couvendroit a yssir Des pavillons, s'a son plaisir De tant de son gré l'aaisoit (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 224). ...vous y serés bien aaisiez et bien receus. (Chev. papegau H., c.1400-1500, 51).

 

2.

"Le réjouir" : Et moult doucement l'enlumine La plaisans bouchete rïans, De quoi les levretes frïans, Rouges, cloans, en mi grossetes, Faisans au rire .IJ. fossetes, Samblans prametans le baisier, Dont, pour cuer enferm äaisier, Ist la douce souëf alainne (ACART, Prise am. H., 1332, 30).

 

3.

"Soulager, mettre dans un état d'aise" : Tel feu celéement s'avive Et est pleins de chalour si vive Que li cuers qui enmi demeure Bruïs et esteins sans demeure Seroit, s'il n'estoit äaisiez De souspirs, en parfont puisiez (MACH., D. Lyon, 1342, 194).

B. -

Aaisier qqc. [un lieu]. "Le rendre agréable" : Et cilz plaisans chemins hantés Est si bel qu'en li sans sejour Y chantent oisiel nuit et jour Qui tant vont le lieu äaisant Que tout le temps y sont plaisant. (ACART, Prise am. H., 1332, 6).

II. -

Empl. intrans. ou pronom. "Se mettre à l'aise, prendre ses aises" : Dont ne pot plus estre tensee Ma jonece el buisson plaisant Ou tant m'iere alés äaisant (ACART, Prise am. H., 1332, 33). Et fu l'ost logié au long de la riviere. Uriien trouva son paveillon tendu, et ly autre qui furent avecques lui a la poursuite, leur logeiz tous prests. Si se logierent et aaisierent bien celle nuit et firent bon guet. (ARRAS, c.1392-1393, 104). Ces arbres que tu si haulz vois, Ou d'oysiaux on ot toutes vois, Qui on fruit et flour et verdure Et ombre font contre l'ardure Du souleil, c'est pour le confort Des passans qui cheminent fort, Car ilz se peuent aaisier Du fruit et eulx rassasier. (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 42). Et vous alez meshuy a aisier [l. aaisier] et reposer (Comte Artois S., c.1453-1467, 148).

III. -

Part. prés. en empl. adj. "Agréable" : Li bois, nomméz Jonece, estoit Trop biaus, qu'a point s'i arrestoit, Et a deliter trop plaisans, Et par plaire samble äaisans A ceux qui enz se vont embatre Et qui a point se vont esbatre. (ACART, Prise am. H., 1332, 6). Nepourquant est il [ce chemin] si plaisans Qu'en tous estas est äaisans, Et tant y fait bel a aler Que nus ne s'en puet säouler. (ACART, Prise am. H., 1332, 7). ...il m'estoit adont avis, Que j'estoie euüreus sur tous, Quant lieus si biaus, si gens, si dous, Si gracïeus, si aaisans, Si delitables, si plaisans Et si bien duis et ordenés M'estoit ainsy habandonnés. (Echecs amour. K., c.1370-1380, 99). Car chilz doulz päonnés plaisans Iert a veïr si aaisans, C'onques chose ne fu veüe, Qui plus confortast la veüe. (Echecs amour. K., c.1370-1380, 126).

IV. -

Part. passé en empl. adj.

A. -

(Bien) aaisié

 

1.

"Mis à l'aise, satisfait, pourvu de tout ce qu'il faut" : Se ne l'as, di a chiere bonne Que bien les guerredonneras, Et le fay, quant aaisiez seras. (MACH., C. ami, 1357, 111). Et, quant il aura bien menjé et bien beü, il sera bien lié et bien aaisé. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 56). Ma fille est elle bien nourrie, Bien peüe et bien aaisie ? C'elle feust guerres efforcie L'on entendist a la sevrer. (Gris., 1395, 51).

 

2.

"En bonne santé" : ...bien aesiez (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 224).

 

3.

[D'un arc] "Facile à manoeuvrer, flexible" : ...il doit tendre son arc, lequel doit estre plus fieble et plus eesiéque celui de quoi l'en trait a pié (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 131-132).

 

4.

Chambre aaisiee. "Latrines" : ...il ne povoit trovoir le corps de sainte Concorde, car il avoit esté geté en une chambre quoye [var. aaisiee] [Var. ds VIGNAY, ms. BNF fr. 241, a.1348] (BATALLIER, Lég. dorée D.-L., 1476, 736).

B. -

"Propre à, capable de" : Sire, dist Filotas, le parler me laissiés, A mon avis sui miex de voir dire aaisiés. (BRIS., Restor paon D., a.1338, 111). ...le ciel qui est selon leur opinion de nature de feu est plus rare ou plus cler et plus aesé ou plus legier a diviser que n'est l'aer ou le feu de cibas. (ORESME, C.M., c.1377, 476).

C. -

Empl. subst. "Celui qui est pourvu, qui est à l'aise" : Mais compaingnie Leur fist Honneur ; aussi fist Courtoisie, Juenesse, Amour, Richesse l'äaisie, Et meint autre que nommer ne say mie. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 134).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 6/48 
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     AAISIEMENT     
FEW XXIV adjacens
AAISIEMENT, adv.
[T-L : aaisier (aaisieement) ; GD : aaisiement ; FEW XXIV, 152b : adjacens]

A. -

"Aisément, commodément" : ...car tant est un feu plus grant et il est plus legier et plus isnelement meu en haut, et tant est plus petit et il est plus isnelement et plus aesiement meu en bas, et tant est plus grant et il est plus tardivement meu en bas. (ORESME, C.M., c.1377, 662). ...ou la verteveledu faus las sera athachiee en telle maniere que, quant l'en tirera le faulz las, que elle s'en viengne aesieement (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 273).

B. -

"À l'aise, dans l'aisance" : Et fu en pou de temps l'eglise et la prieuré assouie, et mis moynes blans dedens jusques a VIIJ., qui portent en leur desouzain habit une croix azuree, et [les deux frères] les renterent bien pour vivre aaisiement, et encores y est. (ARRAS, c.1392-1393, 76). Uriiens et sa gent se logierent es logeiz des Sarrasins, et manderent leur sommage, qui furent moult joyant de la victoire, et s'en vindrent liement en l'ost, et se logierent bien aaisiement. Et firent les deux freres partir l'eschec si bien que chascun s'en tint a bien apaiez. (ARRAS, c.1392-1393, 113).

V. aussi aaisément
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 7/48 
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     AAISIEUX     
*FEW XXIV 152b adjacens
AAISIEUX, adj.
[*FEW XXIV, 152b : adjacens]

"Facile" : Du paon li souvint et des veus signourieus Que chascuns aconpli quant tempz en fu et lieus Et li siens est a faire qui iert plus aaisieus (BRIS., Restor paon D., a.1338, 65). [Éd. Carey, 46 : Du paon li souvint et des veus signourieus Que chascuns aconpli quant tempz en fu et lieus Et li siens est a faire qui iert plus aaisieus]
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

 Article 8/48 
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     ADJACENT     
FEW XXIV 155a adjacens
ADJACENT, adj.
[GD : adjecent ; GDC : adjacent ; AND : agisaunt ; FEW XXIV, 155a : adjacens ; TLF : I, 671a : adjacent]

"Qui se trouve dans le voisinage immédiat"

 

-

[D'une partie du corps] : Et si les membres adacens sont blessies que tu pourras scavoir par ce que l'urine yst par la pleye il te convient pronostiquer que la playe est mortelle (PREVOST, Cir. Guill. Salicet, 1492, II, 16).

 

-

[D'un pays, d'une région, d'un peuple...] : ...mais se tiennent estre meilleurs que tous les autres peuples adjacents. (Doc. 1453. In : CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.3, c.1437-1464, 39). Et luy, de ce adverty, se retira par devers ledit grant maistre de France, lieutenant general ou pays de Languedoc et pays adjacens (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 242).

 

.

Adjacent à. "Situé auprès de" : Item, accordé est que le dit roy d'Angleterre et ses hoirs auront et tendront toutes les isles adjacens aus terres, pays et lieux avant nommez (Traité Brétigny D., 1360, 274).

 

.

Adjacent de. "Situé auprès de" : ...partie de leurs terres et heritaiges que lesd. supplians ont en icelles, sont près, contigues et adjacentes du lac et ayves de Grant Lieu (Actes Jean V Bret. B., t.2, 1409, 115). ...que, auprès et aujacente de l'eglise parrochial d'icelui lieu de Ste Croez, ait une place... (Actes Jean V Bret. B., t.2, 1410, 133). ...en certaine place près et aujaczant de nostre cohue de nostred. ville de Vennes (Actes Jean V Bret. B., t.2, 1416, 207). ...un herbregement o ses fons et appartenances, nommé le Boais Benaist, avec une loayeree de boais a ses appartenances, estante des appandances de la forest de Touffou, et adjacent dud. herbregement (Actes Jean V Bret. B., t.2, 1418, 237).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Edmonde Papin

 Article 9/48 
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     AGIO     
*FEW XXIV adjacens *FEW XXIV adjectum
AGIO, subst. masc.
[*FEW XXIV, 155a : adjacens]

"Ajout, supplément (?) ; grand récipient (?)" : Item pour cuisine, se c'est vers l'iver, deux cens charetees de charbon, trois mil de petis fagos de vasche que on dit coterés, vingt douze agios de grans potz de terre à potaigier et cuir, char [l. cuir char ?], six grans chaudieres de dix douzaines de payelles grandes, moyennes et petites (CHR. PIZ., Fais armes cheval., 1410, 54 v°). [Seul ex.]

REM. Faut-il rattacher à FEW XXIV, 159a : adjectum "ajout" ou à FEW XXIV, 145b : adjacens (cf. aise au sens de "récipient") ? Cf. aussi ds TLF II, 142b-144a, les discussions étymol. sous agio1, agio2, agio3.
 

DMF 2020 - Synthèse Martine Moulin

 Article 10/48 
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     AISE     
FEW XXIV adjacens
AISE, subst. et adj.
[T-L : aise ; GD : aise ; GDC : aise ; AND : eise ; DÉCT : aise ; FEW XXIV, 143b : adjacens ; TLF : II, 393a : aise]

I. -

Subst.

A. -

"État de satisfaction plus ou moins intense vécu par un sujet"

 

1.

"Bien-être physique et moral" : ...om congnoist le bien par le mal Et la douçour qu'on appelle aise Par la durté d'avoir mesaise (DESCH., M.M., c.1385-1403, 320). Le corps avez fait trop aisier, Sy est raison qu'il ait mesaise ; Car nulz ne puet du tout son aise En ce monde et en l'autre avoir, Ce nous font nos docteurs savoir. (Mir. ste Genev. S., c.1410-1420, 104). ...ung gentilhomme de ce royaume voulut savoir et esprouver l'aise qu'on a en mariage (C.N.N., c.1456-1467, 197).

 

-

[Affiché de façon provocante] : ...[les seigneurs gascons venus présenter leurs réclamations à Paris et n'obtenant jamais une réponse toujours retardée] maudisoient l'orgoel de France et l'aise et le sejour ou li rois et si consilleur estoient (FROISS., Chron. D., p.1400, 622).

 

2.

"Confort, absence de gêne" : Mestier d'armes (...) Plus perilleux est (...) Il n'y a aise ne repos (DESCH., M.M., c.1385-1403, 79). Je doubte que au jour d'uy plusieurs en y a qui se donnent plus grant paine d'estre vestus pompeusement ou superfluement, ou de avoir leur aise que de avoir vaillance de courage (JUV. URS., Verba, 1452, 246). Et puent [l. puet] plus enforcer le couraige d'un preudhomme par paine que par aise (BUEIL, I, 1461-1466, 74).

 

3.

"Contentement, plaisir" : ...car certes je ne porroie avoir joie ne aise tant comme je vous sentisse a meschief (MACH., Voir, 1364, XXVI). L'aise que j'ay dire je ne sauroye, Quant Souvenir et vous me racontés Les tresdoulx fais, plaisans et plains de joye De ma Dame (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 58). Serviteur plus de vous, Merancolie, Je ne seray, car trop fort y traveille ; Raison le veult, et ainsi me conseille Que le face, pour l'aise de ma vie. (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 445). ...madicte dame de Nerbonne, qui estoit fort grosse, qui, pour son aise avoir, avecques sondit mary et jusques au nombre de huit souperent en une chambre basse dudit hostel ou logis de Jehan de Roye (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 68). Puis demourerent le roy Amydas et son filz le Regent en grans aises, en grans plaisirs et en grans delices, le royaume bien uny et en grant justice. Et, pour ce que aise ne se peult souffrir, il y eust quelque filz de bonne mere qui dist au Jouvencel, pensant mettre quelque grant brouilliz et quelque grant debat entre le roy Amydas et lui, et lui remonstra comment il estoit trompé (BUEIL, II, 1461-1466, 252).

 

-

"Bien-être d'ordre spirituel" : Et lez tourmens ly monsteras Qu'aront ceulx qui seront dampnez, Et lez grans aises dez sauvez (Mir. ste Genev. S., c.1410-1420, 89). Frere, il n'est main qui peust escripre, Cuer d'omme ne pourroit pensser, Oreille oïr, langue parler, Les grans aises ou ceulz seront Qui Dieu de bon cuer ameront Sur toutes choses sans faintise. (Mart. st Pierre st Paul R., c.1430-1440, 146).

 

-

Faire son aise. "Faire ce qui fait plaisir" : Monlt en eust le cuer esmeü Courecié, tristre et a malaise Qu'elle n'ose faire son aise De ce que Nature clamoit. (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 9).

 

-

Aise charnelle. "Plaisir charnel" : S'il se conjoinct a Venus, il signifie la loy des Sarrasins, qui est toute d'aise charnelle et de toute luxure. (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 233).

 

.

[P. personnif.] : Aise, Delit, tant com pouoient, Soufflés et charbon apportoient (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 259).

 

Rem. GD I, 196c cite le passage d'après LA CURNE et lit ayse de lit "plaisir de l'amour", d'où FEW 24, 144b

 

4.

Avoir aise de (faire qqc.). "Avoir l'occasion de faire qqc." : Ils se desduënt et solacent a grant joye, sans contredit a leur voulenté, si come jeunes gens seulent faire quant ilz en ont lieu et aise. Que vous yroie je contant ? Ilz orent la meilleur nuit que ja mais jeunes gens puissent avoir, et bien voulsissent que la nuit leur eust duré un an ; mais ce ne puet estre. (Chev. papegau H., c.1400-1500, 43).

 

5.

[Avec une idée nég.]

 

a)

"Relâchement, inactivité, mollesse (obstacles aux valeurs viriles et guerrières)" : ...tous les anciens escrips, Qui des bons ont esté escrips, Dient que les bons point n'estoient Delicatifs, ainçois hantoient Rudes viandes et durs lis, N'il ne leur chaloit des delis D'aise de corps, en nul endroit (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 33). ...est escript es fais des Rommains que, quant ceulz de Romme orent deliberé que Cartage seroit destruitte du tout, pour ce que trop estoit la condicion des Cartagiens rebelle, Scipio Basiqua, qui lors estoit consule, contresta tant comme il pot que elle ne fust destruitte, mais que on la laissast pour l'excercitement des Romains, affin que par aise ou par paresce ilz ne perdissent leur force et abilité, quant ne trouveroient à qui combatre. (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., I, 1404, 195). Et quant il fut gary de ses playes, il ne peut plus endurer l'aise, sy s'en vint au bon homme et lui dist : "Beau pere, vous m'avez fait tant de biens que par vostre bonne ayde je me treuve en bonne santé..." (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 239).

 

b)

"Confort, luxe, plaisirs, vie facile (obstacles aux valeurs morales, religieuses)" : Comme il soit voir nature humaine, pour cause de sensualité, estre encline à pluseurs vices, tous tendens au delit et aise du corps, lesquelles choses ne procurent mie les proprietez de l'ame intellettive (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., I, 1404, 22). Toutes les choses dessus dictes, ou les semblables, sont les mets que temptacion administre a toute creature vivant en aise et delices. (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 14). Et croy, mais qu'il ne vous desplaise, Que l'onneur n'est ne ne tient compte De nul home qui quiere l'aise, Et fust cent fois roy, duc ou conte. (CHART., D. Her., p.1415, 424). O ! vous mondains qui naturelment desirez souverain bien, et qui tant vous penez à avoir aise, repos et parfaite felicité, certes en vain vous travailliez, dont vous ressemblez à l'omme yvre qui toute jour quiert et trace et retourner ne scet à son droit lieu, quant vous la querrez en cestui monde où elle n'est mie. (CHR. PIZ., P.V.H., 1416-1418, 43).

 

6.

Loc.

 

a)

Avoir/faire aise

 

-

Avoir aise de qqc. "Profiter de qqc." : ...[les Ecossais abattent leur bétail avant de lever le camp] afin que les Englois n'en euissent aise. (FROISS., Chron. D., p.1400, 150).

 

-

Faire aise à qqn. "Procurer ses aises à qqn" : Sa, mon seigneur, vezci nostre hoste Qui nous fera aise (Mir. marq. Gaudine, 1350, 154).

 

-

Faire son aise. "Satisfaire un besoin corporel (uriner)" : Le luiton, dist une autre moult vielle, quant j'estoie a marier, me suivoit de nuit ou que j'aloye et grant paour me faisoit. Une nostre voisine me dist : "Porte du pain avec toy, et quant volenté te prent de pissier, fay ton aise et toudis mengue de ton pain ; s'il te voit ce faire, jamais plus ne te suivera". (Ev. Quen., II, c.1466-1474, 142).

 

b)

Verbe + à son aise/à l'aise de qqn

 

-

Estre à son aise

 

.

"Être content, être dans une situation agréable" : Si n'i sont du tout a leur aise, Mais, quoyqu'ilz y ayent mesaise, Tant leur agree et plaist la place... (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 4). Quel besoing est, quant on est a son aise, De se bouter en soussy et meschief ! (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 440). ...et se la contesse fu joieuse de la compaignie de son seigneur, il fault dire que sy fut le conte, cuidant avoir trouvé sy precieuse dame comme fille de roy et a la verité il la trouva tant entiere tendre, fresche etc. qu'il ne fu jamais mieulx a son aise ne plus joieux (Comte Artois, c.1453-1467, 133). Or dy, Jhesus, dy ; veulx tu rien ? Tu est [l. es] maintenant a ton aise ? Non es pas ? (Pass. Auv., 1477, 211).

 

.

"Être libre" : ...s'il advient que aucun entreprenant soit surprins et mys en prison, il s'advise mainteffoiz de plusieurs choses, dont il ne s'adviseroit point, s'il estoit à son aise. (BUEIL, I, 1461-1466, 70).

 

-

Estre + part. passé + à son aise. "(Être + part. passé) de façon à être satisfait" : Ja ne quier estre departie De vous, dame (...) Tant que vous soiez relevée Tout a vostre aise. (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 220). Dedens la ville [de Caen] estoient logiet li connestables de France, li contes de Tanqarville et plus de .CC. chevaliers, tout au large et à leur aise (FROISS., Chron. D., p.1400, 688).

 

-

Estre à/en aise. "Être heureux, satisfait" : ...se je savoie En quel point ma besongne va Du dyable qui m'atent la, Mon cuer seroit a plus grant aise. (Mir. enf. diable, c.1339, 37). Ainssi parloient tres bonnement De leur amour li vrai ament Et en si tres grant aise sont Que a painne sevent qu'il font (Dame Lycorne G., c.1349-1350, 370). Quant commanceray a voler, Et sur elles me sentiray, En si grant aise je seray Que j'ay doubte de m'essorer. (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 331).

 

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(Estre) à/en mal aise : Se Dieu plaist, n'arez se bien non ; N'en soiez de rien a mal aise, Dame (Mir. abbeesse, 1340, 76). Et se ce ne fust la pensée et le souvenir que j'ai de vous, je fusse trop a mal aise (MACH., Voir, 1364, XXIX). Je vous voy assez a mal aise Du mal que vostre frére porte, Et ce forment vous desconforte Que nul ne li scet procurer Chose dont il le puist curer Ne qui sa maladie sanne. (Mir. emper. Romme, 1369, 298). Pour certain, a tort me blasmez, Car je ne suy plus en mal aise Que de vir mes corps diffamez Par vostre volenté mauvaise (MARTIN LE FRANC, Champion dames D., t.2, 195).

 

-

[D'une chose] Estre à l'aise de qqn. "Être à la convenance de qqn" : Tout nostre affaire Reviendré en bien. Dieu de bon haire - ne fist onc rien Que ne fut sien Et a son ayse ; Pour ce je tien - que tout luy plaise. (Pass. Auv., 1477, 242).

 

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(Faire qqc.) à (son) aise

 

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"Avec plaisir, en appréciant ce qu'on fait" : Et lors appresta le roy son erre, et entra en mer a belle compaignie, et tant erra qu'il arriva la nuit de devant la sourveille Saint Jehan ou chastel de l'Espervier, et fist tendre un bel paveillon devant, et souppa tout a son aise, et puis se ala couchier, et dormy jusqu'au lendemain, souleil levant (ARRAS, c.1392-1393, 302). Qant messires Jehans de Hainnau eut dormi et reposé tout à son aise (...), il se leva et apparilla (FROISS., Chron. D., p.1400, 63). Quand ils eurent mengié et beu à lor aise (...) il se traissent sus les camps (FROISS., Chron. D., p.1400, 718). "...Et faudra qu'il soit nuyt, avant que nous approuchions d'eulx plus près de demye lieue, adfin que les fourragiers ne nous sentent venir." Ainsi repeurent le Jouvencel et ses gens tout à leur aise ; et, quant ilz eurent repeu, lors se mirent à chemin, ainsi qu'ilz avoient ordonné (BUEIL, I, 1461-1466, 106).

 

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"Sans avoir à se retenir" : Vroy est que a fine force retenoit dedens son povre estomac la grant bataille que il avoit de souspirs et de plains ; et encores cela luy sembloit nyent ad ce qu'il avoit entencion de faire quant il se trouveroit seulet en sa chambre, car la vouloit il faire a son aise ses plains et ses lamentations pour bien desembraser son povre cueur, lequel estoit tout enflammé. (BEAUVAU, Troyle B., c.1455, 616).

 

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"À son gré, à sa convenance, librement" : Damoiselle, ne vous desplaise, Se je vous resgarde a mon aise, Car pas ne vous hé si forment Com je vous regart laidement (MACH., J. R. Nav., 1349, 244). Dame, avant ! (...) Tristan, vueilles la soustenir, Et la laisse a son aise aler. (Mir. enf. ress., 1353, 39). [Le connétable de Castille permet aux blessés ennemis d']entrer ens es citez et bonnes villes de Castille pour y demourer à leur aise, tant comme ilz soient garis et raffresquis (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 115). Lors dist Jossellins : Or vous alez donques armer et vous mettez en tel estat que nul ne vous puist congnoistre, et nous vous actendrons au dehors de la ville, et si vous menrons en tel lieu ou vous vous pourrez bien vengier a vostre aise. Et il si fist, et retourna par devers eulx. (ARRAS, c.1392-1393, 57). ...et avoient li Flamenc fait un pont sus l'Escaut (...) pour aler et venir sus a leur aise et chariier sans peril (FROISS., Chron. D., p.1400, 417). [Les Anglais ont fait quatre cent prisonniers] et en recrurent courtoisement les auquns sus lors fois, qui depuis paiièrent [leur rançon] à lor aise, car en tels coses Englois ont esté moult courtois. (FROISS., Chron. D., p.1400, 768). Et, pour ce que vous estes demouré sur foy et sur equité, je vous asseure ; et allez veoir mes gens tout à vostre aise et vostre bon plaisir ; car tous ceulx que voyez là sont à moy, mes parens et serviteurs. (BUEIL, II, 1461-1466, 240). Josep n'y a point fait d'abus, Car le corps [de Jésus] il a demandé A Pilate, qu'a ordené Qu'il l'ensevelit a son aise (Pass. Auv., 1477, 268).

 

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"Facilement" : Mais ceulx qui la doleur n'aqueult Si en parlent bien a leur aise. (CHART., D. Rev., a.1424, 308). Ung pas est mauvais et estroit tousjours ; et n'en peult-on pas bien saillir à son aise, quant les ennemyz viennent charger dedans ce pas. (BUEIL, II, 1461-1466, 245).

 

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[D'une chose] : ...affin qu'elles [pièces d'or] puissent entrer a aise par l'enche ou goullete de ladicte anmolle [espèce de bain-marie] dessusdicte (CHIQUART, Cuis. S., 1420, 188).

 

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(Faire qqc.) à l'aise de qqn. "À la convenance de qqn" : [Des envoyés du roi de France, dans l'impossibilité d'accéder à la ville de Calais viennent demander la bataille au roi d'Angleterre qui refuse de donner cet avantage à son adversaire] ...ne sui pas consilliés dou tout faire a sa devise ne a se aise (FROISS., Chron. D., p.1400, 831). LUCIFER. Je veul doncques sans espargnier Le gecter en la grant fornaise, Et le tourmentez a vostre aise. (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 63).

 

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(Faire qqc.) à l'aise de son corps. "En garantissant le bien-être, la sécurité de son corps" : Mais pour ce n'est ce mie que je veuille que vous venés vers moi, se n'est a l'aise et santé de vostre corps ; ainçois vous pri, sur l'amour que vous avez en mi, que vous ne vous metés en chemin de venir jusques a tant que li chemins soit plus seurs, et aussi que vous soiés en milleur santé (MACH., Voir, 1364, V). ...vous prie je que vous ne vous mettés point en chemin de venir se ce n'est a l'aise de vostre corps, car les chemins ne sont pas bien segur, et je n'aroie jamais bien ne joie se vous vous metiés en chemin et vous aviés mal (MACH., Voir, 1364, 11).

 

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Chevaucher à l'aise de son cheval. "Chevaucher en respectant le rythme du cheval" : ...nous chevaulchions bellement, à l'aise des chevaux (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 5).

 

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(Faire qqc.) à bel aise. "Librement" : Et s'il fait chose quil ne plaise, Parlons a luy tout a bel aise, Ainsi qu'on doit et a la lettre (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 389).

 

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Se mettre à son aise. "S'installer commodément" : "Il me couvient mectre a mon aise". Lors se veint seoir sur une moute. (CHART., D. Her., p.1415, 432).

 

7.

Prov.

 

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Aise fait le larron. "Le fait d'avoir été gâté matériellement peut faire de vous un larron, quand l'argent vient à manquer" : Enfant mal enseignié Et trop nourry a l'aise Despent ce qu'est gaignié Par conduite mauvaise. Quant povreté le baise, Adieu le compaignon ; Souffrir ne puet mesaise : Aise fait le larron. (Prov. rimes F.M., c.1485-1490, 60).

 

-

Aise fait l'homme estre festart : S'elle [la nature humaine] treuve qui la dodine, Elle chome du jour la plus part. Ayse fait l'homme estre festart. (GAGUIN, Passe temps oisiv. T., 1489, 371).

 

-

Il n'est si fort qu'aise ne gagne. "Il est très difficile de résister au confort, au bien-être" : Hanibal, se bien m'en souvient, Congneut jadis dont tel mal sourt Quant a Capuë, comme lourt, Print ses plaisirs oultre l'enseigne. Il n'est si fort qu'aise ne gaigne. (GAGUIN, Passe temps oisiv. T., 1489, 372).

 

-

Il n'est tresor que de vivre à l'aise : Boire ypocras a jour et a nuytee, Rire, jouer, mignonner et baisier, Et nud a nud pour mieulx des corps s'aisier, Les vy tous deux par ung trou de mortaise. Lors je congneuz que, pour dueil appaisier, Il n'est tresor que de vivre a son aise. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 117).

B. -

P. méton. gén. au plur.

 

1.

"Les agréments de la vie en général, bien-être" : ...et de ce faire est l'en paresceux et negligent, et l'en n'est mie paresceux de querir son plaisir et ses aises. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 29). O tresredoutable et perilleuse acoustumance de voluptez et d'aises (CHART., Q. inv., 1422, 14). Puis demourerent le roy Amydas et son filz le Regent en grans aises, en grans plaisirs et en grans delices, le royaume bien uny et en grant justice. (BUEIL, II, 1461-1466, 252). Il avoit jà accoustumé ses aises et ses plaisirs douze ou treize ans plus que prince qui ayt vescu de son temps, car nulle autre chose il n'avoit en pensée que aux dames, et trop plus que de raison, et aux chasses et à bien traicter sa personne. (COMM., I, 1489-1491, 202). Aussi le roy avoit bonne congnoissance de la personne du roy d'Angleterre, lequel aymoit fort ses plaisirs et ses aises. (COMM., II, 1489-1491, 48).

 

-

"Avantages matériels" : ...mes mains, qui ont porté le faiz dont les autres recueillent les aises en habondance (CHART., Q. inv., 1422, 21).

 

2.

"Éléments de confort qui procurent le bien-être" : Seigneurs, en loing pais [l. païs] vous main : Toutes noz aises pas n'arons (Mir. roy Thierry, c.1374, 328). Il nous fault le jone Edouwart couronner et faire roi, et mettre dalés li honmes de sens et de vaillance, par quoi il soit espers et resvilliés, car nous n'avons que faire d'un roi endormit ne pesant, qui trop demande ses aises et ses deduis. (FROISS., Chron. D., p.1400, 94). ...il se traist a ostel et se ordonna la a demorer dou disner et dou souper, pour lui rafresqir et ses gens, et faire refierer ses cevaus, et pour partir a l'endemain. On li sousfri a prendre toutes ses aises. (FROISS., Chron. D., p.1400, 755). ...telz en y a qui tant aiment les aises de leurs maisons (CHART., Q. inv., 1422, 57). Et poulx et pusses et punaises Perdre me font toutes mes aises. (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 150).

 

-

Les aises du corps. "Les plaisirs des sens" : Mais ilz estoient là mys et ordonnés pour apprendre le mestier de la guerre et pour eulx endurcir au travail ; car on ne puet mieulx apprendre le stille d'aucun mestier que de le frequenter souvent et fuyr les aises du corps, comme trop boire, trop mengier et trop dormir, et plusieurs autres delices charneulx, qui obfusquent et empeschent tout entendement de prouffiter à apprendre et retenir ce à quoy on est adonné, soit en operation pratique ou en science speculative. (BUEIL, I, 1461-1466, 26).

 

3.

"Opulence"

 

-

Estre en (grand) aise. "Être dans l'opulence" : Mes chieres seurs, or regardez la grant griefté et misere ou nostre pere a mis nous et nostre mere, qui eussiemes esté en si grant aise et en si grant honnour. (ARRAS, c.1392-1393, 11).

 

-

Estre à ses aises. "Être dans l'opulence" : Et, quant le Jouvencel eut fait son butin et ses hommes et ses chevaulx bien reposez, le sejour lui ennuya et dist à lui-meismes et puis à ses compaignons : "Pourtant se Dieu nous a donné de bonnes et grandes fortunes et que nous soyons bien à nos aises et que nous ayons gaigné de l'argent, si n'est-ce pas pourtant pour nous reposer..." (BUEIL, I, 1461-1466, 149).

C. -

["Ustensile de cuisine : chaudière, chaudron ?"] : ...et, selon la quantité dudit boullon, si prennés l'ayse - c'est assavoir, chaudiere belle et necte, ou olle - pour le boullir et, selon la quantité du boullon, si mectés du succre bullir dedans (CHIQUART, Cuis. S., 1420, 137). Et prennés ladicte char des espalles et cuisses et aschés tresbien menuz et, estre bien aschez, si la mectés en cornue ou aise belle et necte (CHIQUART, Cuis. S., 1420, 186).

 

Rem. V. aisement. Cf. FEW XXIV, 145b, et Gloss. patois Suisse rom. I, 230b (ex. de 1372-1473).

II. -

Adj.

A. -

"Tranquille, en repos" : Jamais jour tu ne seras aise : Les plaintes vers toy en venrront (DESCH., M.M., c.1385-1403, 70). Mais, avant qu'il fust mynuyt, les chevaulx commencèrent les premiers, et puis les gens ; et se tint-l'on bien aise. (COMM., III, 1495-1498, 170).

 

-

Paix et aise. "Tout à fait tranquille" : Si leur servent d'un autre office, car aucunes foiz quant on fait la lessive a l'ostel, et la maistresse qui en sera bien enbesoignee cuidera que sa chamberiere soit a la riviere pour laver sa lexive, elle est aux estuves paix et aise (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 210). Et a ce malostru changon, Moutonnier, qui le tient en procés, Laisse troys coups d'un escourgon Et coucher paix et aise es ceps. (VILLON, Lais T., c.1456-1457, 19).

B. -

"Content, satisfait" : Mieulx vault estre en tort cras et aise Qu'en droit chétif et à malaise. (JACQUES BRUYANT, Voie pauvreté richesse P., 1342, 7). N'il ne doubtassent nul preudomme, Prince, roy, ne pape de Romme, D'estre bien aise, a pance pleinne, VIII. jours ou IX. en la semainne. (MACH., D. Lyon, 1342, 203). Alez, doulce amie, alez la ; Soiez tout aise. (Mir. st J. Cris., c.1344, 286). Nous y serons privéement Et a vostre conmandement Aise en touz cas. (Mir. st Guill., c.1347, 10). S'il ont merci, il sont moult aise (MACH., D. Aler., a.1349, 338). Treschiére dame, or soiez aise Et s'obliez vostre doleur (Mir. marq. Gaudine, 1350, 169). E ! mes amis, je suis bien aise, Voire, et bien liez quant je vous voy. (Mir. Clov., c.1381, 214). En la compaignie desquelz [jacobins] il qui parle fu environ IIJ jours, beut et menga avecques eulx, et fu bien aise. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 5). ...madame Antoine de Turene (...) ne vivoit pas aise loings de la presence de son seigneur (Bouciquaut L., 1406-1409, 205). Quant en France paix aviez, Clergié, moult aysë estiez, Car parmy ses beaulx monstiers Vous alliez, Et disiez Voz psaultiers, Sagement vous conteniez. (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 73). Quand maistre cordelier (...) entendit la venue de sa dame, pensez qu'il fut joyeux et bien aise (C.N.N., c.1456-1467, 261). L'on peut penser quelle discension il y avoit entre les nobles et comme le commun estoit aise et bien traictié de telz seigneurs. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 149 r°).

 

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Prov.

 

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Mieux vaut estre en tort gras et aise Qu'en droit chetif et à malaise : Mieulx vault estre en tort cras et aise Qu'en droit chétif et à malaise. (JACQUES BRUYANT, Voie pauvreté richesse P., 1342, 7).

 

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Ventre saoul n'est aise s'il ne dort : Gloutonnie laisse toute haulteur Et seulement a soy paistre s'amort, Et ventre saoul n'est ayse s'il ne dort, Car d'autre bien ne songe, pense ou traitte (CHART., B. Nobles, c.1424, 407).

 

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Il n'est vie sinon d'estre aise : Il n'est vie se non d'estre aise. (MIÉLOT, Prov. U., 1456, 195).

C. -

"Vivant dans le confort et le luxe" : Plus ara esté tendre et aise, Plus sera pourrie et punaise (DESCH., M.M., c.1385-1403, 193). Et quelz comptes voulez vous que je oye doncques, quant vous et moy nous sommes tout aise, et que mes forteresces sont bien retenues, et toutes mes besoingnes en bon point, et que vous me baillez de l'argent quant j'en demande, et en donnez ou je vous command, et me faictes finance de ce que je vueil avoir ? (ARRAS, c.1392-1393, 295). Quant ces seigneurs la aise et gras Sont plains de vins et d'ypocras, De qui est ce qu'adont leurs comptes Ne tenissent ? (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 63). De ceulx viennent (...) les plaintes qui sont plus fourniz et plus aises que nous ne sommes (CHART., Q. inv., 1422, 29).

D. -

Loc.

 

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Estre bien aise de qqc. "Être heureux de qqc." : ...les Mareschaulx (...) manderent querir le cappitaine de Crathor et lui dirent qu'il fit venir le Jouvencel et les cappitaines et gens de bien de la frontière, qui estoient à la ville, et que le conte de Parvanchières voulloit parler à eulx. Et aucunement en toucherent audit cappitaine de Crathor touchant celle charge qu'il vouloit bailler au Jouvencel ; et lui donna charge de lui en parler, dont le cappitaine fut bien aise ; car il le aymoit comme son enfant. Et fit la charge bien et voulentiers. (BUEIL, II, 1461-1466, 4).

 

-

Estre bien aise de + inf. : : ...il n'avoit point d'ayde du Mareschal ne de Gervaise, pour ce que leurs gens s'estoient mys au pillaige et estoient bien aises de gaignier et de prendre partout ça et là sans debat et sans coup ferir. (BUEIL, I, 1461-1466, 109).

 

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Estre bien aise (dans un lieu). "Être bien installé" : Et pour ce, s'ilz sont bien aise là où ilz sont, si se y tiennent. Et, au regart de nous, nous sommes bien logez et bien forniz de tout quanqu'il nous fault. (BUEIL, I, 1461-1466, 211).

 

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Tenir/faire qqn aise

 

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"Assurer le bien-être de qqn, traiter généreusement qqn" : Et pour ce suiz je venuz par devers vous pour vous prier qu'il vous plaise a faire a monseigneur et a moy tant d'onneur qu'il vous plaise a venir logier en vostre forteresse, et admener tant de gens qu'il vous plaira, car, monseigneur, par ma foy, il y a assez de quoy vous tenir bien aise, Dieu mercy ; et sachiez que moy et ma mesnie vous recevront tres voulentiers et liement, comme nous le devons faire au filz de nostre droit seigneur naturel. (ARRAS, c.1392-1393, 208). Dames, faites lui tantost mettre La table et le tenez tout aise, Car il n'est rien qui tant me plaise Qu'oÿr de mon frere nouvelles. (Gris., 1395, 77). Et le roy hongrois appellat Beatris sa fille et luy dist qu'elle menast Ythiers en sa chambre et le fesist bien aise. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 4). ...le duch...lor fist tres bonne chiere et les tint I jour tout aise dalés li (FROISS., Chron. D., p.1400, 264). ...[la reine d'Angleterre, après avoir obtenu la grâce des six bourgeois de Calais] les fist revestir et donner a diner et tenir tout aise (FROISS., Chron. D., p.1400, 849). Vous ne dictes riens, ma dame, ne vous autres soctes, de la bonne chiere de damp Abbés et comment il nous a festoïes et tenues aises de bons vins (LA SALE, J.S., 1456, 251). Le séneschal, le lendemain, fut festoyé de messire Adolf de Clèves, et grandement tenu ayse (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 356). Mais tant y avoit que Jehan de Paris tenoit le roy le plus aize que oncques en son vivant eut esté. (Jehan de Paris W., 1494-1495, 38).

 

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"S'employer à satisfaire qqn" : Sy chevaucha tout ce jour sans trouver aventure, fors tant qu'a heure de nonne il menga chiés ung ancien chevalier qu'il trouva dormant sus le rieu de une fontaine, qui le tint bien aise et lui enseigna son chemin au mieulx qu'il peut. (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 21).

 

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Se tenir aise. "Prendre soin de soi, de son confort" : Adieu, dame, sanz plus de plait. Pensez de vous tenir toute ayse ; Je revenray (...) Avant que relevez, ce croy. (Mir. enf. ress., 1353, 27).

III. -

Empl. adv.

A. -

Aise

 

1.

"Facilement" : Car desormais commence peinne, Mais c'est peinne qui joie mainne, Pour moy deduire et deporter. Se la porray aise porter. (MACH., D. Aler., a.1349, 275). Si nous seïsmes, ce me semble, Pour plus aise parler ensemble (MACH., Voir, 1364, 437). Car il n'estoit mie a ses fres, S'en porte plus aise le fes. (FROISS., Pris. am. F., 1372-1373, 83). Et la fist on tout honme seoir sus escamiaus pour casqun veoir le roi plus aise, liquels estoit assis en pontificalité, en draps roiiaus, et la couronne en chief, tenant un septre roial en sa main. (FROISS., Chron. D., p.1400, 231). ...li rois Phelippes (...) [arrivé à Lyon] vint tout contreval la riviere dou Rosne en une nef en Avignon, pour ceminer plus aise (FROISS., Chron. D., p.1400, 241). Si encontra ung ost de leur gens qui retournoient et lui dirent que les Persans tiroient si druement les sagettes qu'ilz tolloient la veue du soleil. Cellui bon capitaine qui vit bien qu'ilz avoient paour respondit hardiement vous me dites nouvelles car nous nous combaterons plus aise en l'ombre. (CHR. PIZ., Corps policie L., 1406-1407, 132). MARCUS ANTHONÏUS [un des soldats qui gardent le corps du Christ]. Je ne sçay, du fait des debaz, Qui aroit la part plus mauvaise, Mais ilz [ceux qui viendraient voler le corps] ne l'aront pas bien aise Qu'il n'y ait ung bel espouris. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 369).

 

-

Prov.

 

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Celui-là nage bien à qui on tient le menton : Et chuis noe bien aise, on le m'a dit pièce a, Cui on tient le menton (Baud. Sebourc B., t.2, c.1350, 352).

 

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Bien aise plaidoye qui parle sans partie : J'ay entrepris a l'ayde de Dieu prouver et demonstrer, comme advocat et ploidoyeur contre erreurs et vices, et comme estant en la chayere de verité crestienne, que Ceulz yci sont bieneureux Qui les cuers ont doloreux. Mais tantost par aventure on me dira le proverbe commun : "Bien aise plaidoye qui parle sans partie !", car il semble que nulz ne parle ou doye parler contre moy. (GERS., Déf., 1400, 221).

 

2.

"Confortablement, agréablement" : ...bien serez hebergiez. Entrez ens et aise couchiez Et sans riote. (Mir. marq. Gaudine, 1350, 154). Mais que nous arons beu, je vueil, Godeffroy, que couchier le maines, Et que de li couvrir te paines, Si qu'il dorme aise. (Mir. fille roy Hongrie, c.1371, 51). ...car il sejournerent mout ayse et en une bonne chité qui siet en trop bon pays et trop gras (FROISS., Chron. [Amiens], D., t.1, c.1375-1400, 53). Il ne me chault ne de chien ne d'oyseau ; Quant tout est fait, il fault passer sa vie Le plus aise qu'on peut, en chiere lie. (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 490).

 

3.

"Avec sérénité" : Par foy, dist le roy, j'en loue Jhesucrist quant il lui plaist que j'aye tant d'onneur devant ma mort que de faire chevalier si hault et si vaillant prince. Sachiez que j'en mourray plus aise. (ARRAS, c.1392-1393, 116). [Le roi d'Ecosse Robert Bruce n'a jamais pu accomplir son voeu d'aller en croisade à Jérusalem. À l'article de la mort, il demande à l'un de ses chevaliers d'y porter son coeur :] (...) qant vous le m'averés acordé, j'en morrai plus aise. (FROISS., Chron. D., p.1400, 165). Nous avons veu aucuns philosophes et congneu que, affin que mieulx et plus aise peussent enclorre par dedens eulx leurs cogitacions espirituelles, qu'ilz se tyroient et esracheoient les yeulx de leurs testes. (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 105).

B. -

À aise

 

-

"Confortablement" : Et la Dame aux Cheveux Blons s'en entra en sa chambre, et deux de ses pucelles aussi, qui l'ont couchee aux mieulx qu'elles purent et au plus aise. (Chev. papegau H., c.1400-1500, 42).

 

-

"Facilement" : Or me couvient ce roy nomer, Qui est venus d'outre la mer, Car raisons est que je vous nomme Le nom de si vaillant preudomme ; Et pour ce le vous nommeray, Qu'assez plus à aise en rimeray. [Une lecture plus aise rendrait le vers octosyllabique] (MACH., P. Alex., p.1369, 43). Vuidiez, faites voie et espace Si que ma dame a aise passe. (Mir. emper. Romme, 1369, 245). Aussi doit il avoir un maillet pour fichier les chevilles ou les roiz s'astaichent, aussi un petit tour pour tirier les cordes, quar un homme les tirera mieulx a aise que ne feroient sis sanz tour. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 254).

 

-

[D'un aliment] Cuire/bouillir à aise. "Cuire/bouillir facilement, sans déborder" : ...et puis le mectés boullir en chaudiere ou en olles belles et nectes en quoy ilz puissent a aise boullir, et sy y mectés du sucre grant quantité selon le boullon que vous haurés. (CHIQUART, Cuis. S., 1420, 143). ...et puis les mectés cuire bien et adroit en oulle ou chaudiere en quoy elles puissent cuire a ayse, et sy mectés du sel. (CHIQUART, Cuis. S., 1420, 183).
 

DMF 2020 - Synthèse Pierre Cromer

 Article 11/48 
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     AISÉ     
FEW XXIV adjacens
AISÉ, adj.
[T-L : aisier (aisié) ; GDC : aisié ; AND : eisé ; FEW XXIV, 147b-148a : adjacens ; TLF : II, 395b : aisé]

A. -

[D'une pers.]

 

1.

(Estre) aisé

 

a)

"(Être) dans l'aisance" : Si preng en gré, puis qu'ainsi est, Qu'en fortune n'a point d'arrest. Soies en du tout rapaisie, Car, se tu n'ez a droit aisie, Ne d'abit richement paree, Ne seras tu ja separee De l'amour de Dieu, s'il lui plaist. (Gris., 1395, 87). Et ceulx qui trouvoient les moiens et les aidoient et favorisoient, et estoient tant aisés qu'ilz ne savoient que ilz avoient (JUV. URS., Aud. celi, 1435, 247). ...trois bourgois de la ville, riches, puissans et bien aisiez... (C.N.N., c.1456-1467, 373).

 

b)

"(Être) au calme, tranquille" : Je seray tousjours bien aisés Et hors de ces aultres perils De foles femmes (DESCH., M.M., c.1385-1403, 28).

 

2.

(Estre) aisé de qqc. "(Être) capable de, en avoir la possibilité" : LE SERGENT. (...) Garde bien qu'en nulle maniere Ta dame de ceens ne parte (...). LA DAME. Ja doubter ne vous en esteut, Tristan, n'en suis pas bien aisie. (Mir. enf. ress., 1353, 34). Sire chevalier, dist le seigneur, vous soiez le bien venu, et se je ne me lieve point a l'encontre de vous, ne vous desplaise, car je n'en suis point bien aisé. (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 43).

 

3.

(Estre) aisé de/pour + inf./inf. subst.

 

a)

"(Être) en mesure de" : [Le narrateur s'adresse à une femme :] Si vous voelliés humeliier Et ma dolour amoliier Par vostre grande courtoisie, Car vous estes moult bien aisie [= aisiée] De moi douner grasce et confort, Se venus je sui a bon port. (FROISS., Par. am., c.1361-1362, 76). Et quant un po suis rapaisiés Et d'a li parler plus aisiés, Je prins congié et me parti (MACH., Voir, 1364, 2000). Non pour quant en celle cointise N'i a outrage ne vantise, Car bien doivent chil avoir soing, Qui d'iauls conforter ont besoing, D'estre joli et envoisié, Quant il en sont dou faire aisié (FROISS., Pris. am. F., 1372-1373, 45). ...[les Navarrais, accablés d'impôts, se plaignent à leur roi] remonstrant la povreté du royaulme et comment la taille passée n'estoit pas encoires payée, et que pour Dieu il y voulsist remedier, car le pays n'estoit point aysiez de le faire. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 186). Et pour ce, dist Bruiant, que je ne me sens point bien aisé pour moy deffendre vous ay je lyé en ce point. (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 173). ...puis que vous, monseigneur de Loissellench, ne vous sentez aisié pour les acomplir [les armes] selon le contenu de vos lectres d'armes, lui, comme vostre juge seul et competent vous ordonne que vous acquictiez de voz quatre pris (LA SALE, J.S., 1456, 167).

 

-

"Avoir les commodités nécessaires pour" : ...laquelle defense a esté et est en leur grant préjudice et dommage, et du Commun de ladicte Ville ; mesmement que les menus menagiers de ladicte Ville, qui ne sont pas aisiés de cuire en leurs hostelz, y prenoient leur esconvenuë de pain, pour chascune septmaine, et leur estoit plus profitable icellui grant pain pour le ménage, que pain d'un denier et de maile (Ordonn. rois Fr. S., t.4, 1365, 593).

 

b)

"(Être) content de" : Or soyés sur vo garde que le pire n'ayés, Car trop est Gaudïon de vous mal fere aisiés. (Tristan Nant. S., c.1350, 157).

 

4.

(Estre) aisé à + inf. "(Être) facile à" : Gardes [France] y bien que tu feras, car tu es trop aisee a decever. (JUV. URS., Aud. celi, 1435, 223). ...il monte sur ce beau poirier (...) et s'i embuscha si bien qu'il n'estoit pas aisié a veoir. (C.N.N., c.1456-1467, 307). Et, quant le Roy entra en la salle et vit Crathor le herault et tant de gens environ luy, il dist à ung sien chambellain : "Certes Crathor apporte quelque nouvelle ; véez comment ces gens sont assemblez environ lui. Nous sommes si aisiez à esmouvoir de peu de chose ; quant il nous vient bonnes nouvelles, nous faisons si grant chière ; quant elles sont mauvaises, nous sommes si esbahiz." (BUEIL, II, 1461-1466, 135). Pour ce dit Seneque que le noble homme, de sa nature, est plus aysié a mener que a tirer, c'est a dire que le courage du noble homme se laisse persuader et fera plus et plus tost par doulce remoustrance qu'il ne fera par force ou par constrainte. (FILLASTRE, Traité Conseil H., c.1472-1473, 190).

B. -

[D'une chose]

 

1.

Aisé

 

a)

"Qui ne présente pas de difficultés" : L'autre chemin, a dextre, par ou je montay, est assez plus longs, mais il est beaucop plus aysié car il prent beaucop de tours (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 75).

 

-

[D'un arc] "Facile à bander, flexible" : Et doit l'archier querre les bestes tout seul a cheval, et se il les treuve, il doit tendre son arc, lequel doit estre plus fieble et plus eesié que celui de quoi l'en trait a pié [ou est-ce aesié ?]. (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 132).

 

b)

"Facile à faire (ou à supporter)" : Et vous princes (...) ravisés vous et vous retournés a la maison dont vous avés tout l'onneur et bien que vous avés. C'est une chose bien aisee quia res de facili revertitur ad suam naturam. (JUV. URS., Aud. celi, 1435, 261). ...si je peusse quelque pou sentir avant ma mort, ma fin en seroit plus aisée et plus legiere a passer (C.N.N., c.1456-1467, 348). Venir n'estoit pas tout aisay (Sots gard., a.1488, 101). ...et qu'il ne mettra point de siege s'il ne le treuve bien aisé (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 316).

 

-

[Du pardon] "Accordé facilement" : ...il sauveroit la vie avant l'an a cent honmes ou plus et la perdition des ames des aucuns, qui seroit grand euvre meritoire pour luy, car les ligiers et aisés perdons donnent occasion aux gens de y retourner et de faire piz que devant. (Traité politique C., c.1492-1493, 158).

 

c)

Chambres aisees. V. chambre "Lieux d'aisance" : ...Et il soit ainsi que pour faire icelles chambres aisies pour ladicte ville il conviengne mettre et asseoir oudit cornet dudit jardin dudit moulin (...) deux corbeaux de pierre (Rouen temps Jeanne d'Arc L., 1434, 276). Et ne pourra avoir en icelle place aisemens ou chambres aisiées. (Rouen temps Jeanne d'Arc L., 1434, 282). ...et de tous ceulx qui y estoient [dans le château] n'en eschappa que ung seul, lequel s'enferma dedens une chambre, et par ung tuyau des chambres aisées se laissa cheoir dedens les fossez et se saulva. (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 86).

 

2.

Aisé à/de/pour + inf.

 

a)

Aisé à + inf. "Facile à" : Se je veisse que par chevalereuses hardiesses de la guerre (...), les ennemis sentissent la perte et le dommaige, le mien en seroit plus aisié à soustenir (CHART., Q. inv., 1422, 23). ...il leur seroit grant honte de retourner, ad ce qu'ilz sont venus sy avant, et que il creoit fermement que le battement de ces portes ne estoit ja plus perilleux que le dangier de la vaynne du vent, ne le peril du pont, ne aussy la hideur des dragons, qui a esté tout sy aisié a passer. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 87). Ainsi le Roy n'eust eu à besongner que à celle part ; et, ceste part rompue, tout le surplus estoit rompu, qui aisée chose estoit à rompre ; car il failloit qu'ilz tournassent le doz ou ilz n'eussent point marché ; ce qu'ilz estoient contrains de faire. (BUEIL, II, 1461-1466, 235). ...et que, ce fait, toute sa puissance retourneroit sur les bras du duc, qui luy seroit mal aisé à soustenir (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 309). Et disoient les bons compaignons pour lors que les cordeliers, qui emporterent le corps de Mons. le connestable, eurent la teste copée, qui est ung broquart assés aisié à entendre. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 353).

 

b)

[D'un lieu] Aisé pour + inf. "Commode pour" : ...se d'aventure nous sommes repulsez, nous nous retirerons là à vous, et vous les garderés de rallier ; car vous tendrés la place où ilz sont acoustumé d'eulx assembler. Car communement gens de guerre se ralient au logis et au lieu du cappitaine. Et là où vous serez, c'est la plus large place et la plus aisée pour soy rallier et retraire ; et pour ceste cause s'i est logié leur chief et y ont mys leur estandart. (BUEIL, I, 1461-1466, 107).

 

c)

Il est aisé de + inf. "Il est facile de" : ...à faire diverses choses et à complaire aux seigneurs, il y a bien manière de y tenir le moyen ; et est plus aisé de desvoyer que de tenir le droit chemin ; et advient souvent que, par cuider complaire, on desplait. (BUEIL, I, 1461-1466, 48).

 

Rem. Dans l'ex. suiv., d'apparence adv., il faut lire aise : : Et disoit qu'il voulloit estre celluy qui porteroit la première nouvelle à ses ennemiz ; s'ilz estoient les plus foebles, ilz s'enfuiroient ; et, s'ilz estoient les plus fors, il les en desconfiroit plus aisé. (BUEIL, I, 1461-1466, 148).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 12/48 
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     AISÉE     
*FEW XXIV adjacens
AISEE, subst. fém.
[*FEW XXIV, 147b-148a : adjacens]

"Aise, commodité" : ...pur seurtée de la ville et pur esée et profit de ceux qi y sont demorantz, le Roi ne voet mye que le capitagn ne le mareschal demandent ne preignent desore nul fee de nul soudoier, burgeis ne autre homme illoeqes conversant, pur chose touchante la garde de la ville ne pur trespas, mes en tiex cas soient les trespassours punitz par leur corps (Hist. dr. munic. E., t.2, 1347, 358).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 13/48 
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     AISEMANCE     
FEW XXIV adjacens
AISEMANCE, subst. fém.
[GD : aisemance ; FEW XXIV, 147a : adjacens]

Région. (Picardie, Wallonie)

A. -

"Libre usage, libre disposition"

 

Rem. Doc. 1447 (Fosses, libertes, proprietes [l. libertés, proprietés], aisemenches, droictures) ds GD I, 196c.

 

-

Avoir ses aisemances : ...doyent avoir leurs aisemenches de nos heraines ["fosse de mine"] et des vies [l. viés] bures si avant que nos les poions donneir et qu'ilh en appartient a nos sens encombreir ne empechier ne faire tort a nos ovrirs de Molins (Doc. 1373. In : D. van Derveeghde, Le Moy. Âge 42, 1946, 80). [Il s'agit du droit accordé par l'abbaye du Val Saint-Lambert, d'aérer et d'éclairer un ouvrage, à l'aide d'une fosse voisine devenue inutilisable pour l'extraction de la houille] Item, XIIxx boniers ["mesure de terre"] de bos de raspe ["futaie"] esqueilz li homes de Rolliers ont leurs aisemenches. (Arch. Nord, c.1400, B 17473, f° 29, IGLF).

 

-

"Ce qui facilite qqc. (ici l'exploitation d'une mine)" : Item, qui donne terre por cheirbons ovreir, ilh doit livreir terre, se mestier est, devens le sien por faire fosseis, por cherier, por toutes assemmenches, tant que ons ovrait dedens sadit terre dont ilh at le teraige (STAVELOT, Chron. B., a.1447, 230).

 

-

"Effets, ustensiles" (GD), plutôt "commodités":

 

Rem. FROISS. (ms., vous voyes [l. voyés] toutes les aisemences de ceans. Vela mon lict et la hault gisent mes enfans) ds GD I, 197a.

B. -

[Dépendances]

 

1.

"Dépendances (d'un château)" : Adont vinrent vers le castel, qui pais n'astoit de pirez, de calheauz, de bois, de terre manovreis, mains si fait que vous oreis. Ilh astoit tres grans et tres fort ; IIII tours at et I dongnon ; les asemenchez at defors et dedens toutez doblez ; trois viviers qui encloient entour ; jardins y at mult dilicieux (JEAN D'OUTREM., Myr. histors B.B., t.4, a.1400, 52).

 

2.

"Terrains vagues autour d'une ville destinés à la pâture commune ; chemins, ponts et autres ouvrages publics" : ...les aisemences d'entour la ville (Comptes Mons P., t.1, 1330, 244). Item, des lis que ons appelle werischaps ou aisemenche de la citeit, disons et pronunchons que de tos cens et rentes et profis que cheaz de la citeit en common rechoivent al jour d'huy et que li sire et la citeit rechiveront le temps advenir en burse, sens male engien, de tous werischaps et aisemenches, soit de pons, de murs et de fosseis ou d'altre maniere de werischaps et d'aisemenches commons, dedens terre ou dehours, li sires ait d'hors en avant, por bien de paix, le motie, et cheaz de la citeit l'autre (JEAN D'OUTREM., Myr. histors B.B., t.6, a.1400, 467).

 

3.

"Lieux d'aisance" : Pierart Chesant, de Binch, avoit fait brisier les viés murs de ycelli ville au deriere de se maison et en ychiaus fait trou pour son aisemence. (Arch. Nord, 1388, B 10331, f° 17, IGLF). [Ou est-ce le sens A ?]

C. -

DR. "Taxe d'avouerie (droit perçu auprès des étrangers à la commune)" : Primirs dobvent les demorains es dites villes à jour Saint Remi por leurs aysemence d'afforaingnité unc viiez gros por IX deniers compteit de bonne monnoie [,] L s. bonne monnoie (Terre Jauche D., 1444, 170). [Autres ex. p.175 et 189]
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 14/48 
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     AISEMENT     
FEW XXIV adjacens
AISEMENT, subst. masc.
[T-L : aisement ; GD : aisement ; AND : eisement1 ; DÉCT : aaisement ; FEW XXIV, 146a : adjacens ; TLF : II, 397a : aisement]

A. -

Au propre [Gén. au plur.]

 

1.

"Dépendance d'une construction" : ...il disoit estre de l'appartenance de la Crote, portes, bondes, moulins, fours et pressouers, charioz, charrestes, charrues, forniaux à chaux, et autres nécessaires réparacions, eddeffices ou aisemens des dites choses, et plusieurs autres faiz et resons sans mere et sans monstrée. (Cartul. Laval B., t.2, 1377, 289).

 

2.

"Lieux d'aisance, cabinets" : ...ala querre le chevestre du cheval pour avaler ledit Odart tout mort aval dedens les aisemenz (Conf. Jug. Parlem. Paris L.L., 1336, 119). Cedit jour, le graphier a delivré XX libvres parisis à Michiel Salmon, marchant de merrien, pour les aysemens de Parlement refaire (BAYE, I, 1400-1410, 93). ...et en certaine alée, par laquelle l'en va de la maison dudit Me Guillaume aux aisemens qui sont en la court desdiz mariez (Sent. Chât. Paris M., II, 1407, 97). ...et par un treu qui est esdiz aisemens [il] s'estoit parti et laissié cheoir en un petit jardin (Chancell. Henri VI, L., t.1, 1424, 94). De Thomas Philippe, barbier, demourant au coing de la Vielz Pelleterie, pour une saillye yssant de sa maison et entrant soubs le pont Nostre Dame, où il a fait ung aisement servant à sadicte maison (Comptes Paris V.L.D., t.1, 1455-1456, 828). ...ledit suppliant ala en ladicte chambre, où il trouva deux moles à monnoye et appersceut bien que ledit maistre Loys s'estoit essayé gecter et faire de la monnoye en iceulx ; lesquelz moles qui estoient de verre ledit suppliant print, rompy et gecta ès aisemens dudit hostel (Doc. Poitou G., t.10, 1462, 403).

 

-

Chambre des aisements : ...le dessusdit chevalier s'accorda avec la chevalerie de Chippre et occist son seigneur, lui estant son chambellain es chambre des aisemens. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 228).

 

-

Aller aux aisements : ...ou costé de la maison ou siet la fosse, devers la court comme les prisonniers vont aux aesemens, a esté fait un pavement de pierre pour cause des dégous de ladicte maison qui entraient en terre et abbrevoient la fosse (Comptes Archev. Rouen J., 1412-1413, 80-81).

 

-

P. méton. Faire ses bas aisements. "Faire ses besoins" : ...il osta ledit ymage hors de la paroit et s'en couru en une maison la plus voisine de luy, où les gens faisoient leurs bas aisemens, puis au deshonneur de Jhesus Crist et de la vierge Marie, il jecta dedens la merde le dit saint ymage et en soy asseant dessus, par le trou de son derrière, il purga son ventre sur la peinture de la Vierge et, ce fait, il se party de là. (MIÉLOT, Mir. N.D. L., 1456, 102).

 

.

Faire son aisement : ...ledit Jehan s'en entra en l'eglise de Fontaines sur Boutonne oudit païs de Poictou, avec plusieurs autres pour doubte de tonnoirre et fort temps, et après qu'il fut passé s'en ala en ung jardrin pour faire son aisement (Doc. Poitou G., t.10, 1460, 241). "...mais je vueil que aujourd'huy, quant vous yrés au retraict, vous facez vostre aysement dedans une jatte avecques le mien. - Et bien," dist la pouvre femme, qui ainsi le fist sans penser à nul mal. (TARDIF, Facéties Pogge M., c.1490, 230).

 

3.

"Ustensiles, outils" : Aler mener leur vache paistre A la journée de leur maistre, Leurs aisemens faire aguisier (Renart contref. R.L., t.2, 1328-1342, 76).

 

-

En partic.

 

.

"Pièces du métier à tisser" : ...et art l'on ["brûle-t-on"] lors tous le mestier et toutes les choses de bois et de fer qui ont touchié au faulx drap et tous les aisemens. Et les tixerans qui l'ont tixé doivent amende aulx prevost (Chartes communes Bourg. G., t.1, c.1371, 356).

 

.

Aisements de cuisine / d'hostel. "Ustensiles de cusine/de ménage" : ...et [le voleur] anporta plusseurs aisemens de cusine, et furent trovés en son hostel chachiés, et les confessa... avoir pris, non mie malicieusement, mas pour la coutume du lieu quant l'an fait noces ; pour ce condempné en 11 franz (Invent. mobiliers ducs de Bourg. P., t.1, 1371-1372, 271). ...par tele maniere que gie auray en tous telz en cui je avoie Taille, six Deniers de la Livre dou moible, chascun an, fors que en Armeure et en robes faites à lors cors, et fors que en aisemens d'ostel (Ordonn. rois Fr. S., t.7, 1390, 363).

 

-

"Instruments (ici, pour une circoncision)" : Voy cy tous nos aisements prests. Josep, abregeons ce mistere. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 276).

B. -

Au fig.

 

1.

"Possibilité, facilité, commodité"

 

-

"Facilité (pour quitter un lieu)" : ...et firent faire et charpenter une très belle basride et environner de pallis et de portes, et cloirent à ceulx de Brest tantost leurs aisemens [var. aisance] et yssues, fors celles de mer [var. éd. K, GD I, 196b] (FROISS., Chron. M.M., XIII, c.1375-1400, 182).

 

-

Avoir/donner (l')aisement (de) : Mais prochainement Les tiendra [mes membres], se j'ay aisement ; Et se ne le trouvoie point, Ung aultre tiendroit bien ce point. (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 10). Belle soeur, ad ce ne fault mie, Car je suis a ung cler amie Qui souvent me fait le hary Tout en despit de mon mary. Plus en fesisse, se je peusse, Et se l'aisement en eüsse. (Renart contref. R.L., t.2, 1328-1342, 186). Lors dis je : Dame, or ne vous desplaise Se je parle a vous a mon aise Et ce je parle nicement, Car j'en ay trop bien l'aisement. (LE PETIT, Champ d'or L., c.1388-1392, 115). Et dit que iceulx biens elle print en entencion de les rendre et restituer à ycelle sa maistresse quant Dieux lui donrroit aisement (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 129). Gardez vous que vous n'acroiez ja chose que vous puissiez bonnement paier. Et se par neccessité vous fault accroire, tantost que vous avez l'aisement, faictes en satisfaction. Et ainsi pourrez vous estre sans dangier et vivre honnourablement. (ARRAS, c.1392-1393, 85). Roys, princes (...) Arriverent de toutes pars, Qui moult receups joyeusement Y sont ; bien en ot l'aisement Roy Assurus, qui les festoye (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 260).

 

.

Avoir l'aisement de + inf. : Si me tins assés longuement, Que n'avoie pas l'aisement D'envoier vers sa douce face, Que toutes mes doleurs efface (MACH., Voir, 1364, 6238).

 

-

Selon l'aisement de qqn : Faire vous ferai compagnie, Bonne selonch mon aisement, Chiés moy (FROISS., Méliad. L., t.3, 1373-1388, 106). Si vindrent a Aurench et fu le roy de Portingal logiez selon son estat et leur aisement, car tout estoit plain de chevaulx (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 87). Amez les gentilz hommes et leur tenez compaignie. Soyez humbles et humains au grant et au petit. Et, se vous veez un bon homme d'armes qui soit povres et en petit estat de vesture ou de monteure, donnez lui du vostre selon ce que vous sentirez vostre aisement et selon ce qu'il sera de value. (ARRAS, c.1392-1393, 85). Ne soiez pas entre voz compaignons comme sires, mais communs, et les honnourez chascun selon son degré, et leur donnez du vostre selon vostre aisement et selon ce que la personne le vauldra. (ARRAS, c.1392-1393, 153).

 

-

Aisement de qqc. "Commodité à se procurer qqc." : Et, s'il y a point de rivière près, vous la devez gaingner à vostre pouvoir ; car une rivière sert à merveilles à ung ost, tant pour sceurté que pour l'aisement des vivres ; on y abreuve les chevaulx et tout le bestial de l'ost ; on passe d'un costé et d'autre ; on s'en arme quant on veult ; on garde que ses ennemys ne s'en puissent aider. Se c'est rivière qui porte navires, on en recouvre des vivres. (BUEIL, I, 1461-1466, 154).

 

-

À aisement de qqn. "Selon la commodité de qqn" : ...[il s'agit de percer les murs] là ou les mestres de noz euvres verront et regarderont pour nous que il pourront estre faites au moins de domage pour nous et pour lesdiz murs et au meilleur et greigneur profit et aisement desdiz ouvrouers. (PHIL. VI VALOIS, Doc. paris. V., t.1, 1328-1350, 203).

 

.

À son aisement. "Selon son aise, son rythme, son besoin" : Sy vous lo que faissiez tout a vostre talent [var. B et C : a v. aisement]. (Flor. Octav. L., t.1, c.1356, 93). Entre nous deux hommes Vous suiverons tout bellement Et irons a nostre aisement. (Mir. st Val., c.1367, 137). ...et afin que les ennemis de ce royaume n'en puissent avoir usage à leur aisement ou besoing pour grever ladicte Ville et places voisines. (FAUQ., I, 1417-1420, 253).

 

2.

"Plaisir, aise" : Oncques depuis n'euz au cueur aisement ; Oncques depuis mon cueur ne s'esjouÿ, Oncques depuis ne fus qu'en pensement (Au grey d'amours F.-H., c.1400-1500, 267). En la duché de Normandie Il y a si grant pillerie Que l'on n'y peult avoir foison (...). Quant a moy je n'y serai plus, Car on n'y a point d'aisement (Vir. H., c.1400-1500, 89). BEAUCOP. (...) Que querez vous ? JOYEULX. Mon aysement. (B. veoir, p.1480, 15). Aussi en douleur et (en) tempeste Uses ta vie en tourment, Et scés bien que l'homme est beste Ce il n'a ung peu d'aisement. (Deux hommes deux femmes T., c.1500, 471).

 

-

"Réconfort" : Or se chauffoit le duc et se commença un petit à refaire devant le feu, dont, avecques celui aisément, nature demandoit sa réfection et lui ramentevoit sa faim. (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 258).

 

3.

DR.

 

a)

"Libre usage, droit de jouissance (de qqc.)" : ...[les religieux] ont en ladicte forest pasturage à toutes leurs bestes, et autres aisemens de la forest, ovecques le pasnage de leurs propres pors en icelle forest, excepté les deffens. (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 2). ...lesquelz Seigneurs et riches hommes ont faict de grans et nobles édiffices en iceulx lieux, qui anciennement et ou temps desditz dons, estoient de petite essence et de petit coustement à tenir, et aussi ont mis et mettent chascun jour moult grans et excessifz nombre de bestaulx en nosdictes Forestz, et se trouvent souvent esdicts lieux pour l'aisement du bois qui leur convient pour leur chauffaige (Ordonn. rois Fr. S., t.8, 1402, 534). Courtoise. Jugement de saisine que parolle d'ung aixement dont une parsonne estoit en lonteinne saisine, et est audit jugement esclairiez que, quant on xeut une parsonne devant le maistre-eschevin, il ne se ait mie a deffendre comme pour dire : "Tu m'en as bien a demener par le droict", pour tant que le droict est le maistre-eschevin, et combien que on responce a principal, si comme il s'apert par ung jugement qui en fut dit par segneur Jehan Reingnillon de Allison Boinvaillat d'une pairt et de Marguerite-Domangin d'autre pairt. (Jug. maître-échev. Metz S.M.S., t.1, a.1494, [1392], 571-572).

 

-

Avoir l'aisement de + inf. "Avoir le droit de" : ...nous avons l'aisement de nagier pour mener à nef la widange de nos bois parmey le cour de la riviere de Bar, appartenant ausdiz religieux, sans troubler ne empeschier lesdiz religieux en la pescherie (Trés. Reth. S.L., t.2, 1345, 48).

 

b)

"Droit à payer pour avoir la jouissance de qqc." : ...tout ce que li hommez et albitens de ladite ville li doivent, tent en cens, en rente (...) en ayzement pour ces beste traiens paisturer en preiz de ciaus de la ville (Trés. Reth. S.L., t.2, 1336, 32).

V. aussi aaisement
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Pierre Cromer

 Article 15/48 
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     AISÉMENT     
FEW XXIV adjacens
AISEMENT, adv.
[T-L : aise (aisement) ; AND : eisément ; FEW XXIV, 149a : adjacens ; TLF : II, 397b : aisément]

"Facilement , sans difficulté"

 

-

[À propos d'une action concr.] : ...un pas ou on pooit aisement passer eauve à piet (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 89). Et pour ce que aucuns n'avoient pas lieux pour aiseement destruire le peuple, ilz ont emparé places (JUV. URS., Loquar, 1440, 311). Car de tant plus que de maulx souffrerez Et de tant plus qu'on vous fera douloir, Plus aisement es haulx cieulx entrerez. (LA VIGNE, S.M., 1496, 358). Et, se ainsi le concluez, fauldroit que vous envoiissiez audit Amiens, pour ce que vous y envoierez plus aiseement que je ne feroie d'icy, affin de veoir se ilz le vouldront faire, et, se ilz le vueullent faire, les faire venir. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 294).

 

-

[À propos d'une action plus abstr., intellectuelle, morale] : ...les ambassadeurs du roy d'Angleterre, qui avoient apporté lesdictes lettres de creance (...) requirent ledit president de exposer ycelle creance, pour ce que chascun n'eust mie bien aiseement entendu leur françois langage. (FAUQ., I, 1417-1420, 368). Ce que en adviendra vous le pourrés bien aiséement sçavoir par ce qui sera declairé en ce chappitre cy-après. (BUEIL, I, 1461-1466, 163). ...predist la famine merveilleuse qui fut en son temps, au moien de laquelle predicion tous les marchans voyagerent à dilligence et par mer et par terre et firent si grandes provisions, que le païs supporta plus aisement l'infortune et sterillité de la terre. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 37 r°).
 

DMF 2020 - Synthèse Pierre Cromer

 Article 16/48 
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     AISER     
FEW XXIV adjacens
AISER, verbe
[T-L : aisier ; GD : aisier ; AND : eiser1 ; FEW XXIV, 147b-148a : adjacens]

I. -

Empl. trans.

A. -

Aiser qqn (ou un animal)

 

1.

"Donner à qqn (ou à un animal) ce qui est nécessaire pour son bien-être" : Conme mon seigneur droiturier Vous vueil a mon pouoir aisier En vostre hostel. (Mir. femme roy Port., c.1342, 157). O mon chier filz, quant je te voy, Le cueur me sautelle de joye Ne jamais ne me saoulleroye De ta tendre bouche baisier. Pour l'eure ne te puis aisier : Ce lieu nous est trop mal propice (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 78). Julicés manda adont tous ses hommes et s'acorda a eulx qu'ilz demourroient la endroit deux jours pour eulx bien reposer et leurs chevaulx aisier et visiter (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 356).

 

2.

En partic.

 

a)

"Restaurer, réchauffer" : Il y fuit toute neut san boire et san mengier ; Assez pot il de fain plorer et larmoier, Car la neut n'ot norice qui lou venist aisier, Fors soullement Jhesu qui tout ait a jugier (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 476). Des souppes faites de brun pain En l'eaue clere seulement Leur donnerent, et puis comment Ilz les aisierent par aprés Vous diray (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 402). Et apres ce, c'estassavoir au vespre, soient repuz habondamment comme devant et largement. Et se la saison le requiert, soient chauffez et aisiez. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 136). Et quant Madame et les dames et damoiselles de sa compaignie furent bien chauffees et aisees, Madame fist demander se les charios estoient prestz. (LA SALE, J.S., 1456, 247). Je suis très-battu de pluye et de mauvais temps et meurs de froit. Je vous prie que vous me aisez un petit, car il m'est bien besoin et ne fistes onques telle oeuvre. (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 258). ...en fin le mena a terre en sa maisonnette, la ou le chauffa et aysa a son petit pouoir, le revesty de ses propres drappelés (CHASTELL., Temple Boc. B., 1463-1464, 113). Que vous ne fusttes hier bien aisés ne fut pas ma faulte mais la faulte de la grosse teste [Esope], mais venez aujourduy et nous aurons autres viandes. (MACHO, Esope R., c.1480, 34).

 

b)

"Entourer de soins, de tendresse" : Et sachiez que Melusigne venoit tous les soirs visiter ses enfans, et les tenoit au feu, et les aisoit de tout son povoir ; et la veoient bien les nourices, qui mot n'osoient dire. Et admendoient et croissoient les deux enfans si fort que chascun s'en donnoit merveille. (ARRAS, c.1392-1393, 262).

B. -

Aiser le corps / les membres / le coeur

 

1.

Aiser le corps / les membres. "Restaurer, soulager qqn" : ...demanday Mon enfant avoir pour baignier, Et pour lui ses membres aisier. (Mir. enf. ress., 1353, 37). Pensés de vostre corps aisier Et de vostre cheval ossi, Car vos mestres n'a nul soussi De vous, selonc ce qu'il me mande ; Je ne puis pas a sa demande Respondre demain ne aprés. (FROISS., Pris. am. F., 1372-1373, 83). Moult y a de ceulx qui ne quierent mais que mengier et boire, dormir et aisier les corps (Faits Romains M., c.1400-1500, 32). Sy pouvez assez croire et sçavoir que l'hostel n'estoit pas impourvu, mais fort garni de vins et de viandes et de ce qu'alors on put trouver, ni recouvrer pour corps d'homme aiser et repaistre. (Faits Lalaing K., c.1470, 121-122).

 

-

[Avec une idée péj.] "Procurer à qqn des plaisirs qui sont interdits ou qui avilissent" : Les chenoines sont unes gens Qui ont assés d'esbatement Ou monde pour lour corps aisier. (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 53). Pour le corps aisier comme .1. chien, Jeta hors creinte et bonne honte, D'onneur, de raison ne tint conte (Mir. ste Genev. S., c.1410-1420, 97).

 

2.

Aiser le coeur. "Satisfaire le coeur, le soulager" : Et che (...) grandement mon coer aisoit, Quant je pooie en mon requoi Souhaidier (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 72).

C. -

Aiser qqn (ou un animal) de qqc.

 

1.

"Procurer qqc. à qqn (ou à un animal), le lui fournir" : Mais que venu soit mon vallet, M'amie, nous vous aiserons De tout ce qu'aisier vous pourrons (Mir. st J. Paulu, c.1372, 110). Dame, se voulons hebergier Ceens, nous pourrez vous aisier De vivre et de lis pour dis hommes (...) ? (Mir. roy Thierry, c.1374, 330). Et [les lévriers] doyvent estre gardez et aisiez de bonne litiere et de bonne eaue et autres choses, einsi comme j'ay dit des chienz couranz. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 194). Et lors commanda a ung damoiseau qui estoit devant luy, moult gentil homme, qu'il la servist et aisast de tout ce que mestier luy fust (Chev. papegau H., c.1400-1500, 2). Si les mena en sa cité de Bonde ou grandement les honora et aisa de tout ce que il pot (Bouciquaut L., 1406-1409, 93). Beaulx seigneurs, allez vous en à Karadouce et là faciez bonne chiere, vous et les compaignons, et les aisez de tout ce que ilz vouldront demander, car ilz l'ont bien gaingné. (Cleriadus Z., c.1440-1444, 328).

 

2.

"Donner à qqn l'usage de qqc., le lui prêter" : ...duquel fournel aussis ne devoit ledit Petit Jehan d'Arche aysier autre personne, quelque qu'elle fust, fors lui, ses gens et maignies et pour son hostel et pour pretin cuire tant seulement, sur peinne de soixante solz d'amende (Trés. Reth. L., t.3, 1422, 44).

 

3.

"Réconforter qqn par qqc." : Marie sui (...) Qui pour amenuiser t'amére Douleur et ton cuer apaisier, Te vueil de ma presence aisier. (Mir. Theod., 1357, 112).

D. -

Aiser qqn à + inf. "Aider qqn à, lui rendre plus facile de" : Et d'icelui costé, au coing de la lice, avoit ung montoir de IIII degrés, pour aidier et aisier à armer et à désarmer les venans de dehors. (LA MARCHE, Tournoi Gand P., p.1470, 67).

II. -

Empl. pronom.

A. -

S'aiser

 

1.

"Se reposer, retrouver ses forces, se donner de l'aise, se mettre dans une situation agréable" : ...Et vous deffens qu'en ce voyage Faisant de tant ne vous aisiez Qu'en une ville plus gesiez D'une nuit. (Mir. mère pape, c.1355, 371). Mais il s'aisoit en sa maison Si que mieus ne s'aisa mais hom. (MACH., C. ami, 1357, 105). Chier compains (...) Vueilliez m'acoler et baisier, Et puis vous en alez aisier ; Car (...) Pour vous iray faire le gage. (Mir. Amis, c.1365, 34). Si vous prie le connestable que vous voulsissiez (...) faire ouvrir vos citez pour eulx laissier ens venir aysier et raffreschir et recouvrer santé (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 105). ...il s'aisierent et desarmerent (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 199). ...pour euls reposer et aisier (FROISS., Chron. D., p.1400, 660). ...le seigneur du lieu les receut a grant honneur, et la se aisierent, car grant besoing en avoient (Bouciquaut L., 1406-1409, 127). Saillons tous hors et laissons Madame chauffer et soy un peu aisier a son privé (LA SALE, J.S., 1456, 247).

 

-

[Cont. métaph., d'une chose] : Et comme fine pierre et pure En l'or se resjouist et aise, Ainsy est dame par nature En amy leal a son aise. (MARTIN LE FRANC, Champion dames III, D., 1440-1442, 35).

 

2.

En partic. "Se restaurer, se désaltérer" : Et si n'avoient pas vitaille, Ne gouvernance à leur plaisir, Qu'il n'avoient temps ne loisir D'eaus aisier, ne de l'aler querre, Ou de l'avoir en mer n'en terre. (MACH., P. Alex., p.1369, 95). ...il s'aisierent de che que il orent (FROISS., Chron. D., p.1400, 890). Et quant ilz oïrent ce desroy, ilz habandonnerent leurs vyandes, combien qu'ilz eussent eu meillieur mestier de eulx aisier et reposer. (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 357). Mais si tost qu'ilz y arriverent, ilz mirent pié a terre, puis beurent a leur voulenté. Tandis qu'ilz se aisoient a celle fontaine, ilz perceurent de bien loing tout prumierement un chevalier armé et monté a souhait (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 263).

 

3.

[De deux amants] "Faire l'amour, se donner du plaisir" : Quant appointié ot tout l'affaire, Joyeusement s'entrebaiserent. Si se couchierent et aiserent A leur aise, je n'en doubt mie, Si com fait amant et amie. (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 42). Jamais barbe ne fut plaisant Ne bonne aussi, pour tous debas, A soy aisier ne hault ne bas. Aussi qui bien se veult aisier, Quant deulx culz se veulent baisier Et ensemble faire devoir, Nul des deulx ne doit barbe avoir. (Barbes brayes A., a.1450, 254).

 

-

S'aiser des corps : Et nud a nud pour mieulx des corps s'aisier, Les vy tous deux par ung trou de mortaise. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 117).

B. -

S'aiser à/de qqc.

 

1.

"Se servir de qqc." : Serpes, cousteaux sont moult bien en saison, Puis de panyers et de hoctes s'aise on (LA VIGNE, S.M., 1496, 333).

 

2.

"Profiter de qqc., trouver du plaisir à qqc." : Au moins congneusse je la main Qui tant m'a escript soir et main Doulz mos de demain en demain, Si les baisasse Et quoy que trop ne m'en aisasse N'en cuer du tout ne m'envoysasse (CHART., L. Dames, 1416, 251). ...et voyaget loing pour querir sa praye sans prendre garde s'elle estoit ville ou honnourable mais quant elle lui plaisoit s'en aisoit fort sans courtoisie. (Best. hérald. H.E., c.1435-1450, 478). A qui Dieu veult biens departir, Il est bien sot qui ne s'en ayse. Je vueil tant faire que je plaise A toutes gens : vela le point. (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 125).

 

3.

"Se régaler de qqc." : Or alons donc, si nous aisons En la taverne au meilleur vin. (Mir. st Guill., c.1347, 40).

 

4.

"Se donner du bon temps avec qqc." : Tenez ceste plaine aumosniere De monnoie et vous en aysiez, Que bien est raison qu'en soiez Tresbien paiee et largement (Gris., 1395, 51).

 

5.

"Se contenter de qqc." : ...[le duc] se logea dans La Ferté qui avoit esté bruslée nagaires, mais la muraille estoit remise saine et entière assez pour pouvoir porter garant encontre trait. Sy s'en aisa ledit duc au mieux qu'il pouvoit (CHASTELL., Chron. K., t.1, c.1456-1471, 249).

 

6.

"Se débarrasser de qqc. (pour être à l'aise)" : Mais premier se fist le Cueur aisier de ses armeures, car tout a pié qu'il aloit, si ne se voulut il jamais dessaisir de son haulbert et de sa coiffe de fer ne de sa bonne espee, de quoy Desir le volt armer au commencement de la queste, comme vous avez ouÿ. (RENÉ D'ANJOU, Cuer am. espris W., 1457, 118).

III. -

Empl. intrans. "Avoir une vie agréable" : Grandement feroit a prisier Esperance, qui fait aysier Tel, qui peu en a l'aisement (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 93).

IV. -

Part. prés. en empl. adj.

A. -

"Agréable, plaisant, commode" : Et si a des enfans aisans, Trés paisibles et appaisans (MACH., D. Aler., a.1349, 243). De celle part trop est plaisant Li chastiaulx et moult aisant [ ou lire aaisant ?] (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 110). Mais, cil, qui dompte toutevoye Le serpent, treuve celle voye (...) Tant delitable et si aysant (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 117). Mais le deduit amoureux ne se lesse ; Tant est plaisant Qu'il se maine par semblans en taisant, Non pas en bruit et en noise faisant. Qui eur y a, il n'est rien si aysant (CHART., D. Fort., 1412-1413, 177).

B. -

"Confortable" : Pour ce, je me vueil reposer Ad ce beau matinet plaisant Et mon corps noblement poser Sur ce beau lit mol et aisant (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 371).

V. -

Inf. subst. "Plaisir charnel" : ...il desire amer Et beaulx embrachiers et baisiers, Avecques les autres aysiers, Lesquelz je n'oz pour honte faire (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 10). ...de Titon, son mary, trop debile, Elle [Aurora] habandonne et laisse le cubile Pour recueillir en gratieux baisiers Son doulx aymant et faire les aisiers (SAINT-GELAIS, Séj. honn. J., c.1490-1495, 82).

V. aussi aisé
 

DMF 2020 - Synthèse Pierre Cromer

 Article 17/48 
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     AISIBLE     
FEW XXIV 147b adjacens
AISIBLE, adj.
[T-L : aisible ; GD : aisible ; FEW XXIV, 147b : adjacens]

[D'une chose concr.] "Commode, confortable" : ...nous avons promis et promettons leur baildre at assair et baildrons et asseirons des le temps de present tout ce que en faudroit en nos terres de Bretaigne en lieux aisibles et prouffitables pour les dis Mons. Olivier et Amice a levee levable chascun an sans dechairs ou pourchacer et procurer a la dicte Amice (Actes Ch. Blois J. Penth. J., 1343, 66). ...le roy nostre sire estoit en bon lieu et aaisié [var. aisible] la ou il se garissoit (Percef. II, R., t.1, c.1450 [c.1340], 187). ...et s'en alerent a la cité de Caerleir pour eulx reposer et aisier, car il y faisoit plus plantureux [var. car il y avoit plus ample et aisible sejour] (Percef. II, R., t.1, c.1450 [c.1340], 319).

 

-

Aisible à + inf. "Facile à" + inf. : ...si ques pour çou fu ordonné entre les signeurs que on se mouveroit de là, et rapasseroit on la ditte rivière sept liewes par deseure, là où elle estoit plus aisieule à passer. (FROISS., Chron. L., I, c.1375-1400, 61). Més la cité estoit forte et bien pourveue de gens d'armes et de tutte artillerie, si en estoit plus aisieule à deffendre (FROISS., Chron., [Amiens] D., t.2, c.1375-1400, 285). Vous sçavez aussi comment j'ay desja en ma main la moittié du royalme ou plus, pourquoy le demourant est plus aisible a conquerre. (Trois fils rois P., c.1454-1463, 274). ...plus aysié [var. aisible] a mener (FILLASTRE, Traité Conseil H., c.1472-1473, 190).

 

.

Aisible du + inf. subst. : Et Baudewins lor gète quan qu'il poet esrachier ; Des pières, des caillos, qu'il gète du mortier. E Croissans li aporte caillos qu'il va chachier D'un mur qui fu aisibles, adont, du despésier. (Baud. Sebourc B., t.2, c.1350, 266).

 

-

En son aisible. "Selon sa commodité"

 

Rem. Doc. 1406 (en baillant a nostredit seigneur le duc ou a sadite seur ou a leurs heritiers, rescompensation pour autant au grand et vallant en leur aysible en la duché de Bretagne) ds GD I, 197c. Correpond à Actes Jean V Bret. B., t.2, 1407, 25 (lecture erronée arsible : et valjant en nostre arsible)

V. aussi malaisible
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Pierre Cromer

 Article 18/48 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
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     AISIBLEMENT     
FEW XXIV adjacens
AISIBLEMENT, adv.
[GD : aisiblement ; FEW XXIV, 147b : adjacens]

"Facilement" : Se tu veulx la verge ploiier Aisievlement ou redrechier, Quant jone elle est, a bon loisir, Ploiier le puels a ton plaisir (THOMAS MAILLET, Prov. Alain H., c.1375-1400, 88). ...si fut ordonne [l. ordonné] quon [l. qu'on] feroit ancores une bastille en la forest de Compiengne de bois massis, pour ycelle amener aisiblement par eaue et le asseoir au coste [l. costé] de la ville quon [l. qu'on] verroit estre plus expedient, propice et proufitable (WAVRIN, Chron. H., t.4, p.1471, 324).

REM. Doc. 1370 (Fribourg, que chascon puisse aysieblemant venir in la dicte chappale) ds GD I, 197c. Cf. Gloss. des pat. de la Suisse romande, t.1, 1924-1933, 234b.
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Pierre Cromer

 Article 19/48 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
FamilleTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     AISIBLETÉ     
FEW XXIV 147b adjacens
AISIBLETÉ, subst. fém.
[GD : aisibleté ; FEW XXIV, 147b : adjacens]

"Facilité, commodité" : ...la prinse que ceulx mariez en ont fait a esté pour leur aysibleté (Actes Jean V Bret. B., t.2, 1413, 168). ENTENDEMENT. Dame, beau chemin large et ouvert est de léger passable, et est d'une mesme prestance et aisibleté à ung ydiot comme à ung sage (CHASTELL., Vérité mal prise K., c.1460, 328).

Rem. Trad. de Gilles Colonne, Gouvernement des princes, 1444 (ms. déb. XVIe s., considerer la faculté ou aisibleté de executer l'office) ds ds GD I, 197c. Cf. aussi La Régionalité lexicale, ELiPhi, 2016, 163 (J.-P. Chauveau).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

 Article 20/48 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
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     AISIE     
*FEW XXIV adjacens
AISIE, subst. fém.
[*FEW XXIV, 149a : adjacens]

"Lieu d'aisance" : Savestier plain de punaysie(s) Plus que le trou d'unë a[i]sie(s). (Sav. serg. D.L., c.1480-1490, 32). [Ou faut-il lire d'une[s] a[i]sies ?]
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 21/48 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
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     AISIEMENT     
FEW XXIV adjacens
AISIEMENT, adv.
[T-L : aisier (aisieement) ; GDC : aisieement ; FEW XXIV, 149a : adjacens]

"Facilement , sans difficulté" : ...il vey que il ne vendroit point aisiement à son entente (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 186). Car le mal qui si me fait teindre Plus aisiement porteroie, Si Amours ne me voloit destreindre, Se mon droit en mon tort savoie. (MACH., L. dames, 1377, 112). ...lui et ledit Jehannin Favas (...) se prindrent à chanter haut et cler de leur povoir, afin que les voisins ne peussent pas si aisiement oïr aucune noise, se lesdiz compaignons le faisoient (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 102). Plus fors merveilles chacun jour Fait infinies, sanz sejour, Et ce peut elle aysieement faire (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 42). Dilatacion de pensee est quant lentendement se extent et se espant en plusieurs choses mediter lesquelles on peult assez aisiement congnoistre comment, mais que on applique son engin et entendement. (CIB., p.1451, 185). ...la les poeult on bien vaincre assez plus aysievement que ailleurs (LA SALE, Sale D., 1451, 39). Aprés mes treshumbles et tresobeissans recommandacions, pour obeir a voz prieres qui me sont entiers commandemens, me suis delicté a vous faire quatre beaus traictiez, en deux livres pour les porter plus aisiement (LA SALE, J.S., 1456, 1).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 22/48 
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     AISIEUMENT     
FEW XXIV adjacens
AISIEUMENT, adv.
[GD : aisieument ; FEW XXIV, 147b : adjacens]

"Aisément, facilement" : ...ou la vertevele du faus las sera athachiee en telle maniere que, quant l'en tirera le faulz las, que elle s'en viengne aesieement [var. aisieument] (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 273).

REM. Pour l'ex. de MACH., L. dames, 1377, que cite GD I, 198c, aisément.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Takeshi Matsumura

 Article 23/48 
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     AISIF     
FEW XXIV adjacens
AISIF, adj.
[T-L : aisif ; GD : aisif ; FEW XXIV, 147a : adjacens]

A. -

[D'une pers.] "Agréable" : Si fu Pités, la non cautieue, Et Humilités, qui est mieue, Patïence sa fille aizieue (JEAN DE LE MOTE, Voie d'enfer P., 1340, 101).

B. -

[D'une chose]

 

1.

"Agréable, qui procure de l'aise" : Ilz illeuc acheterent tresgrandes et belles possessions et edifierent maisons aisives et tresbeaulx manoirs et delectables (PREMIERFAIT, Décaméron D., 1414, 485).

 

2.

Mal aisif

 

a)

"Difficile d'accès" : En cel estat chevauciet ont Ilz et ses escuiers adont Viers une montagne moult roste Que on ne poet que d'une coste Approcier, tant est mal aisieue (FROISS., Méliad. L., t.3, 1373-1388, 100). ...[les murailles de Clermont ne sont pas] trop hault à monter ne trop mal aysievé [l. aysieue]. (...) ceste ville de Clermont est bien prendable. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 202).

 

b)

"Qui rend une action difficile" : ...[la poussière était] si très grande et si mal aisieue que point il ne veoient l'un l'aultre (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 95).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 24/48 
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     AISINE     
FEW XXIV adjacens
AISINE, subst. fém.
[GD : aisine ; FEW XXIV, 150b : adjacens]

Région. (Ouest)

 

-

"Facilité" : ...car une forte place ne se doit point laisser sans bonne garde quelque temps que soit ou de paix ou de guerre car les voisins aucunes foiz pour ung bon morceau rompent bien leur jeune et aisine fait larron quant ilz voient la place mal garnie et aisee a pranre (Traité politique C., c.1492-1493, 161).

 

Rem. Aisine fait larron est à rapprocher du prov. aise fait larron

 

-

Avoir l'aisine de faire qqc. "Avoir la facilité de" : Et bien sceut prendre mon glayve par meschief, Qui lors pendoit au plus pres de mon chief. Quant tout eut fait - car bien en eut l'aysine -, Les Grecz appelle et leur feist feal signe (SAINT-GELAIS, Enéide VI, B., c.1500, 337).

REM. Sur le caractère région. de ce mot, cf. Gilles Roques, R. Ling. rom. 53, 1989, 261, et T. Matsumura, Trav. Ling. Philol. 32, 1994, 110.
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Pierre Cromer

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     AISIR     
FEW XXIV adjacens
AISIR, verbe
[GD : aisir ; FEW XXIV, 149b : adjacens]

Empl. pronom. "Être à son aise, être satisfait" : Je ne me puis pas aysir, Tant a les os ce puant natre Plus fors, plus durs, qu'autres quatre. (Myst. Pass. Amb. R., c.1474-1500, 60).
 

DMF 2020 - Synthèse Pierre Cromer

 Article 26/48 
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     AISIVETÉ     
*FEW XXIV adjacens
AISIVETÉ, subst. fém.
[*FEW XXIV, 147b : adjacens]

"Aise, satisfaction ; ce qui satisfait" : Et j'estoie en vostre presence Et remiroye vostre semblance, Bien me pouoit a souvenir De ceulz qui ne doutent mourir, Qui sont en paradis fermés En leur tres grant aisievetés. (THOM. SALUCES, Chev. errant W., 1394, 75). Ainsi furent bien logiéz En leurs grans aisivetés Et firent leurs charrois mener Vers la ou on n'y puist aler Nul qui a eulz voulzist venir Pour leur faire nul desplaisir. (THOM. SALUCES, Chev. errant W., 1394, 232).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 27/48 
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     AISSETIER     
*FEW XXIV adjacens
AISSETIER, subst. masc.
[*FEW XXIV, 147a : adjacens (?)]

"Enceinte de ville (?)" : Nectier les rues et l'assetiefz de la ville [de Bordeaux]... qu'ilz ne mectent immundices en dedans led. aissetier. (Doc. 1470. In : M. Roques, Mél. J. Haust, 1939, 352).

REM. Ou a rattacher à FEW XI, 405a : sedere (cf. apr. asetia "placement, établissement") ?
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 28/48 
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     AMALAISÉ     
*FEW XXIV adjacens
AMALAISÉ, (?)
[]

"Malade" : Toutesfois, devant que les medecins fussent venus, il se commença a guerir (...) et ne fut amalaisé que trois ou quatre jours (LA VIGNE, V.N., p.1495, 323).

 

-

Au fig. "Atteint moralement" : L'empereur des Jaloux voit comment Palamides plus souvent vient au dessus de son chevalier que son chevalier au dessus de Palamidez ; (...) il lui semble au contenement et aux grans coups qu'il donne souvent et menu a son chevalier que au derrain ne pourra durer qu'il ne reçoive tel honte que tous les Jaloux ne soient vergondéz ; et de ce seroit il si amalaisé comme vous pouez croirre. (THOM. SALUCES, Chev. errant W., 1394, 560).

REM. Mot douteux. Sans doute faut-il lire, dans les deux ex., (estre) à malaise.
 

DMF 2020 - Synthèse Michèle Clarendon

 Article 29/48 
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     CIRCONADJACENT     
*FEW XXIV adjacens
CIRCONADJACENT, adj.
[GD : circonadjacent ; *FEW XXIV, 155a : adjacens]

"Environnant"

REM. WAUQUELIN ds GD II, 138a.

V. aussi circonjacent
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 30/48 
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     DESAISE     
FEW XXIV adjacens
DESAISE, subst. fém.
[T-L : desaise ; GD : desaise ; AND : desease ; FEW XXIV, 151b : adjacens]

A. -

"Malaise, état de souffrance, de contrainte" : ...vous please moy avoir pur excusé, pur tant que je ne puisse venir al vostre tresexcellente presence come au presente par cause de diverses et certeins enfirmitees que hauntent moun corps de jour en autre, cy que je ne [ne] puisse travailer VJ miles ensemble sanz grand desaise. (Lettres agn. L., p.1412, 367). ...Car mieulx me vault tout a un cop morir Que longuement en desaise languir ! (CH. D'ORLÉANS, Ret. am. C., 1414, 9). Mes si j'avoie esté bien a mon ayse au reveller que je fis, je me trouvoye en aussi grant desaise plein de douleurs, vuyt de liesse et garni de souspirs que plus je ne povoie, quant je veoie que tout cella que j'avoie veu estoit par le contraire. (CAUMONT, Voy. N., p.1420, 66). L'aultre condition si est pource qu'il sont hommes de souffrir tout grant désayse, ainsi de manger comme de boyre et de vestir, et aussi de dormir ; ne doubtent ne froit ne chault, ne nesune aultre passion ; et pour ce font les grans acquestes contre leurs ennemis (Passage Terre Sainte Piloti D., 1441, 17).

 

Rem. Doc. 1406 ds GD II, 533b.

B. -

Desaise de qqc. "Manque, besoin de qqc." : ...car d'Amours vient joye, plaisance, desplaisance, aise et desaise de tous les biens du monde, ne n'aura jamais femme ou homme qui soit amoureux disette de biens (MART. D'AUV., Arrêts Am. R., c.1460-1466, 120).

 

Rem. Doc. 1374 ds GD II, 533b.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 31/48 
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     ENAISE     
*FEW XXIV adjacens
ENAISE, subst. fém.
[*FEW XXIV, 152b : adjacens]

"Fait de se contenter du nécessaire, bonheur fait de peu (?)" : Senecque le Sage nous dit Que tu dois mieulx amer pour voir Ta bonne vie que avoir. Car, si com dit Jhesus Siracz, Anaize est tresor sans baratz. (...) Orace dit, qui bon clerc fu, Que cil pert s'ame et sa vertu Qui tout temps tent a employer A son avoir multiplïer. (Renart contref. R.L., t.2, 1328-1342, 26).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 32/48 
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     FORMESAISIÉ     
FEW XXIV adjacens
FORMESAISIÉ, adj.
[GD : fourmesaisié ; FEW XXIV, 151b : adjacens]

"Mal à son aise" : Et meismement les gens de piet estoient derrière demoret ; et si ne savoient en quel lieu ne à cui demander leur chemin, dont il estoient tout fourmesaisiet (FROISS., Chron. L., I, c.1375-1400, 58).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 33/48 
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     MALAISANCE     
FEW XXIV adjacens
MALAISANCE, subst. fém.
[GD : malaisance ; FEW XXIV, 153b : adjacens]

"Gêne, souci" : Doleance, Mescheance, Desplaisance, Malaisance Et souffrance Me font faire ma complainte. (MOLINET, Myst. st Quentin C., c.1482, 58).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 34/48 
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     MALAISE     
FEW XXIV adjacens
MALAISE, subst. masc.
[T-L : malaise ; GDC : malaise ; AND : malaise ; DÉCT : malaise ; FEW XXIV, 153b : adjacens ; TLF : XI, 238b : malaise]

A. -

"État de mal-être, de préoccupation" : Aussi en seront il [noz parens] plus aise, Quant nous saront hors de malaise. (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 243). Et la damoiselle l'en mercia moult, puis s'en vint a son ami et le commanda a Dieu briefment et a basse voix, puis s'en ala en sa chambre, si commença a penser et a contrepenser, et com plus pensoit et plus estoit en malaise du cuer et parloit et respondoit a par lui, ne il ne fust nulz qui l'oïst dementer, a qui li cuers ne fust atenrïez en pitié. (Bérinus, I, c.1350-1370, 169). Quant il veirent que riens ne faisoient et que le garnison de Durviel pas ne prenderoient, et si sejournoient là en grant malaise, si s'avisèrent que il se deslogeroient. (FROISS., Chron. L., VII, c.1375-1400, 146). Or ne t'en mez plus en malaise, Que voulentiers le te feray (Mir. march. juif, c.1377, 223). Ainsi me fault guetter de près, Dont je vous jur par saint Nichaise Qu'il n'a femme plus en malaise Que je sui en toute la ville (DESCH., M.M., c.1385-1403, 63). Aucuneffoiz il fait tant que el vient et la maine par dessoubz l'esselle come une espousee que l'en maine digner, et est ja la viande froide tant l'a fait actendre, et encore fait elle telle contenance et telles serimonies que elle ne mengera ne lui auxi, qui est si beste qu'il s'en donne malaise. (Quinze joies mar. R., c.1390-1410, 50). Tout se logierent, et furent la celle nuit moult a malaise sus dure terre et pieres sauvages et toutdis armés. (FROISS., Chron. D., p.1400, 144). Non obstant laquelle plegerie, le dit suppliant fut toujours detenu en ladicte grosse tour, en bien grant povreté et malaise. (Doc. Poitou G., t.9, 1454, 358). ...avant qu'elle en peust oyr nouvelle ce ne fut pas sans avoir peine et du malaise largement. (C.N.N., c.1456-1467, 69). ...l'un enragoit tout vif et l'autre n'estoit pas mains en malaise (C.N.N., c.1456-1467, 199). ...suis en grant malaise, doubtant que le grant maistre ait fait du hardi merdoux (Lettres Louis XI, V., t.4, 1469-1472, 201).

 

Rem. HENRI FERR., Modus et Ratio T., c.1354-1377, gloss. (malase).

 

-

Estre à malaise de qqn/pour qqn. "Être préoccupé au sujet de qqn" : "Ma bonne gent de Hainbon sont, je le sçai bien, a grant malaise de moi. Il fault que je les reconforte et que nous rentrons en la ville..." (FROISS., Chron. D., p.1400, 518). La bonne dame est bien lassee, Dont suis pour elle en grant malaise. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 194).

 

-

À/en malaise. "Malaisément" : Et fisent tant qu'il rapassèrent le rivière en grant malaise, car elle estoit grosse pour le plouviage. (FROISS., Chron. L., I, c.1375-1400, 61). ...qui fust encrolés en ces crolieres, il trouvast a grant malaisse qui l'en traist hors. (FROISS., Chron. D., p.1400, 131). ...il passerent outre la riviere a gué, moult a malaise (FROISS., Chron. D., p.1400, 132).

B. -

En partic. "État de mal-être physique, indisposition" : Quant Meliadice eut esté ung peu avecques ses femmes, elle leur dist qu'elle estoit ung peu en malaise et qu'elle vouloit meshuyt dormir et reposer en sa garde robbe. (Cleriadus Z., c.1440-1444, 204). Messeigneurs, qu'i [ne] vous desplaise, Et soubz vostre correction, Je me sens ung peu a malaise Pour l'eure, de complexion ; Et n'est pas mon intencion Y aller pour l'eure presente, Ne de moy nulle mencion Ne faicte[z], ne n'ayez atente. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 139).

C. -

P. méton. "Ce qui crée un état de mal-être, qui est pénible, situation pénible" : Là furent en celle paine et en l'ordure et ou bruec priesque toute la nuit jusque en mi la jambe. Or regardés se li signeur l'avoient d'avantage, li contes de Blois et li autre, qui n'avoient pas apris à souffrir celle froideur et celle malaise à telle nuis comme ou mois devant Noël, qui sont si longes. (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 29). Quant Vieillesse vient les gens prendre, Il couvient a elle se rendre Et endurer tout son malaise (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 355). Vous luy prirez qui y luy plaise Nous envoyer, de bref, secours, Que nous sommes en grant malaise, Jour et nuyt sans avoir repous. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 185).

 

-

Faire des malaises à qqn./Mettre qqn en malaise./Tenir qqn à malaise. "Maltraiter, tourmenter qqn" : Si fu li rois de Navare en celle sepmainne amenés à Paris (...) et mis ou chastiel dou Louvre, où on li fist moult de malaises et de paours, car tous les jours et toutes les nuis, cinq ou six fois, on li donnoit à entendre que on le feroit morir. (FROISS., Chron. L., IV, c.1375-1400, 182). Mil quatre cens et quatre vings et treze, Le roy Charles huytiesme de ce nom, Pour repulser l'iniquité mauvaise Du roy Alphons qui tenoit a malaise En son pays plusieurs nobles de nom ; Aussi pour los, gloire, bruyt et renom, A main armee en brief temps conquester, Il entreprist de Napples conquester. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 130). Ie vous iure de ceste main Monseigneur ne vous desplaise Que nous vous mettrons en malaise Et en ostage iusque a la fin Tant que vous nous ayez Martin Rendu qui est nostre patron. (Myst. st Martin K., a.1500, 189).

 

-

Malaise de qqc. "Privation de qqc." : Quant il veirent que il ne poroient gaegnier le ville de Bray (...) il se partirent (...) à grant malaise de pain et de vin. (FROISS., Chron. L., V, c.1375-1400, 193). Si i eurent (...) moult de malaisses de vivres pour eulx et pour leurs chevaulx, car li fourageur ne trouvoient riens sus le païs (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 40).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 35/48 
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     MALAISÉ     
FEW XXIV 154a adjacens
MALAISÉ, adj.
[GDC : malaisé2 ; FEW XXIV, 154a : adjacens ; TLF : XI, 239b : malaisé]

"Malcommode" : Li chastiaus de Haindebourch siet sus une haute roce (...) Et est la montagne si roste et si malaisie que à grant painne y poet uns homs monter, sans reposer deux fois ou trois. (FROISS., Chron. L., II, c.1375-1400, 50). Et chevaucierent en haste despersement par montagnes, par bruieres et par vallees et par roqailles malaisies, sans point de plain cemin. (FROISS., Chron. D., p.1400, 131). ...après ce que par la Court (...) fust avisié que les sieges et bancs et porches de la Chambre du Parlement estoient (...) malaisez et trop bas d'environ pleinne paume ou demi piet, pour quoy l'en ne povoit entendre les advocas si bien qu'il apartenoit (BAYE, I, 1400-1410, 155).

 

-

Malaisé à + inf. "Difficile à, malcommode à" : Souvent estoit dolens et liez, Dont je fui trop esmervilliez, Comment de si trés grant tourment Il pooit si soudeinnement Avoir joie si souvereinne, Car la mutation soudeinne Si est moult malaisie a faire, Si com je l'ay oy retraire (MACH., D. Lyon, 1342, 183). Item, quant est des laiz, c'est une chose longue et malaisiée a faire et trouver, car il y fault avoir .XII. couples, chascune partie en deux, qui font .XXIIII. (DESCH., Art dictier R., 1392, 287). ...une (...) montagne (...) malaisie a monter et a ramper (FROISS., Chron. D., p.1400, 146). ...certains biens meubles, malaisiez à emporter (Doc. Poitou G., t.7, 1408, 162).

 

-

[D'une collectivité] "Difficile, rebelle" : PILATE. Encoire vouldray je esprouver Si le peuple tant malaisé Se seroit jamais rapaisé Ou s'il se vouldroit revocquer. (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 377).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

 Article 36/48 
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     MALAISÉMENT     
FEW XXIV adjacens
MALAISEEMENT, adv.
[GDC : malaisement ; FEW XXIV, 154b : adjacens ; TLF : XI, 240b : malaisément]

"Dans l'inconfort" : Si ordonna à deslogier d'Aindebourch (...) car il gisoient là moult malaisiement. (FROISS., Chron. L., IV, c.1375-1400, 157).

 

-

"Durement, sévèrement" : Et a ceste foys le roy manassat Gerart malasiement, qui puys luy merit crueusement (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 3).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 37/48 
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     MALAISER     
FEW XXIV 154a adjacens
MALAISER, verbe
[T-L : malaisier ; GD : malaisier ; FEW XXIV, 154a : adjacens ; TLF : XI, 239b : malaisé]

I. -

Empl. intrans. "Être incommodé, tourmenté" : CAŸPHE. Pour Dieu, messeigneur[s], regardons, Sans plus differer, qu'on le tienne [Jésus], Quoy qu'il soit et quoy qu'il en vienne ; Je n'en puis plus sans malayser. (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 239).

II. -

Part. passé en empl. adj. V. malaisé

 

-

"Malade, mal conformé"

 

Rem. Doc. 1398 (Noyon, bestes blessees, mailaissees ou grevees) ds GD V, 109b.
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Pierre Cromer

 Article 38/48 
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     MALAISETÉ     
FEW XXIV adjacens
MALAISETÉ, subst. fém.
[GD : malaiseté ; FEW XXIV, 154a : adjacens]

"Malaise, embarras"

Rem. Ex. de Lancelot du Lac (éd. 1488) ds GD V, 109a-b (malaiseté).
 

DMF 2020 - Compléments 2017 Robert Martin

 Article 39/48 
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     MALAISEUX     
FEW XXIV adjacens
MALAISEUX, adj.
[FEW XXIV, 154a : adjacens]

"Difficile, pénible" : Et vint a ung sentier large en bas et estroit a monter par lez dunez et montaignez qui haultez estoient et si malaiseuses a monter qu'il doubtoit moult le voyage, car tant plus monta et plus trouva le chemin estroit et rompu dez eauez, lesquellez se degoutoient par la. (Saladin C., c.1465-1468, 117).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 40/48 
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     MALAISIBLE     
FEW XXIV adjacens
MALAISIBLE, adj.
[T-L : malaisible ; GD : malaisible ; FEW XXIV, 154a : adjacens]

"Difficile, malaisé" : Car c'est un feus qui fuissonne, qui est legiers à esprendre et mal aisuilez [sic, au lieu de mal aisiulez ?] à estaindre (FROISS., Chron., [Amiens] D., t.2, c.1375-1400, 180).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 41/48 
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     MALAISIF     
FEW XXIV adjacens
MALAISIF, adj.
[T-L : malaisif ; GD : malaisif ; FEW XXIV, 154a : adjacens]

A. -

"Malcommode" : Et chevauçoient li Englès par le destroit de le montagne et le malaisiu chemin en pluiseurs routes. (FROISS., Chron. L., IV, c.1375-1400, 157).

B. -

"Mauvais, déplaisant" : Chiere qu'on fait à lui est trop plus malaisiue qu'a celui cui on het sans merci et sans triue. (BRIS., Restor paon D., a.1338, 120).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 42/48 
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     MÉSAISANCE     
FEW XXIV adjacens
MESAISANCE, subst. fém.
[GD : mesaisance ; FEW XXIV, 151b : adjacens]

"Situation pénible, douloureuse" : ...Et en lisant passay l'ire Et l'anuieuse pesance Dont j'estoie en mesaisance (...) Quant ou livre remiray Les torfais et m'y miray Qu'on fist a Boece à Romme (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 9).

REM. Autre ex. de CHR. PIZ. (ms., Ainsi cellui ot dit sa mesaisance Et comme il est de mort en grant balance) ds GD V, 266c.
 

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     MÉSAISE     
FEW XXIV adjacens
MESAISE, subst. fém.
[T-L : mesaise ; GD : mesaise ; AND : meseise ; DÉCT : mesaise ; FEW XXIV, 151a : adjacens ; TLF : XI, 694b : mésaise]

A. -

"État d'inconfort (de souffrance, de douleur, de chagrin, de peine, de privation...)" : Et si vivoient a tous aises ; Ne savoient qu'estoit mesaises ; Onques n'avoient eü fain, N'esté couchié sus pou d'estrain, Qu'onques n'avoient mal geü, Ne point de vin trop chaut beü (MACH., D. Lyon, 1342, 203). Car il est vostres tous entiers, Et si fait bien et volentiers Tout ce qu'il pense qui vous plaise, Et li las vit en grant mesaise, En grant dolour, en grant tristesce, En grant doubtance, en grant destresce, Ne nulle fois n'est asseür (MACH., D. Lyon, 1342, 230). Savoir faisons que, pour consideration du bien et de la loyauté, de la bonne amour et grant affection que noz améz les bourgois et habitans de la ville de Calais, ont monstré à nous et à la Couronne de France, en resistant et contreestant de tout leur pooir à l'envaissement et male volenté du Roy d'Angleterre et de noz autres ennemis, qui longuement les ont tenuz enclos dedens la ville, à grant famine et mesaise (Hist. dr. munic. E., t.2, 1347, 343). Car pour le mesaise qu'elle a Enduré puis que s'en ala Est elle telle devenue (Mir. mère pape, c.1355, 387). LE FRÉRE. (...) Ha ! Dieux, que je suis a mesaise Et a meschief ! L'EMPERERIS. Dieux ! conme il a boulant le chief, Et conme les temples li batent ! (Mir. emper. Romme, 1369, 259). Si vous di bien pour verité que li une host et li aultre, en ces sejours, eurent moult de mesaises. (FROISS., Chron. L., I, c.1375-1400, 68). Il estoient peu de gens, et avoient longement guerriiet par l'espasse de sept ans et plus sans signeur, et jut as camps et ès foriès à grant mesaise. (FROISS., Chron. L., II, c.1375-1400, 118). De ces nouvelles furent liet tout li compagnon d'estragnes pays, pour l'esperance d'avoir monnoie, qui avoient eu grant faute d'argent et enduré tamainte mesaise. (FROISS., Chron. L., V, c.1375-1400, 194). ...cil a qui on me bailla En garde, qui se traveilla Pour moy, affin que, sanz mesaise, Fusse a celle court a mon ayse. (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 40). ...mieulx Leur vault a Olophernés rendre, Qu'il les prensist et feïst pendre, Ou que la muirent de mesaise. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 221). ...ouquel voiage ont esté mors pluseurs grans seigneurs et autres, les uns par pestilence de grant chaleur qui a esté, et secheresses et pourretures de charoignes, les autres de grans mesaises et necessité, les autres autrement. (BAYE, II, 1411-1417, 80). TOST VERSEE. (...) Se voulez, je vous conduyray Pour avoir amy promptement. LA FILLE. Promptement ! Par trop suis nyaise ; Je suis aussi rouge que plastre. Oncques je n'euz rien que mesaise. Sur mon cueur ay trop dure emplastre. (Myst. jeune fille L., c.1413-1445 [c.1530], 24). Alors les glouz et affamez citoyens saillirent hors, et pour les mesaises qu'ilz avoient euz, et pour leur gloutemens, ne se peurent tenir qu'ilz ne bussent et mengassent largement (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 52). Beaux anffans, rempliz de mesaise, Que pensés vous a devenir ? Vous voulez vous fere morir Pour celle loy que vous tenez, Ou se laissé vous la voulés ? (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 92).

 

Rem. Consol. Boèce C., c.1350, gloss. ; Myst. st Clément Metz D., p.1439, 2717 (mezaise) ; WAUQUELIN, Belle Hélène Const. C., c.1448-1452, gloss. ; WAUQUELIN, Manequine C.T., a.1448, gloss. ; Percef. I, R., c.1450 [c.1340], gloss. ("maladie") ; Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 129/205 ; Jourd. Blaye alex. M., a.1455, gloss. ...

 

-

À (grant) mesaise. "Avec beaucoup de difficulté, difficilement" : ...il veoit bien que, par lui ne par le poissance de son royaume, il poroit à mesaise mettre au desous le grant royaume de France, se il n'acqueroit des signeurs poissans, en l'Empire et d'autre part, par son or et par son argent. (FROISS., Chron. L., I, c.1375-1400, 119). Le regne de Siche et toute Aise Et Oriant, a grant mesaise, Conquist, par sa force poissant (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 199).

B. -

Mesaise de qqc. "Manque de qqc." : ...ses gens ne trouvoient mès riens que fourer, et perdoient leurs chevaus et estoient en grant mesaise de tous vivres (FROISS., Chron. L., V, c.1375-1400, 223). ...leurs gens sus les champs (...) estoient en grant povreté, dangier et mesaise de vivres pour eulx et pour leurs chevaulx (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 84). ...en la terre en laquelle est secheresse, sterilité et chaleur trop grant, mesaise d'eaues... (MAMEROT, Romuleon D., 1466, 216).

 

-

Au masc. : Ton Bon Renon meust mon coraige D'avoir pité de ton mesaise (Pouvre peuple H., c.1450-1492, 203).
 

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     MÉSAISÉ     
FEW XXIV adjacens
MESAISÉ, subst. masc.
[T-L : mesaisier (mesaisié) ; GD : mesaisier (mesaisié) ; AND : meseisé ; FEW XXIV, 151a : adjacens]

A. -

[D'une pers.] "Incommodé, souffrant, malheureux" : Et sachiez qu'il le fist dolens et mesaisiés du cuer (Bérinus, I, c.1350-1370, 402). Lors l'amena on devant l'empereur, triste, dolent et mesaisiez de ses plaies, et si l'avoient les gloutons desarmé (Bérinus, II, c.1350-1370, 18). Adonc ot Cleopatras si grant destresce au cuer que elle se pasma par plusieurs fois, et au relever elle s'escrioit comme femme mesaisiee : "Hemy ! ..." (Bérinus, II, c.1350-1370, 81). Et s'en y avoit pluiseurs qui avoient perdus leurs compagnons, et ne savoient qu'il estoient devenu ; dont, s'il estoient mesaisié, ce n'est point de merveille. (FROISS., Chron. L., I, c.1375-1400, 57). Mais messires Hues et li autre qui se sauvèrent, s'aherdirent au cable et au mas, et li vens les bouta sus le sablon ; mais il burent assés et en furent grandement mesaisiet. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 210). Et se tenoit pour le tamps li sires de Couchi en Avignon, car bien quinse sepmaines il fu au lit d'une keute de un cheval, dont il ot la jambe durement mesaisie. (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 203). Car miex humbles et mesaisiez Nous vault aler en paradis, Que sains, orgueilleux, a touz diz, En enfer estre tourmentez (Mir. ste Bauth., c.1376, 155). Jamais son corps ne fust lassé De fayre grande penitence, Et donnoit toute la substance Es pouvre gens et mesaisiez. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 176). ...mais aultrement estoit le sire de Moncade, car a grant paine il se party du champ et ala en son hostel et visiter se fist et bon besoing en avoit, pourtant que si mesaisié et mal mené se sentoit que grant doubte avoit de la mort (Comte Artois S., c.1453-1467, 60).

 

-

Empl. subst. : Et lors qu'il oÿ le povre, il apella son chambellan et dist: "Amiz, se tu as point d'argent, si le donne a ce mesaisié..." (Bérinus, II, c.1350-1370, 106). Et escarmuçoit qui escarmucier voloit. Si en y avoit souvent des mors, des pris, des navrés, des blechiés et des mesaisiés des uns et des aultres. (FROISS., Chron. L., I, c.1375-1400, 69). L'OSPITALIER. Oÿ, syre, je vous requiers Qu'il vous plaise de entrer dedans. La neccessité de ceans Vous verrés et le mesesiés. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 165). ...tu garis lez adolez et mesaisiez, tu fais lez poures enrichir, tu relieves les impotens, tu donne joye aux desconfortez (Comte Artois S., c.1453-1467, 130).

 

Rem. Consol. Boèce C., c.1350, gloss. ; Percef. I, R., c.1450 [c.1340], gloss. ; Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 285/173 ; Jourd. Blaye alex. M., a.1455, gloss..

B. -

[D'une chose] "Malaisé, malcommode, propre à incommoder" : Maint royaume et mainte conté Et terre a avoir mesaisie Lampheto aussi Marpasie Conquistrent (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 10). ...et se tu gis maintenant sur un pou de fiens qui un petit de temps t'a a durer, ou en un povre et mesaisé logis ou tu n'as de quoy te aisier, quel meschief est ce pour toy, avisant le benoit logis de Paradis sur tous bel et delictable, ou tu ne peux faillir se en toy ne tient ? (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 223).

 

-

[D'une douleur] "Incommodant" : Telle paine, telle deulour ! Oncques mais n souffris greignour, Plus mesaisie ne plus aigre (Myst. st Clément Metz D., p.1439, 520).

V. aussi mesaiser
 

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     MÉSAISER     
FEW XXIV adjacens
MESAISER, verbe
[T-L : mesaisier ; GD : mesaisier ; AND : meseisé ; DÉCT : mesäaisier ; FEW XXIV, 151a : adjacens]

I. -

Empl. trans.

A. -

Mesaiser qqn (ou son corps). "Incommoder, blesser, meurtrir, mortifier" : Ma char vueil que soit mesaisie Pour mes dessertes. (Mir. parr., 1356, 62). Ne me mandastes vous par lettre Que dire a droit vous ne saviez Quel enfant d'elle eu aviez, Et, ne fust pour moy mesaisier, Ars les eussiez en un brasier ? (Mir. fille roy Hongrie, c.1371, 70). Je li dis et fis mencion Qu'aviez telle complexion Qu'avecques femme ne gisiés Que son corps n'en fut mesaisiés Jusqu'a la mort aucune fois (Mir. Berthe, c.1373, 218).

 

-

[D'une chose] "Incommoder qqn, faire du mal, de la peine à qqn" : Mais je vous depri et requier, Ma dame, qu'il ne vous desplaise, Se de ce qui moult me mesaise Vous fais encor une demande. (MACH., R. Fort., c.1341, 85).

B. -

Mesaiser qqc. "Rendre qqc. malaisé, propre à incommoder" : Sachiés que vostre hostel trestout mesaizera De la grant punaisie que de son cors gestera (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 446).

II. -

Empl. intrans. "Nuire, causer du préjudice" : ...se par aucune maniere je y avoye mesezié ou mespris, toutez et quantez fois que mestier seroit, et je en seroye somméz et requis (Trés. Reth. S.L., t.2, 1384, 315).

III. -

Empl. pronom. Se mesaiser. "Porter préjudice à soi-même (par une action blâmable)" : Et se aulcunement elles se mesesoyent en leurs virginités (...) sans nulle mercy elles estoient lappidees ou par especial grace enfouyes vivement. (LA SALE, Sale D., 1451, 153).

 

-

"S'affliger, se désoler"

 

Rem. Percef. I, R., c.1450 [c.1340], gloss.

REM. Cf. aussi GD V, 265c : mesaaisier et T-L V, 1562 : mesäaisier (a.fr.).

V. aussi mesaisé
 

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     MÉSAISIEMENT     
FEW XXIV adjacens
MESAISIEMENT, adv.
[GD : mesaisiement ; AND : meseisément ; FEW XXIV, 151b : adjacens]

"Douloureusement, violemment" : Moult par estoit fors li perchans Dou chevalier ytaliien, C'on dist monsigneur Graciien : Begot si tres roit consieui Que jus a terre l'abati. Ce fu si mesaisiement, C'onques de puis aisiement Ne s'aida si bien que devant. (FROISS., Méliad. L., t.1, 1373-1388, 144). ...li uns des François, qui demorés estoit à cheval, les debrisoit et defouloit [les Anglais] trop mesaisiement (FROISS., Chron. L., IV, c.1375-1400, 114).

REM. Lancelot du Lac, éd. 1488 (atant se attourna Helinant pour aler a court moult mesaiseement), ds GD V, 267b.
 

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     NAISIR     
FEW XXIV adjacens
NAISIR, verbe
[T-L : naisir ; GD : naisir ; FEW XXIV, 151b : adjacens]

I. -

Empl. pronom. "Se lasser" : ...li prelat de Sainte Eglise et li noble se coummenchierent à naisir et tanner del emprise et ordounnanche dez trois estas (FROISS., Chron., [Amiens] D., t.3, c.1375-1400, 136). ...se commencièrent à nesir cil de Mauconseil de leur garnison, car pourveances leur falloient (FROISS., Chron. L., V, c.1375-1400, 176).

II. -

Part. passé en empl. adj. "Lassé, dégoûté" : Je ne seroie ja nesis De parler ent III. jours entiers (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 105). Et en tuerent tant qu'il en estoient tout lasset et tout naisit (FROISS., Chron., [Amiens] D., t.3, c.1375-1400, 146). ...li prouvos des marchans qui estoit nesis d'estre sour les camps et riens faire... (FROISS., Chron., [Amiens] D., t.3, c.1375-1400, 149). ...et riens ne lassent à ardre, tant que les Huyois furent enssi que naisis et soy acordassent volentiers (JEAN D'OUTREM., Myr. histors B.B., t.5, a.1400, 565).

 

Rem. Autres ex. de FROISS. ds GD V, 466a.
 

DMF 2020 - Synthèse Jean-Loup Ringenbach

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     PRÉADJACENT     
*FEW XXIV adjacens
PREADJACENT, adj.
[*FEW XXIV, 155a : adjacens]

"Antécédent, préexistant" : Dieu fist sepparations diverses des diz elements, par lesquelles chacun element fut divisé d'avecques l'autre et colloqué en son ordre, et dont la creacion fut de neant, sans aucune matiere preadjacente. (Ovide mor. B., 1466-1467, 44). [Seul ex.]
 

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