Article 1/5
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ACCIDE, subst. fém. |
[T-L : acide ; GD : accide/accidie ; AND : accidie ; FEW XXIV, 94b : acedia ; TLF : I, 359 : accide] |
RELIG. "Acédie, paresse spirituelle, sorte de lassitude, de dégoût qui pousse l'homme à se détourner des biens spirituels et à négliger la pratique de la charité" : Sire, ma vie poure et mate Regehie à Dieu par confesse, Car, par le dyable qui m'agresse, Ai(e) vescu tous iour en accide. ([Sept péchés C., c.1300-1350 [p.1478], 235]). De ce pechié [Ire] Accide vient Qui au coeur de l'homme se tient. Accides est anuy de vivre Qui fait Desesperance suivre, C'est ung des plus malvais pechiez Dont ly homs puist estre entechiez ([Renart contref. R.L., t.2, 1328-1342, 133]). Et pour ce que nous puissons miex ensuir les dites vertus, il nous convient eschiuer ceste dicion : 'Saligia', en laquelle nous trouvons .VIJ. lettres, par lesqueles nous prenons les .VIJ. vices pour lesquelz l'umaine nature est agravantee en l'abysme de perdicion pardurable. C'est assavoir, par 's' est entendu 'superbe' - c'est orgueil - par 'a', 'avarice', par 'l', 'luxure', par 'i', 'envie', par 'g', 'gloutonnie', et par 'i', 'ire', et par 'a', 'accide' - paresce - que nul bien peut estre fait se le mal n'est lessié, et aussi au contraire. ([VIGNAY, Théod. Paléol. K., c.1333-1350, 64]). Cil chemins moult de gens angoisse Et les fait vivre en grant destresse : Laie gent l'appellent paresse Et li clerc l'appellent accide ([JACQUES BRUYANT, Voie pauvreté richesse P., 1342, 17]). Prouesse, qui vault autant comme diligence, est une sainte vertu contre le pechié de accide et de paresce. ([Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 42]). Accide, qui est une tristesse et melancolye de cueur qui empesche qu'elle [l'âme] ne prengne plaisir a quelque bien faire. ([Miroir âme, c.1400-1500, f° 195]). Doctrine m'a peu prouffité, Car en toute mondanité, En orgueil et presumpcion, Me suy duit et exercité. Par yre ay autruy despité Et voullu vindicacion ; Envie, murmuracion, Gloutonie et vomicion, Et pechié de carnalité, Avarice et decepcion, Accide et dissolucion, M'ont au lit de mort alitté. ([Doc. c.1430-1440. In : Romania 31, 1902, 319]). ...tele vagacion [d'entendement] compete au pechiet de accide (...) De accide, c'est a dire de niceté et de tristesse, procedent pluseurs maulz. ([Somme abr. M., III, c.1477-1481, 177]). Accide est annuy de bien lequel n'est pas opposé ne contraire a charité, mais contient une diminution de ferveur d'icelle. ([Somme abr. M., III, c.1477-1481, 187]). Dormitavit anima mea, Mon ame a dormit, c'est a dire somillié, pre tedio, par anuy, comme lassee et traveillie (...) et ceste dormitation seult estre ditte accide ou presche ([Psaut. Ludolphe le Chartreux D., c.1495, 35]). |
REM. Empr. au lat. acedia (aussi acidia, accidia) "nonchalance, dégoût, tristesse, paresse spirituelle" (A. Blaise, Dict. lat.-fr. des aut. chrét., 1967). |
DMF 2020 - Synthèse |
Jean-Loup Ringenbach |
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Article 2/5
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ACCIDIEN, subst. masc. |
[*FEW XXIV, 94b : acedia] |
"Celui qui est porté à l'acédie" v. accide : Le deable qui en ses lïens Tient trestous les accidïens, Leur dit : "Josnes es, si vivras, Et assez avoir concquerras, Monlt grant temps reposer te poeulx ; Assez gaigneras, se tu voeulx." Pour ce deviennent indigens, Et avecques ce negligens ([Renart contref. R.L., t.2, 1328-1342, 134]). |
DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 |
Jean-Loup Ringenbach |
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Article 3/5
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ACCIDIEUX, adj. |
[T-L : acidios ; GD : accideus/accidieus ; FEW XXIV, 94b : acedia] |
"Porté à l'acédie, à la nonchalance spirituelle" v. accide : PERECHE. À bien faire suy endormie, Et à mal faire esvoilhie, Car trop me plaist à estre oyeseusse. POURVEANCHE. Pereche, trop (y) es accidieusse À dormir et à riposeir Et trop grant repous, sens dobteir, Est de visce nourissement. ([Sept péchés C., c.1300-1350 [p.1478], 234]). Se Dieux feust accideuz, il n'eust mie cest monde ne n'eust mie prise char humaine en Nostre Dame Sainte Marie, Vierge glorieuse, et n'eust souffert passion pour racheter humain linage. ([THOM. SALUCES, Chev. errant W., 1394, 1077]). Il [Dieu] n'establist pas voyers, juges, baillifz, provostz ne procureurs qui soient orgueilleux, luxurieux, yreux, gloutons, avaricieux, envieux, accidieux ne plains de vaine gloire. ([Livre bêtes L., c.1450-1500, 108]). Un homme accideux et parresceux est comme une enseigne a la sayette pour ferir au blant [pour le diable]. ([Somme abr., c.1477-1481, fº 109]). [Mort] Adverse, aguë, ardante, agonieuse, Accidieuse, avare, ambicieuse ([LA VIGNE, Compl. roy Bazoche M.R., 1501, 392]). |
| - | Empl. subst. : Le accideux oublie le gaige espirituel, car qui n'achate ne marchande ez forestz ez temps ordonné pour marchander, aprés rien ne trouvera. ([Somme abr., c.1477-1481, fº 108 vº]). |
DMF 2020 - Synthèse |
Jean-Loup Ringenbach |
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Article 4/5
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ACCIDUATION, subst. fém. |
[GD : assiduacion ; *FEW XXIV, 94b : acedia] |
"Paresse" : Ne usez d'erreur ne de chaulde colique, Fuyez orgueil, glotonnye, avarice ; Luxure, comble d'euvre dyabolique, A vous saulver ne vous est pas propice ; De envie aussi relinquez le supplice ; Semblablement d'assiduacion, Et d'avarice habandonnez la lice, Si vous voulez avoir salvacion. ([LA VIGNE, S.M., 1496, 216]). [Seul ex.] |
REM. L'éd. donne d'assiduacïon "continuellement, constamment", ce qui ne convient ni au sens ni à la syntaxe. Selon l'interprétation proposée par G. Roques, in : Du Mot au texte (Colloque), 1982, 113 et admise par FEW XXV, 538a, note 20, assiduacion désigne ici en fait la paresse, un des sept péchés capitaux auxquels le prêtre demande à Martin de renoncer, les six autres figurant plus haut : chaulde colique (colère), orgueil, glotonnye, avarice, luxure et envie. La forme assiduacion serait une création d'aut., nécessitée par la rime, à partir d'accide "paresse". |
DMF 2020 - Synthèse |
Jean-Loup Ringenbach |
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Article 5/5
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ACEDIER, verbe |
[*FEW XXIV, 94b : acedia] |
"Lasser, rebuter" : [P]our eviter prolixité de parolles, lesquelles pourroynt trop ennuyer et acedier les liseurs... ([PIERRE DESREY, Chevalier au cygne, éd. L.S. Crist, 1499. In : Mél. J. Lods, 1978, 163]). [Seul ex.] |
REM. Empr. sav. au lat. acediari "être dégoûté, découragé ; supporter avec peine" (dér. de acedia "nonchalance, dégoût, tristesse, paresse spirituelle", v. accide), notamment att. dans l'A.T. (Eccli. VI, 26 ; XXII, 16). Mais peut-être faut-il lire atedier (FEW XIII-1, 31a : taedium). |
DMF 2020 - DMF 2015 |
Jean-Loup Ringenbach |
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