Région. (Nord)

I. -

Empl. trans.

A. -

Aminer qqc.

1.

[Le compl. d'obj. désigne une chose concr.] "Ruiner, détruire" : Il a tout aloué Sen meuble, sen trésor ; il a tout amyné (Geste ducs Bourg. K., c.1410-1419, 414).

Rem. CUVELIER, Chans. Guescl. C., c.1380-1385, 20166 ds GD I, 266c. Myst. process. Lille K., t.2, a.1485, 27/235.

2.

[Le compl. d'obj. désigne une chose abstr.]

a)

[Une institution] "Saper la puissance de qqc." : Or ne sai se il est du linage le Chisne Qui par dedens Surie le nostre loy amine ? (Baud. Sebourc B., t.2, c.1350, 21). Qui veult la lettre examiner, On treuve qu'empereurs romains Veullent nostre loy aminer Pour servir leurs dieux soirs et mains, Qui sont fais de piés et de mains, Comme on fait aultres marmousaiges (MOLINET, Myst. st Quentin C., c.1482, 23).

b)

[Un mal] "Anéantir, supprimer" : Encore n'est pas aminee La racine de ma langeur, Car se sa vie est terminee, Posé que vengance ait vigeur, Quentin, le desir de mon ceur, Ne vient pour tant devant ma face, Encore en monte la liqueur De larmes a l'oeil qui s'efface. (MOLINET, Myst. st Quentin C., c.1482, 170).

B. -

Aminer qqn. "Saper la puissance de qqn, affaiblir qqn" : ...aler vous faurra par delà le marine, Car au duc Godefroys, qui ensy nous amine, Nous faurra marier (...) Et partant ara pays la gieste sarrasine. (God. Bouillon R., t.2, c.1356, 532). Princes puissans, qui tresors affinez Et ne finez de forgier grans discors, Qui dominez, qui le peuple aminez, Qui ruminez, qui gens persecutez, Et tourmentez les ames et les corpz, Tous vos recors sont de piteux ahors (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 140). Venus sommes pour demourer En ta terre ; car plus trouver Ne peuent de herbe les brebis De tes serviteurs ou païs De chanaan, pour la famine Qui trop chascun griefve et admine. (Myst. process. Lille K., t.1, a.1485, 469). Se nous sommes dont fourmenéz et aguillonnéz de famine, Qui les pluisseurs de nous amine et que nous ne puissons fuïr, N'esche point pour vous ensievir Et par vos amonestemens ? (Myst. process. Lille K., t.1, a.1485, 483).

Rem. Chev. cygne R., c.1356, 18636 ds GD I, 266c.

II. -

Empl. pronom. "Se réduire, s'anéantir" : Ha, fiere famine, Par ton fait se amine Ma joie et mon bien ! (Myst. process. Lille K., t.1, a.1485, 440).

III. -

Part. passé en empl. adj. [D'une pers.] "Affaibli, ruiné" : Puis sa mort sont povres gens hutinés, Tauxés, tanés, pourjectés, pourbondis, Aguillonnés, bustinés, batonnés, Batus, minés, abattus, aminés, Matz, matinés, malmenés et mauldis, Chetis, doubtis, accroupis, apovris, Deffais, demis, deschirés, descousus : Qui hait son chien luy met le raige sus. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 175).
 

"Souterrain destiné à détruire une mine creusée par l'ennemi" : Lors commencerent fort à miner. Les Angloiz apperçurent la myne et firent contremine (Chron. Valois L., c.1377-1397, 154). Et avecques ce par dessoubz les murs en plusieurs lieux firent plusieurs mines, entre lesquelles en firent une contre ledit lieu de Baudimont, en intencion de par là entrer secrètement dedens la cité, laquelle fut apperceue des asségez par une contremine qu'ilz avoient fait : si fut rompue, et y advint grant hurtois et poussais de lances les ungs contre les autres. (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.3, c.1425-1440, 30-31). ...ung des gens du roy naigea au travers de la mer depuis le seige jusques au dit chasteau de l'Ouve pour veoir leur contremyne (LA VIGNE, V.N., p.1495, 256).

Rem. GDC IX, 184a (contermine).
 

A. -

Empl. intrans. "Creuser des contremines, contreminer" : ...ceulz du chastel doivent monter hault et regarder se ilz verront point porter terre, ne aucun signe, par quoy doyvent avoir suspeçon de mine (...) et, se ilz s'en aperçoivent, doivent contreminer et tant faire que ilz vienent jusques à la mine de leurs anemis (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., I, 1404, 237). Item pour contreminer se besoing est puis, piés de chievres, marteaulx, hotes, pelles, loches, crocs de fer, eschelles, et est bon d'aprester contre les engins, affin de les aidier, betum, pois, huilles et estouppes ... grant foison, fer et acier ... rapareillier les harnois aux hommes d'armes, et le maistre, pour ce faire, fust ... faire hauces, sayettes, dondaines et viretons, se le trait y failloit. (CHR. PIZ., Fais armes cheval., 1410, 53r°). En après, du costé du roy d'Angleterre fut faicte une mine par dessoubz les fossez de la ville, laquelle fut percée jusques assez près des murs. Mais les asségez, ce doubtans, contreminèrent à l'opposite d'icelle et firent si bonne diligence qu'elle fut effondrée (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.3, c.1425-1440, 411). Et, se ainsi estoit qu'ilz sentissent que les ennemis commençassent en aucun lieu à miner, doivent tantost et incontinent contreminer et tant faire qu'ilz viennent jusques à la mine de leurs ennemyz et celle part, à force de lances et autrement en bien combattant, leur challengier le passaige, si que passer ne puissent plus avant. (BUEIL, II, 1461-1466, 53). Ces mines, grandes et parfondes et de chier coust, furent revelées à ceulx de la ville par ung Liegois fuitif qui subtillement y entra. Sy contreminèrent à l'encontre et donnèrent remède à leur soudain meschief apparant. (MOLINET, Chron. D.J., t.1, 1474-1506, 46).

Rem. Aussi MOLINET, Chron. D.J., t.2, 1474-1506, 139.

B. -

Au fig. "Agir en contrant, contrer" : Fortune et pechié fourvoient Les hommes tant qu'ilz ne voient Comment par leur seule faulte Esloingnent la cité haulte. Fortune suy quant elle est doulce ; Fuy la, s'elle te fait oeul louce. Pechié tousjours contremine A toy couvrir de vermine. (MARTIN LE FRANC, Estrif, éd. H. F. Williams, 1447-1448. In : Mél. E. Li Gotti, 1962, 476). Mais sa pencee en fut contreminee. (ANTITUS, Poés. P., c.1500, 15).
 

A. -

"Celui qui travaille à une contremine" : ...et les Flamengz (...) contreminèrent (...), et tellement se portèrent lesdis Flamengz contremineurs que les Franchois furent minéz et suffocquiéz et aminéz (MOLINET, Chron. D.J., t.2, 1474-1506, 139).

B. -

Au fig. "Adversaire" : ...tant fut parlé et traité que ce mariage-ci se feroit et se consentiroit du costé de la mère, pourvu que le comte anglois, contremineur de la noble dame royne, se vouldroit publiquement desdire devant roys et princes, soy confessant menteur et faux injurieur de sa personne, à tort et sans cause (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 467).

V. aussi contremine
 

"Travail dans la mine, mine" : Adont s'assanlerent il pour aler le lundi au matin a Vieslis pour le tour abatre (...) monterent les despens des dis ouvriers, de leurs aidans, de forge, de martiaus, d'achier pour reenacherer, d'autres hostils refaire appartenans au dit minage... (Arch. Nord, 1360, B 11259, f° 4, IGLF). Premier seroit expedient au fait du minaige d'avaller jus une fosse quaree et maisonnee de bois en quarure c'on appelle joques assises sur leegher boein en souvent croizant d'une verghe, les IIII quoins comme pour faire la crois Saint Andrieu (Doc. c.1450. In : J. Rigault, Actes du 98e Congrès nat. des Soc. sav., t.1, 1975, 104).
 

A. -

"Substance terreuse qui contient un métal, un minerai" : ...une tenelle [tenaille] xafferesse [chaufferesse, destinée à tenir au feu la pièce que l'on travaille], une grande tenelle torneresse [qui sert à tourner ou à tordre la pièce que l'on travaille], II tenelles baiteresse, un grand mertel et I petit pour brixier la mine (Bail de forge, a.1391, 284). ...j'ay regardé et visité la montaigne de la mine dudit lieu de Saint-Pierres, et trouvé qu'elle estoient en chommage et que on n'y avoit aucunes chose besongné depuis la prinse dudit Cuer et n'y trouvé aucune mine tirée. Et après me transporté ou martinet et en la maison dudit lieu, et trouvé ou celier de la dicte maison 33 pièces de cuyvre qui n'estoit peloux ne du tout affiné (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 250). ...ont estimé les dessusdiz certaine quantité mine recuite estant tant ès recuiz que au moulin et ès lavouers dudit martinet valoir 9 basnes et demie d'ouvrage nect à raison de 7 l. tournois chacune basne (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 260). Sur la montaigne de Pampalieu. Une grant quantité de gros bois de chayne achacté et conduit sur la dicte montaigne deux ans a ou environ pour faire une grant roe et certains autres artifices pour tirer la mine et terre hors de la dicte montaigne, 14 l. tournois. (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 272).

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Mine de cuivre. "Minerai de cuivre" : ..visité premièrement la montaigne de la mine dudit lieu de Chissieu et trouvé qu'elle estoit et est en mauvais estat et mal apuyée de boys, et qu'il y avoit près de quatre ans qu'on n'y avoit riens besongné pour ce que ladicte mine ne se treuve pas bonne et est de plus de despence que de prouffit, sur laquelle montaigne y avoit quatre ou cinq monceaux de mine de cuyvre tirée toute crue (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 249).

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Mine de fer. "Minerai de fer" : ...auquel lieu voiant qu'il ne povoit plus fouir et que les dessus diz l'ateignoient, et qu'il trouva ilec des pierres de mines de fer qui autres foiz y avoient esté, en prinst pour soy deffendre, se arresta et print desdites pierres que on appelle bouldures et leur en gecta pour empescher qu'ilz ne approuchassent de luy (Doc. Poitou G., t.11, 1469, 150).

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Mine de glace et cuivreuse. "Minerai de cuivre à l'état brut, dans sa gangue (?)" : ...ledit gouverneur et receveur baillera (...) audit Jehan Brouart et rendre ou dit martinet de Brucieu, aux despens du Roy, toute la mine de glace et cuivreuse que l'on fera et tirera hors de la dicte montaigne de Pampalieu et qui sera tirée hors de ladicte montaigne par le puiz du jour d'icelle (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 312).

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Mine de plomb. "Minerai de plomb" : ...deux livres de myne de plonc, à faire emprimure pour emprimmier plusieurs petis botquins qui doivent servir aus dits navires (Comptes Lille L., t.2, 1468, 363).

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Mine grasse. "Minerai pur et dégagé de sa gangue" : ...ledit gouverneur et receveur baillera (...) audit Jehan Brouart et rendre ou dit martinet de Brucieu, aux despens du Roy, toute la mine de glace et cuivreuse (...) et aussi la moitié de la mine grasse qui sera faicte et tirée èsdictes mines (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 312).

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V. laitdemine

-

[Dans une compar.] : Dont ma joie yert en declin, S'elle à garir ne s'encline Le mal que reçoy, Car son plaisant maintieng coy Par desir mon cuer affine, Tout ensement com la mine S'affine en feu ; dont je croy Morir dedens brief termine, N'autre garison n'i voy. (MACH., Les lays, 1377, 315).

B. -

"Terrain ou lieu souterrain d'où l'on tire les métaux" : Car tout ainsi que l'argent c'on affine Seroit sur l'or qui vient de noble mine, Fu par ce feu couvers d'umanité Li ors que je compare a deité (Mir. st Sev., 1362, 239). Mais au cuer gist la pitié leur Plus parfont que l'or en la mine (CHART., E. Dames, 1425, 369). Le dimenche deuxiesme jour du mois de février, par commandement et ordonnance de monseigneur le procureur général et commissaire, etc., je Pierre Granier, me suis transporté ès mines d'argent de Pampilieu pour veoir et visiter l'estat et disposicion des dictes mines et l'ouvrage qui avoit esté fait, ouvré et affiné ès martinez de la dicte montaigne depuis le derrenier inventoire (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 291). Ce roy Oethés trouva une mine d'or qu'il fist aviver, et en fist faire potz, platz, tasses et autres utensilles de maison dont il se fist servir. (LEFÈVRE (R.), Hist. Jason P., c.1460, 189).

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Garde des mines : J'ay mandé venir vers moy Jehan Vanerot, garde de par le Roy des mines de ce païs de Lyonnais, tant d'argent que de cuyvre, et luy ay fait commandement qu'il me baille par extraict de ses papiers tout l'argent, plomb et cuyvre qui a esté fait et affiné èsdictes mines depuis que Jacques Cuer y a eu droit jusques à présent (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 243).

C. -

"Excavation, souterrain, en partic. galerie creusée sous un ouvrage défensif destinée à en provoquer l'effondrement" : Or faut paier pour .VIIJ. ans les trentismes Et sans delay pour le roy .IIJ. disismes. Et li dyable porront de ce finer ; On porroit bien une mine miner ["creuser"]. Mieus me vauroit ailleurs estre .J. porchier Que moy veoir einsi vif escorchier. (MACH., Compl., 1340-1377, 251). Adonc entrèrent cil ouvrier en leur mine et minèrent continuelment nuit et jour, et fisent tant que il vinrent moult avant par desous le grosse tour. (FROISS., Chron. L., V, c.1375-1400, 221). Si avisèrent lieu et place pour faire leur mine, et furent mineur et houilleur mis en oeuvre. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 85). Pour les murs abatre et deffaire, Une mine pristrent a faire (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 325). ...et doivent fouir soubz terre plus parfons que les fossez et faire voye jusques aux murs, et doit on la voie estaier de pieces de marrein et ais affin que la mine ne chiée (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., I, 1404, 230). ...ceulz du chastel doivent monter hault et regarder se ilz verront point porter terre, ne aucun signe, par quoy doyvent avoir suspeçon de mine, (...) et, se ilz s'en aperçoivent, doivent contreminer et tant faire que ilz vienent jusques à la mine de leurs anemis (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., I, 1404, 237). Lequel feu, par le moien des aprestemens qui subtilement estoient faiz dedens, icelle mine tant continua, que finablement la plus grant partie de ladicte porte fut confondue et chey tout à plat. (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.2, c.1425-1440, 215). Puis après, quant les adversaires visdrent qu'ils ne povoient afondrer sur eulx, ils firent pluseurs mines et voyes soubz terre, parmy lesquelles s'efforsoient entrer dedens (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.3, Fragm. hist., p.1436, 246). ...lequel chasteau fut batu merveilleusement, et y ot fait plussieurs mines, et y donnèrent iceulx Angloiz un merveilleux assault, tant par la muraille abatue par les dites bombardes que par les mynes. (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.1, c.1437-1464, 46). ...quant vous serez grant et que suivrés les tres nobles faiz d'armes, comme les hommes de bien font qui sont es batailles par mer, par terre, corps a corps, ou en compaignies, en rencontres, en mynnes, en saillies, en eschielles, en barrieres, en escarmuches ou autrement, vous n'obliez pas ceste tres sainte beneiçon (LA SALE, J.S., 1456, 41). Et bientost après on vint logier sur les fossés, et furent faictes mines couvertes et descouvertes (GRUEL, Chron. Richemont L., c.1459-1466, 135). Premièrement on doibt tellement aparfondir les fossez que nulle mine ne puisse passer par dessoubz (BUEIL, II, 1461-1466, 52).

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Par mine(s). "En creusant des galeries sous un ouvrage défensif pour en provoquer l'effondrement" : Chascuns disoit : "Se Dieus me faut, Jamais ne l'ariens [la ville] par assaut, Ne par siege, ne par famine, Par angien, par trait ne par mine ; Ne nous ne li poons grever, N'on ne se doit pas esprouver A ce qui puet avenir ..." (MACH., P. Alex., p.1369, 79). Leur mineur avoient perdu leur mine et (...) il leur en couvenoit refaire une nouvelle, se on voloit avoir le ville par mine (FROISS., Chron. R., VIII, c.1375-1400, 204). En grant yver, par voye amere, Au duc Mauclerc mistrent le siege, Et au derrain fut prins au piege Par assault, par asseoir, par mine. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 308). Et, pour donner assault par mine, quant vous verrez vostre opportunité, vous convient avoir cent cinquante piez de chièvre, seize joues de pont, vingt et quatre eschielles doubles grans et fortes à quatre rencs pour soustenir quatre hommes d'armes de front, qui ayent de XXXVI à quarante piez de long, et que chascune eschielle ait trois pouliettes au bout d'en hault. (BUEIL, II, 1461-1466, 48). Oultre plus vous avez cy dit, Par voz advis, qu'i seroit bon De myner sans nul contredit Leur bouloart par grand rendon Adfin que avoir le puissons Par mine et par artillerie (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 164).

D. -

P. métaph. "Source" : [Ma dame] Tant scet, tant vaut, tant puet que c'est la mine Que nuls ne puet espuisier de bonté : Chascuns qui tent à bien y puise et mine ; Mais plus en a, quant plus en a donné. (MACH., L. dames, 1377, 177). ...Fonteinne divine Pour pechiés laver, Rose sans espine, Douce à oudourer, Vous estes la mine Qu'on ne puet miner, Quar qui plus y mine, Plus a à miner. (MACH., Les lays, 1377, 403). Car tant est digne Nature que mort, medecine, Doulz et aspre, tous d'une mine Naiscent, ou tous d'une racine (CHART., L. Dames, 1416, 256). Et sur toute sollicitude Doit-on mettre très grant estude À conforter, comme qu'il soit, Le cuer et le foie orendroit, Et le pommon et la cervele, Où gist la mine naturele Des nobles vertuz, se me semble, Qui gouvernent le corps ensemble (LA HAYE, P. peste, 1426, 137). Mais ta grant perfection, Surmontant opinion, Donne ferme adhesion, Dont le cueur se determine A Dieu qui tout examine, Ou science naist et fine, Comme la sourse et la mine, Le fondement, la rachine, Et la puissant medicine Qui l'esprit purge et affine Par divin eslevement, Et lui donne essaulcement Sur son propre sentement, Sans prendre aultre fondement, Silogisme ne argument, Fors par le lieu seulement D'auctorité qui ne ment, En qui du tout nous fion (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 29). Mais ton George, c'est leur bras dextre executif de leur traditive, leur consistorial decretaire, cil qui en euvre met les gemmes de leur precieuse mine. (ROBERTET, Oeuvres Z., c.1450-1500, 130).

Rem. GILLES LE MUISIT, Poésies K., t.1, c.1347-1353, 186 ; 271 ; t.2, 118 (T-L VI, 59).

-

P. ext. Grande mine. "En abondance" : Vous arés ja d'argent grant mine [ou est-ce mine³ ?]. (Myst. st Clément Metz D., p.1439, 301).
 

Empl. trans.

A. -

"Creuser par dessous qqc. (un mur, un ouvrage défensif...) pour provoquer son effondrement" : (Quar) vers le moustier s'en alaient, (Et) jus abatre le vouloient. Li rois premier devant aloit Et les fondemens en minoit. De une crocë a (un) evesque Faisoit son houel et (sa) besche. (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. S., c.1330-1331, 286). L'eglise est entour minee, Pou faut (que), ne soit aterree. (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. S., c.1330-1331, 288). Grans montaingnes a tout entour, Et maint chastel et mainte tour, Qu'on ne porroit miner ne prendre, Tant bien y sceüst on entendre, les IJ. perilleuses montaingnes Qui sont arides et brehaignes. (MACH., P. Alex., p.1369, 47). ...car nul ne fait adultere aveques sa propre femme, ne nul ne mine ou abat son mur pour se nuire, ne nul ne emble a soy meïsme ce qui est sien. (ORESME, E.A., c.1370, 327). Bien se perchut messires Agos des Baus que on les minoit. Si en fu en doubte, car au voir dire c'est grans effrois pour gens qui sont en une forterèce, quant il sentent que on les mine. (FROISS., Chron. L., III, c.1375-1400, 88). Il fist apparillier une quantité de mineurs que il avoit avoecques lui et à ses gages, et leur commanda qu'il vosissent faire leur pooir de le forterèce miner. (FROISS., Chron. L., V, c.1375-1400, 221). Mais que la chose soit celee Et menee bien secretement, Leur bastille soit mynee Toute jusques au fondement. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 162).

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Empl. abs. : Cil mineur n'eurent gaires minet quant, par dessous les murs, ils trouvèrent uns biaus degrés de pière qui avaloient aval et puis remontoient contremont par desous les murs de le ville et aloient droitement ou chastiel. (FROISS., Chron. L., IV, c.1375-1400, 152). Au pié d'une tour sont ycy deux homes, l'ung aiant le visaige enflé et l'autre une gibesiere, qui minent au pié d'une tour et hotent la pierre quarree accouplant deux murs, qui signifie paix, pour faire cheoir l'edifice. (Déclar. Hyst. S., a.1449, 158).

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P. métaph. : C'est de Desir qui mon cuer flame Et point de si diverse flame, Qu'en monde n'a homme ne fame Qui medecine Y sceüst, se ce n'est ma dame, Qui l'art, qui l'esprent, qui l'enflame Et bruïst d'amoureuse flame, N'elle ne fine. Fortune est sa dure voisine, Et Amours l'assaut et le mine, Dont morir cuit en brief termine Sans autre blasme. (MACH., R. Fort., c.1341, 53).

B. -

P. ext. "Creuser" : Or faut paier pour .VIIJ. ans les trentismes Et sans delay pour le roy .IIJ. disismes. Et li dyable porront de ce finer ; On porroit bien une mine miner. Mieus me vauroit ailleurs estre .J. porchier Que moy veoir einsi vif escorchier. (MACH., Compl., 1340-1377, 251). [Ma dame] Tant scet, tant vaut, tant puet que c'est la mine Que nuls ne puet espuisier de bonté : Chascuns qui tent à bien y puise et mine ; Mais plus en a, quant plus en a donné. (MACH., L. dames, 1377, 177). ...Fonteinne divine Pour pechiés laver, Rose sans espine, Douce à oudourer, Vous estes la mine Qu'on ne puet miner, Quar qui plus y mine, Plus a à miner. (MACH., Les lays, 1377, 403). ...le grant flo de la marine, Qui bat contre et moult fort le mine [le château de Fortune]. (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 136). Et vint en le kariere ou on avoit miné. (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 483).

C. -

Au fig.

1.

"Creuser, fouiller, examiner" : Je t'en pri que tu le recoelles Et ton coer bien en examines Et jusques au droit fons le mines. (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 79). Certes la ou il quiert et mine Se la crue de charité A point de fin... (MARTIN LE FRANC, Champion dames D., t.5, 1440-1442, 120). Engin humain verité mine. (MARTIN LE FRANC, Champion dames D., t.5, 1440-1442, 123).

Rem. MARTIN LE FRANC, Estrif D., 1447-1448, gloss.

2.

"Ronger, consumer peu à peu" : Et se j'envoy devers ma chiere dame Dire qu'elle mon cuer mine et entame, Et que s'amours l'art sans feu et sans flamme Et le martyre, (...) Elle dira que je ten a son blasme Et que ne doy dire a home n'a fame Mon grief martyre. (MACH., F. am., c.1361, 161). Tout desvuet quanque je vueil Sa durté Qui m'a miné (MACH., F. am., c.1361, 416). Tristans ossi (...) Dou feu d'amour qui maint coer mine Telement fu examinés Que jusques en le fin menés. (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 164). Tains ardans, plus vermaus que mine, Minera mon coer (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 188).

3.

"Ruiner, détruire" : Or pert il bien qu'Amour est moult poissans Qui ce rubis pour son filz voult creer (...) Et le cruel meffait d'Adan miner Par endurer mort grevaine (Mir. prev., 1352, 279). Einsi fu Susenne sauvee Et sans courpe a ce jour trouvee, Et tout par la vertu divine Qui tout malice veint et mine. (MACH., F. am., c.1361, 16). C'est cilz qui les ames deffourme, Qui sont faictez a la Dieu fourme, Et les chetis destruit et mine (LE FÈVRE, Respit Mort H., 1376-1380, 96). ...et quant Mort et miné M'ara vostre cruauté Qui m'est trop grant, Lors sera bien apparant Ma loyauté. (MACH., Ch. bal., 1377, 621). Helas, ce tant puissons miner Que dedans la court entrissions Celle fin que nous veïssions Au moins l'estat de la conduitte, Et comment sera mal conduitte La sentence sur l'innocent ! [Éd. : "ruser"] (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 715).

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Part. prés. en empl. adj. "Destructeur" : ...grave, pesant, rengorgé de mynens plaisirs (LA VIGNE, Ress. chrest. B., App., c.1502-1503, 167).

Rem. Ou faut-il comprendre, par latinisme, "menaçant" ? Cf. T-L et GD s.v. miner¹.

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Part. passé en empl. adj. [D'une pers., de son âme] "Détruit, brisé, anéanti" : Et pour ce que plus entechiés Sui de vices et de pechiés Qu'il n'a dedens la mer d'areinne, Ma grant iniquité me mainne, Qui monteplie sans sejour, Ad ce que de nuit et de jour Sui loiez et enchaainnez, Pris, conclus, destruis et minez, Si que je n'enten respirer, N'a peinne puis je souspirer. (MACH., F. am., c.1361, 54). Car mon ame a ja embeli De gloire et si enluminée Qu'elle est aussi conme minée Toute en s'amour. (Mir. st Ign., 1366, 100).

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Miner qqn d'argent/de chevance... "Ruiner qqn" : ...li princes n'eut mies ses paiemens si appareilliés que il volsist, car li voiages d'Espagne l'avoit si miné et effondré d'argent, que merveilles seroit à penser. (FROISS., Chron. L., VII, c.1375-1400, 65). Il n'est nuls sires crestiiens, excepté le roi de France et le roi d'Engletière, qui hors de leur païs peuissent, ne trois ans ne quatre, tenir tel peuple sus les camps de gens d'armes que li dus d'Ango avoit et tenoit (...) que il ne fust tous usés et minés de chavanche et de finance. (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 174).
 

"Mine(s)" : A un escuier Angloys (...) qui avoit esté conduiseur de la mainerie dudit siege [Note marginale : mine ; p.82 : conducteurs de la mine] (Comptes d'Auffroy Guinot J., 1432, 85).

Rem. Ex. de la fin du XIVe s. ds GD V, 335c.
 

"Mineur"

REM. Doc. 1384 (minetiers et ouvriers de terre) ds GD V, 336a.
 

A. -

"Celui qui exploite une mine, qui travaille dans une mine" : Et pour ce que Jacques Cuer avoit contraicté compaignie avecques deux autres mineurs leurs vies durant, dont il appert par lectre patente sur ce passée, a semblé que la dicte compaignie doit estre entretenue au moins de cy à huit ou neuf ans (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 281).

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Maistre mineur : Et si lesdiz maistres mineurs faisoient difficulté de porter leur part desdiz gaiges, nous sommes contens qu'ilz soient du tout paiez sur nous, et voulons que ès choses dessus dictes vous besongnez et les appoinctez par tous les meilleurs moiens que verrez estre à faire au bien de nous et à l'entretenement et continuacion des dictes mines, telement qu'il n'y ait rompture (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 281).

B. -

"Celui qui creuse une mine, un souterrain" : Adonc messires Gautiers de Mauni mist ouvriers en oevre, et avoit usage que il menoit toutdis quarante ou cinquante mineurs : si ques ces mineurs il les fist entrer en mine à l'endroit dou chastiel. (FROISS., Chron. L., IV, c.1375-1400, 152). Il fist apparillier une quantité de mineurs que il avoit avoecques lui et à ses gages, et leur commanda qu'il vosissent faire leur pooir de le forterèce miner. (FROISS., Chron. L., V, c.1375-1400, 221). Il misent mineurs en oevre, qui s'ahatirent que dedens quinse jours il esploiteroient si bien, qu'il feroient reverser un tel pan dou mur, que sans dangier il enteroient bien en le ville. (FROISS., Chron. R., VIII, c.1375-1400, 196). Leur mineur avoient perdu leur mine et (...) il leur en couvenoit refaire une nouvelle, se on voloit avoir le ville par mine (FROISS., Chron. R., VIII, c.1375-1400, 204). Les mineurs qui minoient la tour de Meullent minerent si fort et si parfondement que la tour print à enfondrer (Chron. Valois L., c.1377-1397, 142). Quant aux mines, par les mineurs vous y pourrez conseiller. (BUEIL, II, 1461-1466, 41).
 

A. -

"Substance terreuse qui contient un métal" : Tresours est qui feroit un puix pour avoir eaue doulce et il trouvast fontaine de sel. Tresours est qui caveroit en terre ou en autre lieu et il trouvast miniere de fer, d'acier ou autre metal. (Cout. bourg. glosé P.M., c.1380-1400, 87). ...aussi que la thopasse est la plus precieuse, qui est semblable a l'or fin et purefié sanz estrange miniere. (EVR. CONTY, Eschez amour. mor. G.-T.R., c.1400, 667). Cestui en son temps fist choses esmerveillables de la myniere et roche que l'on dit estre de sel en Sicille, qui a merveilleuse proprieté (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 82 v°).

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En partic. "Gangue qui entoure un minerai, une pierre précieuse" : Et ausy on troeve des esmeraudes en la miniere de aarain, qui sont tacheleux par le cauze du metal. (MANDEVILLE, Lap. M., c.1350-1390, 178).

B. -

"Mine souterraine ou à ciel ouvert d'où l'on tire les métaux" : ...tout le bien qui habunde En ciel, en terre et en la mer parfonde, Jemmes, honneurs, nes la vie seconde, L'argent et l'or Des minieres qu'il couvient que l'en fonde, Tout ce ne pris la pierre d'une fonde Contre l'amour de la bele et la blonde Qui a chief sor. (MACH., F. am., c.1361, 176). Ce est assavoir, les terres labourables et les minieres ou quarrieres. (ORESME, Ycon. Arist. M., 1374, 811). ...le roy Jehan d'Espaingne mourut pour cheoir de dessus son cheval. Et fut comme il aloit veoir une miniere qu'il esperoit qu'elle fut d'or (Chron. Valois L., c.1377-1397, 321). Et a la verité, la terre est a la lectre aussi en pluseurs lieux sulphureuse et puant, sy come les baings chaus moustrent evidaument, et les ysles qui ardent, et aucunes montaignes, et le souffre mesmez que on treuve en propre forme es minieres de terre moult souvent. (EVR. CONTY, Eschez amour. mor. G.-T.R., c.1400, 301). L'or et l'argent, qui des minieres Sont trait (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 139). Il est aussi moult nécessaire Cele saison mansion faire Loigns des palus, lacz et maroiz, Hors vallées, forestz et boiz, Et aussi bien loign des minières, Des fosses et des cimetières (LA HAYE, P. peste, 1426, 77). Minières sont les lieux où croissent les métaulx. (LA HAYE, P. peste, 1426, 211). La quinte [cause de ptisis] peut estre trop grant chaleur de dehors et froideur rompans les veines ou tomber et percussion, air venteux et trop demourer es cavernes de minieres ou de coste les fornaises la ou sont les metalz et ou on oeuvre d'argent vif (GORDON, Prat., c.1450-1500, IV, 5). ...les minieres de fer, eaue et lavoers des mines dudit fer (Trés. Reth. L., t.3, 1470, 461). Combien qu'il vit a sa plaisance, D'or et d'argent ne luy chault gaire. Santé, c'est le tresor de France, Qui la vault d'or une miniere. (S. fol, c.1480-1490, 7).

Rem. DESCH., Oeuvres Q., t.5, c.1370-1407, 232 ; MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 227, 319 ; Hist. prem. destruct. Troie R., c.1470-1480, gloss. ; Chasse am. W., a.1509, gloss.

C. -

Au fig. "Source, origine" : Corps de femme, corps de deesse, Corps de toute beauté miniere... (MARTIN LE FRANC, Champion dames D., t.2, 1440-1442, 57). Du quart je dy quant a present que minieres ne doivent pas estre aministrees (GORDON, Prat., c.1450-1500, II, 8). ...et douleur a esté par devant ou lieu ou est la miniere de ceste vapeur venimeuse (GORDON, Prat., c.1450-1500, II, 24). Preng une sainture de drapel et le baigne en eaue de sang de dragon et saing entour le pis et lors il sera le plus tost desseché, la sera la miniere (GORDON, Prat., c.1450-1500, IV, 5). Bien viegne la belle bergiere De qui la beaulté et maniere Nous rend soulas et esperance ! Bien viegne l'espoir et fiance De ceste seigneurie entiere ! (...) C'est la sourse, c'est la miniere De nostre force grande et fiere (LA MARCHE, Mém., III, c.1470, 136). ...ja soit que ses effectz feussent conceuz en miniere d'astronomicque congnoissance... (SAINT-GELAIS, Séj. honn. D., c.1490-1495, 276).
 

"Exploitation des mines"

Rem. Cf.  ; AND : minoure.
 

"Celui qui mine (une tour)" : Et lors devalerent es fossés perminiers qui su[r] .xj. nuitz minerent .xx. toisez de mur (Saladin C., c.1465-1468, 64).
 

"Exterminer"

REM. LA VIGNE (éd. 1507) ds GD VIII, 52c.