C.N.R.S.
 
Famille de *longitanus 
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     LOINTAIN     
FEW V *longitanus
LOINTAIN, adj.
[T-L : lointain ; GD : lointain ; GDC : lointain ; AND : luintein ; DÉCT : lointain ; FEW V, 406a : *longitanus ; TLF : X, 1340a : lointain]

I. -

[Dans l'espace]

A. -

Au propre

 

1.

[D'un lieu] "Qui se situe loin, éloigné, lointain" : Saches qu'il n'est nuls si lonteins Païs, regne ne region Que tuit en ma subjection Ne soient souvereinnement Pour faire mon commandement. (MACH., D. verg., a.1340, 33). Car quant je voy qu'il vous convient la mer Passer, amis, c'est le fiel, c'est l'amer Qui crevera mon cuer, j'en sui certeinne ; Car vous irez en contrée lonteinne, Où vous serez entre vos annemis Qui de vo gré faire seront remis, Dont vous arez meinte merencolie. (MACH., Compl., 1340-1377, 253). Pruce est un pais moult lointain. (Mir. marq. Gaudine, 1350, 123). Il [Aristote] entent de ceulz qui de lointain paÿs vont et communiquent ou conversent ensemble pour marcheandise et pour gaaing. (ORESME, E.A.C., c.1370, 418). ...le dit Alaudon estoit nez de lontaingnes parties du païs de Gascongne (Doc. Poitou G., t.6, 1392, 97). Orvoy, dist l'escuier, je vous dy que vous venez veoir la fleur de toute noblesce et de toute courtoisie, qui de loingtain pays est cy venu combatre pour vostre honneur garder, vostre pays et voz gens. Ce sont les deux enfans de Lusegnen (ARRAS, c.1392-1393, 162). Et je prommet a Jhesucrist que ce ne sera pas sans moy, car il me sera tourné a grant hontaige se je n'y aloye, posé encore qu'il est mon cousin et que ma terre marchist si prez de mon royaume, et que les estrangiers le viennent secourir de si longtaine marche. (ARRAS, c.1392-1393, 179). Comsiderés (...) le povre aventure chils gentils chevaliers, messires Guillaumes Douglas, eut et rechut en roiaulme estragne et lontain, pour bien faire. (FROISS., Chron. D., p.1400, 170). Et vint li rois au Noef Chastiel et la s'aresta, pour tant que tous ceuls des lontainnes marces d'Engleterre n'estoient point encores venu. (FROISS., Chron. D., p.1400, 208). Es autres contrees loingtaines, Soit en Grece soit en Athenes, Par tout ou il a sceu grant guerre, Est celle part alé grant erre (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 139). ...tu seras comme la royne Sabba qui vint veoir la sapience de Salomon et vint de pays loingtain (CIB., p.1451, 190). ...[il] fist residence en l'ostel d'un grand seigneur, d'une estrange et bien lointaine marche. (C.N.N., c.1456-1467, 332). Et advint que, au moyen de ce que lesdictes vignes faillirent, comme dit est, et que le vin ne vallut guieres, plusieurs marchans s'en alerent cercher les bons en diverses regions loingtaines (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 109). Et puys que departir me fault Et du retour ne suys certain (Je ne suys homme sans deffault, Ne qu'aultre d'assier ne d'estain ; Vivre aux humains est incertain Et aprés mort n'y a relaiz) - Je m'en vois en pays lointain -, Si establis ce present laiz. (VILLON, Lais R.H., c.1456-1457, 14). Mettez le cas que Anthoine soit alé contre les Turcs et Phelippe ou en region bien longique ou loingtaine. (Sacr. mar., c.1477-1481, 70). Dieu a la vie (des) humaine en haine, Destruction de vie humaine Puis Noé ne fut veue telle. Il n'est region si lointaine Qui ait ville ne cité sayne, Onc on ne vit mort si cruelle. (Cene dieux, c.1492, 132). ...et, j'ay qui parle, ay oy dire à plusieurs estans aux gaiges et service du bon roi Regné, roy de Sicille et duc d'Anjou, que chacun an aloient en très loingtain pays par mer et par terre, qu'il fut très veritable et sage. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 133 v°).

 

-

Estre en terre lointaine en son pays. "Se sentir étranger chez soi" : Je meurs de seuf auprés de la fontaine, Chault comme feu et tremble dent a dent, En mon pays suis en terre loingtaine, Lez ung brasier frissonne tout ardent (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 46).

 

-

Empl. adv. "Loin" : Tant ay desir de veoir sa valour. Riens ne me plaist ; tout fui, tout ay guerpi Fors li qu'aim miex cent mille fois que mi. Einsi lonteins et près langui toudis, Dont changiés sui et muez tellement Que je me doubt que n'en soie enhaïs De meinte gent et de li proprement. (MACH., Bal., 1377, 552).

 

-

Lointain de. "Éloigné de" : ...il s'en alloit a ung chasteau loingtain de Valenciennes environ trois lieues (C.N.N., c.1456-1467, 24). ...[ils] furent ordonnez a coucher en une chambre non pas trop loingtaine de la chambre aux marchandes. (C.N.N., c.1456-1467, 202).

 

-

[En verticalité] "Profond"

 

.

Loc. Vouloir traire claire eau de lointain puits. "Être curieux et se donner les moyens d'assouvir à tout prix sa curiosité" : Quant la dame vey qu'elle ne pouoit sçavoir le nom de ce chevalier ne celui de la pucelle qu'il amoit, elle, qui cognoissoit assez du monde, s'appensa qu'elle le sçavroit tresbien, et par luy mesmes, et qu'il ne s'en donneroit point garde.Atant elle commença a dire : "Sire, puis que ainsi est que vous ne me voulez riens dire de ce que je vous demande, je m'en deporteray voulentiers. Mais au moins , s'il vous plest, vous me pouez bien dire tous les noms des pucelles qui sont encore a marier, sans meffaire. - Dame, dist le chevalier, je cognois de veue et de nom les six qui sont mariees, et se cognois les autres qui encores sont a marier. - Sire, dist elle, qui de longtain puis vouloit traire clere eaue, plaise vous moy nommer celles qui sont mariees, et a qui ?..." (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 134).

 

2.

[D'une pers., d'un aspect de la pers.]

 

a)

"Qui se trouve au loin" : ...et aussi que ycellui Noident est sur le point de cloire sesdiz comptes et que nostredit filz est loingtaim pour y pourveoir si briefment que besoing fait audit Noident (Comptes Etat bourg. M.F., t.1, 1419, 136).

 

-

[P. oppos. à privé] "Étranger" : Las, que je suis mal envoyer ! Que mauldit soit le faulx villain, Du dieu privé et du loingtain ! (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 14).

 

.

Empl. subst. [P. oppos. à sujet] "Étranger" : A vos subgés donnez et à lonteins, Car miex affiert à roy ou empereur Qu'il doint dou sien mil livres de messeins Qu'on li tollist .J. denier par rigeur. S'avez les cuers, ja n'arés deshonneur. Et terre aussi qu'est despendue Vaut trop miex que terre perdue. (MACH., Bal., 1377, 555).

 

-

Empl. subst.

 

.

"Celui qui habite loin, qui vient de loin" : Li lointain dou pahis font trosser, anmaler ; Chascuns en som paÿs ha grant talent d'aler. (Gir. Ross. H., c.1334, 230). Si remercia li rois les loinctains, par especial le duc de Baivière Frederic, pour tant que il l'estoit venus servir de loinctain païs, et ossi fist il le conte de Savoie. (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 151). Or regardés dont, à considerer raison, quant li lontain s'en doloient, se li païs prochain ne le devoient bien sentir, celle guerre ! (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 284). Et escripsi li rois as lontains, tels que au conte d'Ermignach, au conte de Savoie et au duc Fedri de Baivière. (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 117). ...li rois d'Engleterre conmença a donner de sa gent congiet. Et se departirent li plus lontain premierement. Et ils meismes s'en retourna au Noef Chastiel sur Thin (FROISS., Chron. D., p.1400, 226). ...li rois Phelippes aussi avoit donné congiet a toutes gens d'armes et remerciiet les lontains. (FROISS., Chron. D., p.1400, 459).

 

.

[P. oppos. à prochain] "Celui qui se tient éloigné (de qqn qui parle)" : Atant li hiraus descendi, Et cascuns errant entendi Au parler et au murmurer, Et li lointain a demander As proçains : "Quel cose a il dit ?" (FROISS., Méliad. L., t.1, 1373-1388, 86).

 

-

Au fig. "Qui est très loin de valoir qqn, qui n'arrive pas à la cheville de qqn" : A la treshaulte et excellente majesté des princes, à la treshonnouree magnificence des nobles, circonspection des clers et bonne industrie du peuple françois, Alain Charretier, humble secretaire du roy nostre sire et de mon tresredoubté seigneur monseigneur le regent, lointaing immitateur des orateurs, salut en crainte de Dieu, humiliacion soubz sa justice, cognoissance de ses jugemens et retourner a sa misericorde soubz la pointure de sa punicion. (CHART., Q. inv., 1422, 1). ...suppliant vostre tres reverende Paternité l'avoir pour bien agreable et acceptable en excusant les faultes du simple suppliant par trop loingtain imitateur des haulx, excellens et elegans orateurs, lesquelz en semblable matiere ont premierement par cy devant mises les mains si tres elegamment que cecy vous pourra sembler chose de bien petit estime et quasi de nulle vallue (ANTITUS, Poés. P., c.1500, 50).

 

b)

Lointain à/de qqn/qqc.

 

-

"Éloigné de qqn" : Et quant Espoir qui en mon cuer se tient Fait dedens moy si grant joie venir, Lonteins de vous, ma dame, s'il avient Que vo biauté voie que moult desir, Ma joie, si com j'espoir, Ymaginer, penser, ne concevoir Ne porroit nuls, car trop plus en aroie, Qu'en cent mille ans desservir ne porroie. (MACH., R. Fort., c.1341, 111). Amis, se je te sui lonteinne, Par pensee te suis procheinne, Et tu moy, car je sui certeinne Que ta pensee Est tous les jours de la semainne En moy de fois une centeinne, Einsi com Souvenirs la meinne, Mise et fermee. (MACH., F. am., c.1361, 224). Dame, coment que vous soie longteins. Dame, se vous m'estes lointeinne, Pas n'est mes cuers de vous lointeins, Car par ramembrance procheinne Est nuit et jour de vous procheins (MACH., L. dames, 1377, 30). Car joie n'ay, pais ne repos Pour toy, n'onques ne me repos, Amis, quant je te sui lonteinne Et quant einsi te voy enclos. (MACH., Les lays, 1377, 359).

 

-

Au fig.

 

.

"Loin d'atteindre qqc." : Une chose dechoipt moult de gens, c'est qu'ilz veullent estre tenuz pour sages anchois qu'il le soient, dont ilz faindent che qu'ilz ne sont pas et, de che qu'ilz sont, ilz en ont honte, pour che qu'ilz sont longtains de vraie sapience. (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 45).

 

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"Séparé de qqn" : Vostre doulce misericorde Souvent a Dieu mainte ame accorde, Quant par pechié en est lointaine (Mir. st J. Cris., c.1344, 301).

 

.

"Indifférent à qqn" : Onq plus grant mal en France ne sourdi, Quant Atropos, qui toutes gens vient prandre, Sa vie osta sans craindre de mesprandre. Ha ! mort cruelle, dont te vient telle envye Que tel chef d'ost et haultain chevetaine Tu as voulu si tost priver de vie ? Bien te cuidions de luy estre longtaine, Mais tu as prins ton courroux et actaine à le ravir puisqu'il estoit mortel (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 395).

 

.

"Privé de qqc." : Belle, combien que de mon fait, Je croy qu'avez peu souvenance, Toutesfois se savoir vous plait Mon estat et mon ordonnance, Sachiés que, loingtain de Plaisance, Je suis de tous maulx bien garny, Autant que nul qui soit en France, Dieu scet en quel mauvais party. (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 40). Je l'ay souffert, main et soir, Loingtain de joyeulx confort. (CH. D'ORLÉANS, Car. C., c.1415-1440, 287).

 

.

(Estre) lointain de qqc. "N'être pas touché, atteint par qqc., être préservé de qqc." : De tous vices est lonteinne Et procheinne De pris, de grace et d'onnour, N'en li n'a tache vileinne : Tant est sainne, Pure et de haute valour. (MACH., Les lays, 1377, 315).

 

.

Se tenir lointain de qqn. "Se tenir à distance de qqn, éviter de fréquenter qqn" : Ayme lez bons et soustien Pour meillieur en devenir, De flateur loingtain te tien, Tous tes amys entretien, Sur ta garde te maintien, Ton secret clos contretien, Batz pres du lyon le chien: Ainsi te doibz contenir. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 133).

 

.

Estre lointain à qqn de qqc. "Être parcimonieux de qqc. à l'égard de qqn" : Dame, et se ja estes de ce certeinne [de mon amour] Ne me soiés de vostre amour longtainne. (MACH., L. dames, 1377, 28). Et puis qu'einsi estes de moy certeinne, Ne me soiés de vostre amour lonteinne. (MACH., L. dames, 1377, 125).

 

3.

[D'une chose abstr.]

 

-

"Éloigné, différent" : Il porra vëoir par ce point Qu'elle ne s'est de riens muée, Mais est amée demourée. Encor en est il plus certeins Par un point qui n'est pas lonteins, C'est quant elle n'est point contraire A tout ce qu'il vuet dire et faire La ou Raisons se puet estendre - Autrement ne le vueil entendre - Et s'est adès ferme et estable De propos, sans estre muable, En gardant franche loyauté Par la vertu de verité. (MACH., D. Aler., a.1349, 401).

 

-

"Dont la mise en oeuvre se fait attendre, qui est peu efficace" : Mais ceste discreccion est lointaine, et la disposicion naturel as habiz dessus diz est prouchaine. (ORESME, E.A.C., c.1370, 353).

 

-

Lointain de qqc. "Différent de qqc." : Guillaume, maintenant Voy je bien vostre entention ; Mais j'ay contraire opinion Qui de la vostre est trop lonteinne (MACH., J. R. Nav., 1349, 237).

 

-

Lointain en qqc. "Qui ne se soucie pas de qqc., indifférent à qqc." : ...pour lors la cours dou roi de France estoit si raemplie d'uiseuses et si lontainne en esplois, que a painnes pooit on avoir nulle delivrance, ne on ne pooit avenir jusques au roi, car tousjours estoit il en ses deduis. (FROISS., Chron. D., p.1400, 569).

B. -

P. méton.

 

1.

[D'un voyage] "Qui conduit au loin" : Et se il avient que le dit seigneur voise en aucun voyage lointain ou perilleux, ou en quelque guerre, la bonne dame priera Dieu devotement et fera prier pour lui (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 56). Mais toutesfoiz il me sembleroit bon, pour estaindre la noise de pluseurs parolles qui courent aujourd'uy a l'occasion de vos dictes amours, que Gerard, vostre serviteur, sans faire semblant de rien, prensist ung gracieux congié de monseigneur et de madame, colorant son cas ou d'aller en ung loingtain voyage ou en quelque guerre apparente (C.N.N., c.1456-1467, 165). ...tousjours avoit esté hors du païs, acquerant honneur et renommée glorieuse es guerres et voyages loingtains. (C.N.N., c.1456-1467, 549).

 

-

[D'un chemin, d'un itinéraire] "Qui est long et qui par conséquent exige du temps ou qui dure longtemps parce qu'on s'arrête souvent" : Les pluseurs conseilloient que ilz se mesissent à voie par terre (...) Et les autres conseilloient que non et que par terre les chemins sont trop loingtains. (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 299). Quant (...) ce vint à l'entrée dou mois de may, li dus d'Ango prist congiet à yaus tous pour retourner premierement en son pays, pour tant qu'il avoit le plus lontain chemin à faire. (FROISS., Chron. L., VII, c.1375-1400, 221). ...il fist moult longuement à venir ainçois qu'il entrast en Espaingne, et prinst le loingtain chemin, car il vint par Avignon pour veoir celuy qui s'escripsoit pape Clement, et fut delez luy ung temps ; et, quant il s'en departy, il s'en vint à Montpellier et là sejourna-il V. jours, et aussi à Besiers et à Carcassonne, et vint à Nerbonne et puis à Parpegnant, et là entra ens ou royaulme d'Arragon (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 120).

 

2.

[D'un événement] "Qui se trouve ou se déroule loin du lieu auquel on se réfère" : Et va cerchant les guerres dures Et les lontainnes aventures, S'a souvent fain et po d'argent (MACH., Voir, 1364, 340). Lesquelz josnes hommes furent tous esbahis, tant pour la hastiveté, comme pour la loingtaine et perilleuse battaille. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 25).

 

3.

[D'une pièce d'artillerie] "Qui porte au loin" : La pluspart du conseil du roy Amydas fut d'oppinion de combatre pour les raisons qui s'ensuivent: c'est assavoir, qu'il fut dit par plusieurs de ses cappitaines qu'il devoit aller logier à deux lieues prez d'eulx et en telle fortification qu'ilz ne l'eussent peu surprendre, bien garny de son artillerie plus loingtaine et meilleure que la leur (BUEIL, II, 1461-1466, 231).

II. -

[Dans le temps]

A. -

[D'une chose]

 

1.

"Éloigné dans le temps, qui remonte à loin"

 

-

[D'une pratique] : J'ay pitié de la regarder Tant humble et de prudent maintien, Mais, beau pere, vous sçavez bien Que ceulx qui prennent de haulte heure La place, par droit leur demeure Et se autrement vouloye dire, Ilz y vouldroient contredire ; L'usaige est ancien et loingtain. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 64).

 

-

[D'un sentiment] : Einsi m'estuet pour loyaument amer En desconfort et en lonteing desir, Com vrais amis qui aimme sans fausser, Pour ma dame ma joie defenir. (MACH., L. dames, 1377, 83). Einsois m'estuet, pour amer loyaument, Morir en dueil et en lonteing desir Pour ma dame que j'aim sans repentir. (MACH., L. dames, 1377, 91).

 

-

[D'une chose quelconque] : ...mais il ne se remembre pas des choses passees et lointaines, car legierement se pert l'impression faite en moiste (GORDON, Prat., c.1450-1500, II,13).

 

-

[D'un état] "Qui dure depuis longtemps" : ...Icy viennent estancher pour tout veoir Leur soif loingtaine au fleuve d'oubliance, Dedans Lethes es eaues d'asseurance. (SAINT-GELAIS, Enéide VI, B., c.1500, 355).

 

-

[P. oppos. à cause prochaine] Cause lointaine. "Cause qui n'est pas directe, qui remonte à loin" : Huitiesmement tu dois noter que entour de la tierce digestion que est ou foye peut estre cause lontaigne de lepre, mais erreur vertu immutative en chair est cause prochaine (GORDON, Prat., c.1450-1500, I, 21). Les causes lointaignes aulcunes sont extrinseques, sicomme toute viande qui engendre sang gros, sicomme pain alis, opire et mal adoubé, vin nouvel (GORDON, Prat., c.1450-1500, VI, 12). Cestui voulut bien enquerir les causes loingtaines et prouchaines, lesquelles peut estre n'avoyent encorre esté si vivement perscrutées, et finablement, par longues experiences, congneut reallement les choses de cy bas estre totallement gouvernées par celles d'en hault (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 13 v°).

 

-

[À la fois dans le temps et dans l'espace] Puissance lointaine. "Puissance première, créatrice" : Et la puissance remote ou lointene est sanz commancement et sanz fin et est la matiere premiere, et l'en ne puet dire que une chose commence par accident qui touzjours durera, ou que ce cesse par accident et a l'aventure qui touzjours a duré. (ORESME, C.M., c.1377, 238).

 

-

[D'une date] "Éloigné (d'une date de référence)" : ...il (...) se fist fors de livrer et rendre la ville de Jugon a mesire Carle de Blois ou a ses conmis dedens .I. jour qui ne fu pas trop lontains apriés sa delivrance. (FROISS., Chron. D., p.1400, 558).

 

2.

[D'une période] "Long, qui dure longtemps" : "Oncle,"se dist Millon, "la vertu souveraine, Si vous vueille envoyer bonne vie et longtaine..." (Hern. Beaul. D.B., c.1350-1400, 7). Aler m'en voel, sans remanoir, Veoir les gens de no manoir ; Trop ai fait demeure lontainne. (FROISS., Pris. am. F., 1372-1373, 102). Entrues que cil dessus nommé baron et chevalier d'Engleterre et leurs routes faisoient leurs chevaucies et leur conquès, tant en Roerge, en Quersin qu'en Aginois, où il furent une moult lontainne saison, se tenoit li sièges devant le garnison de Bourdille. (FROISS., Chron. L., VII, c.1375-1400, 150). Li dus de Lancastre et ses gens n'i fisent point trop lontain sejour en le cité de Bourdiaus, mès s'en partirent tantost. (FROISS., Chron. L., VII, c.1375-1400, 239). Jeudy trentiesme d'octobre et dernier jour, D'Yolle fist son armee marcher Pour s'en aller a Sarsaigne coucher, Et la fist il assez longtain sejour. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 195).

 

-

[D'une pratique spirituelle] "Qui implique de la persévérance" : Et a bon droit est pacienche dicte voluntaire et longtaine, car chilz qui seuffre du tout contre sa volenté n'a pas merite envers Dieu, ne chilz qui pert perseverance ne prend pas guerdon. (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 198).

 

-

Par lointaine saison. "Pendant longtemps" : Quant au moustier fut parfait le service Et envers Dieu tout devot sacrifice, Ung disner fist de haulte consequence, La ou tous ceulx qui estoyent a l'office Furent semons par requeste propice, Et mesmement le seigneurs de Plaisance, Affin qu'on eust memoire et deplaysance De ceste mort par longtaine saison (LA VIGNE, V.N., p.1495, 193).

 

-

[Sentence] Lointain repos nourrit les vices : De che dist Cathon ou livre des Meurs : «Veille tousjours le plus que tu peus et ne soies abandonné au dormir, car longtain repos aministre nourrissement aux vices». (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 370).

 

-

N'estre pas lointain que + sub. "Il ne se passera pas beaucoup de temps avant que" : Je suis seur et certain Qu'il s'en reva vers ce villain Hillaire Et puis, apprés, ne sera pas longtain Qu'il ne se face cloistrier et moyne faire. (LA VIGNE, S.M., 1496, 352).

 

3.

[D'un événement] "Tardif, qui se fait attendre" : Entre ces chevaliers i avoit des petis compaignons qui ne pooient pas atendre le lontain paiement dou roi. (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 185). "Je voel, dist li contes, que vous prendés trois de nos chevaliers, un Englès, un Gascon et un Alemant, et cil troi s'en voissent devers le roi à Lusebonne, et li remonstrent ceste besongne et le lontain paiement que il fait as compaignons." (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 188).

B. -

[D'une pers.]

 

1.

Estre lointain de qqc. "N'être pas près de voir arriver qqc." : Encores se tenoit li sièges dou duch d'Ango devant le Roce sur Ion, mais il estoit si lontains de tous confors que il veoient bien que longement il ne se pooient tenir. (FROISS., Chron. R., VIII, c.1375-1400, 139).

 

-

Estre lointain de + inf. "N'être pas près de" : En ce joyeux temps du jour d'uy Que le mois de may ce commence, Et que l'en doit laissier Ennuy, Pour prandre joyeuse Plaisance, Je me treuve, sans recouvrance, Loingtain de Joye conquester, De Tristesse si bien renté Que j'ay, je m'en puis bien vanter, Le rebours de ma voulenté. (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 35).

 

2.

[À propos de lignage]

 

-

"Éloigné (dans l'ordre de la parenté)" : Et sont les uns [les neveus] plus prochains ensemble et les autres sont plus estranges ou plus lointains selon ce que ilz sont plus pres ou plus loing de la premiere racine ou souche ou escot. (ORESME, E.A., c.1370, 442).

 

.

Empl. subst. : "Et sachiez, monseigneur, ainçois que ilz se veissent en la subjection des Casteloings, ilz prenderoient ung moult loingtain du sang du roy de Portingal qui seroit mort sans avoir male de lui." (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 284).

 

-

Estre d'un lointain degré. "Être éloigné dans l'arbre généalogique" : ...li hiretages de la couronne de France ne devoit (...) descendre, ne venir a ces filles (...) et en estoient hiretier li fil au conte de Valois, Phelippes et Carles, ja fuissent ils de plus lontain degré (FROISS., Chron. D., p.1400, 53).
 

DMF 2020 - Synthèse Pierre Cromer

 Article 2/5 
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     LOINTAINEMENT     
FEW V *longitanus
LOINTAINEMENT, adv.
[T-L : lointain (lointainement) ; GD : lointainement ; FEW V, 406b : *longitanus ; TLF : X, 1342a : lointain (lointainement)]

"Au loin ; longuement, longtemps"

Rem. Ex. d'afr., cf. TLF. Pas d'attestation ds la doc. du DMF.
 

DMF 2020 - Compléments 2017 Robert Martin

 Article 3/5 
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     LOINTAINETÉ     
FEW V *longitanus
LOINTAINETÉ, subst. fém.
[GD : lointaineté ; AND : luinteinité ; FEW V, 406b : *longitanus]

A. -

"Propriété de ce qui est situé à une longue distance, éloignement" : Longinquitas (...) : lointainnetés (LE VER, Dict. M.E., c.1420-1440, 281). ...mais comme ne suis, ne ne puis estre capable de tant de matières, et que mes yeux ne puis ruer partout, là où la grande distance et lointaineté entre deux, ensemble et le sobre record des choses, me cause ygnorance... (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 220). ...et loingtaineté entre les prices chrestiens (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 458). Longinquitas (...) : loingtaineté (LE TALLEUR, Vocab. E.M., c.1490, 204). ...aiant reguard et considération aux grandes charges que peuvent avoir lesdictz curez à raison de la lointainneté de la demeure dudit curé, qui est en l'ostel Dieu de Coustances, pour d'ilec venir de jour et de nuict, ainsy que les cas se peuvent offrir, aux visitations et autres choses nécessaires des paroissiens d'icelle cure (Cartul. Hôtel-Dieu Cout. L., 1498, 357).

 

Rem. BERS. et WAUQUELIN ds GD V, 21b-c.

B. -

"Éloignement dans le temps, temps d'éloignement, temps éloigné" : ...mais durant ces longtainetez les Mores bailloient vivres pour argent aux galliotz des deux gallées (LENGHERAND, Voy. G., 1486-1487, 112).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Robert Martin

 Article 4/5 
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     LOINTANCE     
*FEW V *longitanus
LOINTANCE, subst. fém.
[*FEW V, 406a : *longitanus]

"Fait de durer longtemps" : Longiturnus (...), longiturnitas : lointance (Gloss., c.1400-1500. In : P. Nobel, Lexique 4, 1986, 166).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 5/5 
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     LOINTISME     
*FEW V *longitanus
LOINTISME, adj.
[AND : luintisme ; *FEW V, 406b : *longitanus]

"Lointain"

Rem. Cf.  ; AND : luintisme.
 

DMF 2020 - DMF/AND 2015 Robert Martin

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