I. -

[Sens collectif]

A. -

"Ensemble des barons ; suite, assemblée de grands seigneurs ; suite militaire" : Le maistre roy des singes ne vout pas resembler Qui une fois fist tout son barnaige assembler (Gir. Ross. H., c.1334, 190). Je ne fu puissedi qu'il y ot grant barnaige, Car Regnault y estoit a l'aduré courage (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 239). ...on n'osoit au roy dire si fait langage Tant qu'il fu rapairiés a son riche barnage. (Chev. cygne P., c.1356, 23). Se le franque royne, qui tant a de renon, A mis tout son bernaige en me possession, Pour ce ne le veul mie perdre où que nous puisson (Hugues Capet L., c.1358, 48). Pléuist à Dieu de glore qui morut par Juïs C'au gré de mon barnaige fust Huez mez maris (Hugues Capet L., c.1358, 146). Vechi le quen Fedry à l'aduré coraige, Qui a chi amené ung moult poissant barnaige (Hugues Capet L., c.1358, 189). Quant li roys perçut le barnage, Il tourna vers eaus son visage, Et tantost à sa gent commande Que chascuns à bien faire entende, Et que vers la porte se traient, En combatant, et ne s'esmaient (MACH., P. Alex., p.1369, 93). Sus la place fu li barnages, Où il trouverent IJ. messages Dou prince qui là les atendent Et estroitement leur commandent, De par le prince, qu'il retournent Eu chastel et plus ne sejournent (MACH., P. Alex., p.1369, 157). N'onques puis n'i ot si hardi Qui n'eust cuer acouardi Ne qui osast porter dommage Au gentil roy n'à son barnage. (MACH., P. Alex., p.1369, 168). Et seur cela bailla son gage Au roy, devant tout le barnage, Qu'autre prueve n'i trouveroit, N'autrement ne le prouveroit. (MACH., P. Alex., p.1369, 251). Mais contre li [Berengier] baille mon gage, Present tout ce noble barnage, Et l'appelle de traison (Mir. Oton, c.1370, 376). Car vous arez tant de barnage Et de sodoiers compaignons (...) Que je tien tout biau li sera Quant retourner il s'en pourra A sauveté. (Mir. Clov., c.1381, 219). Si manda ceulx de son lignage, Et assembla moult grant bernage (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 147). En convent l'eus o roy par devant son barnage (Huon Bordeaux B., c.1400-1450, 27). A son avénement fortune le douta, Car en se jovenesse mout forment le greva Quant par dedens Honguerie sus Sarasins ala Avoec noble barnaige (Geste ducs Bourg. K., c.1410-1419, 268). O haut jour du Noël tint se court noble et large Le bon roi soufisant de son noble barnaige (Geste ducs Bourg. K., c.1410-1419, 369-370). ...[Gengis Khan suivi des sept nations mongoles] se mist sus et vint au mont de Belgis, auquel mont touchoit la mer parfonde à merveilles, et là se agenoilha et, toute la nuyt furent en oroison, requerant le Dieu inmortel que icelle mer se pense retraire affin de passer et, à sa priere, la mer se retira de IX piez, tant que lui et son banage [sic, l. ba[r]nage], fust passé. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 102 v°). ...entre autres choses, lui predist les vens contraires qui le firent demourer et tout son bernage devant le nord, XI jours (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 144 v°). Puis devers Napples frequentans les rivaiges, Pors et passaiges, a tout leurs equipaiges Et leurs bernaiges (LA VIGNE, V.N., p.1495, 137). Honneur et joye puissez avoir, De Gaule le tresnoble roy ! Tout son bernage et son arroy Maintiengne Dieu en bonne vie ! (Myst. st Laur. S.W., 1499, 165).

B. -

P. ext. "Nobles" : Quoy que n'y soions pas hais Ne du conmun ne du bernage... (Mir. fille roy, c.1379, 103).

-

"Noble assemblée" : Seigneurs, tout ce noble bernaige Gart Dieu de mal et d'encombrier ! (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 528).

II. -

"Qualités guerrières et morales d'un baron, bravoure, vaillance" : La esprouvoit il son barnage [var. bernage] Et s'en ala sans nul sejour, Tant qu'il vint a un certein jour En un lieu de certeinneté Ou il avoit son cuer geté, Pour un fort chastel assegier. (MACH., D. Aler., a.1349, 313). Car chevalier fu preux et sage, Plain de proece et de bernage. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 327).
 

A. -

"Ensemble de barons" : A le chité repaire li rois et ses barnéz (Flor. Rome W., c.1330-1400, 141). Et ly roys Orians et son riche barné Estoit droit as feniestres de son palais listé. (Chev. cygne P., c.1356, 77). Cilz Damedieu qui maint en trinité Veulle garder lez princhez et trestout leur barné (Hugues Capet L., c.1358, 43). La fut li Roys ; dames l'acompaignierent, Contes et dus et tout l'autre barné. (DESCH., Oeuvres Q., t.2, c.1370-1407, 212). Quant Marsilles l'enctent vif cuide arrager, Puis maudit [Charlemainne] et trestout son barner (Galien D.B., c.1400-1500, 94). Congiet prist au bon duc et à tout le barné. (Geste ducs Bourg. K., c.1410-1419, 345).

Rem. Très fréquent dans les textes épiques ou archaïsants.

B. -

"Fief d'un baron" : Le roy demande les chevaulx, Car il a deux faucons nouveaulx, Que on li a de nouvel donné, N'en vouldroit tenir un barné (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 440).

V. aussi barnage
 

A. -

"Femme de qualité" : "Haï", dist il, "gentis barnesse, Car fust or si loial m'anesse, Et chien et lou et autres bestes, Et toutes fames, con vous estes !" (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 322). La mort est une couperesse, N'espargne dame ne barnesse, Chevalier ne chevaleresse (Propr. choses Rosarius Z.S., c.1330, 56).

B. -

P. antiphr. "Femme de mauvaise vie, femme trompeuse" : Son cheval en fist la barnesse [la femme qui a réussi à faire mettre à quatre pattes Aristote vieux, pour pouvoir le chevaucher] Et le poignoit comme une asnesse. (LE FÈVRE, Lament. Math. V.H., c.1380, 33).
 

"Puissant" : Or s'an va Anseys a la chiere herdie, Et Ollivier li belz condusoit l'ost barnie. (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 780).

REM. Ou faut-il lire bannie ? (V. bannir).
 

I. -

Empl. subst.

A. -

[Titre nobiliaire]

1.

[Terme générique s'appliquant à un membre de la noblesse et recouvrant des réalités assez diverses (selon l'époque et la région)]

a)

[Dans les textes à caractère épique] "Membre de l'aristocratie militaire et vassalique"

-

Baron/ber : Ung jour estoit li rois sur son destrier gascon, S'estoit aléz voler et o luy si baron. (Flor. Rome W., c.1330-1400, 138). Cent et quatorze contes erent pour voir sui homme, Deux dan et quatre bers et III delphin par somme (Gir. Ross. H., c.1334, 115). ...Oncles fut a Ernault, filz Garin le baron (Hern. Beaul. D.B., c.1350-1400, 21). Seigneurs, or faites pais, chevaliers et barons (...) Et prelas et bourgois, gens de religions, Dammes et dammoiseles et petiz enfansons, Clers et lais, toutes gens vivans fois et raisons (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 199). Lendemain se leva, n'y fist ariestison ; Et se fist convoyer de maint noble baron. (God. Bouillon R., t.2, c.1356, 11). La receust Galien hommaige et feaulté De trestous les barons qui sont ens ou regné (Galien D.B., c.1400-1500, 120).

-

En appos. le baron/le ber : Li hostes est venu a l'escuier coston Maistre Ernault le nobile baron. (Hern. Beaul. D.B., c.1350-1400, 5). Des .IIIJ. filz Aymon je vous voudray conter, (...) Si comme il guerrioyerent Charlemainne le ber (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 199). Tant furent ly enfant doctriné et apris, Que Godefroy, ly bers, ot XV ans acomplis. (God. Bouillon R., t.2, c.1356, 4-5). Ainsy Huez ly bers à son oncle disoit. Ly bourgois souffisant doucement en rioit (Hugues Capet L., c.1358, 24). Et Hulin souspira pour Malabron li ber (Huon Bordeaux B., c.1400-1450, 7).

b)

"Membre de la haute noblesse d'un pays, d'une région ; vassal direct qui accompagne son suzerain à la guerre et vit à la cour" : Et tant fist le conseil que les barons du pays furent mandez a un certain jour pour faire hommage a leur jeune seigneur et relever leurs terres et leurs fiefz. (ARRAS, c.1392-1393, 29). Par ma foy, beaulx freres, premierement je rens graces a Dieu, a vous et au roy qui cy est, et a tous les barons de cest pays de ceste haulte honneur (ARRAS, c.1392-1393, 190). Maiz ses barons tant l'ennorterent [le marquis] Par leur senz qu'a ce l'amenerent Qu'il s'accorda a femme avoir (Gris., 1395, 4). Et se n'i avoit prince ne baron tant fust grans sires ne proçains de linages au duc de Normendie, qui osast parler dou deslogier (FROISS., Chron. D., p.1400, 671). Cedit jour, est venus ceans le duc de Bourgoigne, conte de Flandres, accompaignié de pluseurs barons et seigneurs (BAYE, I, 1400-1410, 202).

-

Barons de France. "Ensemble des vassaux du roi qui l'accompagnent à la guerre ; membres de la noblesse française" : Li homs del monde qui plus aida le roi Phelippe a parvenir a la couronne de France et a l' iretage, ce fu messires Robers d' Artois qui estoit li uns des plus haus barons de France et le mieuls enlinagiés et estrais et descendus des roiauls (FROISS., Chron. D., p.1400, 196). Par l'acort des barons de France la garnie Fu li dus poursiévis à grant chevallerie (Geste ducs Bourg. K., c.1410-1419, 309). Quant la nouvelle fut a la court de l'empereur que dix barons de France venoient et portoient emprise d'armes, le bruit a qui les delivreroit fut grant. (LA SALE, J.S., 1456, 264). Luy regardant que nul ne venoit, a haulte voiz commence crier : "Roy de Paris, cohart sans hardiesse, envoye jouster contre moy aulcuns de tes barons de France, des plus fors et les plus hardis, comme Roland, Olivier, Tierry ou Ogier de Dannoys, et je te jure mon dieu Mahon que je ne feray reffuz jusques a six ou sept qu'ilz ne soyent par moy soustenuz. (BAGNYON, Hist. Charlem. K., c.1465-1470, 29). Et nonobstant Roland jura que jamais ne tourneroit jusques les barons de France seroient deslivrez de la main de leurs ennemys (BAGNYON, Hist. Charlem. K., c.1465-1470, 67).

-

[Pour désigner un dignitaire de l'Église] : O vous, mes barons de l'Eglise, Qui monumens de foy tenez, En deliberation apprise Gouvernez et entretenez, Vous pry que les contenez. (RIVIÈRE, Nef folz D., 1497, 633).

-

[Souvent précédé de haut grand] : Et le landemain, par matin, ouïrent messe, puis s'en vont armer. Et le roy et les haulx barons furent sur haulx eschaffaulx montez environ les lices. Et furent les gardes du champ establies bien et deuement, et les chayeres assises, et le soleil party a droit. (ARRAS, c.1392-1393, 61). ...il avoit esté à Vennes au parlement qui y fu, aveucques le seigneur d'Ansenis, ung sien cousin et ung grant barron de Bretaigne. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 4). Tuit a lui se venoient rendre Les haulx barons, et les clefs tendre De leurs citez (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 216). ...chils rois d'Engleterre (...) avoit dalés lui un chevalier, grant baron en Engleterre et rice honme et son cousin, lequel on nonmoit messire Hue le Espensier. (FROISS., Chron. D., p.1400, 47).

2.

[Dans une énumération de titres nobiliaires classés selon leur importance, baron vient après duc, comte, vicomte et avant chevalier] : Avoecques le roy et son jone fil monsigneur Phelippe, eut pris dix sept contes, sans les barons, les chevaliers et les escuiers. (FROISS., Chron. L., V, c.1375-1400, 60). .De ducs, de contes, de barons, de clercs, de bourgois et de lais (DESCH., M.M., c.1385-1403, 292). ...presens à ce la royne de France, le duc de Bourgoigne (...) et pluiseurs autres ducs, contes, barons, chevaliers, nobles dames et damoiselles (FAUQ., I, 1417-1420, 367). Semblablement des princes temporelz, comme messrs, les duc d'Alencon, contes de Harcourt, d'Aumarle (...) avec plusieurs barons, chevaliers et escuiers (JUV. URS., Loquar, 1440, 423). ...ducz, contes et barons. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 182).

Rem. Sur les cond. requises pour qu'un baron devienne comte, Cf. LA SALE, Salade, c. 1442-1444, 232-233.

-

[Le terme de baron peut être accompagné du nom d'un fief, mais c'est très rare] : ...il segnefiierent lor venue (...) au maire et a la ville de Londres, au conte de Warvich, au baron de Stanfort, au signeur de Briane, au signeur de Manne, au signeur de Persi et a tous les barons, sus laquelle seureté il estoient venu en Engleterre. (FROISS., Chron. D., p.1400, 79). En celle anee avoit il fait et creé son cousin le conte Derbi, duch de Lancastre, et le baron de Stanfort, conte de Stanfort. (FROISS., Chron. D., p.1400, 880).

Rem. Le prince, le duc, le comte, le vicomte tiennent une principauté, un duché, un comté, une vicomté alors que le baron a très rarement un titre précis. Cf. Ph. Contamine, Guerre, État et société à la fin du Moy. Âge, 1972, 13.

3.

P. anal. [Sert à désigner des personnages importants de l'antiquité] : ...de tant de barons rommainz n'y ot il onques nul qui a Athenez, qui lors estoit une cité brisee et despeciee par les armes macedoniennes, osast mot dire contre Alixandre (BERS., I, 9, c.1354-1359, 18.7, 33). Cil Ulixes fu au siege de Troye X ans sans revenir, dont sa femme que nommé t'ay, qui trop belle estoit, fu par maintes fois requise et assaillie en pluseurs manierez des haulz barons de Grece. (THOM. SALUCES, Chev. errant W., 1394, 694). Thelamon Ayaulx, un baron De Grece, cil qui environ Les murs o son host fu cachié, Si com le palais a cerché, La fille au roy, qui moult fu belle, O mainte autre noble pucelle, Y trouva, dont il moult s'esjoye (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 52).

4.

P. ext.

-

"Personnage important" : Revestés ung buisson D'honnourable parure, Il samblera barron. (Prov. rimes F.M., c.1485-1490, 62).

-

"Maître de maison, seigneur"

.

Prov. Au seneschal de la maison peut on connoistre le baron : Il se dit en proverbe : Au seneschal de la maison peut on connoistre le baron. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 420).

B. -

P. ext. [Pour désigner un saint] : ...par la foy que doy saint Denis le baron, Je ne m'en partiray par nulle entencïon (Gir. Vienne D.B., c.1350-1400, 205). Or eurent-ilz affection et devotion d'aler en pelerinage au baron Saint Jaques, puisque ilz estoient venus ou pays, car les aucuns le devoient de devotion. (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 302). Tandis c'onquez le conte d'Artois sejournoit en Parpingnan (...) passa par Parpingnan ung gentil homme de Picardie qui venoit de Saint Jaque le Baron (Comte Artois S., c.1453-1467, 47). Barons du ciel, assistans tresdiscretz Qui congnoissez les celestes secretz (Cene dieux, c.1492, 120).

C. -

"Mari" : Et les dames visiter vont [les frères prêcheurs] Que n'ont ne seigneur ne baron (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 61). Adont vint a la bielle o coer avizion Que l'un de ces deus la aroit elle a baron (Flor. Rome W., c.1330-1400, 157). ...elle voulsist bien avoir a baron Le conte de Vïenne (...) Mais Girart par orgueil n'y ot pocessïon (Gir. Vienne D.B., c.1350-1400, 127). Je sui Regnault vous fieulx de droite estracion, Mais je croy bien qu'ayés oü plus d'un baron, Car le duc de Dordonne m'a apellé coitron. (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 242). Là-endroit fu Flourie qui n'avoit se duel non De çou qu'avoir devoit Maradot à baron (God. Bouillon R., t.2, c.1356, 412). En ce pays nul ne peut dire: "C'est ma femme" ne nulle femme ne peut dire : "Cil est mon baron." (MANDEVILLE, Voy. L., p.1360, 330). Aussis semblablement occit Tresdeloyaument son baron Clithemestra Agamenon, Qui dix ans au siege de Troye Fut (DESCH., M.M., c.1385-1403, 85). Marcia, la fille Cathon, Puis qu'elle ot perdu son baron Et elle fut admonestée D'autre fois estre mariée Comme fille de jeune eage (DESCH., M.M., c.1385-1403, 178). ...ce duc Phelipe (...) Ot trois fieus et trois filles dont cascune ot baron. (Geste ducs Bourg. K., c.1410-1419, 267). Car toute femme par raison Doit reverence a son baron. (Mandel. T., c.1450-1475, 188). Se femme voeult certainement savoir se son baron se double, si advise se une plaine lune se passe sans elle approchier ; s'elle y a souspechon, ce n'est point sans cause. (Ev. Quen., II, c.1466-1474, 121).

-

Avoir baron à part. "Avoir un amant" : Jennes filles a marier aveuc jennes hommes ne autrement, jamaiz ne doivent mengier a le cacelouce ; car pour vray et par coustume, souvent advient que femmes en ont barron a part. Et ainsi en pourroit advenir aux hommes. (Ev. Quen., II, c.1466-1474, 120).

D. -

MAR. "Cordage employé pour gouverner le timon" : ...une corde pour ses barons pour tous ses gouvernaux appelee hoste de poupe. (Clos galées Rouen M.-C., t.2, 1359, 148).

Rem. Cf. FENNIS, Gal. , I, 254 qui signale que FEW XV-1., 71, n. 20 abandonne (à tort) l'étymon baro I, 254b pour *barra I, 255.

II. -

Adj.

A. -

[D'une pers.] "Valeureux" : Dont dient par la sale : "Cis estera moult ber ; S'est sage chevaliers moult puet longes durer." (Garin Lorr. M., c.1330-1400, 485). "Amis," se dist Girart, qui moult eust le cuer ber (Hern. Beaul. D.B., c.1350-1400, 9). Bien deux mille Lombars fist chieux dus apriester (...) pour grever le duc de Bourgongne au cuer ber (Geste ducs Bourg. K., c.1410-1419, 284).

B. -

[D'une chose] "Remarquable ; important" : Quant orent deviset assez à leur plaisance, Ly bourgois s'en allerent, en moult ber ordonnance (Hugues Capet L., c.1358, 39). Nous sommes trois contre ung, c'est avantage ber. (Cip. Vignevaux W., p.1400, 153).

REM. Seule la forme ber, anc. cas sujet, survivance ds les textes épiques, connaît l'empl. adj.
 

A. -

"Ensemble des barons" v. barnage

B. -

"Famille, parentèle" : Que ferés vous, mes loyaux serviteurs, Les conducteurs de mon petit mesnage ? Avoir solliés des biens mondains les fleurs Et les valleurs, et vous avés les pleurs Et les malheurs du tempeste ou je naige ; Mon baronnaige et terre et maisonnaige, Trop fin lignaige ont prins en peu d'espace (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 83).
 

"Peut-être baronnet, jeune baron, diminutif employé en Angleterre plutôt qu'en France" (Éd.) : Le baronnat et le marquis, Cran, Curso, l'Aigle et Bressoyere Accoururent pour veoir l'histoire (Fr. arch. B., c.1468-1480, 31).
 

"Épouse d'un baron, baronne" (synon. baronnesse)

Rem. Ex. d'afr. ds GD et TLF. Pas d'attestation dans la doc. du DMF.
 

(Synon. de baronnesse) : Voire il la mist avecques la dame de Kerasse, une haulte baronneresse en ce pays, et la pourveoit de ce que il appartenoit à luy. (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 90). Baronissa (...) : baronneresse (LE VER, Dict. M.E., c.1420-1440, 41).
 

I. -

[Sens collectif] "Réunion de vassaux, suite d'une personne" : Aussi avons nous grant finance, Puis que nous avons Souffisance, Maiz ce n'est pas pour mene[r] guerre Longuement a ce mau tricherre Orgueil et a sa baronnie [var. baronnerie] (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 207).

II. -

"Domaine d'un baron"

Rem. Doc. 1477 (Boulogne, declarations des baronneries, pairies, fiefs, arriere fiefs et nobles tenemens) ds GD I, 590c.

-

"Suzeraineté du baron" : Seigneurs naturelz (...) A qui ilz doivent feaulté D'ancien droit de baronnerie, Non pas venus par tirannie [droit de suzeraineté établi depuis longtemps] (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 148).

III. -

"Qualités guerrières et morales d'un baron, bravoure, vaillance" : Venez habandonner contre moy vostre vye. Au nom de tous les dieux et de chevallerie, Esprouvez contre moy vostre baronnerye. Ne soyes reculant, ce seroit villenye. (MILET, Destruct. Troye S., c.1450-1453, 258).

V. aussi baronnie
 

"Épouse d'un baron, baronne" : Baronissa (...) : baronnesse (Aalma R., c.1380, 32). ...ducheces, femmes des nobles freres du roy, contesses, baronnesses (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., I, 1404, 55). Et pour ce que en diverses seigneuries sont demourans pluseurs poissans dammes, si comme baronnesses et grans terriennes... (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 149). ...il apertient tres especialment a baronnesse que elle soit saige, et plus que communement les autres femmes. (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 150). ...donne par ses bonnes et belles paroles courage aux gens d'armes et a ses hommes d'estre bons et loyaulx et de bien faire, - ainsi et par tel voye sont les manieres convenables a tenir a la sage baronnesse, son mary estant dehors, se il lui en a donné la charge et la commission, se il avient que aucun autre baron ou poissant homme lui vueille faire quelque chalenge d'aucune chose. (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 151). ...par quoy flus de lermes (...) peust estre restraint et remis, qui a tant a couru (...) entre meismement les roynes, princesses, baronnesses, dames, damoiselles du noble sang royal de France (CHR. PIZ., P.V.H., 1416-1418, 17). Ainsi fut la grant table assise et les autres duchesses, baronnesses, dames, damoiselles furent assises es autres tables, parmy la court, chascune en son deu. (Cleriadus Z., c.1440-1444, 653). ...la royne, madame Alienor de Cardonne, femme dudit messire Enguerrant, et toutes les autres princesses, contesses, baronnesses et dames qui au grant hourt de la royne estoient, se prindrent toutes a le tresgrandement loer (LA SALE, J.S., 1456, 129). ...et avec eux estoient tous les hauts princes, princesses, comtes, barons, chevaliers, comtesses, baronnesses, dames et damoiselles tant de celles de la cour comme de celles de la duché de Bar et de Lorraine (Faits Lalaing K., c.1470, 39).

Rem. Sur les sens de "maîtresse de maison" et de "femme facile" en a.fr., cf. GD I, 588b.
 

I. -

[Sens collectif] "Ensemble des barons ; suite, assemblée de grands seigneurs ; suite militaire" : Toutes ces chouses nous volons et outtroions, sauf et retenu à nous et à noz hoirs notre baronnie, notre souventraneté (Hist. dr. munic. E., t.2, 1334, 89). A Paris le cité vint noble baronnie à noichez de Huon qui espousa Marie (Hugues Capet L., c.1358, 175). Là ot moult riche baronnie, Et moult noble chevalerie (MACH., P. Alex., p.1369, 25). Li roy, pour qui ce livre fais, Y fu, et moustra tous ses fais Au roy et à sa baronnie ; Et leur requist tous, que aye Li feïssent au saint passage. (MACH., P. Alex., p.1369, 25). LA FILLE. Sire [roy d'Escosse], je suy de trop bas lieu : Tel estat ne m'appartient mie. Que dira vostre baronnie, S'une meshaingnie prenez ? (Mir. fille roy Hongrie, c.1371, 29). Li quel message (...) chevaucièrent tant qu'il vinrent en le ville dou Noef Chastiel sur Thin, et trouvèrent là le roy englès et grant fuison de baronnie dalés lui. (FROISS., Chron. L., II, c.1375-1400, 118). Et pour venir lever le siège de devant Auroy et combatre monsigneur Jehan de Montfort, ne demorèrent lons jours que grant baronnie et chevalerie de France et de Normendie vinrent. (FROISS., Chron. L., VI, c.1375-1400, 149). ...cellui Remondin povoit avoir de XIIIJ. à XV. ans, ly contes de Poittiers tint une grant feste pour un filz qu'il avoit, qu'il voult faire chevalier. Et n'avoit plus de filz, et avoit une fille moult belle, la quelle fu nommee Blanche, et ly filz fu nommez Bertrans. Ly contes Emeris manda moult noble baronnie pour l'amour de la chevalerie de son filz. (ARRAS, c.1392-1393, 16). Chiers sires, je vous prie, sur tous les services que je vous pourroye jamais faire, qu'il vous plaise a moy faire tant d'onnour que de venir lundi a mes espousailles a la Fontaine de Soif, et y veulliez admener vostre mere et de vostre baronnie. (ARRAS, c.1392-1393, 36). Et le roy, qui scot leur venue, avoit fait tendre et appareillier si richement qu'a merveilles, et avoit toute sa baronnie entour lui. (ARRAS, c.1392-1393, 55). En ceste partie dit l'ystoire que le landemain, a heure de tierce, vint Uriiens acompaignié de la baronnie de Poittou et de la baronnie du pays de Chippre devant le roy, et l'enclina et salua moult doulcement. (ARRAS, c.1392-1393, 122). Or ne plourez plus, car je vueil que vous vous delivrez de ceste besoingne, car plus demourroit ceste baronnie, qui sont bien XIJ. mille combatans, sur vostre pays, tant y aurez vous plus de dommage. (ARRAS, c.1392-1393, 189). Li dus de Bourbon, messires Jaquemés de Bourbon, li contes de Blois, li contes de Vendome, mesires Loois d'Espagne, li sires de Chastellon, li sires de Couchi, li sires de Montmorensi, li sires de Saint Venant et grant fuisson de la baronnie et chevalerie de France se ordonnerent et se missent au cemin. (FROISS., Chron. D., p.1400, 505). Adont lui et sa baronnie Et leurs gens la cité peuplerent (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 182). Je souhaide droit cy ma baronnie (Huon Bordeaux B., c.1400-1450, 37).

II. -

"Fief du baron, terre seigneuriale ; dignité attachée à cette terre" : Toutes ces chouses nous volons et outtroions, sauf et retenu à nous et à noz hoirs notre baronnie, notre souventraneté (Hist. dr. munic. E., t.2, 1334, 89). Largesse qui riens ne vëoit, Einsois donnoit a toutes mains, A l'un plus et a l'autre meins, Or, argent, destriers, oisiaus, terre, Et quanqu'elle pooit acquerre, Contez, duchiez et baronnies, A heritages et a vies. (MACH., J. R. Nav., 1349, 180). Des rentes et revenues de Longueville, nient ci, car le Roy lez tient en sa main et en a fait ou doit faire à Monseigneur recompensation et restitution de la ville et baronnie de Montpellier. (Compte Navarre I.P., 1367-1371, 2). ...l'en ne peut vendre fieu noble comme conté ou baronnie, si non que la debte monte les deux pars que le fieu vault ou que l'en le vent, et que l'en ne les peut desmembrer (Cartul. Laval B., t.2, 1385, 327). Et lors vint Remondin au roy et lui dist : Sire, je vous supply que il vous plaise que vous accordez que je donne la baronnie de Leon, qui fu de Hervy, mon pere, que Dieux face mercy, a Hervy, mon cousin, et la terre aura recouvré le nom de son droit seigneur, et vous le nom de vostre homme, car il est de la droitte ligne. (ARRAS, c.1392-1393, 65). ...de vendre, engaigier, obliger des terres et segnories du demaine du Roy, tant en contés, chastellenies, baronnies, villes, cités ou chasteaux (FAUQ., I, 1417-1420, 210). Et les fist tous mourir, comme indignes de avoir l'onneur que ilz avoyent, et en leurs royaulmes, duchés, contés et baronnies mis gens de bas estat (JUV. URS., T. rever., 1433, 69). ...laquelle [comté] sera nommee de la plus noble baronnie qu'il aura (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 232). ...messire Richard de Vernon, seigneur de Neshou, qui estoit membre d'icelle baronie, lors tenue et possedée neument et sans moien et par hommage dudit sire de Vernon (Cartul. Hôtel-Dieu Cout. L., 1451, 273). Ce petit bourg (...) Tient et despend de quelque baronnie Appartenant a monsieur de Dunoys Ou il y a moult belle seigneurie. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 155). Et, après ledit arrest donné oudit moys d'aoust mil IIIIcLXIII, le roy donna au seigneur du Lau, qui couchoit ordinairement avecques luy, la seigneurie de Blancaffort en Guienne, appartenant audit conte de Dampmartin, et à Vuaste de Montepedon la baronnie de Rochefort et Auriere en Auvergne, que icelluy conte avoit achetée du sire du Beuil, conte de Sancerre, la somme de dix mil escus. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 162).

III. -

"Qualités guerrières et morales d'un baron, bravoure, vaillance" : A l'ung bauldra seigneurie, Baronnye, Courtoysie En sa vie [Ou sens II ?] (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 29).

V. aussi baronnerie
 

A. -

[D'une pers., de son coeur...] "Valeureux, vaillant" : Phelippre de Hongrie, le gentil et le ber... (Flor. Rome W., c.1330-1400, 137). Dont dient par la sale : "Cis estera moult ber ; S'est sage chevaliers moult puet longes durer." (Garin Lorr. M., c.1330-1400, 485). "Amis," se dist Girart, qui moult eust le cuer ber (Hern. Beaul. D.B., c.1350-1400, 9). Filz est au duc Guerin, le hardy et le ber (Hern. Beaul. D.B., c.1350-1400, 17). "...Il sont eulx .IIIJ. freres qui sont gentilz et ber, Hardi et souffisans pour bons fais achever..." (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 255). "Damme, ce dist Huon, qui moult ot le cors ber, Et vous, de vo partie, y savez qu'amender ?" (Hugues Capet L., c.1358, 143). Bien deux mille Lombars fist chieux dus apriester (...) pour grever le duc de Bourgongne au cuer ber. (Geste ducs Bourg. K., c.1410-1419, 284). ...le ber saint Martin (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 7). ...Renier li contez au cuer ber (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 51).

B. -

[D'une chose] "De valeur" : Quant orent deviset assez à leur plaisance, Ly bourgois s'en allerent, en moult ber ordonnance (Hugues Capet L., c.1358, 39). [ou lire bel ?] Nous sommes trois contre ung, c'est avantage ber. (Cip. Vignevaux W., p.1400, 153).
 

"Baron (au même titre qu'un autre)"

Rem. Cf.  ; AND : combaron.
 

"Épouse du cobaron"

Rem. Cf.  ; AND : combaronesse.
 

I. -

Empl. intrans.

A. -

[D'un garçon] "Devenir adulte, fort" : Il semble ja qu'il ait vingt ans, Tant est il grans et embarnis. (Mir. enf. diable, c.1339, 25).

Rem. Ex. de Lancelot du Lac (éd. 1488) ds GD III, 25c.

-

[D'un homme] : ...Mais la dieu mercy ie suys sain Et guery de ma maladie Si nay plus qun peu le cueur vain Et la teste ung peu defournye Mais pour tant ie ne lairray mye A batailler car dieu mercy Jay assez la chiere embernye Et suis ia reffait et fourny (MILET, Destruct. Troye S., c.1450-1453, 135).

B. -

[D'une jeune femme] "Se développer, prendre des formes" : ...de la pouvre robellecte qu'il avoit gardée des lors qu'elle se parti de sa maison la couvri a grant paine, car sa fille estoit creue et embarnie et la pouvre robe empirée et enrudie (THOM. SALUCES, Chev. errant W., 1394, 848). Et aprés le soupper le pere se coucha avec sa fille et en fist comme de s'amie, et la manintint moult longuement en ceste maniere , tant qu'elle commença a embarnir et devint moult belle femme (Apoll. Tyr Z., c.1400-1500, 68).

-

"Devenir forte ou bien grosse, prendre de l'embonpoint (en partic. en étant enceinte)" : Belles façons de corps, de vis Avoit la fille a droit devis (...) Tost fu grant celle et embarnie (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 44). Car le Bon Dieu qui tout produit Et a son occasion maine, La fait [la femme] pour l'amoureux deduit Si tost croistre en nature humaine. Plus tost embarnist et fournist Celle en qui les hommes sont fais (MARTIN LE FRANC, Champion dames II, D., 1440-1442, 64).

Rem. Doc.1447 (la mere d'icelle Magnon s'aperceut que sa fille embarnissoit et engrossissoit de corps) ds GD III, 25b.

C. -

[D'un animal] "Grossir" : ...et donques luy doit hon laver la teste et les iex de froide eve (...) et le col et les espaules d'eve chaude pour engroissier et embarnir. (Chir. chevaux P., c.1325-1350, 367).

II. -

Empl. pronom. "Se fortifier, s'emplir" : Bachus (...) fait la bonne puree De la grappe meure et paree Dont les yvrongnes s'embarnissent (MARTIN LE FRANC, Champion dames I, D., 1440-1442, 64).
 

"Puissant" : ...Retourna en Bretaigne, tant qu'il fu esbarnis, Et garny de chasteaulx ne say ou .IX. ou .X. (CUVELIER, Chans. Guescl. F., c.1380-1385, 22).