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C.N.R.S.
 
Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500)
Lexiques
Tous les proverbes 
1

ABONDANCE   
-

Prov. [P. réf. à Matth. XII, 34] De l'abondance du coeur parle la bouche volontiers. "On s'empêche difficilement de parler des choses dont le coeur est plein" : Et pour ce dit aussi un sage assez à cest propos : "Se tu veuls, dit il, savoir quel cuer aucune personne a, considere bien et avise de quel matiere il parle voulentiers et plus souvent", aussi que s'il voulsist dire : tu le saras par ce car de l'habondance du cuer, ce dit il, parle la bouche voulentiers. (EVR. CONTY, Eschez amour. mor. G.-T.R., c.1400, 677).

Rem. Trad. du lat. abundantia cordis os loquitur ; cf. TLF I, 145b, s.v. abondance, qui atteste la loc. prov. depuis FUR. 1690.

2

AIGUILLON   
-

Prov. [Dans un cont. fig., p. réf. à Actes IX, 5 et XXVI, 14] Récalcitrer encontre l'aiguillon. "S'opposer à qqc. qui est imposé par une puissance supérieure" : ...nous avons jugie et condempne, comme desesperez, les oeuvres de Dieu et noz seigneurs terriens et dehors et dedans pareillement, et avons recalcitre encontre l'aiguillon. Si sommes deux foiz poins a noustre malediction. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 455).

3

AIL   
-

Prov. Encore sent le mortier les aulx. V. mortier

Rem. Cf. DI STEF., 559b, s.v. mortier.

4

AIMANT   
-

Prov. À trop poindre faut l'aimant : La [en enfer] crient les ames dampnees, En leur crëateur blaphemant Pour leurs grans doleurs abondees, Car a trop poindre fault l'amant. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 542).

5

ANGLE   
-

Loc. prov. Verité ne quiert nuls angles, n'elle n'a que faire des jangles : Car c'est chose moult honnourable D'estre en son parler veritable, Et verité ne quiert nuls angles, N'elle n'a que faire de jangles. (MACH., R. Fort., c.1341, 9). Vesci pour quoy je le diray Et ja ne vous en mentiray, Car verité ne quiert nuls angles, N'elle n'a que faire des jangles. (MACH., P. Alex., p.1369, 224).

6

ARME   
-

Prov. En armes et en amours, contre une joie, il y a mille douleurs : Et pour ce qu'il avoit en l'eschiquier dont nous parlons plus d'aymant que d'ambre, sy come l'acteur faint, ce segnifie aussi qu'il y a en amours communement plus de mal que de bien et de deul que de joye, sy come dit Ovides ; et ce pretend aussi le proverbe qui dit que En armez et amours, contre une joye a mil doulours. (EVR. CONTY, Eschez amour. mor. G.-T.R., c.1400, 628).

7

ATTENDRE1      | 2   
-

Prov. Il vaut mieux fuir que mauvaisement attendre : ...il me semble qu'il vault mieulx que nous repairons vers l'ost de nostre voulenté que par force nous y convenist repairier, car il n'est mie doubte qui retourne fuyant en chace de ses ennemis, qu'il n' y puet avoir se blasme non, combien que on dit qu'il vault mieulx fuir que mauvaisement attendre. (ARRAS, c.1392-1393, 233).

8

AUNE   
-

Prov. Au bout de l'aune faut le drap. "Tout a une fin" : Il est bien estroit par les hanches Et si sont bien estroictes les manches Au bout de l'aune fault le drap (Myst. st Martin K., a.1500, 313).

Rem. DI STEF. cite un ex. de ce proverbe ds Poés. Lyr. court. XVe I, c.1454-1456, 186.

9

BATTRE   
-

Prov. Battre le chien devant le lion. V.

10

BATTRE   
-

Loc. prov. Et le fer chaut, on le doit battre. "Il faut agir au moment opportun" : Qui ne fait, quant il puet, Il ne fait mie, quant il vuet ; Et le fer chaut, on le doit batre. (MACH., R. Fort., c.1341, 75).

11

BEAU   
-

Prov. Brie est belle : Au mal gibet puisse il baller Qui n'a grant joye de la nouvelle ; Resjouyr se fault : brie est belle (Myst. st Laur. S.W., 1499, 138).

Rem. Proverbe également cité ds Myst. viel test. R., c.1450, t.3, 18 et ds Moralité 1427 B.B., 1428, 138. D'apr. l'éd. de ce dernier texte, le sens serait : "tout va bien".

12

BÊCHE   
-

Prov. [Besche comme symbole de la paysannerie] En cent ans, escus deviennent besche et besche redevient escus. V.

13

BESOIN   
-

Prov. Besoin n'a pas de loi : ...q'il ne vous desplese de ceo qe jeo me face si baud come de si apertement demander de vous si precious chose ; certes grande bosoigne le me fait faire. Et sicome homme dist : "Bosoigne n'ad poynt de ley," si qe, douz Sires et meistres, hastietz vous tant com ceste petite vie dure, car trop tard purroit estre celle medicine demandee et receue (HENRI LANC., Seyntz medicines A., 1354, 170).

14

BESOIN   
.

Prov. Bon vouloir ne faut au besoin. V. vouloir "Quand on veut, on peut"

15

BIEN   
.

Prov. Pour avoir du bien, faites mieux : Ma filhe, or dancés plus fort ; Pour avoir du bien, faictes mieulx. (Pass. Auv., 1477, 92).

16

BLÉ   
-

Prov. Manger ses blés verts. "Manger son blé en herbe" : Or sont nos enfans mariés en aage de faire procreation de lignie, voire a moitié comme celui qui vendange sa vigne a moité meure et cuide avoir bon vin, mais quant le vin est parés il ne treuve que vernis. Quel mervaille ! il se hasta si qu'il menga ses bles vers qui onques bien ne li firent. Il ne laissa meurer le roisin et pour ce l'emprist. (MÉZIÈRES, Vertu sacr. mar. W., c.1384-1389, 249).

Rem. Cf. aussi DI STEF., 85b, s.v. blé.

17

BOEUF   
-

Prov. Dieu donne le boeuf mais non pas par la corne : "Or convient declairer la pratique proposee, a laquelle il fault un pou travaillier et estre diligent ; car, comme il se dit en proverbe : Dieu donne le beuf et non pas par la corne..." (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 286). Assés est dit donques desus voire en sustance que Dieu donne le beuf mais non pas la corne : il veut que chascun doie metre la main a l'euvre, veillier et labourer de sa part pour bien morir (MÉZIÈRES, Test. G., 1392, 304).

Rem. FEW I, 445a ; cf. DI STEF., 260b, s.v. Dieu.

18

BOEUF   
-

Loc. prov. [P. réf. à Deut. XXV, 4] Ne pas lier la bouche du boeuf arant. "Il faut laisser à ceux qui travaillent une part des fruits de ce travail" : Et saint Pol, de soy et dez aultres Apostres, dist : "Qui est celuy qui doit pour autruy labourer et traveiller, en sez propres cous et despens ?" ansi conme se il vousit dire que nul. Et en la loy de Moÿse est escript : "Tu ne lieras pas la bouche du buef arant". (Songe verg. S., t.1, 1378, 31).

Rem. À rapprocher du prov. Qui a autel desert.., v. autel.

19

BONACE   
-

Prov. Après longue bonace et calme, on attend la fortune : "...Mais selon le proverbe qui dit : Apres longue bonasse et chalme on atent la fortune, (et) pource", dit l'aucteur, "il seroit temps par la bonte de Dieu a present, avant que la grant tempeste veigne, d'abaisser les voiles des navires, reculer son harnoys et retrayre soy a bon port." (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 498).

20

BONTÉ   
-

Prov. Une bonté l'autre requiert : Tant pour tant mieulz vault confesser a son curé plus seurement. (...) Plus meritoirement a cause d'obeissance et que une bonté l'autre requiert : comme ilz te servent tu les doys honnourer. (GERS., Concept., 1401, 428).

Rem. Cf. DI STEF., 94a, s.v. bonté.

21

BONTÉ   
-

Prov. Bonté vaut mieux que beauté : Par foy, dist Hermine, s'il avoit loué pour lui louer et prisier, si a il bien emploié sa mise. Par foy, ma damoiselle, je ne parlay oncques a lui, mais il vault mieulx que je ne dy. Lors respondi elle au chevalier : Amis, bontez vault mieulx que beautez. (ARRAS, c.1392-1393, 104).

22

CERCEAU   
-

Loc. prov. On ne connaist pas les vins aux cerceaux :  On ne connoist pas aus drapiaus Les gens ne les vins aus sarciaus. (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. St., c.1330-1331, 8456).

23

CHAMBRE   
.

Prov. Es chambres on marchande et au marché on vend : ...voire pour les reliques du roy Pierre cy dessus assez longuement recite, lesquelles il voloit faire adorer es sept royaumes d'Espaigne. Mais il se dit en proverbe, "Es chambres on marchande et ou marchie on vent." Il remaint assez de l'effect des consaulx des grans princes, et par la bouche de David Dieu dit qu'il repreuve souvent le conseil et des princes et des peuples. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 394).

24

CHAT   
Prov. Reveiller le chat qui dormait. "Exciter qqn qui semble apaisé ; ranimer une vieille querelle" : ...ledit Denisart, qui estoit moult frié et esmeu de ce que dit est, non contens de ce et quérant sa mâle meschance, assez tost après, en réveillant le chat qui dormoit (...) lui dist qu'il n'avoit mais si bel regner qu'il avoit eu ou temps passé, et que ses posteaulx, c'est à dire les meilleurs de ses amis, estoient mors. (Ch. VI, D., t.2, 1400, 9).

25

CHAT   
-

Prov. On ne prend pas tels chats sans moufles : Jossellin, dist le roy, il fault que vous respondez a ceste querelle. Lors, quant Olivier, ses filz, ouy ce que le roy disoit, si respondy haultement : Sire, il a grant paour qui tremble. Cilz chevaliers, je croy, cuide prendre les grues en voulant. Par foy, il fauldra bien a ce qu'il pense. On ne prent pas tels chaz sans moufles. Sire roy, je vous dy qu'il a menty de quanqu'il vous a dit, car mon pere est preudoms et loyaulx. Et pren la bataille ainsi comme il l'a ordonnee, et veez la mon gaige. (ARRAS, c.1392-1393, 59).

26

CHÂTIER   
II. -

Empl. pronom. prov. Beau se chastie qui par autrui se chastie : Il se dit en proverbe : Beau se chastie qui par autrui se chastie. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 468).

Rem. DI STEF., 149b, s.v. chatier (même ex.).

27

CHAUD   
-

Loc. prov. Et le fer chaut, on doit le batre : Si ne dois pas ci tant muser Que tu la doies refuser ; Qu'on dit : "Qui ne fait, quant il puet, Il ne fait mie, quant il vuet ; Et le fer chaut, on le doit batre." (MACH., R. Fort., c.1341, 75).

28

CHAUD   
-

Prov. Entretant comme le fer est chaud, on le doit battre : Chascun tint a grant vaillance ce que Anthoine et son frere avoient fait au roy. Et lors appella le roy d'Ausaiz les barons du pays a conseil et leur dist : Beaulx seigneurs, entretant comme le fer est chault, on le doit batre. Combien que j'aye esté malveullans de vous et de vostre damoiselle, si est ainsi advenu, car certainement je vouldroye son prouffit et son honnour et le vostre. (ARRAS, c.1392-1393, 169).

29

CHEMIN   
-

Prov. Qui tient le moyen, il va le seur chemin. V.

30

CHEVAL   
C. -

Prov. Il fait bon fermer l'estable avant que le cheval soit perdu. "Il est prudent de prendre les devants" : Par mon chief, dist ly roys, c'est mauvaise compaignie que de traitours. Il fait bon fermer l'estable avant que le cheval soit perdu. Sachiez que jamais ne vouldrez occire noble homme en trahison, car je ne mengeray jamais tant que vous serez penduz avec vostre oncle et tous ceulx qui cy ont esté admenez. (ARRAS, c.1392-1393, 74). Pour quoy, s'il vous semble bon, il me semble que il seroit bon pourveoir de remede aincois tost que tart, car l'estable est bien fermee a point avant que le cheval soit perdu. (ARRAS, c.1392-1393, 148).

31

CHIEN   
E. -

Prov. Pour estre compere à chien, on ne doit pas porter le moindre baston : ...mais l'en dit que pour estre compere à chien l'en n'en doit point porter maindre baston. (Lettres Ch. VIII, P., t.2, 1488, 125).

32

CHIEN   
-

Prov. [P. réf. à la Bible, Prov. XXVI, 11] Le chien retourne à son vomissement. "Retomber dans son ancien péché" : ...ceulx qui se retournent ainsy legierement a leur malvaise vie come "les chiens a leur vomissement" (EVR. CONTY, Eschez amour. mor. G.-T.R., c.1400, 729-730).

Rem. Cf. DI STEF., 166b, s.v. chien ; FEW XIV, 629a, s.v. vomere.

33

CLOCHER1      | 2   
-

Prov. Jaquemart est au clocher : Dicte vous que [vous] me bactrez ? Si hardy de moy riens tochié, Car Jacquemars est au clouchié ; Vous ne serés ja si hardy. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 181).

Rem. Note de l'éd. : "Locution proverbiale, signifiant que le bâton qui doit frapper est tout prêt. Jacquemart était le nom populaire du sonneur en fonte placé à côté des cloches, un marteau à la main, pour frapper les heures".

34

COCU3      | 1 | 2   
-

Prov. Nul cocu n'est espervier. "On ne peut pas échapper à sa condition" : Par Dieu, ce a esté grant dommage, Mes les foul ne sont jamés sages, Ny les pouvres ne sont pas riches, Les larges ne sont jamés siches, Ne nul coquut n'est esparvier. (Myst. st Sébast. M., c.1450-1500, 195).

35

COEUR   
-

Prov. De l'abondance du coeur parle la bouche volontiers : "Se tu veuls, dit il, savoir quel cuer aucune personne a, considere bien et avise de quel matiere il parle voulentiers et plus souvent", aussi que s'il voulsist dire : tu le saras par ce car de l'habondance du cuer (...) parle la bouche voulentiers. (EVR. CONTY, Eschez amour. mor. G.-T.R., c.1400, 677).

Rem. V. aussi

36

COMPLAINDRE   
-

Prov. Assez rueve qui se complaint : Nompourquant vous estes si sage, Dame, et de si noble corage, Que vëoir pouez a mon plaint Qu'assez rueve qui se complaint. (MACH., R. Fort., c.1341, 138). Et s'ai bien prouvé par mon plaint Qu'assez reuve qui se complaint. (MACH., Voir, 1364, 256).

37

COMPLIE   
-

Prov. Soi trouver à complie quand on n'est pas à none. "Aller trop vite en besogne, être pressé" : "...Je vous donne ma paix," dist il, "non pas celle que le monde donne," par laquelle on se treuve a complies quant on n'est pas a nonne. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 197).

Rem. Cette expr. n'est pas att. par DI STEF. mais il enregistre la loc. appartenant au même champ sém. : trouver complies au lieu de vespres "être en retard" ; T-L cite : mors est... si hastive qu'ele sone Assez souvent complie a none.

38

CONNAÎTRE   
-

Prov. À l'ouvrage on connaist l'ouvrier. V.

39

CORNER1      | 2   
-

Prov. [Se dit d'un chasseur qui sonne du cor alors qu'il n'a pas réussi à capturer du gibier] On a souvent corné sans prise. "Triompher prématurément, vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué" : Supposé que la rigle est telle Qu'on a souvent corne [l. corné] sans prise, Se la main je peux avoir mise Promptement sur quelque marchant, A cestuy la ay foy promise Qu'avec luy je seray marchant. (Myst. jeune fille L., c.1413-1445 [c.1530], 7).

Rem. La lecture corné est préférable à celle de l'éd. : corne. Le même proverbe figure ds Molinet, Faictz Dictz D., 1467-1506, I, 66.

40

CORNU   
-

Prov. L'enfourner fait les pains cornus. V.

41

COUP   
-

Prov. Le coup premier vaut toujours cent : Mon tres chier frere, je vous prie Que ne vous esmayez de riens ; Vitoire arez, je vous affie, Contre ces desloyaulx chiens ; Que a nous y ne sont puissant Quant vitoire avons eu sur eulx. Le coup premier vault tousjours cent ; Qu'i bien en fait ung en fait deux. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 549).

42

COUTUME   
-

Prov. Coutume vainc nature : Non pourquant fust ceste loy tres contraire es choses acoustumees et a nature, car coustume vaint nature. (GERS., P. Paul, a.1394, 494). Dont il appert évidemment à tout homme d'entendement Que nul ne doit lors s'avancier à nouveau travail commencier, Car forte chose est de coustume Que nature vaincre présume (LA HAYE, P. peste, 1426, 84).

43

COUVRIR   
-

Prov. Qui denier perd mal se couvre. V.

44

CROÎTRE   
-

Prov. Mauvaise herbe croist assez plus tost que la bonne : ...gentil homme n'a aage à tenir terre juques il ait atouchié à XXI an ; et aussi n'est il pas en aage de soy combatre jusques il ait telle aage, comme nous avons dit. Mes la fille si a aage à XV ans. Ainsi povez veoir que mauvese herbe croist assez plus tost que la bonne. (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.1, 1385, 196).

45

CUILLER   
-

Loc. prov. À tel pot tel cuiller : Ains est un homme singulier, Si que a tel pot tel [l. telle] cuillier. (Mir. fille roy Hongrie, c.1371, 9).

Rem. R. Glutz signale que le ms. porte telle.

46

DAMNER   
-

Prov. Il n'est pas damné qui ne le croit. "On ne court aucun risque à refuser de croire" : - (...à) vous estes le seul homme en ce monde (...) de qui plus près me toucheroit l'ennuy et le desplaisir. - Il n'est pas damné qui ne le croit [Dialogue entre une coquette et son amant jaloux] (C.N.N., c.1456-1467, 231).

47

DEMANDEUR   
-

Prov. À bon demandeur, bon escondisseur : ...et se aucuns sont trop grans demandeurs en appert ou autrement, usez, sire d'un proverbe commun : A bon demandeur, Bon escondisseur. (GERS., Noël, p.1404, 312).

48

DÉPENDRE3      | 1 | 2   
-

Prov. Qui despend sans nécessité, il n'a rien à son besoin : L'argent ne puet estre mieulz gardé que en la main d'un tel peuple, ne plus prest a avoir au besoing, au besoing, dy je, non pas a une perfusion. Qui despent sans necessité, il n'a riens a son besoing. (GERS., Noël, p.1404, 313).

49

DEVOIR2      | 1   
III. -

Prov. Fais ce que tu dois et (ad)vienne ce que pourra : Lors la royne respondy a Ardant Desir et dist ainsi : "Beaux amis et vous belle amie, il se dit en proverbe : Fais ce que tu dois et veigne ce que pourra..." (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 444).

Rem. Pour le prov., cf. aussi DI STEF., 254c, s.v. devoir et 325c, s.v. faire.

50

DIEU   
-

Prov. [Indique que Dieu sait reconnaître le bon fond, les bonnes intentions de qqn] Dieu sait qui bon pelerin est : ...n'y avoit ne roy ne duc qui n'en prist chescun couverte ymagination sur son compaignon et par quoy chescun se douloit et doutoit, dont Dieu scet toutevoiez qui bon pelerin estoit et net en sa cause, car a luy sont cogneues les consciences et les humains secretz. (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 90).

51

DIRE1      | 2   
-

Prov. Dis-moi qui je suis, je te dirai qui tu es : Le quel lui respondi tantost felonnessement : "Je n'ay cure de toy ne de ton amour. Di moy qui je sui, je te diray qui tu y es". (Doc. Poitou G., t.3, 1366, 339).

Rem. V. va lui dire, subst. masc.

52

DONNER   
.

Prov. Qui tost donne, deux fois donne : C'est bien dist, mes premier querir Nous fault, et ensanble(r) poser, Ce que nous ly vourons donner, Car quil tost donne, deux fois donne. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 72).

53

DOULEUR   
-

Prov. Douleur ne se peut celer : Cheminans ainsi, les dames en esperit volant, par maniere d'une piteuse tragedie et amere lamentacion Ardant Desir dist a Verite la royne : "Madame," dist il, "il est escript que grant doleur longuement ne se puet celer..." (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 303). Il se dit en proverbe que extreme doleur et lyesse ne se peuent celer, comme il apparu bien par Marie Magdalene, en querant et trouvant Jesuscrist. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 503).

54

DRAP   
-

Prov. Au bout de l'aune faut le drap. V. aune "Tout a une fin"

55

ÉCU   
-

Prov. [Escu comme symbole de noblesse] En cent ans, escus deviennent besche et besche redevient escus : Et pour ce avient il bien aucunesfoiz que une noble lignie est en la fin a vilté ramenee, et du tout au neant ; et au contraire aussi avient il bien aucunesfoiz que aucun qui sont estraiz de bas lignage et de petit estat, pour leur noble courage ou pour leur grant prudence, viennent a sy grant bien et a sy grant richesce qu'i sont commencement d'une lignie qui en petit de temps est noble reputee. Et pour ce dit le proverbe commun que "en cent ans, escus deviennent beche et besche redevient escus". (EVR. CONTY, Eschez amour. mor. G.-T.R., c.1400, 649).

56

EMPIREMENT   
-

Loc. prov. Choir de mal en empirement. "N'échapper à un mal que pour tomber dans un autre pire encore" : Divers effès l'atouchement De li [S. Jean-Baptiste] a, quar qui dignement Y touche, il en devient melleur ; Et qui y touche sanz cremeur, En pechié, sanz amendement, De mal chiet en empirement. (GUILL. DIGULL., Pèler. J.-C. S., 1358, 4956).

57

EMPRENDRE1      | 2   
-

Prov. Toucher empris par vile arsure, par non toucher vient à sa cure. "Les tentations de la chair sont guéries par l'abstinence" : On puet dire par maniere de proverbe, que Toucher emprins par vile arsure Par non toucher vient a sa cure. (GERS., Déf., 1400, 243).

Rem. DI STEF., 844c, s.v. toucher (même ex., non défini).

58

ÉPERVIER   
-

Prov. Nul cocu n'est espervier. V.

59

ÉTINCELLE   
-

Prov. D'une petite estincelle naist grand feu : ...d'une petite ire ainsy continuee aucunesfoiz s'engendre une grant hayne mortelle, aussi que on dit assez communement que "d'une petite estincelle naist grant feu". (EVR. CONTY, Eschez amour. mor. G.-T.R., c.1400, 447).

60

FAIRE   
-

Prov. On ne doit faire à autrui ... : Certes, c'est faire contre la Loy naturele et divine en laquelle il est dit que nul ne doit faire a aultruy for ce que il voudret que l'en luy fait (Songe verg. S., t.1, 1378, 51).

61

FÊTE   
-

Prov. De mechants gens mechante feste. V.

62

FIER2      | 1   
-

Prov. Fol s'y fie : C'est un proverbe qui s'appelle fol si fie, et puet estre dit per antiphrasim, c'est assavoir par le contraire. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 362).

63

FONTAINE   
-

Prov. Qui souvent va à la fontaine, se mouille : ...et curroit luy russeals [des larmes] si reddement aval, qe, solonc mon entendement, il n'arestoyt al seyn ne a seynture, tantqe desouz le piee a terre venoit ; et les mayns n'en avoient meyns, car "a la fontaigne qe va sovent, se moille". Et, ma Dame, jeo croie et fermement le sai de voir, qe la cause de celle sours de celle eawe estoit pur garrir tieles plaies et tiels mals com jeo ai. (HENRI LANC., Seyntz medicines A., 1354, 136).

64

FORME   
-

Prov. À telle forme tel soulier : ...et fortrait a sa femme ce qui deust estre sien et ce qu'il li doit de droit et le depart en autre lieu ou prejudice de sa compaigne, froissant le veu qu'il a promis a Dieu, et la femme aussy refait a son mari autel, dont il est dit, "A telle gaine tel coutel" ou "A telle fourme tel sanler." (MÉZIÈRES, Vertu sacr. mar. W., c.1384-1389, 252).

Rem. Cf. DI STEF., 370c, s.v. forme qui cite Cotgrave.

65

FOU1      | 2   
-

Prov. Fol s'y fie : C'est un proverbe qui s'appelle fol si fie, et puet estre dit per antiphrasim, c'est assavoir par le contraire. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 362).

66

FOURGON   
-

Région. (Picardie) prov. La pelle moque le fourgon : ...Dame chambriere, les gens d'eglise sont de si male vie qu'il est une grant vertu de bien les chastier, a laquelle oppinion se puet respondre le proverbe qui se dit en Piquardie par une derision : La pale moque le furgon. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 527).

Rem. FEW : «Mfr. (...) loc. prov. qui veut dire que tel qui se moque d'un autre ne vaut pas mieux (pik.), le fourgon se moque de la pelle Montaigne» ; non att. par DI STEF.

67

GAINE   
-

Prov. À telle gaine tel couteau. ("L'une des manières d'indiquer le rapport de cause à effet") (DI STEF.) : [L'homme] restraint sa compaignie et fortrait a sa femme ce qui deust estre sien et ce qu'i li doit de droit et le depart en autre lieu ou prejudice de sa compaigne, froissant le veu qu'il a promis a Dieu, et la femme aussy refait a son mari autel, dont il est dit, "A telle gaine tel coutel" ou "A telle fourme tel sanler." (MÉZIÈRES, Vertu sacr. mar. W., c.1384-1389, 252).

68

GENS   
.

Prov. De mechants gens mechante feste. "Il faut traiter les gens comme ils le méritent" : Par dieu je ne vous puys mantir Car de meschans gens mechante fete (OUDIN, St Genis M.S., c.1490, 59).

69

GRATTER   
-

Prov. Aussi mal gist homme comme chevre par trop gratter : Or voiz tu bien qu'ausi mal gist Hons com chievre par trop grater. (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. St., c.1330-1331, 12385).

Rem. Cf. Thesaurus proverbiorum medii Aevi, t. 13, 385-386, s.v. Ziege.

70

GROS   
-

Prov. Deux gros ne peuvent (tenir) en un pot : [C'est Orgueil qui parle] ...par quoy je suscite toutes divisions et [les] continue de pis en pis en toutes terres, en espirituel[le] et temporel[le], par ce que deux gros ne puent en ung pot. (GERS., Noël, p.1404, 304).

71

GUEULE   
-

Prov. À cheval donné, en la gueule ne doit on mie regarder. V.

72

HABIT   
-

Prov. L'habit ne fait pas le moine : De ceste solennité de veu, il fault noter que aucuns dient en trois manieres de veu sans estre solennisié par propre profession, car l'habit ne fait pas le moyne, mais la profession (Sacr. mar., c.1477-1481, 52).

73

HAÏR   
-

Loc. prov. Haïr qqn plus que chevre le couteau. "Häir qqn extrêmement" : Plus le het que chievre coutel Si ques se jus ne le metoies, Pas bien sage ne seroies. (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. St., c.1330-1331, 5578).

74

HAUT   
.

Prov. Les hauts arbres reçoivent les grands vents. V.

75

HEURE   
-

Prov. En peu d'heure Dieu labeure : Il nous convient venger noz corps A ce coup, je voy qu'il est heure ; Soyons vaillans, roides et forts, Que en peu de heure Dieu labeure (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 339).

76

HEURE   
.

Prov. En peu d'heure, Dieu labeure : Lors fu le roy admené a la tente Anthoine, lequel estoit logiez en la propre tente qui fu du roy, dont il ne se pot oncques tenir que il ne lui deist : Par ma foy, damoisiaux, qui ce dit deist voir : En pou de heure Dieu labeure. (ARRAS, c.1392-1393, 163).

77

HEURTER   
-

Prov. biblique Qui heurte à la porte, on lui ouvre : Il est escript en l'evvangile que qui quiert, il treuve, et qui hurte a la porte, on lui euvre. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 94).

78

HOMME   
-

Prov. Tant vaut l'homme, tant vaut sa terre. "C'est la valeur de l'homme qui lui permet de donner de la valeur à sa terre, de la valoriser ; c'est la valeur de l'homme qui fait la valeur de sa terre" : Et se verifia bien en lieu ce que les Franchois dient en proverbe : "Tant vault l'homme, tant vault sa terre". Et voirement disent bien "tant vault il", voirement "tant vault elle" ; et n'est riens d'omme, com grant qu'il soit, s'il n'a vertu et valeur ; et est plus precieuse chose homme vertueux sans terre et sans seigneurie que domination sans valeur et vertu. (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 83).

79

HONNEUR   
-

Prov. À tous seigneurs, toutes honneurs : ...et j'ay dit que gloire est la part a Dieu singuliere comme on seult dire : A tous seigneurs, Toutes honneurs. (GERS., Noël, p.1404, 303).

Rem. FEW IV, 466a : «à tous seigneurs (...) "il faut rendre honneur à qui il appartient" (seit Cotgr 1611)».

80

HÔTEL1      | 2   
-

Prov. L'oeil du seigneur maintient l'hostel : Mais, sire, il convient mettre la main a l'oeuvre : L'ueil du seigneur maintient l'ostel (GERS., Noël, p.1404, 311).

81

JANGLE   
-

Loc. prov. Verité ne quiert nuls angles, n'elle n'a que faire des jangles : Car c'est chose moult honnourable D'estre en son parler veritable, Et verité ne quiert nuls angles, N'elle n'a que faire de jangles. (MACH., R. Fort., c.1341, 9). Vesci pour quoy je le diray Et ja ne vous en mentiray, Car verité ne quiert nuls angles, N'elle n'a que faire des jangles. (MACH., P. Alex., p.1369, 224).

82

JAQUEMART   
-

Prov. Jaquemart est au clocher. V.

83

JUSTICE   
-

Prov. Il vaut mieux vivre sans pain que sans justice : Il devroit souvenir aux patrons du proverbe des vieilles des Sarrazins qui dient ainsi communement, Il vault mieulx vivre sans pain que sans justice. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 589).

84

LABOURER   
-

Prov. En peu d'heure Dieu labeure : Lors fu le roy admené a la tente Anthoine, lequel estoit logiez en la propre tente qui fu du roy, dont il ne se pot oncques tenir que il ne lui deist : Par ma foy, damoisiaux, qui ce dit deist voir : En pou de heure Dieu labeure. On n'eust huy au matin gaires fait ceans pour vous. Sire roy, dist Anthoine, c'est par vostre musardie et par vostre pechié, qui guerroiez les pucelles sans cause, et les voulez avoir par force. (ARRAS, c.1392-1393, 163).

85

LAISSER   
-

Prov. Laisser le moustier là où il est. V. moustier "Maintenir le statu quo, ne pas se lancer dans une entreprise risquée"

86

LAMPROIE   
-

Loc. prov. Payer la lamproie. "Payer une gratification" ; d'où "en être pour ses frais" : Mais toute ceste compaingnie Tient le contraire et le vous nie. Et pour ce bien dire pouez Que vous n'estes pas avouez ; Si devez paier la lamproie. De ce plus dire ne saroie, Qu'on ne puet bon argüement Faire seur mauvais fondement. (MACH., J. R. Nav., 1349, 243). Amis, par saint Symon, Vous m'avés fait un long sarmon Adfin que ma dame ne voie. Mais vous paierés la lamproie, Car vous n'estes pas advoés, Ne consillier ne me poés Tel conseil qu'il n'i hait deffaut, Quant vous savés bien qu'il me faut Aler au doulz commandement De celle qui j'aim loialment. (MACH., Voir, 1364, 646).

87

LARRON1      | 2   
-

Prov. Il ne faut point estre larron à sa bourse : ...vous entendez bien que en tel cas il ne fault point estre larron à sa bource (Lettres Ch. VIII, P., t.2, 1488, 3).

88

LETTRÉ   
-

Prov. Le roi non lettré est un asne couronné : Bien sçavoit que le roy Salomon demanda sapience à Dieu ad ce qu'il peust mieulx gouverner son peuple ; aussi Helynant dit que le roy non lectré est ung asne couroné. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 58 r°).

89

LETTRURE   
-

Prov. Un roi sans lettrure est comme une nef sans avirons : Et pour ce est il allieurs escript que un Roy sanz lattreüre est conme une nef sanz avyrons et come oysel sanz elles. (Songe verg. S., t.1, 1378, 223).

90

LIER   
-

Prov. Lier pieds et mains : Et j'ai tout ceo si lessee affaire par cele peresce qe me lie si pieez et mayns, qe jeo ne puisse faire mon bien, mon sen, ne mon preu (HENRI LANC., Seyntz medicines A., 1354, 79).

Rem. Loc. non att. par FEW V, 319b : ligare ; DI STEF., 681b, s.v. pied cite un ex. de Gerson.

91

LION   
-

Prov. Battre le chien devant le lion. V.

92

LIPPE   
-

Loc. prov. De po pleure à qui la leppe pent. "Celui à qui la lippe pend pleure pour peu de chose" : Non mie que vous sceussiés haÿr moi ne autrui ! Mais qui bien aimme a tart oublie, et de po pleure a qui la leppe pent. (MACH., Voir, 1364, 514).

93

LOI1      | 2   
-

Prov. Necessité la loi reprouve. V. necessité "La nécessité affranchit de la loi, nécessité fait loi"

94

LOUP   
-

Prov. Deux loups s'accordent à prendre une brebis : ...et tout environ elle [une bête monstrueuse symbolisant "état pompeux"] estoyent sensues, couleuvres, laysardes, par lesquelz je entens gens vicieux ou desirs pervers qui sussoyent la partie de ceste beste jusques aux os, et a toutes choses estoyent a descort fors a ce faire comme deux loups s'accordent a prendre une brebis (GERS., Noël, p.1404, 308).

Rem. Cf. DI STEF., 498b, s.v. loup (même ex.).

95

LUTTE   
-

Prov. À la tierce fois va la lutte. "L'issue apparaît à la troisième reprise" (Éd.) : ...on dit de coustume : A la tierce foiz va la luycte. (C.N.N., c.1456-1467, 102).

Rem. Expr. de type prov. : "il faut attendre avant de prendre une décision importante". Cf. Prov. H., L 119 ; DI STEF.

96

MAINTENIR   
-

Prov. L'oeil du seigneur maintient l'hostel. V.

97

MAL1      | 2   
-

Prov. Qui mal fait, il hait lumière : ...car l'en dit communement que qui mal fait, il hait lumiere. (Best. hérald. H.E., c.1435-1450, 469).

98

MAL1      | 2   
-

Loc. prov. Faire mal et prendre du pis. "Semer le vent et récolter la tempête" : A chascun [le jeune] menasse la mort, Et s'en va courant d'uys en huys ; Quelcun l'assomme comme ung porc, Jeune fait mal et prent du pys. (Pass. Auv., 1477, 118).

99

MANCHE1      | 2   
-

Prov. Jeter le manche après la cognée. "Accroître la malchance par négligence ; abandonner tout espoir" : Quant aux marteaux de ma forge, dont je forge mes bons besans, entre les autres en y a qui me sont moult plaisans, c'est assavoir Vengeance, qui fiert grans coups, et Indignation, et aucunesfoiz Desesperation, voire de gecter le manche apres la cuignie, qui fait a maint orgueilleux perdre la vie. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 318).

100

MENSONGER1      | 2   
-

Prov. Le songe est toujours mensonger : Maintes foiz j'é le songé pire Et en ay encore bien memoire ; Mais vous savez et est notoire, En songe nul ne doit penser. Chacun scet et est chose voire : Le songe est tousjours mensonger. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 173).

101

MERCIER1      | 2   
-

Prov. De petit mercier, petit panier. "Il ne faut pas entreprendre au-dessus de ses forces, de ses moyens" : Car certes je scay bien que je n'ay mie sens pour bien faire si haulte histoire comme ceste est, qu'il n'y ait a dire, mais on dit souvent qu'a l'euvre congnoist on l'ouvrier ; et de petit mercier, petit pennier. Mon tres redoubté seigneur, prenez en gré, s'il vous plaist, car se ly homs fait le mieulx qu'il puet ne scet, on le doit prendre en gré, car, en aucuns cas, bonne voulenté doit estre reputée pour euvre. (ARRAS, c.1392-1393, 311).

102

MESSE   
-

Prov. Vrai comme la messe : ...Des dangiers et des maladies, Lesquelz en diverses parties Aviennent pour la grant nuisance De mauvaiz air et pestillence, Il est tout vray, et le confesse Le translateur comme la Messe (LA HAYE, P. peste, 1426, 159).

Rem. Cf. aussi DI STEF., 536, s.v. messe.

103

MESSE   
-

Prov. À un sourd ne faut point deux messes. "Il n'a pas besoin de se le faire dire deux fois ; il obéira avec empressement" : A vn sourt ne fault point .II. messes (Myst. st Martin K., a.1500, 162).

104

MOISIR   
.

Prov. Le moisir font les poires molles. V.

105

MONDE1      | 2   
-

Prov. Petite chose est de la vie de ce monde. V.

106

MORTIER   
-

Prov. Encore sent le mortier les aulx. "Il reste toujours la marque d'une origine basse" : Et toutesfois, selon le proverbe commun, encores sent le mortier les aulz. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 490).

Rem. Cf. aussi DI STEF., 559b, s.v. mortier.

107

MOU   
-

Prov. Le moisir font les poires molles. V.

108

NATURE   
-

Prov. Coutume vainc nature. V.

109

NÉCESSITÉ   
-

Prov. Necessité la loi reprouve. "La nécessité affranchit de la loi, nécessité fait loi" : SATHAN. Necessité la loy repreuve. LA FILLE. Larronnesse ne seray pas. (Myst. jeune fille L., c.1413-1445 [c.1530], 13).

110

OEIL   
.

Prov. Oeil pour oeil et dent pour dent : ...et est comme se un homme avoit a un autre coupé le poing et l'en li coupast le sien, et oeil pour oeil et dent pour dent, etc. (ORESME, E.A.C., c.1370, 291).

111

OR1      | 2   
-

Prov. Ce n'est pas tout d'or quanque reluit. "Tout ce qui brille n'est pas or" : Si devins siens en bonne entention, Ne jamais n'i cuidasse, se bien non, Pour la grandeur de son trés bon renon Qui m'a destruit. Mais ce n'est pas tout d'or quanque reluit, N'on ne doit pas tant amer son deduit Qu'on ne s'en puist retraire, quant il cuit. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 89).

112

ORDONNER   
-

Prov. Fou pense et Dieu ordonne. "Le fou propose et Dieu dispose" : Et [les Sarrasins] avoient juré que ilz feroient le roy Uriien mourir en croix crucifié, et sa femme ardoir et ses enfans, mais, comme dit le saige : Fol pense et Dieu ordonne. (ARRAS, c.1392-1393, 213).

113

OREILLE   
-

Prov. Qui de son oreille fait nasse, grand douleur à son coeur amasse : ...il n'est pas bon de tout prendre a son cuer, ainz vient aucunesfoiz trop mielx dissimuler et faindre que on n'ait riens oy ne veu, car, dit il, les injures finablement se passent. Et pour ce dit le proverbe commun que "qui de son oreille fait nasse, grant douleur a son cuer amasse" (EVR. CONTY, Eschez amour. mor. G.-T.R., c.1400, 736).

114

OUVRAGE   
-

Prov. À l'ouvrage on connaist l'ouvrier. V.

115

OUVRIER   
-

Prov. À l'ouvrage on connaist l'ouvrier. "On juge quelqu'un à ce qu'il fait" : A l'ouvraige on congnoist l'ouvrier (Myst. jeune fille L., c.1413-1445 [c.1530], 7). L'ouvrier congnoit on par l'ouvraige. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 508).

116

PAIN   
-

Prov. Il vaut mieux vivre sans pain que sans justice : Il devroit souvenir aux patrons du proverbe des vieilles des Sarrazins qui dient ainsi communement, Il vault mieulx vivre sans pain que sans justice. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 589).

117

PAIX   
-

Prov. Vois et te tais, si tu veux vivre à paix/qui de tout se tait, de tout a paix : ...et l'autre [proverbe] dit : "Oy, voy et te taiz, se tu veulz vivre a paix" ; et le tiers dit encore que "qui de tout se taist, de tout a paix". (EVR. CONTY, Eschez amour. mor. G.-T.R., c.1400, 736).

Rem. Cf. DI STEF., 816a, s.v. taire : Qui tost se taist, tost a paix.

118

PANIER   
-

Prov. De petit mercier, petit panier. V.

119

PANIER   
-

Loc. prov. À petit mercier, petit panier. "Chacun agit selon ses moyens, sa condition sociale" : ...vous verrez une petite hacquenee que je vous presente, en vous suppliant que la prenez en gré, car a petit mercier petit panier. (LA SALE, J.S., 1456, 74).

120

PARDONNEUR   
-

Prov. Il n'est si grand pecheur que Dieu ne soit encore plus grand pardonneur : ...[Jean Juvénal des Ursins au roi :] laquelle puissance ou vertu de misericorde vous avés, comme vicaire de Dieu en terre ; et en ce devez ensuivir ce que nous savons et creons Dieu ad ce estre enclin, c'est assavoir estre piteux et misericors. Et n'y a personne, quelque qu'elle soit, que tant ait fait grant peschié et delit que se elle se humilie et congnoisse son peschié en cryant mercy et requerant pardon, que il ne luy ottroye ; et ung commum proverbe si est que il n'est si grant pescheur que encores Dieu ne soit plus grant pardonneur. (JUV. URS., Exort., 1458, 416).

121

PARFAIRE   
-

Empl. abs. prov. Qui commence et ne parfait, il a perdu ce qu'il a fait : Il se dit en proverbe que qui commaince et ne parfait, il a perdu ce qu'il a fait. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 343).

122

PARLER   
-

Prov. Bien aise plaidoie qui parle sans partie. V.

123

PAROLE   
.

Prov. Douce parole freint grant ire : Et pour ce dit le proverbe commun que doulce parole frain grant ire, et aussi est il dit ailleurs que doulce parole multeplie amis. (EVR. CONTY, Eschez amour. mor. G.-T.R., c.1400, 253).

124

PARSERVIR   
-

Prov. Celui qui sert et ne parsert, son loyer perd : Et pour ce dit le proverbe commun que "cely qui sert et ne parsert, son loier pert", maiz cely qui persevere et jusques en la fin constanment continue, cely est digne de actaindre la victoire et la fin qu'il desire, et sy est digne d'avoir le loier et le honneur qui s'en doit enssuir, car en la fin se moustre la proesce. (EVR. CONTY, Eschez amour. mor. G.-T.R., c.1400, 731).

125

PARTIE   
-

Prov. Bien aise plaidoie qui parle sans partie. "Il est facile de plaider sans adversaire" : Mais tantost par aventure on me dira le proverbe commun : "Bien aise plaidoye qui parle sans partie !", car il semble que nulz ne parle ou doye parler contre moy. Voulsist Dieu que ainsy fust et que on ne trouvast advocat ou plaidoyeur faisant partie contre ceste verité ! Mais, helaz ! autrement va ! (GERS., Déf., 1400, 221).

126

PAYS   
-

Prov. Il n'est pas sire de son pays qui de ses hommes est haï : On seult dire, et c'est verité, Qu'i[l] n'est pas sire de son païs Qui de ses hommes est haÿs. (GERS., Noël, p.1404, 313).

Rem. DI STEF., 801a, s.v. sire.

127

PÊCHER1      | 2   
-

Prov. Il n'est pescher qu'en la mer. "Il faut prendre là où il y a abondance" : "...Beau Filz," dist la royne, "se tu vouldras croire les chevaliers qui ont acostume de bien plumer le roy et les seigneurs et par leur soutille pratique, sus forme de vaillance remplie de flaterie, te feront preux et vaillant et large comme Alexandre, en recitant souvent le proverbe du mareschal Boucisquault : Il n'est peschier que en la mer et si n'est don que de roy : attrayant de toy et de ta vaillant largesse tant d'eaue a leur moulin..." (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 239).

Rem. Cf. Montaigne in Littré, s.v. pêcher : «Il n'est que pescher en grand vivier».

128

PÉCHEUR   
Prov. Il n'est si grand pecheur que Dieu ne soit encore plus grand pardonneur. V.

129

PELLE1      | 2   
-

Prov. La pelle moque le fourgon. V.

130

PENDRE   
-

Prov. Ci pris, ci pendu : Mal y venoyent pecheurs, traites et malfaiteurs qui forfaysoyent contre la magesté royale de Dieu, en trespassant sa loy et ses commandemens, car : cy pris, cy pendus. Bien tu l'esprouvas, o Lucifer, jadiz ange tres bel, car incontinent que le vent d'orgueil ot enflé ta pensee et tellement demenee que tu volus monter a l'equalité de ton Seigneur, tu qui estoyes fait pour le servir, point n'y ot de remede. Justice soudainement te lença et tresbuscha en [l']orrible prison d'enfer (GERS., Purif., 1396-1397, 61).

131

PENSÉE1      | 2   
-

Prov. [Servant à exprimer que deux pers., sans s'être concertées, ont la même pensée au même moment] Deux gens ont bien une pensee. "Les grands esprits se rencontrent" : LE IIIe PRINCE. (...) Se j'estoye prince du pays, Sur tous lui donroye le pris, Car a lui affiert grant honneur. LE PREMIER PRINCE. Et par mon serment, monseigneur, De ce dites vous verité, De dire l'avoye empensé, Quant le vous oy prononcier. (...) Deux gens ont bien une pensée, Il ne pouoit quil ne fust dit. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 84).

132

PERDRE   
-

Prov. Qui perd le sien, il perd le sens. "Celui qui est dépouillé de son bien n'a plus sa raison" : [Jean Juvénal des Ursins au roi :] Et est a advertir que voz ennemis, qui congnoissent la tirannise que faisoient voz gens, et encores congnoissent que c'est a voz subgetz chose comme insuportable, cuidans que la perte de leurs biens qu'ilz faisoient et la tirannie que on leur faisoit peussent estre cause de faire departir vosdis subgetz de vostre obeissance, car on dit en commun proverbe que "qui pert le sien, il pert le sens", essaient a les pervertir (JUV. URS., Loquar, 1440, 314).

Rem. Exemple antérieur à celui donné par DI STEF., 800b, tiré du Livre de la Deablerie d'Eloy d'Amerval, imprimé en 1508.

133

PÈRE   
-

Prov. Ne connoistre ni père ni mère : ...car misericorde n'est pas a justice contraire, ainz y est bien seans aucunesfoiz, et briefment, elle amende et parfait la justice qui autrement seroit tyrannique et cruele moult souvent ; et pour ce dit un sage que justice ne congnoist ne pere ne mere, fors tant seulement verité. (EVR. CONTY, Eschez amour. mor. G.-T.R., c.1400, 359).

134

PÉRILLEUX   
-

Prov. Perilleuse est la demeure. V.

135

PETIT   
-

Prov. De petit mercier, petit panier. V.

136

PETIT   
-

Prov. Loin petit et petit va on bien. "Pour mener à bien une entreprise, y aller progressivement" : Or te di je que voirement Piez ai de plonc et belement Voiz, mes loing petit et petit Va on bien (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. St., c.1330-1331, 13187).

137

PEU   
-

Prov. De peu, peu et de néant, bonne volonté. "Faire ce qui est possible de faire" : Mais il [Dieu] te mande que de ta part tu [le roi] faces ton devoir, c'est assavoir selon le proverbe qui dit : De pou, pou, et de nyent, bonne voulente. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 358).

138

PIERRE   
.

Prov. Pierre souvent remuée ne cueillira ja mousse. "Pierre qui roule n'amasse pas mousse" : La plante aussi ne peut fructefier qui trop souvent est ailleurs transportee ; et aussi dit l'ancien proverbes que "pierre souvent remuee ne cueillira ja mousse". Et de toutes ces choses veult Seneque conclurre que cely qui sy souvent ses opinions mue ne peut faire beau fait. (EVR. CONTY, Eschez amour. mor. G.-T.R., c.1400, 732).

139

PIRE1      | 2   
-

Prov. Par la pire roue du char. V.

140

PIS2      | 1   
-

Loc. prov. Faire mal et prendre du pis. V.

141

PLAIDOYER1      | 2   
-

Prov. Bien aise plaidoie qui parle sans partie. "Il est facile de plaider sans adversaire" : J'ay entrepris a l'ayde de Dieu prouver et demonstrer, comme advocat [et] ploidoyeur contre erreurs et vices, et comme estant en la chayere de verité crestienne, que Ceulz yci sont bieneureux Qui les cuers ont doloreux. Mais tantost par aventure on me dira le proverbe commun : "Bien aise plaidoye qui parle sans partie !", car il semble que nulz ne parle ou doye parler contre moy. (GERS., Déf., 1400, 221).

Rem. Cf. DI STEF., 646b, s.v. partie (même ex.).

142

PLUIE   
-

Prov. Une petite pluie fait choir un grand vent : ...une petite pleuue fait cheoir un grant vent. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 342).

Rem. Cf. DI STEF., 700b, s.v. pluie.

143

POINDRE   
-

Prov. À trop poindre faut l'aimant. V.

144

POIRE   
-

Prov. Le moisir font les poires molles. "Les poires blettes finissent par moisir" : Vous usez de grosses parrolles Et autre chose n'y povoir. Face chacun bien son devoir ; Le musir font les poires molles. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 274).

Rem. Au fig., poires molles signifie "vaines promesses" ; dans le passage ci-dessus, le prov. vise un adversaire que l'on affecte de ne pas craindre, considérant ses grosses paroles comme des menaces en l'air.

145

POMMIER   
-

Prov. [Pour exprimer la relation entre la bonté et l'humilité] Plus a le pommier de pommes, Plus s'encline vers les hommes : Si com l'apris et bien le sai Que qui en soi a plus bonté, Plus a en soi d'umilité ; Plus a le pommier de pommes, Plus s'encline vers les hommes. (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. St., c.1330-1331, 261).

Rem. cf. Thesaurus proverbiorum medii aevi, t.1, 165-166.

146

PORCELET   
-

Prov. Ce dessert la truie que les porcelets sont battus. "On fait expier la faute des parents aux enfants" : Et doit ymaginer et tenir pour ferme que riens ne se fait en ce monde sans la dispensation ou permission divine et que Dieu a consenti son mariage par aventure pour ses pechiés ou pour les pechiés de ses peres, car il se dit en proverbe que ce dessert la truye que les pourceles sont batus. (MÉZIÈRES, Vertu sacr. mar. W., c.1384-1389, 303).

Rem. Cf. les var. ds J. W. Hassel, Middle Fr. proverbs, 1982, s.v. truie.

147

PRISE1      | 2   
-

Prov. On a souvent corné sans prise. V.

148

PROFITER   
-

Prov. Le sejour ne profite mie. "On n'a rien à gagner à attendre trop longtemps" : Le sejour ne prouffite mye, Durant la prosperité N'ayons point la chiere endormye (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 118).

149

QUEUE1      | 2   
-

Prov. À la queue gist le venin. "La perfidie se manifeste à la fin" : Vostre maniere adulatoire Querez conduyre a male fin, Et elle est vaine et frustratoire, Mais a la queue gist le venin. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 391).

Rem. Cf. lat. in cauda venenum.

150

RECULER   
-

Prov. Reculer pour saillir plus loin. "Reculer pour mieux sauter" : ...car il est expedient et fait bon un pou reculer a certain temps pour saillir plus loing, c'est assavoir pour exposer a vray honneur et voulente de Dieu ce qui est gaste villainement au domage des corps, des bources et des ames (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 319).

Rem. Cf. DI STEF., 756, s.v. reculer.

151

RÉDARGUER   
-

Prov. Laide chose est au docteur quand sa coulpe le rédargue. "Il est mauvais pour un docteur (en théologie) quand il est confondu par sa propre faute" : Helas ! bien est approuvé en moy le proverbe commune disant, "C'est layde chose au docteur quant sa coulpe le redargue." (MÉZIÈRES, Vertu sacr. mar. W., c.1384-1389, 381).

152

RÉPROUVER1      | 2   
-

Prov. Necessité la loi reprouve. V.

153

ROVER   
-

Prov. Assez rueve qui se va complaingnant : Et se vos cuers n'a oy Moy compleindre des maus dont je langui, Vueille m'oïr, riens plus ne vous demant, Qu'assez rueve qui se va complaingnant. (MACH., L. dames, 1377, 164).

154

SAISON   
-

Prov. Toutes choses ont leur saison : Ainsi de vo tresor avient Qu'il accroist toudis en richesse Quant on en fait plus grant largesse. Et se vous en estes avere, Tresbelle, foi que doi saint Pere, Bien vous en porrés repentir, Car je vous di, et sans mentir : Toutes choses ont leur saison. Je n'i met nulle autre raison, Car vous n'estes pas au raprendre, Si que bien me poez entendre. (MACH., Voir, 1364, 254).

155

SALAIRE1      | 2   
-

Prov. Selon l'uevre le salaire : Et qui fait ouvrage trop court, Je ne puis vëoir ne penser Qu'on li doie recompenser, Que selonc l'uevre le salaire. Je ne doubt mie le contraire. (MACH., D. Aler., a.1349, 240). ...juste partie baillent A chascun selonc ce qu'il pense, Dont Amours de droit recompense Ce qu'on a fait ou qu'on vuet faire, Et selonc l'uevre le salaire. (MACH., D. Aler., a.1349, 339).

156

SEIGNEUR   
-

Prov. À tous seigneurs, toutes honneurs. V.

157

SÉNÉCHAL   
-

Prov. Au sénéchal de la maison peut-on connoistre le baron. "Le serviteur a les qualités et les défauts du maître" : Il se dit en proverbe : Au seneschal de la maison puet on cognoistre le baron. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 420).

158

SENS   
-

Prov. Qui perd le sien, il perd le sens. V.

159

SIEN   
Empl. subst. masc. sing. prov. Qui perd le sien, il perd le sens. V.

160

SIRE   
-

Prov. Il n'est pas sire de son pays qui de ses hommes est haï : Et, pour ce, dist le proverbe comun que il n'est pas sire de son païs, qui de sez honmes est haÿs (Songe verg. S., t.1, 1378, 232).

161

SOIR   
-

Prov. Tels rit au main qui au soir pleure : Si commensai en tel maniere : Tels rit au main qui au soir pleure, Et tels cuide qu'Amours labeure Pour son bien, qu'elle li court seure Et mal l'atourne ; Et tels cuide que joie aqueure Pour li aidier, qu'elle demeure. (MACH., R. Fort., c.1341, 33).

162

SONGE   
-

Prov. Le songe est toujours mensonger. V.

163

SOURD   
-

Prov. À un sourd ne faut point deux messes. V.

164

TANT   
-

Prov. Tant vaut l'homme, tant vaut sa terre. V.

165

TEL   
-

Prov. Tel my, tel ty. "Comme tu fais à moi, je ferai à toi" : Et preschent a haulte voix qu'ilz sont tousjours tous prestz de rendre compte. Voire a qui ? A ceulx qui sont de leur mestier, qui ne les oseroient reprendre ne courroucier pour les yeulx de la teste ne les contreroler aussi ? Car en ce cas il se puet dire le proverbe : Tel my, tel ty. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 459).

166

TEMPS   
-

Prov. Après tempeste, beau temps : "...Il se dit en proverbe", dist Ysangrin, "Apres tempeste beau temps, mais le contraire nous est advenu, car apres ce beau temps, la tempeste est venue en place..." (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 268).

167

TERRE1      | 2   
-

Prov. Tant vaut homme, tant vaut sa terre : Car il se dit en proverbe : Tant vault homme, tant vault se terre. Il n'est si grant demaine en ce monde que, se par negligence il soit abandonne, que en la fin il ne deveingne a nyent. La vigne et le champ qui ne seront laborez ne rendront point de fruit. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 355).

168

TERRE1      | 2   
a)

Prov. Tant vaut l'homme, tant vaut sa terre. V.

169

TORDRE   
-

Prov. Ne se tord jamais qui prend le bon chemin. "Celui qui prend le bon chemin, jamais ne se fourvoie" : ...s'ilz vous disent que le tour est grant, vous savez qu'il ne se tort jamais qui prent le bon chemin. (Lettres Ch. VIII, P., t.2, 1488, 148).

170

TÔT   
-

Prov. Qui tost donne, deux fois donne. V.

171

TRAVERSAIN   
-

Prov. De borgnes yeux et traversains ne peut estre regard bien sain : De borgnes yeulz et traversains Ne puet estre regart bien sains (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. St., c.1330-1331, 11529).

172

TROUVER   
-

Prov. Qui bien se garde, bien se trouve. "Chacun subit les conséquences de ses actes" : Qui bien se garde, bien se voit Et bien se treuve bien souvent ; Qui deffault, souvent se deçoit Et en vient inconvenient. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 550).

173

TRUIE   
-

Prov. Ce dessert la truie que les porcelets sont battus. "Faire expier les fautes des parents aux enfants" : Et garde se bien sur les yeux de sa teste qu'elle ne demande a Dieu ne desire la mort ou mal de son mari, mais doit toujours prier pour lui. Et doit ymaginer et tenir pour ferme que riens ne se fait en ce monde sans la dispensation ou permission divine et que Dieu a consenti son mariage par aventure pour ses pechiés ou pour les pechiés de ses peres, car il se dit en proverbe que ce dessert la truye que les pourceles sont batus. (MÉZIÈRES, Vertu sacr. mar. W., c.1384-1389, 303).

Rem. Cf. Prov. H., T95, s.v. truie.

174

TURBATION   
-

Prov. À la turbation de l'eau, on prend les gros poissons : Les advocaz par la forge de leur tiers besant ont ung proverbe dont ilz scevent trop bien user encontre ma dame Allegresse, qui dit que a la turbacion de l'eauue on prent les groz poissons et les grosses anguilles. La turbacion de l'eauue, par laquelle sont entenduz les peuples en la sainte escripture, parlant moralment, n'est autre chose que riotes et multiplication de noises et de querelles. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 466).

Rem. DI STEF., 714c, s.v. poisson.

175

VAINCRE   
-

Prov. Coutume vainc nature. V.

176

VALOIR   
.

Prov. Consens vaut mieux que force : ...et, au moïen des bonnes ellections que print, desconfit les Italliens. Pour ce, dit Fulgence, consens vault mieulx que force. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 97 v°).

Rem. Cf. DI STEF., 797b, s.v. sens : «"sens vault mieux que force" Ysaye le triste, 60».

177

VALOIR   
II. -

Empl. intrans. prov. Tant vaut l'homme, tant vaut sa terre. V.

178

VENIN   
-

Prov. À la queue gist le venin. V.

179

VENT   
.

Prov. Une petite pluie fait choir un grand vent. V.

180

VENTRE   
.

Loc. prov. Ja ventre plein bien n'apprendra ni sa leçon ne retiendra : Ja ventre plain bien n'aprendra Ne sa lecon ne retendra. (GUILL. DIGULL., Pèler. J.-C. S., 1358, 5051).

181

VIE   
-

Prov. Qui aime à vie, à mort n'oublie : Mais vous, Dieu mercy !, vous, devotes gens, qui estes yci venus, signifiez par vostre presence et par vostre entente, et demonstrez que vous n'avez pas du tout oublié voz amis trespassez : Qui aime a vie, A mort n'oblie. (GERS., Déf., 1400, 226).

182

VIE   
-

Prov. Petite chose est de la vie de ce monde. "La vie de ce monde a peu de valeur au regard de l'éternelle" : Breton, mons. messire Olivier, mon maistre, vous mande que vous vous teniez bien en vostre bonne verité, et que, pour chose qu'il soit du monde, vous ne chargiez homme se il n'y a coulpe ; car petite chose est de la vie de ce monde. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 538).

183

VILAIN   
-

Prov. Qui a le vilain, si a son boeuf. "Le paysan appartient au seigneur avec tout ce qu'il possède" : Le Saint Pere, donques, qui governe l'ame, ne doit pas estre exclus du governement dez choses mundaines qui sont subjectes a l'ame, car l'en dit comunement que qui a le vilain si a son buef. (Songe verg. S., t.1, 1378, 89).

Rem. Cf. Thesaurus proverbiorum Medii Aevi, t.1, 1995, 376, s.v. Bauer.

184

VOIR1      | 2   
-

Prov. Qui bien se garde, bien se voit : Qui bien se garde, bien se voit Et bien se treuve bien souvent ; Qui deffault, souvent se deçoit Et en vient inconvenient. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 550).

185

VOLONTÉ   
.

Prov. Bonne volenté doit estre reputee pour oeuvre : Mon tres redoubté seigneur, prenez en gré, s'il vous plaist, car se ly homs fait le mieulx qu'il puet ne scet, on le doit prendre en gré, car, en aucuns cas, bonne voulenté doit estre reputée pour euvre. (ARRAS, c.1392-1393, 312).

186

VOULOIR   
.

Prov. Bon vouloir ne faut au besoin. "Quand on veut, on peut" : Bon vouloir ne fault au besoing, Et quant bon pouoir l'acompaigne, Il n'y a ne traval ne painne Qui ne soit facile a pourter (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 40).