C.N.R.S.
 
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     POMME     
FEW IX pomum
POMME, subst. fém.
[T-L : pome ; GDC : pome ; DÉCT : pome ; FEW IX, 152b, 153, 156a : pomum ; TLF : XIII, 745a : pomme]

A. -

"Fruit du pommier"

 

1.

[Ce fruit, ses qualités et ses variétés] "Fruit du pommier" : Assez t'en trouverai de pommes pourries, avant Que point me voises agroucant. (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. S., c.1330-1331, 266). Les Naiadïennes le prirent, D'espices et de fleurs l'emplirent Et de pommes, si l'emporterent Et puis si le sacrefierent Et le tenoient a l'office, Quant faisoient leur sacrefice. (MACH., C. ami, 1357, 96). Egardez, mon pére, une pomme ! Est elle belle ? (Mir. Theod., 1357, 113). Alez me querre appertement Des pommes et du vin aussi (Mir. Oton, c.1370, 347). Et par semblable, se ou centre de la terre estoit une concavité plaine d'air du grant d'une pomme, il ne s'ensuiroit pas pour ce que la terre fust hors de son lieu naturel, ne qu'elle fust la ou elle est par violence. (ORESME, C.M., c.1377, 168). Pourceau blasme pomme paree Aussi fort que truye espices ["Le porc ne se soucie pas qu'une pomme soit pelée"( éd.)]. (Menus propos P., 1461, 96).

 

-

Prov. : Miex vaut li pums donnés que mengiés à son dent. (Baud. Sebourc B., t.1, c.1350, 353). Pomme ne vault riens sans meurir. (TAILLEV., Passe temps D., c.1440, 146). Quant la pomme est meure, Force est qu'elle chaye. (Myst. Viel test. R., t.1, c.1450, 168). Je congnois au pommier la pomme (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 54).

 

Rem. GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. S., c.1330-1331, 261 : Plus a le pommier de pommes, Plus s'encline vers les hommes.

 

-

[Qualités de la pomme]

 

.

Rond comme une pomme : Ainsi est la terre r[e]onde, Si [est] elle comme une pomme. (Liber Fort. G., 1346, 103). Grosse de corps, ronde comme une pomme (DESCH., Oeuvres Q., t.4, c.1370-1407, 318). ...ossi reons q'une pomme (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 94). [B. Ribémont, Senefiance 28, 1990, 316]

 

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Sain comme une pomme : ...je ne souloie avoir membre Qui ne fust sain conme une pomme (Mir. st Panth., 1364, 326). ...vezci Que sain sui, la seue mercy, Conme une pomme. (Mir. st Val., c.1367, 145). Amys, veul tu estre gueris, Estre ausy sain comme une pomme ? (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 126).

 

-

[Cuisine] : ...emplumeus de pomes ["purée de pommes"] : pour donner entendement a celluy qui le fera sy prennés de bonnes pomes barberines (...) et puis les parés bien et appoint (CHIQUART, Cuis. S., 1420, 194). ...tartes a pommes (Mét. corp. Paris L., t.2, 1497, 383).

 

Rem. Pommes ammolees "mets fait de pommes rendues molles et tendres dans un liquide" : S. Wolf, Lexikologisches in den kulinarischen Rezepten aus der Handschrift BL Roy. 12. C. XII [1ere moitié du XIVe s.], Z. rom. Philol. 110, 1994, 58.

 

-

Loc. : ...Car la trouva ses pommes cuites ["avoir son compte"] (HAUTEV., Invent. biens B., c.1441-1447, 73).

 

-

[Variétés] : ...sy prennés de bonnes pomes barberines ["pomme acide et de bonne conserve" (éd.)] (...) et puis les parés bien et appoint (CHIQUART, Cuis. S., 1420, 194). Pour avoir pommes de blandurel ["variété de pomme, ainsi nommée à cause de sa blancheur" (éd.)], de reuviel ["reinette rouge" (éd.)] ou de chaucennin (?) et de chastaignes bien tost jusques a la Toussans en arbres et pour les fere durer deux ans, hentés les en richint, et en poirier d'angoisse, et en cognier. (Hent. soutill. L., c.1466, 86).

 

.

Pomme de bosc. "Pomme sauvage (?)" : Item, lesdiz coustumiers pevent prendre et cueillir les pommes de bosc, les melles et tout fruit à pierre aprés la saint Michiel, sans amende, quant il n'y a point de pasnage, sans deffens. (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 60).

 

.

Pomme de cailleau : Item, cent de pommes de cailleau et de pupin, oultre II. s. VI. d. Et des autres en descendant, à l'equipolent. Item, cent de poires yvrenaux, oultre III. s. IIII. d. (Doc. Poitou G., t.7, 1422, 386).

 

.

Pomme de capendu. V. capendu

 

.

Pomme seure. "Pomme sauvage au goût acide" : Les hommes et tenans du signeur de Dygry (...) ont ou buisson de Mont au Beuf (...) la mesle, la nouyz et la pomme seure ; parnage franc pour leurs pors et pasturages pour toutes les bestes, fors chievres. (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R.B., 1398-1402, 82).

 

Rem. Cf. FEW XVII, 288b : *sûr : «Louv. pomme sure "à couteau, p. oppos. avec les pommes à cidre"» et 289a : «Norm. suret "jeune pommier non greffé" (...) Lütt. seûr'pom' f. "fruit du pommier sauvage"».

 

2.

[Représentation]

 

-

[En broderie] : ...de velours noir à pommes de feu en brodure (...) et semé de pommes d'argent eslevées (LA MARCHE, Mém., III, c.1470, 183).

 

-

[Dans une enseigne] : ...un hostel et taverne, ne scet quelle, assis en rue Neufve Saint Merry, à l'enseigne de la Pomme (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 459).

 

3.

[Avec valeur minimale] : Ne je ne donroie deus pommes De vostre entention prouver Par si fais exemples trouver. (MACH., J. R. Nav., 1349, 234). Garde seur tout ta loiauté ; Ne soit laidure ne biauté, Amour, ne faveur, ne haïne, Ne chose eu monde qui t'encline A faire riens de desloial, Car trop messiet a cuer roial. Aussi feroit il en un homme Qui n'aroit vaillant une pomme, Mais en un prince est plus parent Qu'il n'est en son povre parent. (MACH., C. ami, 1357, 109). La gisoie en si petit point Que, s'aucuns preïst mon pourpoint Ou ma sainture ou ma chemise, Par moy n'i fust deffense mise ; Non, par Dieu ! qui mon corps preïst, Ja remuer ne m'en veïst. Et s'on dit que c'est couardie Ou aucune merencolie, Je n'en donroie pas deus pommes, Car je vi des plus vaillans hommes Qu'on peüst vëoir ne nommer, Fust deça mer, fust dela mer, Que qui leur donnast de fin ambre Reins et Paris, en une chambre Sans compaingnie ne geüssent Pour neccessité qu'il heüssent. (MACH., F. am., c.1361, 146). Helas ! or est a euls grans blames, Que justice est vague et en fuite Et l'eglise est toute destruite ; Les vesves et les orfelins N'ont maisons ne fours ne molins, Helas ! car il ont tout perdu, Et si ne l'ont pas despendu. Aussi ont maint autre preudomme, Qui n'ont pas vaillant une pomme. (MACH., F. am., c.1361, 185). ...c'est un saint homme : Ne se prise pas une pomme, Ains est humble, doulz et piteux (Mir. st Val., c.1367, 131). Car il n'a en trestout le monde, Tant comme il tient à la reonde, Place qui soit si honnourable, Ne reputée si notable, Comme est ceste place où nous sommes. Je ne donroie pas IJ. pommes De cuer où honneur est si morte, Qui dou tenir ne se conforte. Et qui seroit à Pampelune, À Bruges, à Gant ou à Brune, Se deveroit il venir ci ; Et nous y sommes, Dieu mercy, Telement que vous en serez Toute vostre vie honnourez. (MACH., P. Alex., p.1369, 105). Si que, biaus dous fils, je vous pri, Pour Dieu et pour l'amour de my, Et pour toute crestienté, Qu'il l'amende à vo volonté, Et pour le bon temps où nous sommes ; Car je ne donroie IJ. pommes D'un homme qui ne prent amende Et reçoit, quant on li demande, Especiaument à sa guise (MACH., P. Alex., p.1369, 238). ...je ne craing maishuit homme Qui nous face assault une pomme, Non une noix. (Mir. Oton, c.1370, 328). Nous ne vous prisons pas deux pommes. Ne scé pour quoy nous menacez (Mir. Oton, c.1370, 332). On ne doit pas prisier deux pommes Les choses qui ne sont pas siennes. (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 177). Cela ne sert pas d'une pomme A ce de quoy on a besoing. (CHART., D. Rev., a.1424, 308). Princes, barons, ducs, chevaliers, Il est venu .II. gondaliers En la noble cité de Romme, Qui ne prisent pas une pomme Nos sacrefices ne nos Dieux, Et sy ont fait voler lez yeux A nostre amy, maistre Symon. (Mart. st Pierre st Paul R., c.1430-1440, 135). Car tout si ne vault une pomme. (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 199). [Autre ex. p.215] Mais ne m'en chault pas d'une pomme (HAUTEV., Conf. Test. am. tresp. B., c.1441-1447, 67). Il ne m'en chault pas d'une pomme ! (Myst. Viel test. R., t.4, c.1450, 355). Biau Dieu, a nous t'avoe, Sy ne doubterons pomme De desir la puissance ["nous ne redouterons si peu que ce soit la force du désir"] (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 1103). Autrement je ne donne de vous ne de voz faiz une pomme, ainsin que sur ce dit le Maistre en sa balade (LA SALE, J.S., 1456, 16). Je n'en donne pas une pomme. (LA VIGNE, Munyer T., 1496, 202).

 

Rem. F. Möhren, Renforcement nég., 1980, 200-204. Prov. H., 205. Nombreux autres ex. ds la doc. Sans doute même valeur minimale ds l'ex. suiv. : Pource que scet bien mon entente Jehan de Calaiz, honnorable homme, Qui ne me vist des ans a trente Et ne scet comment on me nomme, De tout ce testament, en somme, S'aucun y a difficulté, L'oster jusqu'au rez d'une pomme Je lui en donne faculté. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 140). ["jusqu'à concurrence d'une pomme (?)" ; passage diversement interprété, cf. note de l'éd.]

 

-

Pomme paree. "Pomme pelée" : Je ne prise vo maistre une pume parée (Baud. Sebourc B., t.1, c.1350, 60). Si estoit la gent depillié et gastee C'on ne leur va laissant une pomme paree. (Gir. Vienne D.B., c.1350-1400, 132). Il n'avoit fait pour moy une pomme paree ["si peu que ce soit"] (Hern. Beaul. D.B., c.1350-1400, 11). Tel payera l'escot ains que passe l'annee Qui ore n'en donroit une pomme paree ! (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 254). Armeüre ne vault une pomme paree, S'elle n'est de bon maistre deffendue et gardee. (Flor. Octav. L., t.1, c.1356, 85). Ja n'ara ly traÿtre si grant gent aünee Qu'il vous puist faire tort une pomme paree. (Hugues Capet Lab., c.1358, 104). Pinart hauche le branc (...) Et en fiert Gualien, telle lui a donnee Que le cercle n'y vault une pomme paree. (Galien D.B., c.1400-1500, 76).

 

-

Pomme pelee : Armeüre n'i vault une pomme pelee (Bât. Bouillon C., c.1350, 55). Mais che ne li valut une pomme pellee. (Bât. Bouillon C., c.1350, 119). Car on n'amoit Aurry une pomme pelee (Bât. Bouillon C., c.1350, 140). Ne onques ne fist bien a creature nee, Ne ne donna du sien une pomme pellee (Bât. Bouillon C., c.1350, 141). N'ait si mal ennemmi tant ait ma mort juree Que se lou voy trouvant dormant en la ramee Ou en plaice ou en champz ou en ville fermee Que je li meffeysse une pomme pellee ["si peu que ce soit"] Tant que seroit esvilliér (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 891).

 

Rem. F. Möhren, Renforcement nég., 1980, 202 (Baud. Sebourc B., c.1350, Chev. cygne R., c.1356, ...).

 

-

Pomme pourrie : Et puisqu'amie Et Amours ont perdu la compaingnie D'ami, certes, je ne donroie mie De leur amour une pomme porrie, C'est assavoir, Quant a l'amour, qui est mondeinne, avoir. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 121). Je n'aims le chastellain une pomme pourrie (Baud. Sebourc B., t.1, c.1350, 59). De vivres n'ont qui vaille une pomme pourrie. (Flor. Octav. L., t.1, c.1356, 155). La fille n'y aroit une pomme pourie (Hugues Capet Lab., c.1358, 233). Or et argent, saintures et chapeaulx Ne valent pas une pomme pourrie Qui n'est ["Si l'on n'est"] joieux, frans, humbles et loyaux (DESCH., Oeuvres Q., t.6, c.1370-1407, 279). Je ne sçay chevalier, (...) Tant soit bien mon amy ne tant ait segnourie, S'i vous avait meffait une pomme pourrie ["tant soit peu"], Que cier ne l'amendast a vostre commandie ! (Huon Bordeaux B., c.1400-1450, 8). ...et de tes dieux il ne tient compte ainssy que d'une pomme pourrie. (BAGNYON, Hist. Charlem. K., c.1465-1470, 91).

 

4.

[Avec valeur symbolique]

 

-

[Idée d'éternité, de perfection] : GONTIER. [un berger] (...) Enfant de Dieu, sire du firmament, (...) D'une pomme je te fay ung present. Reçois l'en gré, personne sainte et bonne, Car tout ainsi que la pomme s'ordonne, Elle est sans fin et sans estrémité, Commencement ne fin n'y est trouvé, Ainsi n'est il en tes vertus prisies (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 27).

 

-

[Comme exemple dans une argumentation théologique, pour prouver l'unicité de Dieu dans la Trinité] : Et toy dis tout premieremant Qu'en ceste pomme a trois choses Qui sont dedans elle incloses La premiere c'est la colleur La secunde si est l'oudeur La tierce c'est la saveur bonne (...) Je toy demande a ceste fois Se ces trois chouses sont disioingtes Certes non pas mais sont conioingtes Dedans une mesme soubstance Car la pomme n'est que une essence (OUDIN, St Genis M.S., c.1490, 81).

B. -

En partic.

 

1.

[P. réf. au fruit défendu du paradis terrestre, le fruit de l'arbre de la connaissance que Dieu avait défendu à Adam et Ève de manger (cf. Gen. 2, 9 et 16-17 ; 3, 6)] : ...si grant estoit Le pechié qu'Adan fait avoit, Nostre pére, quant mort la pomme (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 255). Mais helas ! Adam [et Eve], ingra[s] de ce, forfi[ren]t mou tost contre [t]a majesté royale, divine et imperiale, en trespassant ton commandement de non mengier la pomme, et en preposant leur volenté a la tienne par orgueil et fole rebellion. (GERS., Concept., 1401, 398). ...le vray Dieu Pour sauver home devint homme, Qui s'estoit forfait par la pomme, Et en la crois laide et honteuse Souffrit mort dure et engoisseuse, Toute vois bonne et profitable. (Mart. st Pierre st Paul R., c.1430-1440, 142). Mon filz en est en croix cloué, Mort et tüé, Pour ton peché, maleureux homme [Adam] ! Il en a sa vie donné, Tout rebroué, Pour le plaisir que pris en pomme. (Pass. Auv., 1477, 246). Le Filz pour nous la mort souffrit, Luy estant en ce mortel monde, Pour ce qu'Adam trop tost s'offrit A gourmender la pomme ronde. (LA VIGNE, S.M., 1496, 298).

 

-

La pomme mangée : ...mort perpetuele, descendue d'oir en hoir par l'inobedience de la pomme mengie. (MÉZIÈRES, Vertu sacr. mar. W., c.1384-1389, 76). Lors fu paiee la debte que l'umaine generacion devoit pour la transgression de la pomme mengie. (MÉZIÈRES, Vertu sacr. mar. W., c.1384-1389, 97).

 

-

Le morceau fait en la pomme. V. morceau

 

-

Le mors de la pomme. V. mors

 

Rem. MICHAULT, Procès honn. F., p.1461, 55

 

-

Prov. : Tout fault morir ou tost ou tart. Tous fault morir pour une pomme. (MIÉLOT, Prov. U., 1456, 199).

 

2.

[P. réf. à la pomme d'or attribuée par Pâris à Vénus] : ...la pomme doree Que Discorde avoit aportee Aus trois deesses de valour (MACH., C. ami, 1357, 94). La mauvaise et la decevable Devant nous getta sus la table Ceste pomme d'or que tu vois, Et puis cria a haute vois : "Donnee soit a la plus belle !" (MACH., F. am., c.1361, 205). ...la pomme doree Qui de Paris li fu donnee (MACH., F. am., c.1361, 235). Une pomme d'or sus la table Des trois deesses moult notable Gitta. (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 261). Paris, le noble enfant de Troye, Qui donna jadis en grant joie La pomme ou l'or fin estincelle A Venus com a la plus belle Des trois dëesses qui a ly Vinrent com a juge joly... (Pastor. B., c.1422-1425, 78).

C. -

P. anal.

 

1.

[Pour désigner d'autres fruits, de forme plus ou moins sphérique]

 

a)

Pomme citrine. "Citron" : Aussi est une seure chose Syrop, composé d'acétose, Qui est assez commune et fine, O du juz de pomme citrine (LA HAYE, P. peste, 1426, 137). Pome citrine ... La substance de dedens qui est aigre ou surre vaut pour medicine, car quant elle est mangée avec char ou poisson elle fait avoir bon appetit. (Grant herb. C., c.1450, 151).

 

b)

Pomme de coing. "Coing" : Maiz, ès autres quartiers et poins De l'an, valent pommes de coigns, Et poires nèfles et corneilles, Et les autres qui sont pareilles (LA HAYE, P. peste, 1426, 96). Et aulcuns les [les moelles] preparent avec pomes de cuins en pasté, come font les gourmans et les fryans. (Rég. santé corps C., 1480, 32-33).

 

c)

Pomme d'orange. "Orange" : ...pommes grenades pour blanc mengier, .II.., qui cousteront [...] ; pommes d'orenges, cinquante, qui cousteront [...] (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 185). À Gillet (...) Le Cornuet, espicier, demourant à Troyes, la somme de trente deux frans huit solz parisis monnoye royal pour une casse de pommes d'orenges (Comptes Etat bourg. M.F., t.1, 1420, 407). De Maistre Loys Fillon, compaignon françois Simon Cachet, de Caen, pour pommes d'orenge (Comptes Paris M., t.2, 1488-1489, 450).

 

-

Pomme de Orange : La couleur punicee est entre jaune et rouge, et a en soy plus de rouge que de blanc ne de noir ; et decline plus au bleu que au noir, sicomme il appert en la couleur des pommes de Orange qui sont de ceste couleur. (CORBECHON, Couleurs S., 1372, 378).

 

Rem. Cf. FEW XIX, 138b : narang(a).

 

d)

Pomme (de) grenade. "Grenade, fruit du grenadier" : ...jus de pommes grenates (Textes méd. fr., éd. R. Arveiller, c.1350. In : Romania 94, 1973, 158). Certes Sire, jeo ne sai de vostre greve passion nule chose si bien resembler a la pomme gernate com vostre precious corps apres qe vous estoietz si durement batuz au piler (HENRI LANC., Seyntz medicines A., 1354, 200). ...pommes de grenades [var. pommes de grenate ; pommes grenades] (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 206). ...grains de poumez de grenades (HENRI FERR., Modus et Ratio, Songe pest. T., c.1354-1377, 33). ...pommes grenates (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 320). ...jus de pomme grenatte (CORBECHON, Propr. choses H., 1372, 63). ..."au vestement du prestre est joincte une ponme de Grenade", et par une ponme de Grenade l'unité de nostre foy si est entendue, car, ainssi que en une ponme de Garnade a plusieurs grains, et soubz une escorce, aussi en une meisme foy a plusieurs membres couvers dessoubz celle foy (Songe verg. S., t.2, 1378, 166). ...pommes grenades pour blanc mengier, .II.., qui cousteront [...] ; pommes d'orenges, cinquante, qui cousteront [...] (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 185). ...deniers paiez à Jehan Poissonnier, espicier et varlet de chambre de mondit seigneur, pour pommes de Garnade qu'il a achettez pour garnison (Comptes Etat bourg. M.F., t.3, 1416-1418, 271). À Gillet Du Celier, espicier de mondit seigneur, la somme de treze frans monnoye royal, laquelle par l'ordonnance et commandement de mondit seigneur lui a esté baillié et delivree comptant pour acheter huit pommes de grenade (Comptes Etat bourg. M.F., t.1, 1420, 407). J'ay icy telle espicerie Pour revenir de mort a vie. J'ay poivre, canelle et guiginbre, Et saffrent odorent comme embre, Anys confit et pignollet, Et puis du sucre vïollet, Noix muguettes, pommes grenates, Giroffles, cintoual et dates (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 136). Car telz fruiz font grant allégance En temps de boce ou pestillence Espécialement en esté Par leur bonne propriété, Si comme font pommes granades Et cytrons, avec lymons ades Et semblables en qualité Proffitent moult, en vérité (LA HAYE, P. peste, 1426, 96). Ançoiz vault et proffitte ades Le vin des pommes de grenades, Et pareillement estimons Du jus de citres et limons. (LA HAYE, P. peste, 1426, 126).

 

Rem. H. Lewicka, Les Comp., 1968, 71. Les Erreurs du Jugement de la Belle dame sans mercy, éd. A. Piaget, a.1500. In : Romania 33, 1904, 196 (pommes de grenade).

 

-

[Représentation de ce fruit] : ...un poinson d'or, au bout duquel estoit entaillé une pomme de Grenade fendue et semée toute de rubiz (Comptes roi René A., t.1, 1477, 329).

 

-

Pomme de mygrenie. "Grenade" : Et y aura du succre dedans le broet blanc et par dessus, au dresser, semer la pomme de mygrenie dessus. (Recueil Riom L., c.1466, 78).

 

Rem. Cf. : ...vin de migrenes appellees en françois pommes guernades (PREVOST, Cir. Guill. Salicet, 1492, I, 18).

 

e)

Pomme de paradis. "Musa paradisiaca" : Muses. Ce sont fruitz qui ressemblent a fruitz que l'on appelle citrules, et les appellent aucuns pommes de paradis (Grant herb. C., c.1450, 137).

 

f)

Pomme de pin. "Fruit produit par le pin" : Pommes de pin sont gresles au bout d'en bas et ont grains arengués l'un sur l'autre chascun a part soy ioingnans ensemble et quant ilz sont nouuellement murs ont bonne ondeur et les pepins de dedens quant ilz sont cuiz comme aultres pommes sont bons pour gens qui ont la toux et qui sont etiques (Best. hérald. H.E., c.1435-1450, 511).

 

-

"Représentation de ce fruit" : ...la table d'en hault, nommé frontier, dont le champ est de veluyau vermeil, semé de liz, de perles et de tiges de pomme de pin (Comptes Lille L., t.2, 1420, 245).

 

.

[Dans une enseigne] : ...lui et un nommé Perrin Quatre Dois (...) alerent boire en l'ostel de la Pomme de Pin, en la Cité (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 71). [cf. aussi VILLON, Lais D., c.1456-1457, 70, et note du v.125 (nom d'une taverne)]

 

g)

Pomme de terre. "Cyclamen" : Ciclamen ... est autrement appellé pain a porc et malum terre ou pomme de terre. Il croist en lieux non labourés et en montaignes, et a une maniere de tuberosités ou excrescences, lesquelles tant plus sont grans tant est meilleur. (Grant herb. C., c.1450, 98).

 

Rem. W. Rothwell, Z. fr. Spr. Lit. 86, 1946, 252.

 

h)

Pomme longue. "Banane" : Et des aultres arbres y at enssy qui ont longuez feullez de piet et demy qui portent pommez longues ; la ons trouve, quant on les fent, la croys vermeilhe. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 171). [Cf. note de l'éd. ; renvois à Mandeville, Piloti...]

 

2.

[Partie d'une plante en forme de boule]

 

a)

Pomme de chesne. "Excroissance produite sur les feuilles de chêne par la piqûre d'un hyménoptère, le cynips ; noix de galle" : Item por le mal dez flans, R. pommez de chaine, se les seche a feu ou a soleauil et en fai poudre, se le bues en vin ou en cervoise a matin froit et a vespre chaut. (Méd. nam. H., c.1400-1500, 204).

 

Rem. Le gloss., s.v. chaine définit "glands de chêne" ; cf. E. Rolland, Flore pop., t.10, 1967, 162. ; R. Perrot, Les Blessures et leur traitement au Moy. Âge d'apr. les textes méd. anc. (Thèse : Lyon), 1982, 256-257.

 

b)

Chou à pomme / pomme de chou. "Chou pommé (dont les feuilles poussent serrées en forme de boule)" : Choulx blans et choulx cabuz est tout ung (...). Pommes de chou sont semees en mars et plantees en may. Choulx romains sont de la nature de pommes et de auques pareille semence (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 121). Pour une pomme de choux, V d. (SAINT-RIQUIER, Compte B., 1422-1423, 245). La sont pompons, citrons, concongres, herbes, choux a pomme, poyres, pommes, nois et fruictz par espicial raisins blans et rouges, muscades et aultres (BARBATRE, Voy. T.-C. P., 1480, 124).

 

3.

[Pour désigner divers objets de forme sphérique]

 

a)

"Objet en forme de pomme contenant des substances aromatiques" : Et de pur musc, sans faillir mie, Une dragme avecquez demie, Et de camphre finel[e]ment Le poiz de dix grains de fourment. De toutes ces prédictes choses Icelle pomme ainsi composes. Aprez s'ensuit autre mistière À faire autre pomme mains chière Que celle d'ambre qui est dicte, À quoy faire prenez alipte (LA HAYE, P. peste, 1426, 149). Le beau mouchoir, veoir, ou la pomme En la manche (COQUILL., Oeuvres F., 1478-p.1494, 284).

 

-

Pomme aromatique : Puis s'ensuit l'art et la pratique D'une autre pomme aromatique, À odorer espéciale En fièvre pestillenciale, Et sincopale ardant et dure (LA HAYE, P. peste, 1426, 151).

 

-

Pomme artificielle : Et, quant à ce, sont fort loez Ambre simple et boiz d'aloès, Gale muscade et cynamome, Et l'artificiele pomme De bonne ambre faicte et confite (LA HAYE, P. peste, 1426, 139).

 

-

Pomme d'ambre : Aprèz suit la forme planière Et la devise et la manière À composer la pomme d'ambre Pour flairer hors et en la chambre, Et fait-on bien la confiture De seule ambre, très bonne et pure, Pour les Roiz et les autres Princes, Qui ont à gouverner Provinces (LA HAYE, P. peste, 1426, 146). Pomme d'ambre est une pomme artificiele composée d'ambre et de pluseurs autres nobles matières et est moult odorant et conforte la cervele et défent contre la malice de l'air. (LA HAYE, P. peste, 1426, 222). ...une petite pomme d'ambre, garnye d'or, extimée III escuz. (Invent. biens Ch. Savoie T., 1483, 354).

 

-

Pomme d'encens et de myrrhe : Gillet le Séneschal, espicier et vallet de chambre, pour II pommes d'encenz et de mierre, à offrir à sa messe le Jour des Roys (Comptes hôtel rois Fr. D.-A., 1380-1381, 33).

 

-

Pomme de musc / pomme muscade. "Objet renfermant du musc" : Deux pommes de muz, faictes à la façon de Damaz et sont d'argent. (Ch. VI, D., t.2, 1418, 293). Pour deux pommes muscades, esquelles y a deux mirouers, VIII go. (Roi René vie L., 1476, 366).

 

b)

"Objet en forme de pomme destiné à rafraîchir les mains" : ...une pomme de cristal ronde à refroidir mains. (Comptes Lille L., t.2, a.1467, 129).

 

-

"Objet métallique en forme de pomme pouvant contenir en creux un charbon brûlant et destiné à chauffer les mains" : ...et une pome de metal pour eschauffer les mains du prestre en yver. (Livre raison St-Martin-de-Pontoise D., 1343, 41).

 

c)

"Petite boule en forme de pomme (placée au sommet de qqc., pour servir d'ornementation...)"

 

-

[Sur un casque] : À Guillemin Théroude, plumacier de Tours, ledit jour, en huit escuz onze livres, pour plumes blanches et violées pour ung chanfrain et pour une grosse poume desdites plumes pour la sallade dudit seigneur (Comptes roi René A., t.1, 1451, 366).

 

-

[Sur un pavillon de lit] : ...pour plusieurs pommes de pavaillons (Comptes roi René A., t.2, 1476, 343).

 

-

[Comme attribut de la royauté] : [Le corps du roi assassiné] Couronne avoit de parchemin Painte, et tele que par chemin N'est nul homme, s'il la trouvast, Tant fust povres, qui la levast ; Et aussi le sestre et la pomme Estoient aussi povre comme La couronne et de tel peinture. (MACH., P. Alex., p.1369, 271). Or dirons du fait du feu roy anglois. Assavoir est que les seigneurs de son sang le mirent sur ung chariot que menoient quatre grans chevaulx. Et avoient fait sa semblance et représentacion de cuir boulu, moult gentilment, portant en son chef couronne d'or moult précieuse, et tenoit en sa main dextre ung ceptre et verge royale, et en la senestre portoit une pomme d'or. Et gisoit en ung lit sur ledit chariot, le visaige vers le ciel. (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.4, c.1444-1453, 113). Ung riche abbit imperial, Robe ou manteau, point ne différe, Car l'un a l'autre se reffére, Pourveu qu'il ait la pomme ronde Et le timbre (Myst. Viel test. R., t.6, c.1450, 193). Et, pour choisir ung roy des Romains natif des Alemaignes (...) furent ordonnéz .VII. princes nommés electeurs, dont les .III. sont espirituelz et les .IIII. temporelz. Le premier espirituel est (...). Les electeurs temporelz sont le duc des Zasse, portant l'espée devant l'empereur, le comte Palatin, tenant la pomme d'or qui represente le monde, le marquis de Brandebourg, le sceptre (...) ; le roy de Bohème est le septisme. (MOLINET, Chron. D.J., t.1, 1474-1506, 487). Très victorieux prince Maximilian, par la divine providence roy des Romains, tousjours auguste, estant à Ourme, en habis royaulx, ayant la coronne en chief, le sceptre et la pomme ès mains, seant en siège royal... (MOLINET, Chron. D.J., t.2, 1474-1506, 423). Rome est la fonde et le flayau du monde, La pome ronde et le septre doré De tout royame et pais adoré. (MOLINET, Myst. st Quentin C., c.1482, 1). [Autre ex. p.13, v.795] Se qu'il fist a grant triumphe et excellence, en habillement imperial, nommé et appelé Auguste, et tenoit la pomme d'or ronde en sa main dextre et a l'autre main son sceptre (LA VIGNE, V.N., p.1495, 266).

 

-

[Comme urne] : ...ainsi est il [Jules César] nommé à Romme en la haulte pierre appellee l'Eguille Saint Pierre ou, en la pomme qui dessus est, sont les cendres de son corps. (LA SALE, Sale D., 1451, 198).

 

d)

"Balle, boule" : Fist aussi une semblance de truye d'arain qui humoit toutes les noises qui se faisoient à Romme, et deux grans ymages de cuyvre, qui jouoyent d'une pomme ou pelote par dessus Romme. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 71 r°).

 

-

Pomme de. "Boule de" : ...l'enffant aportat dedens sa main une pomme ronde de chaire ["une boule de chair"] (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 13).

 

4.

"Partie saillante de la joue, pommette" : Aussi sont deux os paris ou des tamples, lesquieulx en faisent une partie de orbitam et l'aparence de la pomme environ les joes font ung adjoustement vers l'os dit petrosum en ordonnant ladicte ance soubz laquelle trespassent et sont gardés les muscles des tamples. (PANIS, Guidon, 1478, tr.I, doct.2, chap.2).

D. -

Au fig. "Coup" : Qui est plus cruel que eulx qui batoient petis innocens de non pas de pommes, maiz de cousteaux (BAYE, I, 1400-1410, 102). Or m'en pugnie [l. Or m'enpugnie] ce orion Et y ceste [l. Et yceste] pomme vermellie. (Myst. st Sébast. M., c.1450-1500, 221).Synthèse
 

DMF 2020 Robert Martin

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