"Mercure" : ...poz de terre, croiseux, verres, vif argent, poudres et autres matieres touchant fait d'arcquemie (Comptes Etat bourg. M.F., t.2, 1419, 498). À maistre Fremin, coultelier (...) pour sa peine d'avoir pourtrait, à grandes lettres anciennes, ung heaulme pour tournoier (...) pour eaues fortes, vif argent, et autres estoffes pour ce nécessaires XVIII livres (Comptes roi René A., t.1, 1451, 360-361).
 

Les morts aux morts, les vifs aux vifs : [Une femme sur le point de mourir dit à son mari son inquiétude pour leur enfant, quand il se sera remarié] ...et si arés par aventure nouviaux enfans de elle qui mieulx vous plairont, et en telle maniere vous arez en pou d'eure la compaignie de moy oubliee, car l'en dist pieça : "Les mors aux mors, les vis aux vis" (Bérinus, I, c.1350-1370, 15).

Rem. Morawski 1098 : Li mort aus morz, li vif aus vis ; Cf. aussi Morawski 1136 : Li vis a pou d'ammis et li mors n'en a nus.
 

I. -

"Encore en vie, vivant" : ...Manassés le roy fist le prophete Ysaye soyer tout vif d'une sye de bois (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 166).

II. -

"Vif, alerte" : Te est-ce pou de plaisir de veoir ce tres bel jouvencel Charles monseigneur en si jeunes jours, comme d'environ .XV. ans, tant bel, tant avenant et sage, selon sa jeunece, si vif, si appert et si gente personne de corps et de viaire (CHR. PIZ., P.V.H., 1416-1418, 39).

III. -

[En parlant d'un exemple] "Tel que la vie, l'expérience vécue le présente, vivant" : Car sire n'est de son paÿs Qui de ses hommes est haÿs. Par vif exemple appercevoir Et cognoistre on peut que c'est voir (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 141).
 

I. -

Adj. "Vivant" : Tu ne vis onc bestes parelles, Quar toutes vives on les mange ! (Pass. Auv., 1477, 142).

-

Mort ou vif. V. mort2

II. -

Subst. masc. "Vivant" : Pas ne veulx estre entre les vifz Au monde maulvaiz et maligne, Car si estoye, feroye pis Que oncques ne fis, si ta doctrine Et ton pouvoir doulx et benigne Ne me gardoit, je le voy bien. (Pass. Auv., 1477, 252).
 

[D'une chose] "Vivant" : Car aussi comme char vive par corrupcion est convertie en charoigne et purté en pourreture, en ceste maniere est converti royaume en tyrannie. (ORESME, E.A.C., c.1370, 435). Et pour entendre ce que dit est, l'en doit savoir que les anciens appelloient l'aage d'une chose vive sa perpetuité ou son siecle. Mais, par excellence, la duracion qui est sanz commencement et sanz fin est proprement dicte perpetuité, et de siecle sera dit apres. (ORESME, C.M., c.1377, 162). Mais que ces intelligences soient ames du ciel du soleil et que elles soient unies au corps de ce ciel par informacion ou par inherence ou autrement telement que ce ciel soit vif par elles, il ne le convient pas, mes samble chose naturelment impossible (ORESME, C.M., c.1377, 316). ...et les .II. autres differences seulement seroient ou ciel absoluement et realment distinctees en la maniere que Aristote les met es plantes et es arbres ou quart chapitre, qui n'ont pas les autres differences aussi comme ont les corps vifs et perfecz. (ORESME, C.M., c.1377, 344).

-

[Caractérisant, p. métaph., un abstr.] : ...car le juge doit estre aussi comme droit animé et vif. (ORESME, E.A., c.1370, 289).

-

Empl. subst. masc. plur. : Mais il a difference entre les fortunes qui adviennent as amis des vis et celles qui adviennent as amis des mors, et est moult plus grande que n'est la difference des mauvaistiéz et injustices que l'en raconte es tragedies jadiz estre faictes ou resgart des vis ou des mors, et par ceste difference povons nous argüer a cest propos. (ORESME, E.A., c.1370, 138). ...et les mors ne sont en ceste vie, fors tant seulement ou memoire des vis. (ORESME, E.A.C., c.1370, 138).
 

I. -

Adj.

A. -

[D'une pers.] "Vivant" : LE PREVOST. (...) Je te condampne toute vive Estre enfouye soubz le gibbet. (Myst. jeune fille L., c.1413-1445 [c.1530], 48). Nous avons veü nostre sire En corps tout vifz cy en presence. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 267). Mais, par la mort Dieu, s'el est prise, Nue comme ung ver sera mise Toute vive en ung feu ardant. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 549).

-

Vif ou mort. V. mort2 "Mort ou vif"

-

Plus mort que vif. V. mort2

-

[Dans une formule d'affirmation forte] : Tout droit je les iray forgier [les clous] S'on m'en devoit vive escorchier, Je les feray sans contredire. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 181). Je vueil estre vif escorchier, Beaulx sire, se g'y suy faintiz (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 20).

B. -

[D'une partie du corps] "Fort, vigoureux"

-

De vive main. "Vigoureusement" : ST PIERRE. Or tirez, tirez, compaignons, Tiré la roiz de vive main, Car je cuyde estre tout certain Qu'il y a des poissons grant tas. ST ANDRY. Pas n'y fault grant force de bras : Ell'est de legiere façon. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 961).

C. -

[D'une chose] "Clair, évident" : En toute la loy ne trouvons Raison ne vif enseignement Qui assigne si proprement Le lieu ou le saulveur doibt naistre. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 298).

-

Par vive raison. V. raison "Par un argument puissant, décisif"

II. -

Subst. masc. "Le point le plus sensible, le plus douloureux"

-

Au vif du coeur : SATHAN. (...) Je l'attaindray [Adam] au vifz du cueur Sy fort que j'aray l'audïence, Tant que par mortelle liqueur Cherra en inobedïence. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 49).
 

"Vif"

A. -

[En parlant d'un être] "Vivant" : ...en sursault fu pris de fait Des ennemis (...) Et tout vif mis en purgatoire (Mir. prev., 1352, 257). Jamais tant conme vif je soie, Regne n'heritage tenir Ne quier (Mir. parr., 1356, 4). Il meuvent aussi et debatent Com poisson vif hors de riviére. (Mir. emper. Romme, 1369, 259).

-

Dieu le vif. "Dieu vivant" : Doulx Jhesus, filz de Dieu le vif... (Mir. st Ign., 1366, 83).

B. -

[En parlant d'une chose] "Fort, éclatant" : ...je ne croy pas qu'onques fust Femme qui monstrer se peust En l'auctorité quel je truis Moy estre, et que prouver me puis Par raison vive. (Mir. mère pape, c.1355, 351).
 

I. -

Adj.

A. -

"Vivant" : ...car incontinent que quelque chose y est mise, incontinent elle prent mort, et devant le roy fut illec le cas experimenté, car on y gecta ung asne vif qui subitement mourut, et ung chat pareillement. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 265).

B. -

"Qui a de la vivacité" : LE LARRON RESSUSCITÉ. (...) Je suis esprit vif et sensible Qui de douleur les dens estrainct. (LA VIGNE, S.M., 1496, 428).

C. -

[En parlant d'un liquide] "Courant" : De ce dit parc sort une grant fontayne, Qui de vive eau est si tres comble et plaine, Que toute Napples peult fournir et laver, Et toutes bestes grandement abeuvrer. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 249).

II. -

Subst. masc.

A. -

"Modèle vivant"

-

Après le vif. "D'après le modèle vivant" : En ceste eglise, sans nulle menterie, Est le tableau qui par Saint Luc fut fait, Aprés le vif, sur la Vierge Marie Qui sur tout autre est en beaulté parfaict (LA VIGNE, V.N., p.1495, 233).

-

Emprès le vif. "D'après le modèle vivant" : ...Petiz prëaulx, passages et barrieres, Costé fontaines et petites rivieres Pour s'esjouïr et a la fois s'esbatre, Ou sont ymaiges antiques d'albastre, De marbre blanc et de porphire aussi, Emprés le vif ou ne fault ça ne si (LA VIGNE, V.N., p.1495, 249).

B. -

Au fig. "Point crucial"

-

Au vif. "Au coeur" : L' USURIER. (...) Tantost apprés, survint la Mort Faire dessus luy tel deluge Qu'elle l'a si bien au vif mort Qu'il est mort (LA VIGNE, S.M., 1496, 520).

-

Jusqu'au vif. "Jusqu'au fond" : L'EVESQUE. (...) Savoir le veulx, voire commant qu'il voise, Car ton parler ung peu trop fort me poise Et jusqu'au vif le cueur me pique et poinct. (LA VIGNE, S.M., 1496, 334).
 

I. -

"Vivant" : Et la seconde est quant l'un mect l'autre hors des lisses, vif ou mort ; dont, mort ou vif qu'il soit, le corps ou membre hors des lisses sera du juge et livré au mareschal pour en faire justice ou luy pardonner, a nostre bon plaisir. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 222). Encores voullons et ordonnons que, se le vaincqu est vif, qu'il soit en estant levé (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 222).

II. -

"Qui manifeste de la vitalité" : ...un gent, frisque et fringant cheval de compaignon qui soit bien vif et saillant (LA SALE, J.S., 1456, 69).

III. -

"Fortement coloré" : ...tellement que peu a peu sa tres vive face coloree s'est changie en tres pale couleur (LA SALE, J.S., 1456, 240).
 

I. -

Adj.

A. -

"Vif, vivant" : Si mis et toute ma plaisence En vous, dame ; que, sans doubtance, Vous m'estiés exemplaire et voie De tout ce que faire devoie ; Ne il ne m'estoit mie avis Que sans vous vëoir fusse vis, Et en vous si toute m'entente, Mon cuer mettoie, et ma jouvente, Que vostre oueil, vos fais et vos dis Estoient mon droit paradis. (MACH., R. Fort., c.1341, 131). Mais, pour chose que je te die, Garde toy bien que t'estudie Soit adès tout premierement En servir Dieu devotement, Qu'il n'est amour qui se compere A s'amour, foy que doy saint Pere, Ne chose, tant soit pure, et monde, Ne que riens contre tout le monde, Ou comme une ymage en pointure Contre une vive creature. Encor te dirai un confort Ou moult durement me confort, Et tu t'i dois bien conforter En l'oïr, et en deporter, S'un petit me vues escouter. (MACH., C. ami, 1357, 98). ...Car sus un grant piler d'ivoire Estoit assisë, ou l'istoire De Narcisus fu entaillie Et si soutieument esmaillie Que par ma foy ! y m'estoit vis, Quant je le vi, qu'il estoit vis. (MACH., F. am., c.1361, 190). Et encore miex vauroit il definer Que vif languir en langueur si obscure Com je langui, car pleins sui d'une arsure Qui tout me seche et me met à nient, Si que j'en pers force et entendement Si croy qu'Amours en ce se desnature, Quant je la serf si amoureusement (MACH., L. dames, 1377, 59). Toute tristesse est en mon cuer fichie Et par li est toute dolour norrie En moy, n'Amours ne me vuet partuer, Einsois me fait vif languissant durer, Pour moy faire plus peinne et plus tourment, Sans esperer mercy n'aligement. (MACH., L. dames, 1377, 63).

-

Loc. : Et dit qu'assez mieus ameroit, Qui de ce a chois le mettroit, Qu'on le pendist ou traïnast, Qu'on l'ardist vif ou escorchast, Que ce qu'il fust en la saisine De la joie qui tant est fine. (MACH., D. verg., a.1340, 40). Vous m'avez dit que vous amez en foy Ceste dame qui tant vous fait d'anoy, Et amerez De loial cuer, tant comme vis serez. Et puisqu'il est einsi que vous l'amez, Certes, je croy que s'amour desirez. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 91). Car Souvenir la tient moult près de mi Sans departir jour, heure, ne demi, Et si la voy Assez souvent, dont tous vis me desvoy, Quant longuement de mes yeus la convoy Et je n'en ay joie, ne bien, n'avoy, Eins voy autrui Qui joie en a. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 100). Or faut paier pour .VIIJ. ans les trentismes Et sans delay pour le roy .IIJ. disismes. Et li dyable porront de ce finer ; On porroit bien une mine miner. Mieus me vauroit ailleurs estre .J. porchier Que moy veoir einsi vif escorchier. (MACH., Compl., 1340-1377, 251). Mais il couvient que je te prueve Ce que je t'ay dit, sans contrueve. Mieus te vausist vif enfouïr Ou dis fois morir que fuïr, Car tu fusses deshonnourez, Se tu ne fusses demourez. Et se mors fusses en la place, Dieus t'ehust fait honneur et grace. (MACH., C. ami, 1357, 100). Si vueil d'Amours les dous voloirs attendre Et endurer, tant com je seray vis, L'ardeur qu'Amour fait en mon cuer descendre Par dous regart et par gracieus ris ; Ne je ne vueil à riens estre ententis, Fors qu'à servir de cuer et honnourer Loyal Amour et ma dame sans per. (MACH., L. dames, 1377, 75).

-

Mort/vif : ...il m'estuet dementer et gemir En desirant ; et si tenrement pleure Que qui n'en aroit tenrour, Trop dur aroit le cuer, car en mon plour De rechief sui par dolour si transis Que je ne sçay se je sui mors ou vis. (MACH., L. dames, 1377, 149). Ne savoie, Quant fui pris, Se j'estoie Mors ou vis ; N'entendoie Gieu ne ris, Eins sambloie Homs ravis (MACH., Lays, 1377, 426).

.

Ramener qqn mort ou vif : Et quant li rois a ce veü, Il ot le sanc tout esmeü, Et dist : "Or tost, alez apres, Et si le sievez si de pres Que mort ou vif le ramenez, Lui, sa gent et toutes ses nez." La gent le roy s'aparillierent Et leurs galées abillierent, Et parmi la mer le suirent Jour et nuit, tant qu'il le preïrent. (MACH., P. Alex., p.1369, 17).

B. -

P. anal.

1.

[En parlant de l'eau] "Vif, où la vie semble résider" : Et la fonteinne Est en la court, qui n'est mie villeinne, Eins est vive, de roche clere et seinne, Froide com glace et plus douce que Seinne. Mais le vaissel Ou elle chiet est tailliez a cisel D'un marbre fin, blanc et bis et si bel Que tels ne fu depuis le temps Abel. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 110). Si me mena jusqu'a la rive De l'iaue qui fu roide et vive. Mais si tost com j'y fu venu, Il me fu si bien avenu Que la nacelle vers moy vint, Si que riens plus ne me couvint Fors entrer dedens, si entray. (MACH., D. Lyon, 1342, 234).

2.

[En parlant du teint, du visage] "Vif, éclatant" : Si que, dame, se je pleure et gemi Parfondement et di souvent : "Aimy !", N'est pas merveille, Quant sa fine biauté qui n'a pareille Et sa colour vive, fresche et vermeille, Et son trés dous regart qui me traveille, M'ont eslongié, Et qu'elle m'a dou tout donné congié Et de tous biens privé et estrangié. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 84).

3.

[En parlant de la manière d'être d'une pers.]

a)

"Vif, qui manifeste de la vitalité par la rapidité, la vivacité des mouvements et des réactions" : Il estoit grans et lons et fors, Et plus vif c'un alerion, Et s'ot corage de lion. Trop le doubtoient Sarrazin, Qu'en li avoient mal voisin ; Entour li faisoit grant essart (MACH., P. Alex., p.1369, 73).

b)

"Vif, animé" : Je pris confort et espoir en ce Plus que devant n'avoie fait, Si que mes esperis a fait Tous ensamble mis a force ay, Et lors de parler m'efforsay Et li dis de plus vive chiere : "Ma dame reverent et chiere, Digne de loange et d'onnour..." (MACH., R. Fort., c.1341, 83).

C. -

Au fig.

1.

"Vif, prompt, brillant" : Brief des ouevres celestiennes Et aussi des choses terriennes Savoit tant qu'elle estoit experte, D'engin si vive et si aperte, Que nuls ne le porroit despondre ; Car a chascun savoit respondre De quanqu'on voloit demander, Si qu'on n'i sceüst qu'amender. (MACH., J. R. Nav., 1349, 180).

2.

[En parlant d'une chose abstr.]

a)

"Intense" : Car de tant plus que s'en efforce, Ont adès si oueil plus grant force, Plus juste et plus vive en clarté, Et mieus en ont la verité Dou soleil en leur congnoissance Que cil qui n'ont pas tel puissance Des clers rais dou soleil souffrir, Ne de leurs yeus a lui offrir. (MACH., D. Aler., a.1349, 347).

b)

"Qui exerce une action prompte et énergique" : Moult en ocient et mehaingnent, Et tant ont fait qu'il se sont trais À la porte parmi leurs trais, Et que la porte ont conquestée Par vive force et bien fermée, Maugré toute la compaingnie Des Sarrazins, que Dieus maudie. (MACH., P. Alex., p.1369, 94).

c)

"Qui agit efficacement" : Et je li dis : "Sire, sans faille Ma dame a bien, comment qu'il aille, Son fait moustré, et sagement, Et de soutil entendement Bien baillié par vives raisons, Pour fourmer ses comparisons Bien faites et bien devisées Et si justement exposées, Que qui amender y vorroit, Je croy moult bien qu'on ne porroit..." (MACH., J. R. Nav., 1349, 196).

II. -

Subst. masc.

A. -

Au plur. "Ceux qui sont vivants" : Car il [Jésus-Christ] le fit Sans nul despit, A tel profit Qu'onques mais homs si grant ne vit ; Et sa noble victoire Nous embelist, Nous esclarcist, Nous enrichist, Si que à joie mors et vis Mist ; tout homme le doit croire. (MACH., Lays, 1377, 400).

-

Li vif. "Les survivants" : Heritages y ot pluseurs Qui demouroient sans signeurs ; Ne li vif n'osoient manoir Nullement dedens le manoir Ou li mort avoient esté, Fust en yver, fust en esté ; Et s'aucuns fust qui le feïst, En peril de mort se meïst. (MACH., J. R. Nav., 1349, 151).

B. -

Au vif. "Sur le vif" : Toute voie j'ay son ymage [de la dame], Pourtraite au vif en une page, Si bien, si bel, si vivement Que on ne porroit plus proprement. (MACH., Voir, 1364, 484).
 

"Vivant"

-

[A1 humain] est vif : Il estoit ordonné que dou prendre vif et non pas tuer, se il ne se mettoit trop grandement à deffence (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 205). ... li delivré, se il en puet escaper vifs, nous leur renvoierons sans nul peril (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 274). Se li contes vient sus nous, gardés bien que nuls ne lui face mal, car nous l'enmenrons vif et en santé à Gand (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, ). Monsigneur, vous savés que je sui une seule femme à point de fait ne de deffence, et veve de vif mari, s'il plait à Dieu, car mon signeur, messires Guichars , gist prisonniers en Espagne, ens es dangiers dou roy Henri (FROISS., Chron. R., VIII, c.1375-1400, 116).

-

[Dans la locution] mort ou vif : "Or tos, sievons ce chevalier ! Il le me fault avoir mort ou vif. C'est chils qui plus a porté de contraire et de damage a ma terre de Cimai." (FROISS., Chron. D., p.1400, 361). ... elle n'ooit nulles nouvelles de mesire Amauri de Cliçon, et faisoit doubte que il ne pooit esploitier, pour tant que son mari estoit tenus des François, et ne savoit se il estoit mors ou vifs. (FROISS., Chron. D., p.1400, 512).

-

[A1 concret] est vif

-

Chaux vive : Et faisoit aporter bombardes et pos plains de cauch vive , pour getter sus les assallans (FROISS., Chron. L., II, c.1375-1400, 144).

-

Vive roche : Le chastiel de Pere sciet sus une vive roche et n'y a que une seule entrée (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 207). Mès à la mestre tout dou dongnon ne pooient il nul mal faire, car elle estoit machonnée sus vive roce (FROISS., Chron. L., III, c.1375-1400, 87).
 

A. -

[D'un être ; p. oppos. à mort] "Qui est vivant" : N'est nul qui supposer osast Qu'en guerre desarmé alast, Quar së ainsi i fust alé, Ja vif ne s'en fust retourné. (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. St., c.1330-1331, 4722).

-

Escorcher vif : Bien vous deust estre souvenu De Cambises, le roy cremu, Qui un juge qui faussement Avoit rendu son jugement Fist devant li vif escorchier (GUILL. DIGULL., Pèler. âme S., c.1355-1358, 5087).

B. -

P. anal. [D'une chose] "Qui présente des manifestations de vie intense"

-

Eau vive. "Eau qui donne la vie" : Par Samarie ausi passa Là où la fontainne trova Jacob (...) Et quant une fame vint la, De l'eaue boire demanda [Jésus] Disant, se bien le connoissoit, Eaue vive li requerroit, C'est [ms Ceste] eaue de quoi qui bevra, Jamaiz de boire soif n'ara. (GUILL. DIGULL., Pèler. J.-C. S., 1358, 7136). [Réf. à Jean IV, 5-14] De la roche fait hors issir [Jésus] Eaue vive tant et sallir Que touz en fustes abevres (GUILL. DIGULL., Pèler. J.-C. S., 1358, 8714). [Réf. à la parabole de l'eau, fontaine de vie, jaillie du rocher spirituel d’où jaillit l’eau qui donne la vie, Exode XVII, 6]

Rem. Notons que le jeu de mots du premier exemple est emprunté au lat. chrét. de la Bible (Evangelium secundum Joannem, III, 10, 13, Biblia Sacra : aqua viva) . Cf. FEW XIV, 583b : « "qui coule de source" (seit Est 1552) ».

C. -

"Qui a de la vivacité"

-

[D'un mode d'expression] "Fort, éclatant" : Quar ausi com le cors est vain En brief tempz, s'a faute de pain, Ausi l'ame vainne seroit Tantost, se pëue n'estoit De bonnes exortations Et vives predications. (GUILL. DIGULL., Pèler. J.-C. S., 1358, 10224).

Rem. Cf. FEW XIV, 584a : « (seit 1682) ».

D. -

[D'une roche, d'une pierre] "Dur, de qualité (?)" : Mont me sembloit de grant atour Celle cité [Jérusalem] ens et entour. Les chemins et les alees D'or en estoient pavees, En haut assis son fondement Estoit et son maçonnement De vives pierres fait estoit Et haut mur entour la clöoit. (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. St., c.1330-1331, 49).

Rem. Cf. FEW XIV, 583b.
 

I. -

Adj.

A. -

"Vivant" : ...si tresfort la pouvre fille empire avecques l'ennuy qu'elle s'en donne que autant semble morte que vive. (C.N.N., c.1456-1467, 33). ...[ses amis] affermoyent que son mary estoit mort, et que s'il fust vif il fut retourné comme les aultres (C.N.N., c.1456-1467, 423).

-

Tout vif : ...ja Dieu ne veille que je vous face telles promesses, a qui je prie qu'il permette la terre ouvrir qui me englotisse et devore toute vive (C.N.N., c.1456-1467, 564). Il vint vers son maistre ses deux perdriz en sa main, toutes vives, grasses, et bien refaictes (C.N.N., c.1456-1467, 581).

B. -

"Intense"

1.

[D'une couleur] : [ils] estoient si comme en l'age de XXVIJ a XXVIIJ ans, aiant leur couleur de cramoisy vive (C.N.N., c.1456-1467, 386).

2.

[D'un comportement] Enrager tout vif : ...le mauldit bigot faignoit aussi s'en esjoir, mais il en enrageoit tout vif. (C.N.N., c.1456-1467, 104). ...la bonne gentil femme, qui enrageoit toute vive, saillit a la fenestre (C.N.N., c.1456-1467, 211). ...veez cy les serviteurs de ces bons seigneurs qui attendent après leurs chemises, qui n'osent monter vers leurs maistres, et enragent tout vifz (C.N.N., c.1456-1467, 398).

3.

[Dans un cont. abstr.] "D'une évidence criante" : Le premier venu, quand il oyt si vives enseignes tant notoires, il ne sceut que dire (C.N.N., c.1456-1467, 229).

II. -

Subst. masc. Au vif

-

[En amour] "Au plus profond de (son) être" : ...nul bien sans elle avoir il ne povoit, tant estoit il au vif feru de l'amour d'elle. (C.N.N., c.1456-1467, 73). ...il estoit feru et attaint bien au vif d'une damoiselle de Maubeuge (C.N.N., c.1456-1467, 343).

-

"Dans la vie réelle" : ...pour faire la farse au vif, et bien tromper son chapellain, il commenda a sa gouge qu'elle luy assignast journée d'estre en la ruelle du lit (C.N.N., c.1456-1467, 455).
 

[D'un animé] "Vivant" : ...et que, sondit mari mort, il espouseroit icelle ; car tant qu'il seroit vif, ilz ne pourroient faire leurs voulentez ensamble (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 57). ...elle qui parle jetta, environ deux ou trois jours après, iceulx voult de cire et botereaux tous vifs aus champs derriere leur jardin (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 332).

-

Estre enfouie toute vive. V. enfouir
 

A. -

[D'une pers.] "Qui est en vie ; vivant"

-

[En corrél. avec et p. oppos. à mort] Mort ou vif : ...il convenoit qu'il fust pendu au gibet mort ou vif (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 325).

B. -

[D'une démarche intellectuelle] "Rapide, approprié, concluant"

-

Pour la vive atteinte. V. atteinte
 

I. -

Adj. De vive voix. "Verbalement" : Sachent tuit que, comme mes redoubtez seigneurs de la Chambre des Comptes à Paris me eussent commandé de vive voiz que je baillasse et affermasse à perpetuité, à personnes souffisans à paier perpetuellement, touz les moulins et lieus acoustumez d'avoir moulins ou temps passé (Doc. Poitou G., t.2, 1334, 106). ...le dit Michea a bien gardé sa prison par septainne, quinzene, quarantene, si comme il dit à nous estre apparu par la relacion du prevost de vive voiz et de lettres (Doc. Poitou G., t.2, 1342, 217). ...qui ne appelle de vive voix à la personne du juge quant la sentence est donnée, l'appellacion ne vault. (Cout. bourg. glosé P.M., c.1380-1400, 182).

II. -

Subst. masc.

A. -

"Personne vivante"

-

DR.

.

Entre vifs. "Entre personnes vivantes et non par testament" : ...par donnacion entre vifz (Trés. Reth. L., t.3, 1490, 598).

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Le mort saisit le vif. "Quand un homme meurt, son héritier est immédiatement investi de ses biens" : Il est acoustumé que le hoir vient à saisine telle quelle de ce de quoy celui qui mourut estoit vaistu et saisi ; car le mort vaitist et saisit le vif, par la coustume qui est telle et generalle (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.2, 1437, 296).

B. -

"Modèle vivant"

-

Près du vif. "D'après nature" : ...ouquel chapel avoit enfans fais d'or nue près du vif, qui abatoient glans de chesne dont les tiges estoient de grosses perles (Comptes argent. rois Fr. D.-A., I, 1352, 298).

C. -

Au fig. "Ce qui constitue la partie essentielle d'une chose"

-

Au vif. "Profondément" : ...les deux ailles des murs et ladite grande cheminée, les quatre pilliers et collombes sur quoy elle siet, fondée et massonnée jusques au vif font douze pieds dedans terre, massonner (Trés. Reth. S.L., t.2, 1409-1410, 595).
 

"Vivant, en vie" : ...et n'auroient mie promis la despense du cyrurgien de Simonnet Guerin, qui valoit miex mort que vif. (FAUQ., II, 1421-1430, 352).
 

I. -

Adj. "Vivant"

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[P. ext., d'une chose]

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Chaux vive. V. chaux

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Vive roche. "Roche mise à nu, non recouverte de terre" : Melusigne fist bastir la ville de Lusignen et fonder les murs sur la vive roche, et la fit estoffer de fortes tours (ARRAS, c.1392-1393, 66).

II. -

Subst. masc. "Ce qu'il y a d'essentiel dans une chose" : Et les haulx princes veoient plus cler en leurs affaires par les sciences qui lors estoient aprinses en temps deu, que s'ilz feussent innocent des sciences, et sentoient en brief le vif des conseulx que on leur monstroit. Et ainsi je croy que cuer de noble estrattion qui a la science des nobles vertus des ars dessuz diz ou cuer, qu'il n'en sauroit meserrer si tost que cil qui auroit aprins les ars par avarice de vouloir enrichir, par dissimilitude de complaire aux princes, et non monstrer le vif du droit, car rudesse de nature ne se puet bonnement appliquer a la nature nourrie en noblesse. (ARRAS, c.1392-1393, 17). ... par hanter les diverses contrees et pays et nacions, et par lire les anciens livres et les entendre, congnoist on le vif et le vray des choses semblans increables. (ARRAS, c.1392-1393, 311).