C.N.R.S.
 
Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500)

http://www.atilf.fr/dmf/definition/louer1 
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 Article 1/15 
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     LOUER1          LOUER2     
FEW V laudare
LOUER, verbe
[ ]
 

-

Au soir louez l'ouvrier et au matin votre hôte : Au vespre loués l'ouvrier et au matin vostre hoste. (E. LEGRIS, Anc. prov. fr., p.1400. In : Bibl. Éc. Chartes 60, 1899, 576).

 

-

En bonnes études les commencements ne font pas tant à louer que la fin V. étude

 

-

La peur rend ennemi celui qu'elle contraint à louer autrui V. peur

 

-

Mauvais fait gens vivants trop louer, trop blâmer : Malvais fait gent vivans trop loer, trop blamer ; On se fait par parler et haïr et amer. (GILLES LE MUISIT, Poésies K., t.1, c.1347-1353, 337).

 

-

On doit louer les gens après leur vie : [Il est question des enfants de l'empereur Fédéric, dans le poème intitulé La mort Fredericq empereur] Ces deux florons, tres nobles fleurs issans D'estcq roial et ducalle origine, Se en vertus sont au monde flourissans, En fin seront es cieux resplendissans, Comme j'espoire, et l'arbre et la racine, Car il est bien digne qu'on luy assigne Pour son bruit haulte gloire assouvie : On doit loer les gens aprés leur vie. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 275). Nobles gentilz, grans, moyens et petis, Des deux partis l'ont aymé sans envye [le comte Englebert de Nassau] : L'on doibt louer les gens aprés leur vye. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 396).

 

Rem. DI STEF. 497a, louer.

 

-

On ne doit pas louer la journée dont on n'a pas vu la nuit V. journée

 

-

On peut louer saint Pierre sans blâmer saint Paul : On seult dire, et c'est verité, que on puet bien louer saint Pierre sans blasmer saint Pol ; mais qui plus est on ne puet bien louer ung saint que tous les autres ne soyent aucunement participans de la louange comme ilz sont ensamble en gloire et ont vescu sur terre en semblables vertus (GERS., 1392 (?), Oeuvres complètes G., 721).

 

Rem. Morawski 1970 : Qui loë saint Pierre ne blâme pas saint Poul ; Hassell 201, P182 ; DI STEF. 783c, saint.

 

-

Qui à bien faire a peine plus fait à louer V. bien

 

-

Qui plus loue la personne qu'elle ne vaut, il lui fait blâme : ...aussy bien nous pouez vous faire blasme en nous loant que honneur, car qui plus loe la personne qu'elle ne vault, il luy fait blasme. (Percef. II, R., t.2, c.1450 [c.1340],).

 

-

Se louer soi-même n'est rien d'autre que s'embouer : Bien est voir que les deux Deduis [celui d'oiseaux et celui de chiens] Qui de ce ont eu moult grans anuis, Le debat ont dissimullé Jusques cy par humilité, Et aussi soy mesmes loer N'est riens fors que soy amboer. (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 283).

 

Rem. Morawski 2128 : Ki se loe si s'en boe ; Hassell 150, L81.

 

-

Trop louer les gens déçoit : Puis vous parlez de la vaillance S'ung tel, et de sa grant prouesse. Il vault beaucolp, mais quoy, en France On congnoist trop bien sa largesse ! Il convient louer a soubresse, Car trop louer les gens deçoit. Je vous pry que ce louer cesse ; Il n'est bon qu'aussi bon ne soit. (MICHAULT, Doctr. temps prés. W., 1466, 76).

 

Rem. DI STEF. 497a, louer. Cf. aussi Morawski 473 : De celui me lo qui bien me fait, 1484 : Len ne doit ja home loer devant luy.
 

Lexique de proverbes Pierre Cromer

 Article 2/15 
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FEW V laudare
LOUER, verbe
[AND : loer1 ; DÉCT : löer1 ]

I. -

Empl. trans. "Faire l'éloge de, glorifier" : Moult le prisent et moult le loent Et sa grant vaillantise advoent. (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 44).

II. -

Empl. pronom. Se louer de. "Se féliciter de, apprécier" : ...les aucuns se desloent De son service, autres s'en loent (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 35).
 

Pizan Joël Blanchard / Michel Quereuil

 Article 3/15 
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FEW V laudare
LOUER, verbe
[AND : loer1 ; DÉCT : löer1 ]

I. -

Empl. trans.

A. -

[Le compl. d'obj. désigne Dieu] "Louer, glorifier, exalter" : Or sa, de par nostre seigneur, Arme virtueuse, loués Dieu (Pass. Auv., 1477, 101).

 

-

[Formule de louange] Loué soit Dieu : Du tout fault que nous fassions [l. que fassions] l'office. Loué soit le Dieu que nous fist ! Pleise luy nous estre propice ! (Pass. Auv., 1477, 103).

B. -

[Le compl. d'obj. désigne un être humain] "Complimenter, féliciter" : Puis que tes biens, Simon, sont nostres, Trestous nous t'en devons louer. (Pass. Auv., 1477, 148). Par ainsi, Centurion, vous conseilhe, Pour cognoistre ceste merveilhe, Que vous et voz gens y aliés [au tombeau du Christ], Et sans bouger y demeuriés Juc que trois jours seront passés. En ce faisent farés assés Pour en estre loué tout temps Et de Dieu et des bonnes gens ; Et vous mesmes en vouldrés mieulx. (Pass. Auv., 1477, 275).

II. -

Empl. pronom. Se louer que. "Se vanter de" : Va, beste, que disies que le temple Charroit et te loues et venties Qu'en trois jours le rediffiaries. Or sa, donc, tu l'ediffiaras ? (Pass. Auv., 1477, 212).
 

Passion d'Auvergne Jean-Loup Ringenbach

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FEW V laudare
LOUER, verbe
[AND : loer1 ; DÉCT : löer1 ]

[Idée d'éloge]

A. -

Louer qqn : Car il semble que l'en face de euls [les dieux] une derision quant l'en les loe en la maniere que l'en nous loe, et la cause est car l'en nous loe par relacion et en resgart ou raport a aucune autre chose meilleur. (ORESME, E.A., c.1370, 139).

 

-

Au passif. [Suj. animé] : Et pour ce que les loys qui sont a magnifier le createur ont regart a cest nombre et veullent que il soit loé et magnifié selon cest nombre .III., ce est signe que trinité est es natures des choses (ORESME, C.M., c.1377, 50).

B. -

Louer qqc. : Car l'en loe vertu en raportant a operacion comme a chose meilleur que vertu. (ORESME, E.A.C., c.1370, 139).

 

-

Empl. abs. : Qui vouldroit parler de loenge ou de loer en la maniere que l'en en use communelment et en latin et en françois, il n'est chose tant soit bonne que l'en ne puisse et doye loer. (ORESME, E.A.C., c.1370, 138).
 

Oresme Charles Brucker

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FEW V laudare
LOUER, verbe
[T-L : löer1 ; GD : loer ; GDC : louer ; AND : loer1 ; DÉCT : löer1 ; FEW V, 206b : laudare]

I. -

Empl. trans.

A. -

"Louer, glorifier"

 

-

Loué soit Dieu : PRIMUS MARTIR. Lohé soit le Dieu drotturier Qui ce doulz confort nous envoye ! (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 85).

B. -

"Conseiller"

 

-

Louer que + complét. : Seur, je lo que nous retournons Tout bellement aprés ses hommes : Ilz sont plus soubtilz que ne sommes Pour sçavoir tout ce qui en est. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 846).

 

-

Je loue que je + complét. "Je me propose de" : JOSEPH. Je lo que je m'en voise querre Marie m'espeuse et m'amie Affin que nous alons bon erre Devers la cité seignourie De Bethléem (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 21).

C. -

"Recommander, appuyer" : Helas ! Vierge treshonnorée, Bien heurée, Vueille avoir de moy souvenance, Et ma requeste soit passée Et louhée Devant la divine presence ! (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 153).

II. -

Empl. pronom. Se louer de qqn. "Être satisfait de lui" : La besongne si bien feray Quen tous temps vous louerez de moy (Myst. st Martin K., a.1500, 243).
 

Mystères Jean-Loup Ringenbach

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FEW V laudare
LOUER, verbe
[AND : loer1 ; DÉCT : löer1 ]

A. -

Empl. trans.

 

1.

"Louer qqn" : Sire, je te lo et mercy, Quant tu l'as ainsi converti (Mir. st Guill., c.1347, 36).

 

-

[Suivi d'un compl. introd. par de] : ...je te lo et gracy De ce que trouver me fais cy Un grant arbre... (Mir. st J. Paulu, c.1372, 118). Dame, je lo le roy celestre Des biens qu'il me fait (Mir. fille roy, c.1379, 79).

 

-

Part. passé : Loé soit Diex ! (Mir. ste Bauth., c.1376, 93).

 

-

Part. prés. en empl. subst. : Aussi est il [le nom de Marie] espandu es cuers des meditans, en la bouche des loans, en l'oreille des escoutans et des oians. (Mir. ev. N.D., c.1348, 61).

 

2.

"Priser, estimer qqc., en faire grand cas" : S'avez le chastel de Meleun Sur Saine, que moult lo et pris (Mir. Clov., c.1381, 259).

 

3.

"Conseiller, recommander qqc. à qqn" : Tien ce cop ; de devant moy vuides, Je le te lo. (Mir. fille roy, c.1379, 77).

 

-

Louer que + subj. : Je lo qu'il ait le chief tranchié En son dormant. (Mir. femme roy Port., c.1342, 175). Je lo pour bien et si conseille Qu'ensemble parler les laissons (Mir. ev. N.D., c.1348, 65). Je lo pour le miex Que nous soions d'aler songneux Vers mon seigneur. (Mir. ev. N.D., c.1348, 77).

B. -

Empl. pronom. [Suivi d'un compl. introd. par de]

 

-

"Être pleinement satisfait de qqn" : Je me lo de Dieu, compére ; Car fait nous a grace moult grant De ce qu'a un si bon enfant Avons nostre fille donnée (Mir. femme, 1368, 183).

 

-

"S'en remettre à qqn" : Moult sueffre de desordenance C'om li fait, dont a Dieu se loe (Mir. parr., 1356, 44).
 

Miracles Pierre Kunstmann

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FEW V laudare
LOUER, verbe
[T-L : löer ; AND : loer1 ; DÉCT : löer1 ; FEW V, 206b, 207a : laudare]

I. -

Empl. trans. Louer qqn. "Faire l'éloge de qqn" : Les orguilleux aussy a cause de leur vertus ou sainctité sont par cest exemple bien convaincuz. La sote presumpcion de leur cuer est bien rabatue, et veons clerement que nous ne devons nulluy pour ceste vie ou tost louer ou tost condampner, car nous ne savons que nous est advenir : Qui cuide estre ferme, garde qu'i[l] ne trebuche (GERS., P. Paul, a.1394, 489). Fuyés, pour Dieu ! ce traitre, truant, tyrant [Flateur] ! Prenés trois remedez contre luy, a l'exemple de nostre Royne ! Le premier remede : penser incontinent : A quoi peuent tendre ou valoir les paroles d'un qui loue en sa presence une personne. Dit un a son flateur : "Me veulx tu vendre qui me loes ?" (GERS., Annonc., a.1400, 235). Seroit aussi evacuee et widié la liberté et franchise de la liberté, qui est franche a faire ou non faire equalement. Item et ne seroient a reprendre ne a vituperer les malfaiteurs, ne a loer les bienfaitteurs. (Somme abr., c.1477-1481, 167).

 

-

En partic.

 

.

Louer (un saint) : Saint Jehan Bouche d'or expose toute la vertuz de son hault et cler engin et de son eloquence souveraine a le louer [saint Paul] ou le manifier en ung sermon ou omelie (GERS., P. Paul, a.1394, 493).

 

.

Louer Dieu. "Le remercier" : ...plaisante et desirable est celle de ton ame, a laquelle garder tu doys mettre toute ta cure, o ame devote, tellement que point tu ne soyes halee par l'ardeur de luxure, enflee par orgueil, noire et tachee par envie, aveuglee et chascieuse par mescreance et ignorance, begue ou muette par paresce de Dieu loer et de prier (GERS., Concept., 1401, 418). ...et aussi que seroie subject à gravelle, dont bien gueriroye, puis auroye excoriacion et finablement goute ès piez, ce que tout ay trouvé et je loue Dieu qui a fait le ciel et tel regime, au moïen de quoy je obvie à mes contraires. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 156 v°).

II. -

Empl. pronom.

A. -

"Se vanter" : Pourtant disons icy que soy louer par vanité ou par complaisance de soy mesmes, est tres a blasmer (GERS., P. Paul, a.1394, 502).

B. -

"Dire du bien de soi-même" : Mais soy louer pour neccessité et pour proffitter a autruy, et tout pour la gloire et louange de Dieu est prudence et magnanimité puisque verité y est tousjours gardee. (GERS., P. Paul, a.1394, 502).

III. -

Empl. trans. indir. "Conseiller" : Cestui Alexandre eut avecques lui diverses complexions et natures de gens, car aucuns lui louerent à aller veoir Diogenes, autres l'en destournerent, ausquels il dist : "Si vous me povez dire les choses que j'espere sçaver de lui, vous serez louez et prisez de moy ; pour ce efforcez vous en dedans demain". (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 58 r°).
 

Littérature didactique Hiltrud Gerner

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FEW V laudare
LOUER, verbe
[AND : loer1 ; DÉCT : löer1 ]

I. -

Empl. trans. "Célébrer" : Petiz enfans, par concordance juste Disoyent tous a haulte voix : "Noé", Et es misteres pour estre mieulx loué Ilz deschantoyent : "Vive le roy auguste". (LA VIGNE, V.N., p.1495, 198).

II. -

Empl. pronom. Soi louer de. "Se féliciter de, se réjouir de" : Tel au jour d'uy s'esjoÿst de la feste Qui, puis apprés, petitement s'en loue (LA VIGNE, S.M., 1496, 166).
 

La Vigne Annie Bertin

 Article 9/15 
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FEW V laudare
LOUER, verbe
[AND : loer1 ; DÉCT : löer1 ]

I. -

Louer de. "Faire l'éloge de" : Et a tant laisseray cy a parler du seigneur de Loissellench et de sa compaignie qui s'en vont a Saint Jaques, tresgrandement loant du roy, de la royne, des Seigneurs, de Madame, et de toute la court de France, pour les dons et grans honneurs que on leur a faiz (LA SALE, J.S., 1456, 172).

 

-

Louer qqc. à qqn. "Faire auprès de qqn l'éloge de qqc." : ...et aussi louoit au Senat les grandes victoires qu'ilz avoient gaigniés plus par espargnier aux vaincqus que par les vaincre. (LA SALE, Sale D., 1451, 108).

II. -

Louer que. "Conseiller avec insistance, exiger que" : ...je loe et veul que avant vostre partement un mois vous envoiez un roy d'armes ou herault a la court (LA SALE, J.S., 1456, 81).

III. -

Soi louer de

A. -

Soi louer de qqc. "Se féliciter de qqc." : Des honneurs, des dons (...), pour abregier, je m'en passe, fors de tant que partout ilz s'en loerent (LA SALE, J.S. E., 1456, 287).

B. -

Soi louer de qqn. "Faire l'éloge de qqn" : Comment Madame et ses femmes se loerent l'une a l'autre de damp Abbés. (LA SALE, J.S., 1456, 254).

IV. -

Faire moult à louer. "Accomplir une action tout à fait louable" : Dont par ainsi celle deesse faisoit moult a louer, quant elle rendoit par charité aux hommes ce qui estoit deu a leur magesté (LA SALE, Sale D., 1451, 129).
 

La Sale Pierre Demarolle

 Article 10/15 
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FEW V laudare
LOER, verbe
[AND : loer1 ; DÉCT : löer1 ]

I. -

Empl. trans.

A. -

"Louer, couvrir d'éloges, célébrer, exalter, vanter l'excellence de qqn/qqc."

 

1.

Loer qqn : Aussi doi je, se trop ne fail, Loër Esperence, a qui bail De moy et de mon cuer le bail, Et mercier ; car se riens vail Et s'a bien faire me travail, C'iert sans doubtance Par li (MACH., R. Fort., c.1341, 120). Et puis il parla de sa dame Qui d'amer l'esprent et enflame, Et de si grant cuer la looit Qu'a grant peinne parler pooit, Tant estoit de s'amour espris, En contant s'onneur et son pris (MACH., F. am., c.1361, 236). Car sa face coulourée Plus que rose en may, De toute biauté parée Et de maintieng gay, M'a pris ; bien le say. S'en sera de moy loée, Tant com je vivray. (MACH., Bal., 1377, 547). En l'onneur de ma douce amour Que j'aim miex que my proprement Ay mis cuer et corps et vigour, Ma pensée et mon sentement En toutes dames loer ; N'onques heure ne m'en pos saouler. (MACH., L. dames, 1377, 207). Si vueil mettre dès or mais ma pensée, Ma plaisance, mon cuer et m'estudie En li loer, dont meinte autre honnourée Sera de moy pour li, je n'en doubt mie. (MACH., L. dames, 1377, 216).

 

-

Loer qqn de : Quant li roys vit qu'il fu à point De parler, il n'atendi point, Eins monstra sagement son fait, Et l'emprise qu'il avoit fait, En querant aïde et confort, Et tous les en pria moult fort, Si sagement et par tel guise Que chascuns d'euls l'en loe et prise L'empereur, qui sages estoit, Devant le roy en piez estoit. (MACH., P. Alex., p.1369, 37). Je vous di bien qu'il n'a signeur En Turquie de li gringneur, Ne qui face tant à doubter. De tous se fait trop fort doubter. C'est uns homs de trop grant emprise, Dont maint home le loe et prise. Plus est hardis que nuls lions ; Moult seroit or vaillans li homs, Et bien de l'espée ferroit, Qui corps à corps le conquerroit. (MACH., P. Alex., p.1369, 163).

 

-

Loer et glorifier/magnefier : Ne say comment commencier Un tres dous lay Pour bon Amour mercier De l'espoir qu'ay Et pour ma dame au corps gay Glorefier Et loer, car trop po sçay Pour telle ouevre edefier. (MACH., Lays, 1377, 389). Mais garde bien, sur tout ne t'enhardi A faire chose ou il ait villenie, N'aucunement des dames ne mesdi ; Mais en tous cas les loe et magnefie. Saches, se tu fais le contraire, Je te feray trés cruelment detraire. (MACH., Prol., c.1377, 4).

 

-

Loer et prisier : Si en poez faire à vostre devise, Car dessus vous riens ne vueil ne devise. Mais se je fais ja vaillence n'emprise D'onneur qui vaille, De vous venra que chascuns loe et prise. Et se je muir en vostre dous servise, M'ame en sera en dous paradis mise D'Amours sans faille. (MACH., Compl., 1340-1377, 260). Et cils qui de loial cuer l'aimme, Las, chetis et dolans se claimme Pour la grieté qu'en son cuer sent ; Et pour ce qu'elle se descent De s'onneur. C'est li plus fors poins, Et de quoy il est plus fort poins En son cuer, car si fort le grieve Qu'a po que tout par mi ne crieve. Cause y a, c'est quant dame amée Est devant prisie et loée, Si la voit d'onneur dechëoir Et en grant deshonneur chëoir, Et se voit bien tout en appert Que par ceste raison la pert. (MACH., D. Aler., a.1349, 380). Là fu li rois de tous prisiez, Et loez et auctorisiez ; Et dist chascuns que Dieux l'envoie Pour faire ceste sainte voie. (MACH., P. Alex., p.1369, 44). Mais, s'il puet, avec lui menra Les chevaliers et l'amiraut De Rodes, qui moult scet et vaut, Et qui est de tres grant emprise, Dont chascuns l'aime et loe et prise. (MACH., P. Alex., p.1369, 57).

 

-

[Dans des séries plus ou moins stéréotypées, notamment dans la lang. de l'amour] : Dont ma joie est née Et l'esperance doublée Qui de li me vient. S'en yert honnourée, Servie, loée, Crainte, obeïe et amée, Faire le couvient ; Car s'il li agrée, J'aray destinée Bonne ou mort desesperée (MACH., R. Fort., c.1341, 18). Amours, je te vueil aourer Com mon dieu secont et douter, De toutes mes vertus loër, Servir, obeïr, honnourer De cuer, de corps et de penser. (MACH., R. Fort., c.1341, 118). Lors dieus orent d'or et d'argent, D'arein et de pierre et de fust : N'i avoit dieu qui la ne fust Glorefiez et aourez, Servis, loëz et honnourez. Et Dieus li moustra clerement Que c'estoit a son dampnement (MACH., C. ami, 1357, 25). Gens corps, cointe, apert et faitis, Maintieng plein de toute honnesté, Se je vous aim, serf, loe et pris, N'est merveilles, qu'en verité Vous avez si tout seurmonté Que vous estes fleur souvereinne Seur toute creature humeinne. (MACH., Bal., 1377, 559). Si sens meint plaisant estour, Quant sa biauté que j'aour Ainsi remirée Est en mon cuer par savour, Dont en moy parfaite amour Est enracinée. S'en yert servie, loée, Creinte, celée, honnourée Et parfaitement amée De moy sans folour (MACH., Ch. bal., 1377, 588). Pour ce le di que j'ay moult longuement De cuer, de corps, à mon loyal pooir, Servi, cheri et loé humblement Ma chiere dame où j'ay tout mon espoir. (MACH., L. dames, 1377, 173). Dont se de li sui espris Et je l'aim, serf, loe et pris, Je ne fais pas mespresure. (MACH., Lays, 1377, 324).

 

-

[Le compl. d'obj. désigne Dieu] "Louer, glorifier, rendre gloire à" : Dedens la flame benissoient A haute vois Dieu et looient, Chascuns par lui et tous ensamble. Un angle y avoit, ce me samble, Qui pardessus le feu ambloit Et fil de Dieu estre sambloit. (MACH., C. ami, 1357, 22). Si te promet, sire, et t'acorde Que tu seras de ma partie Loëz tous les jours de ma vie, Car dou ciel toute la vertu Te loe sans cesser, et tu Has gloire pardurable es siecles Ou tu regnes com Dieus et siecles. (MACH., C. ami, 1357, 55). Li enfant qui de cuer et d'ame Loërent Dieu dedens la flame Et menoient revel et feste, Qu'onques un cheveu de leur teste N'i fu malmis ne empirez (MACH., C. ami, 1357, 56). Einsi fortune le demainne En grant peril et en grant peinne. Tant a floté, tant a vagué Qu'il et sa gent se sont trouvé Droit au lieu dont parti estoient, Dont nostre signeur loer doient. (MACH., P. Alex., p.1369, 113). ...en leurs nés se retreïrent ; Et sans perdre sont retournez Au lieu dont il furent tournez. Et quant li gentis roys le sot, Il ne fist mie comme sot, Eins loa Dieu devotement Et sa douce mere ensement ; Et fist faire processions, Veus, promesses, oblations, A la gloire de Dieu toudis Et de la court de paradis. (MACH., P. Alex., p.1369, 122). Quant tout li ot dit et conté, Et li roys l'ot bien escouté, Dieu loa et li fist grant chiere, Et pour ceaus qui gisent en biere Fist prier Dieu devotement Et dire messes hautement. (MACH., P. Alex., p.1369, 172). Puet on penser chose plus digne Ne faire plus gracieus signe Com d'essaucier Dieu et sa gloire, Loer, servir, amer et croire, Et sa douce mere, en chantant, Qui de grace et de bien a tant Que le ciel et toute la terre Et quanque li mondes enserre, Grant, petit, moien et menu En sont gardé et soustenu ? (MACH., Prol., c.1377, 9).

 

2.

Loer qqc. : Et par ce sçay qu'elle ne m'aime mie ; Car ses frans cuers, c'on ne puet trop loer, Rien qu'il amast ne lairoit demourer En la dolour dont je cuit vraiement Morir pour li tres dolereusement. (MACH., L. dames, 1377, 64). Et quant sa grant renommée De tous est loée, Je ne doy estre blasmée, S'à li sui donnée, Qu'onques dame ne fu née Si bien assenée, Puis qu'il est miens et il m'a. (MACH., Lays, 1377, 364). Et se doucement savour Des biens d'amours la savour, Garis seray, Si qu'en chantant loeray La grant douçour De ma dame et son honnour, Exausseray, N'autre ja mais n'ameray, Heure ne jour. (MACH., Lays, 1377, 442).

 

-

Loer/prisier : Or vueil conter une apertise, Que chascuns loe moult et prise, De Bremont et de Perceval, Qui sont preu, vaillant et vassal. (MACH., P. Alex., p.1369, 72). Dame, pour vous ma joie se define Et ma dolour est à recommencier, Quant je me part de votre douçour fine Que nulz ne puet trop loer ne prisier ; Car li desirs que j'ay de repairier Par devers vous ne me laist joie avoir, Pour ce que trop vous desir à veoir. (MACH., L. dames, 1377, 81). Dix et sept, cinq, trese, quatorse et quinse M'a doucement de bien amer espris. Pris ha en moy une amoureuse emprise - Dis et sept, cinq, trese, quatorse et quinse - Pour sa bonté que chascuns loe et prise Et sa biauté qui sur toutes ont pris. Dis et sept, cinq, trese, quatorse et quinse M'a doucement de bien amer espris. (MACH., Rond., 1377, 574).

 

-

Loer qqc. de : Messires Bremons de la Vote Ot la siste [galère], qui par mer flote Plus legierement c'une aloe Ne vole, dont chascuns la loe. Garnie estoit de bonnes gens, Qui sont songneus et diligens De serchier la mer et la terre Pour avoir honneur et acquerre. (MACH., P. Alex., p.1369, 144).

 

-

Part. passé : Et sa maniere asseürée, De tous et de toutes loée, Son biau port, son gentil maintieng Qui pareil n'ont, si com je tieng, Tout aussi com l'enfant le mestre Aprent, m'aprenoient a estre. (MACH., R. Fort., c.1341, 8). Et quant je sui bien avisee Et je pense a ta renommee, A droit de tous trop plus loee Qu'onneur mondeinne, Ceste pensee tant m'agree Que je sui hautement paree, Quant m'amour est toute enfermee En ton demainne. (MACH., F. am., c.1361, 225). Quant il ot sa chanson finee, Bien escoutee et bien loee, Tout son païs m'abandonna Et de ses joiaus me donna Liberalment et largement, Plus qu'a moy n'affiert vraiement. (MACH., F. am., c.1361, 243).

 

-

[Le compl. d'obj. désigne un animal] : Se looit souvereinnement Ce blanc cheval, et telement Que qui l'en vosist escouter, Adès en vosist il conter Par paroles bien agencies, Aus fais dou cheval adrecies. (MACH., D. Aler., a.1349, 312). Nompourquant li aigle honnourée Est assez de son droit loée Partout ou on congnoist noblesse, Franchise, honneur et gentillesse. (MACH., D. Aler., a.1349, 345).

B. -

"Admirer" : Mais a merveille Fu sa couleur, des autres nompareille, Car elle fu vive, fresche et vermeille, Plus que la rose en may, eins qu'on la cueille, Et, a briés mos, Blanche com noif, polie, de biau gros Fu sa gorge, n'i ot fronce ne os ; Et s'ot biau col dont je la pris et los. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 71). [Polyphème à Galatée] Plus es dure de chaisne viel, Se tu ne fais ce que je viel (...) ; Plus crueuse et plus damageuse D'iaue parfonde ; et orguilleuse Plus que paön, quant on le leue Quant il va rouant de sa queue (MACH., Voir, 1364, 632).

C. -

"Conseiller" : Or couvenra il qu'elle die Dou quel li vient sa maladie, Pour li donner certein conseil. Je le lo einsi et conseil. (MACH., J. R. Nav., 1349, 204).

 

-

Loer que + subj. : Se vous lo que vous le mandez Et baudement li commandez Vostre besongne ; il la fera, Que ja peinne n'en doubtera. (MACH., D. Aler., a.1349, 315). Si vous lo que vous tant faciez Que ce jugement effaciez, Et que briefment le rapellez. Guillaume, se vous tant valez, Vous le pouez bien einsi faire Par soustenir tout le contraire. (MACH., J. R. Nav., 1349, 172). Si te lo que tu la repreingnes Et que dedens ton cuer la teingnes Avec l'ymage gracieuse : S'aras compaingnie amoureuse... (MACH., C. ami, 1357, 80). Li princes respondi : "Bien est. Je lo que cils consaus se teingne, Et que au matin chascuns reveingne." (MACH., P. Alex., p.1369, 149).

 

.

Loer et conseillier que : Si que je vous lo et conseil Que plus ne parlez sans conseil ; Car vous estes trop juenes homs Pour dire si faites raisons. (MACH., J. R. Nav., 1349, 245). Encor te lo et te conseil Que ne croies juene conseil, Car c'est uns si tres grans peris Com pour estre mors et peris. (MACH., C. ami, 1357, 133). Je loe et conseil qu'on li mande Que son armée contremande, Et que li Turq sont desconfit A s'onneur et à son profit. (MACH., P. Alex., p.1369, 170). Tuit ont esté à ce conseil, Et pour ce je lo et conseil Qu'il s'en voisent avecques vous, De par leur roy et de par nous. (MACH., P. Alex., p.1369, 176).

 

-

Loer à + inf. : Car Bonne Amour en sa part tient Un cuer d'amant tant seulement Sans naturel commandement. Qui ne vuet, nuls n'i est contrains ; Mais on est d'Amours si estrains, Qu'obeïr y couvient par force ; S'est fols qui contre li s'efforce. Guillaume, se vous loeroie A laissier ceste povre voie De dire que Nature ait grace Que propre commandement face En amours, qui soit de valeur. (MACH., J. R. Nav., 1349, 212).

D. -

"Approuver" : Li roys la cité tenir cuide. Mais n'est pas bon de ce cuidier, Car il faurra à son cuidier, Qu'estranges y avoit pluseurs, Chevaliers et autres signeurs, Qui ne loent pas qu'on la tengne Pour nulle chose qui avengne. (MACH., P. Alex., p.1369, 100).

 

-

Loer et approuver : "...Ou vous les metez en servage Enchaainnez en une cage, Par quoy ceuls qui dessa venront Et en tel estat les verront Prengnent en eaus tel exemplaire Que mais ne vous osent meffaire." La chose fu toute acordée, De tous loée et approuvée. (MACH., P. Alex., p.1369, 200).

II. -

Empl. pronom. réfl. Soi loer de. "Se louer, se féliciter, être heureux de (qqn/qqc.)"

 

-

Soi loer de qqn : Et se tu dis qu'Amours te blesse, Tu vues ressambler a celui Qui ne se loe de nelui, Eins se tourmente et se courresse, Quant sa besongne bien adresse. (MACH., R. Fort., c.1341, 61). Mais il le prist [le roi d'Autriche] par la ventaille A force dedens la bataille Et le mena a Bruguelis, Son chastel, ou n'a fleur de lis, Car il y fait froit en esté. Bien le say, car j'y ay esté. Li rois se dut loer de Mars, Car il en ot cent mille mars Et pluseurs forteresses bonnes Qui de Behaingne sont les bonnes. (MACH., C. ami, 1357, 106). Si qu'amis doulz, conforte toi Et ne cure de son chastoi, Que vraiement c'est grant folie Qui s'en donne merancolie. Ta dame te remandera, Certaine en sui, et si fera Tant que de li te loeras Et a s'amour ja n'i faurras : Escondis tu ja ne seras ! (MACH., Voir, 1364, 228).

 

.

Soi loer et pleindre de : Si que d'Amours me vueil loer et pleindre : Loer m'en vueil en tant que sans refreindre Fait mon vray cuer en tel dame remeindre Ou tout bien meint ; Mais je m'en plein pour ce que, pour li creindre, Servir, amer et desirer sans feindre, Ne puis faire qu'a merci puisse ateindre Ne qu'elle m'eint. (MACH., F. am., c.1361, 159). Seur tous amans me doy pleindre et loer D'Amour qui m'a mis en joie et en plour. Loer m'en doy en tant que desirer Tres loiaument, sans penser deshonnour, Me fait dame qui est des flours la flour. Mais je m'en doy pleindre aussi durement, Car tant ne puis faire que nullement Sache m'amour, qu'à li me sui rendus (MACH., L. dames, 1377, 19). De Fortune me doy pleindre et loer, Ce m'est avis, plus qu'autre creature (MACH., L. dames, 1377, 176).

 

-

Soi loer de qqc. : ...je ne trueve Riens en moy dont loër me doie, Fors dou bien et de la grant joie Qui me vient de vostre presence. (MACH., R. Fort., c.1341, 96). Et adès si bien se chevi Qu'onques encor signeur ne vi Qui telle force avoir peüst Qu'en sa terre une nuit geüst. Que fist il premiers en Behaingne ? Que qui s'en loe ou qui s'en plaingne, Par force d'armes et d'amis En subjection les a mis, Comment qu'il li fussent rebelle Tuit, mais il gaaingna la querelle, Et maintes fois se combati, Dont maint grant orgueil abati. (MACH., C. ami, 1357, 105).

III. -

Part. prés. en empl. subst. "Celui qui loue" : Li gerfaus fu miens ligement, Et je le garday liement, Car je fui moult au cuer joieus, Quant je me vi de lui joieus, C'est a dire quant j'en joÿ. J'en eus moult le cuer esjoy, Car moult l'avoie oy loër. Et pour la loange avoër, Avec les loans le looie Toutes fois que loër l'ooie, Et par mi ce, bien dire l'os, Li donnay je un si bon los Que tuit cil qui de moy l'ooient Loër moult forment m'en looient. (MACH., D. Aler., a.1349, 376). Or dit aucuns ceste raison Que chascune chose a saison D'estre selonc son temps loée, Car quant loange est affermée D'une chose, s'elle en dechiet, Au loant malement meschiet, Dont il puet estre diffamez Et meins prisiez et meins amez (MACH., D. Aler., a.1349, 376).

IV. -

Part. passé en empl. subst. "Ce qu'on loue" : Et au tiers an [le roi Pierre] s'aparilla, Com cils qui jour et nuit veilla, Comment il se porroit chevir, Pour ce saint passage assevir. Si a la haute mer passée, Et vint en France, la loée. Mais il passa par court de Romme. (MACH., P. Alex., p.1369, 21).

V. -

Inf. subst. "Action de louer" : Cil qui ceste cause maintiennent Afferment pour voir et soustiennent Que la joie en est si parfaite Qu'estre n'en puet nulle si faite En trés tout ce monde terrestre, Et n'en porroit autrement estre, Et bien moustrent cause pourquoy. Dont je m'acordasse au pourquoy Dou loër et pour le bien dire. Mais quant vient a autrui despire, Je n'acort pas bien le loër, Qui autrui en vuet emboër. (MACH., D. Aler., a.1349, 298).
 

Guillaume de Machaut Noël Musso

 Article 11/15 
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     LOUER1          LOUER2     
FEW V laudare
LOUER, verbe
[AND : loer1 ; DÉCT : löer1 ]

A. -

A1 humain loue A2 (de A3). A1 exprime sa bonne opinion de A2, à cause de A3

A2, Dieu : De ces nouvelles fu la roine grandement resjoie, et en loa Dieu, a jointes mains (FROISS., Chron. D., p.1400, 89).

A2 humain : ...de ce fait fu li dis messire Renauls moult loés et moult prisiés. (FROISS., Chron. D., p.1400, 521).

A2 abstr. : Et furent moult loees et reconmendees dedens et dehors les appertisses et vaillances a messire Gautier de Manni, car par li et par ses emprises avoit esté tout fait. (FROISS., Chron. D., p.1400, 554).

A1 se loue de A2. A1 est très satisfait de A2 : ...li signeur qui dedens avoient esté le siege durant, et se loerent grandement de euls. (FROISS., Chron. D., p.1400, 459). ...li contes l'en dist (...) toute l'ordenance des trettiés conment il se portoient, et se looit dou roi d'Engleterre et des prelas et barons d'Engleterre, lesquels il avoit veus. (FROISS., Chron. D., p.1400, 482).

B. -

A1 humain loue que A2, phrase au subj. A1 conseille A2 : "On ne voelt point que nous chevauchons, afin que nous n'aions cause de demander argent, et je lo dont que nous chevauchons." Là ordonnèrent et acordèrent entre iaulx que il chevaucheroient. (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 180). "Je loroie que nous alissons veoir l'ostel de Monsigneur, puisque nous sommes si priès." (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 183). "Si loe et conseille de mon avis, puisque chevauchier volons, que nous chevauchons vers Aire ou Monsteroel." (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 94).
 

Froissart Jacqueline Picoche

 Article 12/15 
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     LOUER1          LOUER2     
FEW V laudare
LOUER, verbe
[AND : loer1 ; DÉCT : löer1 ]

I. -

Empl. trans.

A. -

"Adresser des louanges, faire des félicitations"

 

-

Louer qqn : ...son mary au bout desdiz cinq ans retourné, beaucop la loa et plus que paravant l'ama. [La femme d'un marchand a bien géré la maison en l'absence de son mari] (C.N.N., c.1456-1467, 126).

 

.

Louer qqn de qqc. "Faire son éloge sur ce point" : ...en luy estoient tous les biens de quoy l'on pourroit jamais loer homme. (C.N.N., c.1456-1467, 310).

 

-

Louer qqc. : ...le gentil clerc monstra bien a madame la coustume des clercs qu'elle beaucop loa (C.N.N., c.1456-1467, 281). Quand ses compaignons ouirent ceste conclusion, ilz se prindrent a rire et louerent beaucoup son compte (C.N.N., c.1456-1467, 543).

 

-

[Accompagné d'un autre verbe exprimant un accord, fruit d'une réflexion, qu'il complète en lui ajoutant une valeur laudative (bien que, conformément à l'usage médiéval, il soit souvent placé en premier)]

 

.

Priser et louer : Les deux marchans, entendu le bon propos de leur compaignon, le priserent et loerent beaucop (C.N.N., c.1456-1467, 557).

 

.

Louer et priser : Il fut en son temps ung des beaulx princes de son royaulme, garny et adressié de tout ce qu'on saroit loer et priser [en] ung noble homme (C.N.N., c.1456-1467, 191).

 

.

Louer et accorder : Tous ses amis et parens loerent et accorderent beaucop ceste alliance (C.N.N., c.1456-1467, 169).

 

.

Louer et approuver : Et lors loa et approuva le sens du vaillant chien (C.N.N., c.1456-1467, 541).

 

.

Louer et avoir en grace : ...qui que les loast [les moines] et eust bien en grace, les femmes estoient du tout données a eulx (C.N.N., c.1456-1467, 216).

B. -

[Vocab. relig.] Louer Dieu

 

-

Louer Dieu de ce que. "Lui rendre grâce de ce que" : ...monseigneur le president (...) loa Dieu a joinctes mains de ce qu'il est quicte de sa femme. (C.N.N., c.1456-1467, 314).

 

-

Louer Dieu que : ...[elle] ne cessoit de loer Dieu qu'il leur avoit rendu leur beau filz et retourné en si beau point. (C.N.N., c.1456-1467, 324).

 

-

P. ext. Louer Dieu. "Faire ses prières" : Chacun loa Dieu comme il savoit, faisans trespetiz yeulx, et demandent le lit [Après un bon repas] (C.N.N., c.1456-1467, 65).

 

-

[Empl. conjoint de louer avec un autre verbe de sens voisin]

 

.

Louer et gracier Dieu : Dieu soit loé et gracié que vous estes cy ! (C.N.N., c.1456-1467, 113).

 

.

Louer et mercier Dieu : ...me suis hardyment defendu et franchement eschappé [des mains du diable], dont je loe et mercye Nostre Seigneur (C.N.N., c.1456-1467, 430).

 

-

Dieu soit loué

 

.

[Expr. lexicalisée empl. au son sens plein, traduisant une acceptation spontanée et la reconnaissance de la volonté divine] : La bonne fille, comme sa mere simple et devote, respond : "Dieu soit loé. Ce qu'il vous plaist, ma mere, soit fait..." (C.N.N., c.1456-1467, 99). Dieu le m'a envoié [un mal mortel] ; loé soit il ! j'aray pacience, et suis tout conforté d'attendre la mort (C.N.N., c.1456-1467, 536).

 

.

[Simple formule exprimant la satisfaction du loc.] : Au fort, a chef de piece, quand il parla ce fut : "Dieu soit loé !..." (C.N.N., c.1456-1467, 100). ...il demande a sa femme comment elle se porte. "Je suys ung pou mieulx, dit elle, que par cy devant n'ay esté. - Loé soit Dieu ! dit il..." (C.N.N., c.1456-1467, 137).

II. -

Empl. pronom. Soi louer. "Se réjouir, se féliciter"

 

-

Soi louer de qqn. "Être satisfait de son comportement" : ...elle (...) feroit si bon devoir que son mary se loeroit d'elle (C.N.N., c.1456-1467, 496).

 

-

Soi louer de qqc. : Et quelle chere, dit le mary, vous a fait vostre hoste ? (...) Je ne m'en saroie loer que tout a point. (C.N.N., c.1456-1467, 410).

III. -

Part. passé en empl. adj. Loué. "Hautement apprécié" : ...entre les desirez et loez edifices, sa maison descouvroit sur pluseurs rues (C.N.N., c.1456-1467, 23).
 

Cent Nouvelles Nouvelles Roger Dubuis

 Article 13/15 
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     LOUER1          LOUER2     
FEW V laudare
LOUER, verbe
[T-L : löer ; GD : loer1 ; GDC : louer2 ; AND : loer1 ; DÉCT : löer1 ; FEW V, 207a : laudare ; TLF XI, 10a : louer1]

Empl. trans. Louer qqc. "Confirmer, approuver qqc." : ...le dit traictié fait à la dicte reduction, avons conferméz, ratifiéz, loéz et approuvéz et par ces presentes (Hist. dr. munic. E., t.1, 1485, 127).
 

Chartes et Coutumes Edmonde Papin

 Article 14/15 
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     LOUER1          LOUER2     
FEW V laudare
LOUER, verbe
[AND : loer1 ; DÉCT : löer1 ]

"Louer, vanter" : O doleur intolerable, que le Roy appreuve murtre et loue pechié (BAYE, II, 1411-1417, 261).
 

Baye-Fauquembergue Denis Lalande

 Article 15/15 
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     LOUER1          LOUER2     
FEW V laudare
LOUER, verbe
[T-L : löer1 ; GD : loer ; GDC : louer ; AND : loer1 ; DÉCT : löer1 ; FEW V, 206b : laudare]

I. -

Empl. trans.

A. -

"Prodiguer des louanges, faire l'éloge de, louer" : Et comment, dist elle, cellui damoisel qui a si estrange phizonomie est il si batailleux comme l'en dit ? Par ma foy, ma damoiselle, mais plus cent foiz, et sachiez, quoy que on vous die, que c'est un des plus plaisans homs que je veisse oncques. Par foy, dist Hermine, s'il avoit loué pour lui louer et prisier, si a il bien emploié sa mise. Par foy, ma damoiselle, je ne parlay oncques a lui, mais il vault mieulx que je ne dy. (ARRAS, c.1392-1393, 104).

 

-

En partic. Louer Dieu/ Jesus Christ : Vrays Dieux, comment sont les merveilles que tu as laissiees ca jus en la vertu de ta chamberiere nature, merveilleuses et diverses en leur expedicion, se tu n'y espandoies ta grace divine, et especialment de ceste merveilleuse aventure que je voy ou cours des estoilles que tu as lassus assises dès le commencement du ciel, par haulte science d'astronomie dont tu m'as presté une des branches, de quoy je te doy louer de cuer parfait, et ta Haulte Majesté, ou nulle ne se puet comparer. (ARRAS, c.1392-1393, 19). Par foy, dist le maistre, cecy se puet bien faire ; veez cy monseigneur Uriien et son frere qui vous en sauroient bien a respondre, car ilz les ont mis mors et desconfiz, et nous ont donné les fustes. En bonne foy, dist le chevalier, ce me plaist. Louez en soit Dieux. (ARRAS, c.1392-1393, 94). ...mais de ce que fol pense la plus grant part en demeure le plus de foiz ; car le grant maistre de Rodes estoit en aguet sur la mer, o tout ses gens et ses galees. Et quant il percoit Sarrasins venir, lors pensa bien que la bataille estoit desconfitte sur eulx ; si en loua Jhesucrist. Lors s'escria : Avant, seigneurs, sergens de Crist, nous eschapperont ainsi ses ennemis ? Par foy, ce sera grant faute a nous. (ARRAS, c.1392-1393, 139).

B. -

"Conseiller"

 

-

Louer (qqn) que : Amis, dist Melusigne, or vous ay je devisé comment vostre pere party de son pays, et laissa les heritaiges qui doivent estre vostres vacquans, lesquelx je ne loue pas que vous les laissiez perdre. (ARRAS, c.1392-1393, 50). Et, d'autre part, sachiez bien, a ce que je appercoy de ces gens qui sont au port, ilz n'ont talent de nous laissier arriver sans riote. Ilz ne monstrent pas qu'ilz aient gaires doubte de nous. Si vous loueroye que nous retraissions en la mer et les laississions reffroidir. (ARRAS, c.1392-1393, 131).

II. -

Empl. pronom. Se louer de qqc. "Être satisfait de qqc." : Et leurs chevaulx furent logiez en grans tentes, et leés si a leur aise qu'il n'y ot varlet qui ne s'en louast, et s'esmerveilloient tuit dont tant de biens et de richesses povoit venir. (ARRAS, c.1392-1393, 39). Et sachiez que Melusigne donna tant, et a grans et a menus, que nulz ne fu a la feste qui ne se louast des grans dons que Melusigne leur donna, et s'esmerveillent tuit dont tant de richesse povoit venir. (ARRAS, c.1392-1393, 43).
 

Arras Jocelyne Bernardoff / Jean-Loup Ringenbach

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