Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500)

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     FEMME     
FEW III femina
FEMME, subst. fém.
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A. -

[Points de vue négatifs, expression d'une misogynie courante]

 

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[La femme n'est pas digne de confiance]

 

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Celui-la est bien fou qui en femme se fie : [Le loup entend une vieille femme menacer son enfant de le donner à manger au loup, s'il continuait à pleurer] Et le loup, qui ouït celle vielle, demoura devant la porte, actendant de menger l'enfant de le vielle. Et, pour ce que le loup avoit là tant demouré qu'il mouroit de fain, il s'en retourna au bois. Et la loupve luy demanda : "Pour quoy ne m'as tu apporté à menger ?" Et le loup luy respondit : " Pour ce que la vielle m'a trompé, laquelle m'avoit promis de bailler son enfant a menger et ne le m'a poin baillé." Et pour tant, en la femme l'on ne se doit point trop fier et celluy est bien fol qui en femme trop se fie (MACHO, Esope R., c.1480, 206).

 

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Celui qui se fie en femme a bien coeur de bricon V. bricon

 

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Femme de fol atour est arbalête à tour : Femme de fol atour est arbaleste à tour. (E. LEGRIS, Anc. prov. fr., p.1400. In : Bibl. Éc. Chartes 60, 1899, 533).

 

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Femmes et vin font les sages être apostats V. apostat1

 

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Il n'est engin que de femme V. engin

 

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Il fait bon se fier à elle (la femme) vraiment, autant qu'à la glace, qui sur une nuit prend : Ensi set faire femme ; de tours scet plus de cent. Il se fait boin fier en ellez vraiëment, Otrestant que sus glache, qui sor une nuit prent. (Baud. Sebourc B., t.1, c.1350, 74).

 

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L'homme est méchant qui trop se fie en femmes V. méchant

 

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Nul ne doit être tenu pour sage qui croit la femme : Puis que je voy que j'ay le temps perdu Par simplece de loyaument amer Et foy porter ne m'a pas secouru Sur desespoir, je vueil tout oublier, Et des or mais lessier desir ester, Car nulz ne doit estre tenuz pour sage Qui femme croit se ce n'est sur bon gage (MACH., App., 1377, 641).

 

Rem. Hassell 110, F41.

 

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On doit se garder des malices des femmes, ainsi comme l'on se garde d'un ennemi V. ennemi

 

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Plus vite s'excuse femme que vent ne vente V. excuser

 

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Qui en femme se fie, sa science est passée : ...à ses escuierz dist [le chastelain], à moult haute alenée : "Prendez ceste musarde, qu'ensi s'est démenée, Et droit à .I. hostel soit vistement boutée ; Et puis le desvestez ceste robe fourrée, Ne li laissiés du mien une pomme pelée ; Trop a esté par moy servie et honnerée. Qui en femme se fie, sa science est passée ; Mais par moi ne sera ceste garche espousée : J'ameroie trop miex qu'en un fu fust boutée." (Baud. Sebourc B., t.1, c.1350, 60). "Va, fol, ce dit Bertran ; or es-tu bien chaitis ! Qui en fame se fie, il n'est mie soultiz ; En fame n'a de sens nès plus qu'en la brebis." (CUVELIER, Chron. Guescl. C., t.1, c.1380-1385, 87).

 

Rem. DI STEF. 334b, femme.

 

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Qui trop se fie en femme peu en peut amender : Qui trop se fie en femme, poy en poet amender. (Bât. Bouillon C., c.1350, 335).

 

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Qui trop sa femme croit, à la fin s'en repent : [Charles de Blois, qui a engagé la bataille malgré lui, pour obéir à sa femme] Vrais Diex, pardonnez moy la mort ma bonne gent Qui si meurent par moy a duel et a tourment ! J'ay guerriet longtemps oultre mon essient. Qui trop sa femme croit, en la fin s'en repent. (CUVELIER, Chans. Guescl. F., c.1380-1385, 145).

 

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[Point de vue opposé] Qui sa femme ne croit en la fin s'en repent : "Sire, ce dist la denme, je prie au Sapient Qu'i de prison et mort vous gart entierement, Et si vous pri, pour Dieu, aiés remembrement Des jours qui perileux pevent estre souvent ! Devant Nadres faillistes a mon commandement ; Ce creü eüssés tout mon ensaignement, Ja perdu ne eüssés n'en estour n'en content. - Dame, ce dist Bertran, je scay certainement, Qui sa femme ne croit en la fin s'en repent !" (CUVELIER, Chans. Guescl. F., c.1380-1385, 377).

 

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[Elle est instable]

 

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En coeur de femme n'a rien de ferme : ...en cuer de femme n'a riens ferme, Rien seür, rien d'estableté, Fors toute variableté. Et puis qu'elle est si variable Qu'elle en rien n'est ferme n'estable Et que de petit se varie, Il faut que de po pleure et rie. (MACH., J. R. Nav., 1349, 241).

 

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Femme a son dit et son dédit, et pour bien mentir ne rougit : Femme a son dit et son desdit, et pour bien mentir ne rougit. (ALECIS, Déb. omme femme P.P., c.1460, 138).

 

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[Elle est perfide]

 

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Femme donne à boire sous la douceur du miel venin mortel : Er quant il dist que femme donne a boire Soubz la doulceur de miel venin mortel, Je diz que c'est menterie nottoire Qui n'a coulleur par qui on le doie croire : Mais son acteur pourroit bien estre tel Qu'il baillreoit de tel fer tel coutel, En machinant telle decepcion Qu'il a cy mis en allegacion. (MICHAULT, Compl. Ys. Bourbon F., p.1465, 35).

 

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[Elle est tentatrice] Par habit mainte femme pèche V. habit

 

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[Belle ou proche, elle peut être dangereuse]

 

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Belle femme est trop périlleuse : La cité [Troyes] demourra sanz hoir, A tousjours destructe par femme. Tourné lui soit il a diffame, Et ses noms ne soit plus louez ! Mais li soit cilz maulx reprouvez, Qui fut destruction de monde, Pour asservir le flux et l'onde De sa luxure dolereuse ! Belle femme est trop perilleuse. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 91).

 

Rem. Hassell 110, F5.

 

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De femme nuit prochaineté ("proximité") : Regarde quoy et voy comment, Et par quel tour tu as amé. Ainsis seras tu diffamé: Tu es cendre et un po de pourre Que li vens fait lever et courre Par orgueil dont li vent t'eslieve, Qui en la fin te nuit et grieve. De femme nuist prochienneté : Qui trop prouchains en a esté, Encheus en est en grief crime. Pour ce saint Gregoire reprime La voix qui blandist par l'oye, Et la face des yeulx moillie (DESCH., M.M., c.1385-1403, 195).

 

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On ne doit point tomber amoureux d'une femme, si belle soit-elle : L'en ne se doibt point assoter De femme, tant soit elle belle ; D'une en aultre soy transporter, Engendre plaisance nouvelle. (MARTIN LE FRANC, Champion dames III, F., 1440-1442, 65).

 

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[Elle n'est pas portée au bien] Femme de mauvais courage ne veut à bien faire assener ("se fixer pour but de") : Donc, ne de corps ne d'esperit, N'ont elles [les femmes] sur nous avantage. Leur fresle corps tantost perit, Vermolu et mort avant aage. L'ame sans bon arrest volage Ne scet qu'en vices forsener. Femme de tresmauvais courage Ne veult a bien faire assener. (MARTIN LE FRANC, Champion dames I-II, P., 1440-1442, 167).

 

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[Elle est railleuse] Femmes espoteresses ("moqueuse") ne doit nul homme priser : Fames espoteresses ne doit nuls hom prisier, Car tous les jours vorroient parler et esluisier, Faire leur dras estrois, leur plichons offrisier ; Chou que fame voelt faire, fort est de li brisier. (GILLES LE MUISIT, Poésies K., t.1, c.1347-1353, 108).

 

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[Elle se laisse dominer par ses sentiments, ses sensations]

 

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Il n'y a en femme courroucée science ni avis : Saudoine escoute tout comment qu'i li anuie, Car bien set qu'il n'y a en fame courouchie Sïenche në aviz puis qu'elle s'y alie [Var. T se deslie] Et qu'elle emprent le tenche. (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 532-533).

 

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Les chambres vides font les femmes sottes V. chambre

 

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Orgueil fait toutes les femmes jouer à simagrée ("agir de manière hypocrite") V. orgueil

 

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[Le terme de folle, de folie, ou de mauvaise est parfois associé à la femme ou à ce qu'elle fait]

 

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Bon fait folle femme esquiver : Cil est fol qui a femme tenche, Car dommaige il en acquerra, Et de la honte en apperra, Bon fait folle femme eschieuer Pour tous les perilz eviter. (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 11).

 

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Femme folle est fosse profonde : Par beauté de mainte mouillier Sont pluseurs mors et esbahis, Povres, maleureus et hais, Reprouchés, destruis et desers: Il vauldroit mieulx vivre es desers Qu'avoir tel vie, et rungier herbes. Et n'est il escript es proverbes : Femme fole est fosse parfonde ? (DESCH., M.M., c.1385-1403, 157).

 

Rem. Hassell 109, F30.

 

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[Sentence] Folle est la femme qui a homme montre son coeur avant qu'elle ne l'ait éprouvé : [Gallafur entend la Pucelle aux Deux Dragons se complaindre à une chambrière] Quant Gallafur vey celle complainte, il en fut moult esbahy, car elle lui sambloit courroucee. Et pour entendre sa complainte, il fist silence, tant qu'il entendy que la pucelle disoit ainsi : "Damoiselle, vous poez maintenant veoir la faulceté du chevalier : folle est la femme qui a homme montre son couraige devant qu'elle ne l'ait esprouvé." (Percef. V, R., c.1450 [c.1340], 282).

 

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L'homme est bien fortuné qui est sorti ("pourvu de") de mauvaise femme V. fortuné

 

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L'homme peut tout apprivoiser sauf une mauvaise femme V. homme

 

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Male bête a en male femme/male chose est de male femme : Sans faulte, ainsi que dist Estonné, male beste a en male femme et je crois bien que ceans n'en a nulle bonne (Percef. II, R., t.2, c.1450 [c.1340], 358). Sy tost que le roy sceut ce, il dist : "Male chose est de male femme, car aussi bien en est deceu le rice comme le povre. Je m'en sçai bien a quoi tenir, mais, s'il plaist a mon Dieu, je ferai ourir la mienne de malle mort. Jamais d'elle ne d'autre ne serai cous." (Percef. V, R., c.1450 [c.1340], 615).

 

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Pire vaut la mauvaise femme que l'homme plain d'outrage : "Sire roy d'Engleterre, dit Anthoine au coeur saige, Se mourir vous ne fetes vo mere le sauvaige, Je vous ay en couvent quë elle, en brief eaige, Pourchacera vo mort et vo cruel damaige. Pis vault le malle femme que l'omme plain d'outraige." (Belle Hélène Const. R., c.1350, 329).

 

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Qui maise femme prend bon temps lui est tollu : Chil gardoient Ludie, qui mal creoit Jhesu. Si maise [garde] en fisent, ains c'uns mois fust venus, Que le roy Corsabrin, qui moult haï Jhesus, S'en ala le roÿne, car chius estoit ses drus, Dont pres fu li Bastars ochis [et] confondus : Qui maise femme prent, bons tamps li est tolus. (Bât. Bouillon C., c.1350, 186).

 

Rem. Morawski 937 : Il n'est si grief chou (s)e comme d'avoir male fame ; Hassell 110, F40.

 

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Trois chose boutent l'homme hors de sa maison, la fumée, la gouttière et la mauvaise femme V. chose

 

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[Elle est volage]

 

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Femme est un gant à toutes mains : Pour ta doulceur, pour ta beaulté, Elle t'aime et foy te tendra Sans doubte. Ha ! quelle leaukté ! Croy que le premier qui vendra Et fera ce qu'appartendra, A lui complaire contendra : Femme est ung gand a toutes mains. (MARTIN LE FRANC, Champion dames III, F., 1440-1442, 209).

 

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Tel parle de la femme d'autrui, qui ne sait pas ce que fait la sienne : Tel parle de la femme d'aultruy Qui ne sçait pas que fait la sienne. (ALECIS, Faintes monde P.P., c.1460, 88).

 

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[Mariée, elle peut être une chaîne, une entrave] Femme est le plus fort lien qui soit : On parle de larrons lier Et d'estraindre de fors liens, De gresillons, corde acoler, Laisses de poil pour tenir chiens, Nerfs, grans chables pour nefs, merriens Entaillez a qyueue d'aronde, D'estre en fers en une tour ronde ; Mais c'est tout rien qui bien y voit, Et tien que des choses du monde Femme est plus fort lien qui soit (DESCH., Oeuvres R., t.8, c.1370-1407, 197).

 

Rem. Morawski 1366 : N'est nus si fors loiens com de femme ; Hassell 109, F29.

 

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Une femme ne peut avoir deux coeurs à aimer l'un et l'autre (son mari et son amant) : Car pour certain, une femme ne puet avoir deux cuers à amer l'un et l'autre ; car ce qui va en l'un decline de l'autre : tout ainsi comme un levrier qui ne puet courre à deux bestes ensemble, tout ainsi ne puet-elle amer feablement son seigneur et son amy (LA TOUR LANDRY, Livre pour l'enseign. de ses filles, éd. A. de Montaiglon, 1371, 257).

 

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[Elle est difficile à garder, malgré elle]

 

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Femme ne veut pas être gardée, bonne ne doit, male ne peut V. garder

 

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On ne peut mettre garde en femme, si elle ne se garde : Or pren ci garde. Dane ne fu mie couarde. Pour ce ne puet on mettre garde En femme, s'elle ne se garde. Tels est li us. N'i vaut une feve lombarde Clef n'huis de fer, tour n'avant - garde, Que tout n'aquiere et que tout n'arde Dame Venus. Si qu'il n'est rien qu'amour ne face, Puis que Venus est en la place. (MACH., F. am., c.1361, 228).

 

Rem. Hassell 110, F39.

 

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Qui femme garde, il perd sa peine : Qui femme garde, il pert sa paine. Autant vaut arer la riviere. Haye, mur, porte n'estriviere, Buye ne cep, fer ne closture, Ne puet contrester a nature (LE FÈVRE, Lament. Math. V.H., c.1380, 157).

 

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Tel cuide bien garder sa femme sauvement, qui la garde assez mauvaisement : Tel cuide bien garder sa femme sauvement, Qui la garde a la fois assés mauvaisement, Car scïence de femme l'omme a la fois sourprent. (Tristan Nant. S., c.1350, 97).

 

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[Elle est indiscrète et bavarde]

 

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Femmes ne savent rien celer : Toutteffois l'Acteur compte voir Que femmes ont peu de sçavoir. L'Acteur si nous voeult reveller Que envis poeul femme celler Ce qu'elle scet certainement, Et, par mon chief, point il ne ment. (Renart contref. R.L., t.2, 1328-1342, 12). CONCILE. ...en bonne foy, Je ne vous recognois pas bien. L'ÉGLISE. Je ne m'en esbays en rien ; Car viellesse, de sa nature, Fait devenir la vue obscure, Pardonnez moi d'ainsy parler : Femmes ne scèvent riens céler. Sy croy-je, pas ne véez trouble, Car vous représentez un noble Joyau, pour qui faut bien veiller Et bien penser à conseiller Des affaires, par bonne guise. (CHASTELL., Oeuvres K., t.6, c.1435-1475, 2). SAMSON à Dalila. Onc de toy bien ne proceda De me faire ceste finesse ! Ce fut a moy bien grant simplesse Que mon secret te reveller, Car femme a peine peut celler Chose qui doit estre cellée. (Myst. Viel test. R., t.4, c.1450, 42).

 

Rem. Hassell 110, F43.

 

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Femmes savent parler comme leur volonté les y incite : Ce sont parolles feminines Qui ne servent riens que pour rire : On scet que femmes scevent dire Ainsi que leur vouloir les meust. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 395).

 

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Nouvelles que femmes savent sont vite répandues partout V. nouvelle

 

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Si tu sais quelque chose que tu veux celer, ne le dis pas à ta femme V. celer

 

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[Elle est instable, inconstante] Femmes sont muables : Hommes tiennent leurs fables De ce que femmes sont müables, Maiz monstrez se sont varïables Trop plus que dames, Et de conscïences et d'ames, Puis dix ans dont ilz sont infames Et trouvez moins fermes que fames En leur devoir. (CHART., L. Dames, 1416, 297). "...Oncques telle merveille ne viz en mon vivant : Au crestïen avoit yer si grant maultalent Et elle s'est si tost tourneë aultrement ! Molt sont femmes muables, ceste prouve l'aprent, Car leurs pensees vont plus tost que ne fait le vent..." (Flor. Octav. L., t.2, c.1400, 548).

 

Rem. Hassell 110, F44.

 

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[Elle est parfois vénale]

 

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Femme qui prend, elle se vend : Femme qui prent elle se vent, femme qui donne s'abandonne, femme qui veult son honneur garder ne doit prendre ne donner. (E. LEGRIS, Anc. prov. fr., p.1400. In : Bibl. Éc. Chartes 60, 1899, 583). Femme qui prent, elle se vent. (MIÉLOT, Prov. U., 1456, 194). [Un cordier] avoit une femme qui n'estoit pas trop saige ne qui ne gardoit pas sa loyaulté vers luy, ains par une faulse houlière qui pour un bien pou d'argent la fist folaier, et s'accorda à un prieur qui estoit riches, grans maistres et luxurieux ; car la convoitise d'un petit don et de petiz joyaux la fist venir au fait, et pour ce dist le saige que femme qui prent se vent (LA TOUR LANDRY, Livre pour l'enseign. de ses filles, éd. A. de Montaiglon, 1371, 126).

 

Rem. Morawski 738 : Femme qui prent elle se vent ; Hassell 109, F33 ; DI STEF. 334a, femme.

 

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Femme s'abandonne qui donne et présente un cadeau : [La pucelle Blanche tombe amoureuse du jeune Baudouin ; elle demande à un écuyer de lui parler] "...Va-le-moy saluer, et n'i fai nulle atente ; Et che capel d'or fin, qui mieux vaut que de mente, Li donne de par mi, amis, sans faire avente. [Peut-être synon. de avance pour signifier "action de faire valoir" (GD) ; ou lire : sans faire atente "sans délai" ?]" "Dame, dist li escuierz, vous vous métés à vente ; Car femme s'abandonne qui riens donne et présente." (Baud. Sebourc B., t.1, c.1350, 81).

 

Rem. Morawski 736 : Femme qui donne elle s'abandonne ; Hassell 109, F33.

 

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[Elle est un fardeau] Il est assez riche celui qui n'a ni femme ni enfant V. riche

 

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[Elle n'est pas intelligente] La plus sage femme du monde a autant de sens que j'ai d'or en l'oeil V. sens

 

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[Elle est frivole] Les coeurs de femme sont légers comme plume : Ch'est voirs, li cuer de femmes sont légier comme plume, Et li tisons assés légièrement alume. Boins keus se poisson piert quant à point ne l'escume ; Chiens est tost escaudés qui caude cose hume. (GILLES LE MUISIT, Poésies K., t.1, c.1347-1353, 225).

 

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[Elle est autoritaire] Toudis convient les femmes croire, si on veut avoir la paix dans le menage : Soit droit, soit tort, toudis convient les femmes croire, Qui voira pais avoir au mangier et au boire. Entendre font moult bien de blanke cose noire, Et d'une grande bourde que che soit cose voire. (GILLES LE MUISIT, Poésies K., t.1, c.1347-1353, 219).

 

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D'oiseuse femme l'aprésure est engendrement de luxure V. luxure

 

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Femme est encline à la rapine : Comme raisine Qui conglutine Ce qu'elle agrappe, Femme est encline A la rapine, Tousjurs attrappe ; Ce qu'elle happe Jamais n'eschappe (ALECIS, Blas. faulses am. P.P., a.1486, 129).

 

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Il ne faut pas prendre femme pour son douaire : Ne pren pas femme pour douaire. On ne puet souffrir riche femme ; Chascun jour à pois et à drame Vouldra ses richesses nombrer. Il se fait mavais aombrer Dessoubs l'ombre de sa reprouche. (LE FÈVRE, Lament. Math. V.H., c.1380, 133).

B. -

[Points de vue mitigés, modérés]

 

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[Elle va au bout de tout ce qu'elle entreprend]

 

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Ce que femme entreprend, soit folie ou raison, elle finit par l'accomplir : ...la gente pucelle qui clere ot la façon, Avoit dedens son cuer grande devocïon D'envoyer à Ernault de bonne garnison ; Cellui qui le garda donna maint riche don, En la fin que d'Ernault en acomplist son bon ; Et on dit bien souvent, advenir le voit on, Que femme vient souvent en son entencïon, Et ce qu'ellë emprent soit folie ou raison, Acomplist en la fin a qui poisë ou non. (Hern. Beaul. D.B., c.1350-1400, 31).

 

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Ce que femme veut faire, il est difficile de l'en détourner : Fames espoteresses ne doit nuls hom prisier, Car tous les jours vorroient parler et esluisier, Faire leurs dras estrois, leurs plichons offrisier ; Chou que fame voelt faire, fort est de li brisier (GILLES LE MUISIT, Poésies K., t.2, c.1347-1353, 108).

 

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[Elle est source de bien et de mal] Tous les maux, tous les biens nous sont venus par femme : Li femme déchiut l'omme, se fu mal conseillie ; Se les condampna Dieus et toute leur lingnie. Femme porta cheli qui nos rendi le vie, De paradis ossi lassus le compaignie. Tous li mauls, tous li biens nous sont venus par femme. (GILLES LE MUISIT, Poésies K., t.1, c.1347-1353, 23).

 

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[Elle est parfois jugée sur les apparences] On connaît femme à sa cornette : Par commun proverbe on dit Qu'on congnoist femme a sa cornette, S'elle ayme d'amour le deduit, Tant ait la conscience nette, Ou ris, au train, a la sornette. On juge par presumptions. (COQUILL., Oeuvres F., 1478-p.1494, 179). [Note 991-992 : Le proverbe "est à rapprocher sans doute de celui que cite Cotgrave : - Femme sotte se cognoist à la cotte -".]

 

Rem. DI STEF. 334b, femme.

C. -

[Points de vue positifs]

 

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Diffamer femme à homme trop messiet, car tout le blâme sur soi-même assied : Or ay je parlé de ma dame qui pour riens qui soit ne daigneroit faire chose qui fust contre sa promesse. Et ce luy vient à la verité du bien qui est en elle, lequel j'ay par plusieurs fois approuvé, si me suis moymesmes diffamé par le dit du sage qui fait bien à recorder : "Diffamer femme à homme trop messiet, Car tout le blasmes sur soy mesmes assiet." (Beufves Hant. I., c.1499-1503, 66).

 

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Femme amollie même pierre : Fame neïs pierre amollie, Si com pert en dame Marie, Qui son chier fil amollia Quant pour le monde le pria. (Mir. N.D. Rosarius K., c.1330, 38).

 

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Femme est un bien qui point n'esconse : Femme est comme estoille journale Qui chasse la nuit et anonce Joye et clarté matutinale. Femme est ung bien qui point n'esconce. (MARTIN LE FRANC, Champion dames I-II, P., 1440-1442, 175).

 

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Heureux est celui qui trouve bonne femme : Elle se scet taire et souffrir, Espargnier scet et avoir soing Pour le despendre a un besoing : Ce ne fait pas mesgnie estrange, Qui vuide l'escrin et la grange Et ne pense fors de rober, De po faire et de temps passer. Matin lieve et se couche tart, Car son cuer et sa pensée art Tousjours a son gouvernement. Eureux, se Salemon ne ment, Est cilz qui treuve bonne fame ! (DESCH., M.M., c.1385-1403, 11).

 

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Il n'est si belle chose que de femme senée V. sené1

 

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On doit de femme toujours avoir pitié : [Dans un paragraphe intitulé Sexe] Homme est hardi et de soy oultrageux. Homme puet en moult de cas servir. Femme est fraisle et de legier deceue. On doit de femme tousjours avoir pitié. (LEGRAND, Archil. Sophie B., c.1400, 124).

 

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Qui femmes ne voit, il n'a rien : Et quant des moynes plus de vingt Lui demanderent qu'il musoit, Il respondy, comme il convint, Que vir les oyes lui plaisoit. Ou oisons, oyes ou anettes, Qui femmes ne voit, il n'a riens. (MARTIN LE FRANC, Champion dames I-II, P., 1440-1442, 176).

D. -

[Prov. isolés]

 

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Femme de vêtement parée ressemble à un fumier qui de neige fait sa couverture : Aussi mainte femme à corps bel En ce ressemble le corbel : Après baisier et solacier Veult aux gens les yeulx esrachier. Femme de vestement parée A un fumier est comparée Qui de noif fait sa couverture : Au descouvrir appert l'ordure. (LE FÈVRE, Lament. Math. V.H., c.1380, 132).

 

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Il est assez riche celui qui n'a ni femme ni enfant V. riche

 

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La femme sait plus un art que le diable : Elle [la magicienne Erictot] faisoit la terre fendre, Pour les respons d'enfer entendre. On dit que la femme, sans fable, Scet plus un art que le deable. Je croy qu'en dit bien de ce voir ; Car une me voult decevoir, Que je ne veuil pas accuser. (LE FÈVRE, Lament. Math. V.H., c.1380, 101).

 

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Nulle femme ne va à faute : Et certes, sire [Passelion], dist elle, vous n'y acquerez nul honneur de vous ainsi maintenir, car renommee avez d'estre le plus grant acointeur ["galant"] de tous les chevaliers errans, car nulle femme ne va a faute. - Dame, dist Passelion, je n'en puis mais. Aussi dist on qu'il n'est pas bon glouton qui de tout n'essaye, sy doit l'omme de tout gouster et soy tenir au meilleur. (Percef. V, R., c.1450 [c.1340], 359).

 

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Pleurer, parler, filer, femmes l'ont de nature V. pleurer

 

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Tel cuide à femme satisfaire, qui se défait et diminue : Tel cuide à femme satisfaire Qui se deffait et diminue. (ALECIS, Faintes monde P.P., c.1460, 99).

 

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Femme en ses sauts ("en pleine vitalité") meurt à regret : LA FEMME MIGNOTE. Pour Dieu, qu'on me voise querir Medicin ou appoticaire. Et comme me fault il mourir ! J'ay mary de si bon affaire, Anneaulx, robes, neuf ou dix paire. Ce morceau cy m'est trop aigret : Moult se passe tost vaine gloire, Femme en ses saulx meurt à regret. (Danse macabre femmes H., p.1480, 114).

 

Rem. Cf. aussi Morawski 31 : A femme torte ung patin, 32 : A fleur de femme fleur de vin, 222 : Bele fame est a poinne chaste, 728 : Femme ayme tant comme elle peut et homme comme il veult, 732 : Femme deshontee met son pain ou four, 733 : Fame lecherresse ne fera ja poree espesse, 734 : Femme mariee doit estre simple et porter la guimple, 737 : Femme qui parle comme home et geline, qui chante comme coq ne sont bonnes à tenir, 739 ; Femme se plaint, femme se deult, femme est malade quant elle veult, 742 : Fame veult touz jours faire ce que len luy vee, 1781 : Qui a belle femme ja il n'en soit lié, 1783 : Qui a bonne femme si a bon chatel.
 

Lexique de proverbes Pierre Cromer


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